Le Griffon MEPAC délivre ses premiers feux dans l’armée de Terre

Le Griffon MEPAC délivre ses premiers feux dans l’armée de Terre

– Forces opérations Blog – publié le

Dans le mille pour la version « mortier embarqué pour l’appui au contact » (MEPAC) du Griffon, point d’orgue d’une démonstration organisée la semaine dernière sur le camp de Canjuers (Var). Une séquence réussie devant 11 armées étrangères et un prélude aux premières perceptions par les régiments d’artilleri

« Feu ! ». L’ordre aura retenti une dizaine de fois en l’espace d’une minute, le temps pour l’équipage du Griffon MEPAC de tirer autant d’obus de 120 mm avant de plier bagage. Dernier arrivé dans la famille de véhicules blindés SCORPION, ce Griffon conçu autour du mortier semi-automatique 2R2M de Thales était livré il y a peu à la Section technique de l’armée de Terre (STAT) pour lui permettre de mener une évaluation technico-opérationnelle (EVTO).

Lancée il y a deux semaines, cette EVTO est désormais achevée en ce qui concerne le système principal. Pour les experts de la STAT, il s’agissait de se rapprocher d’un environnement opérationnel pour vérifier point par point si le MEPAC répond aux exigences exprimées en 2018 par l’état-major de l’armée de Terre, nombreuses séquences de tirs à la clef. 

D’autres évaluations auront lieu de manière décentralisée. La décontamination, par exemple, sera conduite en mai-juin avec l’appui des spécialistes NRBC du 2e régiment de dragons de Fontevraud. Des essais par temps froid et temps chaud seront potentiellement réalisés à la faveur d’exercices interalliés ou de projections parmi les forces françaises stationnées en dehors de l’Hexagone. Mais la poursuite de l’évaluation ne devrait pas empêcher l’EMAT de prononcer l’autorisation d’emploi d’ici peu.

Engagé en 2018, le développement du Griffon MEPAC se poursuivait en 2022 avec des essais industriels puis étatiques. Actée en décembre 2024, sa qualification aboutit aujourd’hui à « une arme extrêmement intéressante, nouvelle pour l’armée de Terre », expliquait le lieutenant-colonel Jean-Marie, officier de marque au sein de la STAT. « Ce sont les capacités dont nous avons besoin », complétait le général de division Alain Lardet, sous-chef d’état-major « plans et programmes » de l’EMAT, devant une famille de véhicules SCORPION au garde-à-vous.

Cette variante spécifique allie en effet la précision du CAESAR et la mobilité du Griffon pour au final offrir « une extrême rapidité de mise en œuvre et de rupture de contact », comme démontré sur le site varois de Ranguis. Contrairement à son équivalent tracté, le MEPAC dispose d’une centrale inertielle équivalente à celle du CAESAR. Un outil qui permet de réduire le temps de mise en batterie tout en apportant une précision de l’ordre du millième de radian. Moins d’une minute suffit en effet au MEPAC pour s’arrêter et tirer son premier obus, un délai presque dix fois inférieur à celui du mortier tracté Mo 120. 

Avec 12 coups tirés en 90 secondes, le MEPAC permet également de gagner en cadence de tir. Identique à celui du Mo 120 RT F1, son portfolio de munitions l’amènera lui aussi à cibler prioritairement l’infanterie débarquée et les blindés légers mais en bénéficiant cette fois d’une réelle protection. Le tout pratiquement à 360°, l’armée de Terre s’interdisant d’orienter le tube vers l’avant du véhicule pour éviter que le souffle n’endommage le tourelleau téléopéré qui y est installé. 

« C’est un atout extraordinaire pour un chef interarmes que de pouvoir délivrer des feux aussi précis aussi rapidement. Dans le combat moderne, il faut augmenter la létalité et la survivabilité », observait le GDI Lardet, selon qui « un MEPAC, cela vaut bien deux ou trois mortiers tractés »

Le Giffon MEPAC « reste un mortier avant tout », note pour sa part l’officier supérieur de la STAT. Un fonctionnement dégradé restera possible. Sans centrale inertielle, par exemple, compensée par le goniomètre utilisé par les artilleurs du mortier tracté. Et si l’asservissement hydraulique du mortier devient défaillant, il restera toujours un circuit de secours pour pointer la pièce à l’aide d’une pompe manuelle. 

À l’instar des autres versions du Griffon, les 54 MEPAC attendus à l’horizon 2028 seront réceptionnés par le 1er régiment de chasseurs d’Afrique, unité chargée de conduire la les vérifications de bon fonctionnement puis de livrer les véhicules aux régiments concernés. Les deux prochains exemplaires seront livrés en avril et mai au profit de l’École de l’artillerie de Draguignan et de l’École du matériel de Bourges pour commencer au plus tôt l’appropriation par les chefs de pièce et la formation des maintenanciers. 

Huit autres sont attendus pour commencer à doter les régiments d’artillerie, bigors en tête. « La production est lancée, et c’est le 3e régiment d’artillerie de marine qui va recevoir les premiers mortiers embarqués », annonçait le GDI Lardet. Complémentaire plutôt qu’antinomique de la technologie, « la masse est importante ». « Nous réfléchissons – l’armée de Terre – à augmenter cette dotation », annonçait-il. Idem pour des Griffon « équipés de moyens d’observation pour l’artillerie » que le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, citait fin 2024 comme exemple d’autre cible à rehausser.