Frappes en Syrie : les détails de la contribution française

Frappes en Syrie : les détails de la contribution française

T.d.L, avec A.D | Le Parisien – 14 avril 2018,

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L’Elysée a diffusé ce cliché pris dans la nuit du président français et de la ministre des Armées, ainsi qu’une bonne partie de l’Etat-major militaire, dans une salle de crise, pendant l’opération militaire. Présidence de la République.

La France a tiré douze missiles sur deux cibles, dans la région de Homs.

Macron, chef de guerre. Pour la première fois de son quinquennat, le jeune président français a du enfiler ce costume maintes fois utilisé par son prédécesseur, en faisant participer l’armée française, conjointement avec les armées américaine et britannique, à une série de frappes en Syrie.

Des frappes « circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques », selon les mots-mêmes du chef de l’Etat, qui s’est exprimé dans un communiqué pendant la nuit, alors que ses services diffusaient une photo le montrant avec Florence Parly, ministre des Armées, et plusieurs membres de l’État-major militaire dans le fameux « PC Jupiter », en pleine coordination des attaques.

Des missiles depuis la Méditerranée

Sur la centaine de missiles – selon la Russie – tirés par les trois armées, la France en a lancé douze. L’attaque s’est déroulée en deux temps. Un volet maritime d’abord, avec la mobilisation de 5 frégates multi-missions et un bâtiment de soutien. De ces frégates, sont partis trois missiles de croisière, comme on peut le voir sur cette vidéo diffusée par la ministre des armées.

VIDEO. Tir de missile depuis une frégate française

https://twitter.com/i/web/status/985051075303616512

Un raid aérien

Vingt à trente minutes plus tard, neuf autres missiles ont été lancés par des chasseurs français qui avaient décollé plusieurs heures plus tôt de «de plusieurs bases aériennes en France », selon la ministre. Ce raid aérien comprenait cinq Rafale, quatre Mirages 2000-5, deux Awacs (avions de reconnaissance) et cinq ravitailleurs.

Là encore, l’armée a diffusé une vidéo du décollage des chasseurs français.

VIDEO. Le décollage des Rafale dans la nuit

https://twitter.com/i/web/status/984984444623781888

Les frappes françaises avaient comme objectif un site de stockage d’armes et un site de production, situés tous deux dans la région de Homs.

Une attaque «coordonnée »

Comme Washington et Londres, Paris a insisté sur l’étroite collaboration qui a permis ces frappes «coordonnées ». Parlant d’une «parfaite synchronisation », la ministre des Armées Florence Parly a expliqué s’être entretenue avec ses homologues étrangers toutes les nuits de la semaine passée. Ce qui laisserait entendre que l’opération était déjà en cours de préparation depuis plusieurs jours, alors même que Donald Trump distillait des indices contradictoires sur son imminence.

Concernant la frappe en elle-même, Emmanuel Macron n’a prévenu son homologue russe Vladimir Poutine, allié d’Assad, qu’une fois l’opération lancée.

Sur le plan intérieur, Edouard Philippe avait prévenu dès vendredi soir les présidents de l’Assemblée et du Sénat.

Objectif atteint ?

« Une bonne partie de son arsenal chimique a été détruite », a déclaré Jean-Yves Le Drian sur la chaîne BFMTV. « Beaucoup a été détruit par les frappes de cette nuit », a-t-il insisté.

S’il a assuré que toute utilisation «d’armes chimiques déclencherait une «nouvelle intervention », il a assuré que la visite fin mai du président Emmanuel Macron en Russie, alliée de Damas, n’était « pas remise en cause ».

Au delà de la destruction de l’arsenal chimique syrien, l’objectif de la diplomatie française est clairement de faire le pari des frappes pour relancer le processus politique de résolution du conflit. Paris souhaite ainsi «travailler sérieusement» avec la Russie pour parvenir à « une solution politique », a souligné l’Elysée. Une proposition de dialogue bien ambitieuse au vu de la réaction de l’ambassadeur Russe à Washington ce samedi, qualifiant ces frappes d’ «insultes» au président russe.