“Quelles perspectives pour la France dans la zone indo-pacifique ?” : Lettre ASAF du mois d’avril 2023

Quelles perspectives pour la France dans la zone indo-pacifique ?” : Lettre ASAF du mois d’avril 2023

Il est évident que si l’OTAN décidait d’intervenir militairement en Indo-Pacifique, la France, qui est une puissance, faible sans doute, mais puissance tout de même dans cette immense région océane, pourrait se voir automatiquement drainée dans l’accomplissement des desseins américains face à la Chine.

“Quelles perspectives pour la France dans la zone indo-pacifique ?”

Il est évident que si l’OTAN décidait d’intervenir militairement en Indo-Pacifique, la France, qui est une puissance, faible sans doute, mais puissance tout de même dans cette immense région océane, pourrait se voir automatiquement drainée dans l’accomplissement des desseins américains face à la Chine.

Si l’on peut approuver la politique de la France en Indo-Pacifique, seule ou en collaboration avec l’un ou l’autre de ses partenaires ou alliés selon les cas, si l’on peut approuver la politique française de défense du droit de la mer en Extrême-Orient parce qu’il s’agit d’une question de droit international qui y est bafoué par Pékin, il n’y a aucune raison que notre pays puisse risquer de se trouver entraîné, aux côtés des Américains, dans un conflit sino-taïwanais.

Provoqué, par exemple, par une déclaration unilatérale taïwanaise d’indépendance prononcée sous l’effet d’une puissante stratégie américaine d’influence menée sous prétexte de défendre la république de Chine contre la menace de la RPC, ce conflit commencerait en premier lieu à ne répondre en aucun cas aux vrais intérêts taïwanais, mais viserait d’abord et avant tout à amoindrir considérablement et durablement la puissance chinoise dans la région.

La France aujourd’hui assume soit seule, soit en collaboration avec d’autres États partenaires, ses responsabilités opérationnelles en Indo-Pacifique, comme ce l’est dans la lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden ou dans celle de la pêche illégale en Pacifique sud. Elle est déjà impliquée sur ce théâtre en termes de concertations et d’échanges aux côtés de ses alliés de l’OTAN .

Il lui appartient toutefois de veiller à conserver sa pleine autonomie de décision quant à ses choix d’engagements sur zone. Il lui appartient en final de ne pas se laisser déborder et être entraînée dans des activités opérationnelles qui ne correspondent ni à ses intérêts, ni à la préservation de la paix mondiale.
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Général (2S) Daniel Schaeffer
Membre ASAF (*)

L’IA n’est pas encore aussi vicieuse que les humains pour déceler les comportements malicieux

L’IA n’est pas encore aussi vicieuse que les humains pour déceler les comportements malicieux

La lettre de Frédéric Simottel n°2 – Mercredi 5 avril 2023

“Journaliste à BFM Business en charge notamment des questions de cybersécurité, je suis heureux de partager avec vous chaque semaine l’actualité du secteur mais aussi ma revue de presse et des tribunes signés par des experts choisis par mes soins.

Frédéric Simottel

Je n’ai pas d’actions ou de prises de participation chez tel ou tel acteur de la cyber mais force est de constater que je suis assez épaté par l’efficacité des logiciels EDR/XDR (Endpoint Detection Response/eXtended Detection Response).

A la lecture de nombreux témoignages ou suite à des entretiens avec des RSSI, beaucoup me confirment que sans un tel logiciel, les dégâts auraient été plus importants, notamment lors d’attaques par rançongiciel. Au passage, je pousse un petit cocorico puisqu’avec Tethris, Harfang Lab ou encore Nucleon Security, nous avons quelques pépites françaises dans le domaine propres à lutter contre les leaders SentinelOne, CrowdStrike ou autres grands noms de la cyber qui embarquent désormais ce type de solutions.

Des années 2000 à aujourd’hui

Ce qui est intéressant avec ces technologies est qu’en fait, elles font partie de la famille depuis plusieurs années. Certains vous diront depuis 2013 lorsque l’acronyme EDR est apparu pour la première fois. Je remonterai pour ma part aux années 80 quand l’antivirus traditionnel, à base de signature, protégeait le terminal contre les menaces connues. Une base de signature qui devient obsolète au début des années 2000 lorsque les attaquants font muter leur virus ; on commence alors à parler des menaces inconnues de type Zero-day. Apparaît alors l’EPP, l’agent Endpoint Protection Platform qui met en œuvre plusieurs couches de protection. Lui-même dépassé quelques temps plus tard face aux attaques de plus en plus sophistiquées.

Et j’en arrive aux logiciels EDR/XDR, qui surveillent ce qui se passe sur le terminal et, sont capables, via un moteur relié à une console centrale, d’émettre des alertes dès que des comportements malicieux sont repérés, d’apporter des réponses manuelles ou automatiques (isoler des processus, supprimer des fichiers, isoler un terminal du réseau, etc). Aujourd’hui devenus des commodités, ils évoluent vers des systèmes plus intégrés voir des modèles de plateformes : ce qui va permettre d’éviter de déployer plusieurs marques pour un seul service.

L’Humain au cœur du dispositif

Mais au-delà de l’intelligence de ces outils, de leur capacité à se déployer sur plusieurs milliers de points (terminaux, serveurs, etc) en quelques heures, d’élargir aujourd’hui leur périmètre et d’inclure des services de gestion et d’analyse, ce qui me frappe dans les témoignages recueillis, porte sur l’association entre la technologie et l’humain. Car entre la détection et la remédiation, plus la phase d’investigation est poussée, mieux on distingue une vision d’ensemble, une chronologie et meilleure sera la réponse apportée.

 

Les chiffres clés de la semaine

  1. L’étude « Inside the Halls of a Cybercrime Business » diffusée par Trend Micro décrit trois types d’organisations criminelles en fonction de leur taille

    o   Les petites entreprises malveillantes (ex. le service Counter Anti-Virus Scan4You) : Une organisation qui s’appuie sur une tête pensante avec un effectif qui varie entre 1 à 5 ‘employés’, pour un chiffre d’affaires annuel inférieur à 500 000 dollars.

    o   Les entreprises criminelles de taille moyenne (ex. Bulletproof hoster MaxDedi). Elles ont généralement deux niveaux de direction et s’appuie sur un collectif de 6 à 49 ‘employés’. Leur chiffre d’affaires annuel peut s’élever jusqu’à 50 millions de dollars.

    o   Les grandes entreprises criminelles (ex. le groupe de rançongiciel Conti). S’appuyant sur trois niveaux de direction, ce type d’organisation compte plus de 50 ‘employés’ et enregistre un chiffre d’affaires annuel de plus de 50 millions de dollars. Les responsables sont des cybercriminels chevronnés qui recrutent de nombreux développeurs, administrateurs et experts en pénétration de systèmes, y compris en contrat court.

  2. Les Risques de sécurité accrus avec le Byod et le télétravail(Étude Lookout)

    o   32% des travailleurs à distance et hybrides utilisent des applications ou des logiciels non approuvés par le service informatique pour des raisons de commodité

    o   92% des employés à distance effectuent des tâches professionnelles sur leurs tablettes ou smartphones personnels.

« L’humanité est à un malentendu de l’anéantissement » : Lettre ASAF du mois de mars 2023

« L’humanité est à un malentendu de l’anéantissement » : Lettre ASAF du mois de mars 2023

 

Souvenons-nous de Sarajevo ! Celui du 28 juin 1914 qui a vu l’assassinat d’un obscur archiduc, certes prince héritier de l’Empire d’Autriche Hongrie, mais pratiquement inconnu des chancelleries européennes. Et pourtant ! La conséquence en fut une guerre mondiale de 51 mois, 20 millions de morts, 21 millions de blessés et le démembrement de quatre empires : russe, austro-hongrois, allemand et ottoman.

« L’humanité est à un malentendu de l’anéantissement » : Lettre ASAF du mois de mars 2023

« L’humanité est à un malentendu de l’anéantissement »
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, le 1er août 2022

 

Souvenons-nous de Sarajevo ! Celui du 28 juin 1914 qui a vu l’assassinat d’un obscur archiduc, certes prince héritier de l’Empire d’Autriche Hongrie, mais pratiquement inconnu des chancelleries européennes. Et pourtant ! La conséquence en fut une guerre mondiale de 51 mois, 20 millions de morts, 21 millions de blessés et le démembrement de quatre empires : russe, austro-hongrois, allemand et ottoman.

Aujourd’hui la guerre en Ukraine, outre l’affrontement direct de deux armées nationales et de milices plus ou moins affiliées à celles-ci, génère de nombreuses « frictions » aux frontières entre la Russie et ses voisins immédiats (Pays baltes, Pologne, Roumanie, Moldavie), y compris dans les espaces aériens correspondants et jusqu’en Méditerranée où des navires occidentaux sont souvent victimes d’attitudes « inamicales » de la part d’unités de la marine russe. En outre, depuis peu, la flotte russe du Nord a repris, en mer de Barents, une forte activité qui inquiète fort les pays scandinaves et principalement la Finlande et la Norvège.

Le 10 mars 2022, un drone de combat de fabrication russe, mais utilisé aussi par l’armée ukrainienne, s’est écrasé dans un parc en Croatie, après avoir survolé la Roumanie et la Hongrie, heureusement sans faire de victime. Aucun des belligérants n’a avoué être à l’origine de cette « bavure » que l’on ne connaît toujours pas aujourd’hui.. C’est dire que le sujet est suffisamment sérieux pour que seul le silence soit utilisé comme moyen pour éviter d’autres embrasements.

Mais peut-on ériger comme règle que de tels incidents n’auront jamais de suite ? Si un missile russe, même « égaré », tombait sur une école, un hôpital ou un centre commercial d’un pays frontalier de la Russie, membre de l’OTAN, en faisant de nombreuses victimes, ou si, à l’inverse, un pilote français d’un avion Rafale basé en Lituanie, un peu fébrile, détruisait un avion russe s’amusant à des provocations en s’introduisant dans l’espace aérien européen et otanien , sommes-nous sûrs que le conflit ne changerait pas de dimension ?

Sur les frontières séparant la Russie et l’Ukraine de leurs voisins otaniens, c’est-à-dire sur une bande nord-sud étendue, mais de profondeur relativement étroite, sont concentrés tellement de moyens militaires et d’armements modernes que les risques d’un « malentendu » sont multipliés. Certes, les états-majors occidentaux veillent à réduire au maximum ces aléas, mais un accident est toujours possible.

Néanmoins, et même si le pire n’est pas toujours sûr, où pourrait nous conduire une telle « bavure » ? À une troisième guerre mondiale comme Sarajevo nous a conduits à la première ?  Certes, le contexte n’est pas le même et, en particulier, la dissuasion nucléaire n’existait pas en 1914. Cependant, l’arme nucléaire est-elle une garantie absolue d’éviter l’extension de la guerre ? Arme de non emploi, elle suppose que ceux qui en sont dotés adhèrent à l’essence même de la dissuasion qui repose sur un raisonnement cartésien, presque sur une logique mathématique : si tu me fais du mal et même si tu me détruis, je serai moi-aussi capable de te détruire. Est-on sûr que le logiciel intellectuel de monsieur Poutine fonctionne comme le nôtre et que le maître du Kremlin soit sensible à une casuistique nucléaire qui repose sur un mode de raisonnement extrêmement subtile ?

Dès l’été 1944, il était écrit que l’Allemagne serait vaincue et même écrasée. Cela a-t-il empêché Hitler de poursuivre la lutte au risque de l’anéantissement de sa population ? Non ! La première bombe atomique lancée sur Hiroshima n’a pas suffi à faire plier le militarisme japonais ; il en a fallu une seconde sur Nagasaki. L’opération militaire américaine El Dorado Canyon menée en 1986 contre Kadhafi a-t-elle amené celui-ci à résipiscence ? Non ! Il a fallu une nouvelle opération, multinationale celle-là, en 2011, pour éliminer ce fauteur de troubles.

« Le Rhin sort de son lit, jusqu’au bûcher ; le feu se répand au sein du Walhalla, le paradis des guerriers, qui finit par brûler de fond en comble. Un monde disparaît, un autre est à reconstruire… » Les dignitaires nazis, à commencer par leur chef suprême, adoraient Richard Wagner. Pourtant ; c’est bien ainsi que se termine le « Crépuscule des Dieux » préfigurant la propre fin de leur régime. Espérons que monsieur Poutine soit plus sensible à la musique de « Kalinka » ou des « Bateliers de la Volga » qu’à celle du maître de Bayreuth.                                                                                                      

Gilbert Robinet
Secrétaire général de l’ASAF

https://www.asafrance.fr/item/le-necessaire-retour-des-forces-morales-lettre-asaf-du-mois-de-mars-2023.html

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L’ASAF veille à ce que la Défense soit toujours une priorité pour l’État, et que l’armée demeure au cœur de la Nation.

 

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ASAF . Association de Soutien à l’Armée Française

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“Le nécessaire retour des forces morales” : Lettre ASAF du mois de février 2023

Le nécessaire retour des forces morales” : Lettre ASAF du mois de février 2023

À l’heure où nous commémorons, ce mois-ci, le 107anniversaire de la bataille de Verdun, notre pays est envahi par la morosité. Il est vrai que, depuis trois ans, il traverse sans discontinuer des difficultés de tous ordres […]. Cependant, nous devrions nous interroger sur les ressorts qui ont permis, à Verdun, à des hommes […] de tenir.

"Le nécessaire retour des forces morales" : Lettre ASAF du mois de février 2023

Le nécessaire retour des forces morales

« Les poitrines sont le meilleur rempart de la cité »
(Thucydide 400 ans av. J.-C.)

À l’heure où nous commémorons, ce mois-ci, le 107anniversaire de la bataille de Verdun, notre pays est envahi par la morosité. Il est vrai que, depuis trois ans, il traverse sans discontinuer des  difficultés de tous ordres : pandémie, mouvements sociaux et grèves à répétition, inflation, crise énergétique, accidents climatiques, spectre de la guerre à la frontière de l’Europe. Cependant, nous devrions nous interroger sur les ressorts qui ont permis, à Verdun,  à des hommes, appartenant à toutes les classes sociales, aux niveaux scolaires et culturels les plus variés et dont les vies antérieures allaient de la plus confortable à la plus rude, de tenir.

Si, dès les premiers jours de la bataille  qui en compta 301 (du 21 janvier au 18 décembre 1916), la résistance fut aussi acharnée, c’est parce que les combattants acceptèrent, quand bien-même cela aurait pu, parfois, leur paraître discutable sur le plan tactique, de tenir le terrain à tout prix (formule souvent utilisée dans les ordres du jour des chefs), sans aucune tentation de révolte et souvent dans les pires conditions. Pourquoi ? Parce que ces hommes défendaient  leur territoire tout autant qu’ils obéissaient à leurs chefs. Chaque soldat défendait avec acharnement son morceau de créneau, sur parfois à peine plus d’un mètre de terrain, parce qu’il avait conscience que derrière lui se tenait le pays tout entier et, en son sein, sa mère, sa femme ou encore ses enfants. Son moteur ? La force morale ! Verdun fut avant tout le triomphe des forces morales.

La victoire de Verdun montre ce que peut faire un peuple qui ne veut pas mourir. Un nouvel exemple de ce que peut-être la force d’âme d’un peuple nous est donné aujourd’hui par les Ukrainiens. C’est précisément cette volonté que le peuple français d’aujourd’hui a perdue et qu’il doit retrouver. Depuis quatre ans, des sondages répétés montrent que les Français font preuve d’un immense pessimisme et, parmi eux, les jeunes plus encore que leurs aînés. Au sein de l’Union européenne, ils sont médaillés d’argent, seule l’Italie se montrant encore moins confiante en l’avenir.

Tout cela pourrait apparaître comme une caractéristique bien française, une forme d’individualisme bien connue, bref, un péché véniel. Sauf que, comme ne cessent de nous le répéter nos responsables politiques, « nous sommes en guerre » et, de surcroît, une autre guerre, aux frontières de l’Europe, menace notre vie intérieure. Or, la guerre est précisément la circonstance qui exige, de la part des habitants d’un pays attaqué, le sursaut moral le plus grand. Il n’y a pas d’événement supérieur à celui-ci en termes d’exigences ! De plus, ce sont précisément des jeunes qui ont constitué, le 13 novembre 2015 , l’essentiel des cibles des terroristes qui ont frappé à Paris. Ce sont donc ces jeunes qui, en priorité, doivent trouver les forces morales permettant à notre pays de rester debout.

Si néanmoins les jeunes Français ont besoin pour ce faire de références, de modèles, il leur suffit de penser à ces autres jeunes du même âge, et qui pourraient être leurs frères et sœurs (qui le sont peut-être dans certains cas) et qui combattent sur terre, sur mer et dans les airs, au Sahel, dans le Golfe arabo-persique ou en Méditerranée orientale, ou encore à tous ces soldats qu’ils croisent dans leur quotidien dans nos villes dans le cadre de l’opération Sentinelle. Ces soldats, comme leurs lointains parents de 1914 (oui, parents, car pas une seule  famille française n’a pas eu au moins l’un de ses membres, proche ou lointain, mobilisé entre 1914 et 1918) n’ont pas seulement le sentiment d’avoir derrière eux des dunes de sable, des regs, des vagues soulevées par la houle ou des nuages plus ou moins menaçants, mais aussi leur maison, celle de leurs parents ou de leurs amis. En traquant les terroristes jusque dans leurs repères, c’est le territoire national français qu’ils défendent.

Pour ce qui concerne les aspects strictement militaires, qui sont ceux qui, au premier chef, intéressent l’ASAF, il faut que la France retrouve son rang de puissance et, pour cela, se réarme. Un accroissement substantiel des moyens doit s’accompagner d’une doctrine militaire adaptée à une nouvelle vision en matière de politique étrangère en direction du Moyen-Orient, de l’Afrique, mais aussi, désormais, de l’Europe où le combat de haute intensité est de retour comme l’avait prédit l’actuel chef d’état-major des Armées.

Nous devons aujourd’hui faire preuve de courage pour gagner non pas la guerre, mais les guerres, celle  qui est portée sur notre sol et celle qui nous menace depuis l’Est. Cependant, la valeur de notre outil militaire dépend, en très grande partie, du moral de la Nation car d’une part, dans notre démocratie, c’est elle-même qui règle notre organisation militaire et d’autre part parce que nos soldats en émanent et que leur état d’esprit ne peut pas être très différent de celui de leurs concitoyens. Enfin, n’oublions jamais qu’en dernier ressort, et quelles que soient la quantité et la qualité des équipements militaires dont on dispose, c’est toujours avec son âme que l’on se bat.

La RÉDACTION de L’ASAF
www.asafrance.fr

“L’identité nationale” : Lettre ASAF du mois de janvier 2023

L’identité nationale” : Lettre ASAF du mois de janvier 2023

 

À l’aube de la quarantième année d’existence de notre association, il est bon de rappeler que, parmi les éléments constitutifs de ses fondations, se trouve sa perception d’une unité nationale française. Notre identité nationale, c’est d’abord une histoire d’amour : l’amour d’un pays, de son passé, de son présent et même du futur que l’on espère pour lui.

"L’identité nationale" : Lettre ASAF du mois de janvier 2023

L’identité nationale

À l’aube de la quarantième année d’existence de notre association, il est bon de rappeler que, parmi les éléments constitutifs de ses fondations, se trouve sa perception d’une unité nationale française. Notre identité nationale, c’est d’abord une histoire d’amour : l’amour d’un pays, de son passé, de son présent et même du futur que l’on espère pour lui. En donner une définition est donc rigoureusement impossible. De même que l’amour entre des personnes est un hasard qui devient destin, l’identité nationale est la somme de hasards individuels qui deviennent destin collectif.

Oui, naître Français est le fruit du hasard. Le devenir aussi, car les prétendants à la citoyenneté française, que cela soit par désir ou par nécessité, ont souvent subi, dans leur pays d’origine, des événements qu’ils n’ont pas choisis. Nés sur le sol de France ou non, ceux qui  y vivent doivent l’aimer. Qu’importe la façon dont apparaît et se développe cet amour : ce peut-être le coup de foudre, ou un amour qui se construit jour après jour, voire un amour « de raison ». Ce peut être aussi un  amour « passion » au nom duquel on est prêt à tout donner, y compris sa vie, ou une  immense tendresse alimentée par les voix de tous ceux qui se sont tus après avoir apporté une pierre à l’édification de notre patrimoine commun, ou encore un amour acquis « non par le sang reçu, mais par le sang versé ».

C’est l’agrégation, dans le creuset commun de la Nation, de tous ces amours aux formes diverses qui constitue notre destin commun. On pourrait aussi la nommer « solidarité nationale ». Cette solidarité a un ciment : c’est, comme le disait Ernest Renan[1], « le sentiment des sacrifices que l’on a faits et de ceux que l’on est disposé à faire ». Traduisons en langage plus commun : c’est, simultanément, la commémoration du 11 novembre et  l’engagement volontaire, dans les armées, du jeune Français qui sait qu’il risque de partir en opération, au Sahel  ou ailleurs, où il risquera sa vie.

Certains seraient tentés de définir la Nation autour de la République et de la laïcité, d’autres autour des valeurs chrétiennes, d’autres encore en se référant à l’héritage de Pascal ou Montesquieu, de Hugo ou Zola, de Sartre ou Aron. Qu’importe si ce sont là, pour les uns ou pour les autres, leurs façons particulières d’exprimer leur amour de leur pays ! Ce qui compte, c’est  la finalité, c’est-à-dire la constitution, autour de ces valeurs variées, d’une conscience morale partagée.

Bien sûr, pour tenter de dessiner les contours de l’identité nationale peuvent aussi être avancées  des considérations relatives à la race, à la langue, à  la religion, aux fleuves et aux rivières, aux montagnes et aux collines, aux pâturages et aux vignobles, aux châteaux, aux églises, à toutes  les vieilles pierres qui témoignent de l’œuvre et, souvent, du génie de nos pères bref, à tout ce  qui constitue l’Histoire de notre pays. Une Histoire, soit dit en passant, qui est une.  On ne peut la découper en rondelles : il faut la prendre tout entière ou la laisser. C’est Marc Bloch qui disait[2] : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ».

Alors voilà, nous, membres de l’ASAF, aimons notre pays. Depuis quarante ans bientôt, notre association travaille au rassemblement d’un maximum de Français autour d’un certain nombre de valeurs que vous, lecteurs de cette lettre, vous partagez. Depuis quarante ans bientôt, année après année, nos liens se sont resserrés et nous avons bâti une œuvre commune. Entre nous des affinités (au sens littéral du terme) si fortes se sont créées que les liens qui nous unissent sont indissolubles comme le sont les liens du sang. Nous nous sentons en analogie  tant nous nous  ressemblons. Tiens, n’est-ce pas là  la description d’une identité, la nôtre, l’identité ASAF qui est une partie indissociable de notre identité nationale ?

 

La RÉDACTION de l’ASAF
www.asafrance.fr


[1] Lors d’une conférence prononcée à la Sorbonne le 11 mars 1882 et intitulée : « Qu’est-ce qu’une Nation ? ».

[2] En 1940, dans son livre L’Étrange Défaite.

“L’Europe : Un espace géographique où Noël est fêté partout”. Lettre ASAF du mois de décembre 2022

L’Europe : Un espace géographique où Noël est fêté partout“. Lettre ASAF du mois de décembre 2022

                                                                                 Christmas Market At Cologne Cathedral

 

« S’inspirant des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi que la liberté, la démocratie, l’égalité et l’État de droit… ». Voici le salmigondis qui aurait dû servir d’introduction au traité constitutionnel européen de 2004 qui, en définitive, n’a pas été ratifié, et qui ouvre le traité de Lisbonne de 2007 qui lui a été substitué. Cette formule est d’une rare malhonnêteté intellectuelle puisqu’elle nie, implicitement, que l’ « héritage religieux » dont parle le texte est, sur le continent européen, à 99 % chrétien.

"L’Europe : Un espace géographique où Noël est fêté partout". Lettre ASAF du mois de décembre 2022

“L’Europe : un espace géographique où Noël est fêté partout”

 

Il y a 15 ans, le 13 décembre 2007, était ratifié le traité de Lisbonne

 

« S’inspirant des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi que la liberté, la démocratie, l’égalité et l’État de droit… ». Voici le salmigondis qui aurait dû servir d’introduction au traité constitutionnel européen de 2004 qui, en définitive, n’a pas été ratifié, et qui ouvre le traité de Lisbonne de 2007 qui lui a été substitué. Cette formule est d’une rare malhonnêteté intellectuelle puisqu’elle nie, implicitement, que l’ « héritage religieux » dont parle le texte est, sur le continent européen, à 99 % chrétien. Il aura donc fallu tout le cosmopolitisme de l’élite technocratique européenne pour évacuer toute référence explicite aux racines chrétiennes de l’Europe. Cerise sur le gâteau, dans ce jeu d’esquive malsain, de convictions identitaires incertaines, de déni de soi-même, le président de la République française du moment, inspiré sans doute par sa pathétique propension à la repentance, a pesé d’un poids décisif.

Pourtant, relisons ce qu’écrivait Fernand Braudel en 1986[1]: « En fait, l’expérience carolingienne est à l’origine – ou, si vous préférez, elle a confirmé la naissance – de la Chrétienté et aussi de l’Europe, les deux termes étant alors identiques, comme deux figures géométriques qui, exactement, se recouvrent ».

Tous les historiens s’accordent pour dire que c’est du  Xe  ou XIe  siècle jusqu’au milieu du XVe  que le destin de la France et de l’Europe s’est joué de façon irréversible. Ces siècles sont au coeur de notre histoire. Or, précisément, dès les premières années du XIe  siècle déferle sur l’Europe une vague de constructions d’églises nouvelles. Un chroniqueur de l’époque s’extasie : « C’était comme si le monde, en secouant son ancien costume, s’était redressé dans le blanc manteau d’églises nouvelles ». C’est le début de l’architecture romane qui, jusqu’au XIIsiècle, modèlera les paysages sur l’ensemble du continent. L’Europe alors se constitue et s’affirme ; elle se consolide, se cimente. Mais elle le fait justement parce qu’elle s’affirme chrétienne. Donnons à nouveau la parole à Fernand Braudel qui nous dit que dans cette période : « L’Europe n’est une que parce qu’elle est, en même temps, la Chrétienté ; mais la Chrétienté et, avec elle, l’Europe ne peuvent affirmer leur identité que face à l’autre. Aucun groupe, quelle que soit sa nature, ne se forme mieux qu’en s’opposant à un tiers. À sa façon, l’Islam aura participé à la genèse de l’Europe. D’où l’importance des croisades [2]»

Hou la la, monsieur Braudel ! Si vous teniez ces propos aujourd’hui, il n’est pas certain que votre agrégation d’histoire, vos douze diplômes de docteur « honoris causa » d’universités étrangères, votre Légion d’honneur[3] ou votre fauteuil à l’Académie française[4] vous épargneraient d’être traité d’affreux « islamophobe ». Pourtant, les musulmans intégristes, eux, ne s’y trompent pas et font référence plus volontiers que nous à cette période de notre histoire.  Ils continuent à nommer les Occidentaux et/ou les Chrétiens, car eux ont bien compris que  les deux se confondent : « les Croisés » !

Mais revenons à la déclaration introductive du traité de Lisbonne. On y fait référence à l’héritage humaniste de l’Europe. En vérité, c’est là une contrefaçon sémantique ayant pour objet d’éviter d’écrire « origine chrétienne de l’Europe ». Car, en effet, l’humanisme, c’est-à-dire « la position philosophique qui place l’homme et les valeurs humaines au-dessus des autres valeurs [5]» est, par définition, d’essence chrétienne. La reconnaissance de l’individu procède par nature du message évangélique et s’oppose à l’ « umma » de l’Islam, c’est-à-dire à la communauté des croyants qui seule compte. Cette souveraineté de la personne, son unicité, sa responsabilité, sa capacité à choisir et aussi à espérer, qui n’ont rien à voir avec la forme dévoyée qu’est l’individualisme qui, hélas, nous submerge aujourd’hui, sont, par nature, d’essence chrétienne et européenne. Ce sont d’ailleurs ces notions qu’ont reprises les philosophes des Lumières sous une forme sécularisée. Elles constituent l’antithèse du caractère inéluctable de la destinée du musulman tout entier contenu dans la formule récurrente « Inch Allah ! ».

Ces quelques rappels historiques en même temps que théologiques devraient permettre d’éclaircir certaines zones d’ombre qui obscurcissent la pensée de certaines bonnes âmes et qui jouent chez elles le rôle de ce que Freud appelait le « continent noir » quand il évoquait la psychologie féminine :

  • La Turquie a-t-elle jamais eu vocation à rejoindre un jour l’Europe, quand bien même serait-elle devenue alors un modèle de démocratie ? La réponse est évidemment non !
  • Est-il normal, acceptable, souhaitable, utile, nécessaire de donner des gages aux « autres » (selon la terminologie de Braudel)  en gommant la croix rouge de nos véhicules sanitaires militaires  ou en demandant à nos militaires féminins de porter le tchador sous prétexte que nous sommes chez eux (la plupart du temps à leur demande), alors que, sur le territoire national, ceux qui se revendiquent de l’Islam prient dans nos rues ? De la même façon la réponse est non !
  • Peut-on refuser aux Ukrainiens de s’intégrer à un ensemble « qui place l’homme et les valeurs humaines au-dessus des autres valeurs » ? Là encore, la réponse est non !

Inscrite dans le marbre d’un ersatz de constitution, la non référence à ses racines chrétiennes a scellé le destin de l’Europe. Celle-ci a opéré un virage identitaire et a renoncé à ses valeurs de civilisation. « Inch Allah ! ».

 

 La RÉDACTION de L’ASAF

https://www.asafrance.fr/item/l-europe-un-espace-geographique-ou-noel-est-fete-partout.html

[1]Dans son livre L’identité de la France, tome 2 Les hommes et les choses,  page 105.

[2] Ibid. page 149.

[3] Grade de commandeur.

[4] Élu au fauteuil d’André Chamson en 1984.

[5] Définition du dictionnaire Larousse.

Une minute de silence pour la France des morts” : Lettre ASAF du mois de novembre 2022

Une minute de silence pour la France des morts” : Lettre ASAF du mois de novembre 2022

La minute de silence sur la tombe du Poilu Inconnu un an après la première minute de silence en France, Agence Meurisse, 1923 – source Gallica-BnF

 

il y a un siècle, le 11 novembre 1922, la France célébrait la première « minute de silence » de son histoire. Auparavant, l’hommage aux morts était marqué soit par le son des cloches, soit par celui des canons. C’est le président du Conseil d’alors, monsieur Raymond Poincaré, qui imposa cette nouvelle forme d’hommage.

 

"Une minute de silence pour la France des morts" : Lettre ASAF du mois de novembre 2022

“Une minute de silence pour la France des morts”

 

En ce mois de novembre 2022, un anniversaire risque de passer complètement inaperçu. En effet, il y a un siècle, le 11 novembre 1922, la France célébrait la première « minute de silence » de son histoire. Auparavant, l’hommage aux morts était marqué soit par le son des cloches, soit par celui des canons. C’est le président du Conseil d’alors, monsieur Raymond Poincaré, qui imposa cette nouvelle forme d’hommage.

Auparavant, en mai 1919, un journaliste et ancien combattant australien, Edward George Poney, avait proposé, dans une lettre ouverte au journal London Evening News, de substituer au caractère bruyant des célébrations d’alors un temps de recueillement silencieux. L’homme d’État sud-africain, Sir James Percy FitzPatrick, suggéra, lui, deux minutes de silence : une minute pour les morts et une autre pour les vivants. Le 27 octobre 1919, le roi George V rendit officielle cette mesure dans tout le Commonwealth. Depuis, cette tradition des deux minutes s’est perpétuée dans tous les pays anglo-saxons. En France, c’est donc la durée minimale qui a été choisie et encore, notre minute de silence est rarement respectée dans son intégralité.[1]

Nous sommes en novembre, mois dont les deux premiers jours sont dédiés au souvenir des morts et mois dont le onzième jour nous voit commémorer le souvenir de tous les morts de toutes les guerres. À cette occasion, nous pourrions aussi nous souvenir de ce que fut l’année 2020 lorsque l’épidémie de la Covid nous vit confinés, d’abord du 17 mars au 11 mai, puis du 30 octobre au 15 décembre. Les morts se comptaient mensuellement par milliers, parmi lesquels de nombreux personnels soignants. Alors, comme ce fut le cas pour les victimes des attentats, d’aucuns proposèrent que ces personnels soignants, morts de la Covid dans l’exercice de leur fonction, soient déclarés « Morts pour la France ». Cela ne fut pas possible puisque cette qualification est aujourd’hui réservée aux soldats tués lors d’opérations menées à l’extérieur du territoire national. Le lieutenant-colonel Beltrame, mort en mars 2018, dans des circonstances que tout le monde a encore en mémoire, n’a pu lui-même en bénéficier.  C’est peut-être l’utilisation de la mention « Mort pour le service de la Nation » qui a été retenue pour le lieutenant-colonel Beltrame qui aurait été, dans le cas de la Covid, la plus pertinente. Elle permet l’inscription des noms des bénéficiaires sur les monuments aux morts et la reconnaissance de leurs ayants droit enfants comme « pupilles de la Nation ».

Pour autant, et compte tenu des circonstances sanitaires qui ont fait qu’au cours des mois terribles du printemps 2020, les familles des morts de cette épidémie, de tous les morts et pas seulement des soignants, n’ont pas eu la possibilité de leur rendre l’hommage qu’elles souhaitaient, nous pourrions réfléchir à « un geste » qui pourrait les aider à faire leur deuil demeuré jusque-là impossible.

Ce qui rend à ces familles l’épreuve de la mort de leur proche insupportable, c’est d’une part le fait d’avoir dû laisser le défunt mourir seul et d’autre part de n’avoir pas pu se réunir pour une cérémonie de funérailles. Il y eut là un « empêchement » à la réalisation de deux aspirations humaines parmi les plus profondes et de ce fait fondamentales.

Sans réunion pour un dernier adieu, sans cérémonie d’hommage, le deuil est encore plus douloureux. De surcroît, l’identité du défunt se fond dans le drame collectif. Son corps devient un parmi tant d’autres et, comme on n’a pas pu le voir, on a du mal à accepter la réalité de la perte ce qui est le premier objet du deuil. Ces décès deviennent alors des « disparitions » comme dans le cas des marins péris en mer où des soldats morts au combat dont on n’a jamais retrouvé la dépouille.

Depuis cette période extraordinaire, il y a toujours, aujourd’hui, quotidiennement, des morts « ordinaires » de la Covid. Au total, depuis le début de l’épidémie, cette maladie a déjà tué plus de 150 000 Français soit plus que les morts cumulées lors des guerres d’Indochine (83 300) et d’Algérie (25 000).

L’État devrait faire quelque chose pour aider la cicatrisation d’une plaie qui aura du mal à se refermer. Il faudra de sa part un geste fort à inventer pour créer un espace physique et psychique permettant d’annihiler un sentiment collectif d’impuissance voire de culpabilité. De nombreuses options sont possibles : une journée nationale dédiée à toutes les victimes, mais il y en a déjà beaucoup et celle-ci risque d’être diluée dans le nombre ; des noms gravés quelque part à l’instar de Ground zero à New York, mais où ? Dans chaque ville ou village ou en un lieu unique ?

Mais on pourrait aussi, plus simplement, lors d’une cérémonie de funérailles nationales rendre hommage, de façon collective, à toutes les victimes, sans aucune distinction, de cette épidémie, avec la pose d’une plaque commémorative dans un lieu symbolique (Invalides, Arc de Triomphe ?) et avec l’exécution d’une vraie minute de silence qui durerait… soixante secondes. La France que nous aimons, c’est aussi celle de tous ses enfants morts, quelles que soient les circonstances. Les morts de la Covid acquièrent une dimension nationale puisqu’ils sont les victimes d’un drame qui ne l’est pas moins. Ce sont nos morts à tous.

 

La RÉDACTION de L’ASAF
www.asafrance.fr

 

[1]  Un journaliste du MondeDonald Walther, a chronométré les 83 minutes de silence observées à l’Assemblée nationale entre 1998 et 2016. Il en a fait la moyenne qui est de 32,47 secondes avec un minimum record à … 11 secondes.

” La « rentrée parlementaire » : un saut dans  l’inconnu ? ” : Lettre ASAF du mois d’octobre 2022

” La « rentrée parlementaire » : un saut dans  l’inconnu ? ” : Lettre ASAF du mois d’octobre 2022

 

Souvenez-vous : « Nous allons entrer dans un monde nouveau. Rien ne sera plus comme avant ». Voici le leitmotiv que des oracles autoproclamés nous ressassaient à l’envi, en 2020 et 2021, à longueur de confinements. …

" La « rentrée parlementaire » : un saut dans  l’inconnu ? " : Lettre ASAF du mois d'octobre 2022

La « rentrée parlementaire » :
un saut dans  l’inconnu ?

Quand vous lirez ces lignes, nous serons en pleine « rentrée parlementaire ».  Le mot rentrée, jadis, ne s’appliquait qu’au monde scolaire et marquait le retour des élèves dans les classes après les congés d’été que l’on nommait « les grandes vacances ».  Aujourd’hui, ce terme s’applique à toutes les catégories de la  société, chacune effectuant « sa rentrée », et donc, en particulier, à la classe politique et au Parlement. Il est temps, en effet, que le calendrier  politique « normal »  reprenne ses droits car, depuis l’élection présidentielle d’avril et les élections législatives de juin, nous avons assisté à une foire d’empoigne parlementaire qui n’a, en aucune façon, éclairci le débat. Quel sera le cap poursuivi  lors de ce  nouveau quinquennat alors que nous sommes, sur fond de guerre, au bord de l’inconnu ?

Ainsi, souvenez-vous : « Nous allons entrer dans un monde nouveau. Rien ne sera plus comme avant ». Voici le leitmotiv que des oracles autoproclamés nous ressassaient à l’envi, en 2020 et 2021, à longueur de confinements. Parmi eux, nombreux étaient les laudateurs de la mondialisation, du libéralisme effréné, du supranationalisme européen qui, devenus les émules des devins de la mythologie grecque,  n’avaient pourtant jamais envisagé que le monde dans lequel ils se complaisaient puisse un jour disparaître.

Mais, à la vérité, ces pythies se trompaient. Après la pandémie qui, bien qu’atténuée, est toujours active, nous ne sommes pas  entrés dans un nouveau monde, mais dans le monde ancien, celui de la guerre, d’une politique internationale faite de sanctions et de rétorsions, d’une résurgence « du sang, de la  sueur et des larmes ».

Après avoir subi les effets destructeurs du productivisme et de la marchandisation, nous allons devoir nous réapproprier notre autonomie dans de nombreux domaines à commencer par notre capacité à nous protéger et à nous soigner, mais aussi à nous alimenter, à nous chauffer et à faire tourner nos usines sans dépendre de l’approvisionnement en matières premières ou en énergie de l’étranger.

Il nous faut entrer dans une véritable  économie de guerre et pratiquer un retour à une souveraineté nationale « à l’ancienne » qui devra s’accompagner, bien évidemment, d’un contrôle aux frontières. Il faudra aussi reconquérir une complète indépendance dans les domaines militaire et diplomatique ce qui loin d’affaiblir notre pays lui permettra, au contraire, de mieux faire entendre sa voix dans le concert des nations. Seuls des projets communs avec des alliés européens sûrs devront être privilégiés.

Cela est d’autant plus prégnant que le conflit de haute intensité, tel que nos penseurs éclairés disaient qu’il n’en existerait plus jamais,  qui a surgi en Ukraine, fait renaître la Guerre froide. Il faut donc d’urgence  relocaliser sur notre territoire toutes les industries concourant à un contrôle national  sur les secteurs vitaux pour la vie de la Nation et sa défense, comme les médicaments, l’énergie, la libre utilisation des moyens et infrastructures de transport et l’industrie d’armement.

C’est dans le domaine militaire qu’il faudra faire feu de tout bois  en procédant  à un réarmement massif de notre pays. En effet, aujourd’hui, notre armée est en situation de faiblesse ce qui la rend incapable de mener seule une opération militaire dans la durée contre une puissance régionale. Or, beaucoup de pays qui comptent dans le monde renforcent leurs moyens militaires et nous redécouvrons, à l’occasion  de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, que ce sont toujours les rapports de force qui régissent les relations internationales.

Dans l’affaire ukrainienne, le combat de haute intensité auquel nous assistons avait été pressenti par  le chef d’état-major des Armées qui ne cesse de répéter qu’il faut être capable de  « gagner la guerre avant la guerre ». Cette forme de dissuasion « classique » nécessitera de notre part  un effort considérable comme ce fut le cas pour la mise en place de notre dissuasion nucléaire dans les années soixante.

C’est bien là, aussi, un retour au monde d’hier où, au sortir de la Guerre froide, l’Occident a gagné la 3e guerre mondiale de la meilleure façon qui soit, c’est-à-dire en ayant évité de  la faire, mais après avoir consenti de très importants efforts pour sa défense.

Faute de n’avoir pas, collectivement, poursuivi cet effort après l’effondrement de l’URSS et afin d’engranger au plus vite « les dividendes de la paix », nous demeurons aujourd’hui tétanisés devant le président russe qui, lui, dans une situation économique plus défavorable que la nôtre, a fortement augmenté le  budget destiné à ses armées.

Dans son allocution du 14 juillet dernier, le président de la République, chef des Armées, s’est engagé à consentir l’effort nécessaire : dont acte. Mais, nous aurions préféré que les faits ne nous donnent pas raison et que cet effort fût engagé plus tôt.

La Rédaction de l’ASAF

https://www.asafrance.fr/item/la-verite-du-temps-lettre-asaf-du-mois-d-octobre-2022.html

Lettre du Chef d’état-major de l’Armée de Terre – Au contact 54 – La préparation opérationnelle

Lettre du Chef d’état-major de l’Armée de Terre – Au contact 54 – La préparation opérationnelle

Pôle Rayonnement de l’armée de Terre – 10 octobre 2022

prat@rayonnement-terre.fr

Mesdames, Messieurs, Chers amis de l’armée de Terre, 

Le pôle rayonnement de l’armée de Terre a le plaisir de vous adresser ci-dessous, la lettre du général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, “Au Contact”  n° 54, consacrée à la préparation opérationnelle de l’armée de Terre.

Nous vous invitons à cliquer sur l’éditorial pour accéder au contenu de la lettre.

Bien cordialement, 

Le pôle rayonnement de l’armée de Terre

Lire et télécharger la lettre d’information : Lettre CEMAT 54 – 10 10 2022