Daech, une menace relativement faible, mais à nouveau en expansion
La menace posée par Daech est au menu de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU vendredi 25 août. (Photo : des soldats irakiens patrouillent près de Badoush, en Irak). Felipe Dana/AP
La menace posée par Daech est au menu de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU vendredi 25 août. Si le groupe terroriste est plus faible qu’à son apogée, quand il contrôlait de vastes territoires en Irak et en Syrie, il est par endroit en expansion, notamment au Sahel.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit ce vendredi 25 août pour discuter de la menace posée aujourd’hui par Daech. Cette organisation terroriste, d’idéologie djihadiste, a connu son apogée en 2014, quand elle a formé un proto-État en Irak et en Syrie qu’elle a baptisé « État islamique ». Malgré son reflux, elle demeure active sur plusieurs continents.
Le « califat », fondé par l’organisation en 2014, achève de se désagréger en 2019, sous les coups de butoir conjoints de forces locales, notamment les Kurdes, et des Occidentaux. Plusieurs de ses chefs sont tués, ce qui contribue fortement à son affaiblissement.
Si l’organisation n’est plus « que l’ombre d’elle-même », selon la spécialiste du djihadisme Mina Al-Lami, citée par le média public américain NPR, elle n’a jamais disparu. Son dernier fait d’armes remonte au lundi 31 juillet, quand elle a revendiqué un attentat-suicide au Pakistan. L’attaque, qui visait le meeting d’un parti religieux conservateur, avait fait 54 morts, dont 23 mineurs.
« Toujours une menace »
Outre le Pakistan et l’Afghanistan, Daech demeure présent au Moyen-Orient et en Afrique. Le groupe prétend toujours former un califat mondial, mais, en réalité, il s’appuie sur des insurgés djihadistes locaux à qui il accepte de prêter son nom. Ceci permet aux locaux de gagner en légitimité, et à l’EI de pouvoir se targuer d’être présent partout dans le monde.
Au Mozambique, le nombre de ses combattants a fortement baissé, passant de 2 500 à 280 suite aux opérations menées par les armées régionales. En revanche, au Congo, le groupe s’est renforcé et il compte désormais 2 000 combattants. Il a également gagné 500 combattants en Égypte (1 000 en tout).
Leurs attaques, contrairement à celle qui a eu lieu au Pakistan, ne font pas toujours la Une des médias, car elles sont limitées et leur nombre a baissé. En Syrie, un pays dont le tiers du territoire était à une époque contrôlée par Daech, il est, selon les experts, contraint de se battre pour survivre. Pour autant, le groupe existe toujours et, selon Mina Al-Lami, il est « toujours une menace ».
Le désarroi des fidèles
Il est aujourd’hui principalement actif dans des milieux ruraux où l’autorité gouvernementale est moins présente. Bien loin, donc, de l’époque où il parvenait à conquérir des villes comme Racca, « capitale » de l’organisation entre 2014 et 2017, qui compte près de 200 000 habitants. Pour se financer, le groupe a recours au racket, au pillage et aux enlèvements.
La crédibilité du groupe est également mise à mal par l’instabilité apparente de sa direction. Depuis la mort de son fondateur, Abou Bakr Al Baghdadi, les chefs se sont enchaînés sans que leur identité ne soit jamais révélée. « C’est un gros coup pour le moral des membres du groupe, qui ne savent pas qui est leur leader et qui doutent même parfois de leur existence », affirme Mina Al-Lami.
Expansion au Sahel
Ce déclin de l’influence de Daech ne signifie toutefois pas qu’il faille ignorer le groupe, selon la spécialiste. Il pourrait justement profiter de ce désintérêt, renforcé par la guerre en Ukraine et les manœuvres chinoises autour de Taïwan, pour se renforcer. La montée en puissance de Wagner dans les pays africains et les exactions commises par les mercenaires sont également susceptibles de garnir les rangs du califat autoproclamé.
Un rapport de l’ONU daté de février 2023 estime d’ailleurs que son extension dans le Sahel constitue une évolution « particulièrement inquiétante ». En Irak et en Syrie, il n’est pas non plus entièrement sans ressource, sa trésorerie étant estimée entre 25 et 50 millions d’euros. Dans ces deux pays, il compterait entre 5 000 et 7 000 membres. Le groupe peut aussi compter sur des dons venant du monde entier, via les réseaux sociaux et les cryptomonnaies.