En 2018, la force Barkhane a mené plus de 120 opérations de combat et 70 projets civilo-militaires

En 2018, la force Barkhane a mené plus de 120 opérations de combat et 70 projets civilo-militaires

http://www.opex360.com/2019/01/13/en-2018-la-force-barkhane-a-mene-plus-de-120-operations-de-combat-et-70-projets-civilo-militaires/

 

L’année 2018 aura été intense pour la force Barkhane, les « points de situation » publiés chaque semaine par l’État-major des armées [EMA] en témoignent. Cependant, comme le général Francois Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] a eu l’occasion de le souligner, les succès obtenus lors des différentes opérations menées ne se mesurent pas forcément par le niveau des pertes infligées aux groupes armés terroristes [GAT] qui sévissent dans la région.

« Ce qui est extraordinaire, c’est que nous gênons aujourd’hui l’ennemi là où nous sommes. Encore une fois, cela ne se compte pas en nombre de morts. Cela se compte en présence, en suprématie que nous exerçons sur cet ennemi qui, par conséquent, ne peut plus terroriser les populations et qui n’a plus autant de liberté pour se mouvoir dans un espace et pour se substituer à l’État comme il le faisait auparavant. C’est ce rapport de force inversé qui est le gage du succès », avait en effet expliqué le général Lecointe aux députés, en juillet 2018.

Quoi qu’il en soit, et selon un bilan avancé par l’EMA le 12 janvier, la force Barkhane a mené pas moins de 120 opérations de combat au cours de l’année 2018, lesquelles ont représenté « autant de défis logistiques face aux immensité sahéliennes. » Et elles ont permis de porter de rudes coups aux jihadistes, avec les « neutralisations de trois chefs de katibas majeures » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmants [katiba Macina, la katiba 3A, et la katiba Al Mourabitoune (*)], ainsi qu’avec celles de nombreux cadres et logisticiens de l’État islamique au Grand Sahara [EIGS].

« Ces actions ont non seulement permis de désorganiser profondément les groupes armés terroristes mais également d’encourager les efforts placés par les forces armées maliennes et les forces armées nigériennes dans leur reprise en main de la sécurité, tout particulièrement dans les régions du Liptako et du Gourma », fait valoir l’EMA.

Dans son bilan, l’état-major souligne l’importance des contributions britanniques [hélicoptères CH-47 Chinook], estoniennes [une compagnie déployée à Gao] et espagnoles [avions de transport]. En outre, poursuit-il, l’année 2018 a aussi « vu s’accroître la coopération avec le partenaire américain », sans donner plus de détails.

Cela étant, malgré cet effort, la menace jihadiste reste persistante, notamment au Burkina Faso, où l’état d’urgence a été décrété dans plusieurs régions en raison de l’intensification des attaques terroristes [ce qui a valu au général Ouama Sadou, le chef d’état-major des armées burkinabè, d’être limogé]. À noter que le Niger a également instauré l’état d’urgence dans les secteurs frontaliers avec le Burkina. En outre, au Mali, des tensions communautaires persistantes, qui ont donné lieu à des exactions, restent préoccupantes. Sans oublier la persistance des trafics qui financent les terroristes.

Aussi, la mise sur pied de la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S] constitue un élément important pour le combat contre les GAT, même si des doutes concernant ses déficits capacitaires s’expriment. En tout cas, Barkhane a multiplié les séances d’instruction opérationnelle avec les forces partenaires. Depuis 2014, avance l’EMA, ce sont « plus de 8.700 soldats qui ont suivi une action de formation particulière », que ce soit dans les domaines du tir, de la lutte contre les engins explosifs improvisés, la coordination des feux et le sauvetage au combat.

Enfin, si l’attention se porte généralement sur les actions « cinétiques » de Barkhane contre les GAT, la force française conduit aussi de nombreuses opérations civilo-militaires au profit des populations civiles.

Ainsi, le Service de santé des armées [SSA] a une nouvelle fois été très sollicité, en réalisant, chaque jour et en moyenne, plus de 70 consultations médicales et 300 soins. La force Barkhane s’implique également dans le développement local : 70 projets concernant l’accès à l’eau, l’agriculture, l’énergie ou encore à l’éducation ont été réalisés.

L’an passé, l’effort a notamment porté sur la région du Liptako [axe Asongo-Ménaka], en particulier dans le domaine de « l’agropastoralisme puisque cinq projets de ce type ont été réalisés parmi lesquels la création d’un maraîchage à in Délimane ou la rénovation de la laiterie de Ménaka », détaille l’EMA.

Pour l’année 2019, la Force Barkhane n’entend pas lever le pied. Elle « poursuivra ses efforts pour faire progresser de manière tangible le processus de paix, accentuer la lutte contre les GAT pour les mettre à portée des forces de sécurité locales, entraîner l’ensemble de ces forces vers une plus grande autonomisation, et concourir à la mise en place des actions de développement et au retour de la gouvernance au profit des populations », assure l’état-major, qui n’oublie pas la mémoire de l’adjudant Emilien Mougin, le maréchal des logis Thimoté Dernoncourt, le caporal Abdelatif Rafik et le brigadier-chef Karim El Arabi, lesquels ont perdu la vie au Sahel, en 2018.

En tout cas, cette nouvelle année a commencé sur le même rythme que 2018, comme l’a montré l’opération menée le 4 janvier dans la forêt de Serma, au Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso, avec le démantèlement d’un camp d’entraînement jihadiste.

[*] Le chef d’al-Mourabitoune au Mali était Abou Hassan al-Ansari, considéré comme étant le bras droit Mokhtar Belmokhtar, supposé tué par une frappe française en Libye effectuée en novembre 2016.