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Guerre

Ukraine : pourquoi la France ne livre pas ses chars Leclerc

admin Informations 17 janvier 202317 janvier 2023Armements & équipements, chars, Guerre, Maintenance 0 commentaire

Ukraine : pourquoi la France ne livre pas ses chars Leclerc

Alors que Londres a donné son feu vert pour fournir des chars de combat à l’Ukraine et que Berlin pourrait s’y résoudre prochainement, la France, elle, refuse.

 

Par Théo Sauvignet – Le Point – publié le 16 janvier 2023

https://www.lepoint.fr/monde/ukraine-pourquoi-la-france-ne-livre-pas-ses-chars-leclerc-16-01-2023-2504997_24.php


C’est acté, les Britanniques livreront 14 de leurs chars Challenger 2 à Kiev. La Pologne se tient prête à faire don de ses chars Leopard II allemands, mais doit attendre le feu vert de Berlin pour lancer l’opération. L’Allemagne ne donne pas encore son accord, sans être totalement opposée au fait d’autoriser Kiev à recevoir ses tanks, l’un des meilleurs modèles du marché.

En France, l’idée de céder une partie des plus de 200 chars Leclerc est également d’actualité. Alors que les qualités techniques de ce char sont reconnues à l’international, pourquoi Paris ne prend-elle pas la décision ?

Des stocks inactifs, mais pas inutiles

L’armée de terre a reçu 406 chars Leclerc au total, au début des années 2000. Mais après différentes réductions d’effectifs et de budget, le pays compte aujourd’hui 200 chars Leclerc en ordre de bataille. Le reste, soit environ 200 unités, est stocké, pour servir de réservoir de pièces pour ceux qui sont en service, puisque les lignes de production de Nexter, à Roanne (Loire), ont été reconverties il y a des années.

Le Leclerc est un équipement très complexe qui a vu sa « disponibilité » varier autour de 60 % pendant très longtemps. Le fait de retirer du service actif une partie du parc, conjugué à d’autres réformes du maintien en condition opérationnelle (MCO), a permis d’atteindre plus de 80 % de « disponibilité » de l’engin en 2021. Comprendre : des 200 chars répartis dans les différents régiments, plus de 160 sont capables de servir dans l’immédiat. Ces engins de vingt ans commencent à être modernisés pour durer jusqu’en 2040.

Sur les 200 unités qui sont entreposées, combien sont en ordre de marche ? Combien peuvent être cédées sans influencer négativement la capacité des régiments de cavalerie blindée français à opérer ? La réponse à ces questions n’est pas publique, mais il est probable que la France ne soit tout simplement pas en mesure de céder le moindre exemplaire sans empiéter sur ses capacités militaires, ce qui constitue une ligne rouge pour le ministre des armées Sébastien Lecornu.

Machines très complexes

C’est par ailleurs une des raisons pour lesquelles la France livre comparativement moins d’équipement à Kiev que ses alliés : l’armée française est échantillonnaire – elle dispose de tout, mais en faible quantité –, elle utilise beaucoup ses matériels, et elle fonctionne avec très peu de stocks, en flux tendus.

Outre-Manche, la situation est comparable mais sensiblement différente : l’armée britannique a reçu environ autant de chars Challenger 2 (de la même génération) et a aussi réduit ses effectifs, utilisant les unités en stock pour entretenir celles actives. Mais il n’y a plus que deux régiments de chars de combat au Royaume-Uni, contre quatre en France. Chaque régiment opérant une cinquantaine de tanks, les Britanniques ont un peu plus de marge que les Français pour céder une partie de leur parc.

Les problèmes de disponibilité subis par les armées française ou britannique seront pourtant les mêmes pour Kiev. Les chars occidentaux modernes sont des machines très complexes, qui nécessitent la mise en place d’une logistique particulière. Malgré un nombre très faible, quatorze de ces chars créeront beaucoup de soucis d’entretien et d’approvisionnement en pièces et munitions pour les Ukrainiens, qui disposent uniquement de blindés soviétiques.

Un cadeau empoisonné ?

Multiplier les livraisons d’équipements différents pourrait se révéler au final un cadeau empoisonné pour Kiev. Les Ukrainiens ont d’ailleurs bien anticipé le problème et demandent plutôt des chars Leopard II, dont plus de 2 000 exemplaires ont été produits pour des clients européens.

Avec des chaînes de modernisation actives et quatorze opérateurs différents – donc autant de candidats susceptibles de céder une partie de leur parc –, le char allemand serait une aubaine pour Kiev. L’Ukraine peut espérer obtenir, avec lui, un parc très moderne, compatible avec les standards Otan, et plutôt uniforme.

On peut interpréter la décision britannique sous l’angle politique : il s’agirait plus d’un appel du pied à Berlin pour autoriser la livraison de chars à l’Ukraine que d’un réel coup de pouce capacitaire à Kiev. On peut comparer ce geste à l’annonce de Paris, une semaine plus tôt, de la livraison de blindés de reconnaissance AMX-10RC, qui constituait déjà une montée en puissance dans l’approvisionnement de l’Ukraine.

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Ukraine : état des lieux des armes fournies par la France

admin Informations 16 janvier 202316 janvier 2023Armée de Terre, Armements & équipements, Guerre, Union européenne 0 commentaire

Ukraine : état des lieux des armes fournies par la France

par Pierre Camus – Revue Conflits – publié le 16 janvier 2023

https://www.revueconflits.com/ukraine-etat-des-lieux-des-armes-fournies-par-la-france/


Le 4 janvier dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé un nouveau cap dans l’aide à l’armée ukrainienne avec la livraison future d’engins blindés AMX 10RC, un véhicule emblématique sur le point d’être remplacé dans l’armée française. L’occasion de faire un point sur le matériel lourd envoyé par la France et ses alliés européens.

 

Des dons français importants…

18 Canons CAESAR

Élément important qui a beaucoup fait parler de lui dans l’actualité : le canon CAESAR. Cet acronyme désigne le Camion Équipé d’un Système d’Artillerie, un élément important et emblématique de l’artillerie française par sa modernité et ses caractéristiques techniques à la pointe de la technologie. D’une précision très élevée pour cette catégorie d’engins, le Caesar dispose d’un emport de 18 munitions pour un canon de 155mm dans lequel peuvent être utilisés différents types d’obus : explosifs, éclairants, fumigènes, obus de semonce, anti-char. Sa cadence est de six coups par minute pour une portée allant jusqu’à 50 km selon le type d’obus engagé. Entrés en service en 2008, 76 canons Caesar sont en dotation dans l’Armée de Terre entre les unités combattantes et celles de formation. 18 ont été livrés à l’Ukraine sur une commande qui était destinée à être livrée au Danemark et le même nombre a alors été commandé par l’État à Nexter pour combler cette perte. L’avantage de ce canon vient également du fait qu’il est très mobile, car monté sur un camion. Un avantage considérable dans l’artillerie. Sa mobilité atteint une vitesse de 80 km/h sur route et 50 km/h pour le tout-terrain, avec une autonomie de 600 km. Son blindage est concentré sur la cabine de conduite et est en option, il est fait pour se protéger des tirs de calibre 7,62 mm, des mines et autres EED (Engin Explosif improvisé, IED en anglais). Bien évidemment, quelques milliers d’obus ont été livrés avec, ainsi que la formation nécessaire aux artilleurs ukrainiens pour son utilisation.

Canon Caesar dans la vallée de l’Euphrate en 2018

Un lot de canons TRF1

Autre canon de l’artillerie française, la TRF1 n’a pas la particularité d’être montée sur un camion, mais d’être un canon-tracté, et ce par un camion TRM 10 000 qui permet un emport de 56 munitions dont les catégories sont sensiblement les mêmes que pour le Caesar : des obus explosifs, éclairants, fumigène et anti-char. Possédant un motopropulseur, il peut cependant se déplacer seul dans une certaine mesure, à raison de 8 km/h. Prédécesseur du Caesar, ce canon est lui aussi fait pour accueillir du 155m avec une portée de 24 à 30 km selon la munition tirée et une cadence de 6 coups par minute ou 3 coups en 15 secondes en cadence rapide. Entré en service dans les années 1989-1990 aux 11e Régiment d’Artillerie de Marine (11e RAMa) et 68e Régiment d’Artillerie (68e RA), la dislocation du Bloc de l’Est réduit la taille des commandes de l’État français passant de 180 aux 105 livrés jusqu’en 2006. Ayant participé à de nombreux conflits comme la guerre du Golfe, le TRF1 est peu à peu retiré du service au profit du canon Caesar et les 4 derniers TRF1 du 5eRIAOM (5e Régiment Interarmes d’outre-mer) basé à Djibouti sont retirés en avril 2022. L’Ukraine en achète un lot à l’entreprise S2M Equipment, spécialisée dans le rachat de matériel militaire, dont au moins 6 exemplaires ont déjà été livrés.

TRF1 du 3e RAMa lors d’un exercice interallié en Allemagne en 2013

2 Lance-Roquettes Unitaires

Le lance-roquette unitaire (LRU) est une autre composante importante de l’armée de Terre française, lui aussi visé par un potentiel remplacement d’ici 2027. Monté sur un châssis américain Bradley M270, le LRU est un standard particulier. En effet, il s’agit à l’origine de lance-roquettes multiples (LRM, en service depuis 1983) qui seront plus tard interdits pour les pays signataires par la convention d’Oslo (ou Convention sur les armes à sous-munitions) en 2008. Ainsi la France avait acquis 57 LRM avec 22 000 roquettes M26 dont 48 seront mises en service aux 1er et 12e Régiments d’Artillerie (1er RA et 12e RA). De fait, depuis 2014 seul le 1er RA possède encore treize LRU dont deux furent livrés à l’Ukraine en octobre dernier. Également équipé de munitions très précises (Roquette M31 guidées à charge creuse, les M26 ayant été interdites par la convention d’Oslo), la portée du LRU est de plus de 70km, pour une altitude pouvant atteindre environ 20km avec une autonomie de 500 km et une vitesse sur route de 70 km/h. Sa capacité d’emport est de 12 roquettes dont la précision varie de 3 à 5 mètres. Sa protection est assurée par un blindage de 25 mm de la cabine et la présence d’une mitrailleuse.

MLRS (Multi-Launch Rocket System) du 1st Regiment Royal Horse Artillery s’entraînant dans la campagne britannique.

2 batteries Crotale NG

Le Crotale désigne ici les missiles Crotale R-440 utilisés par ces batteries de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Sur les douze possédées par cette dernière, deux ont été livrées à l’Ukraine. Ces batteries sol-air de courte portée (entre 13 et 15 km pour 6 à 9 km d’altitude) et utilisant des missiles VT1 (livrés en nombre significatif selon le ministre des Armées Lecornu), permet de lutter contre les aéronefs de tout type à basse altitude et faible vitesse. La batterie se compose donc d’une unité d’acquisition (UA) qui permet de prendre en charge jusqu’à 12 objectifs à la fois, et de deux voire trois unités de tir (UT), chaque unité étant composée de quatre missiles et également d’un radar d’acquisition et de poursuite chargé de recevoir le signal de l’UA lorsqu’une cible est désignée comme telle et affectée à une UT.

Ces missiles VT1 ont de plus une vitesse de Mach 3,5, alors que les R-440 n’allaient « qu’à » Mach 2,3. Deux missiles peuvent être tirés en quelques secondes, et le système nécessite 5 min pour être mis en batterie. Il nécessite également d’être monté sur un véhicule de transport : le P-4 R, un camion d’une autonomie de 500 km et d’une vitesse 70 km/h, avec un blindage de la cabine allant de 3 à 5 mm.

Les premières versions sont livrées dès 1971 par l’Afrique du Sud qui était à l’origine de la commande d’un tel système et les utilisa pour sa guerre de la frontière. Elles ont ensuite été utilisées dans la guerre du Kippour, en Lybie, en Irak ou encore au Tchad.

Lanceur de missiles Crotale lors du défilé du 14 juillet

60 Véhicules de l’Avant Blindé 

Presque qu’aussi mythique que la P4 et délégué au transport de troupe dans l’armée française, le VAB est en service depuis 1976 et a connu tous les théâtres d’opérations français. De plus, il a également connu les opérations marocaines au Sahara occidental, libanaises, qataries au Yémen, et donc récemment en Ukraine.

Véhicule le plus présent au sein de l’armée française avec environ 2 500 exemplaires dans le parc en 2021, 60 de ceux-ci ont été envoyés en Ukraine.

Existant en plus d’une cinquantaine de versions selon les armes dans lesquelles il sert et ses utilisations (Transmission, commandement, médical…), le VAB est généralement muni d’une mitrailleuse 7,62 mm calibre OTAN ou 12,7 mm pour les véhicules d’infanterie, il peut également être équipé d’un canon-mitrailleur de 20 mm ou de 25×137, ou bien encore de lance-missile comme sur le VAB HOT (ou Méphisto). Son blindage le protège des munitions de 7,62 mm, mais aussi des mines et des éclats en tout genre.

Les différentes mises à jour de ces dernières années ont modifié considérablement ses capacités, notamment l’emport passant de 10 hommes à 6 concernant les fantassins (dû à l’augmentation de l’équipement de ces derniers) ou encore l’autonomie descendue à 230 km à cause d’une consommation plus élevée en carburant alors qu’elle était initialement d’environ 1 000km. L’armée française prévoit son remplacement progressif par les nouveaux véhicules Griffon et Serval dans le cadre du programme Scorpion.

Les versions du VAB envoyées aux Ukrainiens ne semblent pas être spécifiées, mais d’après les images ayant tourné sur les réseaux sociaux, il s’agirait de modèles sommairement équipés.

VAB aux nouvelles couleurs de l’armée française durant le défilé du 14 juillet 2021

Des AMX 10RC au programme

Ces véhicules promis par Emmanuel Macron sont eux aussi emblématiques dans l’armée française, puisqu’arrivés en 1979 au 2e Régiment de Hussards (2e RH) et sur le point d’être remplacé aujourd’hui par le Jaguar, véhicule faisant aussi partie du programme Scorpion.

Issu des ateliers d’Issy-les-Moulineaux d’où provient son nom, il remplace l’Engin Blindé de Reconnaissance (EBR) alors en service et est en réalité la version à six roues (RC signifie Roues-Canon) de l’AMX-10P, blindé a chenille servant à l’infanterie pour le transport, le combat et l’appui remplacé aujourd’hui par le Véhicule Blindé de Combat d’Infanterie (VBCI).

Le rôle principal de l’AMX est la reconnaissance-feu, c’est-à-dire la reconnaissance et la possibilité de riposter en cas d’attaque. Une revalorisation au cours des années 2000 donnera l’AMX 10 RCR dont il resterait aujourd’hui un peu moins de 250 exemplaires dans le parc français. Il a été déployé sur de nombreuses opérations dont on pourrait noter parmi les plus notables Tempête du Désert durant la guerre du Golfe, durant les opérations françaises en Afghanistan, au Mali ou encore par le Maroc durant la guerre du Sahara Occidental, et donc prochainement l’Ukraine.

Pour l’aspect technique, l’AMX 10 RC a la particularité comme nous l’avons dit d’être sur roues et non sur chenilles, avec une autonomie de 800 km pour une allure de 80 km/h sur route et 40 km/h en tout-terrain. Son blindage le protège des projectiles de l’artillerie et des moyens calibres, et un surblindage en acier est ajouté après l’opération Tempête du Désert ce qui marque la fin de son caractère amphibie qui existait alors. Sa portée est d’environ 2 km pour le canon qui accueille des obus de 105mm et de toutes sortes : explosifs, fumigènes, à charge creuse, flèche. Ce canon est accompagné de deux mitrailleuses de calibre 7,62 mm.

Il est important de souligner également que les munitions acceptées (105 x 527R) par l’AMX 10 RC ne sont pas au standard OTAN ce qui fait que l’Ukraine sera entièrement dépendante de la France pour ce qui est des munitions.

AMX-10 RC en action durant un exercice hivernal, 4e Régiment de Chasseurs

20 véhicules blindés Bastion

Les ARQUUS Bastion sont des véhicules blindés, essentiellement utilisés pour le transport de troupes, à l’instar du VAB présenté plus haut, fabriqués par la firme française Arquus Défense. De tous les véhicules présentés dans cet article, le Bastion est le seul à ne pas être utilisé par les armées françaises puisque destiné à l’export uniquement, bien que les Forces Spéciales Françaises l’aient évalué.

Avec un châssis basé sur le VLRA (camions tout-terrains fabriqués à Saint-Nazaire par ACMAT, aujourd’hui filiale d’Arquus) ils sont équipés d’une tourelle mitrailleuse de calibre 12,7 mm ou 7,62mm qui peut-être téléopérée. Leur blindage leur assure une protection contre les armes de calibre 7,62mm, les mines et les différents éclats. Leur capacité d’emport est de 8 hommes (plus deux pilotes) et leur mobilité se caractérise par une vitesse de 110 km/h sur route pour une autonomie de presque 1 400 km.

Comme la plupart des véhicules, il possède plusieurs versions : le Bastion PATSAS (Patrouille SAS) réservée aux forces spéciales plus légère (10t au lieu de 12t), mais avec moins d’emport (5 soldats équipés). Il est équipé d’une mitrailleuse 12,7mm et peut en emporter 3 autres de 7,62mm. En 2018, un accord a été signé avec l’US Army pour concevoir une version ambulance du Bastion.

Ses principales zones de déploiement ont été le Burkina Faso dans le cadre de la lutte antiterroriste de la force conjointe G5 au Sahel, de la même manière au Mali, au Tchad et au Niger ; le Sénégal en a également acquis pour sa police et l’ONU en a fourni à la Tanzanie pour des opérations de maintien de paix.

Le prochain théâtre à son actif sera donc l’Ukraine puisque la France a décidé d’en livrer 20 exemplaires à l’armée ukrainienne.

Bastion APC fournis par les Américains aux forces populaires ougandaises en 2017

Il est important de rappeler que l’aide française aux armées ukrainiennes se compose également de missiles (Mistral, Milan…) et d’équipement individuels (Casques lourds, lunettes infrarouges, matériel médical, gilets pare-balles, rations de combat, etc.) et bien sûr d’une aide financière importante. De plus, 2 000 soldats ukrainiens devraient être formés par la France dans le cadre de la mission européenne EUNAM dont 400 le sont déjà, principalement sur les équipements livrés.

Des dons importants pourtant souvent décriés par certains, pointant du doigt une France qui ne ferait pas assez, notamment par rapport à ses voisins européens. Ainsi, concernant le matériel terrestre lourd, voici ce qu’ont envoyé nos alliés européens.

Une Europe également très généreuse

L’Allemagne

Alors que la question des Léopard 2 demandés par l’Ukraine se pose en Allemagne, nous pouvons revenir sur le matériel envoyé par l’un des plus gros contributeurs du soutien à l’Ukraine.

40 Marder

À la suite des annonces françaises à propos des AMX-10 RC, l’Allemagne a en effet annoncé l’envoi de 40 véhicules blindés Marder en usage dans ses armées, dont la livraison s’étendra sur le premier trimestre 2023. Ce véhicule de combat d’infanterie est entré en service durant la Guerre froide au début des années 1970 en Allemagne de l’Ouest. Remplacé peu à peu par le Puma depuis 2010, le Marder a connu de nombreuses versions et a notamment servi durant la seconde guerre d’Afghanistan. Avec un transport de 6 ou 7 hommes (plus 3 : pilote, tireur, chef d’engin) selon les modèles, son blindage d’acier varie entre 11 et 32 mm permettant de se protéger des calibres 7,62 mm, mais aussi des balles perforantes-incendiaires de 14,5 mm et des obus de 23 mm sur la partie frontale, voire de 25 mm aujourd’hui sur certaines versions. Il dispose de nombreux armements : un canon-mitrailleur de 20 mm (Mk20 Rh-202), un lance-missile antichar MILAN (4 missiles) ou Spike depuis 2018 et une mitrailleuse de 7,62 mm MG3. Avec une vitesse sur route allant jusqu’à 75 km/h, son autonomie dépasse les 500 km.

Les différentes versions existantes font varier les qualités ou les caractéristiques du blindage, des radars, transmissions ou encore les brouilleurs.

Marder 1A3 du 391e Bataillon de Panzergrenadiers

18 obusiers Boxer RCH 155

Autorisée d’envoyer ces pièces d’artillerie en Ukraine par le gouvernement allemand, la société KMW (Krauss-Maffei Wegmann) devra également fournir les pièces de rechange et former le personnel pour un coût total de 216 millions d’euros. Équipé d’un canon de 155 mm le RCH 155 est un automoteur capable d’atteindre au moins les 100 km/h pour autonomie de 700 km. Avec un système de chargement automatique, sa cadence est de 9 coups par minutes pour une portée de 30 km avec les obus conventionnels et jusqu’à 56 km avec certains plus spécifiques (V-LAP sud-africain). Il peut également être adapté avec un canon de 105 mm.

Boxter RCH 155

Le système MIM-104 Patriot 

Sur la même ligne que les États-Unis, d’où provient ce système, les Allemands ont décidé d’envoyer à l’Ukraine l’un de leur système antiaérien Patriot. Développé par la firme Raytheon il entre en service en 1984, mais plusieurs versions et développement existent et permettent également la lutte contre les missiles balistiques depuis le 104C/PAC-2 déployé en 1990 pour la guerre du Golfe. Ces missiles sol-air vont de Mach 2.8 à 4.1 avec une portée de 240 km pour les dernières versions et une altitude dépassant les 24 km. Avec une taille plus petite les PAC-3 permettent un poste de tir à 16 missiles contre 4 auparavant. Monté sur une remorque, le poste est tracté par un HEMTT ayant une vitesse de pointe à 100 km/h pour une autonomie d’un peu moins de 650 km. Outre le Golfe le Patriot a également connu l’Irak, la Syrie, le Japon, le Yémen et aujourd’hui l’Ukraine.

Lancement d’un missile Patriot PAC-2 Néerlandais

14 PzH 2000 

Autre obusier fabriqué par KMW, il est en service depuis 1998 et encore aujourd’hui dans plusieurs armées (Italie, Grèce, Qatar…). Ayant connu comme premier théâtre d’opérations l’Afghanistan, le PzH 2000 est une abréviation de Panzerhaubitze (Obusier blindé) et se caractérise par un canon de 155 mm pour une portée de 30 km pour les obus conventionnels et de 56 km pour les obus roquette avec une cadence importante de 9 à 10 coups par minute (les 3 premiers en 10s) et 20 coups en 2min30. Ce canon est accompagné comme armement secondaire d’une mitrailleuse MG3 de 7,62 ou d’une FN MAG du même calibre. Comme le RCH 155, le PzH 2000 est un canon automoteur avec une vitesse de 65 km/h pour 420 km d’autonomie et un emport de 60 obus possible. En plus des 7 envoyés par l’Allemagne en mai 2022, elle en a vendu également 100 en juillet dernier, les Pays-Bas en ont envoyé 8 et l’Italie un nombre inconnu.

Un PzH 2000 néerlandais en Afghanistan, 2009

4 MLRS Mars-II :

Les MLRS désignent des Multiple-Launch Rocket System dont le type MARS (Middle Artillery Range System) arrive en Allemagne en 1990, mais il est déjà en activité dans l’US Army depuis 1983. La version MARS-II envoyée en Ukraine permet de tirer des missiles guidés augmentant ainsi la précision des tirs (environ 7 mètres) et possède des améliorations GPS, de conduite de tir, etc. Les missiles du type M31 (230 mm) peuvent voler à Mach 3,4 avec une portée amenée à 80km (elle était de 60km avec la précédente M30, et est prévu à 140 km pour la prochaine version). Le MARS-II peut accueillir 12 missiles simultanément avec une cadence permettant de tous les tirer en 1 minute.

Photo d’un MLRS MARS-II issue du site de KMW

50 Véhicules de transport blindés Dingo

Encore un véhicule sortit de la société KMW. C’est un blindé de transport de troupes allant de 5 à 10 passagers selon les versions qui résiste aux mines, aux éclats d’artillerie et aux calibres « classique ». Une deuxième version arrivera en 2000 offrant une meilleure protection et une plus grande charge utile. Son armement varie entre les mitrailleuses 7,62 mm ou 12,7 mm et les lance-grenades automatiques HK GMG et son autonomie entre 700 et 1000 km selon la version (courte, longue ou GFF).

ATF Dingo 2 de la 37e Brigade de Panzergrenadier durant un exercice, juste après avoir franchi l’Elbe

37 chars Guépard

De son vrai nom Flugabwehrkanonenpanzer Gepard ou Flakpanzer Gepard est un char antiaérien germano-suisse entré en service en 1976 dont le programme a plus tard été rejoint par la Belgique et les Pays-Bas et est resté en service dans ces pays jusqu’à la fin des années 2000 et n’a à l’heure actuelle aucun remplaçant au sein de la Bundeswehr. Ce véhicule est équipé de deux canons Oerlikon KDA L/90 de 35 mm (du nom de la firme suisse ayant travaillé sur projet) tirant des obus explosifs ou pénétrants pour une portée de 6 500 m et une altitude maximale de 4 800 m. Son autonomie est de 560 km pour une vitesse sur route de 65 km/h. Ces engins furent tirés de leurs stocks puisque retirés depuis longtemps, et quelques problèmes de munitions furent à gérer étant donné que la Suisse et son immuable neutralité ne voulaient pas fournir les stocks de missiles qui lui restait.

Flakpanzer Gepard de la Bundeswehr

L’Italie

FH70

Envoyés en nombre inconnu par nos voisins transalpins, les FH70 sont des canons se rapprochant du TRF1 français. En service depuis 1978, il a notamment fait ses preuves au Liban durant la guerre civile. Doté d’un calibre de 155 mm sa cadence peut être de 3 coups en 15 secondes pour une rafale ou de 3 à 6 coups par minute pour une cadence soutenue avec une portée maximale de 30 km. De la même manière que le TRF1, le FH70 doit être tracté par un véhicule ce qui limite sa mobilité.

D’autres exemplaires ont également été envoyés par l’Estonie

Une batterie de FH70 du 21e Régiment d’Artillerie italien « Trieste »

Le système SAMP/T – Mamba

De concert, Paris et Rome vont livrer à l’Ukraine une batterie de système Sol-Air Moyenne Portée/Terrestre – Mamba (Moyen de défense Anti-Missile Balistique et Aérobie) sur les 5 que compte le 4e Régiment d’Artillerie antiaérienne italien. Ce système vise à protéger l’espace aérien contre les avions ou missiles de croisière. Pour la partie antiaérienne le système a une portée allant de 50 à 100 km selon les avions ciblés et d’une dizaine de km pour la défense antimissile utilisant les missiles Aster 30 Block 1. En France ces systèmes ont remplacé les Hawks et les Crotale. Le système se subdivise en 3 sous-systèmes : celui de la conduite de tir/radar, celui de lancement terrestre et le missile en lui-même.

Système de lancement terrestre du SAMP/T au défilé du 14 juillet

Espagne

1 système Aspide 2000

Au moins un de ces systèmes antiaérien de moyenne portée d’origine italienne a été envoyé par l’Espagne en Ukraine. Ses missiles équipaient auparavant les avions Aeritalia F-104S Starfighter en version air-air. Sur les quatre versions c’est la version sol-air du Mk1 qui fut envoyé en Ukraine par l’Espagne fabriqué à partir de 1988. La vitesse de ce missile est de Mach 2 avec une portée de 28 km et un plafond de 3,5 km.

Batterie antiaérienne italienne d’Aspide 2000

Missile Aspide 2000 de la Marine péruvienne

20 TOA M113 

De facture américaine, ces Transporte Oruga Acorazado sont en service depuis 1960 et seront progressivement remplacés en Espagne par les véhicules blindés « Dragon ». Capable de transporter 11 personnels, ce camion sur chenille a une vitesse 66 km/h sur route pour une autonomie de 480 km. Avec plusieurs versions (lance-flamme, dépannage, mortier, ambulance…) il a pour armement de défense une mitrailleuse M2 de 12,7 mm, avec en plus un blindage allant de 38 à 45 mm.

50 exemplaires ont également été envoyés par le Danemark et d’autres aussi par la Lituanie.

M113 blindé australien

Grande-Bretagne 

10 Challenger 2 (En cours de réflexion)

En service depuis 1998, ce char britannique a notamment connu la guerre d’Irak et le Kosovo. Son armement se compose d’un canon de 120 mm avec une durée de vie du tube de 500 coups et l’engin possède une capacité d’emport de 52 obus. À cela s’ajoutent deux mitrailleuses de 7,62 mm. En termes de mobilité, le Challenger 2 possède une autonomie allant de 450 à 550 km selon sa dotation en réservoirs largables. Son blindage est de type Dorchester en matériaux composites. Le gouvernement n’a pas encore statué sur l’envoi de ces chars, mais y réfléchit sérieusement. L’envoi de ce type de char ferait franchir un cap certain dans l’aide militaire offerte à l’Ukraine)

Challenger 2 durant un exercice amphibie de la 1ère Brigade Mécanisée dans le Hampshire

120 véhicules blindés

Nous ne connaissons pas la répartition exacte de ces 120 véhicules, mais il s’agit des modèles suivants :

MRAPs de type Cougar Mastiff et Wolfhound

Les MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) sont une classe de véhicules blindés spécialement conçus pour résister aux Engins Explosifs Improvisés (EEI). Ils ont été mis en service au début des années 2000 d’après les conflits modernes où les mines et EEI représentent un risque important. Les MRAP sont utilisés dans de nombreuses armées (les Aravis en France ou les ATF Dingo en Allemagne) et sont encore utilisés dans la lutte contre la guérilla sur de nombreux terrains : Afghanistan, Égypte, Yémen, Syrie … et même par les Russes en Ukraine.

Les MRAP se divisent en 3 catégories et de multiples versions selon leurs poids, taille et utilité (anti-mines, missions sous feu ennemi, spécifiques pour certaines missions). De fait le Wolfhound est un véhicule de soutien tactique utilisé par exemple pour tracter les canons d’artillerie. Leur blindage et leur armement varie en fonction du modèle et leur mobilité se caractérise par une vitesse d’environ 100 km/h pour une autonomie de 1000 km.

MRAP Cougar danois en Afghanistan, 2011

Husky

Les Husky sont des véhicules sud-africains de soutien détecteurs de mines eux-mêmes protégés contre les mines et IED, ils sont principalement utilisés pour assurer la route d’un convoi. Entrés en service dans les années 1970, ils sont équipés de détecteurs de métaux très sensibles et sont prévus pour s’endommager de manière prévisible en cas d’explosion pour être réparés directement et rapidement sur le terrain. D’autre équipement comme un rouleau de déminage ou une mitrailleuse 7,62 sont disponibles selon les versions et son blindage protège des calibres 7,62 mm. Sa vitesse maximale est de 70 km/h.

Huskys de l’USMC en Afghanistan

35 FV-103 Spartan

Blindé utilisé pour le transport de troupes (5 passagers), le FV-103 Spartan est un véhicule britannique entré en service en 1978 de combat de reconnaissance. Il est principalement utilisé par des unités spécialisées et non pas l’infanterie allant sur le champ de bataille (artilleurs, sapeurs…). Il est protégé par une mitrailleuse de 7,62 mm FN MAG. Il existait une version FV-120 pouvant tirer des missiles MILAN et transporter des Javelin, mais elles ne sont plus en activité dans l’armée britannique. Leur vitesse sur route est de 80 km/h et 35 exemplaires auraient été envoyés en Ukraine.

FV-103 Spartan pendant un exercice amphibie dans le Hampshire

Nos alliés outre-Manche auraient également envoyé 4 MLRS Mars-II (cf. Allemagne).

Pologne

50 à 60 PT-91 Twardy

Char de combat polonais datant de 1996, le PT-91 Twardy héritier des T72 et T64. Sa mobilité est de 60 km/h pour une autonomie allant de 650 à 700 km selon les réservoirs en dotation. Il est armé d’un canon de 125 mm avec un emport de 42 obus, et d’une mitrailleuse de 7,62 mm plus une autre de 12,7 mm. Il existe de nombreuses versions, notamment pour l’armée malaisienne, modifiant quelques caractéristiques techniques modifiant sa mobilité ou sa précision de tir.

PT91 Twardy durant le défilé du 15 août, jour des Forces Armées en Pologne

230-240 T-72

Char emblématique de l’ère soviétique, le T-72 est un char qui est vu comme un T-64 simplifié donc moins couteux en service depuis 1973 et dont la production continue encore aujourd’hui. Son successeur le T-90 est plus moderne et fut envoyé dans le Donbass par les Russes. Il existe plus de quarante versions faisant varier le blindage (au moins 350 mm) ou quelques caractéristiques et améliorations techniques, mais d’une manière générale il est équipé d’un canon de 125 mm et de deux mitrailleuses de 7,62 et 12,7 mm. Sa vitesse de 60 km/h s’accompagne d’une autonomie de 500 à 700 km selon l’emport de bidons largable prévu.

En tout plus 300 T-72 furent envoyés en Ukraine avec la participation notamment de la République tchèque ou de la Macédoine du Nord (30 exemplaires)

Un T-72 iraquien de la 9e Division en 2006

40 BMP-1

Autre véhicule de combat soviétique, le BMP-1 est un véhicule de combat d’infanterie en service depuis 1966 dans l’Armée rouge. Véritable succès technologique comparé à l’AK-47, il permet d’emporter 8 passagers de manière sécurisée avec un blindage allant jusqu’à 33 mm. Il dispose d’un canon de 73 mm et d’un lance-missile antichar en plus d’une mitrailleuse de 7,62 en armement secondaire. Sa mobilité aussi importante pour l’époque est caractérisée par une vitesse sur route de 65 km/h et de 45 km/h en tout-terrain avec une autonomie de 600 km sur route et 500 km en tout-terrain. Comme la plupart de ces véhicules, de nombreuses versions existent faisant varier leur équipement, caractéristiques techniques et utilité.

En échange de 40 Marder, la Grèce a elle aussi envoyé 40 BMP-1 aux Ukrainiens sur les 122 de chaque annoncés en juin. Le même échange fut effectué par la Slovaquie avec 30 BMP-1 envoyés en Ukraine contre 14 Léopard allemands ou la Slovénie qui a envoyé 35 BMP M80A contre des Marder et Leopard.

BMP-1 capturé par les Américains en Irak durant la Guerre du Golfe, 1991

BM-21 GRAD

Le BM-21 GRAD est un LRM (lance-roquettes multiple) soviétique en service depuis 1963, « Grad » signifiant « grêle ». Dotés de canons de 122 mm, ces camions ne disposent d’aucun blindage et sont très mobiles : 75 km/h pour une autonomie de 450 km. Sa capacité est de 40 roquettes (le camion dispose de 40 tubes). Ses différentes versions et munitions lui offrent une portée de 5 à 45 km et une capacité de saturation de 1 hectare en une salve, mais nécessite 10 minutes de rechargement.

On ne connait pas le nombre exact de BM-21 GRAD envoyés par la Pologne, d’autant plus que c’est un véhicule déjà utilisé par les deux pays belligérants.

BM-21 GRAD vénézuéliens lors de la commémoration de la mort d’Hugo Chavez en 2014

BM-21 GRAD en action dans le sud de l’Ukraine, octobre 2022

Obusiers 2S1 Gvozdika 

Arrivé en service en 1972 dans l’armée soviétique, le 2S1 Gvozdika est un char équipé d’un canon de 122 mm et d’un blindage de 20 mm. Une version amphibie peut lui permettre de combattre par tempête de neige ou dans des marais. Avec une mobilité caractérisée par une autonomie de 500 km et une vitesse de 60 km/h sur route, il a connu de nombre théâtres de conflits : Tchétchénie, Golfe, Irak, Kosovo, Lybie, Syrie…

On ne sait pas exactement combien ont été envoyés par la Pologne, sachant qu’il est en dotation en Russie et également en Ukraine.

Obusier 2S1 Gvozdika de l’armée serbe

72 AHS Krab

L’AHS Krab est quant à lui un obusier polonais doté d’un canon de 155 mm entrée en service en 2008 et dont les nouveaux modèles n’ont pas tous été livrés à ce jour à la Pologne. Sa portée est comprise entre 30 et 40 km selon les obus utilisés et sa cadence est de 6 coups par minute. Sa vitesse sur route est de 67 km/h et 30 km/h en tout terrain pour une autonomie de 400 km. Sur les 72, 18 furent donnés et 54 vendus. L’Ukraine semble être sa première expérience réelle de combat.

AHS Krab exposé à Kiev en 2017

Norvège

22 M109 A2/A3

Obusiers américains en service depuis 1963, M109 qui sont les versions modernisées en milieu de vie, sont équipés de canon de 155 mm avec une portée de 18 à 30 km selon les munitions utilisées et une capacité d’emport allant de 36 obus. De même son autonomie varie de 300 à 350 km/h avec une vitesse comprise entre 55 et 60 km/h sur route et 20 et 30 km/h en tout-terrain. Pour sa protection, il possède aussi une mitrailleuse M2 de calibre 12,7 mm. Les Pays-Bas en ont également envoyé quelques-uns.

26 M109A4 furent achetés à une société belge de déstockage et des M109A5 furent donnés par les Italiens également.

M109 A3

3 MLRS Mars-II (cf. Allemagne)

De son côté nous pouvons également citer la République Tchèque qui a livré des LRM RM-70 et des BMP-1 sans que le nombre soit précisé.

Bien évidemment il s’agit ici d’une liste non exhaustive puisque ces informations ne sont pas toujours accessibles ou certaines et que nous nous sommes ici concentrés sur la France et les pays européens et plus précisément sur le matériel terrestre lourd. Ces mêmes pays et bien d’autres par conséquent non cités ont également envoyé de nombreux matériels individuels (casques, armes de poing, gilets, matériel médical…), de l’aide humanitaire et financière, sans parler des munitions de tous calibres, des missiles et des aéronefs.

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Le tombeau de Poutine – Trois scenarios pour la suite de la guerre en Ukraine

admin Informations 13 janvier 202313 janvier 2023Guerre, Les menaces, Libres-propos 0 commentaire

Le tombeau de Poutine – Trois scenarios pour la suite de la guerre en Ukraine

par Michel Goya – La Voie de l’épée – publié le 12 janvier 2023

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


L’anticipation est au futur ce que le souvenir est au passé, une pure construction intellectuelle qui se prend un peu pour de la réalité, cette création permanente. Ces projections passées ou futures sont pourtant indispensables à l’action. On cède souvent aux premières aux anniversaires et aux secondes en début d’année, comme si par un biais optimiste on imaginait que cela pouvait se réaliser avant sa fin. On commence donc à décrire la guerre en Ukraine comme devant se terminer obligatoirement en 2023. Rien n’est moins sûr pourtant comme on va le voir.

Un bon officier d’état-major s’efforce toujours de regrouper les possibilités décrites dans le champ de manipulation cognitive de son chef, pas plus de cinq objets et parfois moins pour certains chefs. On va se contenter de trois scénarios pour la suite des évènements qui, comme les mousquetaires, sont en fait quatre.

1 Reconquista 

La campagne de frappes s’enraye face à la montée en puissance de la défense anti-aérienne et faute de munitions russes. Grâce à l’aide occidentale, qui ne faiblit pas, la mobilisation intérieure et un bon processus d’innovations, les forces aéroterrestres ukrainiennes restent supérieures aux forces russes. Elles le sont suffisamment pour infliger des coups décisifs et des dislocations de dispositifs, a priori d’abord dans les provinces de Louhansk et de Zaporijjia. L’armée russe ne parvient pas à arrêter l’armée ukrainienne qui enveloppe les républiques du Donbass et s’approche de la Crimée. Ces défaites et cette approche de zones très sensibles provoquent forcément un grand stress du côté russe.

Écartons l’hypothèse du stress paralysant. On pouvait imaginer lors des succès ukrainiens de septembre-octobre que le Kremlin reste en situation d’inertie consciente, paralysée par la peur des conséquences intérieures de l’implication de la société russe dans la guerre, seule issue possible pour contrer l’armée ukrainienne. Il n’en a rien été, Vladimir Poutine ordonnant une mobilisation partielle des hommes et de l’industrie, le raidissement de la discipline et procédant même à l’annexion des conquêtes. Ce saut a provoqué quelques troubles, en particulier une fuite massive intérieure et extérieure des mobilisables, mais le test a finalement été réussi. Il n’y a eu aucune révolte sinon très ponctuelle en « Russie périphérique » lors de l’annonce de la mobilisation et la stratégie « Hindenburg 1917 » – rigidification du front + frappes sur la profondeur stratégique de l’ennemi – a permis de stopper, au moins provisoirement, les Ukrainiens. Le surcroît de pertes provoqué par l’engagement massif de mobilisés mal formés, pourtant d’un coefficient de sensibilité politique plus grand que celui des contractuels, n’a pas non plus engendré de troubles sérieux. Dans ces conditions, pourquoi s’arrêter là ?

Dans le champ extérieur, la Russie peut essayer d’accentuer la pression sur les pays occidentaux afin qu’ils cessent enfin leur aide, condition sine qua non de la victoire de l’Ukraine. La menace directe de rétorsion s’avérant inefficace, la Russie peut être tentée par des opérations clandestines en Europe occidentale (cyberattaques, sabotages), « niées mais pas trop » afin de délivrer quand même un message. L’inconvénient de ce mode d’action qui vise à provoquer un stress paralysant peut au contraire produire un stress stimulant, mais contre la Russie. Notons qu’il peut en être de même à l’inverse pour les actions occidentales clandestines ou non menées contre la Russie. La Russie peut jouer sur une mobilisation accrue de ses sympathisants. Mais là encore on semble loin de foules scandant « plutôt Poutiniens que mort », comme les « rouges » en puissance des années 1980, qui quoique plus nombreux n’avaient pas non plus modifié les politiques du moment. Dans tous les cas de figure, les effets stratégiques à attendre dans cette voie seraient sans doute trop lents à survenir pour enrayer la « reconquista » ukrainienne, qui elle-même a plutôt tendance à renforcer le soutien occidental, car on voit que l’aide fournie est utile et efficace, ce qui est plus stimulant que lorsqu’on imagine que c’est à fond perdu.

À défaut de démobiliser les pays occidentaux et bien sûr l’Ukraine, le Kremlin jouera donc la carte de la mobilisation accrue de la société russe. Après la première tranche de 150 000 hommes déjà engagée en Ukraine fin 2022 puis la deuxième bientôt, rien n’interdit désormais d’envoyer de nouvelles classes dans le brasier au fur et à mesure de l’avancée ukrainienne, pour au moins la freiner et au mieux la stopper. Si cela réussit, on basculera dans les scénarios 2 ou 3.

Cela peut aussi échouer parce que les problèmes de l’armée russe sont trop structurels pour que l’envoi de mobilisés ou de conscrits y change vraiment les choses. Dans ce cas, Les défaites continueront, l’armée russe reculera et le doute augmentera dans la société russe par l’accroissement des sacrifices qui apparaissent en plus comme inutiles ainsi qu’au Kremlin où on s’inquiètera aussi de la perte possible du Donbass mais surtout de la Crimée. Dans un pays où on ne pardonne pas les désastres extérieurs, la politique de Vladimir Poutine sera forcément remise en cause. La guerre en Ukraine se doublera alors de troubles en Russie, peut-être dans les rues de Saint-Pétersbourg comme en 1917 et/ou plus sûrement entre les tours du Kremlin. Vladimir Poutine peut alors se retirer en douceur, à la manière de Khrouchtchev en 1964, mais c’est peu probable. Il tentera plus probablement de se maintenir au pouvoir à tout prix.

1 bis, Crimée châtiment

Cette tentative peut passer par une « stalinisation » accrue à l’intérieur, purges et dictature, à condition de pouvoir s’appuyer sur un appareil sécuritaire de confiance, le FSB ou la Rosgvardia, et une escalade vis-à-vis de l’extérieur avec l’emploi de l’arme nucléaire, très probablement d’abord par une frappe d’avertissement en mer Noire ou en haute altitude. Il est certain que ce recours au nucléaire accentuera considérablement le stress en Russie et contribuera probablement aux troubles au sommet de la part de groupes ou d’individus puissants qui ne souhaitent pas être entraînés dans un processus qui apparait désastreux pour la Russie et donc in fine et peut-être surtout pour eux-mêmes.

Si le processus d’engagement des forces nucléaires en riposte d’une attaque de même type peut se faire en très en petit comité du fait de l’urgence de la situation, et dans ce cas-là il n’y a guère de doutes sur la décision, on peut supposer qu’il n’en serait pas de même en cas d’emploi en premier. Dans le seul cas à ce jour, la décision d’Harry Truman d’utiliser l’arme atomique contre le Japon en 1945 a été précédée de longues discussions. Alors que toutes les conditions étaient réunies pour une décision favorable – pas de riposte japonaise possible, niveau de violence déjà inouï à ce moment-là de la guerre, possibilité d’accélérer la fin de la guerre et d’impressionner l’Union soviétique, etc. – Truman a pourtant hésité. On peut imaginer qu’une décision similaire dans une Russie beaucoup plus menacée et vulnérable susciterait quelques débats et quelques doutes au sein de l’appareil d’État. Il est probable qu’un tel « aventurisme », pour reprendre l’accusation portée à Khrouchtchev au moment de son éviction, susciterait, sans doute même avant la fin du processus de décision, quelques réactions parmi les tours et pas forcément dans le sens d’un suicide collectif. Mais nous sommes là dans une zone extrême où les prévisions comportementales sont difficiles. Si Poutine est empêché, il parait difficile cependant de l’imaginer toujours au pouvoir le lendemain.

Admettons qu’il ne soit pas empêché et lance un avertissement nucléaire. Le recours en premier au nucléaire, même sous forme d’avertissement, entraînera immanquablement une condamnation internationale et la perte des quelques alliés, en particulier la Chine. Dans une hypothèse optimiste pour Poutine, on peut cependant imaginer que Joe Biden fasse comme Barack Obama face à Bachar al Assad en 2013 et se dégonfle finalement devant l’emploi d’armes de destruction massive. L’Occident ne bouge pas et l’Ukraine prend peur et accepte de négocier ou du moins d’aller plus loin. Nous voilà plongés dans le scénario 3.

Dans un second cas, le plus probable, la Russie frappe mais n’empêche rien. Les pays de l’OTAN entrent en guerre. Profitons en au passage pour tuer cette idée de cobelligérance instillée par le discours russe et qui n’a en aucun sens dans le cas de la guerre en Ukraine. On est en guerre ou on ne l’est pas. Si on mène deux guerres parallèles contre le même ennemi, là on se trouve en cobelligérance. Dans le cas présent, seule l’Ukraine est en guerre contre la Russie, pas les pays occidentaux qui se contentent de la soutenir et la taille ou la puissance des armements fournis n’y change rien.

En revanche, l’emploi de l’arme nucléaire par la Russie entraîne des frappes conventionnelles de grande ampleur contre les forces russes en Ukraine. L’armée russe se trouve encore plus en difficulté et il n’y a pas d’autre choix pour Vladimir Poutine dans ce poker que de « monter » pour essayer d’obtenir quand même cette paralysie ou de « se coucher » ou d’« être couché ». Alors que son entourage ne peut plus ignorer dans quel engrenage il se trouve impliqué, il est probable qu’il intervienne à un moment donné pour imposer le plus tôt possible la deuxième solution, ce qui, on y revient, implique sans aucun doute le retrait de Poutine. Le nouveau pouvoir –qu’il soit radical ou non et changeant avec le temps, peu importe du moment qu’il renonce à l’emploi de l’arme nucléaire – devra bon gré mal gré admettre la défaite et le retrait forcé de l’Ukraine. Comme il est exclu que l’Ukraine poursuive son avantage sur le sol russe, les choses peuvent en rester là sous une forme de guerre froide prolongée, scénario 3, ou déboucher sur un vrai traité de paix et une normalisation progressive des rapports avec l’Ukraine et les pays occidentaux.

2 La route vers l’inconnu

Comme en politique les courbes se croisent rarement deux fois dans les guerres. On y assiste généralement à des flux qui se terminent par une victoire rapide ou par un inéluctable reflux si l’ennemi attaqué prend le dessus. Mais un croisement peut arriver. La guerre de Corée est ainsi pleine de flux et reflux en 1950 et 1951 et Séoul y change quatre fois de main.

Renverser le rapport de forces en Ukraine suppose d’abord un épuisement ukrainien par les pertes militaires trop lourdes, la ruine du pays et l’essoufflement de l’aide occidentale par manque de volonté ou simplement de moyens une fois les stocks disponibles épuisés. De l’autre côté, il faut imaginer au contraire une mobilisation des ressources humaines et industrielles russe qui réussit ainsi qu’une bonne réorganisation des forces et des innovations. En résumé, le processus que l’on a connu dans les six premiers mois de la guerre mais au profit des Russes cette fois. Le rapport de forces redevient favorable aux Russes. Qu’en faire ? Trois hypothèses sont possibles.

La Russie peut décider de verrouiller le statu quo, en considérant que ce serait déjà une victoire même si largement en deçà de ce qui était espéré au départ. Vladimir Poutine sauve son pouvoir. Il peut espérer obtenir une paix négociée mais il est infiniment plus probable que l’on se tourne vers le scénario 3 de longue guerre.

La Russie peut renouveler sa tentative avortée de s’emparer de tout le Donbass, la « libération » du Donbass de la « menace ukronazie » étant après tout le prétexte de la guerre. On sera donc reparti pour une nouvelle offensive jusqu’à la prise de Kramatorsk, Sloviansk et Prokovsk. Soit la nouvelle supériorité russe est importante et les choses se feront rapidement, soit et c’est le plus probable, elle n’est pas suffisante pour éviter à nouveau de très longs mois de minuscules combats et de progressions qui se mesurent en mètres. Ce serait la prolongation des tensions et des incertitudes intérieures sur une durée indéterminée, avec la perspective d’un éventuel nouveau croisement des courbes.

Si la supériorité est vraiment écrasante, Vladimir Poutine peut peut-être renouer avec les objectifs initiaux de destruction de l’armée ukrainienne, de conquête de Kiev puis d’occupation du pays. En admettant que cela soit possible, on voit mal comment, alors que la société ukrainienne est militarisée, déterminée et simplement qu’il y ait des armes partout, cette situation ne déboucherait pas sur une Tchétchénie puissance 10 qui serait au bout du compte forcément désastreuse pour la Russie. Que ce soit clandestinement, à partir d’un réduit à l’ouest ou depuis la Pologne, le pouvoir ukrainien actuel pourrait continuer à conduire une résistance centralisée, mais celle-ci peut s’effectuer aussi « à l’afghane » de manière dispersée mais toujours soutenue par les Occidentaux. Ce serait à nouveau le scénario 3 de longue guerre mais sous sa forme sans doute la plus terrible pour tous. A ce stade, c’est quand même la moins probable.

3 Ni victoire, ni paix

Dans ce scénario, l’effort ukrainien de reconquête se trouve contrebalancé par l’effort russe de mobilisation. Les deux adversaires sont en position d’équilibre sans jamais parvenir à modifier significativement le rapport de forces à leur avantage. La consommation de soldats et de matériels, qu’ils soient produits ou importés, dépasse très largement leur production et les combats diminuent en intensité entre adversaires épuisés. Comme cela a été évoqué plus haut et même si la probabilité en est faible, on peut imaginer aussi que le sentiment d’être au seuil d’un basculement nucléaire, peut aussi contribuer au calme des ardeurs.

Le conflit gelé devient alors comme celui du Donbass de 2015 à 2022 mais à plus grande échelle. Notons que, comme cela a été dit plus haut, l’éviction des troupes russes de tous les territoires ukrainiens, peut aussi déboucher sur un conflit gelé. Les Russes se satisferaient plutôt de la première solution, moins de la seconde, mais dans les deux camps on ne pourra sans doute pas échapper à un état de guerre permanent des sociétés pendant de longues années. À l’instar d’Israël, cela n’empêche pas la démocratie et le dynamisme économique. Sur la longue durée, la victoire de l’Ukraine sur la Russie ou au moins sa sécurité passe en premier lieu par ce dynamisme économique nécessairement supérieur à celui de la Russie. En attendant, tout est à reconstruire.

Avant même toute alliance militaire, il y a toute une architecture de soutien à l’Ukraine, humanitaire d’abord et économique ensuite, à organiser sur la longue durée. L’Union européenne peut être cette structure. L’institution européenne a de gros défauts, mais c’est une machine à développement. Le niveau de vie des Ukrainiens était équivalent à celui des Polonais en 1991, il était devenu quatre fois inférieur avant le début de la guerre. Or, l’Ukraine quatre fois plus riche qu’au début de 2022 serait quatre fois plus puissante face à la Russie. L’Ukraine en paix ou du moins sans combats, c’est aussi un marché où ceux qui ont le plus aidé le pays précédemment et qui ont su en profiter pour se placer en toucheront les dividendes, pour leur bien et celui des Ukrainiens qu’ils aident. À ce jeu-là, les entreprises allemandes sont souvent les premières et les françaises, par manque d’audace et par manque de coopération diplomatico-économique, les dernières.

Il faut penser aussi à une architecture de sécurité où la priorité ne sera pas de ménager une Russie hostile, mais au contraire de s’en préserver. Qu’on le veuille ou non et quel que soit en fait le scénario, la rupture avec la Russie est consommée et elle le restera tant qu’un régime démocratique et amical ne sera pas en place à Moscou. En attendant, et cela peut être long, la confrontation avec la Russie sera un état permanent. Les sanctions et les embargos continueront, les actions clandestines également ainsi que les jeux d’influence.

Cela implique aussi une remise en ordre de bataille de nos forces armées, de notre industrie de Défense et de nos divers instruments de puissance (c’est-à-dire tout ce qui peut nuire à la Russie ou à toute autre puissance qui nous ennuierait) et arrêter d’affirmer que le dialogue est la solution à tous les problèmes, ou alors on dialogue avec un gros bâton à la main. Cette nouvelle puissance doit en premier lieu aider l’Ukraine qui se retrouve en première ligne face à l’adversaire principal comme l’était la République fédérale allemande pendant la guerre froide. Cette politique de puissance européenne doit, comme pour la reconstruction, nous aider aussi à nous placer et engranger des gains politiques. Pour l’instant, dans ce contexte-là, ce sont les Américains qui raflent la mise, mais ils se sont dotés, eux, des moyens de le faire.

En conclusion, aucun des scénarios exposés n’est satisfaisant pour qui que ce soit, mais c’est ainsi. Faire des choix en temps de guerre, c’est toujours gérer du difficile.

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L’Otan et l’Union européenne veulent porter leur partenariat à un « niveau supérieur »

admin Informations 11 janvier 2023Guerre, Les menaces, OTAN, Union européenne 0 commentaire

L’Otan et l’Union européenne veulent porter leur partenariat à un « niveau supérieur »

 

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 10 janvier 2023

https://www.opex360.com/2023/01/10/lotan-et-lunion-europeenne-veulent-porter-leur-partenariat-a-un-niveau-superieur/


Depuis qu’elle a été établie, en janvier 2001, dans le prolongement de mesures prises durant la précédente décennie – et qui concernaient surtout l’Union de l’Europe occidentale [UEO] aujourd’hui disparue], la coopération entre l’Otan et l’Union européenne n’a cessé de s’affirmer au fil du temps, la seconde ayant ainsi très vite obtenu un accès aux capacités de planification de la première pour ses propres opérations militaires.

Mais cette relation s’est surtout approfondie après l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, et plus précisément après le sommet tenu par l’Otan à Varsovie, en juillet 2016. Ainsi, ayant fait le constat qu’elles étaient confrontées aux mêmes défis, les deux organisations affirmèrent leur volonté de coopérer plus étroitement dans plusieurs domaines clés, dont la mobilité militaire, le contre-terrorisme, les risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques [NRBC], la cybersécurité et les menaces dites hybrides.

Cette coopération entre l’UE et l’Otan – qui ont 21 membres en commun – s’est encore intensifiée depuis le début de la guerre en Ukraine, avec des réunions communes aux deux organisations pour évoquer la situation dans l’est de l’Europe. Mais il est question d’aller encore plus loin… et de porter ce partenariat « stratégique » entre les deux organisations à un « niveau supérieur ».

En effet, c’est ce qu’affirme une déclaration publiée ce 10 janvier et signée par Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, Charles Michel, le président du Conseil européen, et Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en évoquant la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine, laquelle « constitue la menace la plus grave pour la sécurité euro-atlantique depuis des décennies » ainsi que « l’intensification de la compétition stratégique », également illustrée par « l’enhardissement de la Chine et les politiques appliquées par celle-ci sont sources de défis auxquels il nous faut répondre ».

« Des acteurs autoritaires emploient tout un éventail de moyens politiques, économiques, technologiques et militaires pour tenter de porter atteinte aux intérêts, aux valeurs et aux principes démocratiques qui sont les nôtres », souligne d’ailleurs ce texte.

« La fragilité et l’instabilité qui persistent dans le voisinage de l’Europe et les conflits qui s’y prolongent mettent à mal notre sécurité et créent les conditions dans lesquelles les compétiteurs stratégiques et les groupes terroristes peuvent gagner en influence, déstabiliser nos sociétés et menacer notre sécurité », insistent ses auteurs.

Estimant que la situation actuelle marque un « tournant majeur », cette déclaration en conclut qu’il est nécessaire de renforcer le lien transatlantique… et donc d’établir une coopération « plus étroite » entre l’Otan et l’UE.

Sans surprise, le texte réaffirme que l’Otan demeure « le fondement de la défense collective de ses membres »… mais il reconnaît aussi « l’intérêt d’une défense européenne plus forte et plus performante, qui contribue effectivement à la sécurité mondiale et transatlantique, complète l’action de l’Otan et soit interopérable avec celle‑ci ».

Soulignant les « résultats concrets » obtenus dans les domaines faisant déjà l’objet d’une coopération étroite entre elles, les deux organisations affirment leur entention de porter leur « partenariat à un niveau supérieur ».

« Nous allons collaborer davantage encore dans les domaines où nous le faisons déjà, et nous allons élargir et approfondir notre coopération pour traiter certains enjeux, en particulier l’intensification de la compétition géostratégique, la résilience, la protection des infrastructures critiques, les technologies émergentes et technologies de rupture, l’espace, les incidences du changement climatique sur la sécurité, ainsi que la manipulation de l’information par des acteurs étrangers et l’ingérence de tels acteurs dans la sphère de l’information », annoncent-elles.

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Les mercenaires ne sont pas près de disparaître

admin Informations 9 janvier 20239 janvier 2023Guerre, Les menaces, SMP 0 commentaire

Les mercenaires ne sont pas près de disparaître

 

par Tatiana Smirnova, Université du Québec à Montréal (UQAM) et Jalel Harchaoui, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH) –  Revue Conflits  – publié le 9 janvier 2023

https://www.revueconflits.com/les-mercenaires-ne-sont-pas-pres-de-disparaitre/


L’histoire de la compagnie militaire privée (CMP) « Wagner » reste aujourd’hui un domaine exploré d’abord et avant tout par les journalistes. En termes d’études de terrain et d’observations empiriques, les chercheurs universitaires ne consacrent pas suffisamment de recherches à ce phénomène. Il est impératif de remédier à cet angle mort académique en étudiant les mercenaires russes avec la même rigueur que les autres acteurs de la vie politique et militaire internationale.

Un cadre d’analyse tronqué

Aujourd’hui, le récit médiatique tournant autour de Wagner, une compagne militaire privée connue depuis 2014 pour ses liens étroits avec l’État russe, ne cesse d’être recyclé, parfois enrichi de personnages supplémentaires ou d’une anecdote nouvelle – mais sans percée analytique, travail que seul le monde universitaire peut réaliser.

Par exemple, le businessman russe Evguéni Prigojine, connu pour sa proximité avec Vladimir Poutine, a récemment reconnu être le fondateur et patron de Wagner, ce qui a donné lieu dans les médias à une avalanche d’articles qui ne nous ont finalement rien appris de substantiellement nouveau sur le fonctionnement ou l’organisation du groupe.

Les divers articles de presse consacrés à Wagner donnent également peu d’éléments sur les effets, pourtant profonds et complexes, qu’a la présence des mercenaires sur le tissu social et sur la gouvernance locale dans les territoires en guerre. On ne sait presque rien de la façon dont le groupe est perçu par les communautés résidant dans les zones où il agit.

De plus, la situation géopolitique actuelle, qui encourage une prise de parti « pour ou contre les Russes », déforme les cadres d’analyse et engendre des narrations unidimensionnelles. L’un des résultats de cette polarisation simpliste mais amère est l’illusion que la Russie finira bientôt par quitter l’Afrique, puisqu’elle aurait besoin de redéployer ses hommes, y compris ceux de Wagner, pour les besoins de sa guerre en Ukraine.

Or la fragilité sociale croissante et les crises de légitimité politique qui se succèdent dans les pays africains où opère actuellement Wagner – par exemple, la RCA, le Mali, la Libye, le Soudan – créent un terreau favorable à l’expansion durable d’une nouvelle forme de CMP. Dans tous les cas, la « demande » à laquelle Wagner répond – celle des élites militaires locales pour des services sécuritaires sans contraintes vis-à-vis des droits humains – n’est pas près de s’estomper. En effet, une tendance générale vers un autoritarisme plus dur et moins contesté par les démocraties occidentales semble persister.

Wagner, une manifestation de la privatisation de la sécurité au niveau mondial

Par défaut d’approfondissement académique, la lecture actuelle reste focalisée sur les relations entre les États et, par conséquent, passe à côté de deux dynamiques importantes : la position des CMP russes dans un contexte marqué par la privatisation mondiale des services sécuritaires ; et les effets locaux de leurs opérations.

Or ces deux éléments ont une forte incidence sur la dynamique des conflits. Concernant Wagner, donc, il est urgent de se distancier du récit sur la compétition entre grandes puissances. La principale difficulté d’analyse ici réside dans le fait que les CMP russes, dont Wagner, mais aussi Patriot, Sewa Security Services, ou encore Shchit sont un produit de la politique intérieure du pays. Bien que protéiformes, elles restent toutes liées au Kremlin. La présence de ces forces semi-étatiques dans des pays en guerre, notamment l’Ukraine, la Syrie et la Libye, va de pair avec les intérêts militaires, politiques et économiques de la Russie.

Pourtant, en considérant Wagner du point de vue de la tendance générale de la privatisation de la sécurité, on se rend compte que le groupe n’est pas un phénomène isolé. Bien avant Wagner, en effet, deux autres compagnies avaient déjà transformé la privatisation de la guerre : Executive Outcomes (EO) et Blackwater.

Wagner dans la foulée d’Executive Outcomes et de Blackwater

En 1989, Eeben Barlow, un ancien lieutenant-colonel des forces de défense d’Afrique du Sud, a fondé Executive Outcomes en recrutant les militaires à partir des membres des unités dissoutes suite à la fin de l’apartheid. Barlow présentait sa compagnie comme une alternative aux Casques bleus. Les interventions de EO en Angola et en Sierra Leone en 1992 et en 1995-1997 respectivement ont contribué à la mise en œuvre de cessez-le-feu dans ces deux pays. En 1996, les forces gouvernementales en Sierra Leone, soutenues par EO, ont maîtrisé les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) (Executive Outcomes s’y fera payer en partie avec des concessions diamantifères). En Angola, cette compagnie militaire a combattu au nom du gouvernement angolais contre l’UNITA après le refus de cette dernière d’accepter les résultats des élections en 1992. Dans les deux cas, la « réussite » des opérations pourrait s’expliquer par l’usage de la force sans les contraintes traditionnellement rattachées aux États. Cependant, l’attribution à EO de droits miniers a suscité l’inquiétude des diplomates et été critiquée par les médias.

La « guerre mondiale contre le terrorisme » déclenchée en 2001 a fait passer à la vitesse supérieure la privatisation de la guerre par les États-Unis. En 2010, les effectifs des compagnies militaires privées dépassaient ceux des troupes américaines en Irak et en Afghanistan. Les grandes CMP, dont la plus connue est Blackwater, ont présenté leurs services comme faisant partie de la « force totale » de l’armée américaine. Elles recrutaient au sein de l’armée, embauchaient des hauts fonctionnaires pour obtenir leurs entrées dans les réseaux gouvernementaux, recrutaient des militaires en Amérique latine pour les opérations en Irak et s’engageaient dans les combat directs contre les insurgés.

Dans son livre de 2014, The Modern Mercenary, le spécialiste des questions de sécurité Sean McFate a divisé les CMP en deux types : d’une part, les sociétés mercenaires ; de l’autre, les entrepreneurs militaires.

Les sociétés mercenaires, comme EO, sont des armées privées qui « mènent des campagnes militaires autonomes ». Les entrepreneurs militaires, tels que Blackwater, « renforcent les forces armées régulières » d’un État puissant. McFate estimait que ces deux types de CMP pouvaient fusionner en une nouvelle catégorie, qui offrirait des « services orientés vers le combat » et en accordant encore moins d’attention aux droits humains.

Le groupe Wagner pourrait bien représenter cette nouvelle catégorie de CMP : à la fois société mercenaire et entreprise militaire. Le groupe présente son entreprise comme se trouvant au cœur de l’intérêt national russe, et recrute au sein de l’armée russe ainsi que dans des pays tiers.

L’Afrique, Eldorado des mercenaires

Il n’y a rien de surprenant à ce que les CMP russes soient actives en Afrique. Le continent est un marché important pour toutes les CMP.

Les CMP russes ne sont pas d’ailleurs les seuls mercenaires à y opérer. En octobre 2020 les représentants des deux camps libyens rivaux ont signé un accord soutenu par les Nations unies, qui engageait le deux parties à cesser de faire appel aux mercenaires étrangers. L’accord s’était concentré sur le rôle des CMP russes, c’est-à dire le groupe Wagner et les mercenaires syriens embauchés par la Turquie.

Le conflit libyen met en présence de nombreux hommes payés à se battre : rebelles soudanais et tchadiens, combattants venant du sud libyen recrutés au nord et jeunes hommes à travers le pays qui prêtent leurs services à un camp comme à l’autre. On retrouve donc en Libye bien des individus correspondant à la définition ambiguë du terme de « mercenaire » que donne le droit international, mais les narratifs stratégiques circulant dans les capitales occidentales tendent à effacer les distinctions qui existent entre eux.

En Republique centrafricaine, l’ex-président François Bozizé arrive au pouvoir en 2003 avec le soutien de mercenaires tchadiens. En 2013, il est renversé par la rébellion Séléka, comprenant de nombreux mercenaires du Soudan et du Tchad. Pour revenir au pouvoir, Bozizé il mobilise des groupes d’autodéfense à prédominance chrétienne, les anti-Balaka, pour combattre la Séléka, à prédominance musulmane. Une guerre civile éclate en 2013 ; surgissent alors de nombreux groupes armés dont les alliances dépassent fréquemment des divisions à connotation religieuse.

Wagner apparaît en 2017 en tant que soutien des forces armées centrafricaines combattant plusieurs groupes, notamment les six groupes armés (3R, UPC, FPRC, MPC, et deux groupes anti-Balaka) réunis par Bozizé en 2020 pour renverser le gouvernement. Le groupe le plus fort, l’UPC, tout comme d’autres groupes armés qui combattent Wagner, recrute ses combattants à l’extérieur de la RCA. L’un des principaux responsables des opérations de Wagner en RCA a passé des années au sein de la Légion étrangère française, qui a une longue histoire en RCA.

Un contexte favorable aux CMP

Les chercheurs doivent apprendre comment les dynamiques des conflits locaux influent sur les opérations des CMP. Les CMP russes sont accusées de violations des droits de l’homme en Libye, en RCA, au Soudan et au Mali. Mais le type, l’ampleur et la portée de ces violations diffèrent selon les conflits et reflètent souvent des modèles préexistants à leur arrivée.

L’essor des CMP de nouvelle génération est en partie lié à la crise de légitimité des opérations de paix onusiennes. Les interventions de maintien de la paix ont souvent échoué à protéger les civils, encouragé la violence et renforcé le pouvoir de dirigeants autoritaires. L’attrait des « solutions militaires » comme alternative est de retour. Mais aujourd’hui, les missions onusiennes et celles déployées par des mercenaires se déroulent sur les mêmes théâtres – c’est le cas au Mali, en RCA ou en Libye –, ce qui engendre des tensions croissantes.

Les définitions usuelles des mercenaires ne rendent pas compte du rôle considérable qu’ils jouent aujourd’hui dans les conflits. Les CMP russes mènent leurs opérations dans des régions ou une proportion significative de la population porte les armes et où la violence est de plus en plus banalisée. Le nouveau type de CMP peut agir comme des mercenaires régionaux dans un conflit, et comme des forces professionnelles soutenues par l’État dans un autre.

Le domaine de la résolution des conflits doit prendre pleinement en compte le phénomène des mercenaires. Malgré les théories selon lesquelles les processus de paix devraient inclure toutes les parties armées à un conflit, les normes d’inclusion sont souvent arbitraires. Les mercenaires et ceux considérés comme « terroristes » y sont généralement exclus. Il a fallu des années après le 11 Septembre pour voir une plus grande ouverture au dialogue avec les djihadistes au Sahel.

Ne pas tenir compte des effets locaux de l’enracinement des djihadistes s’est révélé une erreur. La même erreur doit être évitée avec les CMP, car les répercussions de leur action sur les communautés locales et sur les processus de paix sont importantes. Dans le cadre de leur mission visant à faciliter les corridors humanitaires et à contribuer à la protection des vies civiles, les organisations internationales ont le devoir de trouver des moyens de comprendre le fonctionnement des mercenaires, y compris les CMP russes, et de les inclure dans les processus de paix. Prendre ces acteurs en considération est urgent d’un point de vue empirique, et cela nécessite de nouveaux efforts de recherche indépendante.

Wagner est le produit de changements structurels qui affectent de manière sensible la gouvernance locale, le maintien de la paix, les mécanismes de résolution de conflits et les opérations humanitaires. La prestation offerte par la Russie s’est avérée si attrayante que d’autres nations chercheront inévitablement à imiter son modèle caractérisé par une forte adaptabilité concernant le financement de la mission en fonction des opportunités locales.


Cet article a été co-écrit avec John Lechner, journaliste et chercheur indépendant.

Tatiana Smirnova, Chercheuse, Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix, Universitité de Québec à Montréal, Université du Québec à Montréal (UQAM) et Jalel Harchaoui, Senior Fellow, Global Initiative against Transnational Organized Crime, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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AMX-Men par Michel Goya

admin Informations 6 janvier 2023Armements & équipements, chars, Guerre, Libres-propos 0 commentaire

AMX-Men

 

par Michel Goya – La Voie de l’épée – publié le 5 janvier 2023

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


Commençons par les termes. On appellera « char de bataille », ce qui est communément appelé « char » ou « tank », un engin porteur d’un canon lourd – au minimum de 75 mm- et fortement protégé, ce qui induit un engin d’au moins une trentaine de tonnes et l’usage de chenilles, pour également d’une bonne mobilité tout terrain.

On considère communément que l’armée ukrainienne disposait au début de la guerre d’un peu moins de 900 chars de bataille, tous ex-soviétiques et pour une large majorité des T-64 modernisés en version BM Bulat et surtout BV (plus de 600) avec une petite minorité de T-72 de différents modèles et quelques T-80. Contrairement à la France, l’Ukraine a eu également la sagesse de conserver des chars de bataille en stock, au moins un millier de T-64 et de T-72 à la disponibilité il est vrai très incertaine.

L’Ukraine a reçu ensuite 40 T-72 M de la part de la Tchéquie et 250 T 72 M, M1 et PT-91 de la Pologne, des engins rapidement utilisables par l’armée ukrainienne, car, à quelques détails près, déjà utilisés. On peut y ajouter une part des 533 chars de bataille russes capturés à ce jour selon le site OSINT Oryx et également utilisables pour ce qui ont été remis en état. On notera à cet égard, l’importance de la Tchéquie et de la Slovaquie, qui ont conservé la capacité de réparer et de moderniser à grande échelle – environ 150 chars/mois- des engins ex-soviétiques et servent largement d’atelier de réparation pour les Ukrainiens.

De l’autre côté, Oryx comptabilise 441 chars de bataille ukrainiens, toutes origines confondues, perdus au combat. Comme toujours, il s’agit là de pertes documentées et donc inférieures à la réalité. Notons par ailleurs que même parmi ceux qui n’ont pas été détruits, dix mois de guerre et de surutilisation ont induit une grande usure des matériels. Le taux d’indisponibilité du parc restant doit être élevé et s’accroître. En résumé, l’Ukraine a perdu définitivement plus du tiers de ses chars de bataille et qu’un bon tiers doit être en mauvais état. Il y a donc en la matière, comme dans toutes les matières en réalité, urgence et après l’artillerie et la défense sol-air, le débat se porte maintenant sur la fourniture d’engins blindés et notamment de chars de bataille occidentaux.

Le problème est que les pays occidentaux ne fabriquent plus que très peu de chars. Tous leurs modèles datent de la guerre froide et seule l’Allemagne est capable de fabriquer un ou deux châssis de char lourd par mois, châssis qui peut servir pour construire un Léopard 2 ou un PzH 2000, l’obusier fourni à l’Ukraine. Dans les autres pays, on se contente de réparer et moderniser l’existant. Les pays ouest européens hésitent également à engager au loin leurs parcs réduits d’engins de gamme 60 tonnes au service, à la maintenance et à la logistique compliqués. On a préféré, en fait l’Allemagne, qui produisent encore un peu, et les États-Unis qui ont des stocks, mais pas la France qui n’a ni l’une ni l’autre de ses capacités, agir en « roque » en fournissant Léopard 2 et Abrams aux pays est européens qui acceptaient de fournir des chars ex-soviétiques.

C’est dans ce contexte que la France vient de jouer un coup diplomatique en proposant d’envoyer les premiers chars de conception occidentale en Ukraine (après le renoncement de l’Espagne en août). Dans les faits, l’AMX-10RC n’est pas vraiment un char de bataille. L’AMX-10 Roues-Canon et pour les derniers modèles également « Rénové » est un engin de reconnaissance, rapide, mobile et suffisamment léger (moins de 20 tonnes) pour être assez facilement déployé. Il se trouve, performance française, qu’on a pu adjoindre un canon de 105 mm sur ce véhicule léger. C’est ce qui nous permis de l’employer de fait comme « char de bataille déployable » dans presque toutes les opérations extérieures depuis quarante ans, tandis que les vrais chars de bataille français, les AMX-30 B2 et surtout les Leclerc, ne l’étaient que pendant la guerre du Golfe, au Kosovo et au Liban.

C’est un excellent engin dans son rôle, très utile par sa mobilité opérationnelle pour servir dans les unités de « pompiers » en arrière du front ou exploitation « cavalière » d’une brèche de celui-ci, comme pendant la bataille de septembre dans la province de Kharkiv. Il est plus simple à utiliser qu’un Leclerc et bien moins complexe à nourrir et entretenir, sauf peut-être pour les munitions de 105 mm qui sont spécifiques et dont on ignore les stocks en France. Il n’est pas fait cependant pour le combat face à des chars de bataille, aux canons plus lourds et de plus grande allonge, et se trouve bien moins protégé que ces derniers face à tout l’armement antichar du champ de bataille moderne.

Comme tout ce que l’on fournit, l’AMX-10 RC n’est également disponible qu’à peu d’exemplaires. Au début de 2021, il y avait 250 AMX-10 RC dans l’ordre de bataille théorique français (mais combien de réellement opérationnels ?) et a commencé depuis cette époque à être remplacé par l’EBRC (Engin blindé de reconnaissance et de combat) Jaguar à raison de 3 par mois environ. À moins de prendre dans l’ordre de bataille, et même ainsi, on pourra difficilement engager plus de quelques dizaines d’unités. On pourra par la suite fournir les AMX-10 RC au fur et à mesure des livraisons des Jaguar, mais il y a intérêt à accélérer la production de ces derniers.

En résumé, la France va envoyer de quoi équiper dans les semaines qui viennent un bataillon des brigades de reconnaissance ou peut-être des brigades de chars ukrainiennes d’un bon engin plutôt rustique, endurant et mobile dont ils sauront sans doute faire un excellent usage, mais qui ne va pas changer le cours de la guerre. Au passage, on communique beaucoup moins sur la livraison des Bastion APC de la société Renault Trucks, un excellent véhicule léger de transport de troupes blindé, un besoin au moins aussi important pour les Ukrainiens que les chars de bataille alors qu’ils subissent de lourdes pertes en étant obligés d’utiliser des pick-up non protégés. Là encore, on n’évoque cependant que quelques dizaines d’unités. La France fait de l’artisanat.

Le plus important est sans doute ailleurs. Pour une fois, la France apparaît en pointe dans un domaine dans ce conflit, même si c’est un peu exagéré, et espère y jouer un rôle moteur. On verra si c’est suivi d’effets. Si l’Allemagne décidait d’engager des Léopards 2 A4 en Ukraine ou si les États-Unis y déployaient des Abrams M1 ou M2, on pourra se féliciter d’avoir initié le mouvement à peu de frais. Le problème est qu’il sera difficile d’expliquer pourquoi on n’engage pas non plus de chars Leclerc.

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OTAN : Le moment est venu de se demander à quoi l’OTAN devrait ressembler après l’Ukraine

admin Informations 6 janvier 20236 janvier 2023Guerre, Libres-propos, OTAN 0 commentaire

OTAN : Le moment est venu de se demander à quoi l’OTAN devrait ressembler après l’Ukraine

par Joshua C. Huminski* (Chroniqueur à Breaking Defense) – ASAF – publié le mercredi 04 janvier 2023
https://www.asafrance.fr/item/otan-le-moment-est-venu-de-se-demander-a-quoi-l-otan-devrait-ressembler-apres-l-ukraine.html

OTAN : Le moment est venu de se demander à quoi l'OTAN devrait ressembler après l'Ukraine

 

“Le moment est venu d’examiner les changements qui pourraient être nécessaires pour garantir que l’alliance soit forte, saine et concentrée sur sa tâche principale consistant à maintenir les membres de l’alliance hors de l’emprise de la Russie”, écrit Joshua Huminski du Centre d’étude de la présidence et du Congrès.

 

La guerre en Ukraine ne semble pas devoir se terminer de sitôt. Mais il y a beaucoup de leçons à tirer du conflit, et les planificateurs des pays de l’OTAN devraient y réfléchir. Dans cet éditorial, Joshua Huminski du Centre pour l’étude de la présidence et du Congrès expose les points clés auxquels il pense que les responsables de l’OTAN devraient réfléchir maintenant.

Dans la guerre en Ukraine, le succès de l’OTAN (par procuration) et la faiblesse de la Russie offrent l’occasion de reconsidérer la structure même des forces et la conception de l’alliance. Mais ce succès même risque de créer de la complaisance. Saisir ce moment exige que Washington, Bruxelles et les capitales européennes reconnaissent la présence de l’opportunité et agissent avec empressement, et ne permettent pas à la « mort cérébrale » redoutée de l’OTAN de réapparaître.

La première question à laquelle il faut répondre, et la plus urgente, est peut-être celle de savoir quel sera l’objectif de l’OTAN lorsque la guerre en Ukraine prendra fin.

La réponse la plus claire est, naturellement, de revenir à la défense collective, de se concentrer sur la sécurité européenne et de dissuader la Russie. Mais renforcé par les ajouts de la Suède et de la Finlande et le soutien efficace contre Moscou, le leadership doit s’assurer que l’OTAN ne suive pas le chemin de la garde nationale américaine et ne devienne pas la solution pour tout ce qui a un lien avec la sécurité.

L’organisation doit garder son orientation stratégique étroite – cette « mort cérébrale » susmentionnée était autant un manque de concentration qu’un manque d’urgence. L’OTAN elle-même ne peut pas résoudre tous les problèmes ; cela peut être un addendum et un outil, mais à moins qu’il ne réponde à son objectif central de maintenir la sécurité européenne et de dissuader la Russie, il reviendra à un état de manque de concentration. Et le moment est venu d’examiner les changements qui pourraient être nécessaires pour garantir que l’alliance soit forte, saine et concentrée sur sa tâche principale consistant à maintenir les membres de l’alliance hors de l’emprise de la Russie.

La réforme structurelle nécessite une analyse et une prise en compte minutieuses des priorités militaires nationales, ainsi qu’une planification visant à identifier les capacités nécessaires et la manière dont elles seront satisfaites. Ici, des questions critiques doivent être posées : est-il logique que chaque pays investisse et achète des mini-armées, ou une spécialisation des forces délibérée aurait-elle plus de sens à long terme ? Serait-il logique que le Royaume-Uni se concentre, comme me l’a fait remarquer l’un de ses hauts responsables de la défense, sur les capacités à valeur ajoutée telles que les chasseurs à grande vitesse, les cyber capacités et l’espace ? Serait-il logique que l’Allemagne prenne ce fonds de défense de 100 milliards d’euros et, en plus de faire entrer la Bundeswehr assiégée dans le 21e siècle, se concentre sur les chars lourds et l’artillerie (bien que des rapports suggèrent que Berlin a du mal à opérationnaliser ce fonds) ?

Les engagements verbaux de dépenses de l’OTAN, bien que bienvenus, sont susceptibles de se heurter à la réalité politique nationale face à un ralentissement économique mondial prévu et à mesure que la concurrence pour les dépenses intérieures augmente. Le Royaume-Uni sera-t-il en mesure d’honorer ses dépenses de défense de 3 % du PIB alors que les besoins sociaux et de santé montent en flèche à court terme ? Des signes suggèrent que Whitehall reconnaît que ce n’est pas viable.

L’adhésion de la Suède et de la Finlande représente une occasion de formaliser la planification et la formation opérationnelles conjointes informelles existantes, qui sont toutes deux essentielles pour l’avenir de l’OTAN. Stockholm et Helsinki disposent d’armées robustes et modernes, et leur entrée dans l’alliance devrait se faire sans heurts (bien que la quantité de travail d’état-major liée à l’OTAN puisse mettre à rude épreuve leurs plus petits effectifs). Des rotations et des déploiements réguliers à travers la Scandinavie et l’Europe centrale et orientale ne feront qu’améliorer la coordination et l’interopérabilité – points forts de l’alliance de l’OTAN – et serviront de signal à Moscou.

Là aussi, des questions critiques doivent être posées : quelle est la meilleure répartition des forces ? Les déploiements fixes sont-ils plus appropriés que les rotations plus mobiles et fréquemment modifiées ? Cela mettra invariablement en évidence les différences entre les alliés de l’OTAN. L’Estonie, par exemple, est susceptible de souhaiter une présence plus permanente et plus importante de l’OTAN (en évitant le modèle du « piège »), tandis que le siège de l’OTAN vise de plus en plus des rotations plus fréquentes.

Une question émergente est également la relation à long terme entre l’Ukraine et l’OTAN. Fin novembre, les responsables de l’OTAN ont souligné leur engagement à ce que Kiev rejoigne éventuellement l’alliance. Selon Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, “la porte de l’OTAN est ouverte”. La fourniture d’aide, le développement de liens militaires entre les forces de l’OTAN et de l’Ukraine et la formation continue pour jeter les bases d’une armée aux normes de l’OTAN, ce qui faciliterait assurément l’adhésion de l’Ukraine – du moins sur le terrain. Les défis politiques, qui ne sont pas des moindres, resteront, comme ils le seront à travers l’alliance.

En fait, naviguer dans les relations et dynamiques politiques exigeantes tumultueuses deviendra presque certainement un défi, comme en témoigne l’opposition de la Turquie à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. La relation compliquée de la Hongrie (qui a indiqué qu’elle ratifiera son adhésion au printemps 2023, mais reste une force du chaos au sein de l’Union européenne) avec la Russie compliquera également les machinations politiques de l’OTAN. Gérer une alliance dans laquelle toutes les parties n’apprécient pas de la même manière l’immédiateté de la menace, en particulier face à une Russie affaiblie, exigera des efforts diligents de la part de Bruxelles et de quiconque occupe le siège du secrétaire général.

Il y a aussi la question ouverte de l’équilibre des responsabilités et de la division du travail entre l’Union européenne et l’OTAN en matière de sécurité continentale. Ce dernier dispose clairement des capacités et de l’expertise de défense, tandis que le premier dispose de ressources financières et civiles considérables. Ce à quoi cela ressemble pourrait bien éclairer l’ensemble et la priorisation des missions de l’OTAN.

La conception et la structure de la force nécessiteront une évaluation actualisée et complète de ce à quoi ressemblera l’armée russe et de la menace stratégique que la Russie représentera pour l’Europe dans un monde post-ukrainien. Bien que beaucoup de choses soient inconnues (dont la moindre n’est pas l’issue de la guerre en Ukraine), et sur la base de ses pertes non négligeables, la menace conventionnelle aura été considérablement réduite. Il est essentiel de déterminer à quoi ressemblera la menace russe à court et à moyen terme pour éclairer la conception et la structure des forces de l’OTAN.

Les sanctions et les embargos technologiques de l’Occident rendront le réarmement exceptionnellement difficile, mais pas impossible. La Corée du Nord est l’un des pays les plus lourdement sanctionnés au monde, mais continue d’améliorer ses programmes de missiles balistiques et d’armes nucléaires. De plus, malgré l’imposition de sanctions commerciales punitives et la forte limitation de l’accès de la Russie à la technologie occidentale, Moscou entreprendra un effort concerté pour se réarmer. Ce calendrier n’est pas clair : les analystes ont spéculé entre deux et trois ans pour le bas de gamme et plus d’une décennie pour le haut de gamme. Pourtant, ce réarmement ne fera que ramener la Russie à son niveau de février 2022. Alors que Moscou s’efforce de reconstruire ses forces conventionnelles, les militaires de l’OTAN poursuivront leurs propres programmes de modernisation (tout en incorporant les leçons tirées des succès de Kiev sur l’armée russe), tout en réarmant et en réapprovisionnant les munitions usagées envoyées en Ukraine.

Les capacités cybernétiques, spatiales, stratégiques et de guerre non conventionnelle de Moscou n’ont pas autant souffert, voire pas du tout. La Russie trouvera également plus attrayant de revenir à la guerre politique ou informationnelle pour poursuivre ses objectifs à court terme, afin de compenser la faiblesse conventionnelle perçue (et réelle) de la Russie dans un monde post-ukrainien. Les efforts européens et américains jusqu’à présent pour limiter l’efficacité de la campagne de guerre politique de la Russie sont les bienvenus, mais doivent être soutenus.

Les plus grands défis pour l’OTAN ne seront peut-être pas ceux liés à l’alliance elle-même ou même à la posture militaire de la Russie, mais à l’équilibre interne des intérêts et considérations au niveau national entre les États membres individuels. Les pressions politiques et économiques intérieures vont probablement absorber plus de temps et d’attention dans les mois à venir.

Au fur et à mesure que l’imminence de la menace russe s’estompe et, en particulier, que l’Ukraine continue de progresser, l’urgence des réformes face à une Russie affaiblie diminuera. Pourtant, ne pas agir aujourd’hui risque de manquer une occasion générationnelle de réformer l’OTAN pour le XXIe siècle, ce dont elle a cruellement besoin et dont elle aura besoin, quelle que soit l’issue de la guerre en Ukraine.

 

*Joshua C. Huminski est directeur du Centre Mike Rogers pour le renseignement et les affaires mondiales au Centre d’étude de la présidence et du Congrès, et membre du National Security Institute de l’Université George Mason.

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La France va livrer des chars AMX-10RC à l’armée ukrainienne

admin Informations 5 janvier 2023Armements & équipements, chars, Guerre 0 commentaire

La France va livrer des chars AMX-10RC à l’armée ukrainienne

par Laurent Lagneau – Zone miltaire – publié le 4 janvier 2023

https://www.opex360.com/2023/01/04/la-france-va-livrer-des-chars-amx-10rc-a-larmee-ukrainienne/


Ces derniers mois, l’Ukraine a réclamé, non sans insistance, des chars de conception occidentale, notamment des M1 Abrams américains et, surtout, des Leopard 2 allemands.

D’ailleurs, à Berlin, la demande de Kiev a fait débat… la coalition gouvernementale étant divisée sur ce sujet. En effet les libéraux et les écologistes y sont favorables… tandis que les sociaux-démocrates ont affiché leurs réticences, à commencer par le chancelier Olaf Scholz.

Selon ce dernier, livrer des Leopard 2 à l’armée ukrainienne pourrait « conduire à une escalade avec la Russie »… Et la Bundeswehr n’en a pas de trop… En outre, et au-delà des considérations pratiques [formation, logistique, maintenance, etc], il a jusqu’à présent rejeté l’idée que l’Allemagne soit le seul pays occidental à s’engager dans une telle voie.

Cela étant, Kiev a également demandé des chars Leclerc à la France. « L’examen de la demande est en cours », a confié Étienne de Poncins, l’ambassadeur de France en Ukraine, lors d’une audition parlementaire, en novembre dernier.

Récemment, le Premier ministre ukrainien, Denys Shmyhal, a remercié la France pour la livraison des dix-huit CAESAr… et affirmé que son pays serait aussi « très reconnaissant » pour des chars Leclerc.

Lors de sa visite à Kiev, le 28 décembre, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, n’a pas fait d’annonce sur la fourniture de nouveaux matériels aux forces ukrainiennes. Cependant, il a exclu, du moins a priori, la livraison de chars Leclerc, dont l’entretien serait trop complexe au regard des besoins immédiats de l’Ukraine.

Mais Kiev aura bien des chars de conception occidentale. En effet, ce 4 janvier, à l’issue d’un entretien avec Volodymyr Zelenski, son homologue ukrainien, le président Macron a annoncé que des AMX-10RCR prendrait prochainement la direction de l’Ukraine.

La France va livrer à l’Ukraine des « chars de combat légers », a en effet indiqué l’Élysée. « Le président a souhaité amplifier » l’aide militaire déjà apportée à Kiev « en acceptant de livrer des chars de combat légers AMX-10 RC », a précisé la source. Et de souligner que « c’est la première fois que des chars de conception occidentale sont fournis aux forces armées ukrainiennes ».

Pour rappel, conçu dans les années 1970, l’AMX-10RC est un char à roues d’une quinzaine de tonnes armé d’un canon de 105 mm F2 BK MECA L/48 [38 obus] et d’une mitrailleuse AA 7,62 NF1.

En service au sein de l’armée de Terre depuis 1981, il va être progressivement remplacé par l’Engin blindé de reconnaissance et de combat [EBRC] Jaguar, dans le cadre du programme Scorpion. Pour le moment, seul le 1er Régiment Étranger de Cavalerie [REC] est déjà opérationnel sur ce nouveau char.

Cela étant, et d’après les « Projets annuels de performances » publiés par le ministère de l’Économie et des Finances, la flotte d’AMX-10RC était en difficulté en 2020.

Le « parc AMX-10RC a été affecté par des problèmes techniques sur les boîtes de vitesse », pouvait-on lire dans l’un de ces documents. Et si ces difficultés étaient alors sur le point d’être résorbées, ce parc « restera structurellement en difficulté en raison de son âge et d’un approvisionnement difficile en rechanges », avait-il prévenu.

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La guerre avant la guerre par le Général de corps d’armée (2S) Jean-Tristan Verna

admin Informations 4 janvier 20234 janvier 2023Armée de Terre, Guerre, Les menaces, Libres-propos, LPM 0 commentaire

La guerre avant la guerre

par le Général de corps d’armée (2S) Jean-Tristan Verna – Theatrum Belli – publié le 2 janvier 2023
https://theatrum-belli.com/la-guerre-avant-la-guerre/

Crédit : AdT

 

Proche de nous et bien documentée au jour le jour contrairement à d’autres conflits violents, l’invasion de l’Ukraine par la Russie vient rappeler sans ambiguïté quel est le visage de la « guerre de haute intensité », lorsque les protagonistes déploient tous les moyens de la puissance militaire moderne, au milieu des populations et des zones urbanisées.

Face à toutes ces pertes humaines et ces destructions massives, on ne peut donc que plaider en faveur d’une stratégie militaire qui viserait à « gagner la guerre avant la guerre », pour reprendre le terme employé dans la vision stratégique du chef d’état-major des armées et développée par le général Burkhard dans une interview parue dans Le Point du 4 novembre 2021.

* * *

Penser pouvoir « gagner la guerre avant la guerre » s’inscrit dans une caractérisation des relations internationales en trois volets compétition ― contestation ― confrontation, qui ne sont pas un continuum mais des niveaux de tension pouvant se chevaucher ou cohabiter avec un même « partenaire ». D’où des situations particulièrement complexes à analyser et maîtriser.

La compétition est le niveau normal des relations internationales fondées sur le droit. C’est à ce niveau que se déploierait cette stratégie. Il s’agit de dissuader un compétiteur de franchir le seuil suivant, la contestation, qui se situe alors « juste avant la guerre » et sort du cadre du droit international (le cas-type communément mis en avant jusqu’à présent était le mode d’action de la Russie pour l’annexion de la Crimée, théorisé sous le terme de « mode d’action hybride ou indirect »).

Face aux compétiteurs, la vision stratégique du CEMA est donc d’appuyer l’action politique, diplomatique, économique, culturelle… par la démonstration de capacités militaires dissuasives, tout en étant en mesure de réagir par un emploi de la force « suffisant » en cas de contestation, afin de faire retomber les tensions avant que soit atteint le seuil de la confrontation, qui est « la guerre », seuil au demeurant difficile à tracer à l’avance.

Pour les armées françaises, il s’agit donc de définir les contours d’une stratégie militaire s’intégrant dans la stratégie nationale d’équilibre des relations internationales, avec une panoplie de modes d’action établissant des rapports de forces dissuasifs (compétition) et employables jusqu’à un niveau élevé de violence (contestation). Les forces doivent donc être déterminées, crédibles et prêtes, pour être avant tout dissuasives vers les « compétiteurs joueurs mais raisonnables », pour reprendre les termes de la dialectique de la dissuasion nucléaire. On perçoit immédiatement une difficulté majeure : habituellement, ce sont « les groupes terroristes non inféodés à un État » qui sont considérés comme les acteurs « non raisonnables » des rapports de forces géopolitiques. Le problème change de nature lorsque « la raison » semble abandonner une puissance nucléaire, et de surplus membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

* * *

Gagner la guerre avant la guerre repose donc en même temps sur la capacité de dissuader le compétiteur de s’engager dans une confrontation directe et sur celle de l’empêcher d’avancer des « pions hybrides » sur un mode indirect.

En termes militaires, la dissuasion est avant tout une stratégie des moyens, tandis que l’empêchement suppose une stratégie d’action. Il est en fait une « autre sorte de guerre avant la guerre ».

Depuis plus demi-siècle la dissuasion globale est au cœur de la programmation militaire française. Au terme de l’actuelle Loi de programmation militaire (LPM) et de l’effort budgétaire qui l’a caractérisée, résumons l’état des lieux, sans entrer dans le détail des multiples rapports parlementaires ou d’experts :

  • Les moyens de la dissuasion nucléaire sont à niveau, et leur modernisation est continue (elle mobilise une part importante des budgets post-2022).
  • Les forces « conventionnelles » sont en cours de « réparation » et de modernisation. La plupart de programmes permettant de constituer les forces de l’Ambition 2030 sont lancés. Outre le déroulement nominal des grands programmes structurants, l’effort porte désormais sur la capacité à durer (stocks, soutien…) et à combattre en « haute intensité » (préparation opérationnelle). Les moyens conventionnels des années post-2030 sont définis et les études lancées (porte-avions, système de combat aérien, char futur et son environnement).
  • Éclairé par l’observation de la guerre en Ukraine, le débat sur le volume des forces et leur capacité à durer va s’intensifier, alors que la priorité du développement capacitaire se déplace vers les « nouveaux espaces »: l’espace extra-atmosphérique, le cyber, les grands fonds marins, la stratégie informationnelle… On pressent là les tensions qui marqueront la préparation de la prochaine LPM.

Mais la dissuasion ne repose pas uniquement sur le développement continu de systèmes d’armes. Autour de son volet nucléaire autonome, elle se construit également par la volonté d’être « Nation-cadre intégratrice » au sein des coalitions stratégiques, qu’elles émanent de l’OTAN, de l’Union Européenne ou de tout autre alliance. Les exigences qui en découlent sont nombreuses et réellement intégratrices au sens où elles créent une solidarité de fait dans les domaines du commandement, du soutien, de la communication opérationnelle… et de la volonté politique.

C’est d’ailleurs à cette approche d’intégration « solidarisante » qu’il faut rattacher la coopération en matière d’opérations d’armement, quelles que soient les passions qu’elle peut provoquer.

Ainsi, adossées à un système d’alliances robustes, en premier lieu l’Alliance Atlantique et son bras armé, l’OTAN, mais également la solidarité de l’Union européenne fondée par le Traité de Lisbonne, les capacités militaires françaises permettent aujourd’hui de dissuader en « gesticulant », c’est-à-dire en montrant qu’elles peuvent être employées sans délai, face à tout risque d’action directe contre les intérêts nationaux ou ceux des alliés, pour peu que la volonté politique, ressort ultime, soit présente. La crise russe (plutôt qu’ukrainienne) en a donné la démonstration, même si certaines « gesticulations » n’ont pas fait l’objet d’une publicité autre que celle nécessaire à l’information du « compétiteur ».

L’empêchement repose quant à lui sur un autre fondement : la volonté d’employer « la force » pour contenir les stratégies indirectes et, ainsi, contrer toute stratégie des « dominos » qui contournerait la dissuasion. C’est un cadre dans lequel baigna la guerre froide, mais qui, dans les rapports entre États, est semble-t-il depuis sorti de la vision stratégique occidentale.

Cette volonté s’exprime en premier lieu par la démonstration des capacités militaires conventionnelles construites dans la cadre de la dissuasion globale. Par la mise en scène de leur entraînement poussé, de leurs opérations extérieures, de leurs projections sur tous les points du globe au titre de la présence, de la coopération interalliée ou de partenariats stratégiques, les forces conventionnelles permettent de « montrer le bâton et la volonté de s’en servir ». L’existence en seconde ligne de capacités industrielles et logistiques avérées va de pair…

Mais, l’existence de zones grises, souvent très périphériques aux yeux des opinions, offrent aux compétiteurs des opportunités pour tester cette volonté, avancer des pions plus ou moins masqués et, in fine, améliorer en leur faveur le rapport de forces géostratégique, car il ne fait aucun doute qu’eux également souhaitent gagner la guerre avant la guerre.

Nos armées, et singulièrement les forces terrestres, très flexibles d’emploi, vont devoir s’engager plus qu’aujourd’hui dans des modes d’action hybrides, voire en redécouvrir certains.

Tenter de faire un inventaire a priori de ces modes d’action est inutile ; l’important est de disposer d’une « boîte à outils » diversifiée et d’une créativité opérationnelle fondée sur la juste appréciation des situations, la maîtrise de toutes les technologies disruptives et d’une culture stratégique et historique non exclusive.

* * *

C’est à ce stade que nous pouvons poser la question du rôle que l’armée de Terre des années 2020 peut jouer dans cette stratégie d’empêchement, alors qu’elle devra sans doute toujours poursuivre des opérations du style de celles dans lesquelles elle est engagée depuis une vingtaine d’années, tant dans une logique de corps expéditionnaire, que par sa présence sur le territoire national. Dans le même temps, elle doit monter en gamme, en volume et en capacité d’intensité, dans le cadre de « l’hypothèse d’engagement majeur ».

Trouver sa place dans « l’hybridation des rapports de forces », à la frontière de la compétition et de la confrontation, sera donc un défi d’autant plus difficile que la « zone grise » appelle plus que d’autres l’intégration interarmées, l’intégration des capacités cinétiques terrestres et de celles se déployant dans les nouveaux espaces stratégiques ― cyber, information ―, l’intrication entre les forces visibles et celles dont l’action ne doit être ni connue, ni reconnue.

En s’appuyant sur les trois axes de la vision stratégique du CEMA (les hommes, le développement capacitaire, la préparation opérationnelle), quelques questions peuvent être posées, en laissant le soin de les développer aux états-majors qualifiés, même s’ils sont parfois contraints par le poids de l’existant. 

Axe 1 : les hommes

Le sursaut de 2015, qui a mis fin aux réductions d’effectifs, n’a pas pour autant réglé la question de la faiblesse intrinsèque des effectifs des forces terrestres. L’obligation de dissoudre des unités nouvellement recréées pour répondre à des besoins nouveaux est là pour le montrer. Avant même de réfléchir aux adaptations qualitatives de la haute intensité, un rappel des besoins sera indispensable dans le cadre des travaux de la future LPM. Il faut en particulier s’interroger sur le développement quantitatif des forces spéciales, en tempérant la vision du « surhomme » pour lui substituer celle du soldat et de petites unités à l’emploi très flexible. Cette évolution a déjà été engagée, notamment dans les régiments et brigades d’infanterie.

La formation des cadres a toujours été une politique dynamique, selon les besoins opérationnels et les variables externes. C’est au titre de cette dynamique qu’il faut comprendre la récente rénovation de la formation initiale des officiers. Elle devra être poursuivie avec le souci de ne pas les enfermer dans des schémas opérationnels exclusifs, puis, par la gestion de leurs premières années de service, de leur donner la possibilité de multiplier les contextes et expériences opérationnelles. 

Axe 2 : le développement capacitaire

L’axe capacitaire se conjugue toujours avec un axe organisationnel : l’agencement des équipements, leur répartition sont des choix qui reflètent l’idée que l’on a de l’emploi des forces.

L’armée de Terre connaît dès à présent tous les équipements dont elle disposera pour les vingt prochaines années. Sa fonction « équipement » est désormais dans une période de production dont il faut tenir le rythme pour encore une décennie au moins. C’est la priorité de la prochaine loi de programmation, qui n’est pas incompatible avec une plus forte intégration des drones de toutes sortes au plus profond des forces terrestres.

Si pour être « dissuasive » sous le seuil de la contestation, les axes de progrès de l’armée de Terre sont le « durcissement » et « la capacité à durer », « l’empêchement » la tire vers « la capacité de surprendre ».

La capacité de surprendre consiste à ne pas faire ce que l’adversaire s’attend à affronter, en changeant de terrain, de mode d’action, etc. Elle pourrait s’inspirer des objectifs militaires (il y en avait de plus politiques) qui débouchèrent dans les années 1980 sur l’organisation de la Force d’action rapide (FAR) : se projeter puissamment et loin pour contrer le Groupement mobile opératif (GMO) soviétique) qui aurait percé en Centre-Europe, loin des trois directions planifiées d’engagement de la 1re Armée Française.

C’est ici que l’intérêt de l’aéromobilité se révèle le plus fort, avec un mix d’infanterie légère, mais puissamment armée. N’oublions pas non plus le formidable outil que constitue la brigade parachutiste polyvalente que la France ― seule Nation en Europe ― a su préserver.

Conjuguées aux forces spéciales, ce type de moyens permet de délivrer des capacités « sous le seuil » qui sont mal connues et nécessitent pourtant des savoir-faire spécifiques au sein même des forces terrestres pour « contenir le compétiteur » : faut-il donner à nos forces spéciales une capacité à devenir « des petits hommes gris » (sur le modèle « des petits hommes verts » poutiniens), doit-on déployer au plus près les moyens et des modes d’action de lutte informationnelle offensive (qui aurait pu par exemple servir lors de la « saga du convoi de Barkhane », mais a été payante lors de la tentative de désinformation de Gossi…), quelle place le partenariat militaire opérationnel et de combat doit-il avoir dans cette stratégie militaire, là où le compétiteur se transforme en contestateur-testeur ? Faut-il toujours maintenir les Sociétés militaires privées (SMP) à longueur de gaffe ou formaliser un type de complémentarité bien bordé sur le plan juridique et éthique ?

C’est dans ce contexte que les forces prépositionnées prennent tout leur intérêt stratégique, qu’elles soient de « souveraineté » (avec une totale liberté d’emploi tout autour de leurs points de stationnement), ou de « présence » (plus près des zones de tension, mais avec des risques potentiels de restriction d’emploi si les traités sont interprétables). Encore faut-il qu’elles soient suffisantes, de qualité et en mesure d’intégrer de façon réactive des capacités d’action « sous le seuil », y compris les plus modernes ou émergentes. La flexibilité organisationnelle et logistique des armées françaises devrait rendre cela accessible sans trop d’efforts, notamment en jouant sur les fortes capacités amphibies développées conjointement par l’armée de Terre et la Marine nationale. 

Axe 3 : la préparation opérationnelle

Dans le cadre du débat sur « la haute intensité », le durcissement de la préparation opérationnelle est dès à présent bien expliqué par l’armée de Terre, tant dans ses composantes « temps » que « moyens » (espaces de manœuvre, complexes de tir, munitions, disponibilités des équipements, coopérations interarmées et interalliée…). Reste à faire en sorte que les budgets qui financent cet objectif soient à la hauteur…

Mais pour gagner la guerre avant la guerre, la préparation opérationnelle doit être démonstrative, et pourquoi pas, menaçante ! Elle devient une façon d’appuyer la diplomatie en la complétant d’un volet militaire. La pratique de grands exercices projetés au plus près des zones à risques doit revenir dans le catalogue des modes d’action et leur coût doit être considéré comme un investissement.

De même la multiplication, chaque fois que possible, d’exercices d’ampleur sur le Territoire national (TN) ou dans les Outre-mer témoignent de la part prise par l’armée de Terre dans la capacité nationale de résilience.

* * *

La forme prise par les tensions géopolitiques en ce début de XXIe siècle scelle une fois pour toutes la fin de l’ordre établi par les Traités de Westphalie au terme de la guerre de Trente Ans ; elle met également en cause la régulation des relations internationales organisée ― laborieusement ― après la Seconde Guerre mondiale par la création de l’ONU. Elle est en passe de fragiliser « l’équilibre de la terreur nucléaire ».

De cette situation, ne découle-t-il pas que désormais « si l’on veut la paix, il ne suffit plus de préparer la guerre », pour reprendre la formule attribuée à Végèce, mais de la faire sous une forme qui évite la montée aux extrêmes, avec tous les dangers que comporte l’ouverture de cette boite de Pandore ?

La difficulté principale est qu’il est alors nécessaire de « désigner l’ennemi », chose dont on peut se passer lorsqu’on entretient une dissuasion globale « tous azimuts ». Quels sont donc « nos ennemis » ?

L’un d’eux est bien identifié depuis longtemps : le terrorisme international, et c’est face à lui que nos forces sont engagées de longue date, sous des formes multiples. Mais on voit bien que désormais, il ne suffit pas de combattre les « groupes armées terroristes » sur des terrains plus ou moins lointains, mais également de contrer leurs sponsors, comme nous le faisions en Afrique durant la guerre froide, à l’époque où Cubains ou Allemands de l’Est jouaient le rôle tenu aujourd’hui par Wagner. Et nous avions nos « petits hommes gris » dans la brousse…

Un autre ennemi, plus générique, mais dont il ne faut pas bien longtemps pour en faire la frise des drapeaux, menace notre souveraineté, tant au travers de notre poussière d’Empire, qui ne vaut plus vraiment que par la Zone économique exclusive (ZEE) qu’elle nous offre, que pour la sécurité de nos approvisionnements maritimes qui resteront essentiels et massifs quoique rêvent les fossoyeurs de la mondialisation. Cette menace débute dès la Méditerranée orientale, survole les Caraïbes et se prolonge dans les immensités de la zone Indopacifique. Malgré les réticences d’une partie d’entre eux, elle est partagée par nos alliés européens.

Enfin, et on ne peut que le déplorer, tel le Phénix, « le fléau nourri par les steppes de l’Asie centrale » vient une nouvelle fois de surgir aux marges de l’Europe, tel une pulsation historique récurrente, avec un nouveau visage, mais toujours les mêmes caractéristiques : enfermement culturel, brutalité et déni d’humanité. On ne peut que le déplorer car, si l’on ne sait comment va finir l’agression en Ukraine, nous savons que nous venons d’entrer dans une nouvelle course aux armements et dans une nouvelle guerre froide en Europe, guerre qui restera froide pour nos concitoyens si nous acceptons d’en conduire une plus chaude partout où ce compétiteur désormais déclaré voudra avancer ses pions. Mais l’on quitte alors le domaine de la stratégie militaire pour celui de la volonté politique.

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Vers une capacité MAMBA musclée dans la prochaine LPM

admin Informations 3 janvier 20233 janvier 2023Armée de l'Air, Armements & équipements, Finances publiques, Guerre, LPM 0 commentaire

Vers une capacité MAMBA musclée dans la prochaine LPM

Nathan Gain – Forces opérations Blog – publié le 31 décembre, 2022
https://www.forcesoperations.com/vers-une-capacite-mamba-musclee-dans-la-prochaine-lpm/

Pour les chefs d’état-major, chaque audition parlementaire devient propice à relever les grands enjeux capacitaires de la prochaine loi de programmation militaire. Du côté de l’armée de l’Air et de l’Espace, les réflexions portent entre autres sur le renforcement du segment de défense sol-air assuré par les systèmes MAMBA. 

S’agissant de la défense sol-air en général, « la LPM que nous sommes en train de construire doit nous permettre d’aller plus loin », déclarait le chef d’état-major de l’AAE, le général Stéphane Mille mi-octobre en audition à l’Assemblée nationale. Des propos réitérés et détaillés un mois plus tard au Sénat. Certains sujets étaient alors « encore en cours d’arbitrage » mais, selon, le CEMAAE, l’une des idées sur la table sera bien de muscler la capacité MAMBA de deux manières. 

Premièrement, en poursuivant la rénovation des systèmes actuels via le programme SAMP/T NG conduit avec l’Italie. Lancé en réalisation en novembre 2020, ce programme dotera le système français du nouveau radar GF 300, du missile Aster 30 B1 NT et d’un module C2 rénové. Mais s’il doit permettre, d’après le CEMAAE, de « protéger une zone plus vaste et de lutter contre les menaces supplémentaires », le SAMP/T NG ne sera livré qu’à partir de 2027 aux armées françaises. 

Et deuxièmement, il est aussi question « d’augmenter le volume pour pouvoir répondre à une demande de protection croissante ». L’armée de l’Air et de l’Espace opère aujourd’hui huit sections MAMBA, dont l’une est déployée en Roumanie au titre de la mission Aigle. L’Ukraine demande depuis longtemps à la France de lui fournir une capacité MAMBA pour lutter contre les attaques russes, sans réponse claire jusqu’à présent. Seul indice évoqué la semaine dernière par le ministre des Armées Sébastien Lecornu lors d’un déplacement à Kiev, le lancement d’un programme de formation d’officiers ukrainiens sur « des nouveaux systèmes qui pourraient équiper l’Ukraine à l’avenir ».

S’agira-t-il d’en acquérir davantage comme le projette l’Italie, de poursuivre l’effort de remontée des stocks de missiles Aster 30, ou les deux ? Pour cette réponse, et bien d’autres, il faudra encore attendre plusieurs semaines avant l’adoption de la LPM 2024-2030 en conseil des ministres et sa publication. Le président de la République s’exprimera prochainement à ce sujet lors de ses traditionnels vœux aux armées, organisés cette fois sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. La discussion du texte devrait intervenir en juin prochain au Sénat mais, pour certains sénateurs, la question de l’étendue de la capacité de défense sol-air ne pourra être éludée. 

« La guerre en Ukraine a mis en évidence les limites de notre défense sol-air, dont nous disposons en quantité plutôt modeste, que ce soit pour la moyenne portée (SAMP-T Mamba avec le missile Aster) ou dans la basse couche (Crotale) », relevait notamment la sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret.

Bien que parcellaire, la perspective partagée par le CEMAAE aura peut-être participé à rassurer des sénateurs pour qui la défense sol-air française reste « un sujet de préoccupation ». Un sentiment partagé par leurs homologues de l’Assemblée nationale, à l’origine d’une mission flash sur le sujet pilotée depuis mi-octobre par les députés Natalia Pouzyreff (RE) et Jean-Louis Thiériot (LR).

Crédits image : AAE

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