Le Pentagone songe à solliciter l’aide du Japon pour transformer le MC-130J en hydravion

Le Pentagone songe à solliciter l’aide du Japon pour transformer le MC-130J en hydravion

 

 

https://www.opex360.com/2023/05/16/le-pentagone-songe-a-solliciter-laide-du-japon-pour-transformer-le-mc-130j-en-hydravion/


Cela étant, une telle idée n’est pas nouvelle : dans les années 1960, Lockheed proposa à l’US Navy un hydravion conçu à partir de son C-130 Hercules. Sans succès… L’industriel revint à la charge, plus tard, avec cette fois l’US Coast Guard [garde-côtière]. Mais sans plus de résultat.

Quoi qu’il en soit, le projet d’un MC-130J Commando II amphibie fut dévoilé en mai 2021 par le colonel Ken Kuebler, lors d’une conférence dédiée à l’industrie [SOFIC – Special Operations Forces Industry Conference]. « C’est un défi », avait-il dit, avant d’ajouter que l’ingénierie numérique permettrait de trouver rapidement une solution. Puis, quelques semaines plus tard, l’Air Force Special Force fit savoir qu’elle espérait le premier vol d’un prototype en 2023.

Sauf que l’ingénierie numérique n’est pas une pierre philosophale, comme en témoigne les problème que rencontre l’avion d’entraînement T-7 « Red Hawk », développé selon cette approche. En effet, celui-ci sera mis en service en 2027, soit avec trois ans de retard. Et cela « en raison de problèmes découverts au début de la phase de développement et de tests », a récemment fait savoir Andrew Hunter, le secrétaire adjoint à l’Air Force pour l’acquisition, la technologie et la logistique.

En tout cas, le développement de la version amphibie du MC-130J Commando II ne semble pas avoir réalisé de progrès notables depuis les annonces faites en 2021. Aussi, l’US SOCOM envisage de se tourner vers le Japon, qui a une certaine expérience en la matière, avec l’hydravion de transport ShinMaywa US-2.

« Le Japon est un partenaire très important dans [l’Indo-Pacifique]. Nous envisageons un partenariat pour voir ce que nous pouvons apprendre de leurs expériences avec l’US-2 », a en effet déclaré Jim Smith, le responsable des acquisitions pour le compte de l’US SOCOM, lors d’une conférence organisée à Tampa [Floride], le 9 mai.

Cela étant, en fonction de ce que donneront les discussions avec Tokyo, l’US SOCOM n’exclut pas de se procurer quelques US-2 auprès du constructeur nippon ShinMaywa, ses procédures d’acquisition étant particulières.

Pour rappel, mis en service en 2007, l’US-2 est un hydravion de 33,46 mètres de long pour une envergure de 33,15 mètres. Affichant une masse au décollage de 43 tonnes, il peut transporter une vingtaine de passagers. Doté de quatre turbopropulseurs Rolls-Royce AE 2100J, il peut voler à la vitesse maximale de 560 km. Enfin, son autonomie est de 4700 km.

L’invention de ce militaire a séduit les forces spéciales françaises et américaines

L’invention de ce militaire a séduit les forces spéciales françaises et américaines

Armurier à la BA105 d’Évreux, Killian Pezet est revenu d’une mission avec l’envie de créer un établi mobile pour entretenir les différents équipements. Son innovation a été primée.

 

Artac
Killian Pezet, lors de la présentation de son invention à un salon d’innovation militaire. ©Photo fournie par Killian Pezet.

Militaire à la base aérienne 105 d’Évreux (Eure), Killian Pezet se définit comme quelqu’un de discret. Pourtant, depuis quelques jours, il se retrouve sous les projecteurs grâce à son invention primée lors d’un prestigieux salon dédié à l’innovation militaire.

Originaire de Cherbourg, le jeune homme de 24 ans est arrivé à la BA105 il y a cinq ans et demi. Un brevet professionnel en poche, il a suivi les traces de son père et est devenu armurier. Un poste « assez rare » (il y en a quatre ou cinq par base) qui consiste à entretenir, réparer et modifier les armes, du pistolet au fusil d’assaut utilisé en mission.

Une armurerie mobile

C’est lors d’une opération extérieure (Opex) dans le Sahel que les premières graines de son innovation ont germé. En tant qu’armurier, il est installé sur une grande base, quand bon nombre de militaires sont situés dans des avant-postes à deux heures de vol.

Lorsqu’ils ont besoin de réparer leurs armes, ces derniers sont obligés d’attendre la fin de leur mission et doivent se déplacer avec tout leur équipement jusqu’à la base. Une galère logistique.

Je me suis demandé pourquoi l’armurerie n’irait pas au plus près de nos hommes.

Killian Pezet

De retour en France après cinq mois de mission, il propose son idée : « Condenser tous les moyens techniques et technologiques d’une armurerie dans un caisson d’un mètre cube. » Une armurerie mobile en somme. La boîte doit être transportable en avion et larguée sur les terrains de conflits si besoin.

Une fois déployée, elle devient une table de 2 m de largeur et de 70 cm de longueur composée de tiroirs comportant l’outillage nécessaire à la réparation et au nettoyage des armes, les pièces, les ingrédients (huiles, colles…), les tablettes (principalement utilisées pour indiquer la marche à suivre pour chaque arme), les éclairages, microscope et endoscope… « Chaque centimètre est utilisé pour caler et emporter le plus de choses », résume l’inventeur.

Une maquette avec des déchets

Dans un premier temps, ses collègues pensent à une blague. Pas de quoi désarmer le jeune caporal. « Il a fallu démontrer que j’y croyais fort. Au pire on m’aurait dit que c’était nul. Au mieux ça marchait », explique-t-il, simplement. Il prend ses soirées pour se former à la modélisation en trois dimensions afin de présenter son projet aux autorités.

Un sens de la débrouille qui fait mouche, puisqu’à l’automne 2021, son exposé suscite l’intérêt des autorités. Killian Pezet réalise une maquette en bois à peu de frais, notamment en se servant de déchets et en faisant appel aux menuisiers de la BA105, afin de montrer son concept.

Artac
L’établi Artac créé par Killian Pezet. ©Photo fournie par Killian Pezet.

Pour le prototype, il obtient un financement de la Direction générale de l’Armement (DGA), qui tient les cordons de la bourse. Ayant la possibilité de compter sur un budget imposant, le caporal se limite à 15 000 €. « Je n’avais pas besoin de plus », assure-t-il.

Un coût maîtrisé grâce aux capacités de recherche et de fabrication au sein même de l’armée française. Il met à contribution l’atelier industriel de la base de Bordeaux, unique en France, « qui peut tout construire ». Surtout, cette phase permet à son invention de passer entre les mains d’ingénieurs qui peuvent aller dans le détail.

« Être autonome à 100 % »

Si le caisson de l’inventeur ébroïcien est crédible, c’est avant tout parce qu’il est issu « de l’expérience du terrain et qu’il n’a pas été commandé dans un bureau ». Deux panneaux solaires dépliables permettent de recharger tablettes et éclairages si aucune prise n’est disponible. « L’idée, c’est d’être autonome à 100 % », appuie Killian Pezet.

Le côté table de camping pliable est totalement assumé par le jeune homme, qui a voulu rendre le tout simple d’utilisation.

On met moins de soixante secondes à le déployer. Le but, c’est que l’on ne se pose pas de question et qu’on ne le casse pas.

Killian Pezet

Le plan de travail, totalement magnétique, a lui aussi été pensé pour répondre aux exigences du terrain. « Il faut éviter que les petites vis tombent et roulent dans le sable », précise celui qui se définit lui-même comme un « bricoleur maladroit ». Seul véritable « point noir » du paquetage : son poids. Il pèse une centaine de kilos, mais le caporal a trouvé l’alternative en y ajoutant un système de chariot pour qu’un seul homme soit en mesure de le tirer, quel que soit le terrain.

« Mieux que le concours Lépine »

Fin mars, Killian Pezet a participé au salon SOFINS (special operations forces specials network seminar) à Bordeaux. Un événement très fermé qui se tient tous les deux ans et pour lequel il faut montrer patte blanche.

Ça réunit les forces spéciales du monde entier et les industriels qui fabriquent les gadgets à la James Bond.

Killian Pezet

Parmi la cinquantaine d’innovateurs présents, il a gagné le prix dans la catégorie GCOS (général commandant les opérations spéciales). « C’est mieux que le concours Lépine », assure-t-il. Un prestige, mais surtout « une crédibilité gigantesque » pour l’invention et l’inventeur.

C’est à cette occasion que Killian Pezet a choisi le nom d’Artac (Armurerie tactique). Un intitulé plus punchy que Caisse projetable d’entretien des armes (CPEA), et surtout plus facile à dire. « Je bégayais beaucoup, j’aurais loupé la prononciation », confie l’inventeur ébroïcien. Pourtant, pendant les quatre jours du salon, son handicap ne l’a pas gêné : « Je savais exactement de quoi je parlais, ça a aidé. »

Killian Pezet
Le caporal Pezet a gagné le prix dans la catégorie GCOS (général commandant les opérations spéciales) lors d’un salon dédié à l’innovation militaire. ©Photo fournie par Killian Pezet


Artac killian pezet évreux
L’armurerie mobile de Killian Pezet peut être larguée depuis un avion. ©Photo fournie par Killian Pezet

Des entreprises intéressées

L’armée française a déposé le brevet pour son usage et Killian Pezet peut en faire ce qu’il veut pour le civil. Il a déjà été approché par des entreprises qui gèrent des pipelines au Moyen-Orient qui voudraient utiliser le caisson.

Car la structure pourra s’adapter à différents clients en fonction de leurs besoins : armes spécifiques aux différents corps (armée conventionnelle, forces spéciales, GIGN, Raid…), réparation de drones, réparation d’hélicoptères, camions…

L’invention a d’ailleurs beaucoup plu aux forces spéciales américaines.

Mais avant de penser à la vendre, Killian Pezet travaille sur sa version finale, « qui doit être efficace sur le terrain ». Pour ça, pas de secret : l’expérience. « On essaye de le malmener », s’amuse l’inventeur. Le caisson est confié à d’autres personnes « un peu plus brutales » pour tester sa solidité. Prochaine étape : un largage en avion.

Soudan : L’Élysée confirme la blessure d’un commando des forces spéciales lors de l’opération Sagittaire

Soudan : L’Élysée confirme la blessure d’un commando des forces spéciales lors de l’opération Sagittaire

https://www.opex360.com/2023/04/25/soudan-lelysee-confirme-la-blessure-dun-commando-des-forces-speciales-lors-de-loperation-sagittaire/


 

Une telle opération est d’autant plus délicate à planifier et à mener que les délais de réaction sont très courts et que plusieurs conditions doivent être réunies [autorisations de survol de pays voisins, accalmie dans les combats, disponibilité des moyens susceptibles d’être engagés, etc].

Les autorités françaises ont peu communiqué sur les modalités et les conditions de cette opération menée au Soudan. Cependant, quelques heures après son lancement, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, a précisé, via Twitter, qu’elle avait été baptisée « Sagittaire » et qu’elle mobilisait des avions de transport A400M et des commandos des forces spéciales. Du moins, c’est ce qu’ont suggéré les photographies diffusées par l’État-major des armées [EMA] sur les réseaux sociaux.

Or, peu après l’annonce du déclenchement de l’opération Sagittaire, il a été dit qu’un convoi français avait essuyé des tirs au niveau du quartier de Bahri, au nord de Karthoum, et que l’un de ses membres avait été blessé. Et cela, dans des conditions confuses, les FSR ayant soutenu avoir été visées par un raid aérien au moment des faits. Sollicitées par l’AFP, des sources diplomatiques et militaires ont alors dit refuser de « telles rumeurs » tant que le RESEVAC « n’est pas encore terminé ».

Quarante-huit heures après, à l’ouverture d’un Conseil de défense et de sécurité nationale, à l’Élysée, le président Macron a confirmé qu’un commando des forces spéciales avait bien été blessé – assez sérieusement, a priori – durant cette opération.

« J’ai eu, ce matin, des nouvelles rassurantes du commando des forces spéciales qui a été blessé au cours de cette opération. Et son état est maintenant stabilisé, sa vie n’est plus en danger. Il est en transfert vers les soignants qui lui permettront, dans les prochaines heures, je l’espère, de retrouver l’intégralité de ses facultés », a en effet affirmé M. Macron.

 

Pour le moment, l’opération Sagittaire a permis d’évacuer 538 personnes, dont 209 ressortissants français, du Soudan. Dans sa courte déclaration, le chef de l’État a remercié Djibouti et l’Éthiopie [qui a accepté d’ouvrir son espace aérien aux avions français].

Selon les précision de l’EMA, dix convois entre Khartoum et la base de Wadi Seidna [dont il a fallu s’assurer le contrôle] ont été organisés au cours des 72 dernières heures. Puis un pont aérien a été mis en place vers Djibouti, avec sept rotations d’A400M Atlas et deux de C-130J Hercules.

 

À noter que la frégate multi-missions à capacité de défense aérienne renforcée [FREMM-DA] Lorraine, qui effectue actuellement son déploiement de longue durée en vue de son admission au service, a également été sollicitée pour transporter des personnes évacuées de Port-Soudan vers l’Arabie Saoudite, en lien avec les Nations unies.

La Brigade des forces spéciales Air espère obtenir des blindés multi-rôles légers « Serval »

La Brigade des forces spéciales Air espère obtenir des blindés multi-rôles légers « Serval »

 

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La mission assurée par le CPA 20 [comme par les Escadrons de protection, qui font aussi partie de la BFSA] est donc primordiale afin de garantir la « liberté d’action de la manoeuvre aérienne », souligne le général Christophe Aubé, le commandant de la BFSA, dans les pages du dernier numéro d’Air Fan.

Cela étant, cette mission a évolué dans la mesure où il n’est plus question de se contenter d’une posture statique pour surveiller et protéger une base aérienne.

« Nous sommes passés d’une garde statique de grillage pendant la Guerre Froide, pour se prémunir d’une éventuelle attaque de nos plates-formes aériennes ou du plateau d’Albion [qui abritait 18 silos de missiles stratégiques S-3 jusqu’en 1996, ndlr] par des Spetsnaz [forces spéciales soviétiques, ndlr], à une défense en profondeur, plus dynamique et plus active, avec des patrouilles motorisées lointaine », poursuit le général Aubé. Et cette mission va encore évoluer, une réflexion étant en cours pour élaborer un nouveau concept de protection, selon une « logique concentrique correspondant à différentes lignes de défense ».

Par ailleurs, au regard des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine, il est de plus en plus question de « durcissement » et de « dispersion ». En clair, explique le général Aubé, il s’agira de « répartir nos moyens de protection pour sécuriser différents plots de chasseurs, où qu’ils soient » et ce « type d’opération ‘agile’ est l’une des raisons d’être du CPA 20, qui peut fournir ces moyens de combat rapidement ».

Justement, s’agissant des moyens, le CPA 20 et les Escadrons de protection mettent en oeuvre le « Véhicule d’intervention blindé » [VIB], qui est le nom donné par les aviateurs au Véhicule de l’avant blindé [VAB]. Mis en service dans les années 1980, cet véhicule est doté d’un tourelle Toucan armée d’un canon de 20 mm et d’une mitrailleuse de 7,62 mm. Et, en opération extérieure, ils ont à leur disposition des VAB Ultima et des PVP [Petits véhicules protégés], prêtés par l’armée de Terre.

Cependant, et c’est un sujet rarement abordé quand on évoque les questions budgétaires, l’armée de l’Air & de l’Espace aura à remplacer les blindés utilisés par le CPA 20 et les fusiliers de l’Air. D’où le souhait exprimé par le commandant de la BAFSA.

« Je souhaiterais remplacer nos VAB par des engins blindés de dernière génération, probablement des Serval pour nous inscrire dans le même programme de maintien en condition opérationnelle que l’armée de Terre », a confié le général Aubé à Air Fan. « Notre but est de conserver une bonne mobilité tactique sous blindage », a-t-il ajouté.

Mais ce n’est pas tout. « Je souhaite aussi ardemment que nous recevions des mortiers pour donner à différentes unités plus de punch par des moyens de tir indirect », a-t-il affirmé.

En attendant, le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 a apparemment fait l’impasse sur le renouvellement des blindés de la BAFSA. Le texte indique seulement que l’armée de Terre disposera de 1405 véhicule blindés multirôles léger [VBMR-L] Serval en 2030 et d’un total de 2038 exemplaires en 2035, dont 1060 dans le cadre du programme de Véhicule léger tactique polyvalent protégé.

M. Macron acte la fin du modèle d’armée « expéditionnaire » au profit d’un « pivot vers la haute intensité »

M. Macron acte la fin du modèle d’armée « expéditionnaire » au profit d’un « pivot vers la haute intensité »

 

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 20 janvier 2023

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Dès son retour au pouvoir, en 1958, le général de Gaulle mena un politique de défense reposant sur l’indépendance nationale, la dissuasion et la conscription. Ainsi, il s’agissait de privilégier la souveraineté et l’autonomie stratégique dans un monde alors marqué par la rivalité entre les États-Unis et l’Union soviétique, ce qui supposait d’accélérer le processus de décolonisation [et donc de mettre au pas l’armée « coloniale »].

Par la suite, le Mur de Berlin tombé et l’Union soviétique disloquée, le modèle d’armée français s’inscrivit dans une logique « expéditionnaire », avec notamment la professionnalisation, sur fond de baisse des dépenses militaires. Les capacités qui étaient autrefois indispensables furent réduites à l’état échantillonaire, avec l’argument que ce ne serait pas avec tel ou tel matériel que l’on gagnerait les guerres de demain, l’époque étant aux « opérations extérieures », menées dans des environnements permissifs.

Sauf que, et malgré des signaux pourtant difficiles à ignorer, la compétition entre puissances ne s’était jamais vraiment estompée. La guerre en Ukraine le montre actuellement… Comme les tensions dans la région Indo-Pacifique. Qui plus est, les menaces se multiplient et s’aditionnent désormais…

D’où le constat du général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition parlementaire, en juillet. « Notre capacité à être une force expéditionnaire ne nous rend pas instantanément aptes à conduire une guerre de haute intensité », avait-il lâché devant les députés.

D’où les « grandes transformations » et les « choix difficiles » annoncés par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, à l’occasion de son ordre du jour, le 4 janvier dernier. Et lors de ces voeux aux Armées, ce 20 janvier, depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, le président Macron en a livré les grandes lignes.

Ainsi, celui-ci a annoncé que le modèle d’armée issu de la prochaine LPM devra privilégier « la cohérence sur la masse » ainsi que la « réactivité sans sacrifier l’endurance ». En clair, a-t-il ajouté, cela signifie qu’il s’agira de « consolider notre cœur de souveraineté, là où le modèle de la précédente Loi de programmation militaire mettait plutôt l’accent sur la capacité expéditionnaire et la lutte contre le terrorisme ».

« La transformation, […] c’est être capable de passer d’un modèle fait pour assurer des opérations dans des milieux où notre liberté d’action était forte à une capacité d’évolution dans des environnements contestés, face à des adversaires aguerris, parfois technologiquement redoutables sur tout le spectre de la conflictualité », a insisté M. Macron.

Aussi, au regard de l’ampleur des menaces [qui concernent aussi les départements et collectivités d’outre-Mer, qu’il a cités à plusieurs reprises dans son discours], le président a annoncé que l’effort budgétaire de la LPM 2024-30 serait de 400 milliards d’euros. Soit 30% de plus que celle en cours [295 milliards, ndlr]. Cette somme « permettra de couvrir 413 milliards de besoins militaires » et d’amorcer « un changement profond qui sera irréversible ».

Sans surprise, la dissuasion sera confortée et « renforcée » car elle « fait de la France un pays différent en Europe ». Les postures permanentes feront également l’objet d’une attention particulière. « Cela suppose des capacités accrues de renseignement qui doivent nous permettre d’anticiper les crises et les menaces », a justifié M. Macron, tout en insistant sur « l’autonomie de décision et d’action ». La fonction « connaissance et anticipation » bénéficiera d’un nouvel effort substantiel de +60% au total, avec des ressources de la Direction du renseignement militaire [DRM] et de la Direction du renseignement et de la sécurité de Défense [DRSD] qui seront doublées.

 

Les capacités de surveillance seront aussi renforcées significativement, avec des « drones et des moyens d’intervention », en particulier dans les outre-Mer, « où des capacités apportant une première réaction locale devra pouvoir être complétée par la projection de renforts conséquents », a détaillé M. Macron, sans donner plus de détails.

En outre, au titre de la « résilience », le locataire de l’Élysée a également dit vouloir « doubler la capacité de traitement des attaques cyber majeures » ainsi que le format de la réserve opérationnelle, ce qui « permettra de renforcer notre armée d’active » ainsi que la création « d’unités territoriales et de flottilles côtières ». Évidemment, cela supposera de revoir la carte militaire… ainsi que l’organisation des soutiens, comme celle du Service de santé des Armées [SSA].

Cela étant, abandonner la logique expéditionnaire suppose de gérer les crises « autrement », en maîtrisant « l’empreinte et la durée de nos opérations lointaines », celles-ci devant revenir en particulier aux forces spéciales, qui seront également renforcées, a expliqué M. Macron.

Mais cette « transformation », ou ce « pivot vers la haute intensité » comme a dit le chef de l’État, passera par un renforcement de l’Échelon national d’urgence [ENU], afin de « disposer des moyens nécessaires pour une intervention sur court préavis, même loin de la Métropole » [dans les outre-Mer?]. Il s’agira également « d’augmenter la capacité à durer et à résister à des efforts et des effets d’usure », grâce à une préparation opérationnelle plus intense, une disponibilité des matériels accrue et des stocks de munitions en conséquence.

Lors de son allocution, Emmanuel Macron a livré peu de détails sur les capacités qui seront inscrites dans la future LPM. « Face à des adversaires plus forts, nous devrons agir plus fort aussi pour obtenir rapidement des effets militaires décisifs. Cela implique de durcir notre outil », a-t-il dit.

Ainsi, parmi les décisions qu’il a annoncées par le président, les Mirage 2000 s’effaceront plus tôt que prévu [alors que la modernisation des Mirage 2000D est en cours, ndlr], le passage au « tout Rafale » étant acté. « Nous maintiendrons cet avion d’exception au meilleur niveau mondial », a-t-il assuré. La modernisation de l’armée de Terre, via le programme Scorpion, sera évidemment poursuivie. Quant à la Marine nationale, ses frégates verront leur puissance et leur protection augmentées. Et le porte-avions de nouvelle génération [PA NG] sera confirmé.

« Nous devons également innover en développant des munitions guidées à distance [des munitions téléopérées?], en élargissant l’usage des drones par un doublement, à cet égard, de nos investissements », a dit M. Macron. Les efforts en matière de technologies quantiques et d’intelligence artificielle seront poursuivis [ce qui profitera au cyber et au renseignement].

Le chef des armées a annoncé un renforcement des capacités dans les domaines à forte valeur ajouté opérationnelle. Et de citer la défense sol-air, dont les moyens seront augmentés de 50%. Et ceci parce que, a-t-il expliqué, « même avec la dissuasion, notre territoire n’est pas à l’abri de frappes isolées, du fait, par exemple, de perturbateurs, en particulier non étatique ». Les feux dans la profondeurs, la suppression des défenses aériennes adverses [SEAD] et la lutte anti-sous-marines figureront parmi les priorités.

Un autre volet de ce « pivot » concerne les « espaces communs » que sont le cyber, l’espace et la mer. C’est dans ceux-ci que se déploient généralement les modes d’actions relevant de la « guerre hybride ». La LPM donnera les moyens nécessaires pour détecter les signaux faibles… Ce qui devra se faire en adoptant une « approche décloisonée, pro-active et d’influence », qui ne relèvera pas uniquement des seules armées.

« Nous renforcerons notre capacité à surveiller et à réagir mais aussi à prendre l’initiative, à passer de clairs messages stratégiques dans l’espace exo-atmosphérique, dans l’espace numérique et dans les espaces maritimes », a aussi promis M. Macron. Les capacités « cyber » seront évidemment mises à contribution et l’effort sur le volet spatial ne sera pas relâché. Au-delà de la maitrise des fonds marins, la Marine devrait bénéficier de moyens renforcés, « à la hauteur des atouts martimes de notre pays », a-t-il dit, en citant, à nouveau, l’importance des outre-Mer.

Enfin, le quatrième volet de cette transformation porte sur les « partenariats internationaux ». Là, il s’agira de capitaliser sur ceux qui ont été récemment noués [Grèce, Inde, Émirats arabes unis, etc], de revoir les modalités de certains et, surtout, de permettre à la France de prendre tout sa place au sein de l’Otan et de l’Union européenne.

D’ailleurs, l’objectif de la future LPM pourrait se résumer par cette phrase de M. Macron : « Si, demain, tel grand partenaire [les États-Unis?] doit regarder ailleurs, nous devrons être en mesure d’agir avec les Européens, à l’intérieur de l’Otan ou en dehors, et, si nécessaire, d’assurer les capacités de commandement qui permettront de mener ensemble une opération d’ampleur. Pour nous, cela impliquera de pouvoir déployer une capacité interarmées représentant jusqu’à 20’000 hommes. Cela vous donne la mesure de défis et de l’ambition qui est la nôtre ».

“Est-il encore possible d’enquêter ?” : trois journalistes français convoqués à la DGSI après des investigations sur l’armée

Est-il encore possible d’enquêter ?” : trois journalistes français convoqués à la DGSI après des investigations sur l’armée

  • Trois journalistes sont convoqués par la DGSI.
    Trois journalistes sont convoqués par la DGSI. Pixabay

L’essentiel : Trois journalistes français à l’origine d’une enquête en 2018 sur des soupçons de trafic d’influence dans l’armée sont convoqués par la DGSI le 14 décembre prochain. 

Trois journalistes auteurs d’une enquête en 2018 sur des soupçons de trafic d’influence dans l’armée française sont convoqués mercredi 14 décembre à la DGSI pour des soupçons d’atteinte au secret de la défense nationale, a appris l’AFP mercredi de sources proches du dossier.

Benoît Collombat et Geoffrey Livolsi, auteurs de l’enquête “Transport aérien : soupçons de trafic d’influence dans l’armée”, sont convoqués en audition libre en compagnie de Jacques Monin, directeur des enquêtes et de l’investigation de Radio France qui avait diffusé l’enquête dans l’émission “Secrets d’info” sur France Inter, selon ces sources proches du dossier. L’enquête avait aussi été diffusée sur internet.

Plainte d’un membre des forces spéciales

Selon l’une de ces sources, les trois journalistes sont convoqués le 14 décembre à 10h car ils sont “soupçonnés d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction de révélation ou divulgation d’information permettant l’identification d’un membre d’une unité des forces spéciales“.

Selon une autre de ces sources, la convocation intervient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte après une plainte avec constitution de partie civile déposée par un ancien membre des forces spéciales dont le nom était mentionné dans leur article.

Leur enquête révélait que “le Parquet national financier (PNF) enquête sur des soupçons de favoritisme et de trafic d’influence au sein de l’armée française. Au cœur de ses investigations : les contrats de sous-traitance du transport aérien”, qui auraient donné lieu à une perquisition à l’état-major des armées.

Dans le collimateur de la justice

Elle évoquait notamment le nom d’un responsable du Commandement des opérations spéciales (COS) présenté comme étant “dans le collimateur de la justice”, sans que l’on sache à ce stade si ce lieutenant-colonel est effectivement le plaignant.

Sollicité pour savoir si l’enquête principale était toujours en cours, le PNF n’avait pas répondu mercredi matin. Contacté sur la convocation visant ses journalistes, Radio France n’a pas non plus répondu dans l’immédiat. Joint par l’AFP, le journaliste Geoffrey Livolsi a indiqué que “ces convocations sont une nouvelle tentative d’intimidation contre les journalistes enquêtant sur l’armée.”

Est-il encore possible d’enquêter sur ce sujet sans être inquiété par les services de renseignements ? Pour rappel, notre média Disclose”, qu’il a co-fondé en 2018, “est aussi visé depuis un an par une enquête pour violation du secret de la défense nationale”, a-t-il rappelé. Benoît Collombat et Jacques Monin n’ont pas souhaité s’exprimer publiquement.

Drones armés : des recommandations pour faire émerger une solution française

Drones armés : des recommandations pour faire émerger une solution française


« À la bourre ». Trois mots suffisent pour résumer la position de la France dans le développement des drones armés. Pour rattraper le retard, des acteurs industriels et étatiques ont planché durant six mois sur une liste de recommandations, sous l’égide du Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres  (GICAT).

La France à la traîne

La surprise fut de taille lorsque, en 2008 au cours d’une mission sur les drones, une délégation française découvrit qu’Israël maîtrisait la totalité du spectre disponible depuis près d’une décennie. Quatorze ans plus tard, les États-Unis, la Turquie, la Chine ou encore la Pologne sont venus gonfler le peloton de tête. La France, elle, est toujours à la traîne malgré quelques alertes, notamment en provenance des rangs parlementaires.

L’industrie française n’est aujourd’hui pas en mesure de répondre aux besoins opérationnels des armées qui, pourtant, disposent de capacités « bien en deçà de ce qu’elles devraient être ». Et ce retard a désormais pour conséquence d’obliger le ministère des Armées à envisager une solution américaine pour équiper les forces spéciales françaises.

Face à ce constat, le GICAT a initié une réflexion globale avec l’appui du Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CreC Saint-Cyr), « matrice de transfert entre les besoins capacitaires et l’aspect industriel ». De décembre 2021 à juillet 2022, des industriels de toutes tailles, membres ou non du GICAT, ont été invités à échanger deux fois par mois avec les représentants du ministère des Armées et du ministère de l’Intérieur.

Les objectifs de ce groupe de réflexion sur les « DRones Aériens à charges OpératioNnelles actives », (GR DRAGON) ? Contribuer à l’émergence de solutions souveraines, mettre à niveau l’ensemble des acteurs quelle que soit leur carrure et dialoguer avec les utilisateurs potentiels. Le tout, en se focalisant sur les drones de moins de 150 kg dont la charge utile génère des effets sur les personnels, véhicules et infrastructures.

Soutenir l’émergence d’une filière

Plusieurs recommandations ont émergé au terme de six mois de réflexions et ont été présentées début juillet lors d’une séance de restitution. Qu’importe l’objet, les acteurs s’accordent tous pour dire qu’il faut désormais « aller vite, très vite », le retard étant aggravé par l’évolution rapide des technologies, l’intérêt croissant engendré par les conflits au Haut-Karabagh et en Ukraine et la densification de l’offre étrangère.

Une première tentative de rattrapage émergeait dernièrement à l’initiative de l’Agence de l’innovation de défense (AID). Ce sont les appels à projets Colibri et Larinae, émis avec l’objectif de déboucher sur des démonstrateurs en 9 à 12 mois pour le premier, en 12 à 18 mois pour le second. Là aussi, il est question aboutir rapidement. Au point d’avoir dû décliner quelques demandes de report de délai. L’effort à consentir dépasse le seul périmètre de Larinae et Colibri. Pour être plus plus agile, plus rapide et créer de nouveaux matériels « non pas en cinq ou six ans mais en quelques mois », il faut donner de la liberté, de l’espace et de l’oxygène aux entreprises, estime le GR DRAGON.

Les règles de certification et de qualification, par exemple, sont « trop contraignantes et pas assez agiles au regards des bonds technologiques prévisibles ». « Le drame de ce début de siècle, c’est le principe de précaution », pointait un intervenant. Ces règles doivent devenir incrémentales et agiles. Le GR DRAGON recommande à ce titre d’établir au plus vite des groupes de travail entre l’État et l’industrie pour plancher sur les règles d’emploi et sur la problématique des zones d’essais et d’entraînement.

La démarche s’accompagne aussi d’un effort de sensibilisation. Systèmes d’armes « de rupture », ces drones « kamikazes », « tueurs » et autres munitions rôdeuses jouissent, premièrement, d’une image peu reluisante aux yeux du grand public. Le déploiement de ces matériels ne pourra se faire que s’ils sont « socialement acceptés » grâce à l’usage du bon vocabulaire et à une intransigeance vis-à-vis des questions éthiques.

Une équation économique à trouver

Bien qu’elle dispose des talents nécessaires, l’industrie doit encore se structurer autour de quelques grands champions. Sans visibilité ni stratégie nationale, il reste par ailleurs difficile pour les industriels de se positionner à long terme sur un sujet exigeant des investissements majeurs en R&D. « Il est indispensable que l’État donne de la visibilité aux acteurs industriels en leur garantissant son aide financière sur la durée tout en hiérarchisant ses besoins prioritaires en termes de souveraineté », souligne le GICAT. L’amorce reposerait sur un plan d’urgence d’au moins 150 M€ sur trois ans. L’effort permettrait de dépasser le stade du démonstrateur pour expérimenter des CONOPS et offrir in fine une capacité initiale susceptible de répondre à un besoin urgent. L’intervalle serait également mis à profit pour structurer un écosystème national.

L’équation est conditionnée par le niveau élevé de R&D qu’exigent ces développements. Il ne s’agit pas seulement de combler l’écart avec la concurrence, mais aussi de plancher sur des briques naissantes ou à venir, comme le vol en essaim, la résilience des communications ou le rôle de l’intelligence artificielle. Et ne pas limiter la réflexion aux seuls conflits récents. « Ce que l’on voit en Ukraine n’est pas nécessairement ce que l’on verra dans cinq ans », pointait un intervenant.

Pour maintenir la dynamique dans la durée, l’État français devrait y consacrer plusieurs centaines de millions d’euros en moyenne par an à compter de la fin de la décennie, estime le GICAT. Si elle évolue avec un temps de retard, la lutte anti-drones se généralise et se durcit en parallèle. Désormais, aucun drone n’est indétectable, et encore moins indestructible. L’attrition est donc une donnée intrinsèque à leur emploi. Réponse parmi d’autres, la massification entraîne une réflexion sur l’équilibre à trouver entre les coûts d’acquisition et le degré de technicité. Autres paramètres clés, la normalisation et une logique de modularité doivent être privilégiées afin de réaliser des économies d’échelle.

Cette équation économique inclut aussi dès l’origine la question de l’export. À l’instar des autres filières, celle-ci ne peut se développer en ne misant que sur le marché intérieur. La clientèle étrangère s’avère cruciale en termes économiques, conformément au souhait de la BITD d’exporter 50% de sa production. Les principes d’exportation doivent néanmoins être anticipés afin de ne pas subir le veto d’un éventuel fournisseur étranger ou, pire, de devoir brider l’emploi par les opérationnels.

La nouvelle voile des chuteurs opérationnels français qualifiée par la DGA

La nouvelle voile des chuteurs opérationnels français qualifiée par la DGA

 


La Direction générale de l’armement (DGA) a qualifié fin juillet le nouveau système de mise à terre des chuteurs opérationnels (SMTCOPS), conçu pour les sauts à très grande hauteur à ouverture commandée et sous oxygène.

Notifié en 2016 à Zodiac Aerosafety Systems, depuis absorbé par Safran, ce marché d’un montant maximal de 80 M€ couvre le développement et la livraison de 755 ensemble, ainsi que le soutien associé. Les premiers exemplaires arriveront dans les forces d’ici à la fin 2022.

Le SMTCOPS vise à équiper les chuteurs opérationnels des forces armées et de la Gendarmerie nationale d’un ensemble complet d’équipements et d’accessoires de parachutage de haute performance.

« Là où son prédécesseur permettait de sauter de 7000 m d’altitude avec une charge de 160 kg, le nouveau système permettra de sauter de 9000 m avec 200 kg de charge et une dérive sous voile de 50 km », précisait le ministère des Armées lors de son point presse hebdomadaire.

Un système repose sur une voile PHANTOM 400, des moyens de communication et de navigation, des équipements de sécurité, de protection thermique et balistique, ainsi que sur une capacité d’emport sous gaine ou de colis autoguidés. Cette dernière capacité autorisera le largage de colis pouvant suivre jusqu’à 18 chuteurs simultanément.

Pour l’heure, la qualification prononcée porte uniquement sur le parachute, l’emport de charge sous gaine et les équipements de sécurité. Les autres matériels feront l’objet d’une qualification ultérieure.

Le SMTCOPS pourra être utilisé « aussi bien pour des missions d’infiltration sous voile (ISV), notamment de nuit, que pour des sauts à ouverture basse (SOB), ou encore pour la formation et la préparation opérationnelle des chuteurs opérationnels », complète le ministère des Armées.

Ce système avait reçu la certification QAC121 de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) en mars dernier, devenant le seul parachute au monde certifié par une agence civile pour des sauts à 10 000 m.

Focus sur le 13ème régiment de Dragons Parachutistes

Focus sur le 13ème régiment de Dragons Parachutistes


par Jean de Saint Blancard (*)- Esprit Surcouf – publié le 12 août 2022

https://espritsurcouf.fr/defense_focus-sur-le-13eme-regiment-de-dragons-parachutistes_par_jean-de-saint-blancard-n195-12082022/


Approcher le 13ème Régiment de Dragons Parachutistes (13° RDP),  c’est s’approcher d’un régiment au fonctionnement particulier. Le « 13 » est une unité des Forces Spéciales, spécialisée dans le renseignement. Ses soldats doivent être protégés par le plus grand anonymat, pas de visage, pas de localisation, pas d’information publique sur leurs actions. Le secret est une force pour garantir le succès de leurs missions. L’auteur nous en dit un peu plus.

Le Commandement des Forces Spéciales Terre (CFST) regroupe trois régiments de l’armée de terre, le 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1° RPIMA), le 13eme régiment de Dragons parachutistes (13° RDP) et le 4eme Régiment d’Hélicoptères de Forces Spéciales (4° RHFS). Il est aux ordres du Commandement des Opérations Spéciales (COS) et de la DRM (Direction du renseignement militaire).

Ce CFST, commandement de niveau divisionnaire, est basé à Pau-Uzein, dans les Pyrénées françaises. La majorité de ses opérations sont classées « Secret Défense ». A ce jour, il compte environ 2500 hommes et femmes et dispose de 45 hélicoptères. Il ne doit pas être confondu avec le le Groupement d’Appui des Opérations Spéciales, qui permet de greffer des unités conventionnelles spécialisées (NRBC, Génie, Cyno, etc) en fonction de la mission préparée.

Un peu d’histoire…

Créé en 1676, portant successivement les noms de ses colonels sous la royauté, le régiment devient 13e régiment de dragons sous la Révolution. Il s’illustre à Valmy en 1792, puis sous l’Empire à Hohenlinden, à Austerlitz, à Iéna et à la Moskova.  Sous Napoléon lll, il devient régiment des dragons de l’Impératrice, et retrouve son numéro dès 1870. Lors du premier conflit mondial, il s’illustre à Ypres en 1914, puis à Verdun en 1916.

Durant la deuxième guerre mondiale, équipé de quatre-vingts chars, il combat du 10 mai au 25 juin sans interruption, en Belgique, à Dunkerque, puis sur le « front de Seine » où il se retrouve pratiquement anéanti. 13ème régiment de dragons parachutistes 1952, il  prend part aux opérations d’Algérie dans la 10° division parachutiste du général Massu.

Rapatrié en métropole, il est transformé en régiment interarmes de recherche et de renseignement. Il s’installe alors en Lorraine, à Dieuze, pendant 48 ans. À l’été 2011, le 13ème RDP prend ses quartiers dans le camp de Souge à Martignas-sur-Jalle, près de Bordeaux, permettant un regroupement cohérent des forces spéciales dans la région sud-ouest. La devise du régiment n’a jamais changé.

 

Le travail du « 13 »

Le 13è RDP est un système complet et autonome de renseignement. Les Dragons recueillent, traitent et diffusent l’information. Toujours en uniforme, ils utilisent tous les moyens de pénétration imaginables au service d’un seul et même objectif : le renseignement humain.

« Voir sans être vu » pourrait être leur devise, car leur régiment n’est pas là pour faire le coup de force, mais tout au contraire pour s’infiltrer en profondeur dans les lignes ennemies sans se faire repérer. Les progressions se font toujours dans un silence absolu et tous les ordres sont donnés par gestes et signaux. Les groupes de reconnaissance et d’observation sont peu armés, ils sont munis le plus souvent de pistolets mitrailleurs Uzi ou MP5, toujours dotés de silencieux. La seule utilisation de ces armes ferait échouer la mission et conduirait tout le groupe à une mort certaine.

Les hommes peuvent se terrer plusieurs semaines, c’est pour cela qu’ils emportent avec eux vivres et matériels qui pèsent au total une soixantaine de 60 kilos. Ils disposent de caméras numériques associées à des intensificateurs de lumière pour observer des camps ou bases ennemis à plusieurs centaines de mètres, et de nuit. Ils sont dotés de tous les moyens nécessaires pour pouvoir transmettre au commandement,  situé à plusieurs centaines de kilomètres en arrière. Toutes les communications sont évidemment codées et les radios n’envoient que des informations compressées, selon des fréquences variables.

La mission peut être aussi de désigner au laser des cibles à l’aviation. Et ils sont bien sûr capables de poser des charges, sur des antennes de télécommunications par exemple, dans des zones où l’aviation ne pourrait pas intervenir.

Il s’agit donc de faire la guerre autrement. Réussir une mission demande aux dragons d’accumuler un grand nombre de qualités : résistance physique, rusticité, adaptabilité, grande intelligence de situations, sang-froid, courage et force mentale.

Les escadrons du « 13 ».

Le régiment a la particularité de se décliner en plusieurs escadrons, dont sont spécialisés dans la recherche humaine en tous milieux. A ce titre ils suivent des entraînements dans le monde entier, comme à Djibouti, en Guyane, en Suède ou ailleurs le « 13 » a été projeté sur les cinq continents et dans plus de trente pays

Les 7 escadrons spécialisés sont les suivants : le 1er escadron est celui de l’instruction, c’est donc l’académie de formation du 13ème RDP ; le 2ème escadron est spécialisé dans les milieux nautiques et détient une expertise jungle. A cet effet il regroupe des nageurs- palmeurs, plongeurs et des navigateurs qui sont en mesure de se déplacer et d’intervenir discrètement, à proximité immédiate d’une façade maritime ou de réseaux fluviaux.

Le 3ème escadron est spécialisé dans les milieux montagnes et détient l’expertise grand froid ;le 4ème escadron est spécialisé dans les milieux désertiques et détient l’expertise mobilité ; le 5ème escadron est spécialisé dans les milieux urbains, avec une expertise dite troisième dimension, donc la possibilité d’effectuer des sauts en parachute à très grande hauteur, avec masque à oxygène et pilotes biplaces ; le 6ème escadron sert d’appui technique ; le 7ème escadron se consacre au traitement et à l’analyse du renseignement. Il existe enfin un dernier escadron, l’ECL (Escadron de Commandement et de Logistique).

Volontaires pour servir au « 13 ».

Chaque année, le régiment recrute une centaine de jeunes. Ils viennent d’autres régiments de l’Armée de Terre ou du monde civil. Dans ce dernier cas, le candidat doit être âgé de 18 à 27 ans, être de nationalité française, jouir de ses droits civiques, présenter un casier judiciaire vierge, avoir effectué sa journée Défense et Citoyenneté (JDC), être en bonne condition physique à la date de signature du contrat, avoir réussi des tests de sélection ainsi que des tests d’agrément technique « unités spéciales ».  Les qualités souhaitées sont la motivation et la volonté, la rusticité et l’endurance, l’autonomie et le sens des responsabilités.

Chaque volontaire commence par suivre une formation initiale mois, qui permet d’obtenir le brevet parachutiste. Certains seront alors dirigé vers des régiments plus classiques, d’autres enchaîneront sur la « filière forces spéciales » pendant 13 mois. Cela consiste en des aguerrissements longs et des spécialisations approfondies en techniques de combat commando, une initiation au tir toutes armes, notamment à longue distance, en corps-à-corps, en identification de matériels adverses, en survie, en techniques secrètes d’infiltration et de renseignement chez l’ennemi, en informatique, en dépiégeage, en techniques de photo-vidéo, en camouflage, en langues rares, etc…

Il est aussi possible de s’engager dans d’autres formations plus pointues telles que celle d’équipier SIC (cyber guerre), de traitant et d’analyste renseignement, d’expert en géopolitique et en investigations, à des fins par exemple d’identification et de localisation des réseaux ennemis.

Ce parcours très exigeant est caractérisé par sa durée mais aussi par le niveau de son instruction qui impose un travail et un investissement personnels quasi quotidiens…

Encore plus loin

À l’occasion d’un entraînement organisé à « Bordeaux Lac » début décembre 2021,  permis d’approcher des équipiers de recherches spécialement formés pour s’infiltrer discrètement par voies nautiques, ceux du 2ème escadron dont la devise est « Encore plus

loin… ».

Ces militaires opèrent soit en surface à l’aide de palmes ou d’embarcation, soit sous l’eau en plongée, équipés de respirateurs à circuit fermé. Certains sont qualifiés « Plongeurs Offensifs » et peuvent mener des infiltrations subaquatiques en toute discrétion et sur de longues distances. Les insertions nautiques sont généralement menées de nuit.

Au cours de l’exercice, ont été utilisés des embarcations et du matériel adaptés aux opérations spéciales, des Kayaks, des propulseurs sous-marins, le « Squale ». L’adaptation des modes opératoires et des matériels est une exigence primordiale répondre aux attentes du COS et de la DRM, car le « 13 » est un maillon essentiel du renseignement et de la lutte antiterroriste en opérations extérieures.

***

(*) Jean de SAINT VICTOR de SAINT BLANCARD est à la fois plongeur et photographe. Plongeur, il l’est depuis 1974 après un baptême de plongée dans la piscine de l’Université de Paris X lorsqu’il était étudiant en droit… Il a effectué son Service National « palmes aux pieds » comme « plongeur de l’armée de terre » et a poursuivi avec une formation pédagogique pour enseigner la plongée. Il est moniteur Fédéral 1er degré, Moniteur Nitrox confirmé FFESSM.

Photographe, évidemment spécialisé dans les prises de vues subaquatiques, il a reçu de multiples récompenses dans les concours et compétitions organisées par les fédérations de l’image. Il collabore à plusieurs magazines de plongée et expose régulièrement ses clichés lors de manifestations culturelles.