M. Trump publie la photographie du chien de combat qui a acculé le chef de Daesh dans un tunnel
Le chef de l’État islamique [EI ou Daesh], Abou Bakr al-Baghdadi, étant méfiant à l’égard des moyens de communications modernes, le renseignement d’origine humaine [ROHUM] a donc été essentiel pour le localiser et lancer l’opération « Kayla Mueller » pour l’éliminer.
Ainsi, l’été dernier, les services de renseignement irakiens ont intercepté deux personnes : une des femmes d’al-Baghdadi et un de ses messagers. Le compte-rendu de leur interrogatoire a ensuite été transmis à la CIA. A priori, cela a permis aux analystes de concentrer leur attention sur la localité de Barisha, située dans la province d’Idleb, pourtant contrôlée par des groupes hostiles à l’EI, comme Hourras Al-Din, proche d’al-Qaïda, et Hayat Tahrir al-Cham.
Puis, un bâtiment où était supposé se cacher le chef de Daesh a été mis sous surveillance, avec l’appui déterminant des Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde].
« Depuis le 15 mai, nous collaborons avec la CIA pour suivre al-Baghdadi et le surveiller de près », a indiqué Polat Can, un responsables des FDS. « Une de nos sources a été capable d’atteindre la maison où Baghdadi se cachait », a-t-il poursuivi.
« Notre propre source, qui avait été capable d’arriver jusqu’à Baghdadi, a ramené un de ses sous-vêtements pour mener un test ADN et vérifier à 100% que la personne en question était bien Baghdadi », a raconté Polat Can. « Notre source de renseignement a été impliquée dans l’envoi de coordonnées, la direction du largage, la participation à l’opération et le succès de l’opération jusqu’à la dernière minute », a-t-il conclu.
Puis, tout s’est précipité à partir du 24 octobre, alors qu’al-Baghdadi était sur le « point de bouger », a précisé un responsable américain auprès du New York Times. D’où le feu vert à l’opération « Kayla Mueller », appelée ainsi pour rendre hommage à l’une des victimes du chef de Daesh.
Dans la nuit du 26 au 27 octobre, des hélicoptères MH-47 Chinook, apppuyés par des AH-64 Apache ont donc décollé d’Erbil [Kurdistan irakien]. À leur bord, des commandos de la Delta Force, des maîtres-chiens et des interprètes. A priori, l’espace aérien de la province d’Idleb étant sous leur contrôle, les forces russes présentes en Syrie ont été prévenue de cette mission [mais pas de son objectif] dans le cadre des mesures de déconfliction convenues avec la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.
Après riposté à des tirs en provenance du sol durant leur progression vers Barisha, les hélicoptères ont déposé les commandos. Ces derniers ont alors fait une brèche dans le mur d’enceinte du complexe avec des explosifs pour éviter d’éventuels pièges placés à l’entrée. Si, selon la relation qui a été faite de l’opération, 11 enfants ont pu être mis en sécurité, plusieurs jihadistes ont été tués lors d’échanges de tirs.
De son côté, al-Baghdadi a emmené trois enfants avec lui dans un souterrain. Un opérateur de la Delta Force a alors lancé un chien à sa poursuite. Acculé, le chef de l’EI a donc actionné la ceinture d’explosif qu’il portait. Deux jours plus tard, un responsable du Pentagone a précisé que son cadavre avait été immergé en mer.
Quant au chien lancé à la poursuite de Baghdadi, il a été blessé par l’explosion. Lors de sa conférence de presse donnée à la suite de l’opération « Kayla Mueller, » le président Trump en a fait l’éloge. « Notre K-9, comme ils l’appellent, a été blessé et ramené. C’est un beau chien. Un chien talentueux », a-t-il dit.
Le général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées américain, a ensuire expliqué que l’élimination d’al-Baghdadi avait été rendue possible grâce aux « services incroyables » de ce chien, dont le nom « reste pour le moment classifié pour protéger son identité ».
Mais plus tard, le président Trump, qui a par ailleurs dit envisager rendre public des images du raid, a publié une photographie de ce « K-9 » sur Twitter. « Nous avons déclassifié une photo de ce chien merveilleux [son nom n’est pas déclassifié] qui a fait un BOULOT MERVEILLEUX dans la capture et l’élimination du chef de l’EI », a-t-il commenté.
Ce berger malinois a été « légèrement blessé », a précisé le général Milley. Il a d’ailleurs repris « ses fonctions avec son maître », a-t-il dit.
De la détection d’explosifs à la neutralisation d’adversaires, les chiens de combat peuvent être déterminants lors d’opérations spéciales. D’où leur présence aux côtés des commandos, comme ce fut le cas lors du raid mené contre Oussama Ben Laden, le chef d’al-Qaïda, un berger malinois, appelé « Cairo », avait accompagné les opérateurs de la Navy Seal Team 6.
En avril dernier, « Ice », un chien du Commando Parachutiste de l’Air [CPA] 10 avait été mis à l’honneur pour avoir repéré un jihadiste qui avait échappé aux jumelles de vision nocturne [JVN] grâce à un nuage de sable et permis la découverte d’une cache d’armes au Mali.