La France va participer à un projet européen de robot militaire terrestre conduit par l’Estonie
En matière de robotique militaire, l’Estonie a quelques atouts à faire valoir, notamment avec le robot THeMIS [Tracked Hybrid Modular Infantry System] qui, développé par Milrem Robotics, fait actuellement l’objet d’une expérimentation à Gao, au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane.
Ce robot présente l’avantage d’être modulaire, c’est à dire qu’il peut s’adapter à différents profils de mission. Pouvant être éventuellement armé [par une mitrailleuse FN Herstal, un canon de 30 mm ou bien encore par des Missiles Moyenne Portée conçus par MBDA], il est surtout utilisé pour faire de la surveillance [quand il est associé à un drone] et du transport. Dans ce domaine, il fait office de « mule », avec une capacité d’emport de 730 kg. Il est aussi possible de l’utiliser pour tracter un canon ou dégager une voie.
Par ailleurs, parmi les projets retenus au titre de la Coopération structurée permanente [CSP/PESCO] au sein de l’Union européenne, le développement d’un « système modulaire sans pilote » [MUGS] fait partie des priorités susceptibles de bénéficier d’un financement du Programme européen de développement de l’industrie de Défense [PEDID], lequel s’effacera à partir de 2021 devant le Fonds européen de défense [FEDef], doté de 13 milliards d’euros pour la période 2021-27.
Aussi, l’Estonie a-t-elle était retenue pour conduire le projet MUGS. Le 23 août, une nouvelle étape a été franchie avec la signature, à Tallinn, d’un accord avec l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la Finlande, la France et la Lettonie afin de développer un tel système robotisé.
« Nous sommes parvenus à un accord sur les besoins opérationnels militaires des véhicules terrestres sans équipage. C’est le résultat d’un an et demi et de plusieurs milliers d’heures de négociations. Notre ambition n’est rien de moins que de développer un F16 de systèmes terrestres sans équipage », a commenté Kusti Salm, le directeur général du Centre estonien pour les investissements dans la défense, dans le colonnes du journal « The Baltic Times ».
Selon ce dernier, ce projet sera en parte financé à hauteur de 30,6 millions d’euros par le PEDID, le reste devant être apporté par les pays participants. Le premier prototype sera dévoilé en 2021.
Pour rappel, le projet retenu dans le cadre de la Coopération structurée permanente précise qu’il s’agit de développer une plateforme multi-missions qui, capable de « transporter différentes charges utiles » [fret, capteurs, drone captif, etc], devra avoir une fonction de navigation autonome. Et le tout en étant interopérable avec les systèmes C4 [Command, Control, Communications, Computers] existants et résilient en matière de guerre électronique/cyber.
Le projet vise à mettre au point « un véhicule terrestre sans pilote doté d’un système de contrôle, d’une solution de cybersécurité et d’un réseau de capteurs intégré. Les fonctions opérationnelles initiales du système consisteront à améliorer la connaissance de la situation sur le champ de bataille et à accroître la maniabilité et les capacités de transport des unités », a ainsi résumé le ministère estonien de la Défense.
« C’est l’un des projets les plus ambitieux des programmes de la CSP et du PEDID. Il est préparé depuis des années par les ministères de la Défense des pays participants et l’industrie de la défense. Pour ce projet, nous avons les meilleurs partenaires en Europe, avec lesquels nous avons jeté des bases très solides pour l’établissement d’une norme européenne pour les véhicules terrestres habités », a par ailleurs fait valoir M. Salm.
Pour rappel, un projet est éligible à un financement du FEDef [ou du PEDID] s’il réunit au moins trois entreprises issues de trois États européens différents. Aussi, des PME françaises pourraient être sollicitées, comme Tecdron ou bien encore Sharks Robotics