Le futur avion de transport tactique européen devrait être équipé des mêmes moteurs que l’A400M Atlas

Le futur avion de transport tactique européen devrait être équipé des mêmes moteurs que l’A400M Atlas

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Même s’ils seront modernisés et que certains d’entre-eux disposeront d’une capacité C3 ISTAR [Command, Control, Communication Intelligence, Surveillance, Target Acquisition and

Reconnaissance] pour les opérations spéciales, les 14 avions de transport C-130H de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] devront être remplacés d’ici 2040. Et cela vaut aussi pour les 27 Casa CN-235 pour lesquels la Direction générale de l’armement [DGA] a récemment lancé un programme de « rénovation » confié à Thales Avs France SAS et Sabena Technics.

D’où le projet européen FMTC [pour Future Mid-Size Tactical Cargo / Futur Cargo Median], retenu au titre de la Coopération structurée permanente [CSP]. Pour le moment, celui-ci fait l’objet d’un accompagnement par l’Agence européenne de Défense [AED], l’objectif étant d’abord de définir des « exigences communes » entre les pays participants [dont la France, l’Allemagne et la Suède].

Cela étant, en matière de coopération européenne dans le domaine de l’aviation militaire de transport, l’A400M « Atlas » a, en quelque sorte, essuyé les plâtres, avec de nombreux retards et des surcoûts importants.

Et, en 2016, Tom Enders, alors Pdg d’Airbus, avait confessé avoir commis deux « énormes erreurs », en se laissant « convaincre par les chefs de gouvernements européens de confier le développement des moteurs à un consortium peu expérimenté tout en endossant la responsabilité pour ce turbopropulseur d’un nouveau genre ».

Effectivement, confiée à Europrop International, un consortium regroupant MTU Aero Engines, Safran Aircraft Engines, Rolls-Royce et Industria de Turbo Propulsores, la mise au point du TP400-D6 devant équiper l’A400M fut compliquée… en particulier à cause de problèmes récurrents au niveau du FADEC [Full Automatic Digital Engine Control], c’est à dire le système informatique chargé du contrôle des turbopropulseurs.

Aussi, s’agissant du FMTC, il n’est pas question de reproduire les mêmes erreurs. Relevée par « Mars Attaque » dans le rapport publié par le député Jean-Michel Jacques, le rapporteur du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, une idée décrite par le général Frédéric Parisot, le numéro deux de l’AAE, consisterait à doter ce futur avion des mêmes turbopropulseurs que l’A400M.

« Pour assurer le renouvellement de l’aviation de transport tactique, l’armée de l’Air et de l’Espace compte s’appuyer sur le programme européen du futur cargo médian [FMTC]. Ce programme permettrait de remplacer les C-130H et les Casa, qui seront retirés du service lors de la prochaine décennie », a d’abord rappelé M. Jacques dans son rapport.

« Cet avion pourrait être une sorte d’ ‘A200M’, doté des mêmes moteurs que l’A400M, ainsi que l’a indiqué à votre rapporteur le major général de l’armée de l’Air et de l’Espace », a-t-il ensuite écrit.

Cette solution présente plusieurs avantages évidents : d’abord, elle ne coûterait rien en matière de recherche et de développement et ne présenterait par conséquent aucun risque de retards et autres surcoûts associés. Ensuite, elle permettrait des économies d’échelle. Enfin, le maintien en condition opérationnelle [MCO] et l’approvisionnement en pièces détachées s’en trouveraient facilités.

Par ailleurs, M. Jacques a aussi précisé qu’une version de cet « A200M » pourrait être « conçue » pour répondre aux besoins spécifiques des forces spéciales. Ce qui suggère qu’une telle variante serait nativement dotée d’une capacité C3 ISTAR.

Photo : Ronnie Macdonald — Flickr: Airbus A400M 04, CC BY 2.0

Un drone issu du programme nEUROn accompagnera le Rafale porté au standard F5

Un drone issu du programme nEUROn accompagnera le Rafale porté au standard F5

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Lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], le général Stéphane Mille, a confié que le lancement des travaux de développement du standard F5 avait été approuvé par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées. « Ces travaux seront réalisés dans le cadre de la présente Loi de programmation militaire [LPM]. Ils témoigneront de l’évolutivité du Rafale, que nous recherchons depuis plusieurs décennies », a-t-il dit.

Pourtant, le projet de LPM 2024-30, qui sera prochainement discuté en séance publique par les députés, ne parle pas du Rafale F5 mais seulement d’une « évolution du Rafale » et la « préparation de l’avion de combat futur » dans le cadre du SCAF. Or, actuellement, il est prévu de porter le Rafale au standard F4… Ce qui peut prêter à confusion…

Quoi qu’il en soit, le ministère des Armées entend clarifier ce point avec l’amendement n°292. Celui-ci vise en effet à préciser que « le standard F5 du Rafale sera développé pendant cette loi de programmation militaire. Mais il livre aussi une information importante. « Il [ce nouveau standard] comprend notamment le développement d’un drone accompagnateur du Rafale, issu des travaux du démonstrateur nEUROn ».

Le texte n’apporte pas plus de détail… Et sans doute en saura-t-on davantage lors des prochains débats parlementaires. Cependant, il est possible que l’intention du ministère des Armées soit de développer un drone de type « ailier fidèle » [Loyal Wingman].

Pour rappel, fruit d’une coopération européenne associant la France [Dassault Aviation, maître d’oeuvre], la Suisse [avec RUAG], la Suède [avec Saab], l’Italie [Leonardo], l’Espagne [Airbus Defence & Space] et la Grèce [HAI], le nEUROn est un démonstrateur de drone de combat [UCAV] à la furtivité « excellente ». D’une masse de 7 tonnes pour 12,5 mètres d’envergure et 9,2 mètres de large, il a la capacité d’emporter des bombes guidées laser GBU-12. Enfin, grâce à son turboréacteur Rolls-Royce Turbomeca Adour Mk. 951, il peut voler à la vitesse de Mach 0,8 à 14’000 mètres d’altitude.

Comme l’a expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, aux députés de la commission de la Défense, les capacités du nEUROn dans les domaines de la manœuvrabilité et de la furtivité sont « intégrées dans notre feuille de route sur le futur de l’aviation de chasse ».

« Nous conduisons également des réflexions sur la dronisation d’avions de combat dans le cadre du SCAF. Celui-ci concerne un avion de nouvelle génération doté d’un cloud de combat et intégrant deux ailiers dronisés. Ceci implique de travailler sur les capacités de robotisation d’un avion sans pilote et d’interaction avec un avion piloté et le pilote lui-même », a ensuite développé M. Chiva, qui n’a pas pu en dire plus, les autres travaux en cours étant « classifiés ».

Quoi qu’il en soit, selon le général Mille, le Rafale F5 sera un avion « très différent », avec la capacité de traiter « d’énormes volumes de données » et une connectivité accrue. En outre, il permettra de disposer à nouveau de capacités dites SEAD [suppression des défenses aériennes adverses].

Paris va rajouter un satellite-espion dans sa programmation militaire

Paris va rajouter un satellite-espion dans sa programmation militaire

Deux satellites-espions CSO français sont actuellement en orbite. Un troisième, qui devait être lancé fin 2022 par une fusée Soyouz, est désormais “prévu en 2024”Olivier Sattler – CNES

Le ministère des Armées compte déployer avant 2030 un satellite d’observation militaire de nouvelle génération, un ajout au projet de loi de programmation militaire 2024-2030.

Le ministère des Armées compte déployer avant 2030 un satellite d’observation militaire de nouvelle génération, un ajout au projet de loi de programmation militaire 2024-2030 que le gouvernement introduira par voie d’amendement, a annoncé mardi le ministre Sébastien Lecornu.

La semaine prochaine je vais pouvoir porter un amendement du gouvernement à la loi de programmation militaire qui va permettre d’inscrire un satellite supplémentaire, Iris, dès cette loi programmation militaire sans attendre 2030-2035″, a affirmé le ministre des Armées lors des questions au gouvernement à l’Assemblée.

“C’est une bonne nouvelle pour notre souveraineté et pour notre service de renseignement”, a-t-il estimé.

Le projet de loi de programmation militaire (LPM), prévoyant une enveloppe de 413 millions d’euros sur sept ans pour les armées, sera examiné par l’Assemblée nationale à partir de lundi.

Deux satellites entre 2030 et 2035

Deux satellites-espions CSO français sont actuellement en orbite. Un troisième, qui devait être lancé fin 2022 par une fusée Soyouz, est désormais “prévu en 2024”, a rappelé le ministre. CSO-3 devrait être finalement lancé à bord d’une Ariane 6, le lanceur russe opéré depuis la Guyane n’étant plus disponible depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le projet de LPM prévoyait jusqu’à présent que le programme Iris, qui prendra la suite de CSO, se traduise par la mise en orbite de deux satellites entre 2030 et 2035. Concernant les satellites militaires de communications sécurisées en orbite géostationnaire (à 36.000 kilomètres d’altitude), la loi de programmation militaire prévoit des “études pour la construction de la génération Syracuse 5”, a ajouté le ministre.

Un deuxième exemplaire de la génération Syracuse 4, le 4B, doit être lancé le 16 juin par la dernière fusée Ariane 5. La LPM acte en revanche l’abandon d’un troisième satellite, Syracuse 4C.

“Il y a des pistes de travail actuelles sur des constellations en orbite basse (à quelques centaines de kilomètres d’altitude, NDLR) ou des achats de services”, a affirmé Sébastien Lecornu, assurant qu'”on garde dans notre coeur de souveraineté sur les gros satellites en orbite haute notre propre savoir-faire”.

La LPM prévoit également le renouvellement des satellites de renseignement électromagnétique avec le programme Céleste, amené à succéder aux satellites Ceres.

Mai 1978, le mois de la foudroyance

Mai 1978, le mois de la foudroyance

 

par Michel Goya – La Voie de l’épée – Publié le 30 avril 2023

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


Savez-vous quel est le mois où les soldats français se sont le plus violemment battus depuis la fin de la guerre d’Algérie ? C’est le mois de mai 1978, plus exactement de la dernière semaine d’avril jusqu’au 31 mai 1978. Pendant cette quarantaine de jours, la France a conduit deux grands raids aériens et gagné quatre combats au sol dans trois pays.

Mai 1978, ce sont d’abord les deux derniers raids de la 11e escadre de chasse lors de l’opération Lamantin en Mauritanie. Lamantin a été lancée en décembre 1977 à la demande du gouvernement mauritanien après plusieurs raids motorisés du Front Polisario venant d’Algérie pour attaquer le train évacuant le minerai de fer de Zouerate vers le port de Nouadhibou.

Les forces du Polisario sont déjà organisées en colonnes de 200 à 300 combattants armés sur le modèle KRS, Kalachnikov AK-47 ou dérivées, lance roquettes RPG-7, missiles sol-air SA-7, portées par une cinquantaine de pick-up armés. Un modèle de forces toujours en vigueur aujourd’hui dans les guérillas de la région. En décembre 1977, le Polisario vient également de tuer des ressortissants et de prendre des otages français. Le président Giscard d’Estaing, jusque-là plutôt hésitant et peu interventionniste, accepte alors la demande mauritanienne. C’est le début de ce que l’amiral Labouérie va appeler « le temps de la foudroyance », cette courte période de 1977 à 1979 pendant laquelle on multiplie les interventions audacieuses.

La force Lamantin est, hors la Force aérienne stratégique porteuse de l’arme nucléaire, la première force de frappe aérienne à longue distance de la France. La surveillance puis le guidage vers les objectifs est assurée en l’air par un Breguet-Atlantic de la Marine nationale et au sol près de la frontière algérienne par une « compagnie saharienne » de ce que l’on n’appelle pas encore les Forces spéciales (FS). La frappe est assurée par une dizaine de nouveaux avions d’attaque Jaguar A envoyée à Dakar, à 1 500 km de la zone d’action, et aux ravitailleurs en vol KC-135, une première. La conduite des opérations s’effectue dans un poste de commandement aérien dans un avion de transport C-160 Transall dès que l’ennemi est décelé. Les Jaguar atteignent l’objectif après deux heures de vol.

Le point faible du dispositif est la lourdeur de la chaîne de décision d’ouverture du feu qui remonte jusqu’à l’Élysée. Cette procédure, d’autant plus inutile qu’en l’absence de satellites de télécommunications les communications sont lentes, fera échouer au moins un raid de tout en mettant en danger les pilotes français. Il arrivera même un jour, au Tchad, où cette centralisation inutile causera la mort d’un pilote. Dans tous les autres cas, les Jaguar brisent trois raids du Polisario en décembre 1977 et deux en mai 1978, détruisant entre un tiers et la moitié de la colonne à chaque fois.

Lamantin n’est pas encore terminée que survient une nouvelle crise, dans la province du Katanga, ou Shaba, au sud du Zaïre. L’ennemi cette fois et Front national de libération du Congo (FNLC) basé en Angola. Le FNLC lance une grande offensive en mai 1978 avec une force d’environ 3 000 « Tigres katangais ». La troupe s’empare de Kolwezi, une ville de 100 000 habitants, dont 3 000 Européens, et point clé du Shaba au cœur des exploitations minières. Les exactions contre la population et notamment les Européens commencent aussitôt. Ce qui n’était qu’une crise intérieure devient alors une affaire internationale. La France et la Belgique décident d’une intervention, mais ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la manière de faire. Les Français prônent la prise d’assaut de la ville et la destruction de la force du FNLC alors que les Belges penchent pour une simple évacuation des ressortissants.

Le 17 mai, les légionnaires du 2e Régiment étranger parachutiste (REP) et quelques dragons-parachutistes sont transportés de la base de Solenzara en Corse jusqu’à Kinshasa. C’est l’opération Bonite. Le 19 et le 20 mai 1978, ils sont largués directement sur Kolwezi. L’unité est réduite, à peine 700 hommes, très légèrement équipée et ne dispose d’aucun appui extérieur. Elle fait face à une fraction de la brigade du FNLC qui dispose de la supériorité numérique, de quelques blindés légers et d’un armement individuel supérieur à celui des légionnaires. Le 2e REP gagne pourtant la bataille en écrasant l’ennemi et en le chassant de la ville. Le FNLC se replie en Angola. Les légionnaires ont perdu 5 soldats tués et 25 blessés. L’ennemi a perdu au total 274 combattants tués et 165 prisonniers, très largement du fait des Français, l’action des forces zaïroises puis belges arrivées sur les lieux ayant été très limitées.

Entre temps, la guerre a repris au Tchad où la 2e armée du Front de libération nationale (Frolinat) de Goukouni Oueddei, aidé par la Libye, vient d’écraser les forces de l’Armée nationale tchadienne (ANT) dans le nord du pays. Les forces du Frolinat sont organisées comme celles du Polisario et elles peuvent lancer des opérations puissantes et à longue distance. Goukouni Oueddei lance une offensive vers N’Djamena. Le gouvernement tchadien, qui avait réclamé le départ des forces françaises quelque temps auparavant demande maintenant leur retour urgent. La France accepte.

L’opération Tacaud est lancée en mars mais très progressivement, car cela coïncide avec les élections législatives en France. La nouveauté tactique est la mise en place des premiers groupements tactiques interarmes (GTIA) modernes, c’est-à-dire des bataillons, d’environ 400 hommes à l’époque, formés d’unités de régiments différents. La formule générale est de disposer d’un, parfois deux, escadron(s) sur automitrailleuses légères (AML) de 60 ou de 90 mm, du Régiment d’Infanterie Chars de Marine (RICM) ou du 1er Régiment étranger de cavalerie (REC), d’une compagnie d’infanterie portée sur camions venant du 3e puis du 2Régiment d’infanterie de marine (RIMa) ou du Groupement opérationnel de Légion étrangère, et d’une batterie de canons de 105 mm ou de mortiers de 120 mm du 11e Régiment d’artillerie de marine (RAMa) ou du 35e Régiment d’artillerie parachutiste (RAP).

Quatre GTIA seront formés pour Tacaud, travaillant en coordination étroite avec l’Aviation légère de l’armée de Terre qui déploie au total une vingtaine d’hélicoptères et une escadre aérienne mixte de transport et de chasse qui se met en place fin avril 1978 avec notamment dix Jaguar. L’ensemble représentera au maximum 2 300 soldats français.

On en est pas encore là lorsque le premier GTIA formé est engagé le 16 avril à Salal, un point clé au nord de Mossouro. Il n’y alors qu’un escadron du RICM et une section de mortiers en pointe d’un détachement de l’ANT. Quelques semaines avant le combat de Kolwezi, on s’aperçoit que les rebelles sont nombreux et surtout mieux équipés que les Français. Les hommes du Nord tchadien sont aussi des combattants courageux. Les appuis aériens sont gênés par la météo et surtout l’armement antiaérien de l’ennemi. Un Skyraider de l’armée tchadienne, piloté par un Français, est abattu par un missile portable SA-7. Après trois jours de combat, le GTIA franco-tchadien est replié. Le RICM a perdu deux morts et dix blessés. L’attaque est relancée le 25 avril avec un GTIA français complet avec en particulier un escadron du REC et une compagnie du 3e RIMa. Le Frolinat est chassé de Salal avec de lourdes pertes. Un marsouin du 3e RIMa est tombé dans les combats.

Des renforts sont engagés, jusqu’à pouvoir former trois GTIA supplémentaires. Des fusils d’assaut SIG 542 ont été achetés en urgence en Suisse pour remplacer les fusils et pistolets mitrailleurs français face aux AK-47 Kalashnikov. Les GTIA français doivent s’emparer des villes du centre du pays afin de casser l’offensive du Frolinat et de protéger le « Tchad utile ».

Un premier accrochage intervient le 12 mai à Louga au sud-est de N’Djamena. Les rebelles sont mis en déroute facilement par les Français. L’engagement le plus sérieux survient une semaine plus tard à Ati en plein Centre-Sud du Tchad. Le 19 mai, le GTIA français donne l’assaut, une compagnie du 3e RIMa en tête, à une position très solidement défendue. Les combats sont très violents, mais la combinaison de la qualité des troupes au sol et de l’appui aérien des Jaguar ou des hélicoptères armés permet de chasser l’ennemi. Les combats reprennent le lendemain et le Frolinat est définitivement chassé. Une centaine de rebelles et trois soldats français, deux marsouins et un légionnaire du REC, ont été tués et cinq autres blessés. 

Le 31 mai, une force rebelle de 500 combattants accompagnés de conseillers libyens est repérée à Djedda 50 km au nord d’Ati. Le GTIA manœuvre comme à Ati et détruit la bande rebelle en deux jours. On compte à nouveau plus de 80 morts rebelles. Un Jaguar en revanche a été abattu par la défense antiaérienne, mais le pilote est sauvé. Les combats au sol sont terminés, mais la force aérienne française continue un temps de frapper les dépôts et les bases du Frolinat.

Au total, dans ce grand mois de combat il y a 45 ans, douze soldats français ont été tués pour au moins 500 combattants ennemis. Le Polisario a libéré les otages français et a stoppé ses raids. Il va négocier la paix avec la Mauritanie dans les mois qui suivent. Les habitants de Kolwezi et notamment les nombreux Français ont été sauvés et les Tigres katangais chassés du territoire. Le Frolinat a été stoppé au Tchad. 

Tous ces résultats ont été obtenus, non par une supériorité de matériels sauf dans le cas des raids aériens, quoique les Jaguar doivent toujours faire face à des tirs de mitrailleuses et de missiles. Deux avions sont ainsi abattus lors de Tacaud. Cela n’a pas été non plus une question de nombre, toujours à l’avantage de l’adversaire, ni même de courage, un paramètre indispensable mais partagé entre les deux camps. La vraie différence s’est trouvée dans la somme de compétences techniques et tactiques individuelles et collectives accumulées par les Français et la qualité de leur structure de commandement, notamment à l’échelon des sous-officiers.

Mais les guerres se gagnent d’abord dans les choix stratégiques, la France gagne alors parce qu’on ose au niveau politique. Ce mois de mai 1978 marque cependant le sommet de l’audace française. Après il y encore un combat très violent au Tchad, lorsque le GTIA en place à Abéché, armé par le 3e RIMa, le RICM et le 11e RAMa, doit faire face le 5 mars 1979 à un bataillon léger motorisé et bien équipé de 800 combattants du Conseil démocratique révolutionnaire (CDR), nouvel allié de la Libye. Au bout d’une journée de combat, le bataillon du CDR est entièrement détruit, avec peut-être plus de 300 combattants tués, une quarantaine de véhicules détruits et une grande partie de son équipement lourd détruit ou capturé. Les Français comptent deux marsouins tués, au RIMa et au RICM. C’est le dernier engagement direct au combat d’une unité terrestre française avant 1991.

Comme Superman face à la kryptonite, les forces armées françaises en Afrique sont invincibles sauf face à deux éléments qui effraient l’échelon politique à Paris. Le premier est la sempiternelle accusation de néo-colonialisme dès qu’un soldat français combat en Afrique, que cette accusation soit locale (après que la situation ait été sauvée par les soldats français, rarement avant), régionale ou en France même. Le second est la peur des pertes humaines, françaises au moins, et la croyance que cela trouble l’opinion publique. Ces deux kryptonites ont commencé à agir dès le début des interventions françaises, mais elles prennent une ampleur croissante à la fin des années 1970. Les opérations extérieures françaises sont alors très critiquées par l’opposition de gauche comme autant d’ingérences militaristes et néocoloniales. François Mitterrand parle du président Giscard d’Estaing comme d’un « pompier pyromane » ajoutant du désordre à l’Afrique par les interventions militaires. 

Giscard d’Estaing bascule. L’opération Tacaud se termine en mission d’interposition, donc mal, et il accepte même la formation d’un bataillon français sous Casque bleu au sein de l’éternelle Force intérimaire des Nations-Unies au Liban. On y meurt tout autant, deux soldats du 3e RPIMa y sont tués également dans le même mois de mai 1978 et treize autres blessés dans une embuscade organisée par les Palestiniens, mais ce n’est plus la guerre et ce ne sont que les premiers d’une longue série de morts dans des missions stériles. En mai 1981, L’ancien « pompier pyromane » laisse la place à un « pompier qui craint le feu ». Le temps des opérations audacieuses est bien terminé pour longtemps.

L’invention de ce militaire a séduit les forces spéciales françaises et américaines

L’invention de ce militaire a séduit les forces spéciales françaises et américaines

Armurier à la BA105 d’Évreux, Killian Pezet est revenu d’une mission avec l’envie de créer un établi mobile pour entretenir les différents équipements. Son innovation a été primée.

 

Artac
Killian Pezet, lors de la présentation de son invention à un salon d’innovation militaire. ©Photo fournie par Killian Pezet.

Militaire à la base aérienne 105 d’Évreux (Eure), Killian Pezet se définit comme quelqu’un de discret. Pourtant, depuis quelques jours, il se retrouve sous les projecteurs grâce à son invention primée lors d’un prestigieux salon dédié à l’innovation militaire.

Originaire de Cherbourg, le jeune homme de 24 ans est arrivé à la BA105 il y a cinq ans et demi. Un brevet professionnel en poche, il a suivi les traces de son père et est devenu armurier. Un poste « assez rare » (il y en a quatre ou cinq par base) qui consiste à entretenir, réparer et modifier les armes, du pistolet au fusil d’assaut utilisé en mission.

Une armurerie mobile

C’est lors d’une opération extérieure (Opex) dans le Sahel que les premières graines de son innovation ont germé. En tant qu’armurier, il est installé sur une grande base, quand bon nombre de militaires sont situés dans des avant-postes à deux heures de vol.

Lorsqu’ils ont besoin de réparer leurs armes, ces derniers sont obligés d’attendre la fin de leur mission et doivent se déplacer avec tout leur équipement jusqu’à la base. Une galère logistique.

Je me suis demandé pourquoi l’armurerie n’irait pas au plus près de nos hommes.

Killian Pezet

De retour en France après cinq mois de mission, il propose son idée : « Condenser tous les moyens techniques et technologiques d’une armurerie dans un caisson d’un mètre cube. » Une armurerie mobile en somme. La boîte doit être transportable en avion et larguée sur les terrains de conflits si besoin.

Une fois déployée, elle devient une table de 2 m de largeur et de 70 cm de longueur composée de tiroirs comportant l’outillage nécessaire à la réparation et au nettoyage des armes, les pièces, les ingrédients (huiles, colles…), les tablettes (principalement utilisées pour indiquer la marche à suivre pour chaque arme), les éclairages, microscope et endoscope… « Chaque centimètre est utilisé pour caler et emporter le plus de choses », résume l’inventeur.

Une maquette avec des déchets

Dans un premier temps, ses collègues pensent à une blague. Pas de quoi désarmer le jeune caporal. « Il a fallu démontrer que j’y croyais fort. Au pire on m’aurait dit que c’était nul. Au mieux ça marchait », explique-t-il, simplement. Il prend ses soirées pour se former à la modélisation en trois dimensions afin de présenter son projet aux autorités.

Un sens de la débrouille qui fait mouche, puisqu’à l’automne 2021, son exposé suscite l’intérêt des autorités. Killian Pezet réalise une maquette en bois à peu de frais, notamment en se servant de déchets et en faisant appel aux menuisiers de la BA105, afin de montrer son concept.

Artac
L’établi Artac créé par Killian Pezet. ©Photo fournie par Killian Pezet.

Pour le prototype, il obtient un financement de la Direction générale de l’Armement (DGA), qui tient les cordons de la bourse. Ayant la possibilité de compter sur un budget imposant, le caporal se limite à 15 000 €. « Je n’avais pas besoin de plus », assure-t-il.

Un coût maîtrisé grâce aux capacités de recherche et de fabrication au sein même de l’armée française. Il met à contribution l’atelier industriel de la base de Bordeaux, unique en France, « qui peut tout construire ». Surtout, cette phase permet à son invention de passer entre les mains d’ingénieurs qui peuvent aller dans le détail.

« Être autonome à 100 % »

Si le caisson de l’inventeur ébroïcien est crédible, c’est avant tout parce qu’il est issu « de l’expérience du terrain et qu’il n’a pas été commandé dans un bureau ». Deux panneaux solaires dépliables permettent de recharger tablettes et éclairages si aucune prise n’est disponible. « L’idée, c’est d’être autonome à 100 % », appuie Killian Pezet.

Le côté table de camping pliable est totalement assumé par le jeune homme, qui a voulu rendre le tout simple d’utilisation.

On met moins de soixante secondes à le déployer. Le but, c’est que l’on ne se pose pas de question et qu’on ne le casse pas.

Killian Pezet

Le plan de travail, totalement magnétique, a lui aussi été pensé pour répondre aux exigences du terrain. « Il faut éviter que les petites vis tombent et roulent dans le sable », précise celui qui se définit lui-même comme un « bricoleur maladroit ». Seul véritable « point noir » du paquetage : son poids. Il pèse une centaine de kilos, mais le caporal a trouvé l’alternative en y ajoutant un système de chariot pour qu’un seul homme soit en mesure de le tirer, quel que soit le terrain.

« Mieux que le concours Lépine »

Fin mars, Killian Pezet a participé au salon SOFINS (special operations forces specials network seminar) à Bordeaux. Un événement très fermé qui se tient tous les deux ans et pour lequel il faut montrer patte blanche.

Ça réunit les forces spéciales du monde entier et les industriels qui fabriquent les gadgets à la James Bond.

Killian Pezet

Parmi la cinquantaine d’innovateurs présents, il a gagné le prix dans la catégorie GCOS (général commandant les opérations spéciales). « C’est mieux que le concours Lépine », assure-t-il. Un prestige, mais surtout « une crédibilité gigantesque » pour l’invention et l’inventeur.

C’est à cette occasion que Killian Pezet a choisi le nom d’Artac (Armurerie tactique). Un intitulé plus punchy que Caisse projetable d’entretien des armes (CPEA), et surtout plus facile à dire. « Je bégayais beaucoup, j’aurais loupé la prononciation », confie l’inventeur ébroïcien. Pourtant, pendant les quatre jours du salon, son handicap ne l’a pas gêné : « Je savais exactement de quoi je parlais, ça a aidé. »

Killian Pezet
Le caporal Pezet a gagné le prix dans la catégorie GCOS (général commandant les opérations spéciales) lors d’un salon dédié à l’innovation militaire. ©Photo fournie par Killian Pezet


Artac killian pezet évreux
L’armurerie mobile de Killian Pezet peut être larguée depuis un avion. ©Photo fournie par Killian Pezet

Des entreprises intéressées

L’armée française a déposé le brevet pour son usage et Killian Pezet peut en faire ce qu’il veut pour le civil. Il a déjà été approché par des entreprises qui gèrent des pipelines au Moyen-Orient qui voudraient utiliser le caisson.

Car la structure pourra s’adapter à différents clients en fonction de leurs besoins : armes spécifiques aux différents corps (armée conventionnelle, forces spéciales, GIGN, Raid…), réparation de drones, réparation d’hélicoptères, camions…

L’invention a d’ailleurs beaucoup plu aux forces spéciales américaines.

Mais avant de penser à la vendre, Killian Pezet travaille sur sa version finale, « qui doit être efficace sur le terrain ». Pour ça, pas de secret : l’expérience. « On essaye de le malmener », s’amuse l’inventeur. Le caisson est confié à d’autres personnes « un peu plus brutales » pour tester sa solidité. Prochaine étape : un largage en avion.

L’armée de l’Air et de l’Espace divise par deux ses ambitions pour sa prochaine mission en Indo-Pacifique

L’armée de l’Air et de l’Espace divise par deux ses ambitions pour sa prochaine mission en Indo-Pacifique

 

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Et comme l’avait précédemment expliqué le général Philippe Lavigne, son chef d’état-major [CEMAAE] à l’époque, l’enjeu pour l’AAE allait être de démontrer sa capacité à projeter autant d’avions sur de longues distances de « manière autonome » afin de « conduire dans la durée une campagne aérienne ».

Deux ans plus tard, cette ambition a été revue drastiquement à la baisse… En effet, évoquant, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, la mission de type « Pégase » [Projection d’un dispositif aérien d’EnverGure en Asie du Sud-Est] qui aura lieu en juin prochain, l’actuel CEMAAE, le général Stéphane Mille, a suggéré que le nombre de Rafale et d’A330 MRTT « projetés » dans la région Indo-Pacifique allait être divisé par deux.

« Au bilan, la modernisation de nos vecteurs aériens – Rafale, A400M, MRTT – confortera notre capacité à projeter de la puissance aérienne loin, partout sur le globe, en particulier dans nos outre-mer et dans la zone Indo-Pacifique », a d’abord soutenu le général Mille.

Puis, a-t-il ajouté, une « illustration de cette capacité est le prochain déploiement Pégase, fin juin 2023 : dix Rafale, cinq MRTT et quatre A400M rejoindront la Malaisie en quarante-huit heures, avant de participer à un exercice global à grande échelle [LSGE] à partir de l’île de Guam », où est implantée une importante base américaine.

Cependant, les moyens engagés dans cette prochaine mission PEGASE seront beaucoup plus importants que lors des précédentes éditions, celles-ci ayant mobilisé seulement trois Rafale, un A400M, un avion ravitailleur C-135 et un A310.

Par ailleurs, la distance la France et la Malaisie est d’environ 10’000 km… Tandis que l’île de Guam est située à près de 5’000 km du territoire malaisien.

Pour rappel, la Force aérienne royale de Malaisie [Tentera Udara Diraja Malaysia – TUDM] avait été tentée par l’achat de Rafale en 2017 afin de remplacer ses douze MiG-29 Fulcrum. Depuis, ces appareils ont été retirés du service… Et après avoir lorgné sur les ex-F-18 Hornet koweïtien, Kuala Lumpur a opté pour des chasseurs légers KA-50 « Golden Eagle » sud-coréens.

Quoi qu’il en soit, et pendant que les Rafale et les Phénix participeront aux manœuvres prévues à Guam, les « A400M prendront part à plusieurs activités au bénéfice des forces stationnées en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie », a précisé le général Mille. Et de « nombreuses escales valorisées permettront, au cours du déploiement, de renforcer nos liens avec nos principaux partenaires de la région – je pense à Singapour, à l’Indonésie, à la Corée du Sud, au Japon, au Qatar et à Djibouti », a-t-il conclu.

La Brigade des forces spéciales Air espère obtenir des blindés multi-rôles légers « Serval »

La Brigade des forces spéciales Air espère obtenir des blindés multi-rôles légers « Serval »

 

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La mission assurée par le CPA 20 [comme par les Escadrons de protection, qui font aussi partie de la BFSA] est donc primordiale afin de garantir la « liberté d’action de la manoeuvre aérienne », souligne le général Christophe Aubé, le commandant de la BFSA, dans les pages du dernier numéro d’Air Fan.

Cela étant, cette mission a évolué dans la mesure où il n’est plus question de se contenter d’une posture statique pour surveiller et protéger une base aérienne.

« Nous sommes passés d’une garde statique de grillage pendant la Guerre Froide, pour se prémunir d’une éventuelle attaque de nos plates-formes aériennes ou du plateau d’Albion [qui abritait 18 silos de missiles stratégiques S-3 jusqu’en 1996, ndlr] par des Spetsnaz [forces spéciales soviétiques, ndlr], à une défense en profondeur, plus dynamique et plus active, avec des patrouilles motorisées lointaine », poursuit le général Aubé. Et cette mission va encore évoluer, une réflexion étant en cours pour élaborer un nouveau concept de protection, selon une « logique concentrique correspondant à différentes lignes de défense ».

Par ailleurs, au regard des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine, il est de plus en plus question de « durcissement » et de « dispersion ». En clair, explique le général Aubé, il s’agira de « répartir nos moyens de protection pour sécuriser différents plots de chasseurs, où qu’ils soient » et ce « type d’opération ‘agile’ est l’une des raisons d’être du CPA 20, qui peut fournir ces moyens de combat rapidement ».

Justement, s’agissant des moyens, le CPA 20 et les Escadrons de protection mettent en oeuvre le « Véhicule d’intervention blindé » [VIB], qui est le nom donné par les aviateurs au Véhicule de l’avant blindé [VAB]. Mis en service dans les années 1980, cet véhicule est doté d’un tourelle Toucan armée d’un canon de 20 mm et d’une mitrailleuse de 7,62 mm. Et, en opération extérieure, ils ont à leur disposition des VAB Ultima et des PVP [Petits véhicules protégés], prêtés par l’armée de Terre.

Cependant, et c’est un sujet rarement abordé quand on évoque les questions budgétaires, l’armée de l’Air & de l’Espace aura à remplacer les blindés utilisés par le CPA 20 et les fusiliers de l’Air. D’où le souhait exprimé par le commandant de la BAFSA.

« Je souhaiterais remplacer nos VAB par des engins blindés de dernière génération, probablement des Serval pour nous inscrire dans le même programme de maintien en condition opérationnelle que l’armée de Terre », a confié le général Aubé à Air Fan. « Notre but est de conserver une bonne mobilité tactique sous blindage », a-t-il ajouté.

Mais ce n’est pas tout. « Je souhaite aussi ardemment que nous recevions des mortiers pour donner à différentes unités plus de punch par des moyens de tir indirect », a-t-il affirmé.

En attendant, le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 a apparemment fait l’impasse sur le renouvellement des blindés de la BAFSA. Le texte indique seulement que l’armée de Terre disposera de 1405 véhicule blindés multirôles léger [VBMR-L] Serval en 2030 et d’un total de 2038 exemplaires en 2035, dont 1060 dans le cadre du programme de Véhicule léger tactique polyvalent protégé.

LPM 2024-30 : Les chars légers AMX-10RC et les VAB Ultima devront durer au-delà de 2030

LPM 2024-30 : Les chars légers AMX-10RC et les VAB Ultima devront durer au-delà de 2030

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 4 avril 2023

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La future Loi de programmation militaire [LPM], qui sera présentée lors du Conseil des ministres de ce 4 avril, va confirmer une hausse « sans précédent » du budget des armées, avec une enveloppe de 413 milliards d’euros [dont 13 milliards de recettes exceptionnelles] sur la période 2024-30.

D’un montant de 43,9 milliards en 2023 [voire plus, une rallonge de 1,5 milliard ayant été demandée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées], le budget de la mission « Défense » devrait augmenter d’environ 3 milliards d’euros à partir de 2024. Puis la hausse maintiendra ce rythme jusqu’en 2027. Puis, il reviendra à la prochaine majorité d’accentuer cet effort, avec des « marches » de 4,3 milliards à partir de 2028.

Selon l’entourage de M. Lecornu, cette trajectoire financière ne sera pas gravée dans le marbre dans la mesure où « il faudra éventuellement prévoir des compléments » en fonction de l’évolution des menaces. Cependant, la portée de cette hausse des dépenses militaires pourrait être amoindrie par les effets de l’inflation, évaluée à 30 milliards d’euros pour les sept années à venir, selon l’hypothèse la plus pessimiste.

Aussi, paradoxalement, des choix ont dû être faits. Seront-ils pertinents? L’avenir le dira… En tout cas, plusieurs annonces faites par M. Lecornu durant ces dernières semaines devraient être confirmée; comme les efforts en faveur de la défense sol-air [5 milliards d’euros], des drones [5 milliards], des forces spéciales [2 milliards] et du renseignement [5 milliards].

La lutte informatique, qu’elle soit défensive, offensive et d’influence, devrait bénéficier d’un nouveau coup de pouce de 4 milliards d’euros. De même que le spatial, avec une enveloppe de 6 milliards. À noter que la LPM va acter l’annulation du troisième satellite de télécommunication de type Syracuse IV, au profit d’une « constellation » dont les détails restent à préciser.

Comme l’avait suggéré le président Macron lors de ses voeux aux Armées, le 20 janvier, les forces de souveraineté, implantées dans les départements et territoires d’outre-Mer, devraient voir leurs moyens augmenter de 13 milliards d’euros. Et un effort significatif – 10 millards – est annoncé en faveur du soutien à l’innovation, afin de financer les recherches sur les « technologies de rupture », comme les armes hypersoniques et le quantique.

Enfin, le montant des crédits alloués au Maintien en condition opérationnelle [MCO] des équipements devrait progresser de 40% pour atteindre les 49 milliards d’euros. Et ce ne sera sans pas de trop… puisque certains équipements appelés à être remplacés d’ici 2030 ne le seront finalement pas… Ou, du moins, ils le seront plus tard.

Ce sera en effet le cas des chars légers AMX-10RC et des Véhicules de l’avant blindé [VAB] Ultima, le programme SCORPION devant être « décalé » de quelques années. Ainsi, 100 engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] Jaguar – sur les 300 attendus – seront livrés à l’armée de Terre après 2030. Même chose pour « quelques centaines » de véhicules blindés multi-rôles Griffon et Serval.

Cette décision d’étaler le programme SCORPION entraînera inévitablement des surcoûts. « Cela soulève des difficultés de gestion des lignes et de stockage des composants. Quant au surcoût du MCO, plus les matériels sont anciens, plus l’obsolescence augmente : rien n’est impossible, mais cela a un prix », a récemment expliqué Emmanuel Levacher, le Pdg d’Arquus, lors d’une audition au Sénat.

Cela étant, l’armée de Terre, qui sera appelée à se « transformer », devrait pouvoir remplacer ses Lance-roquettes unitaires [LRU], dont deux exemplaires ont été livrés à l’Ukraine, et renforcer ses capacités en matière d’artillerie avec de nouveaux CAESAr. En outre, elle disposera de plus de 3000 drones, dont des munitions téléopérées.

Quant à la Marine nationale, si elle n’avait pas de souci à se faire pour ses futurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de 3e génération, indispensables à la dissuasion nucléaire, elle obtiendra un nouveau porte-avions nucléaire à l’horizon 2038… Mais elle devra patienter pour aligner ses cinq frégates de défense et d’intervention [FDI], la livraison de deux unités étant désormais prévues après 2030. Et elle devra se passer de trois patrouilleurs océaniques, sur les dix attendus.

Enfin, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] ne passera pas au « tout Rafale » dans les années à venir… étant donné que les livraisons de 42 avions Rafale, prévues entre 2027 et 2030, devraient finalement s’étaler jusqu’en 2032. Ce qui fait qu’elle ne disposera que de 137 Rafale en 2030, alors qu’elle devait en aligner 185. Quant à ses capacités de transport, et à la fin de la LPM, elles reposeront en partie sur 35 A400M [contre 21 actuellement] sur les 50 initialement envisagés.

Un commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace va être créé sur la base de Bordeaux-Mérignac

Un commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace va être créé sur la base de Bordeaux-Mérignac

 

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« Cette évolution supprime un échelon hiérarchique, simplifie le dialogue et accélère la prise de décision et les arbitrages par le niveau central », a ainsi récemment justifié le général Vincent Coste, l’actuel « patron » de la BAAC, laquelle devrait bientôt assumer la responsabilité des systèmes de défense sol-air, lesquels relèvent actuellement de la Brigade aérienne du contrôle de l’espace [BACE] et de la Brigade aérienne des systèmes d’armes et de la logistique [BASAL].

Cela étant, son périmètre s’étant réduit avec ces mouvements, le CFA va donc disparaître pour être remplacé par un « Commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace » [CTAAE]. Cette réforme se concrétisera en septembre 2023, sur la base aérienne [BA] 106 de Bordeaux-Mérignac.

Pour rappel, le CFA a fait l’objet de plusieurs réformes au cours de ces dernières années. En 2016, il avait ainsi fusionné avec le le Commandement du soutien des forces aériennes [CSFA] à l’occasion de son arrivée sur la BA 106, en provenance de la BA 102 de Dijon Longvic, dont la fermeture était alors programmée.

Quoi qu’il en soit, ce CTAAE sera « une des clés de voûte » qui permettra à l’armée de l’Air et de l’espace de « rester au rendez-vous des opérations », assure le ministère des Armées, via un communiqué diffusé ce 22 mars. Et d’ajouter : « Défense-sécurité, protection défense, appui au fonctionnement des bases aériennes, coordination technico-logistique ou encore rayonnement territorial » relèveront désormais de sa responsabilité.

Ce nouveau commandement s’inscrira dans le « sillon de son prédécesseur en étant étant responsable de la coordination technico-logistique et de l’appui au déploiement », poursuit le ministère des Armées. Et la nouveauté sera que ce CTAAE prendra la « responsabilité opérationnelle sur le champs ‘protection-défense’ et dans « son rôle fondamental d’appui de proximité au profit des bases aériennes, de leurs unités et de leur personnel ».

En outre, le CTAAE se verra confier le « pilotage et la gestion » des missions auxquelles prennent part les aviateurs sur le territoire national, comme Sentinelle et Hephaistos [lutte contre les feux de forêt].

Photo : Pompier de l’Air – La Brigade des Pompiers de l’Air restera sous la tutelle du CTAAE © AAE

Les forces ukrainiennes montrent le système français de défense aérienne Crotale NG en action

Les forces ukrainiennes montrent le système français de défense aérienne Crotale NG en action

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Cependant, tous les tirs ne soldent apparemment pas par une « interception réussie ». C’est en effet ce que montrent des images du Crotale NG en action, diffusées sur les réseaux sociaux par les forces ukrainiennes. Pour autant, cela ne remet pas en cause l’efficacité de ce système, puisque la séquence montrée se termine par la destruction d’un missile de croisière russe [dont le type n’a pas été précisé].

« Le système français de défense aérienne à courte portée Crotale NG est en service dans l’armée ukrainienne. Deux lancements visant un missile de croisière russe. Premier : cible manquée. Deuxième : coup au but! », a commenté le ministère ukrainien de la Défense.

 

La courte vidéo [13 secondes] montre le départ des deux missiles depuis l’écran du poste de tir du système, celui-ci recevant des images en infra-rouge.

La Défense ukrainienne n’a pas précisé la date de cette vidéo. Il est possible qu’elle ait été prise le 9 mars dernier, quand les forces russes ont tiré une salve de 81 missiles [dont six armes hypersoniques Kinjal] contre des objectifs situés dans le centre, le sud et l’ouest de l’Ukraine. Seulement 34 d’entre-eux ont été détruits en vol, soit un taux d’interception de 42%…

Pour rappel, le Crotale NG est équipé d’un radar de surveillance pulse-Doppler fonctionnant en bande S, d’un radar de poursuite pulse-Doppler émettant en bande Ku [avec une portée supérieure à 30 km], d’une caméra thermique à double champ [portée de 19 km] ainsi que de capteurs infrarouge. Et il est doté de huit missiles intercepteur VT-1, pouvant atteindre la vitesse de Mach 3,5 et ayant une portée pratique de 11’000 mètres. Le délai d’interception pour une cible évoluant à 8000 mètres est d’environ dix secondes.

Jusqu’alors, l’armée de l’Air & de l’Espace disposait de 12 systèmes Crotale NG… Mais il est question de les remplacer par des VL MICA à la faveur de la prochaine Loi de programmation militaire.