La Gendarmerie nationale va pouvoir commencer à remplacer ses vieux blindés en 2021
À force de repousser à des jours meilleurs le renouvellement de la composante blindée de la Gendarmerie nationale, c’est à dire les VBRG [Véhicules blindés à roues de la Gendarmerie] acquis dans les années 1970 auprès de Berliet, constructeur aujourd’hui disparu, il est devenu de plus en plus compliqué d’en assurer la maintenance, la pratique consistant à prélever les bonnes pièces pièces sur des exemplaires pour en réparer d’autres [la « cannibalisation »] ayant atteint ses limites.
Sur les 155 VBRG livrés à la gendamerie mobile pour ses missions de maintien de l’ordre [MO], il n’en resterait plus que 80 encore opérationnnels… alors que, ces dernières années, ils ont été plus utilisés qu’à l’accoutumé.
« L’accélération et l’intensification des situations de crises variées ont accru le recours aux VBRG ces deux dernières années, outre-mer mais également pour la première fois depuis des décennies sur le territoire métropolitain. […] Ces engagements ont démontré tout l’intérêt opérationnel de cette capacité ‘pivot’, ces engins permettant le dégagement d’axes entravés par des barricades enflammées et, pour certaines, piégées à l’aide de bouteilles de gaz », avait en effet résumé la députée Aude Bono-Vandorme dans son dernier rapport pour avis sur les crédits de la Gendarmerie nationale, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances [PLF] 2020.
Pour autant, l’an passé, et ne trouvant pas, sur le marche, de blindés pouvant convenir à ses besoins [c’est à dire avec un moteur à l’arrière et dotés d’une lame à l’avant pour dégager les barricades, ndlr], la Gendarmerie a décidé de rénover un certain nombre de ses VBRG et d’obtenir quelques VAB supplémentaires auprès de l’armée de Terre pour le « gendarmiser » en les « remotorisant et en les peignant en bleu », avait expliqué le général Richard Lizurey, peu avant de quitter ses fonctions de de directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN].
Seulement, la modernisation des VBRG n’a pas donné pleinement satisfaction. C’est en effet ce qu’indiquèrent les députés Jean-Louis Thiériot et Benjamin Griveaux, dans leur rapport sur l’avenir de la Base industrielle technologique de défense [BITD] remis en juillet.
Pour les deux parlementaires, rénover les VBRG serait « coûteux et infructueux » puisqu’il en coûterait 300.000 euros par véhicules pour ne gagner que dix ans d’utilisation supplémentaires. Aussi avaient-ils plaidé en faveur de l’acquisition de véhicules neufs, à un prix unitaire de 700.000 euros. Soit « à peu près le double du prix du retrofit pour quatre fois plus d’espérance de vie, avec un gain opérationnel net et, vraisemblablement, de nettes économies de Maintien condition opérationnelle [MCO] », firent-ils valoir.
Et c’est cette piste qui a visiblement été retenue. En effet, le dossier de presse diffusé par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance pour présenter les grandes lignes du projet de loi de finances 2021 précise que la Gendarmerie pourra commencer à renouveler sa composante blindée dès l’an prochain [sous réserve de l’accord du Parlement, ndlr].
La mission « Sécurités » devant être dotée d’une enveloppe de 13,9 milliards d’euros, augmentée « d’un milliard d’euros au titre du plan de relance sur l’ensemble du périmètre du ministère de l’Intérieur », les « moyens des forces de sécurité sont renforcés en 2021 » pour leur permettre de « faire face à toutes les menaces et aux besoins
importants en matière de sécurité intérieure », est-il expliqué dans le document.
Aussi, et à ce titre, la « gendarmerie mobile entamera le renouvellement de sa composante blindée et des véhicules destinés au maintien de l’ordre », annonce Bercy.
D’après MM. Griveaux et Thiérot, un tel effort n’est pas déraisonnable. La Gendarmerie ayant besoin de 89 blindés, un « renouvellement complet de cette capacité coûterait à peu près 65 millions d’euros », avaient-il souligné.
Au moins deux industriels sont susceptibles de répondre aux besoins de la gendarmerie : Arquus, avec le « Sherpa Light » et Nexter Systems qui, lors de l’édition 2019 du salon Milipol, a présenté une version « gendarmisée » de Véhicule blindé multi-rôles [VBMR] léger « Serval », dont l’armée de Terre attend déjà 978 exemplaires d’ici 2030.