Mer Rouge : La Marine nationale justifie l’emploi de missiles Aster 15 pour détruire des drones bon marché

Mer Rouge : La Marine nationale justifie l’emploi de missiles Aster 15 pour détruire des drones bon marché

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Évidemment, cela a ouvert un débat sur le rapport entre le coût de ces missiles et celui des engins qu’ils ont détruits, sachant que le prix d’une munition téléopérée iranienne [MTO ou drone « kamikaze »] de type Shahed-136, comme celle probablement utilisée par les Houthis, est d’environ 20’000 dollars.

Lors du dernier point presse du ministère des Armées, le 11 janvier, le vice-amiral Emmanuel Slaars, commandant la zone maritime de l’océan Indien [ALINDIEN] ainsi que les forces françaises stationnées aux Émirats arabes unis [FFEAU] n’a pas manqué d’être interrogé sur ce sujet. Pour lui, « analyser les choses » sous cet angle est un « peu court » étant donné que ce n’est pas le prix de la munition utilisée pour écarter une menace qui compte mais la valeur de ce qu’elle a permis de protéger.

« Il faut intégrer dans vos analyses le fait que le coût à prendre en compte n’est pas seulement celui du missile que l’on utilise mais également le coût de ce que l’on protège. Là, en l’occurrence, il s’est agi de protéger nos marins et leur bateau parce que, lors des attaques des 9 et 11 décembre, il n’y a aucun doute sur le fait que la Languedoc était visée. Donc, il n’y a aucun état d’âme à avoir », a affirmé le vice-amiral Slaars.

Par ailleurs, toujours selon ce dernier, le prix des drones utilisés par les Houthis seraient plus élevés que ceux généralement avancés. « Certains sont assez sophistiqués, notamment ceux utilisés […] pour repérer les bateaux. Être capable de les détruire, c’est finalement anticiper une frappe beaucoup plus létale [avec des missiles, ndlr] et plus critique », a-t-il estimé.

Cela étant, les options de la FREMM en matière de défense aérienne sont limitées. Outre ses missiles Aster 15, associés au radar multifonctions Herakles, capable de détecter et de suivre jusqu’à 400 cibles maritimes et aériennes, elle dispose d’une tourelle de 76 mm.

Si des exercices ont démontré l’efficacité de cette dernière contre les drones, encore faut-il que les conditions opérationnelles se prêtent à son utilisation. À ce jour, sur les vingt-six attaques déjouées en mer Rouge, seul le « destroyer » britannique HMS Diamond a fait usage de son canon de 114 mm contre des drones lancés par les Houthis [lors de l’attaque que ceux-ci ont mené le 9 janvier, ndlr]. Mais il ne l’a fait qu’à une seule reprise, les missiles Aster de son système Viper [ou PAAMS pour Principal Anti Air Missile System] ayant été jusqu’alors privilégiés.

Quoi qu’il en soit, la Marine nationale aura à mener une réflexion sur les capacités surface-air de ses frégates. L’intégration de missiles VL Mica NG, comme cela avait été proposé pour les futures frégates de défense et d’intervention [FDI] grecques, pourrait être une solution susceptible d’être mise en oeuvre assez rapidement.

Lors d’un colloque à l’Institut Montaigne, le 7 décembre, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, avait mis ce sujet sur la table.

« Dans l’arsenal russe, une des armes les plus utilisées pour les frappes dans la profondeur est le drone Shahed d’origine iranienne qui doit coûter à peine 20’000 dollars. Aujourd’hui, on abat quelquefois ce drone avec des Patriot ou des Aster [Aster 30 du système sol-air moyenne portée / terrestre, ndlr] qui coûtent plusieurs millions. Quand on tue un Shahed avec un Aster, en réalité c’est le Shahed qui a tué l’Aster », avait-il expliqué, selon un compte-rendu de l’AFP.

Or, avait-il continué, « si on veut gagner la guerre il va falloir développer des armes d’usure peu chères, en parallèle des armes de haute technologie qui permettent d’emporter la décision ».