Pour l’armée de Terre, s’entraîner avec des drones « ne doit pas être plus compliqué qu’une séance de tir »
Et ils participent à la « transparence du champ de bataille » qui, associée à « l’hyper-destructivité assurée par la quantité disponible, la précision et la létalité des armements de tout type » que possèdent les forces ukrainiennes et russes, expliquerait en partie le « blocage tactique » que l’on observe en Ukraine depuis plusieurs mois. En tout cas, telle est l’appréciation de la situation que le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], a livrée via Linkedin.
« L’association de ces deux effets, schématiquement d’une détection simplifiée et d’une destruction facilitée, génère des pertes élevées au moindre mouvement, incitant les belligérants à privilégier la défensive », a expliqué le CEMAT. Aussi, a-t-il continué, « pour les limiter, les combattants recherchent une protection accrue via la dispersion tactique et le recours aux fortifications de campagne ». Ce qui fait que les « gains territoriaux sont rares » et que la « progression tactique est très lente ».
Quelques semaines plus tôt, le général Schill avait estimé que « si l’hélicoptère et le drone ne sont pas l’alpha et l’oméga du combat aéroterrestre », faire l’impasse sur de telles capacités serait « rédhibitoire ». Et que, par conséquent, une « armée de Terre de premier rang » se devait d’être « à la pointe de leur développement et de leur intégration dans la manœuvre ».
Seulement, l’armée de Terre a encore du chemin à faire pour s’approprier pleinement les capacités offertes par les drones, même si elle en comptera environ 4000 à l’horizon 2025 [SDT Patroller, SMDR, Anafi, NX-70, Black Hornet 3, etc.]. En effet, le retour d’expérience du récent exercice interarmées Orion, a révélé « d’importantes disparités d’utilisation » de ces appareils « entre les régiments ».
C’est en effet le constat que le général Schill a fait dans une lettre adressée en juillet aux commandeurs de l’armée de Terre pour y détailler ses priorités pour le second semestre 2023. Aussi leur demande-t-il d’accentuer la préparation opérationnelle en matière d’utilisation des drones. « Le virage de leur emploi régulier par nos unités, en exercice comme en mission, doit être pris sans délai au risque d’un retard qu’il deviendra difficile de combler », écrit-il.
Seulement, la réglementation en matière de sécurité aérienne ne facilite pas forcément les choses.
« Les aspects de la procédure ou de formation sont parfois contraignants mais ne peuvent constituer des obstacles rédhibitoires », estime le CEMAT, qui dit avoir « rappelé l’impératif de lever les freins inutiles dès lors qu’il ne sont pas directement liés à la sécurité », lors d’assises dédiées à cette question, le 5 juin dernier.
« Faire voler des drones ne doit pas être plus compliqué qu’une sortie terrain ou une séance de tir » et les « drones doivent voler dans les unités en 2023 », a conclu le général Schill.
Photo : Novadem