Orion: quand l’externalisation n’est plus un vilain mot

Orion: quand l’externalisation n’est plus un vilain mot

 

par Philippe Chapleau – Ligne de défense – publié le 3 février 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


HEMEX Orion (voir mon post), le grand exercice militaire de 2023, vise à “entraîner les armées françaises dans un cadre interarmées et multinational, sur un scénario pouvant aller jusqu’à la haute intensité, qui implique une coordination multi-milieux et multi-champs avec l’ensemble des domaines émergents (influence, supériorité informationnelle, cyber…)”.

Orion va intégrer des entreprises privées qui ont contribué à son élaboration ou qui prendront part à son déroulement. Ces externalisations restent limitées mais elles méritent d’être signalées.

Ainsi, la phase 3 d’HEMEX Orion porte sur les “travaux civilo-militaires“. Cette phase, qui aura lieu de la mi-mars à la fin mars, s’articule autour de 5 thèmes:
1) soutien civil à l’engagement des armées via des acteurs publics et privés,
2) droit et normes: les contraintes,
3) RH et réserves,
4) rétroaction sécuritaire sur le territoire national,
4) communication et lutte informationnelle. 

Le thème 1 est indiscutablement lié au concept d’externalisation. Il reconnaît la nécessité d’un soutien civil aux armées engagées dans l’exercice mais aussi, dans une perspective plus large, dans toute opération qu’elle soit de haute intensité ou pas. Ce soutien, comme l’a bien rappelé un général de la division Emploi des forces lors d’un briefing de 2022, concerne l’apport des acteurs publics et privés. Ces derniers disposent d’équipements et offrent des prestations que ce soit dans le transport, le stockage, l’énergie, la restauration, le logement, le génie civil et même l’assistance médicale. Et, comme en témoignent de nombreux posts sur ce blog, de nombreuses armées ne rechignent pas à utiliser ces capacités… 

ORION, d’autres externalisations

Pour l’élaboration du scénario, le ministère français des Armées a fait appel à une société canadienne, Calian, qui fournit “des solutions de simulation et d’entraînement pour les forces armées” et qui est “spécialisée dans la simulation de situations de haute intensité”. Calian est donc à ce titre une ESSD: une entreprise de services de sécurité et de défense.

Une société française, Crisotech (filiale de Deveryware), a été retenue, quant à elle, pour l’animation de l’environnement opérationnel dans les phases 3 et 4 d’Orion. Sa GREY CELL, composée d’une douzaine d’experts, sera chargée de “simuler les organisations gouvernementales d’Arnland”, pays qui va donc être attaqué et en partie envahi, ce qui provoquera des mouvements de réfugiés, des déplacés et des prisonniers de guerre. 
Crisotech animera aussi l’exercice AsterX 2023 (le premier date de 2021) qui se tiendra en parallèle d’Orion et qui contribuera de nouveau à l’entraînement du commandement de l’Espace.

Enfin, lors de la phase 2, l’exercice verra la participation d’une force adverse (FORAD), armée par des unités françaises et alliées, dimensionnée en conséquence. L’ESSD ARES (ex-SDTS) sera engagée avec ses avions lors de cette phase d’actions aéronavales en Méditerranée.  ARES fournira des plastrons.

La log à la peine.

De récents déboires en Roumanie (voir mon post) ont démontré le manque de moyens des forces armées en matière de restauration, hébergement etc. Comment va-t-on accueillir, nourrir, loger, les milliers de soldats déployés dans l’est de la France en particulier? Pour les logisticiens et le Commissariat, c’est un casse-tête dont certains cadres n’hésitent pas à faire part. Le COM LOG pourrait ainsi envisager de sous-traiter certaines fonctions de transport (carburant entre autres).