Un ancien militaire mis en examen pour divulgation du secret-défense

Un ancien militaire mis en examen pour divulgation du secret-défense

Un ancien militaire a été mis en examen jeudi 21 septembre à Paris, notamment pour détournement et divulgation du secret de défense nationale – Leon Tanguy/MAXPPP
 

Un ancien militaire a été mis en examen, jeudi 21 septembre, dans le cadre d’une enquête sur les sources d’un article évoquant un programme de renseignement français en Égypte, a indiqué le parquet de Paris. Il pourrait être une des sources de l’article de la journaliste Ariane Lavrilleux, récemment placée en garde à vue.

par La Croix (avec AFP) – publié le 21 septembre 2023

https://www.la-croix.com/france/ancien-militaire-mis-examen-divulgation-secret-defense-2023-09-21-1201283705


Un ancien militaire a été mis en examen, jeudi 21 septembre à Paris, notamment pour détournement et divulgation du secret de défense nationale, dans une enquête sur les sources d’un article de presse évoquant un programme de renseignement français en Égypte, a indiqué le parquet de Paris.

Un article de Disclose

Cet ex-militaire semble être considéré par la justice comme une des sources de l’article, pour le média Disclose, publié fin 2021 et notamment signé par la journaliste Ariane Lavrilleux. Cette dernière a fait l’objet de près de 40 heures de garde à vue dans ce dossier avant d’être relâchée sans poursuite à ce stade.

La garde à vue d’Ariane Lavrilleux a suscité une large condamnation au sein du monde journalistique, qui y a vu une atteinte à la protection des sources. Un « nouveau cap » a été franchi contre la liberté d’informer, a critiqué la journaliste jeudi après-midi lors d’une conférence de presse à Paris, dénonçant un « détournement des services de la justice ».

Le parquet de Paris a rappelé avoir été destinataire de deux plaintes déposées par le ministère des Armées en janvier 2021 et novembre 2021. Ces plaintes contre X faisaient « à la suite de la parution d’articles dans le média Disclose, comportant des documents et photographies supportant la mention « Confidentiel Défense » ainsi que des éléments susceptibles de permettre l’identification d’agents du renseignement », a précisé le ministère public.

La mission « Sirli »

Disclose avait affirmé dans un article publié en novembre 2021 que la mission de renseignement française « Sirli », entamée en février 2016 au profit de l’Égypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l’État égyptien qui se servait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne.

Le parquet de Paris a précisé que, suite à l’ouverture d’une enquête préliminaire fin 2021, « les investigations s’orientaient vers la mise en cause d’un membre du ministère des armées ».

Une information judiciaire ouverte en 2022

Une information judiciaire a ensuite été ouverte le 21 juillet 2022, visant plusieurs infractions parmi lesquelles détournement et divulgation de secret de défense nationale par son dépositaire, mais aussi appropriation ou divulgation d’un secret de défense nationale ou révélation d’information sur un agent de renseignement.

Le parquet de Paris a précisé que « le contenu des investigations demeure couvert par le secret de l’instruction ».

Les opérationnels du Service action de la DGSE peuvent cumuler jusqu’à 200 jours de mission par an

Les opérationnels du Service action de la DGSE peuvent cumuler jusqu’à 200 jours de mission par an

https://www.opex360.com/2023/09/14/les-operationnels-du-service-action-de-la-dgse-peuvent-cumuler-jusqua-200-jours-de-mission-par-an/


 

Par ailleurs, le ministère des Armées n’évoque pratiquement jamais le Service action… sauf dans les pages du Journal Officiel. Et, ces dernières années, seul Bernard Bajolet, alors à la tête de la DGSE, a confié qu’il était utilisé « au plein de ses capacités », à l’occasion d’une audition parlementaire réalisée peu après les attentats commis en France par l’État islamique [EI ou Daesh].

Cela étant, on sait que le Service Action se compose de trois unités chapeautées par le Centre d’instruction des réserves parachutistes [CIRP] de l’armée de Terre, du Groupe aérien mixte 56 « Vaucluse » de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et du navire Alizée de la Marine nationale.

Quoi qu’il en soit, pour le lancement de Terre Mag, son nouveau magazine d’informations, l’armée de Terre a fait le choix de braquer les projecteurs sur l’une des trois unités du CIRP, à savoir le Centre parachutiste d’instruction spécialisée [CPIS] établi à Perpignan… et dont le DGSE ne parle même pas sur son site Internet.

Ainsi, on apprend que cette unité prépare « des dizaines » de militaires « triés sur le volet » à des « actions clandestines de coercition et à la guérilla » dans les zones de crise, en particulier « là où les forces spéciales ne sont pas autorisées à opérer ». Ces activités peuvent conduire à « exercer une pression ou une influence sur un individu, une organisation ou un État » et inclure « du renseignement, des cyberattaques, des campagnes de désinformation, etc. ».

« Nos agents agissent hors du cadre législatif. C’est la principale différence avec les forces spéciales ou armées en général », rappelle le chef de corps du CPIS dans les pages de Terre Mag.

L’une des spécificités de cette unité [mais qui doit valoir aussi pour les deux autres du CIRP, à savoir le Centre parachutiste d’entraînement aux opérations maritimes et le Centre parachutiste d’entraînement spécialisé] est que les opérationnels disposent « d’une autonomie incomparable dans la préparation et la conduite » de leurs missions. « Chacune est unique et les équipes projetées changent en permanence, selon les besoins », explique Terre Mag.

Visiblement, l’activité du CPIS est intense. « Les agents cumulent en général plusieurs spécialités. Leur rythme de projection s’élève à environ 200 jours par an », apprend-on en effet.

Aussi, la sélection est impitoyable… et pour le chef de corps du CPIS, « présenter son dossier est déjà un acte de courage ». Ainsi, un candidat fera d’abord l’objet d’une enquête de sécurité, qui s’intéressera aussi à son entourage. Puis il aura à passer des entretiens, des tests psychotechniques et une évaluation de « mise en situation sur le terrain ». À noter que Terre Mag ne parle pas de tests sportifs mais sans doute que cela va de soi…

Une fois ces étapes passées, le volontaire va suivre une formation de dix-huit mois, laquelle alterne des phases d’apprentissage et de restitution. Et l’échec est interdit. Mais d’après Terre Mag, très peu de candidats échouent, en raison notamment de la solidité du processus de sélection, lequel met l’accent sur l’expérience opérationnelle, la capacité à se fondre dans la population, la rusticité, l’honnêteté intellectuelle ainsi que la capacité à gérer la tension nerveuse et à supporter l’isolement.

« Les personnes qui se présentent veulent donner un sens plus grand à leur engagement. Elles ne cherchent ni la reconnaissance, ni les médailles. Il n’y a pas de place pour l’ego chez nous », résume le chef de corps du CPIS.

Arrestation en Allemagne d’un postulant espion

Arrestation en Allemagne d’un postulant espion

par Alain Rodier – CF2R – publié le 13 août 2023

https://cf2r.org/actualite/arrestation-en-allemagne-dun-postulant-espion/


Un Allemand travaillant pour la Bundeswehr, soupçonné d’espionnage au profit de la Russie, a été arrêté à Coblence le 9 août après une enquête menée par l’Office fédéral du service de contre-espionnage militaire, l’Office fédéral de police criminelle (BkA) et l’Office fédéral pour la protection de la Constitution (BfV). Le même jour, la maison qu’il partageait avec son épouse a été perquisitionnée.

Le capitaine Thomas H. de la Bundeswehr a proposé ses services en adressant en mai 2023 des e-mails au consulat général de Russie à Bonn et à l’ambassade à Berlin. Sa carrière lui a permis d’avoir accès à des informations sur divers projets d’armement, notamment dans le domaine de la guerre électronique. Le bureau dans lequel il était affecté est le principal service informatique et logistique de la Bundeswehr. Il y était notamment chargé de la gestion des équipements militaires. Selon Der Spiegel, citant des sources sécuritaires, Thomas H. aurait travaillé auparavant plusieurs années au bureau des achats de la Bundeswehr à Coblence (Rhénanie-Palatinat).

Bien sûr, le contre-espionnage allemand qui surveille étroitement les représentations diplomatiques russes a été alerté. Il semble qu’il ait attendu d’avoir une preuve concrète de volonté de remise de documents aux Russes pour intervenir. La peine encourue est donc plus importante (dix ans de prison). Pour le procureur de la République, le capitaine se sentait dévalorisé dans son travail et il aurait voulu se sublimer en se livrant à de l’espionnage. C’est un classique de la discipline qui est résumée dans l’acronyme MICE : Monnaie, Idéologie, Compromission et Ego.

Le Tagesspiegel rapporte que l’officier de la Bundeswehr avait déjà attiré l’attention en interne en raison de sa sympathie pour le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) et sa politique pro-russe. Ce fait est bien sûr exploité politiquement par les autres partis.

On ne peut qu’être confondu par la naïveté de l’officier allemand qui a proposé quasi ouvertement ses services aux Russes. Il se dit qu’en France, il n’y a pas de véritable culture du renseignement, mais en Allemagne, cela semble être aussi le cas…

Des services allemands gangrénés par l’espionnage et entravés par un excès de contrôles

Cette arrestation fait suite à des cas similaires survenus à la fin de l’année dernière : un membre du service de renseignement extérieur allemand, le BND a été arrêté et accusé d’avoir fourni des informations confidentielles aux Russes ; un officier de réserve de la Bundeswehr a été écarté pour avoir collaboré avec Moscou pendant des années ; et le 18 octobre, le chef de l’agence allemande de cybersécurité a été limogé, après des révélations de médias faisant état de son manque de distance avec la Russie. Pourtant, au printemps 2022, Berlin avait expulsé une quarantaine de diplomates russes qui représentaient une menace pour la sécurité.

L’arrestation du capitaine Thomas H survient tout juste après que deux anciens chefs du BND, August Hanning et Gerhard Schindler, aient écrit dans le journal Bild, début août, pour se plaindre que l’agence était « entravée et édentée » en raison de la surveillance et de l’ingérence bureaucratiques. Les anciens maîtres-espions ont révélé que pas moins de sept comités politiques et juridiques doivent approuver et superviser leur travail, les obligeant souvent à s’appuyer sur des informations provenant de services amis. Confirmant leurs dires, le président de l’organe de contrôle parlementaire, Konstantin von Notz (Verts) a déclaré : « l’Allemagne a besoin d’accorder plus d’attention au contre-espionnage et à l’influence illégitime des pays autocratiques ».

Cela pourrait confirmer que les arrestations d’espions de l’an dernier soient dues à des dénonciations de services amis dans le cadre des échanges Totem existant entre agences, plutôt qu’aux propres efforts du contre-espionnage allemand (pour Thomas H., cela relève de la stupidité de cet officier).

Durant la Guerre froide, l’Allemagne a longtemps été en première ligne dans la de l’ombre. Elle était particulièrement vulnérable aux espions de l’Est. Dans les années 1970, Günter Guillaume, un assistant du chancelier Willy Brandt, a provoqué la chute de celui-ci lorsqu’il a été révélé qu’il était un espion communiste de longue date. Les Allemands de l’Est, via le maître espion Markus Wolf, ont formé des agents « Roméo » pour séduire les secrétaires célibataires travaillant pour le gouvernement de Bonn et les convaincre de collaborer.

Il n’est pas difficile de discerner pourquoi l’Allemagne est si sujette à la pénétration d’espions russes : c’est encore un autre héritage du sombre passé du pays. L’expérience totalitaire de la dictature nazie a tellement inoculé le pays contre tous les aspects d’un « État policier » que la suspicion à l’égard des agences d’espionnage nationales est devenue endémique. Le pays entretient, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, une grande méfiance à l’égard des services, d’où les freins et contrôles excessifs qui entravent aujourd’hui leur action. À cela s’ajoute la relation ambivalente de l’Allemagne avec la Russie, y compris le sentiment de culpabilité résultant de la Seconde Guerre mondiale et la division ultérieure du pays jusqu’en 1989.

Ces facteurs se combinent pour faire de l’Allemagne un maillon faible au sein du monde occidental face à l’espionnage russe qui s’est accru depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou. 

Des technologies militaires sensibles livrées à la Chine et à la Russie ? Quatre personnes dont un patron français mises en examen

Des technologies militaires sensibles livrées à la Chine et à la Russie ? Quatre personnes dont un patron français mises en examen

  • Ommic est une entreprise française de haute technologie qui conçoit notamment des puces électroniques.
    Ommic est une entreprise française de haute technologie qui conçoit notamment des puces électroniques. MAXPPP – Vincent Isore
Publié le , mis à jour
par Andrea Perez – L’Indépendant – publié le 27 juillet 2023

Deux des quatre personnes mises en examen sont des responsables d’Ommic, une entreprise française de haute technologie.

Deux Français et deux Chinois ont été mis en examen à Paris le 24 mars dernier pour des soupçons de livraison de secrets industriels à la Chine et à la Russie, d’après les informations de franceinfo auprès d’une source judiciaire, confirmant les révélations du Parisien.

 

Un crime passible de quinze ans de prison

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête pour “livraison à une puissance étrangère de procédés, documents ou fichiers de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation”, mais aussi pour exportations illégales en contrebande et association de malfaiteurs.

Parmi les personnes accusées figurent deux responsables d’Ommic, une entreprise de haute technologie qui conçoit notamment des puces électroniques, dont son directeur général. Le crime de trahison et d’espionnage pour lequel il est poursuivi est passible de quinze ans de prison.

Des puces utilisées par l’armée française

Le Parisien révèle également que ce sont au total 9 personnes liées à Ommic qui ont été interpellées par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’affaire est particulièrement sensible dans la mesure où les puces surpuissantes fabriquées par l’entreprise sont potentiellement dangereuses et sont utilisées, entre autres, par la défense nationale.

L’armée française y a recours car elles permettent d’équiper des radars militaires, des chars, des avions de chasse ou encore des systèmes de guidage des missiles. Le PNAT a donc agi dans le cadre de sa compétence en matière de lutte contre la prolifération d’armes de destruction massive.

L’enquête est conduite par deux juges antiterroristes et un juge du pôle financier de Paris.

Une taupe russe au cabinet Le Drian ? Pas si vite…

Une taupe russe au cabinet Le Drian ? Pas si vite…

La réaction de Bernard Bajolet, ancien DGSE. Il dément avoir fait remonter « un cas individuel ».

 

Bernard Bajolet

Bernard Bajolet © Sipa Press


Y a-t-il eu une « taupe » russe au sein du cabinet du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian (2012-2017). C’est ce que laisserait entendre l’ancien directeur de la DGSE Bernard Bajolet, dans un entretien accordé à C dans l’Air pour une émission spéciale consacrée à la Russie, qui a été diffusée dimanche soir sur France 5. La réalité est nettement plus nuancée.


A la question de Caroline Roux ( «  Vous avez eu à traiter un cas de ce type. C’était en 2017. Une taupe avait intégré le cabinet du ministre Jean-Yves Le Drian  »), Bernard Bajolet répond «  En effet, quand j’étais DGSE, j’avais fait remonter  » et il enchaîne sur le contre-espionnage en général.

Bernard Bajolet, qui souhaite obtenir l’intégrale de son interview sur France 5, nous précise que « l’extrait de ma réponse a fait l’objet d’une interprétation erronée. Je n’ai jamais voulu réagir à un cas individuel ni mentionner un cabinet en particulier. En aucun cas ma réponse ne peut être considérée comme une confirmation de la réalité des allégations dont a fait état Caroline Roux sur la présence d’un agent étranger dans le cabinet d’un ministre de l’époque ».

« J’ai voulu souligner l’intensité des activités d’espionnage menées à l’encontre de notre pays par des puissances étrangères, dont la Russie, et l’importance de la fonction de contre-espionnage confiée aux services de renseignement, que j’ai remontée dans les priorités lorsque j’étais directeur général de la sécurité extérieure. C’est bien la priorité du contre-espionnage que j’évoquais et non pas une information quelconque aux autorités de l’époque. »

A l’origine de cette « affaire », on trouve un article de Mediapart, du 27 avril 2018, rédigé par deux journalistes spécialisés dans les questions de renseignement, Matthieu Suc et Jacques Massey. L’article affirme qu’en 2017 « Bernard Bajolet [avait] saisi le procureur de la République de Paris » à la suite d’une enquête visant « un espion russe suspecté d’avoir recruté une taupe au sein même du cabinet militaire de Jean-Yves Le Drian. Des notes de la DGSE relatent en particulier des rendez-vous entre l’officier supérieur français et son officier traitant russe. Des comptes rendus de réunions ministérielles auraient été transmis ».

Selon nos informations, il y a à la fois une part de vérité et une confusion dans cet article. La part de vérité est qu’effectivement, un colonel affecté au cabinet militaire de Jean-Yves Le Drian a été écarté de son poste et expédié au Mali, à la suite d’un contact sans doute imprudent avec un représentant de l’ambassade de Russie qui s’intéressait à l’engagement militaire français dans les pays baltes. Cet officier des troupes de marine a ensuite poursuivi sa carrière. A la même époque, un amiral aurait, lui aussi, été écarté suite à des contacts avec des Israéliens.

En revanche, la confusion porte sur le signalement au procureur. Celui-ci a bien eu lieu, mais il concerne une autre affaire, celle de deux anciens de la DGSE qui ont travaillé pour la Chine. Ils ont été condamnés pour trahison par la justice en juillet 2020.

Rappelons enfin que les relations entre Bernard Bajolet, aujourd’hui à la retraite, et le cabinet du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian n’ont pas toujours été au beau fixe.

Un haut fonctionnaire du Sénat soupçonné d’espionnage au profit de Pyongyang

Un haut fonctionnaire du Sénat soupçonné d’espionnage au profit de Pyongyang

http://www.opex360.com/2018/11/27/un-haut-fonctionnaire-du-senat-soupconne-despionnage-au-profit-de-pyongyang/

 

L’on savait que l’écrivain et chroniqueur Yann Moix éprouvait de l’intérêt pour la Corée du Nord, au point d’emmener l’acteur Gérard Depardieu à Pyongyang pour assister à la parade militaire marquant le 70e anniversaire du régime nord-coréen, en septembre dernier. Mais, visiblement, ils ne furent pas les seuls Français à faire le voyage : Benoît Quennedey, un haut fonctionnaire du Sénat était en effet également de la partie.

Président de l’Association d’amitié franco-coréenne et auteur de plusieurs ouvrages plutôt conciliants à l’égard de Pyongyang, cet administrateur du Sénat, est actuellement soupçonné d’avoir collecté et transmis des informations susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation à la… Corée du Nord. Il a ainsi été interpellé et placé en garde à vue par la Direction générale de la sécurité intérieure [DGSI] le 25 novembre au soir, dans le cadre d’une enquête ouverte en mars par le parquet de Paris.

Habitué à intervenir sur les plateaux de la chaîne russe RT France, qui le présente comme « expert en relations internationales », ce haut fonctionnaire, diplômé de l’École nationale d’administration [ENA], est administrateur principal de la Division des Affaires administratives et financières relevant de la direction de l’architecture et des jardins du Sénat. Quelles informations a-t-il pu recueillir et livrer à la Corée du Nord dans le cadre de son travail? Mystère…

Quoi qu’il en soit, les policiers de la DGSI ont perquisionné le bureau occupé par ce haut fonctionnaire, ce qu’a confirmé, Gérard Larcher, le président du Sénat. « Il y a eu une perquisition aujourd’hui mais il n’y a aucun commentaire s’agissant d’une procédure judiciaire », a-t-il dit.

Ce n’est pas la première affaire d’espionnage qui concerne le Sénat cette année. En mai, l’hebdomadaire Le Point avait en effet révélé que des micros-espions avaient été découverts dans le bureau de M. Larcher. Un des policiers du service de la protection fut placés en garde à vue pendant 6 heures, puis remis en liberté. L’enquête conduite alors cherchait à s’assurer que ce dernier ne travaillait pas pour le compte d’une officine privée ou d’une puissance étrangère.

Les États-Unis espionnent Airbus selon la DGSI

Les États-Unis espionnent Airbus selon la DGSI

l’aéronautique est l’un des secteurs qui intéressent particulièrement les Américains selon une note de la DGSI. Remy Gabalda-AFP

Dans une note remise à l’exécutif, et que Le Figaro a pu consulter, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dénonce des manœuvres américaines destinées à piller les fleurons français de secteurs stratégiques.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/11/13/01016-20181113ARTFIG00310-comment-les-etats-unis-espionnent-nos-entreprises.php

Le document de six pages, daté du 12 avril dernier se présente comme un «panorama des ingérences économiques américaines en France». «Les acteurs américains déploient une stratégie de conquête des marchés à l’export qui se traduit, à l’égard de la France en particulier, par une politique offensive en faveur de leurs intérêts économiques», écrivent les analystes de la DGSI.

«Les entreprises françaises évoluant dans ces secteurs font l’objet d’attaques ciblées, notamment par le biais de contentieux juridiques, de tentatives de captation d’informations et d’ingérence économique.» Dans cette note, l’aéronautique apparaît comme la première cible. «Airbus fait actuellement l’objet d’audits de conformité en matière de lutte contre la corruption. C’est dans ce cadre qu’interviennent en son sein des cabinets d’avocats américains (qui) disposent, depuis 2015, d’un accès privilégié à des données stratégiques du groupe». Ainsi, «les informations de toutes natures saisies auprès des cadres d’Airbus permettent de cartographier tous les intermédiaires et contacts du groupe, ainsi que ses axes de développement à l’international».

«Les Américains coopèrent très fortement avec la France et les services alliés au niveau opérationnel contre le terrorisme islamique et l’espionnage chinois ou russe, mais 60 % de leur activité reste centrée sur la recherche de renseignements stratégiques», écrit la DGSI.