Le drone stratosphérique Zephyr d’Airbus est resté en vol pendant 64 jours lors d’une évaluation de l’US Army

Le drone stratosphérique Zephyr d’Airbus est resté en vol pendant 64 jours lors d’une évaluation de l’US Army

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En février 1959, les aviateurs américains Robert Timm et John Cook réussirent l’exploit de voler pendant 64 jours 22 heures 19 minutes et 5 secondes à bord de leur Cessna 172 Skyhawk, ravitaillé en carburant par un tuyau relié à un camion roulant à la même vitesse sur une route rectiligne. Ce record, qui tient depuis 63 ans, aurait pu être battu par le drone stratosphérique Zephyr S d’Airbus, dans le cadre d’une évaluation menée à partir du polygone d’essais de Yuma [Arizona] par l’US Army Futures Command, c’est à dire le commandement de l’armée américaine dédié à l’innovation.

En effet, le Zephyr S a décollé le 15 juin dernier pour atteindre une altitude comprise entre 60’000 et 70’000 pieds [soit 18-21 km]. Initialement, la mission qu’il devait réaliser devait durer une trentaine de jours, l’objectif étant d’établir le record du vol le plus long jamais réalisé par un drone. Record, au passage, dont un modèle précédent de l’appareil d’Airbus Defence & Space était alors le détenteur.

Finalement, les plans ont changé en cours de route… Et, à la fin du mois de juillet, le Zephyr S était toujours en vol. Évoluant à une altitude où il ne risquait pas d’interférer avec le trafic aérien civil, ce drone stratosphérique survola plusieurs États américains pour s’aventurer dans le golfe du Mexique et atteindre le Belize.

D’une masse de seulement 75 kg pour une envergure de 25 mètres, le Zephyr peut voler jusqu’à 76’100 pieds [23,2 km]. Son moteur est alimenté en électricité par une batterie Li-S [lithium et soufre], rechargée durant le jour par des panneaux solaires. Quant à sa vitesse, elle n’a pas été précisée par Airbus. Mais celle du Zephyr 7, de dimensions plus réduires, était de l’ordre de 30 nœuds [56 km/h]. Enfin, son fuselage central contient sa charge utile, laquelle peut être constituée de liaisons de données, de systèmes de guerre électronique, d’un radar à ouverture synthétique, d’un LIDAR [Laser Imaging Detection And Rangin] et autres capteurs optroniques.

« Le Zephyr est capable de se concentrer sur une zone d’intérêt spécifique [d’une superficie de plusieurs centaines de kilomètres, le cas échéant], tout en fournissant des communications pseudo-satellitaires et des services d’observation de la Terre [avec une meilleure granularité] sur de longues périodes et sans interruption », fait valoir Airbus. D’où l’intérêt que l’US Army lui porte.

Quoi qu’il en soit, après 64 jour de vol, la mission du Zephyr S a fini par être interrompue. Le site spécialisé « Simple Flying » a en effet rapporté que le drone stratrosphérique s’était écrasé. Du moins, c’est ce que suggèrent les données d’ADSB Exchange.

Ayant l’indicatif « ZULU82 », l’appareil survolait le désert de l’Arizona, le 19 août, à une altitude moins élevée que d’habitude [environ 45’000/50’000 pieds]. Puis après une manœuvre en forme de S, il brutalement décroché de 20’000 pieds, avant de prendre de la vitesse, son taux de descente étant alors de 4544 pieds par minute [1385 mètres par minute]. « Bien que non confirmé par Airbus, il semble que le Zephyr a connu une fin peu glorieuse », en a déduit Simple Flying.

L’US Army Futures Command n’a pas explicitement confirmé la perte du drone d’Airbus. « Après 64 jours de vol stratosphérique et la réalisation de nombreux objectifs au cours de sa mission, le Zephyr a connu des circonstances qui ont mis fin à sa campagne de vol », a-t-il affirmé.

« Nos équipes analysent actuellement plus de 1500 heures de données de missions stratosphériques. L’expérience de ce vol d’ultra longue endurance s’est avérée précieuse pour la plate-forme à haute altitude de l’US Army. Une fois la récupération de l’appareil et l’analyse des données effectuées, plus d’informations seront disponibles », a-t-il ajouté. A priori, il était prévu de réaliser une autre évaluation du Zephyr S, cette fois au-dessus de l’océan Pacifique.

L’US Army n’est pas la seule à étudier les potentialités offertes par des drones de type HAPS [High Altitude Platform System], que l’on appelle aussi « pseudo-satellites », car ils « combinent la persistance d’un satellite et la flexibilité d’un drone ». La Royal Air Force s’y intéresse [d’ailleurs, le Zephyr S est produit au Royaume-Uni, ndlr], de même que, en France, la Marine nationale.

Un tel engin « vole à 30.000 mètres d’altitude et peut rester des semaines en l’air. Il avance assez lentement, sa charge utile est assez faible, mais il va à la vitesse d’un bateau : il pourrait donc suivre une force navale, me servir, de façon assez discrète, de relais de télécommunications, mais aussi, de point d’observation afin de relever tous les transpondeurs, en voyant plus loin », avait ainsi expliqué l’amiral Christophe Prazuck, l’ex-chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une audition parlementaire. « Ce peut être un outil moins onéreux, plus mobile et peut-être plus discret qu’un satellite », avait-il aussi souligné.