Le ministre des Armées confirme la commande du porte-avions de nouvelle génération en 2025
Dévoilé le 11 octobre, le projet de loi de finances pour l’exercice 2025 prévoit de porter le montant des crédits de la mission « Défense » à 50,54 milliards d’euros [soit + 3,3 milliards], conformément à la trajectoire financière définie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Et cela dans un contexte marqué par une dégradation significative des finances publiques, doublée par une situation politique incertaine, ce qui aura des incidences sur le débat budgétaire à l’Assemblée nationale.
Quoi qu’il en soit, le ministère des Armées est l’un des rares à échapper à la cure d’austérité qui s’annonce. Ce qui peut engendrer de l’incompréhension parmi une partie de l’opinion publique… Le ministre, Sébastien Lecornu, en est d’ailleurs conscient, en affirmant qu’il avait un « devoir vis-à-vis des contribuables, citoyens et électeurs » en faisant en sorte que cet argent « soit bien employé ».
Mais, ce 14 octobre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, M. Lecornu a soutenu que le ministère des Armées avait déjà payé son écot au redressement des finances publiques.
« On a [eu] des dividendes de la paix qui ont été emmenés un peu loin dans les années 2000 et dont on voit bien que les effets ont été durables sur nos capacités militaires. […] On avait, globalement, pendant vingt ans, une richesse nationale qui avait augmenté de plus de 50 % et des dépenses militaires mondiales qui avaient augmenté de 18 % pendant que nos dépenses militaires nationales diminuaient de 17 % », ce qui s’est traduit par la suppression de 54 000 postes, d’un régiment de l’armée de Terre sur deux et de 11 bases aériennes. Et le ministre de relever également que la Marine nationale avait « 311 000 tonnes d’acier à la mer dans les années 1980 » contre 287’000 tonnes en 2019.
Pour le moment, le ministère des Armées n’a pas publié le détail des livraisons et des commandes prévues en 2025. Mais devant les députés de la commission de la Défense, M. Lecornu en a donné les grandes lignes.
Ainsi, sans entrer dans les détails, un effort plus important que prévu sera fait sur les munitions dites complexes, avec une enveloppe de 1,9 milliard d’euros [+ 27 %, soit 400 millions d’euros de plus par rapport à l’exercice 2024] et il est question de renforcer les capacités permettant d’éviter un « contournement par le bas de la dissuasion ». L’espace bénéficiera d’un investissement de 870 millions d’euros [soit + 15 %] tandis que le renseignement et le cyber verront encore leurs crédits progresser [environ 13 % de plus]. Enfin, il s’agira d’accélérer le développement d’armes à énergie dirigée ainsi que les moyens relatifs aux grands fonds marins.
Mais le « gros » morceau reste encore le porte-avions de nouvelle génération [PA NG] puisque, a annoncé M. Lecornu, le ministère des Armées notifiera sa commande aux industriels l’an prochain.
« L’année 2025 sera celle de la passation de commande du porte-avions de nouvelle génération », a simplement lâché M. Lecornu.
Jusqu’à présent, cette échéance était incertaine. Et probablement qu’elle suscitera quelques commentaires négatifs [le ministre en a eu un avant goût en commission…], d’autant plus que l’investissement prévu devrait s’élever à « une dizaine de milliards d’euros », selon le dernier numéro de Cols Bleus, le magazine de la Marine nationale.
En réalité, le programme de PA NG a en quelque sorte déjà commencé étant donné que, en avril, la commande des « prestations à longs délais d’approvisionnement » ont été notifiées à MO-Porte-avions [la coentreprise de Naval Group et des Chantiers de l’Atlantique] ainsi qu’à TechnicAtome.
« Les prestations concernent la propulsion nucléaire du navire, à savoir : les chaufferies, les enceintes de confinement et la conversion énergie vapeur », avait alors expliqué la Direction générale de l’armement [DGA].
Pour le moment, le programme PA NG est dans sa phase d’avant-projet détaillé, celle-ci devant s’achever avant la fin de l’année 2025. Ce n’est qu’une fois que le dossier de lancement et de réalisation sera prêt que les contrats de développement et de production pourront être notifiés.
Selon Cols Bleus, le PA NG sera « le plus grand navire militaire jamais construit en Europe ». Et pour cause : il affichera finalement un déplacement de 80 000 tonnes [soit 5 000 de plus par rapport à ce qui avait initialement été envisagé] pour une longueur de 310 mètres. De telles dimensions supposent de lancer un chantier colossal à la base navale de Toulon, l’objectif étant de gagner 10 à 15 hectares sur la rade pour y construire des quais et un bassin dédié à ce futur navire.