Deux avions de combat pour le SCAF « n’est pas inacceptable » mais ce n’est pas la solution privilégiée, selon le DGA

Deux avions de combat pour le SCAF « n’est pas inacceptable » mais ce n’est pas la solution privilégiée, selon le DGA

 

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Étant donné sa complexité, ce programme a été organisé selon plusieurs piliers [avion de combat, moteurs, effecteurs connectés, cloud de combat, cohérence d’ensemble, furtivité, capteurs]. Et, pour chacun d’entre-eux, un maître d’œuvre a été désigné selon le principe du « meilleur athlète ». C’est ainsi que Dassault Aviation a été choisi pour mener les travaux relatifs au NGF, avec Airbus Defence & Security [avec ses filiales allemandes et espagnoles] comme partenaire principal.

Seulement, et alors que la phase 1B, qui doit ouvrir la voie à un démonstrateur du NGF, devrait déjà être en cours, Dassault Aviation et Airbus DS peinent à s’entendre. Ainsi, et après avoir fait beaucoup de concessions, aux dires de son Pdg, Éric Trappier, le premier entend garder les leviers censés lui permettre d’assurer la maîtrise d’oeuvre pour laquelle il a été désigné. Ce que lui consteste le second étant donné qu’il revendique un rôle plus actif dans le domaine des commandes de vol et celui de la furtivité.

Ce désaccord entre Dassault Aviation et Airbus DS est maintenant ancien : il avait en effet été évoqué le 5 février 2021 par Angela Merkel, l’ex-chancelière allemande. « C’est un projet sous leadership français mais il fait quand même que les partenaires allemands puissent être à un niveau satisfaisant face à leurs homologues [français]. Nous devons donc voir très précisément les questions de propriété industrielle, de partage des tâches et de partage de leadership », avait-elle déclaré, à l’issue d’un conseil de défense franco-allemand.

Quoi qu’il en soit, Dassault Aviation ne cache pas son impatience… Et va jusqu’à parler d’un « plan B » s’il n’y aucune avancée d’ici la fin de cette année. Et l’hypothèse d’un échec a été évoquée pour la première fois par l’ex-Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, en juillet. « Si jamais nous échouons dans les projets franco-allemands, nous pourrons continuer à faire de l’aviation de combat à partir d’évolutions successives du Rafale », avait-il dit.

 

 

Les positions de Dassault Aviation et d’Airbus DS sont-elles irrémédiablement inconciliables? En tout cas, selon Emmanuel Chiva, le successeur de M. Barre à la tête de la Direction générale pour l’armement [DGA], les deux industriels sont « en train de discuter ». Et d’ajouter : « J’attends le résultat » de leurs « discussions très rapides » étant donné qu’on devrait en savoir plus d’ici la fin de ce mois, a-t-il confié à BFMTV, le 13 septembre.

Cela étant, si aucun accord n’est trouvé, deux avions de combat pourraient être développées dans le cadre du SCAF, dont un par la France. Cette hypothèse avait d’ailleurs été avancée en février 2021 par le comité d’entreprise allemand d’Airbus Defence & Space et le puissant syndicat IG Metall.

« Il est crucial de transférer à la jeune génération les connaissances des ingénieurs qui ont travaillé sur le Tornado et l’Eurofighter. Si l’Allemagne ne construit pas son propre démonstrateur, ce savoir-faire sera perdu », fit valoir, à l’époque, Bernhard Stiedl, du syndicat IG Metall. « Si Berlin renonce désormais à un démonstrateur au début du projet, alors le SCAF deviendra un projet de politique industrielle pour la France, financé dans une large mesure par l’Allemagne », avait soutenu le comité d’entreprise d’Airbus Defence & Space. En clair, on n’est pas loin d’un « plan B » allemand…

Quoi qu’il en soit, pour M. Chiva, il n’est « pas inacceptable qu’il y ait deux avions de combat puisque l’avion est une plateforme qui fait partie du programme SCAF » même si « ce n’est pas la solution qui est privilégiée aujourd’hui ». Et à la question de savoir s’il y aura un « nouveau Rafale », le DGA a répondu : « Il y aura un futur de l’aviation de chasse française, c’est certain ».

Ce « futur » sera incarné par le standard F5 du Rafale qui, selon le général Frédéric Parisot, le major général de l’armée de l’Air & de l’Espace [MGAEE] devra être « capable d’emmener un équipier de type Loyal Wingman [drone de combat autonome, ndlr] », intégrer de « l’intelligence artificielle afin d’aider le pilote » et disposer de « différents moyens de connectivité ».

Quant à l’Allemagne, l’hypothèse avancée par Christian Mölling, le directeur du Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik [Conseil allemand des relations étrangères] dans les colonnes de Breaking Defense, est qu’elle finisse par rejoindre le programme Tempest [ou FCAS], conduit par le Royaume-Uni, avec le concours de l’Italie et du Japon. Et tant pour le SCAF que pour le FCAS, « personne n’a l’argent à part l’Allemagne », a-t-il relevé.