Vers une capacité MAMBA musclée dans la prochaine LPM

Vers une capacité MAMBA musclée dans la prochaine LPM


Pour les chefs d’état-major, chaque audition parlementaire devient propice à relever les grands enjeux capacitaires de la prochaine loi de programmation militaire. Du côté de l’armée de l’Air et de l’Espace, les réflexions portent entre autres sur le renforcement du segment de défense sol-air assuré par les systèmes MAMBA. 

S’agissant de la défense sol-air en général, « la LPM que nous sommes en train de construire doit nous permettre d’aller plus loin », déclarait le chef d’état-major de l’AAE, le général Stéphane Mille mi-octobre en audition à l’Assemblée nationale. Des propos réitérés et détaillés un mois plus tard au Sénat. Certains sujets étaient alors « encore en cours d’arbitrage » mais, selon, le CEMAAE, l’une des idées sur la table sera bien de muscler la capacité MAMBA de deux manières. 

Premièrement, en poursuivant la rénovation des systèmes actuels via le programme SAMP/T NG conduit avec l’Italie. Lancé en réalisation en novembre 2020, ce programme dotera le système français du nouveau radar GF 300, du missile Aster 30 B1 NT et d’un module C2 rénové. Mais s’il doit permettre, d’après le CEMAAE, de « protéger une zone plus vaste et de lutter contre les menaces supplémentaires », le SAMP/T NG ne sera livré qu’à partir de 2027 aux armées françaises. 

Et deuxièmement, il est aussi question « d’augmenter le volume pour pouvoir répondre à une demande de protection croissante ». L’armée de l’Air et de l’Espace opère aujourd’hui huit sections MAMBA, dont l’une est déployée en Roumanie au titre de la mission Aigle. L’Ukraine demande depuis longtemps à la France de lui fournir une capacité MAMBA pour lutter contre les attaques russes, sans réponse claire jusqu’à présent. Seul indice évoqué la semaine dernière par le ministre des Armées Sébastien Lecornu lors d’un déplacement à Kiev, le lancement d’un programme de formation d’officiers ukrainiens sur « des nouveaux systèmes qui pourraient équiper l’Ukraine à l’avenir ».

S’agira-t-il d’en acquérir davantage comme le projette l’Italie, de poursuivre l’effort de remontée des stocks de missiles Aster 30, ou les deux ? Pour cette réponse, et bien d’autres, il faudra encore attendre plusieurs semaines avant l’adoption de la LPM 2024-2030 en conseil des ministres et sa publication. Le président de la République s’exprimera prochainement à ce sujet lors de ses traditionnels vœux aux armées, organisés cette fois sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. La discussion du texte devrait intervenir en juin prochain au Sénat mais, pour certains sénateurs, la question de l’étendue de la capacité de défense sol-air ne pourra être éludée. 

« La guerre en Ukraine a mis en évidence les limites de notre défense sol-air, dont nous disposons en quantité plutôt modeste, que ce soit pour la moyenne portée (SAMP-T Mamba avec le missile Aster) ou dans la basse couche (Crotale) », relevait notamment la sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret.

Bien que parcellaire, la perspective partagée par le CEMAAE aura peut-être participé à rassurer des sénateurs pour qui la défense sol-air française reste « un sujet de préoccupation ». Un sentiment partagé par leurs homologues de l’Assemblée nationale, à l’origine d’une mission flash sur le sujet pilotée depuis mi-octobre par les députés Natalia Pouzyreff (RE) et Jean-Louis Thiériot (LR).

Crédits image : AAE