La France absente des signataires de la mise en garde collective aux Houthis
par Philippe Chapleau – Lignes de Défense – publié le 4 janvier 2024
https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/
Une coalition de 12 pays menés par les États-Unis ont exhorté mercredi les Houthis du Yémen à cesser “immédiatement leurs attaques illégales” de navires marchands en mer Rouge, faute de quoi ces rebelles, proches de l’Iran, en assumeront les “conséquences”.
L’avertissement intervient alors que la multiplication des attaques dans cette zone stratégique (déjà 24 attaques recensées), qui voit passer 12% du commerce maritime mondial, ont poussé 18 armateurs selon l’Organisation maritime internationale à éviter la mer Rouge, faisant flamber les coûts du transport. Par exemple, le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé le quasi doublement de ses tarifs de fret à partir du 15 janvier pour les échanges entre l’Asie et la Méditerranée, en raison des attaques des Houthis contre des navires marchands en Mer Rouge. Pour un conteneur de 20 pieds, il en coûtera 3 500 dollars contre 2 000 dollars jusqu’à présent. Le transport d’un conteneur de 40 pieds entre l’Asie et la Méditerranée occidentale va passer de 3 000 dollars à 6 000 dollars. Le tarif pour un conteneur de 40 pieds passera lui de 3 200 à 6 200 dollars pour les échanges entre l’Asie et la Méditerranée orientale.
“Notre message doit être clair: nous demandons l’arrêt immédiat de ces attaques illégales et la libération des navires et des équipages détenus illégalement“, a affirmé cette coalition de 13 pays dans un communiqué diffusé par la Maison Blanche.
“Les Houthis devront porter la responsabilité des conséquences s’ils continuent à menacer des vies, l’économie mondiale et la libre circulation du commerce dans les voies navigables essentielles de la région“, ajoute le texte. Les Etats-Unis, l’Australie, Bahreïn, le Canada, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, le Danemark, Singapour et les Pays-Bas en sont signataires.
La France n’est pas signataire de ce communiqué (l’Inde non plus, par exemple, alors qu’elle déploie aussi des navires de guerre). L’absence notable de la France a toutefois été relevée mercredi lors de la conférence de presse quotidienne du coordinateur de la communication stratégique du NSC américain, John Kirby. Voici sa réponse:
Kirby, sans nommer la France, a rappelé que 44 nations sont engagées dans Prosperity Guardian. La France en est, même si elle a gardé la main sur ses moyens militaires (la FREMM Languedoc).
L’absence de la France dans la liste des signataires du communiqué de mercredi (alors qu’elle a signé l’appel conjoint du 20 décembre) semble contredire la détermination du président Macron qui, cité par le Canard enchaîné, aurait confié à des proches qu’il est probable que “la France ne se limitera pas à des actions défensives face aux Houthis”.
Faut-il s’attendre à une signature tardive? Ou au maintien d’une posture prudente par crainte d’une escalade militaire en mer Rouge?