La DGA précise les caractéristiques de l’hélicoptère NH-90 TTH « Caïman » dédié aux forces spéciales
Lors d’une audition à l’Assemblée nationale réalisée dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances [PLF] 2021, le 6 octobre, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé la commande de dix hélicoptères NH-90 TTH « Caïman » pour les besoins du 4e Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales [RHFS]. Cette commande, notifiée à NHIndustries, était prévue par la Loi de programmation militaire [LPM].
Jusqu’à présent, peu de détails ont été donnés sur cette version « forces spéciales » du NH-90, si n’est qu’il était question d’intégrer le système « Eurofl’eye », une caméra « grand champ » qui, développée par Safran, offre un angle de vision à 210° et permet une restitution en 3D, infrarouge et indépendante pour chaque membre de l’équipage de l’environnement dans lequel évolue d’appareil. Une étude portant sur cette capacité avait été lancée par la Direction générale de l’armement [DGA] en octobre 2018.
Cela étant, trois jours après l’annonce de Mme Parly, la DGA a précisé que, « dix-huit mois après le lancement des études préparatoires, menées en partie en coopération avec la Belgique et l’Australie, la NAHEMA [NATO HElicopter Management Agency] » venait de notifier, en son nom, le « contrat de développement de la version ‘forces spéciales’ du NH-90 » et qu’un « avenant au contrat de production des 74 TTH commandés au profit de l’armée de Terre avait également été notifié pour couvrir la modification des dix derniers appareils au standard ‘forces spéciales’. »
Dans son communiqué, la DGA explique que les principales améliorations qui seront apportées au NH-90 FS porteront dans un premier temps sur l’intégration d’une boule optronique Euroflir 410 de nouvelle génération fournie par Safran Electronics & Defense, ce qui permettra d’améliorer la détection des obstacles et des menaces, en vol tactique et dans n’importe quelle condition.
Pouvant recevoir dix senseurs différents en fonction des besoins et offrant, s’agissant de l’imagerie, quatre bandes spectrales complémentaires permettant l’identification à longue distance [TV, couleur, proche infrarouge, infrarouge et SWIR – pour voir à travers la fumée ou les nuages et détecter des objets dans l’eau], la boule Euroflir 410 va également équiper les drones tactiques Patroller de l’armée de Terre ainsi que les hélicoptères Dauphin N3 et H160 loués par la Marine nationale afin de patienter jusqu’à la mise en service du Guépard.
Une autre modification, précise la DGA, donnera la possibilité d’utiliser « l’issue arrière du TTH pour les opérations d’aérocordage avec autoprotection par les portes latérales ». En outre, plusieurs améliorations concernant la soute du NH-90 permettront « entre autres d’utiliser l’issue arrière en vol ou d’afficher la vidéo du système optronique d’observation au profit des personnels en soute. » Et il est question d’installer des « provisions électriques et mécaniques » pour l’intégration ultérieure d’autres systèmes qui sont probablement les plus importants.
Ainsi, le casque TopOwl, de Thales, passera de l’analogique au numérique, ce qui offrira de nouvelles capacités, comme l’affichage vidéo haute résolution des senseurs de pilotage et de mission, la réalité augmentée et l’affichage de symbles tactiques en 3D. « Cet équipement sera commun avec le prochain standard 3 de l’hélicoptère d’attaque Tigre », indique la DGA. Enfin, la caméra Eurofl’Eye sera associée au casque TopOwl, améliorera les « conditions de pilotage en environnement dégradé ».
« Les évolutions du NH90 FS, qui suscitent de l’intérêt d’autres pays déjà équipés de cet hélicoptère, ne sont pas destinées à l’usage exclusif des forces spéciales. En effet, la plupart de ces nouvelles capacités seront également utiles à l’Aviation légère de l’armée de Terre pour augmenter la couverture opérationnelle du TTH », souligne la DGA.
Cela étant, ces améliorations pourraient aussi profiter aux NH-90 NFH de la Marine nationale. C’est en effet ce qu’ont sous-entendu les députés Jean-Jacques Ferrara et Jean-Pierre Cubertafon, dans leur rapport réalisé dans le cadre d’une « mission flash » sur les hélicoptères des forces armées.
« Pour la marine, l’augmentation du parc à hauteur de dix appareils N90 NFH permettrait de lui donner les moyens de satisfaire le contrat opérationnel à l’horizon 2035, de renforcer notamment
les moyens logistique du groupe aéronaval, aujourd’hui sous dimensionnés, d’assurer les alertes contreterrorisme maritime et le besoin des forces spéciales mer », ont estimé les deux parlementaires.
Mais sans aller jusqu’à une telle commande, ils ont aussi rappelé que la version navale du NH-90 doit « faire l’objet d’une rénovation à mi-vie indispensable pour lui donner une capacité d’évolution au-delà de 2030 », dans les domaines de la guerre électronique, de l’auto-protecton, de l’armement anti-navire léger et des calculateur de mission.
En attendant, le 4e RHFS ne disposera de ses cinq premiers NH-90FS qu’en 2025, les cinq suivants devant lui être livrés l’année suivante.
Photo : © DGA