On a testé le Serval, le nouveau blindé léger connecté de l’armée française

On a testé le Serval, le nouveau blindé léger connecté de l’armée française

On a testé le Serval, le nouveau blindé léger connecté de l’armée française
Le RPIMA teste ses premiers Serval. © Romain Mielcarek pour Capital

Depuis le mois de mars, le 3ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMA) de Carcassonne teste ses premiers Serval. Ce véhicule, fabriqué par Nexter et Texelis, équipera à terme les brigades parachutiste et montagne. Pour les soldats, c’est une toute nouvelle manière de faire la guerre qui commence. Capital a pu embarquer avec eux.


Sous le regard scrutateur d’un drone de la taille d’une libellule, les marsouins progressent. Sur son écran, le commandant de compagnie surveille leur prise du village de Jean Couzy. Sans un mot, il distribue ses ordres en quelques clics, réduisant au strict minimum son empreinte électromagnétique : les soldats lancent leurs grenades, lâchent une série de rafales. Le clou du spectacle n’est pourtant pas cette démonstration de force scénarisée sur le camp d’entrainement de Caylus, dans le sud de la France : tout le monde admire les virages des Serval entre les bâtiments.

Les jeunes parachutistes du 3ème RPIMA sont les premiers à challenger une vingtaine de ces gros 4×4 blindés de 17 tonnes, embarquant une dizaine de combattants. Larges de 2,5 mètres, ils peuvent atteindre les 4 mètres de hauteur avec leur tourelleau de 12,7mm téléopéré depuis l’intérieur de l’habitacle. Le véhicule frôle les 100 km/h et revendique 600 km d’autonomie. Surtout, cette machine de guerre se conduit comme une simple voiture.

« Avec ce poste de pilotage, vous passez du XVIIIème au XXIème siècle », s’enthousiasme le sergent-chef Nicolas, l’un des premiers instructeurs de pilotage. La maniabilité et les capacités de franchissement sont démultipliées par rapport aux anciennes machines. Grâce aux caméras réparties tout autour de son véhicule, il peut manœuvrer sans aucune difficulté.

Engin du futur

Le Serval projette les jeunes militaires dans une nouvelle ère. « Je peux indiquer en un clic qu’il y a un char ennemi sur cette position, explique le caporal-chef Thomas, radio-tireur. Je peux indiquer s’il a été détruit ou non. Cela fait automatiquement le compte rendu» En même temps qu’il pianote sur son écran tactile, les autres engins reçoivent les informations en direct. Perdu dans les menus, il hésite encore un peu : « C’est une gymnastique à apprendre mais à la fin, ce sera aussi intuitif qu’avec un téléphone portable ! »

Côté confort, la montée en gamme est considérable : clim’ en été, chauffage en hiver… et des fauteuils plutôt douillets. Surtout, cet engin se distingue de ses ancêtres par son niveau de numérisation : il appartient au programme Scorpion, qui vise à connecter tous les nouveaux blindés de l’armée de terre, Griffon, Jaguar et Serval. Sur le véhicule, un mat de détection acoustique peut repérer les départs de coups ennemis et indiquer automatiquement la direction dangereuse aux équipages. A terme, les ordinateurs doivent même suggérer aux différentes machines et à leurs armes les meilleures réponses à apporter.

D’ici 2033, l’armée de terre doit recevoir 2038 Serval déclinés en 29 sous-versions : combat d’infanterie, mortier, génie, poste de commandement, évacuation sanitaire… La maintenance est optimisée grâce à un fonctionnement en kits. Les militaires remplacent une multitude de micro-parcs de véhicules différents par une machine commune, adaptée à la mission en quelques coups de tournevis.

Défauts et finitions

Aux aguets, le colonel Benoît Cussac, chef de corps du 3ème RPIMA, s’interroge tout de même sur la fâcheuse tendance de ses chefs de groupes à ne plus décoller l’œil de l’écran pour regarder ce qui se passe dehors. Il récolte les retours d’expérience et ne cache pas sa fierté de pionnier : « Les paras voient arriver un véhicule qui a de la gueule. Ils sont comme des gosses. C’est important pour eux. Ils veulent voir comment ils montent dedans, où ils posent leurs affaires. » La caisse reste étroite et déjà, les opérationnels repèrent quelques défauts : en entrant ou en sortant, alourdis de leurs armes, leurs gilets pare-balles et leurs casques, ils ont tendance à embarquer telle poignée ou tel câble radio. L’industriel devra le prendre en compte pour améliorer le produit.

« Ce n’est pas inquiétant, rassure le colonel Cussac. Tout cela fait partie de l’appropriation du véhicule. Nous avons l’impression de contribuer à l’édifice. C’est ce que je dis à mes paras : ne râlez pas, soyez enthousiastes. Nous passons d’une R5 à une Alpine en à peine deux mois. »

Le sourire aux lèvres, les représentants des industriels écoutent les louanges sans tiquer sous les critiques. Eux aussi savent que développer un programme moderne d’armement en à peine quatre ans et demi est un sacré défi. Ils savent aussi que la satisfaction des marsouins sera un précieux argument commercial pour tenter l’aventure à l’export. Le responsable du programme chez Nexter glisse avoir de bons espoirs pour lancer des prospections. Sans vouloir lâcher le prix de l’engin, il concède qu’il est probablement trop cher pour l’Afrique. Mais pourquoi pas les pays Baltes et la Belgique, qui a déjà acheté la plupart les autres briques du programme Scorpion ?

Romain Mielcarek pour Capital
Romain Mielcarek, au camp de Caylus

Une poussée parlementaire en faveur du char de combat

Une poussée parlementaire en faveur du char de combat

– Forces opérations Blog – publié le

Rehausse de la cible et des capacités du Leclerc, remplacement anticipé, abandon du développement d’un char en franco-allemand (MGCS), etc. : une vingtaine d’amendements au projet de loi de programmation militaire 2024-2030 ont été déposés avec pour enjeu commun de « muscler » le parc de chars de l’armée de Terre.

Quel avenir pour le parc de chars français ? Les combats en Ukraine et le réarmement généralisé constaté en Europe ont rebattu certaines cartes, à tel point que de nombreux parlementaires militent pour modifier un projet de LPM qui, dans ce segment, mise sur la continuité des efforts engagés. En l’état, la rénovation du Leclerc sera poursuivie mais étalée jusqu’en 2035, choix assumé par le chef d’état-major de l’Armée de Terre, le général Pierre Schill, pour garantir le renforcement de capacités longtemps délaissées. De même, MGCS restera la voie poursuivie pour « préparer l’avenir du combat terrestre », insiste le rapport annexé. 

Ce statu-quo ne convainc pas, tant dans les rangs de l’opposition que parmi certains députés de la majorité. Sur les 1741 amendements déposés à ce jour, au moins 24 traitent du sujet. Pour la LFI-NUPES et le Rassemblement national, la France doit dès à présent se désolidariser de l’Allemagne. Dans plusieurs amendements, chacun exhorte à s’écarter du partenaire en mettant un terme au programme MGCS, « ce programme voué à l’échec » selon le groupe LFI-NUPES.

Tant pour les deux « extrêmes » que pour quelques élus républicains et socialistes, il conviendrait désormais de privilégier d’autres pistes pour trouver un successeur au Leclerc, jusqu’à proposer une voie souveraine plus longue et plus coûteuse. Pour certains, le meilleur candidat se résume à quatre mots : Enhanced Main Battle Tank (EMBT). Présenté l’an dernier sous la forme d’un démonstrateur par KNDS (Nexter + KMW), ce char « de génération intermédiaire » serait le plan B à envisager pour un remplacement progressif du Leclerc.

Ce scénario est d’ores et déjà bien pris en compte par l’industriel français concerné, le groupe Nexter. « D’une manière ou d’une autre, une solution intermédiaire devra être trouvée pour succéder au char Leclerc, solution qui s’impose petit à petit du fait du contexte ukrainien et de l’arrivée de chars avec de nouvelles capacités », expliquait son PDG, Nicolas Chamussy, le 3 mai en audition parlementaire.

Séduisante, l’option EMBT suppose néanmoins de se pencher sérieusement sur les questions de coûts, de calendrier, d’industrialisation et, surtout, de finalité opérationnelle. Un char de nouvelle génération, oui, mais pour faire quoi ? Et, bien qu’à une échelle moindre, un tel choix amènera de toute façon à devoir compiler avec l’Allemagne, ce partenaire « loin d’être fiable » selon l’alliance LFI-NUPES. Autant de questions qui semblent aujourd’hui échapper à beaucoup, mais sur lesquelles députés socialistes, républicains et d’extrême droite demandent au gouvernement de se prononcer, pour les premiers, « dans un délai de 24 mois ». « Un rapport permettrait de déterminer la nécessité d’un tel investissement et, si tel était le cas, les solutions pertinentes », notent des députés RN.

Faute de solution de remplacement, le groupe LFI-NUPES exhorte à rehausser la cible de Leclerc XLR à horizon 2030, qui passerait de 160 à 180 exemplaires livrés sur les 200 attendus. « En attendant l’arrivée d’un hypothétique char européen, la France dispose de ses chars Leclerc, qu’il convient de rénover », commente-t-elle. 

Le député RN Laurent Jacobelli entreprend quant à lui de sanctuariser une capacité pour l’instant non prise en compte dans l’opération de rénovation du Leclerc. L’amendement déposé vise ici « à garantir l’inclusion d’un module de protection active sur au moins une partie de nos chars Leclerc, sans fixer de cible contraignante ». Un effort supplémentaire annoncé auparavant par le CEMAT et sur lequel la Direction générale l’armement et les industriels progressent dans le cadre du PTD Prometeus.

Si le retard de MGCS est « quelque peu préoccupant » pour le ministre des Armées Sébastien Lecornu, le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, confirmait cette volonté commune consistant « à poursuivre la feuille de route de notre char de combat ». « Nous sommes en train d’accélérer à ce sujet, en étant conscients des différents points de passage, afin de conserver notre capacité opérationnelle en matière de char de combat », déclarait-il le 2 mai. 

L’armée de terre voudrait proposer un service militaire de six mois

L’armée de terre voudrait proposer un service militaire de six mois

L’état-major travaille à un projet de bataillons de volontaires du territoire national

 

Défilé du 14 juillet 23/05/2023 Merchet

Le défilé militaire du 14 juillet 2022, à Paris
– Sipa Press

 

L’armée de terre réfléchit à un nouveau service militaire d’une durée de six mois, mais uniquement sur une base volontaire. Son chef d’état-major, le général Pierre Schill, qui l’a récemment évoqué devant les députés de la commission de la défense, a confirmé à l’Opinion « travailler à augmenter notre offre d’engagement ». Ce nouveau service s’inscrirait dans la continuité du Service national universel (SNU), que celui-ci soit ou non généralisé à l’ensemble d’une classe d’âge. Pour l’instant, l’exécutif a renoncé à rendre le SNU obligatoire.

10  000 jeunes. L’armée de terre estime que 10 000 jeunes pourraient être concernés chaque année. Ils formeraient des « bataillons de volontaires du territoire national » (BVTN), implantés à proximité de grandes villes, comme Nantes, Rouen ou Dijon. C’est-à-dire dans des « déserts militaires », où l’armée de terre n’est plus présente depuis la fermeture de nombreuses garnisons. La loi de programmation militaire, en cours d’examen à l’Assemblée nationale, pourrait permettre de créer deux premières emprises.

Ce projet s’inscrit dans un cadre plus global d’un « changement de paradigme » en matière de réserves et des préparations militairesun dossier sur lequel le ministre des Armées Sébastien Lecornu s’investit beaucoup. Au terme de leur service de six mois, ces jeunes volontaires pourraient rester militaires à temps partiel, c’est-à-dire réservistes, au sein d’unités constituées et non en renfort individuel dans les forces professionnelles. Il n’existe actuellement qu’un seul régiment de réservistes, le 24e RI, bataillon d’Ile-de-France. A l’horizon 2035, l’objectif est d’« atteindre le ratio d’un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active ».

 

L’intercepteur terrestre Cockerill i-X a été présenté à la Section technique de l’armée de Terre

L’intercepteur terrestre Cockerill i-X a été présenté à la Section technique de l’armée de Terre

https://www.opex360.com/2023/05/21/lintercepteur-terrestre-cockerill-i-x-a-ete-presente-a-la-section-technique-de-larmee-de-terre/


 

Pourtant, lors de la préparation de la LPM 2019-25, le général Charles Beaudouin, alors chargé des plans et des programmes au sein de son état-major [EMAT], avait laissé entendre qu’un successeur du VBL pourrait être prêt assez rapidement. « Nous n’attendrons pas 2025 pour penser et dérisquer ce véhicule [le blindé d’aide à l’engagement, ndlr] », avait-il dit.

À l’époque, deux blindés auraient pu servir de point de départ pour la mise au point du VBAE : le Hawkei de Thales et le démonstrateur Scarabee, doté d’une motorisation hybride. À noter que le français Soframe a fait part de son intérêt pour ce marché, en dévoilant le concept « Mosaic ».

Finalement, l’idée de développer le VBAE en coopération avec la Belgique – impliquée dans SCORPION via le programme CaMo [pour capacité motorisée] – a été privilégiée par la suite. De même que la mise au point de « briques technologiques » dans le cadre des projets liés aux Futurs systèmes blindés augmentés européens à haute mobilité [FAMOUS 1 et 2], financés par l’Union européenne [UE]. Les français Nexter et Arquus y sont impliqués, ainsi que l’allemand Krauss-Maffei Wegmann, le finlandais Patria et le belge John Cockerill.

Pour autant, s’il ne figure pas explicitement dans le projet de LPM 2024-30, le programme VBAE doit faire l’objet d’un contrat pour une étude de faisabilité, celui devant être notifié par l’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement [OCCAr] pour le compte de la France et de la Belgique.

En attendant, la Section technique de l’armée de Terre [STAT] assure une veille sur les « briques technologiques » pouvant être utiles non seulement pour le VBAE mais aussi pour d’autres blindés. Et c’est donc dans le cadre de cette dernière que John Cockerill lui a présenté son « intercepteur terrestre », le Cockerill i-X.

« Dans le cadre de sa veille technologique, la STAT s’est fait présenter les capacités opérationnelles du véhicule Cockerill® i-X, intercepteur terrestre doté d’un système d’arme rétractable développé par la société belge John Cockerill », a-t-elle en effet indiqué via le réseau social Linkedin. « Les briques technologiques de celui-ci pourraient nourrir la réflexion quant aux futurs véhicules de l’armée de Terre », a-t-elle ajouté.

Le Cockerill i-X « a pu démontrer ses capacités en termes de mobilité et d’agression dans le cadre idéal du camp de Suippes », a encore précisé la STAT.

D’une masse d’environ 4 tonnes et offrant une protection de niveau 2 et 3 [c’est à dire contre les menaces balistiques et les mines, ndlr], ce véhicule est doté d’une tourelle rétractable pouvant être armée d’un canon de 25 ou de 30 mm. Il est possible de compléter cet armement avec deux ou quatre missiles antichars et deux mitrailleuses [l’un de 7,62 mm, l’autre de 12,7 mm].

Grâce à sa motorisation [thermique ou hybride] de 750 à 800 chevaux, le Cockerill i-X atteint la vitesse de 160 km/h sur une piste désertique [et de 200 km/h sur route]. Tout-terrain, il est aérotransportable et peut même être parachuté.

« Doté d’un camouflage adaptatif, il intègre une technologie de fusion de données multi-capteurs [casque intelligent, système embarqué de gestion de la sécurité, caméras, capteurs : LWS, détection et localisation acoustique des tirs], précise John Cockerill, qui parle d’un « système de combat révolutionnaire pour l’interception de défense territoriale ».

Photo : John Cockerill – archive

Plus de 10 000 postes seront « transformés » dans l’armée de Terre

Plus de 10 000 postes seront « transformés » dans l’armée de Terre

par – Forces opérations Blog – publié le

Le fantassin et le cavalier d’aujourd’hui sont peut-être le combattant cyber ou le télépilote de demain. D’ici la fin de la décennie, plus de 10 000 postes seront en effet « transformés » au sein de l’armée de Terre pour rééquilibrer les fonctions opérationnelles, accompagner la montée en puissance de certaines capacités et gagner en réactivité face aux nouvelles menaces. 

« L’armée de Terre est à la veille d’une évolution d’ampleur pour demeurer en action avec réactivité et puissance », annonçait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, mi-avril en audition parlementaire. Exit le modèle « Au contact », place à une « armée de Terre de combat » dont l’organisation orientée vers les fonctions opérationnelles exige notamment un rééquilibrage au sein des unités et entre unités. 

Pour parvenir à cet équilibre, 10 500 postes, soit près d’un sixième de la force opérationnelle terrestre, seront transformés. Une mutation réalisée sans réelle variation des effectifs. Si la LPM prévoit la création de 700 postes dans l’armée de Terre, le format de la force opérationnelle terrestre restera figé à 77 000 militaires. « C’est celui qui avait été acté après les attentats de 2015 et qui a vu une remontée en puissance, essentiellement, des régiments d’infanterie et de cavalerie », nous rappelait ce vendredi le cabinet du ministre des Armées. 

La transition engagée requiert dès lors un double effort, à la fois de formation et de mouvements internes. Ainsi, l’effectif du BTS cyberdéfense du lycée de Saint-Cyr-l’École, aujourd’hui d’une trentaine d’élèves, sera doublé dès la rentrée 2023, indique le CEMAT. Dans les régiments concernés, une centaine, « voire un peu plus », de militaires seront « transformés » par reconversion professionnelle ou remplacés à leur départ par de nouveaux engagés dotés de compétences spécialisées relevant de la guerre électronique, du cyber au contact, des drones.

« Dans la continuité de ce qui a déjà été initié, les régiments seront massivement équipés de drones allant des nano-drones aux drones opératifs qui seront armés, tout en étant progressivement dotés de munitions télé opérées  dont nous voyons déjà le potentiel opérationnel dans les conflits en cours », annonçait le CEMAT. Environ 3000 drones sont attendus dans l’armée de Terre à l’horizon 2025, dont 90% de nano et micro-drones et 10% de drones spécialisés. 

« Nous aurons également, dans les régiments d’infanterie, le retour des mortiers de 120 mm. C’est une chose qui avait disparu au cours des vingt dernières années », confirme l’entourage ministériel. Chaque régiment récupérera une section de mortiers lourds, de quoi permettre aux régiments d’artillerie de se concentrer sur l’intégration de nouveaux matériels, tels que les GRIFFON MEPAC perçus dès l’an prochain et munitions téléopérées (MTO) Larinae livrées à compter de 2028. 

La recherche de cohérence suppose également un meilleur ratio entre unités de mêlée et capacités de commandement, d’appui et de soutien. « Quelques soldats vont quitter les régiments d’infanterie et de cavalerie pour rejoindre le génie et l’artillerie sur des compétences nouvelles », explique le cabinet. Parce qu’il est réalisé à effectifs presque inchangés, ce renforcement des moyens de franchissement, des feux longue portée ou des moyens d’acquisition nécessitera d’aller puiser dans les forces existantes. Après avoir été rehaussés pour atteindre le millier de combattants, les régiments d’infanterie auront donc « une taille plus ramassée » tout en étant sensiblement densifiés.

Cette densification est en réalité déjà visible dans certaines unités. Il y a dix jours, le 2ème régiment étranger d’infanterie (2e REI) a ainsi dissous sa 5ème compagnie, réaffectations internes ou externes à la clef pour ses légionnaires. Certains pourront intégrer la section de reconnaissance et de renseignement créée en décembre dernier au sein de la compagnie d’appui. La même logique sera adoptée pour les futures sections de mortiers et autres unités d’appui électronique et de MTO. 

Crédits image : armée de Terre

L’Armée de Terre française peut-elle se tourner vers le char KF-51 Panther de l’allemand Rheinmetall ?

L’Armée de Terre française peut-elle se tourner vers le char KF-51 Panther de l’allemand Rheinmetall ?


Armée de Terre française peut-elle se tourner vers le char KF-51 Panther de l’allemand Rheinmetall ?


Ça y est .. ils ont craqué... C’est probablement en ces termes que l’immense majorité des lecteurs, tout du moins les plus mesurés d’entre eux, ont abordé ce nouvel article au titre un tantinet provocateur. En effet, le nouveau char KF-51 Panther présenté par son concepteur, l’allemand Rheinmetall, lors du salon Eurosatory 2022, est aujourd’hui le principal outil dans les mains de son Pdg, Armin Papperger, pour tenter de faire dérailler le programme franco-allemand MGCS qui vise à concevoir, précisément, le remplaçant du char français Leclerc comme du Leopard 2 allemand. Développé en fonds propres, le Panther est proposé par Rheinmetall à quiconque montre un intérêt pour acquérir un nouveau char lourd, y compris dans des montages pour le moins improbables. Comment, dans ce cas, peut-on ne serait-ce qu’imaginer que la France puisse se tourner vers ce blindé, alors même qu’elle développe le MGCS et modernise le Leclerc ?

Comme souvent, le point de vue par lequel on aborde un problème conditionne sensiblement le raisonnement et donc la conclusion que l’on peut y apporter. Ainsi, aujourd’hui, les autorités françaises comme l’opinion publique du pays, soutiennent activement le concept d’armée globale pour les armées françaises, à savoir une force armée disposant de la majorité des capacités requises pour répondre à un champs d’utilisation très étendu. C’est ainsi que l’Armée de terre dispose à la fois de forces adaptées à l’engagement de haute intensité symétrique qu’à la projection de forces en environnement dissymétrique, que la Marine dispose d’une composante aéronavale enviée de nombreux autres pays et d’un savoir-faire en matière de suprématie navale et de projection de puissance très élargi, et que l’Armée de l’Air est apte à soutenir ces deux armées dans l’ensemble des scénarios d’emploi.

Qui plus est, la France dispose d’une dissuasion à deux composantes, par ailleurs technologiquement très avancée, lui conférant un poids sensiblement égal à celui de la Chine dans ce domaine. Ce qui est encore plus rare, la France dispose d’une base industrielle et technologique Défense, ou BITD, elle aussi globale, lui conférant une très grande autonomie d’action et de décision quant à l’emploi de ses forces armées, ainsi qu’un atout de poids sur la scène internationale grâce aux exportations d’armement.

L’Armée de Terre ne va moderniser que 200 de ses 226 Leclerc encore en service

Pour y parvenir, la France consacre chaque année plusieurs Milliards d’Euro pour financer les programmes de Recherche et de Développement de la BITD, de sorte à conserver des armements aussi performants sur le terrain qu’attractifs sur la scène export, ce qui lui permet notamment d’engranger d’importantes recettes budgétaires et fiscales liées à ce dernier aspect et permettant d’alléger le fardeau budgétaire pour les finances publiques, en particulier grâce à certains équipements stars des exportations comme l’avion Rafale, le canon CAESAR, le sous-marin Scorpène ou la frégate FDI. Dans ce contexte, la question posée en titre de cet article, apparait probablement inutilement provocante.

Pourtant, pour peu que l’on étudie avec méthode et objectivité le sujet, il apparait que la conception de certains équipements, notamment les chars lourds, engendre en France des coûts loin d’être compensés par les recettes à l’exportation, mais également loin d’offrir un bénéfice opérationnel ou politique suffisamment significatif pour justifier de tels développements, plutôt que de se tourner vers des solutions proposées par des partenaires internationaux, et qui pourraient s’avérer plus économiques et moins contraignantes tant pour l’acquisition que pour la mise en oeuvre de ces équipements. On continue ?

Pour poser le sujet, il est important d’en définir les paramètres. Et aujourd’hui, le plus contraignant d’entre eux concernant la flotte de chars lourds français n’est autre que la dimension du parc. Ainsi, si l’Armée de terre avait acquis plus de 1300 chars AMX-30 entre 1966 et 1980, elle n’aura reçu que 488 chars Leclerc à partir de 1993, ce qui contraint le Ministère de la Défense à ventiler les couts de développement, soit 1,8 Md€, sur un nombre réduit de coque, amenant le char à un prix d’acquisition unitaire de 15 m€ par char en 1995 (soit 26 m€ en euro 2023), là où, à la même époque, le Leopard 2A5 était proposé à 6m€ (soit 11 m€ 2023).

Il est évidemment possible d’ergoter sur les capacités supérieures du Leclerc vis-à-vis de son homologue allemand. Pour autant, le faible volume de la commande française, ainsi évidement qu’un calendrier très malchanceux (du point de vue industriel) avec la fin de la Guerre Froide, fit du Leclerc un programme très déficitaire du point de vue des finances publiques, ce même en tenant compte des 388 chars acquis par les Emirats Arabes Unis. Au delà des surcouts d’acquisition, le périmètre réduit de la flotte, ainsi que du marché export, a considérablement handicapé les opportunités de modernisation du blindé depuis son entrée en service, les chars français ayant très peu évolué depuis leur livraison initiale.

Berlin envisage d’acquérir une flotte complémentaire de chars de génération intermédiaire pour durcir sa composante haute intensité

La situation autour du Leclerc ne va certainement pas s’améliorer dans les années à venir alors que, dans le cadre de la LPM 2019-2025, la modernisation prévue du parc de l’Armée de terre ne portait que sur 200 unités. Et alors que le rôle du char de combat a été mis en évidence de manière incontestable face à ses détracteurs par la guerre en Ukraine, la planification française demeure inchangée, avec 200 exemplaires armant 3 régiments de chars et une compagnie de 3 régiments d’infanterie mécanisée jusqu’en 2035 et l’arrivée espérée du MGCS. Or, si le développement et l’amortissement d’un programme de char lourd ont déjà été lourdement handicapés par un format de moins de 500 unités à la fin des années 80, on imagine ce qu’il pourrait en être avec un format de flotte à 200 exemplaire, 250 en étant optimiste et en tenant compte de machines d’entrainement et de réserve, alors même que les couts de développement vont être beaucoup plus importants du fait de l’évolution technologique.

Ce d’autant que le marché export sur lequel sur successeur du Leclerc pourrait arriver en 2035, MGCS ou autre, pourrait bien avoir bien davantage de points communs avec le marché 1990 du Leclerc qu’avec le marché 1970 de l’AMX-30. En effet, les offres se multiplient aujourd’hui sur la scène internationale, avec l’arrivée de nouveaux acteurs comme le K2 Black panther sud-coréen, l’Altay turc et le VT4 chinois, alors que les acteurs traditionnels américains, allemands et russes, semblent déterminés à conserver leurs parts de marché dès maintenant. Dit autrement, un successeur au Leclerc qui entrerait en service en 2035 comme visé par l’Armée de terre, pourrait bien arriver exactement entre deux vagues d’acquisitions à l’échelle mondiale, celle en cours aujourd’hui et celle qui débutera en 2045 pour remplacer précisément les chars acquis en ce moment.

Il est évidemment possible qu’à l’avenir, au delà de l’exécution de la future LPM 2024-2030, le format des forces blindées lourdes puisse être appelé à évoluer positivement, ce qui permettrait d’étendre la surface d’application des couts de conception. En outre, si le remplaçant du Leclerc est effectivement le programme MGCS franco-allemand, ces couts seront répartis également entre la France et l’Allemagne, alors que le volume de production sera lui au moins multiplié par deux. On est sauvé ? C’est possible, et c’est incontestablement aujourd’hui le plus important argument en faveur de ce programme de coopération.

Toutefois, il convient de garder à l’esprit que l’histoire des programmes de ce type a montré qu’ils avaient aisément tendance à déborder des prévisions budgétaires et de leur calendrier initialement établi, parfois au point de venir neutraliser les bénéfices espérés de la coopération. D’autre part, des informations concordantes et de plus en plus insistantes laissent entendre que Berlin envisagerait de viser une échéance opérationnelle à 2045 pour le MGCS, tout en achetant à court terme une nouvelle flotte de chars de génération intermédiaire (Panther ou Leopard 2A8) et en modernisant ses Leopard 2A6 pour assurer l’interim, alors que les points de friction entre Nexter et Rheinmetall, notamment au sujet de l’armement principal du char, n’ont pas été arbitrés.

Le démonstrateur E-MBT est une alternative attractive pour la France si celle-ci entend continuer à jouer un rôle sur le marché des chars de combat dans les 2 décennies à venir.

Dans ce contexte, il n’est pas absurde de s’interroger objectivement sur la pertinence, pour Paris, de s’engager dans le développement d’un remplaçant du Leclerc, y compris en coopération, plutôt que de se tourner vers une acquisition sur étagère européenne ou internationale. Et dans cette hypothèse, il apparait que l’industriel, mais également le pays, qui seraient prêts aux plus grandes concessions afin de vendre 200 de leurs chars de génération intermédiaire, seraient probablement Rheinmetall et l’Allemagne, le premier qui pourrait enfin trouver son client export, et non des moindres, pour lancer la production de son Panther, le second pour aligner les calendrier français et allemands au sein de MGCS, tout en créant un précédant industriel qui, jusqu’ici, n’a jamais eu lieu entre Paris et Berlin à un tel niveau.

Quant à l’Armée de terre, elle disposerait d’un char plus moderne que ne le sera le Leclerc modernisé et surtout bien mieux protégé grâce au système hard-kill du Panther. Une autre alternative serait le K2PL polonais de conception sud-coréenne, lui aussi performant et probablement plus économique que le Panther, qui ouvrirait d’importantes opportunités pour accroitre les coopérations industrielles et opérationnelles entre Paris et Varsovie.

Bien évidemment, d’autres solutions existent, la plus évidentes étant d’engager rapidement le développement du char E-MBT précisément pour saisir l’opportunité commerciale du moment en ouvrant le programme à d’autres partenaires, comme la Grèce mais également l’Egypte, les EAU ou l’Arabie Saoudite, des pays qui tous vont devoir prochainement moderniser leur parc blindé lourd dans les années à venir. Pour autant, ce qui apparaissait initialement comme une hérésie méritant le pire des châtiments, apparait, de toute évidence, bien moins hérétique une fois l’ensemble des paramètres et des contraintes encadrant le sujet posé.

Plus globalement, si le choix de disposer d’une Armée Globale contrainte par ses effectifs et son budget relève d’un arbitrage politique, le fait de se doter, ou pas, d’une BITD globale, en revanche, découle directement des formats effectifs constatés dans les armées, ou des partenariats industriels et politiques qu’il est possible de fédérer autour de ces sujets. De toute évidence, la pire des solutions, ou tout au moins la plus onéreuse et la moins efficace, serait d’imposer artificiellement à cette BITD un caractère global sans disposer du format des armées suffisant pour justifier une telle décision.

Défense : la France prévoit de commander 130 blindés pour remplacer ceux envoyés en Ukraine

Défense : la France prévoit de commander 130 blindés pour remplacer ceux envoyés en Ukraine


Un véhicule blindé Jaguar de l'armée française à Paris lors du défilé du 14 Juillet en 2022.

Un véhicule blindé Jaguar de l’armée française à Paris lors du défilé du 14 Juillet en 2022. LUDOVIC MARIN

Le ministère des Armées a annoncé ce vendredi le remplacement progressif des chars légers AMX-10 livrés à Kiev.

Le ministère français des Armées prévoit de commander 130 blindés supplémentaires – 38 Jaguar et 92 Griffon – pour remplacer les chars légers AMX-10 et véhicules de l’avant blindé (VAB) cédés à l’Ukraine. Dans un amendement au projet de loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 déposé avant l’examen du texte en séance à l’Assemblée nationale, le gouvernement prévoit d’ici 2030 d’avoir en parc 238 Jaguar, des engins blindés de reconnaissance et de combat dotés d’un canon de 40 mm, contre 200 prévus dans une première mouture du texte.

De même, il table dorénavant sur un total de 1437 blindés Griffon en 2030, contre 1345 prévus initialement. Fin 2023, il est prévu que l’armée ait 60 Jaguar et 575 Griffon. «Pour ne pas peser sur le format des armées, le gouvernement financera hors ressources budgétaires de la LPM le recomplétement de matériels plus anciens cédés à l’Ukraine», précise le gouvernement dans l’exposé de cet amendement.

Préserver le format des armées

La France a donné depuis janvier plusieurs dizaines -elle se refuse à en préciser le nombre exact- de blindés AMX-10, des engins de reconnaissance équipé d’un canon, et de VAB de transport de troupes. Le remplacement de ces blindés anciens, qui commençaient à être progressivement retirés du service, ne se fait pas sur la base d’un ratio d’un pour un, a-t-on affirmé dans l’entourage du ministre des Armées Sébastien Lecornu.

Il s’agit d’un «remplacement par des capacités équivalentes pour préserver le format des armées afin de répondre aux contrats opérationnels», selon cette source. «Le rythme de livraison de ces blindés supplémentaires se fera avec le souci de limiter les pics de charge des industriels concernés et en cohérence avec la livraison des équipements annexes (telles que les infrastructures)», précise le gouvernement dans l’exposé expliquant son amendement.

Le projet de loi de programmation militaire prévoit 413,3 milliards d’euros de ressources pour les armées entre 2024 et 2030. Pour porter l’effort dans certains domaines clés, le gouvernement a prévu d’étaler la livraison de nombreux matériels. Le parc final de 300 Jaguar et de 1.818 Griffon est dorénavant prévu en 2035, contre 2030 prévus par la précédente LPM.

Fusil volant et mini tank téléopéré : voici les drones de l’armée française en action

Fusil volant et mini tank téléopéré : voici les drones de l’armée française en action

Les futurs alliés des soldats français ?

Un drone équipé d'un fusil présenté lors de la journée organisée par l'armée de terre // Source : Photo par Numerama
L’armée de terre a organisé une journée de présentation et de démonstration de drones. Alors que de plus en plus d’armées s’équipent de drones, la France pourrait bientôt déployer les siens sur le terrain.

Au-dessus de nous, le bourdonnement typique d’un drone se fait entendre. Le petit engin noir s’élève au-dessus du champ, propulsé par ses quatre moteurs, et commence sa mission. Il ne s’agit pas d’un drone classique, destiné à prendre des photos. Ce drone militaire est là dans un but précis : aider les soldats à repérer les positions ennemies, leur permettre de mieux gérer la situation et éviter les mauvaises surprises.

Quelques minutes après, un deuxième drone de repérage est lancé, beaucoup plus petit et discret. Puis vient le tour d’un tout autre genre d’engin volant : énorme, et équipé d’un fusil. Une arme de guerre volante, qui sera peut-être bientôt utilisée par les forces armées françaises. Au-dessus de nous, le drone se déplace, fusil visible, et met en joue un ennemi apparu au bout du champ.

Une démonstration de l'utilisation d'un drone // Source : Photo par Numerama
Une démonstration de l’utilisation d’un drone // Source : Photo par Numerama

Nous ne sommes pas sur une vraie zone de guerre. Nous sommes sur une base militaire des Yvelines, et nous assistons à un exercice, organisé par l’armée de terre dans le cadre de la 2e édition du challenge CoHoMa, pour présenter ses drones et montrer leur potentiel sur le terrain. Les ennemis sont faux, et les blessés ne sont que des mannequins. Mais les drones, eux, sont bien vrais. Ils pourraient bientôt être envoyés sur le front avec les soldats.

Des drones pour équiper les forces françaises

Les drones sont une évolution majeure dans l’équipement de l’armée de terre. Selon Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de terre, présent sur la base militaire pour la démonstration avec les drones, il s’agit même d’un « tournant qu’il ne faut pas rater ». Depuis 2021 et le lancement du projet Vulcain, dont le challenge CoHoMa fait partie, et qui a pour but d’intégrer des robots et de l’intelligence artificielle dans l’armée « à l’horizon 2040 », de nombreux progrès ont été réalisés. L’objectif de la journée du 10 mai était de les montrer, avec une mise en pratique concrète.

L’exercice auquel nous assistons est simple : sur une ligne de front, des soldats ennemis essaient de prendre position à deux endroits différents. Ces positions leur offriraient un avantage, et ils ne doivent pas pouvoir s’y implanter. Une unité de soldats est envoyée pour les déloger, et pour ce faire, elle est accompagnée de plusieurs drones.

Le nano drone Black Hornet est envoyé dans les airs par son pilote // Source : Photo par Numerama
Le nano drone Black Hornet est envoyé dans les airs par son pilote // Source : Photo par Numerama

Les deux premiers à s’envoler sont des drones de repérage, qui survolent la zone et permettent aux troupes au sol de mieux appréhender le terrain, les positions des adversaires, et de prévoir une ouverture d’itinéraire. Dans cette mission, on retrouve un drone conçu à des fins militaires par la marque française Parrot, très semblable aux drones touristiques trouvables dans le commerce, et un nano-drone Black Hornet.

Ce dernier, tout petit, est particulièrement efficace pour les missions demandant de la discrétion, nous explique-t-on. En effet : alors que le drone Parrot émet ce bruit très reconnaissable, qui le rend facilement repérable par les ennemis, le Black Hornet se fond dans le décor. Inaudible, il est aussi quasiment invisible à quelques mètres et les spectateurs qui assistent à l’exercice perdent rapidement sa trace.

Après la phase de repérage vient la phase d’attaque, et d’autres drones entrent en jeu. Après le drone volant armé, c’est au tour d’un véhicule terrestre téléopéré d’arriver sur le terrain. Imposant, le drone est monté sur d’énormes chenilles, et il est équipé d’un canon impressionnant, faisant penser à une sorte de mini tank. On le voit arriver sur le terrain, et sur ordre du chef de l’unité, tirer. Le bruit est assourdissant : on voit de loin les cartouches vides tomber près du robot. Peu après, un autre véhicule arrive. Sorte de brancard télécommandé, la plateforme est équipée d’un lit et permet d’évacuer les blessés.

Un des véhicules téléopérés de l'armée // Source : Photo par Numerama
Un des véhicules téléopérés de l’armée // Source : Photo par Numerama

Mais le clou du spectacle reste sans doute les derniers engins volants à faire leur apparition. Alors que le véhicule tire déjà depuis plusieurs minutes, un drone bombardier arrive. Massif, mais silencieux, on peut le voir se déplacer au-dessus de nos têtes. Il emporte avec lui une douzaine de charges actives de grenade, et peut le faire sur plusieurs kilomètres. Lorsque le drone largue sa première charge sur une position adverse, la détonation est suivie par un large nuage de fumée blanche.

Dernière démonstration, celle de la charge téléopérée — ou drone suicide, selon le terme plus populaire — une nouveauté en France. Petit, et léger, l’engin a pour but d’être le plus discret possible. Il s’agit pourtant d’un drone au potentiel destructeur, dont la charge équivaut à la puissance de deux grenades. L’engin est à usage unique : une fois que la cible a été repérée grâce à la caméra embarquée, le drone s’écrase contre elle, et active la charge. L’exemple auquel on assiste pendant la simulation n’est pas tout à fait semblable à ce qu’il se passe sur le terrain : c’est une fausse charge qui a détoné, et le drone est récupéré, bien qu’un peu amoché. Une épaisse fumée noire se dégage quand même de l’endroit où l’impact a eu lieu, plus loin dans le champ.

Après une ultime vérification effectuée sur le terrain par un drone roulant équipé de caméras, la simulation s’arrête. L’unité assistée par les drones a pu mener à bien sa mission, et a empêché les ennemis de prendre la position.

Quel futur, pour ces drones ?

Depuis 2021 et le début du projet Vulcain, de nombreux progrès ont été réalisés, notamment en termes de diversification des tailles et des usages des robots. Ils permettent dorénavant de neutraliser des explosifs, d’explorer des bâtiments, et d’assister sur des opérations de déminage.

Mais le travail n’est pas fini : de nombreuses améliorations doivent encore être intégrées. L’armée cite comme objectifs une « montée à l’échelle progressive vers un robot équipier du combat, doté d’une intelligence artificielle de confiance, coopérant et pleinement intégré au combat collaboratif. » Il faudrait également augmenter la taille des robots pour aider l’infanterie, et rajouter de l’autonomie décisionnelle.

Un drone présenté par l'armée // Source : Photo par Numerama
Un drone présenté par l’armée // Source : Photo par Numerama

Pour Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de terre, « il est clair que l’autonomisation des robots est indispensable. Un robot qui serait simplement télécommandé aurait un intérêt très limité ». L’enjeu maintenant est d’intégrer de l’intelligence artificielle, explique-t-il, qui permettrait aux engins de gagner de l’autonomie sur certaines décisions et dans certains modes d’action. Avec cependant une limite claire : « Est-ce que ce mode d’action et cette autonomie [doivent] aller jusqu’à la capacité à tuer, à détruire ? En France, la position, c’est : non. Dès lors qu’on est dans une action qui serait létale, il faut qu’il y ait un homme dans la boucle. »

Une limite qui n’est pas partagée. « Il est clair qu’un certain nombre d’autres acteurs, notamment étatiques, seront probablement prêts à avoir des automatismes qui vont jusqu’à déclencher des actions létales, sans forcément qu’il y ait un autre humain dans la boucle », a-t-il reconnu. Comme une référence à peine voilée à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Pour l’instant cependant, ces drones ne sont pas sur le terrain, et il n’y a pas encore de date précise pour leur arrivée. Mais cela pourrait bientôt changer, et des drones pourraient être sur le champ de bataille « à très courte échéance », selon le chef d’état-major de l’armée de terre. La loi de programmation militaire 2024 – 2030, qui doit être examinée au Parlement, prévoit d’avoir « les premières capacités opérationnelles, c’est-à-dire des systèmes capables d’accompagner les troupes au combat, et là, je parle d’unités de robots terrestres, avant 2030 », indique Pierre Schill. Les robots seront bientôt sur le terrain.

La DGA diffuse les images des essais du char Leclerc porté au standard XLR

La DGA diffuse les images des essais du char Leclerc porté au standard XLR

https://www.opex360.com/2023/05/10/la-dga-diffuse-les-images-des-essais-du-char-leclerc-porte-au-standard-xlr/


En réalité, et selon Nexter, un prototype avait été remis à la DGA en décembre 2022. Et cela afin de lui permettre de procéder aux évaluations technico-opérationnelles, en lien avec la Section technique de l’armée de Terre, en vue de la qualification de ce nouveau standard du Leclerc.


Ce 10 mai, la DGA a diffusé des images de ces essais, réalisés à Bourges par DGA Techniques Terrestres. Et d’expliquer qu’ils ont consisté à « vérifier » que les modifications apportées au char lors de sa modernisation n’affecteront pas ses capacités de tir. Ce qui, au vu de la vidéo, ne semble pas être le cas, bien au contraire.

« Cette rénovation vise en premier lieu à l’intégration du char Leclerc dans la bulle infovalorisée SCORPION », via notamment le SICS [Système d’information du combat de SCORPION] et la radio CONTACT, rappelle la DGA.

En outre, poursuit-elle, sa capacité d’agression est augmentée, avec l’ajout d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm [camouflé sur les images, ndlr] pour le combat urbain et une nouvelle conduite de tir pour utiliser des munitions à effet ou déclenchement programmable. Enfin, sa protection contre les mines et les roquettes est renforcée. À noter que ce dernier point n’est pas précisé dans les communications officielles.

Pour rappel, et selon la Loi de programmation militaire [LPM] encore en vigueur, il était encore récemment question de doter l’armée de Terre de 200 chars Leclerc XLR avant 2029. Mais cet objectif est réduit à 160 d’ici 2030 dans le projet de LPM 2024-30, la cible finale devant finalement être atteinte en 2035.

L’armée de Terre se fait déjà la main sur les munitions téléopérées

L’armée de Terre se fait déjà la main sur les munitions téléopérées

– Forces opérations Blog – publié le

L’armée de Terre a tiré sa première munition téléopérée cet après-midi, à l’occasion de sa 2e journée de la robotique et en présence de son chef d’état-major, le général Pierre Schill. Une munition inerte et d’origine étrangère, mais qui symbolise l’inflexion capacitaire inscrite dans la prochaine loi de programmation militaire. 

C’était sans doute le point d’orgue d’une démonstration menée de main de maître par la section exploratoire Vulcain, en pointe depuis 2021 sur les questions de robotisation de l’armée de Terre : la destruction d’un point d’appui ennemi par une munition téléopérée FireFly acquise auprès de l’entreprise israélienne Rafael. Et si l’explosion était factice pour d’évidentes questions de sécurité, la séquence n’en reste pas moins une première en France. 

Cette démonstration pionnière, c’est le fruit d’une réflexion engagée il y a plus de deux ans au sein de la Section technique de l’armée de Terre (STAT). Dès fin 2020, celle-ci cherche à progresser sur une capacité absente du portfolio français et encore très peu développée en Europe. Lancé sur fond de conflit au Haut-Karabagh, le projet aura pris du temps pour se concrétiser. 

Convaincre n’est pas toujours chose aisée et l’arrivée annoncée d’une seconde version aura encore un peu repoussé l’échéance, mais deux systèmes à trois munitions sont finalement acquis et livrés début 2022. Juste à temps pour former deux opérateurs en Israël au cours de l’été, puis de réaliser une série d’entraînements en France afin d’être à l’heure pour cette journée dédiée à la robotique. 

Le FireFly emporte une charge de 420 grammes d’explosif, l’équivalent de deux grenades défensives. C’est peu mais suffisant pour neutraliser un véhicule non protégé ou un petit groupe de combattants éventuellement retranchés dans un bâtiment. Pulvérisé, le système porteur ajoute son lot de « shrapnels ». L’opérateur conserve la main tout au long de la manœuvre. Une fois la charge armée électroniquement, le processus devient par contre irrémédiable. Faute d’objectif ou en cas d’annulation, la munition doit donc être « sacrifiée ». 

Au centre, la munition FireFly tirée aujourd’hui au camp de Beynes, dans les Yvelines. Bien que seulement endommagée par l’impact, son électronique embarquée est automatiquement « grillée » pour éviter toute récupération

L’autonomie atteint les 15 minutes, la portée 1 km en milieu ouvert et jusqu’à 500 mètres en environnement urbain. « Très facile à prendre en main et intuitif », le système est piloté à partir d’une tablette durcie embarquant aussi une quinzaine de scénarios d’exercice de simulation. 

Les essais vont se poursuivre, toujours sous la houlette du groupement innovation de la STAT. Celui-ci n’exclut pas de se rapprocher de certains régiments pour plancher conjointement sur l’emploi de cet armement. De quoi continuer à défricher le sujet, poser des jalons et emmagasiner de l’expérience en attendant la concrétisation du projet Colibri, dont les premières démonstrations sont attendues d’ici au printemps 2024. 

Le CEMAT l’a encore répété aujourd’hui en marge de la démonstration, les munitions téléopérées (MTO) entreront rapidement dans l’arsenal de l’armée de Terre, d’abord via des solutions disponibles sur étagère puis par la construction d’une filière souveraine. Environ 300 M€ seront investis dans ce but sur la période 2024-2030, notamment pour permettre l’acquisition de 2000 MTO en plusieurs versions au profit des régiments de mêlée et d’artillerie.