Ouverture et défrichement d’une zone d’extraction de nickel, Pomalaa, Indonésie – mars 2023 – Credits: KAISARMUDA/Shutterstock
par Thibault Michel, cité par Etienne Goetz dans Les Echos – IFRI – publié le 27 juin 2024
Déforestation, lessivage des sols, asphyxie des océans, utilisation intensive de charbon… L’extraction de nickel en Indonésie génère des impacts colossaux sur l’environnement. L’archipel est devenu le premier producteur au monde de ce métal en quelques années.
En quelques années, l’Indonésie est devenu le premier producteur au monde de nickel avec une part de marché passée de 5 % en 2015 à 50 % en 2023. L’archipel s’est par la même occasion imposé comme l’un des acteurs clés de la transition énergétique, car le nickel est l’un des ingrédients essentiels des batteries de voitures électriques. Mais, et c’est tout le paradoxe de la transition, le coût environnemental de l’extraction de ce métal est colossal, notamment en Indonésie qui a désormais la réputation d’être un producteur de nickel « sale ».
L’essor de l’industrie du nickel a certes contribué au développement économique de l’Indonésie, mais l’archipel est désormais « confronté aux répercussions négatives des activités minières sur son sol », explique Thibault Michel, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri) dans une note. L’expert évoque la contestation sociale liée au manque de sécurité dans les mines et les fonderies, l’expropriation de certaines populations locales, la présence de tribus indigènes sur les sites miniers « et surtout, les dommages causés à l’environnement ».
Déforestation et océan asphyxié
Il y a d’abord les impacts directs de la mine, en premier lieu la déforestation, nécessaire pour démarrer l’extraction. C’est d’autant plus problématique que l’Indonésie compte parmi les plus belles et importantes forêts primaires au monde. Autre grand sujet environnemental : celui de la gestion des résidus miniers. Certains opérateurs peu scrupuleux n’hésitent pas à jeter les boues au fond de la mer (« deep-sea tailing ») au risque d’y détruire la biodiversité marine.
« Les entreprises sont censées respecter des normes environnementales, mais ces exigences passent parfois à la trappe sur certains projets », détaille le chercheur aux « Echos »
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Plus de poissons dans les filets
Par ailleurs, comme les rayons du soleil ne peuvent plus passer dans l’eau, la végétation disparaît aussi. Plusieurs pécheurs vivant à proximité d’usines et de mines ont expliqué dans une enquête de Bloomberg ne plus trouver le moindre poisson dans leurs filets. Certains acteurs préfèrent presser les boues et les stocker à sec. Cette méthode permet également de revégétaliser le site minier et éviter l’érosion des sols.
L’autre sujet environnemental du nickel indonésien est lié à l’utilisation intensive du charbon dans les fonderies et raffineries du minerai. « Il y a une volonté affichée d’aller vers la décarbonation mais pas grand-chose de réalisé concrètement », juge Thibault Michel.
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