Certaines bases aériennes françaises seraient « régulièrement survolées » par des drones indésirables

Certaines bases aériennes françaises seraient « régulièrement survolées » par des drones indésirables

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Les réformes menées entre 2008 et 2015 [Révision générale des politiques publiques, Modernisation de l’action publique, etc] ont conduit à une réduction assez significative du format de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], celle-ci ayant perdu 30% de son effectif et fermé 17 bases aériennes. Si toutes les spécialités ont eté impactées, certaines l’ont été plus que d’autre… comme celle des fusiliers commandos de l’Air.

En 2017, le général André Lanata, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air [et de l’Espace], s’en était inquiété. « À la suite des diminutions d’effectifs décidées dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, 40 % des sites de l’armée de l’Air ne disposent plus de personnel de protection dédié », avait-il affirmé lors d’une audition parlementaire.

En outre, le surengagement des fusiliers de l’Air ne pouvait qu’avoir des conséquences sur leur fidélisation, 70% d’entre eux n’ayant pas renouvelé leur premier contrat à l’époque. Aussi, « nous sommes obligés de recourir des tours de garde par le personnel de toutes spécialités pour assurer la sécurité et la protection de nos emprises », avait expliqué le général Lanata.

Cela étant, selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, l’AAE devrait recruter 900 aviateurs supplémentaires, étant donné que l’effort qui lui avait été demandé lors de la précédente décennie était allé beaucoup trop loin.

« Il faut toutefois convenir que cet effort a été excessif et qu’il est aujourd’hui impératif de rééquilibrer le modèle », a d’ailleurs fait valoir le général Frédéric Parisot, le major général de l’AAE, lors d’une audition parlementaire, le 20 juillet dernier.

« La LPM en cours prévoit d’augmenter nos effectifs de 900 personnes entre 2023 et 2025 pour pouvoir honorer nos missions actuelles avec l’efficacité que nos concitoyens attendent. Ces 900 effectifs représentent trois quarts des augmentations des effectifs air prévus sur l’ensemble de la LPM. Une révision à la baisse de ces objectifs ne serait pas soutenable », a continué le MGAAE.

Interrogé sur la répartition de ces 900 postes, le général Parisot a répondu qu’ils seraient orientés vers l’espace et le cyber, mais aussi « vers le commandement et le contrôle » [C2], notamment au Centre air de planification et de conduite des opérations [CAPCO] de Lyon, ainsi que vers « des spécialités un peu trop élaguées au moment de la révision générale des politiques publiques », dont celle des fusiliers commandos de l’Air.

Sur ce dernier point, le général Parisot en a trop dit… ou pas assez. En effet, cet effort en faveur des fusiliers commandos de l’Air vise à accroître la protection des emprises de l’AAE et à renforcer la lutte anti-drones, qui « devient une mission à part entière, tant pour protéger les grands événements que nos bases aériennes dont certaines sont survolées très régulièrement », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter : « Cela nous laisse à penser que les ‘agresseurs’ sont bien renseignés, ou ont une bonne idée de ce qui se passe sur la base aérienne ».

Cela d’autant plus que, pour l’AAE, la base aérienne est pensée comme un « outil de combat » à part entière.

L’audition du MGAAE s’étant déroulée à huis clos, son compte-rendu a probablementt été expurgée des éléments n’ayant pas vocation a être mis sur la place publique. Aussi, on n’en saura guère plus sur ces drones qui s’intéressent d’un peu trop près à certaines bases [qui ne sont pas nécessairement celles à vocation nucléaire, ces survols pouvant concerner celles abritant des radars – comme par exemple, le détachement air 928 de Brest-Loperhet – ou celles implantées en outre-Mer et à l’étranger].

Cela étant, un rapport publié par le Sénat en novembre 2019 avait évoqué des « actions de reconnaissance des emprises militaires par des individus aux motivations présentant un risque » qui étaient alors « très fréquentes ». Mais là encore, ses auteurs se gardèrent d’entrer dans les détails.

Peut-être que ces survols dont le général Parisot a fait état ont un lien avec un phénomène observé au Royaume-Uni, impliquant probablement le renseignement chinois… Ainsi, selon un rapport obtenu par le quotidien « The Daily Record » en vertu de la loi britannique sur la liberté d’information, 18 vols de drones ont été constatés entre 2019 et 2021, aux abords de sites sensibles d’outre-Manche, en particulier dans les environs de la base navale de Faslane, qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la Royal Navy.

Photo : Vue aérienne de la BA 116 de Luxeuil