La dissuasion nucléaire, socle de la défense française

La dissuasion nucléaire, socle de la défense française

 

La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit de consacrer un budget de 25 milliards d’euros à la dissuasion nucléaire, dont les deux composantes, océanique et aérienne, vont être modernisées.

La ministre des armées Florence Parly en visite sur la base aérienne 702 d'Avord, principale base aérienne de défense et de dissuasion nucléaire, le 22 février 2018.

La ministre des armées Florence Parly en visite sur la base aérienne 702 d’Avord, principale base aérienne de défense et de dissuasion nucléaire, le 22 février 2018. / PHOTOPQR/MAXPP

Le programme nucléaire militaire français a été lancé dans les années 1945-1960 par une génération de responsables politiques marqués par les deux guerres mondiales de 1914-1918 et 1939-1945. L’arme nucléaire a été conçue et présentée comme un instrument de paix, préservant la sécurité et les « intérêts vitaux » de la France contre toute agression.

La dissuasion nucléaire est intimement liée à la position institutionnelle du président de la République qui a l’autorité du tir nucléaire. Cela explique que le sujet laisse peu de place au débat. « La dissuasion fait partie de notre histoire, de notre stratégie de défense, et elle le restera », a asséné Emmanuel Macron dans ses vœux aux armées, à Toulon, le 19 janvier 2018.

Renouvellement des deux composantes

« Dans le monde que nous connaissons, et qui sera demain, à n’en pas douter, encore nucléaire, je suis convaincu que la pertinence de notre modèle de dissuasion, basé sur la stricte suffisance, demeure. C’est lui qui nous permet de conserver notre autonomie stratégique et notre liberté d’action en toutes circonstances, dans un contexte international qui n’autorise aucune faiblesse », a rappelé le chef de l’État, fidèle à la doctrine stratégique française.

Certes le monde a changé, le mur de Berlin est tombé, mais de « nouvelles formes de guerre et de conflictualité » sont apparues : « prolifération biologique et chimique ; prolifération nucléaire, multipolarité nucléaire » avec « des risques accrus d’escalade », a notamment relevé la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017.

Pour ces raisons, Emmanuel Macron a engagé des « travaux de renouvellement » des deux composantes nucléaires : « la force océanique qui, par la permanence à la mer, nous protège de toute surprise stratégique, et la composante aérienne qui, par sa démonstrativité, fait partie du dialogue de dissuasion ». Une modernisation nécessaire pour conserver la crédibilité de l’outil.

 

 

Un coût budgétaire entouré de secret

Le fait de disposer de deux composantes assure au président, chef des armées, d’avoir « en main une large gamme d’options possibles pour conduire le dialogue dissuasif », soulignait la ministre des armées Florence Parly lors des débats parlementaires sur la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. « Sur le plan technique, ajoutait-elle, le fait de disposer de deux composantes permet de se prémunir contre une rupture capacitaire ou technologique de l’une d’entre elles, et donc de garantir l’effectivité de la dissuasion à tout instant»

De fait, la LPM 2019-2025 adoptée par le Parlement le 28 juin prévoit un budget de 25 milliards d’euros pour cette période. « Cette enveloppe n’inclut pas les dépenses concernant des équipements à vocation duale, comme l’acquisition d’avions de chasse ou d’avions ravitailleurs, qui peuvent tout aussi bien servir à des fins conventionnelles qu’à des fins de dissuasion. Les crédits consacrés à la dissuasion resteront donc globalement constants et représenteront environ 12,5 % du budget de la défense jusqu’en 2025 », a expliqué la ministre durant la discussion à l’Assemblée nationale.

En réalité, le « coût de la bombe » reste flou. « Tout ce qui concerne l’arme nucléaire est entouré de secret : la conception, la mise en œuvre, le déploiement des systèmes (…) Ce secret va plus loin, puisqu’il affecte aussi les comptes publics », écrivent Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Michel Drain dans L’illusion nucléaire (éditions Charles Léopold Mayer). Ils estiment que « la dissuasion coûtera bientôt plus de 6 milliards d’euros par an ».