ENQUÊTE Qu’est-ce qu’une “mission souveraineté” ? Un para de Carcassonne témoigne de son expérience en Nouvelle-Calédonie
Les missions spéciales de l’Armée française, OPEX pour opération extérieure et OPINT pour opération intérieure n’ont pas toutes pour objectif d’engager le combat, évacuer des ressortissants français et alliés, ou stabiliser des zones dangereuses. Chef de section d’une compagnie de combat du 3e RPIMa de Carcassonne, le lieutenant Kévin, 31 ans, est déjà parti à la Réunion, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie en “mission de souveraineté”. Récit.
Ses sept ans de service fêtés ce 4 octobre 2023, le lieutenant Kévin, dont nous ne dévoilons pas le patronyme pour des raisons évidentes de sécurité, ne les a pas vus passer. Natif de Sète, dans l’Hérault, où il a grandi et étudié, l’officier a intégré l’armée “par le bas de l’échelle”, comme il dit. Militaire de rang, il s’est formé au sein du 3e RPIMa jusqu’à obtenir deux galons et diriger aujourd’hui la première section de la 4e compagnie de combat du régiment de parachutistes d’infanterie de marine stationné à Carcassonne.
Une trentaine de soldats sous ses ordres, Kévin n’est pas encore parti en zone de conflit. Par contre, il enchaîne les “missions de courte durée”. La Réunion, la Guyane, puis récemment la Nouvelle-Calédonie. “Cette année, on y est resté en poste quatre mois”, précise-t-il. Une vingtaine d’hommes sous son commandement, Kévin, a mené sur site une “mission de souveraineté”. La tâche consiste “essentiellement à la garde de prises et d’installations militaires et à des tournées en province”. Puis, vient le temps de l’immersion dans les tribus kanakes. “Il y a tout un rituel à suivre pour se faire accueillir dans une de ces communautés avec qui on va ensuite tout partager.”
Au soutien des Kanaks fortement préoccupés par la montée des eaux
Ensemble, ses troupes en uniforme et les Kanaks mangent, dorment et travaillent à la rénovation des bâtiments, à la construction d’écoles… “Là-bas, ils sont fortement préoccupés par la montée des eaux due au changement climatique, nous avons donc collaboré à la destruction de structures en danger et à leur réédification sur des terres moins à risques. On les a aidés au mieux”, s’enthousiasme le chef, heureux d’avoir voyagé à 17 000 kilomètres de l’Hexagone.
“Avec mes gars âgés de 20 à 22 ans qui ne sont jamais sortis de chez eux, cette rencontre avec des Français du Pacifique a été extraordinairement enrichissante. En même temps, elle a été l’occasion pour le peuple calédonien de voir que la métropole ne les oublie pas. Elle les soutient”, appuie le jeune gradé dont le rôle ne s’arrête pas là. Sa section porte également assistance aux populations en cas d’inondation, cyclone, tremblement de terre, éruption volcanique et autres catastrophes naturelles. “On assiste l’État et les secours, on procède à des évacuations, on apporte de la nourriture…” , détaille-t-il, abordant aussi les exercices communs réalisés avec des pays de l’Otan, les États-Unis, le Japon, l’Australie, Fidji et les Tonga.
“En quatre mois, on a le temps de s’entraîner, faire du terrain, du tir, de l’approche tactique”, complète le père de famille. Comblé, il attend son deuxième enfant pour la fin de l’année. “Mon épouse vit bien ma passion pour l’armée, elle n’est pas jalouse des liens tissés au sein de ma section, on adore nos retrouvailles”, sourit Kévin emballé par sa nouvelle opération intérieure prévue pour le semestre prochain. Encadrer une quarantaine “de bleus” prêts à faire leurs classes au sein du “3”.