Afghanistan : soldats déployés, ambassade déplacée… la France s’active pour protéger ses ressortissants

Afghanistan : soldats déployés, ambassade déplacée… la France s’active pour protéger ses ressortissants

La capitale afghane étant aux mains des talibans, Paris a annoncé dimanche avoir déplacé son ambassade à l’aéroport de Kaboul. De son côté, Emmanuel Macron présidera lundi un Conseil de défense.

 

De nombreuses personnes quittent l'Afghanistan depuis l'avancée des talibans, comme ici cet Afghan qui se dirige vers l'aéroport de Kaboul. REUTERS/Stringer
De nombreuses personnes quittent l’Afghanistan depuis l’avancée des talibans, comme ici cet Afghan qui se dirige vers l’aéroport de Kaboul. REUTERS/Stringer

15 août 2021

https://www.leparisien.fr/international/afghanistan-la-securite-des-francais-sur-place-priorite-immediate-et-absolue-de-lelysee-15-08-2021-RIQV3QNMRJFWNM63PT2RIUPIEM.php


La situation s’accélère dangereusement à Kaboul. Ce dimanche, alors que les talibans sont arrivés aux portes de Kaboul et ont poussé le président Ashraf Ghani à quitter le pays, la communauté internationale s’attelle dans l’urgence à organiser l’évacuation de ses ressortissants vivant sur place. Des habitants ont même affirmé les avoir observés à l’intérieur de la ville. Alors que la transition du pouvoir est clairement entamée, et même si le groupe islamique armé a promis d’éviter les effusions de sans, du côté de l’Élysée, on presse les Français à partir.

« La priorité immédiate et absolue dans les prochaines heures est la sécurité de nos compatriotes qui ont été appelés à quitter l’Afghanistan, ainsi que des personnels sur place, français et afghans », a déclaré l’Élysée dimanche. En juillet, un vol avait déjà été affrété pour des ressortissants français et des Afghans ayant travaillé pour la France. Elle est l’un des rares pays qui n’a pas fermé son ambassade, alors que Londres et Washington envoyaient des militaires évacuer leur personnel diplomatique.

Dimanche soir, Paris a par ailleurs annoncé le déploiement de renforts militaires aux Emirats voisins pour évacuer ses ressortissants d’Afghanistan. « Deux avions de transport de l’Armée de l’Air et de l’Espace, un C130 et un A400M, avec à leur bord du fret et des personnels décolleront cette nuit et demain matin pour la Base aérienne 104 (BA104) d’Al Dhafra aux Émirats arabes unis (EAU) », a confirmé le ministère des Armées. Une première rotation est prévue le 16 août vers les Emirats arabes unis, où seront accueillis les ressortissants avant d’être rapatriés en métropole par d’autres avions militaires.

De même, l’ambassade française a été déplacée à l’aéroport de la capitale afghane et Emmanuel Macron présidera ce lundi un Conseil de défense consacré à la situation sur place. Le président prendra la parole le soir-même, à 20 heures.

Une situation « très préoccupante »

Plus largement, l’exécutif se dit également « aux côtés du peuple afghan et en lien permanent et étroit avec nos partenaires américains et européens », et qualifie la situation de « très préoccupante ». L’Otan a d’ailleurs estimé dimanche qu’il était « plus urgent que jamais » de trouver une solution politique au conflit en Afghanistan.

Depuis mai, les talibans mènent une offensive éclair sur le pays, prenant le contrôle d’une large partie du territoire ces derniers jours. Cette avancée s’est faite à la faveur du désengagement des troupes américaines et de l’Otan. Sur place, les Afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que des journalistes, des militants des droits de l’homme, des artistes se sentent particulièrement menacés. L’Élysée assure avoir maintenu sur le terrain les capacités de les protéger.

Réactions inquiètes de la sphère politique

Responsables politiques de tous bords se sont alarmés de l’avancée des talibans. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a déploré la « déroute » américaine et a mis en garde sur la présence française au Mali, estimant qu’il était temps de « réfléchir avant de s’engager dans des guerres sans issue ». Marine Le Pen (RN) a déploré l’avancée de « l’islamisme » et la responsabilité de l’Union Européenne.

À gauche, l’eurodéputé Place publique/PS Raphaël Glucksmann a estimé que « la débâcle en Afghanistan est totale » et que « la dignité est un mot vide de sens pour les dirigeants occidentaux ». Défaitiste, il a affirmé : « les diplomates, militaires, citoyens américains et européens seront évacués. Les Afghans qui nous ont aidés ces vingt dernières années seront abandonnés aux mains des talibans ».

A droite, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a déclaré que « par faiblesse coupable, l’Occident perd une bataille essentielle dans la guerre contre l’islamisme », alors que « la reconquête de l’Afghanistan par les talibans est une tragédie pour ce pays et une nouvelle menace pour la paix du monde. » Pour Nicolas Dupont-Aignan, élu de l’Essonne, il faut « tirer les leçons de ce retrait américain désastreux pour ne pas faire la même chose au Sahel ».