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Guam: la vulnérable sonnette américaine à la porte d’entrée du Pacifique

admin Informations 19 août 2022Les menaces, US Army, US Navy 0 commentaire

Guam: la vulnérable sonnette américaine à la porte d’entrée du Pacifique

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 19 août 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/

 

C’est une île de 550 km2 (avec 170 000 habitants) à la lisière du Pacifique qui, et c’est surprenant, est totalement absente du techno-triller La Flotte fantôme (voir mon post). Mais Guam n’est aussi citée qu’à une seule reprise dans l’étude récente intitulée “The Return of Great Power War Scenarios of Systemic Conflict Between the United States and China“, rédigée pour la Rand Corporation par Timothy R. Heath, Kristen Gunness,et Tristan Finazzo.

Pourtant, Guam est un site crucial dans la stratégie US dans le Pacifique (photo ci-dessus DoD). L’amiral Harry Harris, ancien patron du Pacific Command et ex-ambassadeur US en Corée, estime ainsi que Guam serait même la “première cible” en cas d’attaques contre les USA.

Les tensions actuelles entre Chinois et Américains ont poussé ces derniers à mieux s’intéresser à cette île trop éloignée des Etats-Unis et trop proche de la Chine (dont les missiles DF-26 menacent l’île) et qui est souvent estimée comme perdue d’avance en cas de conflit sino-américain (carte ci-dessous historicair). 

 

Mariannes2006.svg.png

Les opinions ont évolué. L’Indo-Pacific Command considère Guam comme une position à partir de laquelle on peut combattre  (“fight from”) mais aussi pour laquelle il faut se battre (“fight for”). Guam, comme le rappelait le site War in the Rocks en 2021, abrite une base aérienne (Anderson Air Force Base), une base sous-marine, une base de l’USMC et des stocks prépositionnés (le Maritime Prepositioning Ship Squadrons 3 ou MPSRON3). Ce sont des forces qui doivent conserver leurs capacités de combat et donc être mieux protégées des possibles attaques navales et aériennes chinoises, attaques qui pourraient aussi viser les îles Mariannes du Nord.

Comment défendre Guam et comment en faire une pièce de la stratégie de défense/dissuasion de Taïwan ou du Japon?

La seconde mission paraît improbable du fait de l’éloignement. En 2021, la Rand Corporation a publié une étude de Jeffrey W. Hornung (“Ground-Based Intermediate-Range Missiles in the Indo-Pacific Assessing the Positions of U.S. Allies“) où l’auteur estime inutile de doter Guam d’un solide arsenal de GBIRM (ground-based intermediate-range missiles) du fait de la portée insuffisante des missiles de type SM-6.

En revanche, pour défendre l’île, est préconisé un panachage de missiles Patriot, de Terminal High Altitude Area Defense (déjà en place, voir photo ci-dessus DoD)), de SM-2, SM-3 et SM-6, une telle architecture hybride devant neutraliser la menace aérienne chinoise. Mais ça ne sera pas la panacée, préviennent certains experts et militaires US. 

Pour l’heure, même si le budget 2023 prévoit des crédits à cet effet (892 millions de dollars dont 539 pour la défense anti-missiles, selon la Pacific Deterrence Initiative), les décisions se font attendre. Selon le vice-amiral Jon Hill, de la Missile Defense Agency, le programme de défense en est encore au stade des études de “l’architecture de base du système”. Des études d’impact ont été lancées pour déterminer les sites susceptibles d’accueillir les radars et postes de tir (42 plateformes au total) qui devraient être opérationnels d’ici à 2028. Une date déjà critiquée par les analystes comme Brent Sadler, du Center for National Defense. Il estimait, dans une contribution du 18 juillet dernier, que tout doit être prêt avant 2027. D’autres analystes estiment que l’IOC (l’Initial Operational Capability) doit être atteinte en 2024 avec le déploiement de croiseurs Aegis en attendant l’entrée en service des équipements terrestres.

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VBAE : 1 M€ de la Belgique pour réaliser l’étude de faisabilité

admin Informations 19 août 2022Armée de Terre, Armements & équipements, DGA, Union européenne 0 commentaire

VBAE : 1 M€ de la Belgique pour réaliser l’étude de faisabilité

par Nathan Gain – Forces opérations Blog – publié le 18 août 2022
https://www.forcesoperations.com/vbae-1-me-de-la-belgique-pour-realiser-letude-de-faisabilite/

La Défense belge débloquera 1 M€ pour l’étude de faisabilité visant à développer le futur véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE). Une étude réalisée en partenariat avec la France et dont la conduite a été confiée à l’OCCAR.

Cette participation au programme VBAE « s’inscrit dans la volonté du gouvernement de permettre à la Belgique de rester un partenaire de défense crédible au niveau international, de renforcer davantage nos partenariats et en outre, de continuer à construire une défense européenne », souligne la ministre de la Défense belge Ludivine Dedonder en réponse à une question parlementaire.

Côté français, l’ex-délégué général pour l’armement Joël Barre se félicitait encore mi-juillet d’une coopération franco-belge qui « donne satisfaction » et permettra, dans le cas du VBAE, de partager les coûts non récurrents.

Cette étude de faisabilité sera menée entre fin 2022 et 2024 et coûtera environ 5 M€. La Belgique y contribuera à hauteur de 1 M€. Une contractualisation par l’intermédiaire de l’OCCAR devrait intervenir avant l’an prochain au profit d’un trio industriel franco-belge.

L’enjeu de cette étude est triple. L’expression du besoin traduira les besoins des deux partenaires en exigences technico-opérationnelles concrètes. La faisabilité de préconception, ensuite, tiendra compte des capacités et limites technologiques pour évaluer la concrétisation de ces exigences.

Les résultats seront déterminants pour les jalons ultérieurs de développement du prototype et de production. Des auxquelles la France, la Belgique « et éventuellement d’autres partenaires » pourront décider de participer ou non.

Étroitement lié aux programmes européens FAMOUS et FAMOUS 2, le développement et l’acquisition du VBAE sont d’ores et déjà inscrits dans la programmation budgétaire belge pour 2023-2030. Plus de 351 M€ seront investis en trois temps (2024, 2025 et de 2028 à 2031) au travers du partenariat CaMo.

La ministre de la Défense a par ailleurs confirmé les deux rôles de reconnaissance au combat et d’accompagnement du Jaguar et en a ajouté un troisième : le VBAE sera aussi un véhicule de commandement pour les troupes au contact.

« Léger et très mobile », ce véhicule de la classe 7 à 10 tonnes devra offrir une protection balistique, contre les mines et contre les IED suffisante à l’équipage. Il sera équipé des capteurs nécessaires aux missions de reconnaissance et devra pouvoir s’intégrer parfaitement dans la bulle d’infovalorisation SCORPION.

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Lettre d’information ASAF – Août 2022 : L’Histoire est indéboulonnable

admin Informations 19 août 2022ASAF, Lettres infos, Libres-propos 0 commentaire

Lettre d’information ASAF – Août 2022 :

L’Histoire est indéboulonnable

Lorsqu’en Afghanistan, à la fin de l’hiver 2000-2001, pour des raisons plus identitaires que religieuses, les talibans détruisirent à l’explosif les Bouddhas de Bâmiyân, le monde entier exprima son indignation devant ce « crime contre la culture » perpétré par des barbares.

Pourtant, en juin 2020, à Bristol, en Grande-Bretagne,  on déboulonna des statues et, à Oxford, on menaça de le faire, cédant ainsi à une déferlante iconoclaste déclenchée par la mort de Georg Floyd, à Minneapolis, aux États-Unis. En effet, c’était à un mouvement mondial antiraciste auquel nous assistions et qui, symboliquement, réclamait la destruction de toutes les statues honorant des personnalités qui ont, de près ou de loin, pratiqué ou favorisé la traite négrière et l’esclavage.

Mais d’une part, ceux qui manifestèrent à Oxford n’avaient en aucune  manière été victimes de ce qui fut longtemps et dans beaucoup d’endroits un  système juridique et social au service de l’économie et d’autre part,  s’agissant particulièrement de la Grande-Bretagne qui le pratiqua et l’utilisa abondamment pour étendre sa puissance, un système sans lequel Oxford n’existerait sûrement pas.

Le « débat », si l’on peut parler ainsi, car bien qu’étant citoyens de pays démocratiques,  les iconoclastes en cause ne le pratiquent guère, est immédiatement arrivé en France, au cours de ce même mois de juin 2020, où il a pris pour cible la statue de Jean-Baptiste Colbert, instigateur du Code noir, cadre juridique de l’esclavage dans les colonies françaises, rédigé sous Louis XIV et  publié deux ans après la mort de son auteur. Cette statue est d’autant plus symbolique qu’elle est située devant le fronton de l’Assemblée nationale, le « temple » de la République. Le cas de Colbert est particulièrement intéressant. En effet, entièrement dévoué à son roi, symbole de la monarchie absolue, il s’est vu transformé en mythe du grand serviteur de l’État par la IIIe République, elle-même grand artisan de la construction de l’empire colonial français. Le personnage transcende donc la Monarchie et la République pour se confondre avec l’Histoire de la France.

La Révolution française s’était déjà attaquée aux statues. Elle a défiguré nombre de nos monuments en décapitant nos rois de pierre, en particulier dans nos églises et sur les façades de nos cathédrales. Pour autant, a-t-elle fait disparaître ceux-ci de notre Histoire dont ils occupèrent plus de  mille années ? Les visiteurs ne se pressent-ils pas toujours à Versailles, Fontainebleau, Chambord ou Chenonceau ?

Mais, pour revenir au seul sujet de l’esclavage, quels sont les pays qui, à un moment ou à un autre de leur histoire ne l’ont pas pratiqué ? Pratiquement tous les pays européens y ont eu recours, les États-Unis évidemment, mais aussi nombre de peuplades (plutôt que de pays) arabes, africaines ou asiatiques. Les campagnes et razzias des pirates et corsaires barbaresques se sont étendues le long des côtes européennes de la mer Méditerranée pendant des siècles (sacs d’Ostie et de la Basilique Saint-Pierre de Rome en 846, de Trogir en 1123, d’Otrante en 1480) et dans l’océan Atlantique (raids sur l’Islande en 1627), mais aussi au large  avec la piraterie contre tous les navires chrétiens. À chaque fois, une moisson d’esclaves européens était saisie et ramenée chez eux par ces pirates.

Le débat tournait-t-il vraiment autour d’une juste vision de notre Histoire quand fut détruite, le 22 mai 2020 soit avant l’épisode de Bristol, à Fort-de-France (Martinique),  la statue de Victor Schoelcher, promoteur de l’abolition de l’esclavage en 1848 ? Ou bien n’était-ce pas plutôt une vision « racialisée » de cette Histoire préférant mettre en avant des militants nationalistes plutôt qu’un député blanc ?

À Paris, toujours en 2020,  la statue de Voltaire qui trônait depuis 60 ans square Honoré-Champion, à deux pas de l’Académie française, a été recouverte de peinture rouge, tout comme celles de Gallieni et de Cuvier, personnages accusés comme Colbert d’être en lien avec l’ère coloniale. La dernière fois que la statue de Voltaire a été vue remonte au 17 août 2020. Elle aurait été retirée par la mairie de Paris pour être nettoyée. Cela fait bientôt deux ans et madame Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française,  s’en inquiète fort justement.

À Rouen, en septembre 2021, le maire de la ville proposa de ne pas remettre en place la  statue de Napoléon après sa rénovation et de la remplacer par une autre figure « emblématique », comme  celle de Gisèle Halimi, fervente défenseuse des droits des femmes mais aussi défenderesse et « porteuse de valise » du FLN algérien. Après un vote des habitants de la ville favorable à son maintien, la statue a été remise en place. Ouf !

Et puis voilà qu’en avril de cette année 2022, en Loire-Atlantique, à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, au sud de Nantes, la statue du général de Lamoricière, « vainqueur d’Abd el-Kader », fut, elle aussi, menacée de déboulonnage. Le bronze avait été inauguré en 1909 dans le centre de Constantine, en Algérie, sur le lieu même d’un assaut du général de Lamoricière. En 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, la statue avait été rapatriée à Marseille, avant d’être revendiquée par le maire de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu et d’être à nouveau inaugurée dans cette ville en 1969.

Faire la part entre l’indispensable travail de mémoire permettant la nécessaire transmission du passé quel qu’il fut et le refus de célébrer les personnages dont la pensée ou le comportement ne sont plus jugés, aujourd’hui, honorables,  ne peut résulter que d’un sérieux débat mêlant citoyens, élus, enseignants et historiens et non pas de coups de force à vocation médiatique plus que mémorielle.

Mais ce débat ne doit pas devenir l’alibi d’une  racialisation  à l’américaine. Il existe peut-être dans certains de nos paysages urbains, quelques statues  d’acteurs de notre passé colonial voire esclavagiste. On pourrait en dresser l’inventaire et, localement, si et seulement si la question se pose et après une complète et précise explication donnée au public sur leur origine, décider par des voies démocratiques (référendum local, décision du conseil municipal en séance publique ?) de leur élimination ou de leur conservation. En réalité, la clé de cette question réside dans la phrase citée dans le film documentaire de Chris Marker et Alain Resnais sur l’esclavage[1] : « Rien ne nous empêcherait d’être ensemble les héritiers de deux passés, si cette égalité se retrouvait dans le présent. »

La RÉDACTION de l’ASAF
www.asafrance.fr

[1] Film documentaire Les statues meurent aussi de Chris Marker et Alain Resnais-1953.

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Le Mali dit qu’il pourrait faire usage de la force en cas de violation de son territoire par l’armée française

admin Informations 18 août 2022Actualités internationales, Les menaces, Opex 0 commentaire

Le Mali dit qu’il pourrait faire usage de la force en cas de violation de son territoire par l’armée française

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 17 août 2022

http://www.opex360.com/2022/08/17/le-mali-dit-quil-pourrait-faire-usage-de-la-force-en-cas-de-violation-de-son-territoire-par-larmee-francaise/


 

On aurait pu penser que, sitôt le dernier soldat français parti de Gao, la junte malienne allait mettre un terme à ses attaques informationnelles contre la France. Il n’en a rien été. Alors que le retrait de la force Barkhane du Mali venait de s’achever, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a adressé un courrier à présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité des Nations unies afin de réclamer une réunion pour évoquer les « actes d’agression » français.

Dans sa lettre, M. Diop a fait état de « plus de 50 cas délibérés de l’espace aérien malien par des aéronefs étrangers, notamment opérés par les forces françaises sous différentes formes ». Ce qui n’est pas nouveau : en avril, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement de transition, avait porté les mêmes accusations, après la mise en échec d’une tentative d’attaque informationnelle contre Barkhane, qui venait alors de quitter la base opérationnelle avancée de Gossi.

Pour rappel, grâce au survol de cette emprise par un drone Reaper, l’État-major des armées [EMA] avait pu diffuser des images montrant des « soldats de type caucasiens », appartenant très vraisemblablement au groupe paramilitaire Wagner, en train d’enterrer des cadavres dans une fosse commune alors que, via les réseaux sociaux, de faux profils commençaient à prétendre que militaires français avaient quitté Gossi en laissant un charnier derrière eux.

Visiblement, la mise en échec de cette tentative de manipulation fut difficile à avaler pour la junte malienne, qui promit alors une enquête… tout en accusant Barkhane de mener des actions de « subversion » dans le but de ternir l’image des Forces armées maliennes [FAMa]. Dans sa lettre, M. Diop reprend donc exactement les mêmes éléments de langage qu’en avril dernier…

Cependant, il avance d’autres faits, impossibles à vérifier en l’état… quand ils ne sont pas tout bonnement improbables. Ainsi est-ce le cas des allégations concernant l’attaque jihadiste de Tessit [où un quarantaine de soldats maliens ont perdu la vie], le 7 août dernier. Pour rappel, les FAMa affirmèrent, peu après, que les assaillants avaient bénéficié d’un « appui majeur et d’une expertise extérieure ».

Le chef de la diplomatie malienne en a dit davantage… quitte à se risquer à « mouiller » les forces britanniques. « Le 8 août, à 37 km de Tessit, un hélicoptère Chinook a survolé les renforts FAMa de Gao en mouvement vers Tessit, dans la direction opposée de progression. Le Chinook, surpris dans ses activités, a subitement repris de l’altitude. Les recoupements du Poste de commandement interarmées de théâtre [PCIAT] Est auprès des partenaires n’ont pas permis de confirmer l’origine de l’appareil », a-t-il écrit.

Seulement, les forces françaises ne possèdent pas de CH-47D Chinook [et elles le regrettent d’ailleurs…]. Et les seuls qui en disposent au Mali sont les militaires britanniques, pour appuyer leur contingent mis à la disposition des Nations unies. Cela étant, il est vrai aussi que la Royal Air Force a engagé ses appareils au profit de Barkhane.

Plus généralement, M. Diop assure que Bamako dispose de « plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions ».

Quoi qu’il en soit, pour la diplomatie malienne, ces actes qu’elle prête à la France « constituent une agression ». Et d’ajouter : « En cas de persistance dans cette posture qui porte atteinte à la sécurité de notre pays, le gouvernement du Mali se réserve le droit de faire usage de la légitime défense, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations unies ». Pour le moment, Paris n’a pas réagi.

Reste que la propagande anti-française, probablement inspirée par Moscou, fait des émules. Ainsi, les autorités nigériennes ont interdit une manifestation devant être organisée par le mouvement M62 pour demander le départ de Barkhane du pays.

 

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Le ministère des Armées évalue un détecteur multi-capteurs d’engins explosifs improvisés monté sur un VAB

admin Informations 17 août 202217 août 2022Armée de Terre, Armements & équipements, DGA, Les menaces 0 commentaire

Le ministère des Armées évalue un détecteur multi-capteurs d’engins explosifs improvisés monté sur un VAB

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 15 août 2022

http://www.opex360.com/2022/08/15/le-ministere-des-armees-evalue-un-detecteur-multi-capteurs-dengins-explosifs-improvises-monte-sur-un-vab/


 

En janvier 2021, alors que la force Barkhane venait d’être endeuillée par deux attaques jihadistes commises avec des engins explosifs improvisés [EEI ou IED] de forte puissance [ils contenaient une quarantaine de kilogrammes d’explosifs, ndlr], Florence Parly, alors ministre des Armées, avait confié, lors d’une audition parlementaire, que des recherches étaient en cours pour développer de nouveaux systèmes censés contrer une telle menace.

« Quelle que soit la force du blindage, les quantités d’explosifs qui ont été utilisées au Mali […] est telle que, de toute façon, même le meilleur engin blindé ne peut pas protéger les soldats qui s’y trouvent. [Aussi], nous travaillons sur des technologies de détection, fondées sur des radars », comme « le radar pénétrateur de sol, destinés aux engins qui ouvrent les itinéraires » ou encore « des radars aériens embarqués pour déceler, entre plusieurs passages, d’éventuelles modifications de terrain qui auraient pu intervenir », avait ainsi expliqué Mme Parly, évoquant également des travaux portant sur des « véhicules autonomes pour les ouvertures d’itinéraires ».

Depuis, le ministère des Armées a été plutôt discret sur ces technologies en cours de développement. Pour autant, des dispositifs sont en cours d’évaluation, comme l’a indiqué l’Agence de l’Innovation de Défense [AID], dans son dernier bilan d’activité [.pdf].

Ainsi, ce document évoque – succintement – le projet DMC, pour « Détection Multi-Capteurs d’engins explosifs improvisés ».

Confié à TSIX [Thales] et l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis [ISL], ce projet vise à démontrer la faisabilité d’un système permettant de détecter les EEI [ou les mines] à distance, en fusionnant trois modes de détection.

Comme l’explique l’AID, l’idée est d’installer à bord d’un Véhicule de l’avant blindé [VAB] des capteurs permettant de détecter des circuits électroniques [détection de jonction non-linéaire] et des fils électriques présents dans un engin explosif improvisé ainsi que des changements dans l’infrarouge.

« En 2021, ces trois technologies ont été intégrées sur un véhicule de l’avant blindé pour une campagne d’essais en 2022 », a précisé l’AID. Et d’ajouter : « À terme, ces technologies pourraient être intégrées dans le futur système d’ouverture d’itinéraire », susceptible d’être autonome.

À noter que l’ISL a aussi mis au point un système embarqué de détection de changement dont la finalité est de mettre en évidence les modifications apparues sur un itinéraire précédemment parcouru. Ce qui faciliterait également la détection des EEI.

Ce dispositif « permet de visualiser les modifications quasi invisibles du terrain d’opérations. Robuste aux aux conditions d’illumination changeantes et aux variations de trajectoire, il fonctionne en zones brouillées ou non couvertes par le GPS. Il a fait l’objet de tests opérationnels extensifs », explique l’ISL.

Par ailleurs, et dans le domaine « combat naval et lutte sous la mer », le bilan de l’AID évoque aussi un projet franco-japonais qui, appelé DeMICTA [Demonstrator for MIne Countermeasure Technological Activities], a été lancé en 2021 afin de mettre au point une capacité de détection des mines enfouies ou posées sur le fond grâce à un algorithme « de fusion de données ». Ce dispositif utilise la « complémentarité de deux sonars, haute fréquence [de conception française] et basse
fréquence [de conception japonaise] », explique l’agence.

Ce projet, porté par Thales et Mitsubishi Heavy Industries, prévoit « l’intégration de ce système sur un drone sous-marin et son évaluation dans des conditions opérationnelles d’ici 2025 », précise l’AID.

Photo : Direction générale de l’armement

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Barkhane: le combat continue en BSS avec un nouveau dispositif

admin Informations 17 août 202217 août 2022Actualités internationales, Les menaces, Opex 0 commentaire

Barkhane: le combat continue en BSS avec un nouveau dispositif

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 17 août 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Les derniers militaires de la force Barkhane ont quitté le hub logistique de Gao, au Mali, lundi (voir mon post). Un “pion” de 150 militaires français a assuré la garde du camp avant de l’évacuer dans la nuit du 14 au 15 et de rejoindre le Niger vers 13h lundi (heure de Paris).

Ce “défi militaire logistique majeur, relevé en bon ordre et en sécurité et en transparence”, a eu lieu dans un “contexte politique jugé incompatible”, selon l’EMA.

Ce même EMA précise que le combat continue contre les GAT avec un nouveau dispositif sur quatre pays de la BSS où désormais quelque 3 000 soldats français de la force Barkhane sont encore présents: 

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Sur le plan logistique, cette réarticulation a été réalisée via 150 convois aériens impliquant plusieurs vols à chaque fois (l’EMA précise en particulier que 400 vols environs d’A-400M français ont été réalisés).

Les convois ont aussi terrestres (60) et maritimes (5).

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La guerre des semi-conducteurs sino-américaine : la messe est-elle dite ?

admin Informations 17 août 202217 août 2022Armements & équipements, Cyberdéfense, Les menaces, robotique 0 commentaire

La guerre des semi-conducteurs sino-américaine : la messe est-elle dite ?

 

par Alex Wang – Revue Conflits – publié le 17 août 2022

https://www.revueconflits.com/la-guerre-des-semi-conducteurs-sino-americaine-la-messe-est-elle-dite/


Les semi-conducteurs sont essentiels au fonctionnement de l’économie moderne. La plupart d’entre eux sont fabriqués à Taïwan, ce qui renforce l’intérêt stratégique de l’île. Dans le combat que se mènent Chine et États-Unis, les entreprises des semi-conducteurs jouent un rôle de premier plan.

Les semi-conducteurs (chipsets) [1]  sont le pétrole de l’ère moderne. Nous les trouvons partout depuis les smartphones et les ordinateurs aux véhicules électriques et les machines à laver en passant par les équipements des réseaux télécom. Toutes les grandes puissances industrielles font aujourd’hui de la maîtrise des chips une priorité stratégique. Il est question d’indépendance technologique, de sécurité d’approvisionnement, de résilience industrielle, et de souveraineté nationale.

Les Etats-Unis sont le leader incontesté pour la conception et le contrôle des outils de fabrication. En revanche, la fabrication est concentrée sur l’Asie du Sud Est, notamment en Corée du sud, à Taiwan et depuis quelques années en Chine qui inquiète grandement les Américains.

Il n’est nullement exagéré de dire que la compétition en la matière entre les États-Unis et la Chine constitue l’un des points de tension les plus importants.

Réellement commencée en 2018 à l’initiative des USA et avec Huawei pris pour cible, la guerre des semi-conducteurs (chipsets) sino-américaine entre dans une nouvelle phase. Les deux côtés ont mis en place des stratégies différentes. Il est encore trop tôt pour dire qui sortira de cette guerre en vainqueur.

La stratégie américaine

La stratégie américaine peut être résumée en trois points : 1/ embargo ; 2/ politique industrielle ; 3/ alliance.

Embargo

Dès le départ, les USA ont concentré leurs efforts sur les sanctions visant la vente des chipsets de haute gamme  (7 nm et en deçà) [2] ainsi que celle des machines de lithographie capables d’en fabriquer.

Privé des chipsets de 14 nm à 7 nm, l’entreprise Huawei a pratiquement disparu du marché des smartphone haut de gamme. La production des équipements 5G a également été impactée.

Au-delà de Huawei, l’Administration Biden multiplie les mouvements d’attaque successifs à l’adresse de l’industrie du semi-conducteur chinoise.

Le Hollandais ASML[3] a été interdit de vendre aux Chinois les EUV (Extreme UltraViolet) les machines de lithographie les plus sophistiques. Ces machines sont indispensables pour fabriquer les chipsets les plus avancés dans le monde.

Les USA aimeraient aussi appliquer la même mesure concernant les machines DUV (Deep UltraViolet) en constatant le rôle de plus en plus important joué par ces dernières en Chine dans la fabrication des chips moyenne gamme.

Une interdiction supplémentaire est à l’ordre du jour. Il s’agit de l’EDA (Electronic Design Automation).[4]

Ainsi, les USA veulent resserrer leurs mains autour du cou de la Chine ou tout long de la chaîne de valeur des chipsets : conception, fabrication et packaging.

Politique industrielle

Le 28 juillet a vu naître, après moulte retard, Chips & Science Act[5] avec un budget de 280 milliards de dollars dont 52 milliards pour subventionner les entreprises y compris les Sud-coréens et taiwanais qui accepteraient d’établir ses usines sur le sol américain, à condition que ces dernières arrêtent leur investissement en Chine dans les 10 ans à venir. 170 milliards seront dépensés pour les RD technologiques.

On dirait que c’est une copie de « Made in China 2025 ». Avec cette politique industrielle d’aide, la libre concurrence capitalistique laisse ici la place au capitalisme d’Etat dans ce domaine. L’Oncle Sam a vu la nécessité de s’adapter.

Alliance

Conscients que tout seul, il est très difficile voire impossible pour les USA de chasser la Chine du supply chain des semiconducteurs, les Américains sont en train d’organiser activement l’alliance Chip 4 avec la subvention de 52 milliards de dollars autorisés par Chips & Science Act. Leur but est de reconstruire le supply chain des chips sur le sol américain notamment en termes de fabrication, sécurisant sa position comme leader incontesté dans le supply chain des semiconducteurs mondiaux.

Les invités sont les suivants :

  • USA : Applied materials, Micron, Intel, Brodcom, Qualcom
  • Corée du sud : Sumsung, SK Hynix
  • Japon : Toshiba, TEL, Renesas
  • Taiwan : TSMC, MediaTek, ASE Group

Les premières réunions de travail sont prévues pour fin août. On pourrait très rapidement avoir des signes.

Avec ces mesures très visibles, la stratégie américaine est-elle sûre de réussir ? La chose n’est pas aussi simple. La Chine n’a pas l’habitude de se laisser faire.

L’Empire du milieu contre-attaque

Face aux attaques féroces des Américains, la Chine s’est organisée rapidement en mobilisant de gigantesques ressources technologiques et financières, publiques et privées. Elle vise à devenir à pas forcé un pays autonome en la matière.

Un investissement gigantesque

Les semi-conducteurs sont le 4e produit les plus vendus dans le monde avec une valeur de 400 milliards de dollars en 2020. La Chine a prévu de dépenser 1 400 milliards de dollars entre 2020 et 2025 pour les technologies avancées, y compris pour les semi-conducteurs[6]. Les investissements dans les équipements de production des chipsets ont augmenté de 44 % en 2021 dans le monde à un record historique de 102,6 milliards de dollars. La Chine affiche un pourcentage encore plus impressionnant de 58 %, gardant la place de champion pour la deuxième année consécutive pour cette catégorie de dépenses, devant la Corée du Sud et Taïwan.[7]

L’aide de L’État sans complexe

L’État chinois aide sans complexe les entreprises qui ont des liens avec le Gouvernement. Par exemple, une étude de l’OCDE montre que 4 entreprises de semi-conducteur de cette nature ont reçu un prêt de 4,85 milliards de dollars à un prix inférieur à celui du marché entre 2014-2018. Ces aides constituent un avantage de coût significatif. Une étude de Boston Consulting Group estime dans une étude datée de 2020 que le coût de la construction et de l’opération pour une usine en Chine est 37 % inférieur à celui aux USA.[8]

Une stratégie à deux volets

Une stratégie à deux volets a été constatée.

Le premier volet « Frontal » consiste à lutter frontalement avec les USA en essayant de rattraper aussi vite que possible le retard considérable dans la fabrication des chips de haut de gamme. C’est une route semée d’embûches et de longue haleine. Les experts estiment qu’il faudrait au moins 10 ans pour voir les résultats. C’est un front qui nécessite beaucoup de patience. L’acteur principal est SMIC (Semi-conducteur Manufacturing International Corporation). Les efforts ne sont pas limités et seulement concentrés dans cette direction.

Le deuxième volet dit de « contournement » [9]vise, en attendant patiemment les progrès lents sur les hauts de gamme et lorsque cela reste possible, l’utilisation massive des technologies mures (telle que la machine de lithographie DUV – Deep UltraViolet) pour fabriquer les chips de basse et moyenne gamme (14 nm, 29 nm, 32 nm et au-delà) afin de satisfaire rapidement les besoins énormes et toujours croissants nationaux et internationaux. Ces chips peuvent être utilisés pour les véhicules électriques, les lignes de production numérisées, les machines électroménagers, IoT, etc. 90 % de chips demandés relèvent de cette catégorie.[10]Les haut gammes (10%) attirent beaucoup plus d’attention en raison de leur profit élevé. Leur utilisation est relativement limitée : ordinateurs, smartphone, 5G, armes militaires sophistiques.

L’objectif de ce volet est d’augmenter très rapidement des parts de marché en interne et externe en profitant de la faiblesse de défense américaine et du besoin de production locale en Chine. Le taux de production en Chine est de 30% dont 20% par les filiales des entreprises étrangères. La Chine a plus de 7 000 usines liées aux chipsets. Cela augmente constamment. C’est une carte majeure pour mettre en œuvre la stratégie d’inondation du marché. Les concurrents de la Chine se retireraient du marché au bout d’un moment en raison de coût élevés et du bas prix. Lorsque cela se produirait, c’est-à-dire que les 14 nm et 28 nm seraient produit massivement voire exclusivement en Chine, les USA et le reste du monde deviendraient à leur tour dépendant de ce nouvel acteur.

Cette stratégie d’inondation peut-elle marcher ? Nous avons encore en mémoire la réussite de cette stratégie pour les display panel, la batterie, les panneaux solaires et, bientôt, les véhicules électriques (EV).

Où se trouve la Chine actuellement ?

Faisons un tour d’horizon, en commençant d’abord par le deuxième front.

Croissance de production

La stratégie dite de l’inondation porte ses fruits : l’année dernière la Chine a produit plus de 359 milliards de chips. C’est une croissance de 33,3 %[11]

La production chinoise de puces électroniques par les entreprises nationales et les usines étrangères implantées dans le pays a connu une croissance deux fois supérieure à celle de 2020, selon le gouvernement chinois. La Chine a produit 359,4 milliards de semi-conducteurs en 2021, soit 33 % de plus qu’en 2020, selon les chiffres publiés lundi [17 janvier] par le Bureau national des statistiques. Une accélération significative puisqu’en 2020 le pays avait produit 261,3 milliards d’unités, soit 16,2 % de plus que l’année précédente [12].

La Semiconductor Industry Association nous informe que parmi les 39 nouvelles usines de production construites en 2021, 10 sont en Chine contre 10 à Taiwan, 5 en Corée du sud, 5 au Japon, 4 en Europe et 4 aux US. Selon SEMI, entre 2022 – 2024, on verra sortir de terre 58 nouvelles usines de fabrication dont 31 seraient Chinois.

Bloomberg a publié une étude d’IC Insights qui montre que parmi les 20 sociétés qui croissent les plus vites 19 sont chinoises.

Ventes et part de marché

Selon la Semiconductor Industry Association, les ventes des chips chinois sont en hausse impressionnante.

Il y a 5 ans, ses ventes étaient encore au niveau de 13 milliards de dollars, à peu près 3,8 % des ventes globales. En 2020, la Chine a fait grand bond en avant avec un taux de croissance annuelle de 30,6 % (39,8 milliards de dollars), capturant 9% de part de marché mondial en dépassant Taiwan et se rapprochant de Japon et UE, chacun a 10%

Si la Chine maintient un taux de croissance annuelle de 30% pour les 3 ans à venir, elle générerait en 2024 un revenu de 116 milliards de dollars, capturant ainsi 17,4% de part de marché mondial. Cela la place juste derrière US et le Japon.[13]

En plus de ces chiffres, examinons aussi quelques faits marquants.

L’import des chips vers la Chine a réduit de 28,3 milliards de pièces. Ce changement est principalement dû à l’adaptation des chips produits localement par les entreprises chinoises. Auparavant, ces dernières n’aimaient pas ces produits locaux en raison de qualité et de prix élevés comparés aux produits importés.

Récemment, les Sud-Coréens ont eu une surprise de taille. Depuis 30 ans, la Corée du sud a enregistré pour la première fois un déficit commercial par rapport à la Chine. L’export vers son grand voisin était de 13,4 milliards de dollars en mai et l’import 14,6 dont 16,5 % sont des chips pour une valeur de 2,4 milliards de dollars et avec une croissance de 40,9 %  par rapport à l’année dernière pour la même période. Compte tenu qu’habituellement, c’est toujours la Corée du sud qui exporte plus de chips vers la Chine, cet inversement de la tendance a bien secoué la Corée et le milieu des chips. Cela montre la vitesse de la Chine dans l’exécution de sa stratégie d’inondation.[14]

Progrès technologique

Sur le front de chips de haute gamme, la mobilisation nationale des ressources technologiques commence à être payante également.

On a été surprise par la nouvelle suivante : le fondeur chinois de puces SMIC est parvenu à passer à la technologie de gravure de 7 nm, en utilisant la machine de lithographie DUV au lieu d’EUV non disponible chez SMIC pour cause d’embargo américain.[15] On ne pensait pas que cela pouvait venir si vite. Cela a été révélée par le site d’American semi-conductor TechInsights. Selon eux, SMIC produit depuis l’année dernière des chips de cette dimension. Techsignt les a trouvés au sein de la machine de cryptocurrency-mining ASIC fabriquée par SMIC.[16] Bien qu’il ne soit pas complètement sûr que ces chips comportent la mémoire bitcell typique comme demandé dans la définition de la technologie 7 nm, cela démontre la logique de 7 nm, reflétant un progrès significatif dans le rattrapage du retard, permettant de réduire l’écart de deux générations et de préparer la mass production.

Les recherches relatives aux machines lithographiques se poursuivent sans relâche par exemple chez SMEE (Shanghai Micro Electronics Equipment).

La messe est-elle dite ?

Nous constatons les effets très visibles de la stratégie américaine d’embargo qui a tendance à s’élargir.

L’interdiction des ventes des chips de haute gamme et celles des machines lithographiques permettant d’en fabriquer (EUV) ont produit de résultats spectaculaires. Huawei est l’un des victimes : ses smartphones de haute gamme ont disparu du marché mondial.

Les USA ont négligé le front des technologies mures. Constatant les succès de la stratégie de contournement, les USA sont en train de forcer ASML à ne plus vendre à la Chine, en plus des machines EUV, ses modules DUV. Compte tenu que la Chine est le client le plus important, le Hollandais entre dans une résistance vis-à-vis des Américains. ASML est conscient que s’il quitte le marché chinois, il ne reviendra plus jamais car la Chine va se lancer dans une campagne de rattrapage national, d’abord pour satisfaire les besoins domestiques ensuite pour exporter rapidement et massivement vers les marchés internationaux avec des avantages tarifaires évidents. Les chiffres du premier trimestre montrent que la croissance des ventes vers la Chine, son plus gros client, est passé de 22% à 34%. On comprend qu’ASML ne veut pas commettre un suicide.

Parmi les participants désignés, les entreprises américaines aimeraient disposer du plus gros morceau, le choix est considéré déjà fait par les Américains pour le Japon.

L’Alliance Chip 4 se prépare sous l’énorme pression des USA. Le Japon est déjà à bord, les USA ont fait le choix pour lui. Samsung traine encore le pied. Contraint et forcé, le taiwanais TSMC en fera sûrement partie. L’alignement reste difficile car les conditions pour recevoir la subvention est draconiennes : l’arrêt de l’investissement en Chine dans les 10 ans à venir. Sans parler l’augmentation des coûts significatifs inévitables. Cela présage de la perte de compétitivité des futurs produits.

La mise en œuvre serait longue et semée d’embûches. TSMC commence à goûter ce plan de poisson plein d’arêtes. Les coûts de construction est 6 fois plus chers aux USA, les ressources humaines 30% plus chers. Le fondateur et ex CEO de TMSC, M. Zhang Zhongmou, a dit très clairement l’année dernière que le projet n’était pas réaliste.[17]

Il lui est très difficile de recruter les ingénieurs et les techniciens américains assez disciplinés et résilients. Habitués au confort, les Américains n’acceptent pas les conditions de travail ardues dans la production des chips. TSMC est en train de recruter et former le personnel nécessaire à Taiwan pour les envoyer dans ses usines d’Arizona.

Ils sont placés devant un dilemme : suivre les USA dans un projet « politique » qui manque de rationalité économique ou être punis par l’Oncle Sam.

En tant qu’une nouvelle mesure, les USA envisagent également l’interdiction de la vente des software destinés à la conception des chips (EDA : electronic design automation). [18] C’est un coup très dur pour les Chinois.

Une autre faiblesse stratégique est la lenteur avec laquelle ils préparent et adoptent les lois des innovations. Incapable de se mettre d’accord, ils étaient obligés de sortir les chips pour en faire un Chips & Science Act. Ils ont ainsi perdu deux ans.

Il est prévisible que les USA vont tout faire pour attendre son objectif. Ont-ils les moyens d’y arriver est une autre paire de manche.

Côté Chine, nous avons vu que la stratégie d’inondation porte ses fruits. Ils sont en train d’ouvrir une brèche sur le front des hautes gammes avec les 7 nm.

La Chine a ses défis aussi. Les montants d’investissement, le degré de mobilisation ne sont pas le synonyme de réussite. La maîtrise technologique nécessite beaucoup de temps et d’expérience. Par ailleurs, il faudrait être très vigilant vis-à-vis des opportunistes et des profiteurs de tous sortes qui viennent, sous le prétexte d’innovation et du patriotisme, non pas pour contribuer à la cause mais pour mettre plein leur poche. La désorganisation et l’inefficacité dans l’investissement font partie du souci.

D’ici 5 à 10 ans, la Chine réaliserait-t-elle son objectif d’autosuffisance concernant les semi-conducteurs à l’instar du développement de la station spatiale ?

Il était une fois ISS

Commencé en 1978, International Space Station était censé être un programme de coopération internationale. L’Agence Européenne, la Russie, l’Allemagne, le Brésil etc. étaient complètement ouverts pour accepter la Chine qui souhaitait ardemment en faisait partie.[19] Mais sans compter sur l’hostilité résolue et systématique des Américains en évoquant les raisons de sécurités de crainte que les technologies pourraient être utilisées à des fins militaires.

Cette attitude a été officialisée dans la loi dite Wolf Amendment[20] passée en 2011 au Congrès US, selon laquelle, il est interdit à NASA d’utiliser de façon directe ou bilatéralement les fonds du Gouvernement US dans les coopérations avec le Gouvernement chinois et les organismes en relation avec ce dernier sauf l’autorisation du FBI et le Congrès. Bien entendu, cette autorisation n’est jamais venue. C’est la même musique que nous avons entendu dans le conflit des chipsets.

La Chine était obligée de compter sur elle-même pour démarrer et réaliser avec succès son programme de station spatiale habitée TIANGONG (Palais Céleste). L’assemblage des 11 parties de la station est en cours et progresse comme prévu. Au-delà du 2024, la seule station opérationnelle dans le ciel sera la sienne. En parallèle, les programmes Lune et Mars s’exécutent également nominalement.

La Chine a réussi son pari malgré et, en partie, grâce à l’interdiction des Américains.

On voit bien que la Chine est capable de se mobiliser en comptant sur ses propres ressources pour se développer malgré la pression extérieure. Les sanctions l’aident à prendre ses décisions et à les exécuter méthodiquement.

Cela pourrait-il être le cas concernant l’autosuffisance de l’industrie des semi-conducteurs ? Compte tenu de ce que nous avons vu, nous serions tentés d’y répondre par l’affirmatif mais c’est encore trop tôt pour se prononcer car la route est encore longue et semée d’embuches. Les Américains ont encore quelques tours dans leur manche. Ils ne vont pas lâcher de si tôt.

L’Europe : le plan pour redevenir leader mondial des semi-conducteurs

N’oublions pas l’Europe, bien qu’elle produise aujourd’hui moins de 10 % des puces électroniques dans le monde, contre 40 % il y a 30 ans.[21] Elle reste un acteur significatif et est en train de faire des efforts pour revenir.

Dans la liste des actions prioritaires d’ici 5 ans pour l’Europe, le renforcement de l’industrie des chips devrait occuper une place centrale. L’attention et les moyens ne sont pas à mettre sur la relocalisation (découplage) des produits mûrs et banalisés mais sur la préparation et matérialisation des capacités technologiques et industrielles futures dont celles liés aux semi-conducteurs. Pour ce faire, la dimension adéquate est celle de l’Europe.

C’est dans cet état d’esprit que la Commission Européenne a présenté le Chips Act (Plan semi-conducteur) à 43 milliards d’euro. L’Europe a des remarquables capacités technologiques en la matière mais l’important est de produire. «Il est donc impératif d’investir dans nos capacités de production à la fois dans les très grandes usines (baptisées « Mega Fabs ») mais aussi sur l’ensemble de la chaine de valeur. » [22] Ceci afin d’atteindre 20% de production mondiale d’ici 2030. C’est un mouvement important de la part de l’Europe en tant qu’une entité collective à l’instar du Plan Covid.

Les efforts au niveau des pays membres sont en cours également, par exemple, STMicro et GlobalFoundries se sont mis d’accord pour construire une usine de 5,7 milliards d’euros à Grenoble. Un soutien financier important de l’État français est attendu. [23]

Notes

[1] Un chipset ou un jeu de puces est un jeu de composants électroniques inclus dans un circuit intégré préprogrammé, permettant de gérer les flux de données numériques entre le ou les processeur(s), la mémoire et les périphériques. On en trouve dans des appareils électroniques de type micro-ordinateur, console de jeux vidéo, téléphone mobile, appareil photographique numérique, etc (https://fr.wikipedia.org/wiki/Chipset).

[2] nm : nanomètre

[3] ASML est l’un des leaders mondiaux de la fabrication de machines de photolithographie pour l’industrie des semi-conducteurs. ASML est créé en 1984 et basée à Veldhoven aux Pays-Bas. (https://fr.wikipedia.org/wiki/ASML)

[4] Max A. Cherney, Protocol Entreprise, August 2, 2022

[5] New Chips Act Could Become a $280 Billion Boondoggle, Bloomberg, August 1st, 2022

[6] Michael Sinclair, China’s attempts of self-sufficiency in the semiconductor supply line, Source: Transport Intelligence, February 10, 2022

[7] Ridha Loukil, L’UsineNouvelle, 13 Avril 2022

[8] Michael Sinclair, China’s attempts of self-sufficiency in the semiconductor supply line, Source: Transport Intelligence, February 10, 2022

[9] 孙子兵法/军事篇:以迂为直 (Shunzi, “L’Art de la guerre” : contourner au lieu d’attaquer de front)

[10] 半导体工艺与设备(Semiconducteurs : techlonolgies et Equipements), 2021 11 04

[11] PARK SEONG-HUN [lee.hojeong@joongang.co.kr, China turns the table on Korea with low-end chips, Korea JoongAng Daily

[12] Source : South China Morning Post (Hong Kong), cité dans Courrier international, publié le 21 janvier 2022 à 06h34

[13] China’s Share of Global Chip Sales Now Surpasses Taiwan’s, Closing in on Europe’s and Japan’s, Jan 10, 2022, Semiconductor Industry Association

[14] PARK SEONG-HUN [lee.hojeong@joongang.co.kr, China turns the table on Korea with low-end chips, Korea JoongAng Daily

[15] Ridha Loukil, La Chine réalise un incroyable bond en avant dans la production de puces,  L’UsineNouvelle,  le 27 Juillet 2022

[16] Dylan Martin China seems to have figured out how to make 7nm chips despite US sanctions, Register, Fri 22 July 2022.

[17] SMM News, Zhang Zhongmou complained about the US semiconductor subsidy policy: 50 billion US dollars is not enough to build a complete local supply chain, Oct 28, 2021, Source: Financial Union

[18] Max A. Cherney, Protocol Entreprise, August 2, 2022

[19] https://en.wikipedia.org/wiki/Politics_of_the_International_Space_Station#cite_note-justice1-52

[20] https://en.wikipedia.org/wiki/Wolf_Amendment

[21] Maxence Fabrion (@max_fabrion), Entre l’UE, les États-Unis et la Chine, la guerre des semi-conducteurs a éclaté, Les Numériques, publié le 07/03/22 à 15h00

[22] Commission Européenne, EU Chips Act : le plan de l’Europe pour redevenir leader mondial des semi-conducteurs

[23] Ouest-France avec l’AFP, le 11/07/2022.

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Guerre en Ukraine : les nouveaux enjeux pour l’Europe

admin Informations 16 août 202216 août 2022Actualités internationales, Dissuasion nucléaire, Les menaces, Libres-propos, OTAN, Union européenne 0 commentaire

Guerre en Ukraine : les nouveaux enjeux pour l’Europe

par François Chauvancy – Theatrum belli – publié le 15 août 2022
https://theatrum-belli.com/guerre-en-ukraine-les-nouveaux-enjeux-pour-leurope/

 

Depuis le 24 février 2022, Vladimir Poutine a engagé son armée dans une « opération spéciale » en Ukraine. Plus prosaïquement, il a envahi militairement cet État souverain. Cette agression sur le continent européen a non seulement rétabli la possibilité des guerres à nos frontières mais elle a affiché les vulnérabilités et les aveuglements de l’Union européenne telles qu’ils ont été acceptés par les gouvernants européens successifs. Ceux-ci s’appuyaient sur les principes suivants : la multiplicité des dépendances économiques et le respect du droit international toujours plus contraignant garantiraient une paix éternelle en Europe.

Ce retour à la réalité géopolitique impose une réflexion sur les enjeux de sécurité pour l’Europe et l’Union européenne en particulier dans ce contexte international incertain sinon dangereux.

Nul doute que la guerre russo-ukrainienne ne conduise à un profond bouleversement des relations internationales, et en premier lieu pour l’Europe dans sa globalité, remettant notamment en cause le fonctionnement de l’Union européenne. Celle-ci doit faire face à des enjeux avant tout de puissance pour répondre aux menaces d’aujourd’hui et surtout de demain pour son avenir.

Les relations internationales avant 2022 avaient laissé apparaître des signaux faibles sur la fragilité potentielle de la paix et sur l’ordre mondial tel qu’il fonctionnait depuis la fin de la guerre froide sinon depuis 1945. La guerre russo-ukrainienne est à la fois la remise en cause de cet ordre occidental en vigueur jusqu’à présent mais aussi une conséquence des faiblesses de l’Union européenne. Sans préjuger du résultat final du conflit, l’U.E. devra construire les piliers de sa sécurité future si elle ne veut pas disparaître.

Avant 2022, des menaces sur la paix grandissantes mais négligées

L’état des relations internationales avant 2022 a montré les fissures sinon les fractures du continent européen au point de préparer les conditions d’un conflit militaire. Certes l’Europe est un patchwork d’Etats et d’organisations à la fois concurrents et partenaires. Cependant, l’architecture proprement dite de sécurité reposait sur la crédibilité de l’engagement américain. Le désengagement progressif depuis plusieurs années des Etats-Unis a fait apparaître peu à peu des vulnérabilités en Europe, acceptées ou ignorées tant qu’elles n’impactaient pas la survie des États européens.

De quelle Europe parle-t-on ?

En effet, de quelle Europe parle-t-on ? Rendant la situation sécuritaire et les enjeux bien complexes, plusieurs « Europe » se côtoient sur le continent européen avec cependant l’apparition d’un axe « civilisationnel » allant du Nord au Sud, constitué par les États d’Europe centrale, de la Pologne à la Roumanie. En raison d’une histoire bien souvent conflictuelle qui perdure aujourd’hui, cet axe fait tampon entre l’Occident et la Russie. L’Europe politique est aussi constituée de plusieurs ensembles. Elle comprend l’Union européenne qui rassemble les États partageant les mêmes valeurs démocratiques, ceux qui n’en font pas partie mais souhaitent la rejoindre (Serbie, Albanie, Bosnie, Macédoine du Nord, Kosovo, Moldavie, Ukraine) et la Russie à la fois européenne et asiatique. S’ajoute aussi une différenciation entre les démocraties européennes et les États non démocratiques (Russie, Biélorussie) avec une catégorie intermédiaire au sein de l’Union européenne, celle des démocraties illibérales (Hongrie, Pologne).

Une paix en Europe assurée par les Etats-Unis depuis 1945

La paix en Europe a été préservée avant tout par l’engagement américain depuis 1945. Outre la capacité nationale des États-Unis à peser sinon à intervenir, la création de l’OTAN en 1949 puis son maintien malgré les débats récurrents sur son utilité à partir de la fin de la guerre froide, a évité la guerre en Europe. Ce parapluie sécuritaire a rassuré les européens de l’Ouest et du « Centre-Est » mais a été fortement ébranlé depuis les administrations Obama puis Trump entrainant un désengagement partiel des États-Unis. Quelque 70 000 hommes sont restés en garnison en Europe, dont une partie en Europe centrale (Pologne, Roumanie).

Une protection nucléaire globale est aussi assurée par environ 100 à 200 armes nucléaires tactiques américaines, susceptibles d’être délivrées à partir de cinq pays : Italie, Allemagne, Turquie, Belgique et Pays-Bas. Paradoxe, l’Allemagne peu favorable à l’arme nucléaire au nucléaire en général au moins jusqu’au 24 février 2022, refuse la protection de la dissuasion nucléaire française mais achète des avions F-35 américains, seuls capables de transporter ce type d’arme…

Une défense à crédit pour l’Union européenne

Enfin, la puissance américaine a permis à l’Union européenne de vivre à crédit pour sa sécurité. L’U.E. a privilégié la posture des principes moralisateurs comme fondement de sa politique étrangère au service d’une paix éternelle, donné la priorité au développement économique et social, négligé sa sécurité extérieure notamment par des capacités militaires qui ont été progressivement dégradées au nom des dividendes de la paix. De fait, ces aveuglements ont conduit à la création de multiples dépendances qui entravent toute prise de décision, dissimulées jusqu’à présent mais la guerre en Ukraine les a rappelées douloureusement. Aucune décision dans le domaine des relations internationales ne peut ignorer le besoin de disposer de tous les instruments de puissance pour l’appliquer, y compris la force militaire, et bien sûr la volonté d’y recourir.

En écarter un par idéologie, en l’occurrence la puissance militaire, conduit à l’impuissance politique. Déployer en Ukraine les groupements tactiques créés depuis 2007, donc au nom de l’Union européenne et non de l’OTAN, n’auraient-ils pas pu contribuer à éviter l’agression russe ? Par ailleurs l’absence des européens des négociations sur la sécurité en Europe de tout type au seul profit de négociations entre États-Unis et Russie n’est-elle pas la preuve de cette impuissance sinon de ce mépris pour l’Union européenne que la désignation d’un Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la sécurité ne peut dissimuler ?

Représenter une « puissance » notamment à 27 est certes un défi ambitieux. Il n’a pas été relevé et a conduit partiellement à la guerre russo-ukrainienne.

Le retour de la guerre « militaire » sur le continent européen

Après avoir décidé qu’elle était impossible, les États de l’Union européenne découvrent la réalité d’une guerre conventionnelle et de haute intensité en Europe qu’ils n’avaient ni préparée, ni imaginée. Ils se sont retrouvés démunis face à la stratégie hybride russe qui a su mettre en synergie tous ses instruments de puissance pour tenter d’atteindre ses objectifs.

Un droit international conçu en grande partie par les occidentaux

Depuis 1945, le droit international a été le résultat de l’action des États occidentaux qui ont aussi co-construit progressivement cet environnement juridique avec les nouveaux États. Il a codifié les relations internationales en vue notamment de la paix et pour éviter le retour des destructions subies lors des deux guerres mondiales. Il est cependant apparu comme un carcan imposé par l’Occident et est désormais ouvertement contesté par les puissances émergentes. À titre d’exemple, le maintien de la paix est une responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU où siègent aussi bien la Russie que la Chine. Cette situation empêche tout règlement d’un conflit dès lors que l’un des membres permanents est impliqué dans une agression militaire. D’ailleurs l’agressivité de la Chine autour de Taiwan a-t-elle suscité une réaction du Conseil de sécurité de l’ONU ? Dans le passé, des précédents peuvent aussi être portés au passif des États-Unis (Kosovo, 1999, Irak 2003) mais aujourd’hui l’ONU reste non-réformable. Le droit « jus ad bellum » n’est plus applicable dans les conditions actuelles, pas plus que le droit dans la guerre ou « jus in bello ». Outre les crimes de guerre russes, l’exemple est le plus récent est celui de l’occupation militaire par les Russes de la centrale nucléaire civile de Zaporijia, exemple de tactique hybride. Elle a été occupée au mépris du protocole additionnel n°1 de 1977 aux conventions de Genève de 1949 tel qu’il est précisé dans son article 56 faisant de cette occupation en temps de guerre une action illégale et surtout aux risques importants.

Une stratégie hybride russe riche d’enseignements

Cette remise en cause du droit international dans la guerre russo-ukrainienne est intégrée désormais dans la stratégie hybride, expression qui semble plus exacte que « guerre hybride » ou « menaces hybrides ». La stratégie est en effet la mise en œuvre de tous les moyens, militaires ou pas, en vue de l’objectif à atteindre. Aujourd’hui, par son approche « hybride », elle intègre les différentes menaces constatées aujourd’hui : énergie, alimentation, économie, informationnelle comprenant cyber-guerre, propagande et subversion, et bien sûr l’expression même de la puissance, la force armée, y compris l’arme nucléaire.

La stratégie hybride de la Russie a été préparée depuis 2008 avec l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en tant que président de la Russie. L’agression militaire en Ukraine n’en est que l’aboutissement final. Outre la remontée en puissance de l’armée russe, l’arme de l’énergie, notamment du gaz naturel, est sans aucun doute celle dont l’emploi a été planifié en amont. La Russie approvisionnait en gaz l’Union européenne à hauteur de 40% jusqu’en 2022. La collusion germano-russe notamment s’est révélée avec la construction de Nordstream 2 à compter d’avril 2018. Ce gazoduc vers l’Europe a été conçu notamment pour neutraliser le gazoduc actuel « Brotherhood » pour lequel l’Ukraine perçoit un droit de passage (1,5 milliard d’euros). Le contrôle du débit de Nordstream 1, construit en 2012 par Gazprom, en est un autre exemple.

Une seconde arme a été alimentaire avec finalement cet accord commercial sur le blé et les engrais qui permet aux deux belligérants de financer leur guerre sous couvert d’une aide humanitaire à une partie de la planète. La guerre de l’information a représenté une autre arme pour fragiliser l’Union européenne et fragmenter les opinions publiques. Avant leur interdiction, les chaines d’information russes faisaient partie des paysages médiatiques des différents États européens. Un dernier exemple de stratégie hybride est celui de la Chine, principal État pollueur, quittant les négociations sur le climat en représailles de la visite de Nancy Pelosi à Taiwan le 2 août 2022.

Le retour de la force militaire comme instrument de puissance

La guerre russo-ukrainienne apprend aux européens que leur sécurité n’est et ne sera pas éternelle et qu’il faudra anticiper et répondre aux stratégies agressives d’États concurrents. L’instrument de puissance qui reprend sa place sur le continent européen est celui de la force militaire largement écartée de la réflexion stratégique européenne. Certes, celle-ci s’est appuyée sur un premier concept stratégique de l’Union européenne en 2003 mais axé sur le terrorisme. En juin 2016, une mise à jour était publiée. Enfin, sans doute dans la perspective de la présidence française, le document « Une boussole stratégique en matière de sécurité et de défense[1] », considéré comme le premier Livre blanc européen sur la défense, annoncée en novembre 2021, a été publié en mars 2021 après une ultime mise à jour en raison de l’agression russe.

Cependant, comme toujours, la puissance militaire est diffuse et cette « boussole stratégique » ne prépare pas la réponse à une agression de haute intensité. Ainsi, pour agir rapidement, ce document demande le renforcement des missions et opérations PSDC civiles et militaires, une capacité de déploiement rapide de l’Union européenne jusqu’à 5 000 militaires à partir des groupements tactiques existant, la consolidation des structures de commandement, le renforcement de la capacité de déploiement à travers des exercices réguliers. Il envisage de développer la fonction « renseignement » notamment pour détecter les menaces hybrides et y réagir (lutte contre les activités de manipulation de l’information et d’ingérence).  Cela inclut la cyber-défense mais aussi des actions dans les domaines maritime, aérien et spatial, notamment en étendant les présences navales notamment en Indopacifique. Les équipements bien sûr sont importants et il s‘agirait de dépenser plus et mieux comme en témoigne l’achat par la Pologne… de 450 chars Abrams. Enfin, il s’agit de renforcer les partenariats stratégiques avec l’OTAN.

La guerre sur le continent européen est un retour brutal à la réalité pour l’Union européenne qui doit désormais prendre en compte cette insécurité globale prise en compte imparfaitement par la « boussole stratégique ».

Quelles conséquences pour l’Europe ?

Les conséquences pour l’Europe seront sans aucun doute immenses mais avec des variantes en fonction des organisations et des instruments de puissances. Elles conduisent avant tout à définir la sécurité sous toutes ses formes comme un enjeu majeur en s’appuyant sur les instruments de puissance. Tels qu’ils sont définis en général dans les documents de stratégie et de doctrine, les instruments de puissance d’un Etat comprennent la diplomatie, la défense au sens des capacités militaires, l’économie et l’information. Ils ont donc vocation à répondre aux menaces de demain au service d’une stratégie étatique ce qui paraît évident. En revanche, dans une organisation à 27 et plus, se pose l’attribution de l’ensemble des instruments de puissance à une organisation collective, sans nuire à la souveraineté des États et sans évoluer vers une fédération.

Réapprendre ce qu’est un rapport de forces

L’Union européenne doit apprendre ce qu’est le rapport de forces, y compris militaire et pouvoir compter sur ses propres capacités à partir d’appréciations pragmatiques et moins moralisatrices. L’agression russe aujourd’hui, d’autres agressions militaires peut-être demain, remettent et remettront la liberté de décision collective que revendique l’Union européenne, y compris face aux guerres auxquelles elle devra faire face. Déjà elle a intégré pour la première fois et sans doute avec une certaine amertume qu’elle ne pouvait s’affranchir des questions militaires dans un cadre collectif. Les avertissements ont été pourtant nombreux depuis l’administration Trump exigeant que les européens consacrent 2% de leur PIB à la défense, finalement obtenu « grâce » à l’agression russe.

Ainsi, en août 2021, les Américains abandonnent leurs alliés européens encore présents en Afghanistan par la décision unilatérale de quitter le pays. L’éviction de la France de l’Indopacifique par le biais de la vente de sous-marins est aussi un signe de l’échec d’une politique de puissance européenne. En même temps, un document européen précisant la politique de l’Union européenne était en effet publié alors que la liberté de circulation par voie maritime est indispensable à son économie et est donc stratégique. Comme nous l’apprend ou nous le rappelle la guerre russo-ukrainienne, sinon les tensions chinoises autour de Taïwan, l’Union européenne découvre sa faiblesse et la menace sur son ambition de puissance, sinon sur sa souveraineté collective : sécurité énergétique, sécurité alimentaire y compris l’eau, sécurité des frontières, sécurité des voies d’approvisionnement notamment maritimes, sécurité des principes démocratique régissant ce qui est devenu à nouveau le bloc occidental face au bloc plus ou moins uni des États autoritaires, capacité enfin à défendre militairement les intérêts européens là où ils sont menacés. Tous ces éléments prennent leur place dans un contexte de dérèglement climatique et de ressources qui deviendront de plus en plus rares et convoitées.

Une Alliance atlantique indispensable à la sécurité européenne

La sécurité européenne est indissociable d’un bloc otanien. L’OTAN n’est plus en « mort cérébrale » et se révèle indispensable à la défense de l’Europe. Elle a été revitalisée par cette agression russe. Elle a empêché toute extension du conflit hors du théâtre ukrainien des opérations. Elle sera renforcée par deux États, la Suède et la Finlande, qui assureront la continuité géographique du bloc occidental européen. L’accès de la mer Baltique à la Russie sera sous le contrôle de l’OTAN mais donnera aussi une importance stratégique nouvelle à l’Arctique, autre zone potentielle de conflit qui, peu à peu, s’ouvre à la navigation. Reste cependant le cas de la Turquie, facteur de nuisance, bien trop proche de la Russie dont elle est dépendante pour son énergie (45 %) et son blé (70 %) et contre laquelle elle n’applique pas les sanctions décidées par les occidentaux. Si son parlement ne valide pas l’accord, elle peut encore refuser l’adhésion à l’OTAN des deux nouveaux États alors que sa politique étrangère dans le Caucase, en Syrie, en Libye et en Méditerranée orientale reste agressive.

Pour autant, l’OTAN a mis en œuvre sa force de réaction rapide face à la Russie. Depuis janvier 2022, la France assure pour un an la fonction de nation-cadre et le commandement de deux de ses composantes (forces terrestres et forces aériennes). Elle a fourni 7 000 hommes sur les 20 000 personnels de cette force. Cependant les renforts déployés « en réassurance » ont été en grande partie américains soit plus de 20 000 hommes des forces terrestres. L’appui notamment en renseignement et en équipements militaires au profit de l’Ukraine (10 milliards de dollars, 12 milliards depuis 2014) a montré que la défense de l’Europe ne pouvait se concevoir sans les États-Unis mais aussi que ceux-ci ne pouvaient pas se désengager à court sinon à moyen terme pour concentrer leurs efforts face à la Chine dans le Pacifique.

Le soutien américain à la défense de l’Europe aura un prix. L’achat d’équipements militaires — les États-Unis sont le premier exportateur mondial d’armement — au détriment d’une industrie européenne d’armement en est une conséquence potentielle sinon déjà en partie actée d’autant que seuls les États-Unis peuvent produire en masse des équipements. Comme en témoigne la prise en compte de la menace chinoise dans le nouveau concept stratégique de l’OTAN[2], les États-membres devront aussi soutenir les États-Unis en cas d’affrontement sino-américain alors que la stratégie hybride de la Russie montre ce que la Chine pourrait employer comme moyens au service de sa propre stratégie.

Il est clair cependant que la puissance militaire en Europe est aux mains des États-Unis, sinon aussi des Britanniques. La défense de leurs intérêts en Europe primera. Américains et Britanniques étaient garants par le mémorandum de Budapest (5 décembre 1994) de la sécurité ukrainienne en échange de la dénucléarisation de l’Ukraine. Depuis 2014, avec les Canadiens, ils ont formé l’armée ukrainienne après l’invasion de la Crimée mais la question du non-respect du mémorandum de 1994 pourrait être posée.

De nouvelles problématiques pour l’Union européenne

Enfin, la défense de l’Europe par l’Union européenne ne peut pas évacuer la prise en compte de sa sécurité qui comporterait au moins trois problématiques. La première est celle de la dissuasion nucléaire. En effet la guerre russo-ukrainienne a levé le tabou de l’arme nucléaire comme arme d’emploi au moins dans le discours de propagande. Elle a intégré une « stratégie » du risque nucléaire, civil ou militaire, régulièrement mis en avant depuis le 24 février 2022 que ce soit de la part de l’Ukraine ou de la Russie. Cette situation conduit à envisager une dissuasion qui ne dépend pas des États-Unis. En l’occurrence, l’apport de la dissuasion nucléaire accordée unilatéralement jusqu’à présente par la France à l’Europe[3] doit être étudiée.

La seconde problématique est celle de la place de l’Union européenne comme puissance politique et militaire. La paix qui, tôt ou tard, se négociera entre la Russie et l’Ukraine doit inclure l’Union européenne comme l’un des acteurs principaux des négociations et non le simple acteur financier de la reconstruction post-conflit. Cela participe aussi de la construction d’une architecture de sécurité en Europe qui la concerne au premier chef et doit correspondre à ses intérêts de puissance.

Enfin, une troisième problématique en complément du concept de la boussole stratégique est celle de l’autonomie des armées européennes en termes d’équipements militaires. La base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne devra être robuste pour préserver sinon renforcer cette autonomie. Le rôle par exemple de l’Agence européenne de défense (AED) pourrait être accru par un pouvoir de validation des achats d’un système d’arme dès lors qu’il est produit hors de l’Union européenne. L’objectif serait de donner la priorité à l’acquisition d’armements européens et non américains notamment. Elle devrait aussi permettre de limiter les effets de la réglementation américaine ITAR (International Traffic in Arms Regulations) qui contrôle notamment l’usage de la technologie américaine dans les systèmes d’armes non américains.

* * *

Pour conclure, la guerre russo-ukrainienne a-t-elle permis à l’Union européenne de prendre conscience des enjeux sécuritaires ? Sans aucun doute au moins tant que la guerre durera ? Ce conflit lui impose néanmoins de prendre ses intérêts de puissance au sérieux en privilégiant son autonomie stratégique y compris dans le domaine militaire, sinon même dans celui du nucléaire militaire. Assurer cette sécurité collective et ses nombreuses facettes est le principal enjeu alors que les menaces sur la paix sont multiples : la guerre certes mais aussi le dérèglement climatique et ses effets sur les États et les peuples amenées à migrer, la raréfaction des ressources notamment énergétiques, la volonté de puissance de nouveaux États. L’Union européenne ne sera réellement crédible et ne remplira sa fonction protectrice de ses populations que si elle assume un changement radical dans sa compréhension de la puissance et surtout de son application. Pragmatisme et realpolitik sont les clés de cette révolution à venir ou du moins attendue.

 

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Une analyse de l’engagement militaire français au Sahel

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Une analyse de l’engagement militaire français au Sahel

 

par Michel Goya – La Voie de l’épée – publié le 16 août 2022

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


Le Sahel occidental a longtemps été une zone de faible présence française, du fait de la proximité hostile de l’Algérie, mais surtout d’un rejet plus fort qu’ailleurs de l’ancien colonisateur. La France n’y est intervenue militairement qu’en 1978-1979 en Mauritanie.

De l’arrivée d’AQMI à Serval

Les choses évoluent avec l’implantation au nord du Mali au début des années 2000 des Algériens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui devient Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007 et organise des attaques contre les pays voisins et les intérêts français dans la région (prises d’otages).

La réponse française est discrète, misant sur l’action clandestine de la DGSE du Commandement des opérations spéciales (COS) qui installe la force Sabre près de Ouagadougou en 2009. Cet engagement s’inscrit dans un « plan Sahel » où il s’agit d’aider les armées locales à lutter contre les groupes djihadistes et à intervenir pour tenter de libérer les otages. Le plan Sahel a peu d’impact, sauf en Mauritanie où le président Aziz, restructure efficacement son armée et développe une stratégie intelligente de lutte contre les djihadistes. Le Mali néglige la proposition française, alors que le nord est devenu une zone franche pour toutes les rébellions.

La situation prend une nouvelle tournure fin 2011 avec la remontée en puissance au Mali du mouvement touareg, renforcé par le retour de combattants de Libye, mais aussi la formation de nouveaux groupes djihadistes comme Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali, et le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO, futur Al-Mourabitoun). Début 2012, toutes ces organisations s’emparent du nord du Mali.

Critiquant l’inaction du gouvernement, un groupe de militaires maliens organise un coup d’État en mars 2012. Commence alors une longue négociation pour rétablir des institutions légitimes au Mali et leur autorité sur l’ensemble du pays. La France saisit l’occasion pour se placer en soutenant l’idée d’une force interafricaine de 3 300 hommes et d’une mission européenne de formation militaire (European Union Training Mission, EUTM) destinée à reconstituer l’armée malienne. La France annonce qu’elle appuiera toutes ces initiatives, mais sans engagement militaire direct (« La France, pour des raisons évidentes, ne peut être en première ligne » Laurent Fabius, 12 juillet 2012).

L’attaque djihadiste de janvier 2013 prend tout le monde de court. On redécouvre alors que la France est la seule « force de réaction rapide » de la région. À la demande du gouvernement malien, le président Hollande décide d’engager des bataillons au combat, une première en Afrique depuis 1979. L’opération Serval est alors un succès. En deux mois, et pour la perte de six soldats français, nous éliminons 400 combattants, libérons toutes les villes du nord et détruisons les bases. Les trois organisations djihadistes sont neutralisées jusqu’en 2015. Dans la foulée, des élections présidentielles et législatives sont organisées, tandis qu’EUTM et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), qui remplace et absorbe la force interafricaine, sont mises en place.

On aurait pu retirer nos forces et revenir à la situation antérieure. On décide de rester militairement au Mali, au cœur de nombreux problèmes non résolus, dans un pays parmi les plus sensibles à son indépendance et avec déjà l’accusation de partialité vis-à-vis des Touaregs.

L’opération Barkhane : un pari risqué

La nouvelle mission des forces françaises est de « contenir l’activité des “groupes armés terroristes (GAT)” à un niveau de menace faible jusqu’à ce que les forces armées locales puissent assurer elles-mêmes cette mission dans le cadre d’une autorité restaurée des États ».

L’équation militaire française consiste donc en une course de vitesse entre l’érosion prévisible du soutien des opinions publiques française et régionales à l’engagement français et l’augmentation rapide des capacités des forces de sécurité locales.

Comment contenir un ennemi désormais clandestin ? Il n’y a que deux méthodes possibles :

–       La recherche et la destruction des bandes ennemies (par des raids au sol ou par hélicoptères) et des frappes aériennes. On parlera alors de pression.

–        L’accompagnement des troupes locales au combat pour les aider à contrôler le terrain.

On choisit la première méthode qui paraît moins risquée et plus adaptée à nos moyens matériels et nos faibles effectifs. Nous cherchons donc à éliminer le plus possible de combattants ennemis. Cette approche ne fonctionne que si on élimine suffisamment de combattants pour écraser l’organisation ennemie et l’empêcher de capitaliser sur son expérience. En dessous d’un certain seuil en revanche, l’ennemi tend au contraire à progresser. Jusqu’en 2020, nos pertes sont faibles (un mort tous les quatre mois, souvent par accident) mais nous n’exerçons pas assez de pression, car nos forces sont dispersées dans le monde et dans Sentinelle.

Le problème majeur de l’équation militaire reste cependant que l’absence de « relève ». Malgré des moyens considérables, la MINUSMA est incapable de faire autre chose que se défendre et n’a donc aucun impact sur la situation sécuritaire. Les Forces armées maliennes (FAMa) évoluent peu depuis 2014 malgré la mission EUTM car personne ne touche vraiment à la faiblesse structurelle, pour ne pas dire la corruption, de leur infrastructure administrative. Il ne sert à rien de former des soldats, s’ils ne sont pas payés et équipés correctement. La Force commune du G5-Sahel créée en 2017 et qui s’efforce de coordonner l’action des armées locales autour des frontières, mène très peu d’opérations.

Dans ces conditions, et compte tenu par ailleurs de l’incapacité des États à assurer leur mission d’administration et de justice, malgré toutes les promesses de l’aide civile internationale, les organisations djihadistes ou autres s’implantent dans les zones rurales par la peur mais aussi par une offre alternative d’administration. L’aide humanitaire ne change rien.

Malgré les accords d’Alger de 2015, le conflit du nord Mali contre les séparatistes touaregs reste gelé. De nouvelles organisations djihadistes apparaissent sur de nouveaux espaces comme le Front de libération du Macina (FLM) actif au centre du Mali, qui finit par s’associer aux groupes historiques pour former en 2017 le Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans (RVIM ou Groupe de Soutien IM). On voit apparaître également l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) dont l’action s’étend dans la zone des « trois frontières » entre le Mali, Niger et Burkina Faso. Par contrecoup, on voit également se multiplier des milices d’autodéfense nourries par les tensions socioethniques croissantes.

L’année 2019 est une année noire. La violence contre la population double par rapport à l’année précédente. Les armées locales subissent des coups très forts et sont au bord de l’effondrement. Dans le même temps, l’image de la France se dégrade. Elle se trouve accusée simultanément de protéger les séparatistes de l’Azawad, de soutenir des gouvernements corrompus et surtout d’être impuissante à contenir le développement des djihadistes malgré tous ses armements modernes.

La France attend finalement la mort de 13 soldats français (accident d’hélicoptères) le 25 novembre 2019 pour réagir. Le sommet international de Pau en janvier 2020 conclut qu’il faut augmenter les moyens (600 soldats de plus, drones armés) et l’activité de Barkhane. On annonce la mise en place de la Task Force Takuba composée d’équipes de conseillers issues des forces spéciales européennes. Avec ces nouveaux moyens et une plus grande prise de risques (dix soldats français tués en 2020), Barkhane exerce une pression beaucoup plus forte qu’auparavant sur l’ennemi. Abdelmalek Droukdel, leader d’AQMI est tué en juin 2020. On s’approche de la neutralisation de l’EIGS et peut-être aussi d’AQMI. Le discours du RVIM change, expliquant que leur combat est local et qu’il n’est pas question d’attaquer en Europe.

On ne sait pas exploiter politiquement cette nouvelle victoire, alors que l’on sait qu’il n’est plus possible de continuer très longtemps Barkhane à un tel coût humain et financier (un milliard d’euros par an). Il faut à ce moment-là faire évoluer l’opération pour la rendre plus durable. On tarde trop. L’idée de remplacer les bataillons français par Takuba est bonne, mais réalisée en coalition européenne sa constitution prend des années et son objectif n’est pas très clair pour les Maliens (aide véritable ou opération intra- européenne ?).

Surtout, cette évolution militaire s’effectue dans un cadre diplomatique rigide et maladroit. Plusieurs chefs d’État, comme le président Kaboré (Burkina Faso) ont critiqué « la forme et le contenu » du sommet de Pau, qui sonnait comme une convocation autoritaire et qui selon lui « ont manqué de tact ». Le gouvernement de Bamako est obligé de rappeler son ambassadeur à Paris en février 2020 après des propos jugés offensants. Il se trouve au même moment empêché de négocier avec certains groupes djihadistes locaux, jusqu’à ce que le nouveau pouvoir installé par la force à Bamako en août 2020 passe outre et négocie la libération de Soumaïla Cissé, et de la Française Sophie Pétronin, contre la libération de 200 prisonniers.

La décision de transformation de l’opération Barkhane est finalement annoncée le 10 juin 2021 par le président de la République. Il aurait sans doute été préférable de le faire en février à l’issue du sommet de N’Djamena, et elle est mal présentée. Tout le monde interprète la « fin de Barkhane » (alors qu’il aurait fallu parler de transformation) comme une décision unilatérale en représailles au nouveau coup d’État à Bamako en mai 2021. Le Premier ministre Maïga se plaint alors à la tribune des Nations-Unies d’être placé devant le fait accompli sans concertation, parle alors d’« abandon en plein vol » et de son intention de faire appel à d’autres partenaires, c’est-à-dire la Russie, ce qui suscite une nouvelle crise. Au lieu de s’en accommoder, la France s’en offusque inutilement puisque les Russes arrivent quand même. Après plusieurs échanges aigres, l’ambassadeur de France est renvoyé fin janvier 2022 et le gouvernement malien impose des restrictions d’emploi aux forces européennes sur le territoire du pays. Il est alors décidé de mettre fin à Takuba tandis que la transformation de Barkhane, se poursuit.

Et maintenant

La guerre continue. Les trois dernières bases au Mali (Gao, Gossi, Ménaka) vont être évacuées, ce qui va prendre plusieurs mois. Le centre de gravité de l’effort de Barkhane est désormais à Niamey, où se trouvent la force aérienne de combat (drones, Mirage 2000) et un bataillon qui accompagne les forces nigériennes. La force Sabre continue ses opérations. Il reste à déterminer ce que nos aéronefs seront autorisés à faire au Mali. Faudra-t-il répondre aux appels au secours des FAMa ? Pourra-t-on mener un raid de forces spéciales pour éliminer un leader ennemi ? Faudra-t-il demander des autorisations de vol pour appuyer la MINUSMA ?

On ne voit pas très bien comment les choses vont évoluer au Mali entre un long statu quo de pays fragmenté, une reconquête effective (peu probable) ou au contraire un effondrement de cet État. Il n’est pas exclu que l’on nous appelle alors encore au secours.

Au Niger, le combat continue mais avec deux problèmes : le Niger fait face à d’autres organisations armées (ISWAP, Boko Haram) que celles que nous combattons, va-t-on s’engager contre elles ? Ne peut-on craindre aussi à terme un rejet de la « greffe française » si la situation ne s’améliore pas ou si le pouvoir, pour l’instant favorable, change de main. Le nouveau régime au Burkina Faso paraît actuellement, et c’est nouveau, demandeur de l’aide française.

Il faut expliquer que nous trouvons face à une situation complexe et mouvante qui le restera longtemps par l’action de multiples facteurs. Nous avons affaire à des États qui luttent pour éviter d’être débordés par cette entropie et doivent faire face à des alternatives de société (émirats). La question est de savoir dans quelle mesure nous voulons et nous pouvons participer à cette guerre, avec cet atout que nous sommes toujours l’acteur militaire le plus efficace dans la région et cet inconvénient que notre position d’ancien colonisateur rend sensible tout engagement dans la durée.

Si nous choisissons de poursuivre la guerre, il convient de le dire clairement en expliquant qu’il s’agit d’un engagement de très longue durée et de la faire correctement, c’est-à-dire de la manière la moins coûteuse possible, en termes de pertes humaines, mais aussi d’image, de dépenses financières, d’usure d’équipements précieux.

Il conviendra d’être prudent et respectueux des États locaux, ce sont eux qui décident ou non de la poursuite de notre action, bien plus que l’ennemi. Il faut moins donner de leçons et plus écouter. Moins appliquer nos solutions que de s’adapter aux leurs.

Il conviendra d’être plus cohérent, en réunissant sous un même commandement, toutes les forces françaises en Afrique occidentale et centrale. Dans l’idéal, il conviendrait d’y intégrer nos instruments d’influence et de puissance, qui fonctionnent parfois de manière concurrente (les militaires français gardent un mauvais souvenir des relations avec l’AFD). Il serait bon aussi que l’on soit enfin capable de combattre dans le champ de l’information.

On pourra s’inquiéter de notre absence de diplomatie d’armements. Faute de pouvoir leur proposer des équipements low cost et rustiques adaptés aux conditions de la guerre dans le Sahel et des budgets réduits, les États locaux achètent russe, chinois et lorsqu’ils découvriront qu’ils peuvent disposer de drones armés turcs à un ou deux millions d’euros, ils feront appel aux Turcs. Nous ne sommes plus sur ce terrain d’influence.

Il faut réfléchir également à comment être sur le terrain en étant moins visible. Il faut certainement refaire un effort sur la formation des armées locales à partir de nos bases en Côte d’Ivoire, Sénégal et Gabon. Il faut accroître notre capacité à accompagner, et même vivre avec, les forces locales. La fusion de troupes françaises et de troupes locales, reste à ce jour la méthode qui a fait le plus ses preuves. Il faut sans doute envisager de le faire aussi avec des sociétés privées françaises, par exemple dans des forces aériennes low cost, sous uniforme et commandement local mais avec un contrôle français sur les règles d’engagement. 

Si nous voulons continuer la guerre, il faut innover.

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L’armée française quitte le Mali après plus de neuf ans d’intervention

admin Informations 16 août 202216 août 2022Forces armées, Les menaces, Opex 0 commentaire

L’armée française quitte le Mali après plus de neuf ans d’intervention

 

L'armee francaise quitte le Mali apres plus de neuf ans d'intervention
L’armée française quitte le Mali après plus de neuf ans d’intervention © AFP/Archives/FLORENT VERGNES

Le point – Source AFP Publié le 15/08/2022 

https://www.lepoint.fr/societe/l-armee-francaise-quitte-le-mali-apres-plus-de-neuf-ans-d-intervention-15-08-2022-2486390_23.php

Plus de neuf ans après avoir été accueillis au Mali comme des “sauveurs” face aux groupes jihadistes, les militaires français ont achevé lundi leur retrait du pays, dans un climat d’acrimonie avec les colonels au pouvoir et d’hostilité grandissante de la population locale.

“Ce jour, à 13H00 (heure de Paris), le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger. Il provenait de la plateforme opérationnelle désert de Gao, transférée aux forces armées maliennes depuis ce matin“, a annoncé l’état-major des armées, se félicitant que ce “défi militaire logistique majeur” ait été “relevé en bon ordre et en sécurité”.

Ce retrait, ordonné le 17 février par le président Emmanuel Macron, met un terme à près d’une décennie d’intervention militaire française au Mali, probablement le dernier engagement de cette ampleur avant longtemps.

Le chef de l’Etat a salué dans un communiqué l’engagement des militaires français “qui, depuis neuf années, ont combattu les groupes armés terroristes sur la terre malienne” et dont 59 ont “payé le prix de leur vie“.

“Leur sacrifice nous oblige et nous rappelle que nos soldats ont, durant ces années, préservé l’unité du Mali, empêché la constitution d’un califat territorial et lutté contre les groupes terroristes qui frappent les populations locales et menacent l’Europe“, souligne M. Macron.

Leur efficacité “durant toutes ces années et jusqu’à ces derniers jours a été démontrée par la neutralisation de la plupart des plus hauts cadres de la hiérarchie des groupes terroristes sahéliens”, ajoute-t-il.

“Moins exposés”

Dans une critique implicite des autorités maliennes issues de deux coups d’État, il réaffirme sa volonté de “poursuivre cet engagement au côté de tous les Etats qui font le choix de la lutte contre le terrorisme et du respect de la stabilité et de la coexistence entre les communautés” en Afrique de l’Ouest.

A l’opération Serval lancée en janvier 2013 contre les groupes jihadistes qui avaient conquis le nord du pays et menaçaient de descendre sur Bamako, la capitale, a succédé en août 2014 Barkhane, visant les jihadistes disséminés dans les pays de la bande sahélo-saharienne, qui a mobilisé jusqu’à 5.500 hommes sur le terrain en 2020.

Cette présence militaire au Sahel sera divisée par deux d’ici la fin de l’année, à environ 2.500 militaires. Le Niger a accepté le maintien d’une base aérienne à Niamey et l’appui de 250 soldats pour ses opérations militaires à la frontière malienne.

Le Tchad continuera à héberger une emprise française à N’Djamena et la France espère conserver un contingent de forces spéciales à Ouagadougou, la capitale burkinabè. Paris discute avec d’autres pays d’Afrique de l’Ouest pour proposer son appui, notamment dans le Golfe de Guinée.

Mais les interventions militaires françaises vont évoluer vers des “dispositifs moins posés et moins exposés”, a affirmé Emmanuel Macron le 13 juillet.

Il s’agit notamment d’éviter la cristallisation parmi les populations d’une hostilité contre l’ancienne puissance coloniale, alimentée par la persistance de l’insécurité et attisée selon Paris par des campagnes de désinformation délibérées sur les réseaux sociaux.

Ce retrait solde près d’un an de relations de plus en plus acerbes entre Paris et les colonels au pouvoir à Bamako depuis le putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020.

“posture néo-coloniale”

Les colonels, qui se sont tournés vers la Russie — allant même jusqu’à s’assurer les services du groupe paramilitaire russe Wagner, selon Paris et l’ONU — ont rompu en mai les accords de défense avec Paris et ses partenaires européens, après avoir fait de l’obstruction pendant des mois contre Barkhane.

Bamako, qui réfute avoir fait appel à Wagner, a reproché en juillet au président français une “posture néo-coloniale”, selon l’expression du porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, l’accusant d’attiser les haines ethniques par ses critiques contre l’armée malienne.

Il réagissait à des propos de M. Macron pour qui “les choix faits par la junte malienne aujourd’hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme, ça n’est d’ailleurs plus leur objectif”.

Au Mali, la France s’est trouvée prise, selon les experts, entre une logique politique qui lui dictait de partir le plus rapidement possible, et une logique d’efficacité militaire qui l’incitait au contraire à rester jusqu’à ce que les armées locales puissent prendre la relève.

“On sait maintenant, depuis l’Afghanistan, qu’une opération extérieure avec beaucoup de forces occidentales au sol ne peut pas durer éternellement“, expliquait ainsi à l’AFP il y a quelques mois Alain Antil, spécialiste du Sahel à l’Institut français des relations internationales (Ifri), soulignant “les limites” des “grosses opérations, avec beaucoup d’hommes, beaucoup de présence sur le terrain et beaucoup de visibilité politique“.

“Si demain on bascule vers des dispositifs (avec) plus de soutien au combat de certains bataillons d’armées nationales, de travail de forces spéciales, d’appui aérien, l’exposition politique de la France sera beaucoup moindre, avec une efficacité qui sera toujours là”, selon lui.

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