« Deux regards avant l’été » : Nouvelle lettre ASAF 19/06 à découvrir
Il n’y a pas de vie collective sans respect de soi, sans respect de l’autre, du patrimoine commun et de valeurs partagées. En rendant un hommage national à nos soldats tués en opération, c’est autour de l’armée que le Président rassemble la Nation car l’armée symbolise à la fois l’unité et l’identité de la France. Une nation peut-elle être libre sans une armée forte ? A l’inverse, une armée peut-elle vaincre sans la nation rassemblée qui la soutient d’une manière indéfectible et dans la durée ?
Deux regards avant l’été
Exiger le respect
Il n’y a pas de vie collective sans respect de soi, sans respect de l’autre, du patrimoine commun et de valeurs partagées. En rendant un hommage national à nos soldats tués en opération, c’est autour de l’armée que le Président rassemble la Nation car l’armée symbolise à la fois l’unité et l’identité de la France. Une nation peut-elle être libre sans une armée forte ? A l’inverse, une armée peut-elle vaincre sans la nation rassemblée qui la soutient d’une manière indéfectible et dans la durée ?
Le 8 mai, à l’issue de la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe, le président de l’ASAF, s’appuyant sur l’unanimité des réactions recueillies sur son site, toutes opposées à l’empaquetage de ce monument envisagé en avril 2020, a demandé au président de la République de renoncer à donner une suite favorable à ce projet imaginé par l’artiste américain Christo. Il lui a signifié qu’un tel projet susciterait inévitablement un très fort rejet d’une grande partie de l’opinion publique, qu’il serait une source de polémiques et de divisions, compte tenu du caractère sacré que revêt ce monument.
Cette « arche immense » est en effet l’écrin dans lequel repose le Soldat inconnu, auprès de laquelle brûle, sans interruption depuis 1923, la flamme ravivée chaque soir à 18h30 au cours d’une cérémonie empreinte d’une grande ferveur populaire.
Les noms des victoires et des héros gravés dans la pierre, les hauts-reliefs retraçant notre histoire sculptés sur les piliers sont-ils destinés à disparaître sous un voile un mois durant au nom d’une supposée œuvre d’art ?
Quels conseillers ou proches collaborateurs ont pu proposer au Président de donner son accord pour qu’un tel projet inévitablement facteur de divisions voit le jour ? N’y a-t-il pas d’autres monuments qui feraient davantage consensus : Beaubourg, temple de l’art contemporain, l’Assemblée nationale (comme l’a été le Bundestag) ou l’obélisque de la Concorde, voire la tour Eiffel, qui ne présentent pas ce caractère sacré ?
Si nombre de Français, comme cela est probable, s’opposent par une réaction massive à ce travestissement de l’Arc de Triomphe, verrons-nous alors le ministre de l’Intérieur déployer les forces de Police ou de Gendarmerie contre les Français pacifiques qui refuseraient cette défiguration annoncée, alors qu’il n’a pas réussi à s’opposer au vandalisme dont il fut l’objet le 1er décembre dernier ?
Faut-il préciser en outre que, à l’issue de cet événement lamentable, le coût de la restauration s’est élevé à 1 million d’euros financé pour partie par au moins une grande association de blessés au service de la France, celle des « Blessés de la face et de la tête », « Les Gueules Cassées » ?
Viser l’autonomie stratégique de l’Europe
Les élections européennes passées, les questions posées doivent être réglées mais aussi celles qui ne l’ont pas été ou trop peu.
A cet égard, les questions de Défense et plus généralement d’autonomie stratégique de l’Europe, c’est-à-dire de nos pays, n’ont pas occupé une place centrale dans les débats tant ceux-ci se sont réduits à des affrontements politiciens très franco-français.
Au-delà du face-à-face proposé « populistes, progressistes » ou « souverainistes, mondialistes », caricatural, réducteur et trompeur, il est urgent de voir comment les nations européennes doivent s’organiser pour garantir leur indépendance et les valeurs de leur civilisation commune.
Inutile de nier ou de refuser la mondialisation, certaines de ses nécessités et de ses contraintes (un Français sur trois travaille pour l’exportation qui nous permet de payer le pétrole que nous n’avons pas) ; mais tout aussi stupide et dangereux est le projet de nous dissoudre dans un vaste ensemble au sein duquel chaque nation d’Europe aurait perdu son identité, ses spécificités, bref ce qui fait l’une des richesses de notre continent.
Face aux grandes puissances comme les États-Unis et la Chine, disposant de capacités de domination qui augmentent de manière exponentielle, il est indispensable que nos nations coopèrent activement et partagent sur les domaines nouveaux qui conditionneront notre liberté dans les années à venir. Sinon nous serons inexorablement dominés, vassalisés, soumis aux intérêts de ces puissances étrangères.
C’est particulièrement vrai dans le domaine militaire et notamment pour ce qui concerne le renseignement, l’espace et la cyberguerre. Mais là comme ailleurs, ces coopérations renforcées qu’il faut développer dans les domaines hautement stratégiques exigent une volonté et des efforts considérables s’inscrivant dans la durée de la part des États qui sont les plus déterminés. Dans tous les cas, l’Europe, sans permettre aux nations d’économiser, suscitera des synergies significatives. Mais surtout, elle contribuera à faire que nos pays restent libres.
C’est l’enjeu majeur et urgent auquel doivent faire face les nations européennes. Unis nos pays peuvent rentrer à nouveau dans le jeu mondial ; isolés, chacun d’eux sera balloté au gré des intérêts des grandes puissances. Il faut méditer les exemples de Galileo, d’Ariane et d’Airbus, et se persuader que l’Europe peut être le cadre dans lequel, par des coopérations renforcées dans des domaines stratégiques, chaque nation pourra rester elle-même.
La RÉDACTION de l’ASAF