Des légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie vont participer à l’exercice Brunet-Takamori au Japon

Des légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie vont participer à l’exercice Brunet-Takamori au Japon


Depuis que leurs relations ont été élevées au rang de « partenariat d’exception », en 2013, la France et le Japon n’ont de cesse de renforcer leur coopération militaire, notamment au niveau opérationnel, les initiatives en matière d’armement, malgré les ambitions affichées, ayant été plutôt timides jusqu’à présent.

Ainsi, en mai, les deux pays sont convenus d’aller plus loin encore en ouvrant des négociations sur un accord d’accès réciproque à leurs bases militaires afin de favoriser « l’interopérabilité » entre leurs forces armées respectives, via la tenue d’exercice conjoints et la participation à des opérations régionales.

À vrai dire, les liens militaires entre la France et le Japon sont très anciens puisqu’ils remontent à la mission du capitaine Jules Chanoine, qui avait été chargée de former l’armée du shogun Yoshinobu Tokugawa. En outre, Paris contribua à l’essor des forces aériennes japonaises dans les années 1920. Seulement, cette relation prit fin lors de la Seconde Guerre Mondiale, avec l’invasion de l’Indochine par les troupes nippones.

Quoi qu’il en soit, ces dernières années, les activités menées avec les forces d’autodéfense japonaises ont surtout concerné l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et la Marine nationale.

Mais, depuis 2023, elles se sont élargies au combat terrestre, avec l’organisation de la première édition de l’exercice Brunet-Takamori [en référence au général Jules Brunet et à Saigō Takamori, le « dernier samouraï »] en Nouvelle-Calédonie, avec la participation du Régiment d’infanterie de marine du Pacifique de Nouvelle-Calédonie [RIMaP-NC] et de 5e Régiment d’infanterie de la Force terrestre d’autodéfense japonaise.

Pour sa seconde édition, l’exercice Brunet-Takamori se déroulera au Japon, plus précisément aux camps de manœuvre d’Ojyojibara et d’Iwateyama, situés dans la province d’Aomori. À cette occasion, l’armée de Terre y engagera une cinquantaine de légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI], qui relève de la 6e Brigade légère blindée. De son côté, la force terrestre d’autodéfense nippone mobilisera son 39e Régiment d’Infanterie [RI].

Devant avoir lieu du 8 au 21 septembre, l’exercice Brunet-Takamori « s’inscrit dans la montée en puissance du partenariat opérationnel des deux pays depuis 2022 », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué. Il permettra « aux forces armées japonaises et françaises de s’entraîner dans les domaines de la lutte contre-guérilla et des opérations Commando » ainsi que dans celui de « l’appui drone au combat », a-t-il ajouté.

« La première édition de l’exercice, conduite en Nouvelle-Calédonie en septembre 2023, avait constitué une première étape essentielle dans le rapprochement opérationnel des forces terrestres des deux pays, en donnant l’opportunité de développer de manière concrète une stratégie convergente en faveur de la paix et de la stabilité dans la zone Indopacifique », a conclu le ministère.

Cela étant, ce ne sera pas la première fois que des légionnaires participeront à des manœuvres au Japon. En mai 2021, dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc qui, cette année-là, avait mobilisé le porte-hélicoptères amphibie [PHA] « Tonnerre » et la frégate de type La Fayette « Surcouf », deux sections de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère [DBLE] et du 1er Régiment Étranger de Génie [REG] avaient pris part à l’exercice ARC 21 aux côtés de l’infanterie de marine nippone et de l’US Marine Corps. Organisé sur l’île de Kyushu, il s’était concentré sur les opérations d’assaut amphibie.

Photo : Édition 2023 de l’exercice Brunet-Takamori – armée de Terre

Programme SCAF : La coopération européenne va couter très, très cher à la France

Programme SCAF : La coopération européenne va couter très, très cher à la France

Après des débuts très difficiles, le programme SCAF est parvenu, en 2023, à sortir de l’ornière dans laquelle il se trouvait, grâce à un accord politique imposé fermement par les trois ministres de la Défense français, allemands et espagnols.

Depuis, le programme semble sur une trajectoire plus sécurisée, même si les engagements actuels ne portent que jusqu’à la phase 1b d’étude du démonstrateur, et qu’il sera nécessaire, à nouveau, de renégocier le partage industriel au-delà, ce qui ne manquera pas de créer de nouvelles frictions.

Au-delà des tensions entourant les questions de partage industriel, voire de cahier des charges, divergent selon les forces aériennes, un nouveau sujet de discorde pourrait émerger prochainement, tout au moins en France.

En effet, loin de représenter la solution budgétaire optimisée avancée par l’exécutif français, pour justifier de cette coopération européenne, il apparait que le programme SCAF va couter plus cher, et même beaucoup plus cher, aux finances publiques françaises, comme à ses industriels, que si le programme était développé à l’identique, par la seule base industrielle et technologique aéronautique Défense nationale, avec un écart de cout, pour les contribuables français, pouvant atteindre les 20 Md€.

Sommaire

La Coopération européenne, seule alternative pour financer le développement du programme SCAF, selon l’exécutif français

Depuis le lancement du programme SCAF, le discours de l’exécutif français, pour en justifier le développement conjoint avec l’Allemagne, puis avec l’Espagne, n’a pas dévié d’un millimètre : les couts de développement d’un avion de combat et de son système de systèmes de 6ᵉ génération, sont à ce point élevés, qu’ils ne peuvent plus être supportés par un unique pays européen, fut-il la France.

Macron Merkel
Le programme SCAF a été lancé en 2017 par Emmanuel Macron, tout juste élu Président de la République, et Angela Merkel, alors en plein bras de fer avec Donald Trump.

Le sujet a, à de nombreuses reprises, été abordé sur la scène publique, notamment par les députés et sénateurs français, interrogeant le gouvernement pour savoir si la France était en mesure de développer, seule, un tel programme, en particulier lorsque le programme était au bord de la rupture.

La réponse donnée alors, par l’exécutif comme par la DGA, avançait que si la France devait faire seule un tel programme, celui-ci serait nécessairement moins performant et moins polyvalent, que ne prévoit de l’être SCAF aujourd’hui, pour des raisons essentiellement budgétaires. En d’autres termes, pour le gouvernement français, il n’y avait point de salut, en dehors de cette coopération franco-allemande, puis européenne.

Le programme SCAF en coopération coutera 14 Md€ de moins à la France, que si elle devait le faire seule.

L’étude des chiffres disponibles, aujourd’hui, tendrait, en effet, à accréditer la position gouvernementale. Ainsi, le budget total de R&D de l’ensemble du programme SCAF qui atteindrait les 40 Md€, permettant à chaque participant de ne participer qu’à hauteur de 13,3 Md€, soit, plus ou moins, un milliard d’euros par pays et par an, jusqu’en 2036 et le début de la production des avions eux-mêmes.

Même en tenant compte de la règle empirique qui veut que le codéveloppement engendre un coefficient multiplicateur de surcout équivalent à la racine carrée du nombre de participants, soit 1,73 pour 3 pays, la France économise bien 10 Md€ sur la phase de développement du programme.
Eurofighter Typhoon forces aériennes espagnoles
L’Espagne prévoit de remplacer les 125 Eurofighter en service et à venir, par le programme SCAF.

Cet écart se creuse encore davantage en intégrant les couts d’acquisition des appareils eux-mêmes. Pour étayer cette affirmation, il est nécessaire de poser certaines valeurs de départ. Ainsi, le prix unitaire de l’avion, s’il était produit uniquement en France, sera considéré à 140 m€ TTC, avec une enveloppe complémentaire de services et équipement de 40 m€ TTC par appareil. Nous considérerons, également, que les couts de R&D, pour la France, serait de 30 Md€, et que la France fera l’acquisition de 200 appareils.

Du côté du programme SCAF européen, nous considérerons un surcout par appareil et par services et équipements de 10 %, lié à la coopération (ce qui est très faible), soit respectivement 144 et 54 m€, alors que nous diviserons par deux le coefficient multiplicateur empirique de coopération internationale passant de 1,73 (racine carrée de 3) à 1,37, en admettant une coopération exemplaire entre les trois pays et leurs industriels, et très peu de dérives comme celles observées autour des programmes A400M ou NH90, pour un cout de R&D de 36 Md€.

Enfin, nous considérerons que l’Allemagne commandera 175 appareils, et l’Espagne 125, pour un total de 300 appareils pour ces deux pays, soit le remplacement incrémental de leurs flottes d’Eurofighter Typhoon en 2040. L’ensemble de ces valeurs sont, pour l’essentiel, des valeurs conservatoires, tendant à réduire l’efficacité de la démonstration qui suit.

Sur ces bases, les 200 appareils destinés aux forces aériennes et aéronavales françaises, couteront 36 Md€ aux finances publiques, pour un programme total à 66 Md€, développement inclus, dans le cas d’un programme exclusivement national, contre 40 Md€ pour les appareils, et 52 Md€ pour le programme, dans son format actuel.

porte-avions nouvelle génération
Le programme SCAF France portera probablement sur 200 appareils ou plus, sachant qu’une quarantaine, au moins, seront nécessaires pour armer le nouveau porte-avions nucléaires PANG.

En d’autres termes, dans le cas du programme SCAF, la coopération européenne doit permettre aux finances publiques françaises, d’économiser 14 Md€, soit presque 27 % du prix du programme, par rapport à un programme exclusivement national. Alors, l’exécutif a-t-il raison de clamer le bienfondé de ce modèle ? C’est loin d’être évident, pour deux raisons : le retour budgétaire et les exportations.

Le retour budgétaire neutralise les bénéfices de la coopération sur le budget de l’État concernant le programme SCAF

Le retour budgétaire représente les recettes et économies appliquées au budget de l’État, par l’exécution du programme et de ses investissements. Il fait la somme des impôts et taxes générés directement et indirectement par les investissements, sur l’ensemble de la chaine industrielle, ainsi que des économies sociales pouvant s’appliquer au budget de l’État, du fait de la compensation des déficits sociaux.

Dans cette démonstration, pour plus d’efficacité, nous considérerons deux valeurs bornant le coefficient de retour budgétaire. La première, une valeur planché, est fixée à 50 %, dont 20 % de TVA, et 30 % d’impôts, de taxes et de cotisations sociales. Cette valeur correspond au cout des prélèvements français de l’OCDE, de 42 %, avec une TVA moyenne à 12 %, ramené à une TVA fixe à 20 % appliquée aux équipements des armées.

La seconde valeur applique un coefficient multiplicateur Keynésien aux recettes, lié à la Supply Chain de l’industrie de défense française, presque exclusivement française, entrainant une déperdition export particulièrement faible pour cette activité. En 2010, ce coefficient, en France, était de 1,39 pour l’investissement public. Nous ne prendrons, ici, que 1,3 pour un coefficient de retour budgétaire de 65 %, ce qui représente une valeur plafond largement par défaut, considérant la dimension industrielle et la dimension Defense de l’activité.

Ligne d'assemblage Dassault Aviation Merignac Rafale
L’industrie aéronautique militaire française est très peu exposée aux importations, ce qui lui confère un retour budgétaire particulièrement efficace.

En appliquant ces coefficients aux valeurs précédentes, nous obtenons respectivement un retour budgétaire de 33 Md€ (50 %) et de 42,9 Md€ (65 %), pour un programme exclusivement français, et de 22,5 Md€ (50 %) et 29,3 Md€ (65 %), pour les finances publiques françaises, dans le cas du programme européen.

Remarquez que dans ce dernier cas, nous avons appliqué un partage équipotentiel industriel entre les trois pays sur le volume total des appareils commandés, soit l’équivalent de 166,6 (=500/3) appareils produits en France.

Le solde budgétaire, la différence entre les dépenses et les recettes, s’établissent alors comme ceci :

  • Solde avec un retour budgétaire de 50 % (hypothèse basse) : – 33 Md€ pour le programme Fr, – 29,1 Md€ pour le programme EU
  • Solde avec un retour budgétaire de 65 % (hypothèse classique) : – 23,1 Md€ pour le programme Fr, – 22,4 Md€ pour le programme EU.

On le voit, une fois le retour budgétaire appliqué, la différence de cout entre les deux programmes, selon qu’ils sont exclusivement français ou en coopération européenne, à périmètre d’investissement constant, tend à considérablement se réduire, allant de 3,9 (33-29,1 Md€ en hypothèse basse) jusqu’à 0,7 Md€ (23,1-22,4 Md€ en hypothèse classique), selon les hypothèses.

Les industriels français pourraient perdre jusqu’au 55 Md€ de chiffre d’affaires sur le marché export en raison du partage industriel

Le volet des exportations a toujours représenté un sujet d’inquiétudes, en France, autour du programme SCAF. Industriels et analystes craignaient, en effet, de voir Berlin imposer son véto sur certains contrats exports clés, comme c’est le cas aujourd’hui avec la Turquie, concernant le Typhoon. Si les inquiétudes portaient bien sur le bon sujet, il est probable qu’elles ne portaient pas sur le bon volet.

Rafale Forces aériennes helléniques
Cinq des huit opérateurs de Mirage 2000 se sont déjà tournés vers le Rafale, alors qu’un sixième, le Pérou, pourrait le faire prochainement.

En effet, le principal inconvénient, concernant le programme SCAF, au sujet des exportations, n’est pas lié au périmètre ni au possible droit de véto de Berlin, mais à la ventilation de l’activité industrielle, en exécution de ces commandes internationales.

Ainsi, dans le cas d’un programme national, l’activité générée sera intégralement exécutée en France, par la BITD française, alors qu’elle sera équitablement répartie entre les trois partenaires, dans le cas du programme européen.

Ici, nous considérerons que le cout unitaire d’un appareil vendu à l’exportation équivaut à son prix unitaire hors taxe, auquel s’ajoutent deux lots d’équipements et services, contre un seul pour les armées Fr/De/Es employé précédemment.

Dans le cas d’un programme national, le chiffre d’affaires France hors taxes, réalisé pour 100 appareils exportés égale 18,3 Md€, 200 appareils pour 36,7 Md€, 300 appareils pour 55 Md€ et 400 appareils pour 73,3 Md€. Ce même CA HT pour la France, dans le cas du programme européen, égale 6,7 Md€ pour 100 appareils, 13,4 Md€ pour 200 appareils, 20,2 Md€ pour 300 et 26,9 Md€ pour 400 avions exportés.

De fait, la différence de Chiffre d’Affaires entre le programme France et européen, pour la BITD française, va de 11,6 Md€ à 46,4 Md€, en faveur du programme français, soit l’équivalent de 140 000 à 557 000 emplois annuels pleins. Sur une période de 40 ans de production (hypothèse haute), la différence représente de 5 600 à 22 300 emplois à plein temps.

L’État Français va perdre jusqu’à 24 Md€ sur le programme SCAF, en raison de la coopération européenne

Cependant, l’intérêt des exportations, pour la France, n’est pas uniquement que de créer de l’activité industrielle et des emplois. Celles-ci génèrent, en effet, des recettes supplémentaires au budget de l’État, de la même manière que précédemment, au travers d’un coefficient de retour budgétaire.

N’étant pas soumis à TVA, ce coefficient est toutefois réduit de 20 %, et les deux valeurs balises précédemment employées, se transforment donc en 50%-20%=30%, valeur planché, et 65%-20%=45 %, valeur plafond.

NGF programme SCAF
Le NGF ne représente qu’un élément du programme SCAF dans son ensemble.

Une fois appliquées aux chiffres d’affaires France générés selon l’hypothèse d’exportation, nous obtenons donc :

Retour export (30 %) Programme Fr Programme Eu Différence (m€)
100 app. exportés 5 500 2 017 3 483
200 app. exportés 11 000 4 033 6 967
300 app. exportés 16 500 6 050 10 450
400 app. exportés 22 000 8 067 13 933
Retour budgétaire appareils exportés, hypothèse à 30 %, en million d’euros.
Retour export (45 %) Programme Fr Programme Eu Différence (m€)
100 app. exportés 8 250 3 025 5 225
200 app. exportés 16 500 6 050 10 450
300 app. exportés 24 750 9 075 15 675
400 app. exportés 33 000 12 100 20 900
Retour budgétaire, appareils exportés, hypothèse à 45 %, en million d’euros.

En intégrant le solde budgétaire étudié dans la précédente section, pour les acquisitions nationales, nous obtenons donc le tableau suivant :

Solde budgétaire France total du programme SCAF, en million d’euros – en gras les seuils autoporteurs

On le voit, le seul cas dans lequel le programme SCAF Européen, s’avérerait plus performant, budgétairement parlant, qu’un programme SCAF français identique, s’observe avec un retour budgétaire en hypothèse basse de 50 % / 30 %, et avec un total export de 100 appareils, ou moins.

GCAP Tempest Royal Air Force Farnborough 2024
La Grande-bretagne prévoit d’injecter 12 Md£ dans la R&D du programme GCAP, concurrent du SCAF.

À l’inverse, dans le cas d’un retour budgétaire à 65 % / 45 %, par ailleurs loin d’être une hypothèse peu probable concernant l’industrie de défense, le programme SCAF serait non seulement jusqu’à 20 Md€ plus performant en version nationale, mais à partir de 300 appareils exportés, il atteindrait même un solde budgétaire positif, pour les finances publiques, signifiant qu’il rapporterait davantage de recettes et économies budgétaires, qu’il n’aura couté à l’état.

Or, 300 appareils, c’est précisément le nombre de Rafale aujourd’hui exportés, alors que Dassault Aviation peut, dans les mois et années à venir, d’accroitre encore considérablement ce total des ventes. Rappelons également que 70 % des pays utilisateurs de Mirage 2000 se sont tournés vers le Rafale à ce jour, et que le Pérou pourrait bien faire de même prochainement, et que le nombre de Rafale exporté excède désormais celui des Mirage 2000.

Conclusion

On le voit, programme SCAF, dans son organisation européenne actuelle, est loin d’être justifiable par des arguments budgétaires, et encore moins par d’éventuels arbitrages technologiques défavorables, s’il devait être réalisés seul. Au contraire, en dehors de la phase de R&D initiale, toutes les autres phases industrielles, se montrent beaucoup plus efficaces, budgétairement, socialement, comme en termes d’emplois créés, dans l’hypothèse d’un modèle exclusivement national.

Notons, enfin, que si la coopération facilite, aujourd’hui, le financement du programme dans sa phase initiale de R&D, nombreux sont ceux qui, autour de ce programme, s’inquiètent de la marche budgétaire considérable qu’il devra franchir, à partir de 2031, lorsque la phase industrielle débutera, et que le partage des couts perdra de son efficacité.

SCAF Robles Lecornu Pistorius
Il aura fallu l’intervention des trois ministres de la défense Lecornu (fr), Robles (Es) et Pistorius (All) pour sortir de programme SCAF de l’ornière dans laquelle se trouvait le programme depuis 3 ans.

De fait, une fois mis en perspectives l’ensemble des aspects budgétaires, mais également les difficultés industrielles rencontrées lors des négociations, le volet social, et les risques directement liés aux programmes en coopération, il apparait que rien, aujourd’hui, ne plaide en faveur de la poursuite de SCAF dans son modèle actuel, si ce n’est un dogme politique plébiscitant la coopération européenne, et l’éventuelle volonté de masquer des dépenses à venir, qu’il sera difficile de financer, par des dépenses plus aisément soutenables aujourd’hui, sur la phase de développement.

D’ailleurs, la situation est strictement la même, mais en faveur de l’Allemagne cette fois, concernant le programme MGCS, Berlin disposant effectivement de l’ensemble des compétences, et du marché international captif avec le Leopard 2, pour developper seul son nouveau char, et le rentabiliser, budgétairement, par l’exportation, ce qui sera beaucoup plus difficile à faire, pour Paris. Cependant, Berlin sait pouvoir financer seul le développement du MGCS, le cas échéant, ce qui n’est pas le cas de la France, aujourd’hui, concernant le programme SCAF, tout au moins dans le contexte politique et budgétaire du moment.

Reste qu’entre un programme à 12 ou 15 Md€, pour 300 chars de nouvelle génération, et un programme à 70 Md€, pour 200 avions de combat, il est impossible de compenser l’un par l’autre, et les pertes d’exploitation et de recettes budgétaires liées au partage au sein du programme SCAF, par celles qui seront générées par le programme MGCS, font de cet accord global franco-allemand SCAF + MGCS, un puissant tremplin pour l’industrie allemande, sans réelles contreparties pour la partie française, bien au contraire.

Article du 5 aout en version intégrale jusqu’au 14 septembre 2024

Mystère résolu : les scientifiques confirment ce que cache l’intérieur de la Lune

Mystère résolu : les scientifiques confirment ce que cache l’intérieur de la Lune

Les profondeurs de la Lune ne sont plus un mystère. Des chercheurs viennent de confirmer la composition du cœur lunaire, révélant des similitudes inattendues avec notre propre planète. Ces découvertes apportent un éclairage nouveau sur l’histoire et l’évolution du Système solaire.

Par Laurène Meghe – armees.com –  Publié le 7 septembre 2024

Mystere Resolu Les Scientifiques Confirment Ce Que Cache Linterieur De La Lune
Mystère résolu : les scientifiques confirment ce que cache l’intérieur de la Lune – © Armees.com

 

La Lune, cet astre familier qui éclaire nos nuits, cache encore bien des secrets sous sa surface grise et criblée de cratères. Mais une nouvelle étude vient de lever le voile sur l’un de ses mystères les plus profonds : la composition de son cœur. Grâce à des données récentes et des techniques de modélisation avancées, des scientifiques ont confirmé que le cœur de la Lune ressemble étonnamment à celui de la Terre, avec un noyau solide entouré d’une couche fluide.

En bref :

  • Noyau lunaire : Le cœur de la Lune est constitué d’un noyau interne solide d’environ 258 kilomètres de rayon et d’un noyau externe fluide, similaire à celui de la Terre.
  • Densité du noyau : Le noyau interne présente une densité proche de celle du fer, renforçant les hypothèses sur la composition métallique de la Lune.
  • Méthodes de recherche : Les scientifiques ont utilisé des données sismiques des missions Apollo et des expériences de télémétrie laser pour modéliser la structure interne de la Lune.
  • Impact sur le champ magnétique : La composition du noyau explique en partie la disparition du champ magnétique lunaire il y a 3,2 milliards d’années.
  • Implications pour le Système solaire : Ces résultats aident à comprendre les processus de formation et d’évolution de la Lune et des autres corps célestes du Système solaire.

Mystere Resolu Les Scientifiques Confirment Ce Que Cache Linterieur De La Lune 2

Un cœur solide, presque aussi dense que le fer

Les chercheurs, menés par Arthur Briaud du Centre national de la recherche scientifique en France, ont découvert que le noyau interne de la Lune est une boule solide d’environ 258 kilomètres de rayon, soit environ 15 % du rayon total de la Lune. Sa densité, proche de celle du fer (environ 7 822 kilogrammes par mètre cube), confirme les hypothèses formulées par les études antérieures, notamment celles menées par la NASA en 2011. Cette nouvelle découverte met fin à un long débat sur la nature du noyau lunaire et ouvre de nouvelles perspectives sur l’histoire et l’évolution de notre satellite.

Une structure interne complexe révélée par des ondes sismiques

Pour percer les mystères de l’intérieur de la Lune, les scientifiques se sont appuyés sur des données sismiques recueillies par les missions Apollo, ainsi que sur des expériences de télémétrie laser lunaire. En analysant la manière dont les ondes sismiques traversent les différentes couches de la Lune, ils ont pu modéliser sa structure interne avec une précision inédite. Le résultat ? Un modèle montrant un noyau interne solide entouré d’une couche externe fluide, similaire à celui de la Terre, mais avec une dynamique unique qui pourrait expliquer l’évolution du champ magnétique lunaire disparu il y a environ 3,2 milliards d’années.

Des implications pour comprendre l’histoire du Système solaire

Cette découverte ne se limite pas à la Lune. Elle apporte également des éléments cruciaux pour comprendre l’évolution du Système solaire. Le noyau solide et le phénomène de « retournement du manteau », où les matériaux plus denses se déplacent vers le centre tandis que les matériaux plus légers remontent, pourraient avoir joué un rôle clé dans l’histoire des bombardements météoritiques intenses durant le premier milliard d’années du Système solaire. Cela pourrait également expliquer la présence de certains éléments dans les régions volcaniques de la Lune.

Un avenir prometteur pour l’exploration lunaire

Avec la confirmation de la structure interne de la Lune, l’exploration lunaire entre dans une nouvelle ère. Des missions à venir, telles que celles planifiées par la NASA avec Artemis II ou par des entreprises privées, pourraient fournir des données encore plus détaillées sur le cœur de notre satellite. De nouveaux séismomètres et instruments de mesure permettront de vérifier ces découvertes sur place, renforçant ainsi notre compréhension de la Lune et, par extension, de la Terre et de ses propres origines.

En attendant, le mystère du cœur de la Lune, autrefois réservé aux spéculations, est désormais une histoire solidement ancrée dans la réalité scientifique.

Source : https://www.nature.com/articles/s41586-023-05935-7


Laurène Meghe

Rédactrice spécialisée en économie et défense armées. Je couvre également les domaines des enjeux industriels et politique, y compris les relations entre les entreprises et leurs partenaires financiers.

L’armée de Terre a officiellement réactivé la 19e Brigade d’Artillerie

L’armée de Terre a officiellement réactivé la 19e Brigade d’Artillerie


Conformément aux orientations de son dernier plan stratégique, l’armée de Terre met progressivement en place quatre nouveaux commandements dits « Alpha » qui, subordonnés au Commandement des forces terrestres [CFOT], sont censés incarner les « artères vitales qui irriguent la stratégie militaire » tout en assurant une « cohésion sans faille au sein des forces armées ».

Dit autrement, il s’agit de commandements spécialisés appelés à fournir des appuis au combat dans des domaines clés, tels que les frappes dans la profondeur, les actions « hybrides », le renseignement et la logistique.

Ces derniers mois, le « Commandement des Actions Spéciales Terre » [CAST], le « Commandement de l’Appui et de la Logistique de Théâtre » [CALT] et le « Commandement de l’Appui Terrestre Numérique et Cyber » [CATNC] ont officiellement été créés. Bien qu’il ait déjà pris part à l’exercice « Grand Duc », en mars dernier, il restait à en faire autant pour le « Commandement des Actions dans la Profondeur et du Renseignement » [CAPR]. D’où la prise d’armes organisée à Strasbourg, le 4 septembre.

À cette occasion, deux autres unités devant lui être subordonnées ont également été créées [ou recréée, pour l’une d’elles]. En effet, comme cela avait été annoncé depuis plusieurs mois, l’armée de Terre a réactivé la 19e Brigade d’Artillerie [B.ART], vingt-cinq après sa dissolution, dans le cadre de la professionnalisation des armées.

À l’époque, unité organique de la Force d’Action Rapide, la 19e B.ART réunissait les 1er, 54e et 403e régiments d’artillerie [RA]. Après sa dissolution, ces derniers furent rattachés à la Brigade d’artillerie d’Haguenau-Oberhoffen.

Relevant désormais du CAPR, par ailleurs commandé par le général Guillaume Danes, la 19e B.ART se compose des 1er et 54e RA. Mais pas seulement puisque le 61e régiment d’artillerie, jusqu’alors subordonné à la brigade de renseignement [BRENS] l’a rejoint, avec son École des drones, créée en 2023.

À noter que les capacités du 1er RA ont été amoindries avec la cession de quatre de ses treize Lance-roquettes unitaires [LRU] à l’Ukraine. Leur remplacement est prévu dans le cadre du programme « Frappe Longue Portée Terrestre » [FLPT].

Quant à la seconde unité, il ne s’agit pas non plus d’une création mais plutôt d’une transformation, la BRENS étant devenue la « Brigade de renseignement et cyber-électronique » [BRCE]. Celle-ci regroupe le 2e régiment de Hussards, les 44e et 54e régiments de transmissions, la 785e Compagnie de guerre électronique et le Centre de formation initiale des militaires / 151e RI. Au passage, le 28e groupe géographique, bien que relevant de l’artillerie, a été transféré à la Brigade génie [BGEN] du CALT.

Outre la 19e B.ART et la BRENS ce nouveau commandement dédié à l’action dans la profondeur compte également la 4e Brigade d’aérocombat [BAC], formée par les 1er, 3e et 5e régiments d’hélicoptères de combat [RHC] ainsi que par le 9e régiment de soutien aéromobile. Enfin, le Centre du renseignement Terre [CRT], avec 180 spécialistes de l’exploitation du renseignement, complète son ordre de bataille.

« L’armée de Terre de combat s’adapte à la géométrie du champ de bataille. Dernier-né des grands commandements mis sur pied dans le cadre de sa transformation, le CAPR aura la responsabilité de la portion de terrain s’étendant devant la ligne des contacts, où les unités de renseignement, d’aérocombat et d’artillerie qui relèvent de son autorité agiront en étroite coordination pour renseigner et délivrer des feux dans la profondeur », a expliqué le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT]. Et d’ajouter : Il « possède des atours pour contribuer à comprendre l’adversaire dès la phase de contestation et pour fournir les capacités-clefs d’une nation-cadre ».

Selon les explications données par le CEMAT, la création de ce nouveau commandement est liée aux retours d’expérience [RETEX] des combats en Ukraine et au Haut-Karabakh, au cours desquels il est apparu que l’accélération de la « boucle acquisition-feux » était centrale, grâce à la combinaison de « capteurs et d’effecteurs ».

« Imposer sa supériorité au combat passe désormais par la détection, la reconnaissance et l’identification d’objectifs au plus loin, qui précèdent leur destruction », a-t-il résumé.

Photo : LRU – armée de Terre

C’est le projet militaire le plus cher de l’histoire estimé à 148,8 milliards d’euros et les États-Unis souhaitent y mettre bon ordre pour en baisser les coûts

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C'est le projet militaire le plus cher de l'histoire estimé à 148,8 milliards d'euros et les États-Unis souhaitent y mettre bon ordre pour en baisser les coûts
C’est le projet militaire le plus cher de l’histoire estimé à 148,8 milliards d’euros et les États-Unis souhaitent y mettre bon ordre pour en baisser les coûts

 

L’Air Force face à la complexité et aux coûts exorbitants du missile Sentinel.

L’Armée de l’air américaine (U.S. Air Force) se confronte à un défi majeur avec le développement de son nouveau missile intercontinental, le LGM-35A Sentinel. Les responsables admettent avoir sous-estimé la complexité de l’infrastructure au sol nécessaire pour le déploiement de ce système d’armement avancé, entraînant ainsi des dépassements de coûts considérables.

Une sous-estimation initiale des coûts d’infrastructure pour le projet Sentinel

Andrew Hunter, secrétaire adjoint de l’Air Force pour l’acquisition, la technologie et la logistique, a révélé lors de la conférence de Defense News à Arlington, Virginie, que l’attention s’était principalement portée sur le missile lui-même, négligeant ainsi la complexité de l’infrastructure au sol. Le programme initial prévoyait un budget de 72,26 milliards d’euros pour le Sentinel, mais les estimations actuelles suggèrent que les coûts pourraient grimper à environ 148,8 milliards d’euros si aucune modification n’est apportée.

Révision critique et réduction des coûts

Face à l’augmentation alarmante des coûts et aux préoccupations des législateurs ainsi que des responsables du Pentagone, une violation critique du seuil Nunn-McCurdy a été déclarée, incitant à une réévaluation complète du programme. Bien que la décision finale soit de ne pas annuler le projet, étant jugé trop crucial, une restructuration s’impose pour réduire les dépenses. Même une version modifiée du programme est estimée à 131,04 milliards d’euros, soit 81% de plus que l’estimation initiale.

Un processus exhaustif pour l’optimisation des coûts

Le vice-chef d’état-major général, Jim Slife, a déclaré que l’Air Force examinait minutieusement chaque ligne des exigences du Sentinel pour identifier les possibles réductions de coûts. Ce processus rigoureux, qui devrait prendre plusieurs mois, nécessite de revalider toutes les exigences en les reliant directement aux directives présidentielles ou départementales concernant la sécurité, la sûreté et la survie du système.

Le programme initial prévoyait un budget de 72,26 milliards d'euros pour le Sentinel, mais les estimations actuelles suggèrent que les coûts pourraient grimper à environ 148,8 milliards d'euros si aucune modification n'est apportée.
Le programme initial prévoyait un budget de 72,26 milliards d’euros pour le Sentinel, mais les estimations actuelles suggèrent que les coûts pourraient grimper à environ 148,8 milliards d’euros si aucune modification n’est apportée.

L’importance cruciale de l’infrastructure au sol

L’infrastructure au sol, qui comprend la construction de nouveaux centres de contrôle de lancement et la rénovation des silos existants, ainsi que le remplacement de câbles en cuivre par des fibres optiques modernes sur environ 7 500 miles (environ 12 000 km), est essentielle pour rendre le système de missiles ICBM efficace comme moyen de dissuasion nucléaire. La complexité de cette infrastructure est un aspect clé que l’Air Force s’efforce de simplifier pour maîtriser les coûts.

Redécouverte des compétences d’acquisition

Il est à noter que l’Air Force n’a pas entrepris d’acquisition majeure de ce type depuis le déploiement du Minuteman III au début des années 1970. Cette lacune dans l’expérience récente oblige l’Air Force à réapprendre certaines compétences essentielles et à améliorer ses capacités pour gérer efficacement la complexité du programme Sentinel.

Cet article explore les défis et les efforts déployés par l’U.S. Air Force pour maîtriser les coûts explosifs du programme de missiles LGM-35A Sentinel. En détaillant la sous-estimation initiale de la complexité et les mesures prises pour contenir les dépassements de budget, il met en lumière les défis logistiques et financiers auxquels l’armée est confrontée dans le renforcement de sa défense nucléaire.

Source : defense-news

Des hauts gradés de l’armée seront jugés à partir du 9 septembre pour favoritisme et corruption

Des hauts gradés de l’armée seront jugés à partir du 9 septembre pour favoritisme et corruption

L’affaire avait été détaillée notamment par Radio France et Disclose : des militaires et leur prestataire vont être jugés dès lundi.

Par AFP – Paris – Normandie –

https://www.paris-normandie.fr/id557116/article/2024-09-07/des-hauts-grades-de-larmee-seront-juges-partir-du-9-septembre-pour-favoritisme


Plusieurs hauts gradés de l’armée française et un de ses principaux sous-traitants pour la logistique des opérations extérieures (Opex) doivent être jugés à partir de lundi 9 septembre 2024 devant le tribunal correctionnel de Paris pour des soupçons de corruption et de favoritisme.

Parmi les prévenus figurent huit militaires, au premier rang desquels l’ancien chef d’état-major du Centre du soutien des opérations et des acheminements (CSOA), le colonel Philippe Rives, qui doit comparaître pour favoritisme, corruption passive, violation du secret professionnel et prise illégale d’intérêts.

Un ancien commandant du CSOA, le général Philippe Boussard, un lieutenant-colonel du Commandement des opérations spéciales (COS), Christophe Marie, et le président de la société International Chartering Systems (ICS), Philippe de Jonquières, seront également sur le banc des prévenus.

Ils sont soupçonnés, à des degrés divers, d’avoir participé dans les années 2010 à une opération ayant permis à ICS – qui comparaît comme personne morale – d’être favorisée dans l’attribution de plusieurs marchés de logistique, notamment concernant le transport aérien, pour des Opex de l’armée française.

Des contrats se chiffrant en centaines de millions d’euros

L’histoire a démarré en 2016 par un rapport de la Cour des comptes étudiant les Opex françaises, dont leur logistique. Faute de solution tricolore, entre des Transall vieillissants ou des A400M à la livraison retardée, l’armée française a eu régulièrement recours aux « très gros porteurs russes ou ukrainiens », notamment des Antonov 124, « une ressource rare au niveau mondial », comme le rappelaient les magistrats de la rue Cambon.

Comment ? Principalement via deux prestataires extérieurs, l’agence de soutien de l’Otan Salis et le logisticien privé ICS, vieux compagnon de route de l’armée française, pour des contrats se chiffrant en centaines de millions d’euros.

Outre des doutes sur leur avantage stratégique, la Cour des comptes s’interrogeait sur le surcoût des prestations offertes par ICS par rapport à celles de Salis.

Il n’est pas possible de « comparer directement » les deux, avait répondu en mars 2018 le ministère des Armées. La Cour des comptes a finalement signalé à la justice ces faits, comme l’armée un peu plus tard, donnant lieu à une enquête, révélée par le journal Le Monde et ouverte début 2017 par le Parquet national financier (PNF).

Les gendarmes de la section de recherches de Paris ont perquisitionné en octobre de la même année le CSOA à Vélizy-Villacoublay (Yvelines) et les locaux d’ICS à Paris.

L’enquête, riche de 8.000 pages selon une source proche du dossier, a abouti, selon des révélations en 2018 de la cellule investigation de Radio France, à la découverte d’échanges soutenus entre plusieurs haut gradés et les responsables d’ICS à des moments-clés de passation de marchés.

Les investigations ont également mis au jour plusieurs manipulations potentielles qui auraient permis à la société d’être mieux notée dans les processus d’attribution.

Procès jusqu’au 25 septembre

Selon une note de synthèse du PNF de juillet 2022 dont l’AFP a eu connaissance, le colonel Philippe Rives, par exemple, est soupçonné d’avoir rédigé, entre février et décembre 2015, « une fiche interne favorable à ICS » ou transmis des informations stratégiques au président de la société, Philippe de Jonquières, en échange de son embauche future comme directeur général adjoint d’ICS.

Philippe Broussard est suspecté de favoritisme, en ce qu’il aurait contribué à ce qu’ICS soit « privilégiée » dans l’attribution des missions, « pour un surcoût minimum estimé de 16,3 millions d’euros ».

En novembre 2017, après l’ouverture de l’enquête pénale, l’armée française n’a pas reconduit le marché qui la liait à ICS sur le marché du fret des opérations extérieures.

En marge de ce dossier, trois journalistes de Radio France et de Disclose qui avaient enquêté sur l’affaire ont été entendus en décembre 2022, en audition libre, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), pour des soupçons d’atteinte au secret de la défense nationale.

Le procès est prévu jusqu’au 25 septembre.

La trajectoire budgétaire des armées provisoirement maintenue

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Pas de statu quo pour le budget des armées mais une hausse conforme à la trajectoire inscrite dans la nouvelle loi de programmation militaire. Du moins, pour l’instant, car la situation financière de la France, jugée « catastrophique » par plusieurs sénateurs, pourrait forcer le prochain gouvernement à revoir la copie.  

Le budget 2025 des Armées s’en sort jusqu’à présent plutôt bien, confirment des documents perçus ce lundi par la commission des Finances du Sénat. Entre la loi de finances pour 2024 et le plafond de dépenses pour 2025 envoyé fin août par le Premier ministre, les dépenses militaires augmentent de 3,3 Md€ l’an prochain pour plafonner à 50,5 Md€ hors pensions. Soit une hausse fidèle à l’objectif fixé dans la LPM 2024-2030. 

D’autres pâtissent néanmoins de la volonté de gel budgétaire prônée par le gouvernement démissionnaire. L’enveloppe consacrée au travail et à l’emploi recule ainsi de 2,3 Md€. Celles de l’aide publique au développement et du plan de relance baissent de 1,3 Md€ et 1,2 Md€. Plusieurs lignes budgétaires sont figées, dont celle allouée à la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation ». 

Si l’équilibre présenté s’avère bénéfique aux armées, celui-ci demeure aussi provisoire qu’instable. « Une nouvelle fois, les nouvelles ne sont pas bonnes », martelait hier le président de la commission des Finances, le sénateur Claude Raynal (PS) lors d’une conférence de presse. Les dépenses « dérivent dangereusement » quand les recettes se réduisent, l’équation se soldant par « une dégradation historique des comptes de la nation », pointait à son tour Jean-François Husson, sénateur LR et rapporteur général de la commission des Finances. 

Selon une note de la Direction générale du Trésor datée de juillet, le déficit public atteindrait désormais les 5,6% du PIB en 2024, contre 5,1% auparavant. Il atteindrait 6,2% en 2025, soit 60 Md€ ou une augmentation de 50% de la dérive par rapport à début 2024. Ces chiffres « établissent la poursuite en 2024 et pour les années à venir, évidemment sous réserve qu’il n’y ait pas de mesures correctrices, de la dégradation des finances publiques que nous constatons déjà depuis 2023 », constate Claude Raynal.

« On ne peut pas sans arrêt bidouiller », poursuit Claude Raynal tout en invitant « un gouvernement sérieux » à se mettre au travail « pour redresser la situation dont il va hériter ». Entre une réduction des dépenses ou une hausse des recettes, les sénateurs privilégient la prudence sur la marche à suivre mais seront forces de proposition lorsque le temps des discussions parlementaires sera venu. La partie ne fait donc que commencer et, malgré un contexte sécuritaire dégradé et la nécessité de continuer à renforcer l’outil de défense, le prochain round pourrait s’avérer autrement plus corsé.

Ukraine : une vidéo révèle l’usage de drones lance-flammes

Ukraine : une vidéo révèle l’usage de drones lance-flammes

Par Jean-Baptiste Leroux – armees.com – Publié le 5 septembre 2024

L'Ukraine utilise des drones lance-flammes sur le champs de bataille. Capture d'écran X
L’Ukraine utilise des drones lance-flammes sur le champs de bataille. Capture d’écran X – © Armees.com

 

En Ukraine, les drones lance-flammes font désormais partie de la stratégie militaire. Utilisant de la thermite, un agent incendiaire puissant, ces drones ciblent des positions ennemies cachées. Ce qui marque un tournant dans la guerre asymétrique. Leur impact, à la fois destructeur et économique, change le visage du champ de bataille.

En Ukraine, l’usage des drones se diversifie

Dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie, les drones jouent un rôle clé. Une innovation récente a attiré l’attention : l’utilisation de drones capables de projeter des matériaux incendiaires. Ce sont les drones lance-flammes, des appareils équipés pour larguer de la thermite sur des positions ennemies. Une vidéo publiée dans la région de Zaporijia montre l’efficacité de ces drones, qui déversent une pluie de feu sur une zone boisée où se cachaient des soldats adverses.

La thermite, utilisée dans ces drones, n’est pas un lance-flammes au sens classique du terme. Il s’agit d’un mélange de poudre de fer et d’aluminium qui, une fois allumé, génère une chaleur extrême, capable de fondre des métaux. L’Ukraine exploite cette capacité pour endommager non seulement des positions adverses, mais aussi des véhicules blindés et des équipements lourds. Ce drone incendiaire est donc une arme à double effet : il inflige des dommages humains tout en perturbant les ressources militaires des forces russes.

Une arme à bas coût aux capacités dévastatrices

Les drones lance-flammes offrent un avantage tactique majeur aux forces ukrainiennes. En plus de leur capacité à toucher des cibles stratégiques dissimulées, ces appareils sont relativement bon marché. Un drone chargé de 500 grammes de thermite coûte une fraction du prix d’un blindé ennemi, mais il est capable de percer 4 mm de métal en dix secondes. Cela en fait une solution économique pour l’Ukraine, qui doit maximiser ses ressources face à une armée russe bien équipée.

L’avantage économique est crucial dans cette guerre, où les pertes matérielles s’accumulent des deux côtés. L’Ukraine a mis en place une stratégie de production locale pour ces munitions incendiaires, ce qui leur permet de maintenir une cadence régulière d’attaques tout en minimisant les coûts. En plus de leurs avantages financiers, ces drones sont extrêmement polyvalents. Ils peuvent s’adapter à divers environnements de combat, notamment les forêts où les troupes ennemies tentent souvent de se dissimuler.

La thermite : une munition historique adaptée aux drones

La thermite, bien que souvent utilisée dans des contextes industriels, a une longue histoire dans les conflits militaires. Cette substance incendiaire a été largement utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment pour détruire des structures fortifiées et des équipements militaires. L’Ukraine tire parti de cette histoire en adaptant la thermite aux nouvelles technologies, notamment aux drones, pour créer une arme à la fois ancienne dans son concept mais révolutionnaire dans son application.

Cette substance est capable d’atteindre des températures bien supérieures à celles de la lave, ce qui la rend particulièrement efficace pour percer les blindages et désactiver les véhicules militaires. En brûlant à 2.400 degrés, la thermite peut causer des ravages considérables, et même si elle ne détruit pas immédiatement une cible, elle la rend inutilisable. Utiliser la thermite via des drones permet aux forces ukrainiennes de maximiser l’effet de surprise tout en réduisant le risque pour leurs propres troupes.

Encadrement légal et impact sur le conflit

Si l’efficacité de ces drones est indéniable, leur utilisation pose des questions sur le plan du droit international. Le Protocole III de la Convention de Genève, qui régule l’usage des armes incendiaires, interdit leur déploiement dans les zones peuplées lorsqu’elles sont larguées par avion. Cependant, les drones ne sont pas explicitement mentionnés dans ce cadre, ce qui offre une certaine flexibilité dans leur emploi. Tant que ces drones sont utilisés pour frapper des cibles militaires et non des civils, leur utilisation reste autorisée.

L’Ukraine et la Russie, toutes deux signataires de ce protocole, doivent cependant se plier aux régulations internationales concernant l’usage des armes incendiaires. Malgré cela, les drones lance-flammes semblent être perçus par l’Ukraine comme une solution stratégique pour contrer l’avancée des forces russes, en particulier dans des zones reculées et difficiles d’accès. Le coût réduit et l’efficacité destructrice de ces appareils en font une arme de choix dans une guerre où les innovations tactiques jouent un rôle crucial dans l’issue des combats.


Jean Baptiste Le Roux
Jean-Baptiste Leroux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l’Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l’Association des Journalistes de Défense.

Les exportations françaises d’équipements militaires ont accusé un sérieux recul en 2023

Les exportations françaises d’équipements militaires ont accusé un sérieux recul en 2023


L’actuel gouvernement étant démissionnaire, la publication du rapport annuel au Parlement sur les exportations françaises d’armement a pris du retard cette année. Pour autant, quelques médias, comme La Tribune, ont pu y avoir accès. Sans surprise, le cru 2023 n’a pas été aussi bon que le précédent, marqué, il est vrai, par l’entrée en vigueur du contrat « Rafale » [80 exemplaires] signé par les Émirats arabes unis pour 16,9 milliards d’euros [soit environ 60 % des 27 milliards de prises de commandes].

Ainsi, l’an passé, le montant total des exportations françaises d’équipements militaires s’est élevé à 8,2 milliards d’euros [- 69 %], ce qui est très en deçà des 11,7 milliards de l’année 2021. Au cours de la période 2014-23, seuls les exercices 2017 et 2020 avaient été moins bons, avec respectivement 6,9 et 4,9 milliards d’euros de prises de commandes.

Parmi les dix principaux clients de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française en 2023, l’Indonésie arrive en tête, grâce à l’entrée en vigueur du contrat relatif à un second lot de 18 Rafale pour 2,6 milliards d’euros. Encore une fois, le chasseur-bombardier de Dassault Aviation pèse « lourd » puisque cette commande représente environ 30 % du total du résultat.

L’Arabie Saoudite [pour 552 millions] et l’Inde [pour 488 millions] viennent ensuite. Ces deux pays sont suivis, et c’est une surprise, par l’Angola, qui a commandé trois corvettes dérivées de la Combattante BR71 MKII du chantier naval CMN, via le groupe émirien Abu Dhabi Ship Building. Enfin, l’Ukraine [pour 363 millions d’euros] complète cette courte liste.

« Si l’année 2023 peut paraître relativement modeste en termes de prises de commandes, cela ne correspond pas à une tendance de fond : l’évolution de nos exportations doit être appréciée sur des échelles de temps plus longues car le bilan annuel est très fluctuant, au gré du nombre et du montant des contrats majeurs entrés en vigueur en cours d’année », explique le ministère des Armées.

Cela étant, ce recul des exportations françaises d’armement a de quoi être décevant quand l’on sait que les dépenses militaires mondiales ont atteint le niveau record de 2443 milliards de dollars [+ 6,8 % en termes réels] en 2023. À eux seuls, les membres de l’Otan ont représenté 55 % de ce total [1341 milliards de dollars].

Par ailleurs, ces dernières années, la priorité de la BITD française était d’augmenter le niveau de ses prises de commandes auprès des pays membres de l’Union européenne [UE]. Or, en 2023, seule la Grèce fait partie de ses dix premiers clients, avec notamment une commande de drones tactiques Patroller.

Il faut dire que la concurrence sur le marché européen s’est intensifiée. Outre les États-Unis, qui peuvent s’attendre encore à obtenir de nombreux contrats à en juger par la fréquence des avis délivrés par leur agence de coopération en matière de sécurité et de défense [DSCA], il faut composer avec Israël [artillerie, défense aérienne, électronique, missiles antichars] et la Corée du Sud [chars, artillerie, munitions, etc.] très active en Pologne et en Roumanie.

Cependant, le cru 2024 s’annonce meilleur, avec notamment la commande néerlandaise de quatre sous-marins Black Sword Barracuda, le contrat signé par la Serbie pour 12 Rafale ou encore l’achat de CAESAr par l’Estonie et l’Arménie.

La fin d’un monde et le déni de réalité européen.

Billet du lundi 02 septembre 2024 rédigé par Patricia Lalonde, Vice-présidente de Geopragma.

https://geopragma.fr/la-fin-dun-monde-et-le-deni-de-realite-europeen/


De nombreux rebondissements géopolitiques, souvent passés sous silence, ont émaillé la trêve olympique.

Le basculement s’est accéléré autour des deux conflits majeurs, au Moyen-Orient et en Ukraine ; deux conflits qui ont montré l’impuissance des États-Unis à parvenir à un quelconque règlement. Sombre tableau pour l’administration Biden…

Cette impuissance a permis à la Chine, déjà à l’origine de l’improbable rapprochement entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, de tenter désormais de se présenter sur ces deux dossiers comme le barycentre des négociations. Pékin a invité cet été 14 factions palestiniennes afin d’obtenir une position commune sur le futur d’un État Palestinien.

L’assassinat d’Ismaël Haniyeh à Téhéran par Israël a redistribué les cartes ; Israël avait pourtant misé sur le Hamas d’Ismaël Haniyeh face à l’Autorité Palestinienne.

Yahya Sinwar, l’ancien patron de la branche militaire du Hamas ayant remplacé Ismaël Haniyeh à sa tête, a toujours été toujours très méfiant envers les Frères Musulmans.

Il serait prêt néanmoins à négocier dans le cadre d’un nouvel État Palestinien, avec l’ancien homme fort et patron de la sécurité de l’Autorité Palestinienne, Mohammed Dalhan, réfugié depuis aux Émirats Arabes Unis…

Le soutien apporté par les États-Unis et ses alliés européens aux Frères Musulmans s’est avéré un échec. Non seulement, les Printemps arabes ont été un échec, mais les massacres du 7 octobre n’ont pu être évités.

Pendant ce temps, Benjamin Netanyahu continue de massacrer le peuple palestinien, et à s’opposer à toute tentative de paix… La mort des six otages, probablement tués pour venger l’assassinat d’Ismaël Haniyeh, a mis à mal la stratégie de B. Netanyahu.

Quant à R.T Erdogan, lui aussi Frère Musulman, il ne pardonnera pas à Israël les massacres à Gaza ni l’assassinat de son ami, Ismaël Haniyeh ; cela le conduira sans doute à prendre quelques distances avec l’OTAN. La Turquie vient en effet d’annoncer qu’elle désirait rejoindre les BRICS.

Preuve en est sa récente tentative de rapprochement avec Bachar el-Assad afin de pouvoir régler le problème des 3,2 millions de réfugiés syriens, encombrants sur le sol turc.

Le principal ennemi de Bachar el-Assad va donc rendre les armes, laissant les pays européens s’enfoncer un peu plus dans leur déni de réalité.

Concernant le dossier ukrainien, c’est là encore la Chine qui reçoit et soutient Victor Orban, président de l’Union Européenne jusqu’à fin décembre, dans sa volonté d’établir un plan de paix… Ce qui lui vaudra d’ailleurs les foudres des autres pays européens, pour qui toute négociation serait un acte de capitulation.

Cela va d’ailleurs contraindre la Hongrie à emprunter 1 milliard d’euros à la Chine !!

Dans la foulée, Victor Orban sera également reçu par Donald Trump, lui aussi demandeur d’un plan de paix.

Quel pied de nez aux européens !

Puisque l’Europe ne veut pas la paix, et bien utilisons d’autres canaux.

Un monde multipolaire est en train d’émerger, résultat de l’aveuglement des européens.
Vladimir Poutine sera reçu en visite d’état en Azerbaïdjan afin de prôner la stabilité du Caucase du Sud. Il y en apportera son soutien au projet sur le corridor de Zangezur, mettant l’Iran dans l’obligation d’y adhérer également.

L’Azerbaïdjan a par ailleurs demandé elle aussi à rejoindre les BRICS.
Un mauvais signal là encore pour l’Europe, grand soutien de l’Arménie qui risquent ainsi de voir son influence dans la région sérieusement diminuer.

De même en Asie centrale, l’influence de l’Europe et des Etats-Unis diminue, laissant la Chine y développer sa route de la soie et ses grands projets.

L’évolution de ces conflits rejaillira automatiquement sur l’élection américaine en novembre.

L’unilatéralisme euro-atlantique et la tentation autoritaire de l’occident sont mis en cause par le reste du monde et le conflit à Gaza ne fait qu’accélérer cette tendance. Malheureusement ni Paris, ni Londres, ni Berlin, ni Washington ne sont prêts à accepter le nouveau rapport de force entre le G7 et les BRICS.

Nous risquons fort de vivre les cent prochains jours les plus dramatiques de l’histoire contemporaine. C’est malheureusement ce que vient de réaffirmer le chef d’état -major des armées, Thierry Burkhard.

Et tout ceci dans l’indifférence la plus totale de nos dirigeants.