Des bombardiers H-6K chinois déployés pour la première fois sur un îlot de la mer de Chine méridionale

Des bombardiers H-6K chinois déployés pour la première fois sur un îlot de la mer de Chine méridionale

Estimant que la mer de Chine méridionale lui appartient dans sa quasi-totalité et malgré les conclusions de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye selon lesquelles ses prétentions dans cette région ne reposent sur « aucun fondement juridique », Pékin poursuit l’aménagement, à des fins militaires, de plusieurs îlots et récifs des archipels Spratleys et Paracel.

Jusqu’à présent, l’accent avait été mis sur l’installation de capacités d’interdiction et de déni d’accès (A2/AD), avec le déploiement de batteries anti-aériennes ainsi que des systèmes de défense rapprochée (CIWS, close-in weapon system) et antimissile (Hongqi-9/FD 2000, ). En outre, des pistes d’aviation ont été construites sur certains récifs afin de pouvoir accueillir des avions de transport et des appareils de combat.

Pour Pékin, cette politique vise à lui assurer le contrôle de la mer de Chine méridionale, qui est un carrefour de routes maritimes essentielles pour le commerce mondiale (et pour l’approvisionnement de pays comme le Japon). En outre, cette région est riche en ressources naturelles, notamment en hydrocarbures.

Pour faire respecter la liberté de navigation en mer de Chine méridionale, plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, y envoient régulièrement des navires. Ainsi, des destroyers de l’US Navy se sont approchés, à plusieurs reprises, à moins de 12 milles de certains récifs accaparés par Pékin, ce qui donne généralement lieu à de vives protestations chinoises.

Jusqu’à présent, les capacités militaires installés sur ces récifs de la mer de Chine méridionale étaient présentées comme étant purement défensive. Mais ce n’est plus totalement le cas depuis l’annonce faite le 19 mai par le ministère chinois de la Défense.

En effet, ce dernier a indiqué avoir récemment envoyé, et pour la première fois, des bombardiers de type H-6K s’entraîner sur l’un des îlots de cette zone contestée.

Plus précisément, ces bombardiers, capables d’emporter des missiles de croisière KD-20 et KD-63, ont décollé d’une base aérienne située dans le sud de la Chine. Puis, ils ont simulé des frappes « contre des cibles navales » avant d’atterrir sur un îlot non précisé de la mer de Chine méridionale.

Cet « exercice visait à renforcer la capacité au combat face aux menaces de sécurité venant de la mer », a expliqué le ministère chinois de la Défense. Le communiqué publié par ce dernier cite Wang Yanan, le rédacteur d’Aerospace Knowledge, pour qui les bombardiers H-6K pourront désormais être déployés sur les îlots de la mer de Chine du sud, ce qui augmentera leur « portée opérationnelle » et permettra de « dissuader les complots visant à compromettre l’intégrité territoriale de la Chine ».

D’après l’Asia Maritime Transparency Initiative (AMTI), un centre de recherche basé à Washington, l’îlot utilisé pour les exercices des bombardiers chinois serait celui de Woody Island, dans l’archipel Paracel.

Étant donné que les bombardiers H-6K ont un rayon d’action estimé à 3.500 km, l’AMTI estime que l’Armée populaire de libération (APL) peut atteindre n’importe quel point de la mer de Chine méridionale, des Philippines à Singapour, voire le nord de l’Australie et la base américaine de Guam.