Guerre en Ukraine, jour 82 : un tiers de pertes pour les Russes, l’Otan se renforce

Guerre en Ukraine, jour 82 : un tiers de pertes pour les Russes, l’Otan se renforce

Les faits

D’après les Britanniques, au 82e jour de l’invasion russe en Ukraine, les forces du Kremlin ont enregistré un tiers de pertes. Les combats se poursuivent dans le Donbass, tandis que l’Otan s’apprête à accueillir la Finlande et la Suède dans ses rangs.

Intensification des attaques russes dans l’Est

L’invasion russe de l’Ukraine se poursuit. « On se prépare à de nouvelles tentatives de la Russie d’attaquer au Donbass, pour en quelque sorte intensifier son mouvement vers le sud de l’Ukraine », a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo publiée dimanche soir.

Les Russes transfèrent des troupes de la région de Kharkiv (nord) à celle de Lougansk, dans le Donbass, dans le but de prendre Severodonetsk, a assuré de son côté dimanche soir le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiy Arestovich. L’état-major ukrainien a confirmé lundi matin que l’armée russe concentrait ses forces à Izioum, entre Kharkiv et Severodonetsk.

« On se prépare à de grandes offensives à Severodonetsk, et autour de l’axe Lyssytchansk-Bakhmout », affirmait déjà samedi Serguiï Gaïdaï, gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, qui forme avec celle de Donetsk le bassin minier du Donbass. Il décrivait aussi une situation humanitaire de plus en plus critique. Près de trois mois de guerre ont par exemple transformé Lyssytchansk, ville minière de quelque 100 000 habitants essentiellement russophones, en une zone abandonnée, dépourvue d’eau, d’électricité ou de réseau téléphonique.

« Les Russes disent qu’ils sont en train de gagner et les Ukrainiens aussi », dit Natalia Gueorguievna. « Quand on avait encore Internet, on pouvait regarder les infos, mais maintenant… nous n’avons pas idée de qui sont derrière ces voix ni d’où elles viennent », déplore-t-elle. Mais pour les services de renseignement militaire britannique, l’offensive russe dans l’est de l’Ukraine a « perdu de son élan ».

Un tiers des forces russes perdues

« La Russie a maintenant probablement subi des pertes d’un tiers de la force de combat terrestre qu’elle a engagée en février », selon les Britanniques. « Dans les conditions actuelles », ils jugent « peu probable » que la Russie n’« accélère considérablement son rythme de progression » au cours du prochain mois.

De leur côté, les Russes égrènent leurs succès en annonçant avoir visé par des missiles de « haute précision » deux points de commandements ukrainiens et quatre dépôts de munitions d’artillerie près de Zaporijjia, Paraskovievka, Konstantinovka et Novomikhaïlovka dans la région de Donetsk (est).

L’aviation russe a détruit deux lance-missiles et un système radar dans la région de Soumy, dans le Nord-Est, et les systèmes de défense anti-aérienne russes ont détruit 15 drones ukrainiens, selon Moscou. À Marioupol, à la pointe sud du Donbass, l’armée russe continue ses bombardements et ses tirs d’artillerie intensifs sur l’aciérie d’Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne dans ce port stratégique, selon l’état-major ukrainien.

Les forces russes font aussi désormais face au nord à la contre-offensive des forces ukrainiennes dans la région de Kharkiv, deuxième ville du pays, où ces dernières s’approchent de la frontière avec la Russie.

À Vilkhivka, village à l’est de Kharkiv repris par les Ukrainiens, les stigmates des violents combats demeurent sur les maisons éventrées par les obus, rues jonchées de débris, douilles de balles et autres restes de munitions ou encore les chars hors d’usage abandonnés sur la route. Symboliquement, l’inscription « Azov était là », avec le symbole du régiment ukrainien ressemblant à la croix gammée nazie, a été apposée sur un des chars à côté du « Z » qui y avait été peint par les troupes russes.

La Finlande et la Suède aux portes de l’Otan

Sur le terrain diplomatique, Moscou voit l’Otan sur le point de se renforcer à ses frontières. Le parti social-démocrate au pouvoir en Suède a approuvé dimanche soir une candidature à l’Alliance atlantique, ce qui constitue un revirement historique pour cette formation. La première ministre Magdalena Andersson a ensuite estimé qu’une candidature commune avec la Finlande était « le mieux pour la Suède » et sa sécurité.

Ces candidatures sont la preuve « qu’une agression ne paie pas », a jugé le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg, en assurant que l’Otan est prête à renforcer les « garanties de sécurité » pour ces deux pays. Il s’est aussi dit « confiant » dans la possibilité pour les pays de l’Alliance de trouver un compromis avec la Turquie, qui avait manifesté son hostilité à leur adhésion.

À l’issue d’une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l’Otan à Berlin, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a affirmé que les pays de l’Alliance, individuellement, ne relâcheraient pas leurs efforts « en particulier en matière d’assistance militaire » à l’Ukraine.

Le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kouleba a d’ailleurs salué, dans une vidéo publiée dimanche, les livraisons d’armes lourdes à Kiev par l’Allemagne. « Le jour où je suis arrivé à Berlin, il y avait une formation pour des soldats ukrainiens à l’utilisation d’artillerie automotrice allemande de 155 mm », a-t-il déclaré. « Bientôt, ces Howitzer automoteurs frapperont l’ennemi. Un précédent a été créé. L’obstacle psychologique (à la fourniture d’armes lourdes à l’Ukraine) a été surmonté », a-t-il affirmé.