Dressé en 2017 dans un rapport « confidentiel » ayant fait l’objet de fuites dans la presse allemande, le constat avait été sans appel : « La capacité de l’Otan de soutenir au niveau logistique un renfort rapide dans le territoire très étendu » relevant du Commandement suprême des forces alliées en Europe [SACEUR] s’est atrophiée depuis la fin de la Guerre Froide». Et cela pour au moins trois raisons.
La première était liée aux infrastructures des anciens membres du Pacte de Varsovie ayant rejoint l’Otan, celles-ci ayant été construites selon des normes différentes par rapport à celles en vigueur dans les pays occidentaux. Un aperçu de ce problème avait été donné au moment du déploiement d’une brigade blindée américaine en Pologne, en janvier 2017, la hauteur des tunnels et la robustesse des ponts étant insuffisantes pour permettre aux véhicules blindés de plus de 62 tonnes de passer.
Le deuxième point évoqué par ce rapport concernait le manque de points d’approvisionnement pour les colonnes de blindés et les déficiences des réseaux ferroviaires. « À quoi servent les systèmes d’armes les plus coûteux lorsqu’ils ne peuvent pas être transportés là où ils sont le plus nécessaires? », avaient d’ailleurs demandé les auteurs de ce rapport.
Enfin, les lourdeurs administratives avaient aussi été dénoncées. Celles-ci avaient été illustrées par les mésaventures d’un escadron du 2e régiment de cavalerie de l’US Army, bloqué à la frontière bulgare pour accomplir les formalités douanières. En outre, le transport de matières dangereuses, comme les munitions, fait souvent l’objet de réglementations contraignantes, si ce n’est tatillonnes…
Aussi, le général Ben Hodges, alors commandant de l’US Army en Europe, avait plaidé pour un « espace Schengen militaire » afin de faciliter le mouvement des troupes. Peu après, l’Otan annonça la création du « Commandement interarmées du soutien et de la facilitation » [JSEC], chargé de la logistique et de la mobilité des troupes en Europe.
De son côté, la Commission européenne dévoila un « plan d’actions » censé améliorer la mobilité militaire au sein de l’Union [UE] en 2018. « L’objectif est de travailler ensemble au niveau européen afin de garantir que les réseaux routiers et ferroviaires soient adaptés au transport militaire et de simplifier et de rationaliser les règles nationales pour le déplacement rapide et sans heurt des troupes et des véhicules militaires sur le continent en cas de crise », avait-il été alors avancé.
Une enveloppe de 6,5 milliards d’euros avait été proposée à cette fin dans le projet de cadre financier pluriannuel de l’UE pour 2021-27… Mais ce montant fut finalement réduit à 1,5 milliard.
Six ans après cette prise de conscience, cet « espace Schengen militaire » reste un vœu pieux. C’est, en tout cas, ce qu’a laissé entendre le général allemand Alexander Sollfrank, le commandant en exercice du JSEC, lors d’un entretien donné à l’agence Reuters, le 23 novembre.
L’Otan « doit pouvoir déplacer rapidement ses troupes vers le flanc oriental », a souligné le général Sollfrank. « Nous devons avoir une longueur d’avance et préparer le théâtre bien avant que l’article 5 [la clause de sécurité collective de l’Alliance, ndlr] ne soit invoqué », a-t-il insisté. Or, « nous avons besoin d’une sorte de ‘Schengen militaire’ », a-t-il dit.
« Au plus fort de la guerre en Ukraine, la Russie a tiré 50’000 obus par jour. Ces obus doivent arriver aux artilleurs. Il faut donc créer des entrepôts pour les munitions, le carburant, les pièces de rechange et les provisions », a expliqué le « patron » du JSEC.
Chef du comité militaire de l’Otan, l’amiral Rob Bauer ne dit pas autre chose. « La guerre de la Russie contre l’Ukraine s’est révélée être une guerre d’usure, et une guerre d’usure est une bataille de logistique ». Or, « nous avons trop de règles », a-t-il estimé.
« Nous manquons de temps. Ce que nous ne faisons pas en temps de paix ne sera pas prêt en cas de crise ou de guerre », a enchéri le général Sollfrank. « L’Otan ne doit pas inciter le Kremlin à commettre une erreur de calcul en lui donnant l’impression qu’elle n’est pas préparée », a-t-il conclu.
Les problèmes de réglementation concerne aussi les membres les plus anciens de l’Otan. En novembre 2022, les chars Leclerc devant se rendre en Roumanie n’avaient pas pu transiter par l’Allemagne, en raison d’une charge par essieu du porte-engin blindé TRM 700-100 supérieure à la limite autorisée par le code de la route en vigueur outre-Rhin.
Après 1945, les Etats-Unis sont capables de lire les communications des pays du monde entier, notamment grâce aux nombreux succès obtenus en cryptologie lors de la Seconde Guerre mondiale (décryptage du JN-25b japonais 6 mois seulement après Pearl Harbor, et déchiffrement des messages Enigma entre autres). Avec le début de la Guerre froide, ce précieux avantage sur les pays communistes est sur le point d’être perdu : l’URSS privilégie des systèmes de communication par câbles plutôt que par radios, et change ses systèmes de chiffrement entre 1947 et 1948 tout en équipant ses alliés communistes de ces nouveaux systèmes ; les Etats-Unis sont alors privés de l’accès aux communications soviétiques et nord-coréennes, et sont directement menacés de devenir aveugles et de perdre prise sur les événements mondiaux. Pour la puissance des Etats-Unis, il devient vital de maintenir leur avantage en cryptologie sur le reste du monde. C’est dans cette optique que la NSA et la CIA montent l’opération Spartan, renommée ensuite Thesaurus, puis Rubicon en 1987.
De l’accord oral entre Hagelin et Friedman dans les années 1950, au rachat de Crypto AG en 1970 par la CIA et le BND
Au début des années 1950, l’AFSA (future NSA) charge le cryptographe William Friedman d’établir un accord avec son ami de longue date, Boris Hagelin ; celui-ci a fabriqué la plupart des machines de cryptographie équipant les Etats du monde, et fonde Crypto AG en 1952 dans la ville de Zoug en Suisse. La NSA espère alors rallier Hagelin aux intérêts américains, d’une part en réservant la vente des machines sécurisées de Crypto AG aux pays de l’OTAN ainsi qu’à la Suisse et à la Suède ; d’autre part en vendant des machines (a minima) moins sécurisées aux pays non-alliés voire ennemis. Cela permettrait aux Etats-Unis de garder un ascendant en dehors et au sein-même de l’OTAN, en garantissant l’exclusivité de leur accès à des informations stratégiques portant sur des pays équipés de machines peu sécurisées. Comment la NSA s’y prend-elle pour mener une telle opération ? La NSA dispose de plusieurs leviers :
. Premièrement, la longue amitié liant William Friedman et Boris Hagelin.
. Deuxièmement, l’image favorable qu’ont les Etats-Unis en Europe à la suite de la Seconde Guerre mondiale ; enfin, la sécurité financière et physique de la famille de Hagelin, qui doit être assurée.
Cette opération de recrutement est un succès partiel ; un accord oral existe, et Hagelin transmet à Friedman ses prototypes ainsi que la liste des pays clients de Crypto AG. Toutefois, les tentatives de rédaction de l’accord entre 1951 et 1958 échouent, principalement en raison de désaccords entre Friedman et la NSA ; le premier insiste sur la nécessité d’un tel accord avec Hagelin, tandis que la seconde demeure sceptique quant à sa fiabilité[i]. Ne parvenant pas à conclure un accord satisfaisant entre les parties, la NSA se retire du dossier et le transmet à la CIA ; en 1960, celle-ci parvient à un accord de licence sur cinq ans avec Crypto AG : l’entreprise ne vend plus de machines sécurisées aux pays ennemis des Etats-Unis, en échange d’une indemnisation de 600 000$ en raison du coût d’opportunité et de 75 000$ d’honoraires annuels pour les activités de conseil prodiguées par Hagelin.
Entre le milieu et la fin des années 1960, les services de renseignement prennent une place prépondérante dans Crypto AG, essentiellement pour deux raisons : premièrement, l’arrivée des circuits intégrés et de l’électronique dans la cryptologie, qui fait craindre à Hagelin de ne pas pouvoir suivre le changement technologique. Deuxièmement, Hagelin, né en 1892, a bientôt quatre-vingts ans, et les relations entre Hagelin et son fils sont trop dégradées pour qu’il lègue Crypto AG à son fils. C’est grâce à ces deux leviers que la CIA convainc Hagelin de vendre Crypto AG à la CIA et au BND le 4 juin 1970[ii].
La mise à profit de Crypto AG pour les intérêts des Etats-Unis (1970 – 1993)
Cet achat constitue un tournant décisif dans l’opération (alors baptisée Thesaurus) : les services américains sont à présent en possession de l’entreprise possédant plus de 80% du marché des équipements de chiffrement ; ils sont alors libres de vendre aux Etats du monde entier des machines défaillantes, ce qui rend possible le déchiffrement des communications diplomatiques de plus d’une centaine d’Etats. Des entreprises américaines et allemandes sont à l’œuvre pour produire les systèmes défaillants des machines : Motorola, Siemens, AEG Telefunken, ANT, Rhode & Schwartz ou encore Tele Security Timman ; toutes sont liées, de près ou de loin, aux services américains ou allemands. Les plans des systèmes sont ensuite envoyés à Crypto AG et implémentés dans les machines par les ingénieurs, avant que celles-ci soient vendues aux différents Etats. Les machines sont alors utilisées dans les administrations et dans les ambassades. La vente de telles machines à des pays comme l’Egypte ou l’Iran s’est révélée être un atout décisif pour les Etats-Unis.
Les accords de Camp David en septembre 1978 sont un exemple probant d’utilisation efficace d’informations obtenues via les machines de Crypto AG, à des fins d’accroissement de puissance. En 1978, Jimmy Carter souhaite parvenir à un processus de paix dans le Proche-Orient afin, à la fois, de maintenir l’influence américaine dans la région, et d’améliorer son image auprès de l’opinion (image alors catastrophique) pour les élections de 1981. Ce processus de paix aboutit aux accords de Camp David conclus entre l’Egypte de Sadate et l’Israël de Begin, avec les Etats-Unis de Jimmy Carter comme « témoin », le 17 septembre 1978. L’accès de la CIA et de la NSA aux communications diplomatiques égyptiennes chiffrées par des machines défaillantes de Crypto AG, a été décisive dans le succès de cette intermédiation américaine.
La rentabilité du système
Les Etats-Unis ont pu lire toutes les communications diplomatiques entre l’Egypte et ses alliés de la Ligue Arabe, ce qui s’est révélé inestimable pour la rédaction des accords, et donc l’accroissement de la puissance américaine. Les exemples de succès de l’utilisation des informations recueillies via les machines lisibles de Crypto AG pourraient être multipliés : la crise des otages en 1979, les îles Malouines en 1982 ou encore l’attentat à la bombe dans la boite de nuit berlinoise « La Belle » le 5 avril 1986. Toutefois, à la suite de l’affaire Bühler en 1992 et la revente des parts du BND à la CIA en 1993, l’opération Rubicon prend progressivement fin, pour finalement s’arrêter complétement en 2018 avec la vente de Crypto AG.
Dans son ensemble, l’opération Rubicon s’est révélée formidablement rentable pour les services américains. Non seulement ont-ils déchiffré les communications de plus d’une centaine d’Etats (si bien que les machines lisibles Crypto AG fournissaient 40% du renseignement technique de la NSA), mais de surcroît, les machines défaillantes ont été payées par lesdits Etats, qui entretenaient donc l’espionnage de leurs propres communications. Enfin, le scandale n’a jamais été médiatisé au point d’affaiblir durablement les Etats-Unis sur le plan cognitif.
[i] La NSA est spécialisée dans le renseignement technique, et non pas dans le renseignement humain. Cela éclaire deux points importants : d’une part, cela explique en partie la transmission du dossier à la CIA, qui est spécialisée dans les opérations de renseignement humain. D’autre part, cela explique la « timidité » de l’approche de la NSA envers Hagelin : celui-ci propose dès 1953 que la NSA développe la cryptologie de Crypto AG ; pourtant, la NSA refuse les propositions d’accord rédigés par Friedman et n’a pas confiance en Hagelin. L’idée de Hagelin sur la production de la cryptologie par la NSA sera reprise par la CIA lors du rachat de Crypto AG en 1970.
[ii] L’implication des renseignements allemands dans l’opération à partir de 1970 s’explique par leur démarche effectuée en 1967 : le BND et le service français du chiffrement apprennent les liens unissant Crypto AG et la CIA, puis proposent un accord de rachat de l’entreprise à Hagelin. Celui-ci avertit les renseignements américains, qui finissent par accepter de prendre part au rachat, à condition que les Français (en qui les Américains n’ont pas toujours confiance à (l’époque) ne soient pas impliqués.
La Direction générale de l’armement (DGA) a commandé le 17 novembre 2023 sept patrouilleurs hauturiers (ex-patrouilleurs océaniques) destinés à la Marine Nationale pour remplacer les patrouilleurs de haute mer (PHM).
Cette commande fait l’objet de trois marchés pour un montant total de 900 millions d’euros : – Le marché de production a été notifié au groupement momentané d’entreprises composé de CMN, PIRIOU et SOCARENAM. – Un marché d’assistance à la maîtrise d’ouvrage et de réalisation du système de direction de combat a été attribué à NAVAL GROUP. – THALES s’est par ailleurs vu notifier un marché pour équiper les sept premiers patrouilleurs hauturiers de la dernière génération d’équipements de surveillance maritime (sonar de coque Bluewatcher, radar de surveillance compact multimissions et IFF – système d’identification ami/ennemi).
Dix patrouilleurs hauturiers sont attendus en service à l’horizon 2035, avec une première livraison prévue en 2026. Ils sont destinés à remplacer les patrouilleurs de haute mer (PHM) basés à Brest et Toulon, ainsi que les patrouilleurs de service public cherbourgeois.
Ces navires de la classe 2400t accueilleront 84 personnes (équipage et passagers) avec une autonomie de 6000 MN. Ils sont dotés d’excellentes capacités d’intervention permettant d’embarquer les futures EDO 4G et ETRACO NG ainsi que le futur Guépard Marine.
Si le Rafale F5 pourra s’appuyer sur de nouvelles capacités et performances propres à l’appareil, il bénéficiera également d’un environnement opérationnel, industriel et commercial renouvelé, pour lui donner potentiellement l’ascendant sur les offres concurrentes, et notamment le Lockheed-Martin F-35 Lightning II, à partir de 2030.
Mais la nouvelle version du Rafale, désignée F5, qui doit entrer en service à partir de 2030, pourrait bien profondément changer le rapport de force opérationnel et commercial entre ces deux appareils pour les années et décennies à venir.
Dans la première partie de cet article, nous avons étudié deux critères de cette évolution, la transformation du Rafale en Système de combat aérien avec la version F5 d’une part, et l’arrivée des drones de combat Neuron et Remote Carrier de l’autre, venant gommer les atouts du F-35A tout en exacerbant ceux du chasseur français.
Dans cette seconde partie, nous aborderons 3 autres domaines majeurs venant infléchir ce rapport de force : les nouvelles capacités et les nouvelles munitions du Rafale F5; l’apparition du Club Rafale et l’émergence d’une nouvelle stratégie commerciale et industrielle française, et enfin l’influence de la hausse des couts de possession du F-35 sur les compétions à venir.
3- Les nouvelles capacités et de nouvelles munitions du Rafale F5
Outre les drones eux-mêmes, le Rafale F5 sera doté de nouvelles munitions et de nouvelles capacités, qui lui permettront de combler certaines faiblesses relatives vis-à-vis du F-35. C’est notamment le cas dans le domaine de la suppression des défenses anti-aériennes adverses, à laquelle il est commun de faire référence par l’acronyme SEAD qui, comme nous nous en étions plusieurs fois fait l’écho depuis 2018, représentait un manque important dans la panoplie opérationnelle du Rafale jusqu’ici.
Si la composition de cette capacité dont sera dotée le Rafale F5 n’a pas encore été officiellement présentée, on peut supposer qu’elle reposera sur l’utilisation conjointe de brouilleurs radar venant s’ajouter aux systèmes d’autodéfense de l’appareil, pour lui donner la possibilité d’englober d’autres appareils dans sa bulle de protection, ainsi qu’une ou plusieurs munitions anti-radiations, conçues pour remonter le faisceau radar de l’adversaire pour venir le détruire.
Le FMC doit remplacer le missile croisière SCALP qui équipe les Rafale de l’Armée de l’Air et de l’espace et de l’Aéronautique navale aujourd’hui
Le Rafale F5 sera également conçu pour mettre en œuvre les nouveaux missiles franco-britanniques FMC (Futur Missile de Croisière) et FMAN (Futur Missile Anti-Navire) qui devront respectivement remplacer les missiles de croisière SCALP/Storm Shadow d’une part, et AM39 Exocet de l’autre.
Ces deux munitions de précision à longue portée, en cours de conception, seront dotées de caractéristiques évoluées, comme la furtivité ou une vitesse hypersonique, pour défier les systèmes de défense anti-aériens modernes comme des systèmes de brouillage et de leurrage, et conféreront à l’appareil des capacités de frappe à longue distance très avancées dans les décennies à venir.
L’appareil se verra également doté d’un pod fusionnant les capacités des nacelles de désignation de cible Talios et de la nacelle de reconnaissance RECO NG en un unique équipement, conférant au chasseur une vision tactique air-sol, air-surface et même air-air d’une grande précision, et ainsi de multiples options opérationnelles tout en restant en mode non-émitif.
Enfin, le Rafale F5 sera conçu pour mettre en œuvre le nouveau missile de croisière hypersonique ASN4G à charge nucléaire, qui doit remplacer l’ASMPA au sein des deux escadrons de l’Armée de l’Air et de l’Espace et des flottilles de la Marine nationale formant la composante aérienne de la dissuasion française. Toutefois, cette capacité, bien que critique pour la défense française, n’aura probablement que très peu d’influence sur le marché international.
La BAT-120LG est une bombe légère planante de précision adaptée aux théâtres de moindre intensité pour éviter les dégâts collatéraux, mais également aux engagements de haute intensité pour saturer les défenses adverses
D’autres munitions et capacités pourraient être intégrées au Rafale F5 d’ici à 2030. On pense notamment à des munitions air-sol de précision légères comme la BAT-120 LG de Thales, ainsi que des munitions rôdeuses à moyenne portée, d’autant que ces armes légères trouveraient naturellement leur place à bord des drones de combat épaulant l’appareil, y compris des Remote Carrier.
En outre, il bénéficiera de l’arsenal actuel du Rafale F4, à savoir les missiles air-air Meteor et MICA NG, ou encore des bombes planantes propulsées ASSM particulièrement efficaces.
Dès lors, en 2030, le Rafale F5 disposera d’une panoplie opérationnelle globale et très moderne, parfaitement à niveau voire supérieure en certains points de celle proposée par le F-35, privant ce dernier d’un des atouts clés sur lequel il battit son succès commercial.
4- La révolution du Club Rafale
Le Rafale F5 sera donc un système de combat aérien à la fois très moderne, performant et exceptionnellement bien doté pour lever les défis des décennies à venir. Pour autant, le Rafale F3 pouvait se targuer d’avantages comparables vis-à-vis du F-35A lors de nombreuses compétitions récentes, qui pourtant ont toutes tourné en faveur de l’avion américain.
De toute évidence, Dassault Aviation et le Ministère des Armées ont parfaitement pris en compte les causes de ces échecs, et entendent les corriger avec le Rafale F5, en dotant l’appareil d’un discours et d’un environnement commercial conçus pour s’imposer face à l’avion américain.
En premier lieu, il était nécessaire de poser un discours commercial renouvelé face au F-35. Lockheed-Martin a en effet développé une stratégie commerciale extrêmement efficace ces dernières années, en présentant non pas les performances actuelles de l’appareil proposé, mais les performances et capacités à venir.
Et même si le calendrier et les capacités promises ont été, de toute évidence, bien trop optimistes jusqu’ici, force est de constater que cette approche s’est révélée des plus efficaces.
Plusieurs opérateurs du Rafale, comme la Grèce, dispose d’une industrie aéronautique qui pourrait participer au développement de l’appareil
Ainsi, lors de la compétition néerlandaise, le Rafale F3 a dû faire la démonstration effective de ses capacités opérationnelles face à de simples promesses techniques et commerciales de Lockheed-Martin, dont un bon tiers n’a pas été respecté depuis. De même, la Suisse a basé sa décision sur des promesses à venir de Lockheed-Martin, tant en termes de budget que de performances.
Jusqu’à présent, la France s’était contenté de protester contre la stratégie américaine dans ce domaine, sans grand succès. Dans le cadre du Rafale F5, elle prend la position inverse.
Non seulement promet-elle, elle aussi, des performances et capacités à venir, mais elle pourra mettre en avant le respect des trajectoires d’évolutions suivies par le Rafale depuis sont entrées en service, y compris pour ses clients. En d’autres termes, le Rafale F5 va se battre avec les mêmes armes, mais des arguments plus affutés contre le F-35A dans les années à venir.
Surtout, simultanément à l’annonce du nouveau calendrier du Rafale F5 visant une entrée en service en 2030, le Ministère des Armées à annoncer la création d’un “Club Rafale”, c’est-à-dire d’une initiative visant à rassembler les utilisateurs tant pour régler les questions de maintenance et d’évolutivité, que pour peser, voire participer, au développement des nouvelles capacités, voire des nouveaux standard du Rafale. Cette stratégie n’est pas nouvelle, le succès du char Leopard 2 reposant en grande partie sur une approche similaire.
la création d’un Club Rafale est révélatrice d’un profond changement de la stratégie commerciale défense de la part de Paris
Mais elle constitue une révolution conceptuelle profonde de l’approche française dans ce domaine, faisant passer chaque utilisateur, présent ou potentiel, au statut de partenaire et d’acteur du devenir de l’appareil et de ses capacités.
Cette nouvelle stratégie va permettre d’intégrer bien plus efficacement les capacités aéronautiques industrielles des utilisateurs du Rafale dans l’écosystème de l’appareil, et constitue de fait un argument de poids en faveur du chasseur français vis-à-vis du F-35A et de son environnement excessivement fermé aux mains de Lockheed-Martin et de Washington.
5- L’argument du prix
Le Rafale F5 pourra, enfin, d’appuyer sur un dernier argument de poids face au F-35A dans les années à venir : son prix. Non pas que l’appareil français sera moins onéreux à l’acquisition que le chasseur de Lockheed-Martin.
Depuis le début de ce bras de fer entre Lockheed-Martin et Dassault, les deux appareils ont systématiquement évolué dans une gamme de prix similaire pour acquérir les appareils ainsi que les systèmes, munitions et l’ensemble des services nécessaires à leur mise en œuvre.
En dépit des engagements de Lockheed-Martin, les couts de possession du F-35 demeurent très élevés, et tendent même à croitre plus vite que l’inflation
Jusqu’à présent, cette dérive a été ignorée dans les compétitions d’équipement auxquelles le chasseur a participé, tant du fait du discours parfaitement huilé de Lockheed-Martin soutenu par le Département d’État américain, que par une évidente myopie, volontaire ou non, des négociateurs européens, coréens ou australiens à ce sujet.
Toutefois, le sujet commence à être de plus en plus difficile à ignorer, y compris pour son principal utilisateur, l’US Air Force, qui, sans remettre en cause son attachement à l’appareil, est contrainte à d’importantes circonvolutions dans le domaine de la planification budgétaire pour parvenir à contenir la bombe à retardement que représentent les couts de possession de l’appareil.
Et il en ira de même sur la scène internationale. En effet, si jusqu’à présent les clients potentiels pouvaient feindre la bonne foi pour ignorer les signaux dans ce domaine, de sorte à pouvoir effectivement se tourner vers l’appareil offrant un environnement technologique et opérationnel en devenir le plus prometteur, ce ne sera plus le cas dans les années à venir,les dérives budgétaires du F-35 devenant de plus en plus évidentes et impossibles à ignorer, alors que les atouts opérationnels promis auront été gommés, et parfois largement surpassés par les nouvelles capacités du Rafale F5.
Conclusion
Comme nous venons de le voir, l’arrivée du Rafale F5, et dans une certaine mesure, sa seule annonce, vont profondément faire évoluer le rapport de force entre le chasseur français et son principal adversaire, le F-35A américain. Avec des capacités opérationnelles renouvelées venant flirter avec la 6ᵉ génération de combat, des appendices et munitions de nouvelle génération, et une stratégie commerciale en rupture profonde avec la tradition française, le chasseur de Dassault Aviation fera, dans les années à venir, bien plus que jeu égal avec l’avion de Lockheed-Martin, et ce, dans presque tous les domaines.
Reste que les résultats potentiels de cette stratégie sont difficiles à évaluer. En effet, lorsque le Rafale F5 entrera en service, l’immense majorité des forces aériennes européennes seront d’ores et déjà équipées du F-35A/B, partiellement ou intégralement, faisant de l’appareil un standard qu’il sera très difficile de déloger au sein de l’OTAN, comme auprès des principaux acteurs de la sphère occidentale du théâtre Pacifique.
Les forces aériennes saoudiennes vont prochainement devoir remplacer leur flotte de 81 Panavia Tornado
De même, beaucoup de forces aériennes majeures du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du Sud, auront déjà entrepris leur modernisation, et le marché adressable par le F5, en dehors des clients existants ou en négociation à court terme (on pense à l’Irak, à la Serbie et peut-être à la Colombie), sera réduit, sauf à ce qu’une nouvelle vague de tensions internationales viennent à engendrer une nouvelle phase de densification des moyens aériens dans le monde.
Il reste toutefois certaines alternatives potentiellement importantes pour le nouveau chasseur français. On pense par exemple à l’Arabie Saoudite qui va devoir remplacer les Panavia Tornado ainsi que ses F-15 dans les années à venir, soit près de 150 appareils, mais également au Maroc qui devra remplacer ses F-5 et F-1 pour répondre à la modernisation des moyens algériens. Certains pays d’Amérique du Sud, au-delà de la Colombie, vont, eux aussi, devoir moderniser leurs forces, comme le Pérou et l’Équateur.
En Europe, enfin, la Hongrie devra bientôt remplacer ses Gripen, alors que certains utilisateurs du F-35 dotés de flotte réduite, car onéreuse, comme le Danemark ou la Belgique, pourraient considérer l’avion français pour accroitre leur masse.
Quoi qu’il en soit, il apparait que le Rafale F5 sera, en bien des aspects, bien plus qu’une nouvelle version du joyau de Dassault Aviation, mais un véritable nouveau départ pour l’appareil, qui par là pourrait effectivement voir son horizon opérationnel comme commercial se redessiner en profondeur pour les décennies à venir.
On peut difficilement souhaiter mieux pour le seul chasseur à l’ADN exclusivement européen du moment.
Article du 14 juin en version intégrale jusqu’au 26 novembre 2023
Ancien pilote de l’aéronautique navale française, Fabrice est l’éditeur et le principal auteur du site Meta-defense.fr. Ses domaines de prédilection sont l’aéronautique militaire, l’économie de défense, la guerre aéronavale et sous-marine, et les Akita inu.
L’arrivée du standard Rafale F5 pour 2030, comme annoncé par le Ministre des Armées, Sébastien Lecornu, dans le cadre de la LPM 2024-2030,va non seulement doter le chasseur de Dassault Aviation de nouvelles capacités, elle pourrait également profondément transformer le marché des avions de combat, y compris face à un Lockheed-Martin F-35 qui semble intouchable aujourd’hui.
Après presque une décennie de vaches maigres et de doutes, entre 2005 et 2015, le Rafale s’est imposé comme un des plus importants succès de l’industrie de défense française en matière d’exportation, alors que le nouveau standard Rafale F5 arrivera en 2030.
En effet, depuis la première commande de 24 Rafale F3 par l’Égypte en février 2015, le chasseur français a aligné les succès, au Qatar et Inde dans un premier temps, puis en Grèce, en Croatie, en Indonésie et bien évidemment aux Émirats Arabes Unis, les 80 Rafale F4 commandés par Abu Dhabi pour 14 Md€ étant le plus important contrat à l’exportation jamais signé par la BITD française.
De fait, avec 284 livrés, commandés ou sous engagement pour l’exportation d’une part, et 225 chasseurs devant armer à terme les forces aériennes françaises de l’Armée de l’Air et de l’Espace et de l’aéronautique Navale, le Rafale est aujourd’hui un succès colossal pour Dassault Aviation et l’ensemble de la team Rafale, ce d’autant que d’autres contrats à l’exportation sont attendus dans les mois à venir, peut-être avec des annonces lors du prochain salon du Bourget.
Il faut dire que le Rafale ne manque pas d’arguments à faire valoir. Très équilibré, offrant une polyvalence rare, et des performances aéronautiques appréciées, l’appareil dispose également d’une électronique embarquée moderne et performante, et d’un ensemble de munitions et autres systèmes embarqués en faisant l’un des meilleurs chasseurs du moment, et ce, dans tous les domaines.
Le F-35 s’est imposé comme le standard de fait de l’OTAN, aussi bien au sein des forces aériennes américaines qu’Européennes.
En dépit de ces atouts indiscutables, le Rafale n’est jamais parvenu à s’imposer face au F-35A de l’Américain Lockheed-Martin, que ce soit lors des compétitions européennes (Pays-Bas, Suisse, Finlande, Belgique …) ou asiatiques (Corée du Sud, Singapour).
Il faut dire que le Lightning II dispose de nombreux arguments à faire valoir au-delà du seul soutien du Pentagone et du Département d’État américain, arguments suffisamment différenciés pour justifier, au moins du point de vue du discours, d’une génération d’écart avec ses principaux concurrents européens comme le Gripen E/F suédois, le Typhoon et le Rafale français.
Et de fait, le F-35A (et parfois B) s’est systématiquement imposé partout où l’appareil était proposé, et est même au cœur d’une certaine rupture de ban de la part d’alliés des États-Unis s’étant vus refuser l’appareil, comme l’Arabie Saoudite et la Thaïlande.
Mais les choses pourraient bien changer dans les années, voire dans les mois à venir. En effet, à l’occasion des débats parlementaires autour de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, le Ministère des Armées a tracé une trajectoire pour l’avion français très ambitieuse, parfois même révolutionnaire vis-à-vis des us français ces dernières années, et susceptible de profondément faire évoluer le positionnement relatif du Rafale sur la scène internationale, en particulier face au F-35 américain.
La Loi de Programmation militaire a été votée par l’Assemblée Nationale par 408 voix contre 87
De fait, d’ici, le Rafale F5, épaulé de drones Neuron et évoluant dans un techno-système international articulé autour du “Club Rafale”, aura 5 atouts à mettre en avant pour s’imposer face au chasseur de Lockheed, étudiés dans cet article en deux parties.
1- Le Rafale F5 sera-t-il premier Système de Combat aérien opérationnel sur le marché international ?
Jusqu’à l’arrivée des commandes de vol électriques, la mission principale du pilote était de piloter l’appareil, c’est-à-dire de le garder dans son domaine de vol, tout en effectuant les tâches et remplissant au mieux les missions confiées. Avec l’arrivée des commandes de vol électrique, avec le F-16 ou le Mirage 2000, le pilotage fut confié à l’appareil lui-même, le pilote (ou l’équipage) étant alors en charge de la trajectoire, du combat et de la conduite de mission au sens plus étendu.
Avec la modernisation des systèmes embarqués, de plus en plus de tâches ont été confiées à l’avion lui-même. De fait, à bord d’un Rafale F3R, le pilotage et le contrôle de la trajectoire de vol ne représentent qu’une infime partie de la charge de travail dans le cockpit.
Le cockpit full glass du F-35 contribue à donner à l’appareil une stature futuriste très séduisante pour les décideurs occidentaux
C’est dans ce domaine que le F-35 dispose d’un des arguments contre les Rafale, Typhoon ou Gripen aujourd’hui. En effet, l’avion Lockheed-Martin prend non seulement en charge le pilotage, mais aussi une grande partie de la mission de combat, le pilote ayant pour fonction de déterminer la meilleure conduite à tenir pour mener la mission et répondre à l’environnement.
De fait, l’efficacité du F-35 dépend beaucoup moins de l’aguerrissement de l’équipage que pour les autres appareils, ce qui est censé simplifier les procédures et même les exigences de recrutement, formation et entrainement des équipages, tout en améliorant les capacités opérationnelles finales. Cet argument a notamment fait mouche en Suisse, un pays dont la Défense fait face à d’importantes difficultés pour maintenir le niveau d’entrainement de ses équipages.
Le Rafale F5, lui, évoluera à un tout autre niveau. En effet, il sera, à l’instar du programme SCAF rassemblant l’Allemagne, l’Espagne et la France, un Système de Combat Aérien, basé sur un système de systèmes, et non un avion de combat faisant office de vecteur principal de ses moyens mis en œuvre, comme c’est encore le cas du Rafale F4.
Le programme SCAF européen devait être le premier système de combat aérien de 6ᵉ génération sur le vieux continent. Il se pourrait que le Rafale F5 lui vole ce titre.
Pour y parvenir, le Rafale F5 va être doté de drones de combat intégrés à son propre système, Neuron et Remote Carrier, chaque drone ayant un niveau d’autonomie comparable à celui du F35 aujourd’hui, et contrôlé par le Rafale lui-même, l’équipage ayant pour fonction de coordonner et optimiser l’efficacité de ce système de systèmes.
De fait, si le F-35A est, pour ainsi dire, l’archétype de ladite 5ᵉ génération d’avion de combat, le Rafale F5 sera l’un des premiers représentant de la 6ᵉ génération, qui se caractérise précisément par cette nouvelle architecture.
Et si l’US Air Force a effectivement annoncé qu’elle entendait doter 300 de ses F-35A de drones de combat, à l’instar du Rafale F5 épaulé du Neuron et des Remote Carrier, tout indique à ce jour que ces drones de type Loyal Wingam attachés au programme NGAD, ne seront pas, au moins pour un temps, proposés sur la scène internationale.
Même si le F-35 venait à se voir doter de drones de type Loyal Wingman, ses avantages relatifs liés à la 5ᵉ génération, comme la furtivité et la fusion de données, auront été gommés ou amoindris dans l’effort pour intégrer la 6ᵉ génération, alors que le Rafale, lui, pourra s’appuyer sur des exigences beaucoup plus caractéristiques de cette nouvelle génération, notamment en termes de capacité d’emport et d’autonomie.
2- Neuron, Remote Carrier : une gamme complète de drones de combat et d’appui
Car le Rafale F5 ne sera pas qu’un avion, mais en techno-système opérationnel étendu et complet, s’appuyant notamment sur deux types de drones de combat, voire trois en y intégrant le RPAS Mâle européen. Ainsi, dans un amendement présenté lors du vote de la LPM 2024-2030, le Ministère des Armées a précisé que conjointement au Rafale F5 serait développé un drone de combat dérivé du programme de démonstrateur Neuron. Il s’agira, de toute évidence, d’un effort visant à développer un drone ailier, à l’instar de ceux développés aux États-Unis dans le cadre du programme NGAD, en Australie avec le MQ-29 Ghost Bat ou en Russie avec le S-70 Okhotnik-B.
Conçu pour être particulièrement furtif tant sur le spectre électromagnétique qu’infrarouge, le Neuron représente en effet une base de travail particulièrement adaptée pour développer un drone de combat ailier capable d’accompagner et d’étendre les capacités opérationnelles du chasseur, en transportant et mettant en œuvre ses propres senseurs (radar, infrarouge, optronique…) ainsi que ses propres munitions, le démonstrateur disposant à ce titre d’une soute à munition capable d’accueillir 2 bombes de 250 kg.
Dassault va developper un drone de combat dérivé du Neuron pour assurer la fonction d’ailier des Rafale F5
Il est probable que le drone de combat qui sera développé d’ici à 2030, sera relativement différent du démonstrateur Neuron, notamment pour pouvoir accueillir et mettre en œuvre des senseurs et armements plus étendus, mais également pour s’intégrer pleinement et efficacement au système de systèmes du Rafale F5.
On ignore à ce jour si le drone résultant sera développé pour pouvoir être mis en œuvre à bord du PAN Charles de Gaulle et de son successeur, ce qui représenterait un avantage significatif, surtout si, comme le Rafale, le drone est capable d’employer un Skijump.
Si le développement du “Neuron” interviendra dans le cadre du Rafale F5, les industriels français, notamment MBDA, sont également engagés dans le développement d’une autre famille de drones de combat, en l’occurrence les Remote Carrier du programme SCAF.
La version lourde de cette famille de drones de combat aéroportés est développée par Airbus DS. La version légère, pouvant être mise en œuvre à partir d’un chasseur et non d’un appareil lourd de type A400M, est, quant à elle, développée par MBDA France, et trouvera toute sa place au sein du Système de Combat Aérien Rafale, qui mériterait probablement de s’appeler SCAR plutôt que Rafale F5 pour en marquer le caractère disruptif.
Les Remote Carrier du programme SCAF sont, eux aussi, supposés entrer en service en 2030, et pourraient donc très probablement s’inviter bientôt à bord du Rafale F5
Or, selon les informations distillées jusqu’à présent au sujet du pilier Remote Carrier du programme SCAF, les premiers RC devaient justement entrer en service, tant à bord et au profit des Rafale français que des Typhoon allemands et espagnols, au début des années 2030, c’est-à-dire sur la même échéance que celle annoncée par le Ministère pour le Rafale F5 et le Neuron.
En disposant simultanément d’un drone de type Loyal Wingman, très furtif et potentiellement embarqué, ainsi que de drones de combat légers de type Remote Carrier, le Rafale F5 proposera alors un environnement opérationnel et technologique entièrement renouvelé et probablement unique sur la scène internationale.
DECES : Mort du capitaine Mathieu GAYOT du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales lors d’un exercice
Paris, le 12 novembre 2023
Samedi 11 novembre 2023, le capitaine Mathieu GAYOT du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales est décédé lors d’un exercice dans le cadre de la préparation opérationnelle de son unité.
Désigné comme coordinateur d’un exercice dédié à l’instruction des nouveaux arrivants au quartier Guynemer à Uzein (64), le capitaine GAYOT a été mortellement blessé en soirée.
Les secours sont intervenus très rapidement et ont constaté son décès peu de temps après.
S’inclinant avec une profonde tristesse devant la mémoire de ce militaire mort en service dans l’accomplissement de sa mission, le général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, s’associe à l’immense douleur de sa famille. Ses pensées accompagnent tous ses proches ainsi que ses frères d’armes.
11 novembre : “Contre nous de la tyrannie… Restaurons l’esprit de défense !“
Tout le monde au Royaume Uni sait à quoi fait référence le “poppy” de novembre au revers de nombreux vestons et chemises. En France qui arbore son équivalent, le Bleuet de France, ou en connaît même la signification ?
Lettre ASAF – Atlantico – publié le 11 novembre 2023
Le comparatif est vertigineux. Le 11 novembre, la France comme le Royaume Uni honorent le souvenir de leurs morts pour la patrie durant la première guerre mondiale. Mais l’organisme britannique Royal British Legion collecte, via la vente de millions de coquelicots destinés à perpétuer le souvenir des combattants tombés pour défendre leur pays face à, faut-il le rappeler, une coalition de dictatures, CINQUANTE fois plus de fonds que son équivalent français, Bleuet de France.
Tout le monde au Royaume Uni sait à quoi fait référence le “poppy” de novembre au revers de nombreux vestons et chemises. En France qui arbore cette petite fleur bleue en tissu, ou en connaît même la signification ?
Est-ce à dire que les Britanniques sont cinquante fois plus patriotes que les Français ? Certainement pas dans de telles proportions, mais cette anecdote marque un déficit clair de “connexion” avec nos ancêtres tombés au combat. Comme si chez nous parler de patrie était honteux. Un déficit qu’il convient d’urgence de combler au vu des menaces actuelles. Menaces géopolitiques, bien sûr, illustrées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le risque d’embrasement du Proche Orient suite au conflit entre Israël et le Hamas, en attendant peut-être l’attaque de la Chine sur Taïwan soutenu par notre allié américain. Menaces intérieures, aussi, avec notamment les attentats djihadistes dont le plus terrible a eu lieu au Bataclan il y huit ans, peu de jours après ce 11 novembre que nous commémorons.
A quoi semble s’ajouter un délitement de l’engagement politique, illustré par la dictature du scepticisme goguenard et de “l’àquoibonisme”, ainsi que les taux d’abstention aux élections, face à la montée en puissance du communautarisme, du moralisme ou du relativisme historique. A l’effondrement des totalitarismes au XXème siècle, semble s’être substitué le désenchantement démocratique, l’apathie politique et “la décoloration progressive des drapeaux, des saisons et des amours”, comme le résumait déjà il y a treize ans Hervé Gaymard dans “Nation et Engagement”.
Face à cela, le patriotisme, à ne pas confondre avec un nationalisme agressif ou expansionniste, constitue le bouclier incontournable de nos droits et libertés et le ciment de notre cohésion et de notre prospérité. Qui d’autre en effet, quel autre cadre pour que s’épanouissent nos valeurs et notre style de vie ? Un territoire et une Histoire où certaines lois et coutumes sont en vigueur et pas ailleurs, en clair un pays. Un endroit où nos enfants pourront être heureux et dont nos ancêtres seraient fiers. Non, le patriotisme est tout sauf ringard.
Pour cela, un véritable réarmement psychologique, moral, institutionnel mais aussi, cela va de soi, militaire s’impose aujourd’hui. Il y a urgence à ce que tous les Français, quel que soit leur âge, leurs origines, leur milieu social, leur religion, leurs opinions, comprennent l’importance de la Défense, cette valeur fondamentale pour assurer notre sécurité, notre liberté, nos droits et notre niveau de vie. Urgence à proclamer que le politique ne peut être subordonné à l’économie ou au social, sans méconnaître pour autant l’importance de ces dernières.
Urgence à ce que tous, nos élus en tête, redonnent aux mots France et patrie la place qui est la leur. Nous avons tous le devoir de protéger notre pays et nos concitoyens par-delà les clivages politiques, y compris avec le renfort de ceux qui ricanent habituellement devant un uniforme, ou en écoutant la Marseillaise car l’heure est trop grave. Cette défense ne se limite évidemment pas aux forces armées professionnelles mais implique aussi la société civile, à tous les niveaux. Une responsabilité partagée par tous les citoyens qui ont chacun à leur niveau un rôle à jouer dans la préservation de notre sécurité commune et de notre style de vie.
Promouvoir l’esprit de défense c’est avant tout développer une conscience de nos valeurs et de notre Histoire qui les a façonnées. En la cultivant, nous nous assurons que notre pays reste fort, uni et en paix. Soyons en fiers de notre histoire, soyons fiers de transmettre. L’esprit de défense est au cœur de notre identité nationale. Il s’agit de cultiver un sentiment d’appartenance ou au moins d’implication dans notre nation, se souvenir des sacrifices de nos ancêtres qui se sont battus pour notre patrie et son indépendance. Reconnaitre que nos droits que nous chérissons aujourd’hui ont été acquis par leur bravoure. Être fier aussi de ce pays, sans nier ses erreurs ou ses pages plus sombres, qui a su porter haut dans le monde les Droits de l’Homme et les valeurs d’émancipation. Être prêt, enfin, à ou soutenir nos forces armées, services de sécurité et institutions en temps de crise, être conscient des défis, en leur fournissant les ressources nécessaires, s’engager dans une éducation civique solide qui enseigne aux jeunes l’importance de leur pays et de ses valeurs sans lesquelles ils ne pourraient certainement pas profiter de la vie comme ils l’entendent.
Nous devons lancer la contre-offensive en proclamant haut et fort la mobilisation nationale autour des thèmes de«Esprit de défense» et «d’Engagement». L’ASAF, tout comme les autres associations patriotiques françaises, répondra à cet appel en mobilisant ses adhérents et amis afin d’enrayer la dérive délétère qui mine aujourd’hui notre pays.
Ses convictions ? L’esprit de défense passe par un engagement en faveur de quelque chose de plus grand que soi, à être présent pour les autres, à les soutenir quand c’est nécessaire. Avec détermination, loyauté envers nos promesses et responsabilités et volonté de donner le meilleur de soi-même, d’apporter sa contribution et de faire une réelle différence.
Associations civiles et militaires, issues des milieux de la défense comme de la société civile, unissons nos forces pour défendre, par-delà nos différences normales, ce qui nous avons en commun, l’amour de la France et de sa belle devise, liberté, égalité, fraternité.
Il y a maintenant dix jours, j’ai effectué une évaluation des pertes humaines provoquées par la campagne de frappes de l’armée de l’Air israélienne sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre, en faisant abstraction des déclarations faites qui s’appuyaient presque toujours sur les chiffres du ministère de la Santé palestinien, le même organisme qui avait menti de manière éhontée dans le drame de l’hôpital al-Ahli le 17 octobre.
Je me suis appuyé pour cela sur les campagnes aériennes passées de l’armée de l’Air israélienne sur Gaza (2008, 2012, 2014, 2021), au Liban (2006) ainsi celles des Coalitions américaines en particulier lors de la lutte contre l’État islamique (2014-2019) en considérant la similitude des moyens engagés, des règles d’engagement et des formes des zones cibles.
À la date du 2 novembre, j’estimais ainsi que les frappes menées le 7 octobre par l’armée de l’Air ainsi que, très secondairement, par l’artillerie israélienne, pouvaient avoir provoqué au minimum la mort de 2 000 civils, ainsi bien sûr qu’un nombre proche de combattants ennemis, 1 500 au minimum là encore en fonction les estimations des campagnes passées, soit un total d’environ 3 500. J’aurais dû insister sur le fait qu’il s’agissait qu’une évaluation minimale dans une fourchette macabre pouvant sans doute aller jusqu’à 5 000. Dans tous les cas, il s’agissait d’un chiffre nettement inférieur à celui fourni par le ministère de la Santé palestinien, qui était alors de 8 300 sans aucune distinction de civils ou de combattants.
Bien entendu, cette évaluation a suscité la critique et parfois les insultes de ceux qui jugeaient cela comme une entreprise de minimisation voire de négation des destructions provoquées par Tsahal ou inversement de jouer le jeu des ennemis d’Israël après le drame horrible du 7 octobre.
Dix jours plus tard, je suis obligé d’admettre que ces estimations de pertes étaient trop basses. En premier lieu, parce que des témoignages dignes de foi ne cessent de me dire qu’après avoir vu sur place les effets des campagnes aériennes précédentes, les dégâts provoqués par l’actuelle avaient incontestablement franchi un seuil. En second lieu parce que les éléments nouveaux indiquent effectivement non seulement un nombre quotidien de strikes très élevé – ce que j’avais pris en compte et qui n’est jamais un bon signe car cela signifie par contraste un nombre de missions annulées par précaution beaucoup moindres – mais que chacun d’eux était particulièrement « chargé ». Dans un Tweet en date du 12 octobre, qui m’avait échappé, l’armée de l’Air israélienne se targuait d’avoir « dropped about 6 000 bombs against Hamas targets ». Cela signifie d’abord logiquement l’emploi de plusieurs bombes par objectif, au moins deux en moyenne puisqu’au même moment Tsahal revendiquait dans un autre tweet avoir frappé 2 687 cibles. On notera au passage qu’à ce nombre de cibles, on se trouve déjà au-delà de la liste de ciblage initial, celle qui permet de bien préparer les tirs et d’avertir la population, pour basculer sur du ciblage dynamique, sur les cibles de tir de roquettes par exemple, forcément moins précautionneux.
C’est surtout globalement énorme. À titre de comparaison, lors de l’opération Harmattan en Libye l’armée de l’Air française a lancé très exactement 1 018 bombes de mars à octobre 2011, au cours de 2 700 sorties de Rafale et Mirage 2000 D ou N, auxquelles il faut ajouter les effets de 950 sorties de Rafale M et de SEM. On aurait sans doute été bien incapables à l’époque de lancer 6 000 bombes ou missiles. En considérant une moyenne très basse de 100 kg d’explosif par bombes larguées, 6 000 donnerait déjà l’équivalent de 1500 missiles de croisière russes Kalibr ou Kh-101, mais on très probablement au-delà en termes de puissance, car Tsahal utilise beaucoup de munitions de plus de 900 kg de masse (GBU-15, 27, 28 et 31) afin notamment d’atteindre des infrastructures cachées et les souterrains du Hamas. Il faut donc – si le chiffre de l’armée de l’Air israélienne ne relève pas de la vantardise mal placée – imaginer entre 1 500 et 3 000 missiles russes du même type de ceux qui sont tombés sur les villes ukrainiennes depuis 21 mois frapper les 360 km2 bande de Gaza en une semaine. C’est évidemment colossal et sans doute même inédit, même si le chiffre de propagande que l’on voit passer parlant de l’équivalent de deux bombes de type Hiroshima est évidemment farfelu. C’est en tout cas, au-delà de ce qui s’est passé en Syrie où le site AirWars estime le nombre de civils – et non de combattants – tués par les frappes russes entre 4 300 et 6 400 et en Irak-Syrie, où il est question de 8200-13200 civils tués par les 34 500 frappes de la Coalition américaine en six ans. Notons que dans ce dernier cas, la moitié de ces pertes civiles certaines ou probables se situent dans les mois de combats de 2017 à Mossoul et Raqqa où les règles d’engagement avaient été « élargies ». On ajoutera que l’intensité des frappes est telle que les Israéliens utilisent aussi certainement (Business Insider 17 Octobre) des munitions M117 non guidées, comme on peut le voir là encore sur des tweets de Tsahal.
En résumé, en poursuivant les principes utilisés le 2 novembre, où je parlais d’un total de 7 000 strikes en trois semaines avec une bombe, le chiffre total de pertes devrait être dix jours plus tard de 5 000 dont environ 2800 civils. Je crois désormais qu’il est effectivement nettement plus élevé, et se rapprocherait sans doute de celui proclamé par le ministère de la Santé, actuellement 11 000 tout confondus. Barbara Leaf, Sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires du Proche-Orient, peu susceptible d’hostilité pour Israël, disait il y a quelque jours que le chiffre pourrait peut-être même supérieur (“We think they’re very high, frankly, and it could be that they’re even higher than are being cited,” The Time of Israel, 9 novembre 2023). Notons que selon I24 News, là encore une chaîne peu encline à la critique anti-israélienne, il était même question le 04 novembre selon « une source sécuritaire anonyme » de 20 000 morts. Cette fameuse source parlait de 13 000 combattants ennemis tués (selon une méthode de calcul assez étrange de 50 et 100 morts par tunnel touché) mais aussi de manière décomplexée de 7 000 morts civils, dont la responsabilité incomberait au Hamas puisque ces civils sont utilisés comme bouclier.
Ajoutons pour être juste que bien évidemment le Hamas et ses alliés mènent aussi une campagne aérienne à base de mortiers, qassam et roquettes plus évoluées, avec le 9 novembre plus de 9 500 projectiles selon Tsahal lancés depuis Gaza, très majoritairement, le Liban et même le Yemen. C’est beaucoup, par comparaison le Hezbollah en avait lancé 4 400 en 33 jours de guerre en 2006 et le Hamas/Jihad islamique 4 500 dans les 51 jours de la guerre de 2014. Je ne sais pas bien, dans toutes les horreurs de cette guerre, combien ces 9 500 projectiles ont tué de civils israéliens, trop c’est certain, beaucoup ce n’est pas sûr. En tout cas, pas des milliers si le dôme de fer n’existait pas comme j’ai pu l’entendre. En 2006, les projectiles du Hezbollah avaient tué 44 personnes ; en 2014, après la mise en place du Dôme de fer, ceux de Gaza en avaient tué 6. Israël et c’est tout à son honneur, protège bien sa population, au contraire du Hamas qui, c’est un euphémisme, n’a guère mis en place de protection civile et se satisfait même largement de la production de martyrs et d’images tragiques relayées immédiatement par Al-Jazeera. Toujours est-il que ces tirs de roquettes, qui se rajoutent au choc de l’attaque-massacre abominable du 7 octobre, paralysent la vie israélienne aux alentours de Gaza, mais ils ne peuvent se comparer en rien en intensité à ce qui se passe à Gaza.
Si on se réfère aux principes du droit des conflits armés, le Hamas les trahit absolument tous, en plus de tous les actes terroristes qu’il a commis depuis trente ans. Rappelons au passage que des crimes de guerre, commis par une force armée d’une organisation peuvent aussi être des actes terroristes à partir du moment où leur but premier est de susciter l’effroi. Pas son ampleur, l’attaque du 7 octobre dernier est même clairement un crime contre l’humanité et, alors que la volonté du Hamas est également de détruire Israël peut également avoir une visée génocidaire. Le Hamas doit être détruit, il n’y a aucun doute là-dessus. Tout cela n’est pas nouveau et Israël aurait pu essayer vraiment de le faire plus tôt, mais c’est une autre question.
Pour autant, ce n’est pas parce que l’on combat des salauds qu’on a le droit de le devenir soi-même. Tout le monde aurait compris que les soldats de Tsahal pénètrent dans Gaza quelques jours après le massacre du 7 octobre pour aller traquer cet ennemi infâme, d’homme à homme, et en prenant des risques la chose aurait paru encore plus légitime et courageuse qu’en frappant à distance et manifestement trop fort. Je regrette beaucoup moi-même qu’après les attentats 2015 en France, le gouvernement ait préféré envoyer ses soldats dans les rues avec la stérile opération Sentinelle plutôt qu’à la gorge de l’ennemi dans une opération Châtiment. C’est pour cela que les soldats ont été inventés, et mon cœur est tout entier avec les fantassins de Tsahal dans les rues de Gaza.
Les engager plus tôt n’aurait pas empêché les dommages collatéraux, ils sont inévitables alors que 95 % des êtres vivants qui vivent dans la zone des combats sont des innocents, mais on aurait pu espérer, à condition d’avoir des soldats solides et disciplinés, bref de vrais soldats, en prenant le temps et un maximum de précaution atteindre le cœur de l’ennemi, lui tuer le maximum de combattants et détruire ses infrastructures sans tuer des milliers et des milliers de civils. Cela n’obérerait rien de la difficulté de la gestion politique de Gaza après les combats, ni même des causes profondes qui ont fait qu’il y ait des dizaines de milliers de Palestiniens qui acceptent de prendre les armes contre Israël avec une forte chance de mourir, et ce n’est pas une simple question d’endoctrinement.
Au lieu de cela, le gouvernement israélien, qui avant sa recomposition, porte une énorme responsabilité sur la baisse de la garde devant le Hamas, a choisi de commencer par un blocus et une campagne de frappes qui par son gigantisme a nécessairement piétiné au moins quatre des cinq principes du droit des conflits armés – humanité, nécessité, proportion, précaution – et finit donc aussi par flirter avec celui de la distinction (ou intention). On peut argumenter comme on veut, absolue nécessité, mensonges du Hamas, l’ennemi est un salaud qui se cache derrière la population ou dans les lieux sensibles, on laisse la population fuir les combats, etc. mais instaurer un blocus total et frapper avec une telle puissance une zone densément peuplée pour un bilan militaire finalement assez maigre – et qu’on ne présente pas la nième liste de cadres du Hamas tués comme un bilan sérieux – est une catastrophe. C’est une catastrophe pour la population gazaouie, mais aussi pour Israël, à court terme par l’indignation que cela continue de provoquer, mais aussi à long terme parce qu’on vient là de recruter dans les familles meurtries des milliers de futurs combattants ennemis. Aucune tragédie n’en efface une autre.
Sept pays ont formalisé hier la création d’un club dédié au CAESAR, lieu d’échanges privilégié pour progresser conjointement sur les évolutions techniques et l’emploi d’un système d’artillerie pour lequel l’intérêt va croissant.Quel meilleur cadre que le musée de l’artillerie pour écrire une nouvelle page de l’histoire du CAESAR ? C’est en son sein, au coeur des écoles militaires de Draguignan, que naissait un club consacré à ce système d’artillerie, fruit d’une initiative lancée en janvier dernier par le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, et le PDG de KNDS France, Nicolas Chamussy.
Sept pays utilisateurs et futurs utilisateurs se sont succédés pour signer la charte fondatrice : la France, la Belgique, la Thaïlande, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, la République tchèque et la Lituanie. Cinq autres délégations étrangères complétaient l’assistance, autant de prospects susceptibles de parier à leur tour sur la gamme CAESAR et d’élargir le cercle par la suite.
Cet engagement « est la pierre angulaire de cette formidable entreprise de coopération internationale », déclarait en préambule le général Alain Lardet, représentant du CEMAT et actuel sous-chef plans-programmes au sein de l’état-major de l’armée de Terre.
« L’artillerie a retrouvé récemment une place prépondérante sur l’échiquier militaire. (…) Les leçons apprises du Haut-Karabagh, les combats qui font rage à l’est de l’Europe, le rôle non démenti des appuis-feux dans les opérations de stabilisation : tous les conflits contemporains nous rappellent la primauté d’une artillerie », soulignait l’ancien commandant de la Légion étrangère.
« Dans un cycle d’évolutions technologiques où chaque acteur s’adapte toujours plus rapidement, le CAESAR incarne cette supériorité technologique et cette capacité de domination par les feux. (…) Pour autant, et ne nous y trompons pas, cette excellence opérationnelle du CAESAR n’est ni un acquis, ni une fin en soi », complétait le général Lardet.
Espace de dialogue autant qu’incubateur d’idées, ce club CAESAR s’inscrit parfaitement dans une « quête perpétuelle » d’évolutions qui requiert « énergie, moyens et capacités à innover ». Loin du consortium de circonstance, ce qui sera aussi un canal de diffusion des retours d’expérience « doit nous permettre de nous réinventer » et contribuera à faire naitre de nouveaux concepts d’emploi sur les plans technique, tactique et du soutien.
Acheteuse en 2022 d’un premier lot de neuf CAESAR Mk II, la Belgique consolide par là sa position de partenaire de premier rang de l’armée de Terre. Pour un officier de la délégation belge, ce club « ouvre la possibilité de gagner en expérience sur un système d’arme que nous percevrons seulement en 2027. Cela permet de préparer l’avenir en établissant des contacts avec les partenaires français, qu’il s’agisse des unités opérationnelles ou de l’école de l’artillerie car nous prévoyons de former nos instructeurs ici, à Canjuers et à Draguignan ».
Inaugurée par un tir de canon de 75, cette journée inaugurale s’est poursuivie sur le camp de Canjuers (Var), lieu retenu pour accueillir une démonstration dynamique conduite par le 35e régiment d’artillerie parachutiste ainsi qu’un « village d’innovations » propres à répondre aux enjeux actuels et futurs.
Photographies non datées de Mohammed Deif et Marwan Issa, commandant en chef et commandant en chef adjoint de la branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedin al-Qassam. AFP / –
Cette sanction financière à l’encontre de Mohammed Deïf et de Marwan Issa a pris effet le 13 novembre pour une durée de six mois.
L’argent est le nerf de la guerre, y compris dans le conflit entre Israël et le Hamas. La France a bloqué «les fonds» des deux principaux chefs des Brigades Ezzedin al-Qassam, la branche armée du Hamas, Mohammed Deïf et Marwan Issa. Cette décision survient plus d’un mois après l’attaque terroriste du Hamas contre le territoire d’Israël le 7 octobre dernier et alors que l’armée israélienne a investi la bande de Gaza dans l’objectif «d’anéantir» l’organisation terroriste.
Cette décision prend la forme de deux arrêtés publiés au Journal officiel par Bercy ce lundi 13 novembre 2023. «Les fonds et ressources économiques qui appartiennent à, sont possédés, détenus ou contrôlés par M. Mohammed DEIF, alias Muhammad AL-DAYF, ou encore Mohammed AL-MASRI» et «Marwan ISSA» ainsi que les fonds «possédés, détenus ou contrôlés par des personnes morales ou toute autre entité elles-mêmes détenues» par ces deux hommes «font l’objet d’une mesure de gel des avoirs». Cette mesure prend effet pour une durée de six mois, soit jusqu’au 13 mai 2024.
Cible numéro 1 de Tsahal
L’organisation terroriste du Hamas comporte deux branches, une branche politique et une branche militaire. Mohammed Deïf dirige la branche militaire depuis 2002 et la mort du précédent chef, Salah Shehadeh. Il est probablement né vers 1965 et a rejoint les rangs de l’organisation dès sa création en 1987. Il est aujourd’hui la cible numéro 1 pour Israël.
Le raid des Brigades Ezzedin al-Qassam le 7 octobre a fait environ 1200 morts israéliens (en majorité des civils) et environ 240 otages, selon les estimations de l’armée israélienne. Bien loin du simple groupuscule armé, elles possèdent une véritable chaîne de commandement, des équipements, des régiments, des bataillons, à l’image d’une petite armée. Ses forces sont estimées à 20.000 combattants, soit six brigades regroupant 30 bataillons. Le nombre de ces «soldats» pouvant doubler en cas de mobilisation.