Un laboratoire français cherche à mettre au point un drone de la taille d’un insecte pouvant intéresser les armées
En 2008, il avait été rapporté que la Darpa, l’agence de recherche du Pentagone, finançait un programme appelé Hi-MEMS [Hybrid Insect Micro-mechanical systems] dont la finalité consistait à incorporer dans des insectes des senseurs micromécaniques (MEMS) pour en faire des capteurs quasiment indétectables.
De quoi donner lieu à de nombreuses applications militaires, comme la reconnaissance d’un bâtiment sans alerter d’éventuels éléments hostiles qui s’y trouveraient, obtenir des renseignements lors d’une prise d’otage ou bien encore accéder à des endroits difficiles d’accès.
Avec la même intention, des chercheurs de l’Université technique de Delft, aux Pays-Bas, mirent au point le DelFly Explorer, c’est à dire un drone ayant l’apparence d’une libellule. Doté de deux caméras miniatures à basse résolution, d’un ordinateur de bord pour le traitement des images et d’une batterie au lithium, ce nano-robot, d’une envergure de 28 centimètres pour une masse de 20 grammes, passait alors pour « le plus petit drone au monde. »
Mais des chercheurs français ont l’intention d’aller encore plus loin. Et leurs travaux intéressent la Direction générale de l’armement [DGA]. Ainsi, le Département opto-acousto-électronique [DOAE], rattaché à l’Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie [IEMN] et associé au Laboratoire d’ingénierie des systèmes physiques et numériques [LIPSEN] de Lille, travaille actuellement sur le projet OVMI, pour « Objet volant mimant l’insecte ».
Ce qui suppose de maîtriser plusieurs domaines, dont, entre autres, le biomimétisme, la micro-électronique, la gravure ionique, l’aéroelasticité, les matériaux piézoélectriques ou encore les systèmes micro-életromécaniques.
« Le projet OVMI vise à mettre au point un véhicule nano-aérien à volutes d’environ 3 cm, autonome et bio-inspiré, reposant principalement sur les technologies MEMS (systèmes microélectromécaniques) pour mener à bien diverses tâches en tirant parti de sa taille et de sa robustesse », précise l’IEMN.
« En raison principalement de la contrainte de taille (dimension maximale inférieure à 7,5 cm), de nouvelles solutions de vol sont nécessaires et la nature, avec les insectes et les oiseaux, constitue une source d’inspiration évidente. En effet, l’aile battante, comparée aux solutions plus traditionnelles à voilure tournante ou fixe, prend le dessus en termes de vol stationnaire dans des zones restreintes avec un certain calme permettant des champs de déploiement inédits pour les drones », explique encore l’institut de recherche.
Dans les colonnes de « La Voix de l’Étudiant », Mathieu Colin, qui prépare sa thèse au LISPEN, explique que « le mouvement des ailes étant plus complexe à reproduire que celui des oiseaux, il faut […] parvenir à utiliser les flux d’air (produits lors des battements) qui ont des caractéristiques particulières. »
D’une masse de seulement 20 mg, cet OVMI est conçu avec des matériaux polymères. Il est doté d’un aimant qui tient le « rôle de ce muscle thoracique qu’ont les insectes et qui permet le mouvement de flexion et de torsion des ailes », indique Sébastien Grondel, un membre de l’équipe de chercheurs.
Plusieurs défis restent encore à relever, dont la maîtrise du vol, avec la mise au point d’un système de localisation dans l’espace. Puis il s’agira ensuite de faire communiquer plusieurs OVMI entre-eux afin de pouvoir former des essaims. Une capacité susceptible d’intéresser les militaires…
Photo : vue d’artiste de l’OVMI (c) IEMN