La fusée Ariane 6 a enfin mis le satellite militaire d’observation CSO-3 en orbite
Initialement prévu en décembre, le premier vol commercial [mission VA263] de la fusée Ariane 6 avait finalement été reprogrammé pour le 26 février. Seulement, Arianespace prit sagement la décision de le reporter à nouveau de quelques jours, « suite à des opérations additionnelles nécessaires sur le moyen au sol ». Et le décollage, depuis le Centre spatial guyanais [CSG] de Kourou, devait avoir lieu le 3 mars.
Seulement, quelques minutes avant le compte à rebours, le lancement fut une nouvelle fois annulé, une vanne s’étant avérée « dysfonctionnelle » au niveau de « l’un des tuyaux qui permettent d’avitailler le lanceur ». Combien de temps allait durer ce nouveau contretemps ? Cela « dépendra de notre capacité à trouver rapidement la source de l’erreur et surtout […] une solution », avait alors expliqué David Cavaillolès, le directeur exécutif d’Arianespace.
« Le lanceur va bien, il est sain, le satellite aussi », avait-il assuré, en faisant référence au satellite militaire d’observation CSO-3 [composante spatiale optique].
Les ingénieurs et les techniciens n’auront mis que trois jours pour trouver une solution. En effet, ce 6 mars, le lanceur Ariane 6 a enfin décollé de Kourou, à 17 h 24 [heure de Paris], et placé CSO-3 sur une orbite héliosynchrone à environ 800 km d’altitude, après 1 heures et 6 minutes de vol.
« Le lancement réussi de CSO-3 est un grand jour pour l’espace européen et marque le début de l’exploitation commerciale d’Ariane 6. Avec ce nouveau succès, nous consolidons notre indépendance d’accès à l’espace et contribuons à garantir la souveraineté de nos concitoyens. C’est un honneur pour Arianespace d’avoir livré en orbite l’ensemble du système CSO et d’avoir accompagné la France et ses partenaires européens dans cette mission stratégique. Je remercie le ministère des Armées, le commandement de l’espace, la direction générale de l’armement et le CNES pour leur confiance renouvelée », s’est félicité M. Cavaillolès.
Pour rappel, CSO-3 aurait dû être opérationnel dès 2021. Mais le retard pris dans la mise au point d’Ariane 6 et l’impossibilité de recourir à un lanceur russe de type Soyouz après le début de la guerre en Ukraine ont contrarié les projets du ministère des Armées en général… et de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] en particulier.
Mené dans le cadre du projet européen MUSIS [Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, reconnaissance and observation], le programme CSO repose sur une constellation de trois satellites d’observation aux capacités significativement accrues par rapport à leurs prédécesseurs, à savoir Helios 2A et Helios 2B.
Les deux premiers engins, CSO-1 et CSO-2, avaient été lancés par une fusée Soyouz en 2018 et en 2020. Le premier a été mis sur une orbite phasée, à 800 km d’altitude, tandis que le second évolue à une altitude de 480 km, ce qui lui permet de photographier des sites d’intérêt en « extrême haute résolution ».
Le fait que CSO-1 et CSO-3 évoluent à la même altitude donne à l’AAE une capacité de « revisite » qui lui faisait défaut jusqu’à présent. D’une masse d’environ 3,5 tonnes, ces engins sont « manoeuvrants » et peuvent prendre des images à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge d’une même zone géographique sous plusieurs angles. Les trois satellites de la constellation CSO ont été conçus pour une durée de vie de dix ans, précise le ministère des Armées.
Aussi, ce dernier, via la Direction générale de l’armement, prépare déjà la suite, avec le programme IRIS [Instruments de renseignement et d’imagerie spatiale]. Lancé en 2019, il vise à développer et à mettre sur orbite deux « satellites aux performances et la réactivité accrues ».