Covid-19 : Mis à l’isolement, tous les marins de la mission Foch feront l’objet d’une enquête épidémiologique
L’épidémie de Covid-19 qui a affecté le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt a rapidement gagné du terrain parmi l’équipage. En effet, le nombre de marins testés positifs à la maladie est passé de 3 à 550 en moins de deux semaines. En clair, plus de 10% de l’équipage du navire a été contaminé.
D’où les précautions prises pour la Marine nationale avec le porte-avions Charles de Gaulle, à bord duquel 50 cas de Covid-19 ont été confirmés, le 8 avril, sur 66 tests réalisés par l’équipe du Service de santé des Armées [SSA] envoyée sur place. Aussi, la décision de d’écourter d’une petite dizaine de jours la mission Foch, commencée le 21 janvier dernier, a été prise.
Ainsi, le porte-avions et la frégate de défense aérienne [FDA] Chevalier Paul sont attendus à Toulon, dans le courant de la journée du 12 avril. Les aéronefs du groupe aérien embarqué [GAé] doivent rejoindre leurs bases respectives, à savoir Landivisiau pour les Rafale, Lann-Bihoué pour les E-2C Hawkeye et Hyères pour les hélicoptères.
Le bâtiment ravitailleur Somme et la frégate anti sous-marine La Motte-Picquet ont déjà regagné Brest.
Mais, a priori, le navire amiral de la Marine nationale n’est pas le seul concerné par l’épidémie. Dans un communiqué publié le 11 avril, le ministère des armées évoque en effet « plusieurs dizaines de cas de Covid-19 au sein du porte-avions et de son escorte » [TF 473], ce qui justifie, avance-t-il, des « mesures particulières au retour des marins en métropole », étant donné que la « première préoccupation est de préserver la santé des marins, de leurs proches et de nos concitoyens ».
Ainsi, tous les marins du porte-avions, du Groupe Aérien Embarqué et de la frégate Chevalier Paul – soit environ 2.000 en tout – seront « mis en quatorzaine dans des enceintes militaires avant de rejoindre leurs foyers ». Pour cela, des « capacités d’hébergement et d’alimentation seront mises en place sur les bases navales et aéronavales, pour [leur] assurer le meilleur accueil », précise le ministère des Armées.
Durant cette période d’isolement, tous les marins seront soumis à des tests de dépistage [à condition d’en trouver suffisamment…].
Quant à ceux du BCR Somme et de la frégate La Motte-Picquet, ils feront également l’objet d’une enquête épidémiologique conduite par le SSA afin de déterminer les conditions dans lesquelles ils pourront débarquer. En fonction des résultats, ils « seront orientés vers une prise en charge adaptée à chacun pour sécuriser leur situation médicale », indique le ministère des Armées.
Dans le même temps, tous les navires du groupe aéronaval ainsi que l’ensemble des aéronefs vont être mis entre les mains d’équipes spécialisées en vu de leur « désinfection ».
« Cela n’a jamais été fait auparavant, c’est un travail énorme », a commenté le capitaine de vaisseau Éric Lavault, le porte-parole de la Marine nationale, auprès de l’AFP.
S’agissant du travail de désinfection, on ignore, pour le moment, avec précision la durée de vie du SARS Cov-2 [le virus responsable du Covid-19] sur les surface inertes. Sans doute que, pour ce travail de désinfection, il sera fait appel aux compétences du Bataillon des marins pompiers de Marseille [BMM], lequel dispose d’une cellule NRBCe [Nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique et explosif].
Cette dernière participe au projet « Comète » [COvid-19 Marseille Environnemental TEsts], qui vise à mettre en œuvre une solution pour repérer et décontaminer les environnements souillés par le virus. Les militaires de l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile [UIISC] 7 de Brignoles y sont également associés.
Selon Sciences & Avenir, « la plateforme Comète peut réaliser une centaine de tests par jour avec des résultats en quelques heures et se prépare à monter en puissance pour être à même de traiter quotidiennement plusieurs centaines d’échantillons. »
Pour éliminer le virus, il peut être fait appel aux ultraviolets [UVc], qui permettent de nettoyer une surface en moins de 10 secondes, à l’ozone, pour désinfecter les textiles et… la chaleur, le SARS-Cov2 ne supportant apparemment pas une température supérieure à 60°C.
Quoi qu’il en soit, ces mesures demandent une manœuvre logistique et sanitaire lourde qui sera coordonnée par les « préfets maritimes de la Méditerranée et de l’Atlantique en lien avec les élus et les autorités administratives et sanitaires locales. »
Photo : A l’image, livraison de masques sur le porte-avions Charles de Gaulle et distribution à l’équipage (c) Marine nationale