Le centre de commandement du nucléaire disparaît

Le centre de commandement du nucléaire disparaît

 

par Bertrand Prevost – Tahiti Infos – publié le Lundi 5 Juin 2023

Tahiti, le 5 juin 2023 – Une page d’histoire de la ville de Pirae se tourne. Les anciens bâtiments du Commandement supérieur des forces armées en Polynésie française auront disparu mercredi.
 
C’est avec une certaine émotion et un peu de gravité que le maire de Pirae, Édouard Fritch, en compagnie de quelques membres de son conseil municipal, est venu assister, lundi, aux premiers coups de godet des engins de chantier qui mettront par terre, en l’espace de trois jours, tout un pan de l’histoire de la commune, de l’armée française en Polynésie et du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP).
 
Le site, rétrocédé au franc symbolique en juin 2020 à la commune de Pirae par l’Armée dans le cadre du Contrat de redynamisation des sites de défense (CRSD), est amené à devenir un centre qui accueillera le futur marché de Pirae, un parking, des espaces verts et peut-être aussi quelques implantations d’entreprises privées.
 
La parcelle concernée de 1,5 hectare abritait quatre grands bâtiments de près de 5 000 mètres carrés de surface au sol (emprise au rez-de-chaussée sur le terrain). Des travaux de désamiantage de ces bâtiments ont été réalisés par la municipalité en janvier 2022 (phase 1) pour convenir de la déconstruction des ouvrages de l’ancien État-major interarmées du Comsup et de la dépollution des VRD (voiries réseaux divers) (phase 2 actuellement).

 

Futur marché de Pirae

À la suite de l’appel d’offres des travaux lancé en février 2023, les offres des lots 1 et 2 de la phase 2 ont été revues à la baisse. Le prix de la dépollution des VRD, déjà entreprise, est de 12,5 millions de francs. Celui de la déconstruction des bâtiments est de près de 64 millions de francs pour des travaux qui devraient s’étaler sur trois mois. La phase 1, relative au désamiantage des bâtiments réalisée en janvier 2022, a été opérée pour un coût global de 270 millions de francs et a été prise en charge à 63% par la municipalité de Pirae et 37 % via le CRSD rassemblant l’État et le Pays.
 
Dès ce mercredi, les bâtiments n’existeront plus. Et la vue sera, pour un temps, à nouveau dégagée sur la baie de Taaone. Dans les deux ans qui viennent, la mairie de Pirae prévoit d’installer sur ce terrain le futur marché de Pirae, des aires de jeux et des espaces pour les entreprises privées. Une route de contournement afin d’alléger la circulation aux abords de l’hôpital et du lycée Diadème est aussi en préparation.

 

Le Comsup de Pirae, c’était…

 

  • Une installation en 1966 pour y piloter le Centre d’expérimentation du Pacifique

  • 4 835 mètres carrés pour une valeur estimée à 773,3 millions de francs

  • 1 200 militaires et civils qui y travaillaient

 

Édouard Fritch “C’est une page d’histoire qui se tourne”

Aujourd’hui, c’est la suite des travaux de déconstruction…
“Oui, nous sommes dans la phase 2 de la déconstruction. La phase 1 a consisté à nettoyer le bâtiment à cause de l’amiante notamment. La phase 2 va faire disparaître complétement les installations de l’ancien Comsup ici, à Pirae. Cela va libérer une emprise foncière de l’ordre de 1,5 hectare.”
 
C’est une page d’histoire qui se tourne pour la commune…
“Effectivement. C’est une page d’histoire qui se tourne pour la commune et pour l’État. Tout partait d’ici. C’est une phase nouvelle qui nous a poussés à créer ce nouveau centre-ville que nous avons souhaité pour Pirae pour essayer de regrouper de l’activité sur la commune et son développement. Cela va créer de l’emploi.”
 
Quels sont les projets qui vont naître ici ?
“Cet emplacement va être réservé pour la future construction du nouveau marché de Pirae. Celui actuel est vieillissant. Ce nouveau marché sera le nouveau cœur de ville qui va se construire à côté de Aorai tini hau. C’est un beau projet. La partie centrale sera construite par la commune elle-même. C’est un projet qui va nous coûter beaucoup d’argent puisque l’on prévoit de construire, sous le marché, un vaste parking qui va permettre de desservir les activités adjacentes. Ce sera surtout une grande place publique. Nous avons 1,5 hectare, cela fait beaucoup de places pour recevoir du public. Vraisemblablement, nous allons mettre en place, à côté du marché, une maison pour tous qui pourra accueillir les jeunes, les personnes qui voudront se réunir.”
 
Il est question d’une déviation aussi pour désengorger le quartier ?
“Quand nous avons construit la partie parc, nous avions pensé à mettre en place une déviation qui partira du rond-point (de l’hôpital de Taaone), qui passera la rivière Hamuta et rejoindra l’autre embranchement du rond-point du lycée Taaone. On aura une desserte tout autour de ce marché. Il faut que cela respire.”
 
Quand les projets sortiront-ils de terre ?
“C’est un centre d’activités. Nous espérons donner les premiers coups de pioche dans le courant 2024 avec un début de chantier prévu fin 2024 pour la partie centrale. Pour la partie développement autour, ce sera une association avec des opérateurs privés parce que la commune ne pourra pas investir.”

 

Cédric Pujol “Ces bâtiments auraient pu encore durer 50 ans”

La première phase de ce chantier était un peu délicate…
“Tout à fait. Nous avons procédé au désamiantage du bâtiment l’année dernière entre janvier et septembre 2022. Aujourd’hui que les bâtiments sont dépollués, on peut procéder à la déconstruction. On estime ces travaux à environ un mois. Par la suite, il y aura le retrait des canalisations antérieures. Une fois terminé, on procédera à la démolition finale des bâtiments.”
 
Ces bâtiments ont été construits à l’époque du CEP. Ils ont l’air constitués d’un béton très costaud. Cela va être plus difficile à démolir ?
“On est sur des bâtiments qui sont quand même très résistants. Ils sont faits pour durer longtemps et auraient pu encore durer pendant 50 ans. La principale difficulté, c’est d’assurer la sécurité des ouvriers.”
 
En 24-48 heures, les bâtiments seront par terre. Ensuite, ce sera le déblayage ?
“On pense que d’ici mercredi, on pourra commencer l’évacuation des déchets. Un premier curage a été fait, celui des déchets électroniques, envoyés vers Technival. Ensuite, les éléments en bois ont été envoyés à Paihoro. Enfin, il y a tous les éléments inertes qui partent au CET de Hitia’a. Ils vont essayer de les disséquer au plus fin possible pour que cela rentre dans les bennes des camions. Après, les retransformer en agrégat, cela me semble compliqué. Le béton est bien trop armé pour être réutilisé.