En construction, la frégate de défense et d’intervention Amiral Ronarc’h aurait été la cible d’un sabotage
Cela étant, ce cas de sabotage « présumé » n’est pas isolé… En effet, selon des informations révélées par « Le Télégramme », la Frégate de défense et d’intervention [FDI] Amiral Ronarc’h, première d’une série de cinq unités, a été visée par des « actes de malveillance », alors qu’elle est encore en construction à Lorient. Ainsi, comme le HMS Glasgow, « plusieurs câbles ont été volontairement sectionnés ». Les faits se seraient produits il y a « quelques semaines », avance le quotidien.
Une plainte a été déposée par Naval Group après la découverte de ce sabotage. Le parquet de Rennes, compétent pour les affaires militaires, a été saisi de cette affaire. Une enquête pour « destruction de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation » a été ouverte. Les investigations ont été confiées à la Gendarmerie maritime.
Par ailleurs, Naval Group a indiqué avoir renforcé la surveillance de son site de Lorient. Mais il ne souhaite pas donner plus de détails sur ces actes de malveillance ayant visé la FDI Amiral Ronarc’h, lancée en novembre 2022. La même discrétion est de mise du côté de la justice. « eu égard au contexte de ces faits, je n’envisage d’apporter aucune précision sur leur matérialité », a confié Philippe Astruc, le procureur de Rennes.
Au regard du contexte international, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait évoqué, en septembre 2022, un « risque de sabotage contre les chaînes de production des industriels français de l’armement ». Et d’ajouter : « Nous constatons et nous surveillons un certain nombre d’agissements. Je n’irai pas plus loin parce que cela est couvert par le secret ».
Il n’est pas impossible que des actes de sabotages aient un rapport avec le climat social et politique. En tout cas, le Directeur du renseignement et de la sécurité de la Défense [DRSD], le général Philippe Susnjara, n’a pas écarté cette hypothèse lors d’une récente audition parlementaire.
« D’une manière générale, nous suivons l’ensemble de la radicalisation, qui se développe malheureusement dans la société actuelle. […] Nous suivons la présence de l’ultradroite au sein des armées, mais il n’y a pas de sujet particulier : nous prenons les mesures d’entrave, en lien avec le commandement, lorsqu’elles sont nécessaires. Et nous agissons de la même façon avec l’islam radical. Pour l’ultragauche, la situation est opposée puisque nous avons plutôt affaire à des gens qui pourraient viser la BITD [Base industrielle et technologique de défense, ndlr] ou les institutions de l’extérieur : là, nous travaillons de manière coordonnée avec les autres acteurs du renseignement », avait-il expliqué.
Pour rappel, affichant un déplacement de 4500 tonnes pour une longueur de 122 mètres, la FDI est conçue selon une « architecture numérique innovante lui permettant de s’adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles ». En plus, notamment, d’un sonar de coque, d’un radar Sea Fire 500 à quatre antennes planes fixes entièrement numérique et d’un mât unique rassemblant l’intégralité des capteurs aériens, elle sera dotée de deux lanceurs de 8 missiles Aster 30, d’une tourelle de 76 mm, de canons de 20 mm télé-opérés. de torpilles MU-90 et de missiles anti-surface Exocet.
Selon le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, la Marine nationale en comptera trois unités à l’horizon 2030, les deux dernières devant lui être livrées avant 2035. Par ailleurs, la construction de la première des trois FDI commandées par la Grèce a commencé en octobre 2022, à Lorient.