Vers une solution intermédiaire pour faire le lien entre le Leclerc et le char franco-allemand du projet MGCS?

Vers une solution intermédiaire pour faire le lien entre le Leclerc et le char franco-allemand du projet MGCS?

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D’ailleurs, de l’aveu même de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, ce retard commence à devenir préoccupant… alors que, dans le même temps, le ministère allemand de la Défense envisage de passer une importante commande de chars Leopard 2A8.

Au début, le programme MGCS ne devait pas poser de problème particulier, notamment au niveau du partage des tâches [à 50-50], étant donné que la co-entreprise KNDS, formée par le français Nexter et l’allemand Krauss-Maffei Wegmann [KMW] avait été mise sur les rails pour le mener à bien. Seulement, l’arrivée dans le projet de Rheinmetall – qui mise par ailleurs sur son char KF-51 « Panther » – a bousculé les équilibres… D’où les difficultés à se mettre d’accord sur les questions industrielles et technologiques.

Cependant, le 2 mai, lors de son audition par les députés de la commission de la Défense, dans le cadre de l’examen du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, s’est voulu rassurant, malgré les difficultés.

« Ce n’est pas parce qu’on dit que c’est compliqué ou que l’on est inquiet que ça va dans le mur. Nous avons la volonté, de toute manière, d’avoir un avenir à notre feuille de route de char de combat. C’est suivi au plus haut niveau de l’État. Et donc, là aussi, il y a des jalons […] qui nous permettront de développer des solutions alternatives si jamais on se rend compte que le programme MGCS ne se réalise pas comme prévu », a expliqué M. Chiva aux députés. À noter que cette démarche vaut aussi pour le Système de combat aérien du futur [SCAF].

Cela étant, a poursuivi le DGA, il « n’y a pas d’inquiétude à avoir » pour l’instant, précisant que huit MTD [Main Technical Demonstrateurs] devraient être lancés », après avoir fait l’objet d’une récente discussion entre M. Lecornu et son homologue allemand, Boris Pistorius. Toutefois, le programme MGCS doit compter treize MTD… Et M Chiva n’a pas précisé ceux qui ont été évoqués par les deux ministres. En tout cas, a-t-il assuré, « nous sommes en train d’essayer d’accélérer » et « nous sommes très conscients des différents […] points de passage obligés afin de pouvoir conserver notre capacité opérationnelle en matière de char de combat ».

À noter que le MGCS n’est cité qu’une seule fois dans le projet de LPM 2024-30. Et pour dire qu’il « doit préparer l’avenir du combat terrestre ». Ce qui est vague… En outre, le texte confirme que l’armée de Terre pourra aligner 200 chars Leclerc portés au standard XLR… dont 160 en 2030, les quarante derniers devant lui être livrés au cours des cinq années suivantes. À moins qu’il en aille autrement…

En effet, le char de combat du futur n’est qu’un élément du programme MCGS, lequel vise à mettre au point d’autres capacités [robots terrestres, drones, combat collaboratif, munitions, etc]. Aussi, son développement pourrait être remis à une échéance plus lointaine… D’où l’éventualité d’une « solution intermédiaire » pour remplacer le Leclerc d’ici-là.

Cette hypothèse a été évoquée par Nicolas Chamussy, le Pdg de Nexter, à l’occasion d’une nouvelle audition à l’Assemblée nationale, ce 3 mai. « Le MGCS reste en ligne de mire pour la préparation de l’avenir d’un programme de char de combat en coopération avec l’Allemagne. […] Il faudra une solution intermédiaire, d’une manière ou d’une autre, pour succéder au char Leclerc. Solution qui s’impose petit à petit, du fait du contexte ukrainien et de l’arrivée de chars avec de nouvelles capacités », a-t-il dit.

Pour répondre à ce besoin de solution intermédiaire [déjà évoquée par M. Lecornu, selon lui], « on a proposé le concept d’E-MBT, un char qui capitalise sur les compétences et les acquis en Allemagne et en France du groupe KNDS », a précisé le Pdg de Nexter.

Cet E-MBT « fait clairement partie des solutions envisagées en réponse à la demande du ministre de trouver une solution intermédiaire, quoi qu’il arrive », a insisté M. Chamussy.

Probablement que l’on en saura davantage quand M. Lecornu sera auditionné par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées… où à l’occasion des débats sur le projet de LPM 2024-30.