Pour Mme Parly, les écoles militaires sont des « vecteurs d’influence et de rayonnement extraordinaires »
Les suppressions de postes que le ministère des Armées a connues entre 2008 et 2015 ont évidemment affecté le format des écoles militaires françaises. Au point même qu’il avait été proposé de les « ouvrir » au monde civil pour les pérenniser étant donné que les places disponibles qu’elles offraient jusqu’alors avait « drastiquement » diminué.
Or, cette réduction de format des écoles militaires a causé des « dommages collatéraux » dans la mesure où ces dernières accueillaient également de nombreux stagiaires étrangers, notamment originaires d’Afrique, qui occupent actuellement des postes de premier plan au sein des forces armées de leur pays.
« Ces officiers ont souvent accédé à de hautes fonctions militaires et parfois politiques, tout en conservant un attachement particulier à la France, attachement qui constitue l’un de nos atouts majeurs sur le continent », avaient estimé les députés Gwendal Rouillard et Yves Fromion, dans un rapport publié il y a quatre ans.
À l’époque chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Denis Mercier avait partagé ce constat. « Notre vraie plus-value » quand les forces françaises sont amenées à effectuer des missions dans les États africains avec lesquels la France a des accords de défense est que « tous les chefs d’état-major des armées de l’air de ces pays sont issus des rangs de notre École de l’Air », avait-il souligné, avant d’estimer que cela fut la « clé du succès » de l’opération Serval.
Et pour des « économies de bout de chandelle », on « a réduit la voilure », avait-il regretté. Résultat : désormais, le futurs officiers africains vont se former en Chine. Ce qu’avait confirmé, le général Bertrand Ract-Madoux, alors chef d’état-major de l’armée de Terre. « C’est pour des raisons d’économie que l’on accueille moins de stagiaires africains en France », avait-il confié aux deux députés.
Ce qui est vrai pour l’Afrique l’est sans doute aussi pour l’Europe. Lors du dernier passage de la ministre des Armées, Florence Parly, devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le député Philippe Michel-Kleisbauer s’est demandé si la France n’avait pas une part de responsabilité dans le fait que de nombreux pays européens se tournent vers les États-Unis pour se procurer du matériel militaire.
« Je pense à la Roumanie, par exemple, qui a acheté des Patriot aux États-Unis. Tout d’abord, on traite les Roumains assez mal depuis plusieurs années. Ensuite, lorsqu’ils demandent des stages militaires à la France, nous leur en proposons deux ou trois, payants, par an, quand les États-Unis leur en proposent 600 ou 700 », a ainsi détaillé M. Michel-Kleisbauer. « Ne devons-nous pas changer d’attitude vis-à-vis de ces pays amis, qui aiment la France, pour regagner leur confiance et être ceux qu’ils appelleront lorsqu’ils voudront passer une commande? », a-t-il aussi demandé.
Sur la question de l’accueil, en France, de stagiaires étrangers, Mme Parly a répondu que « nous ne jouons pas dans la même cour que les Américains », qui ont des capacités en matière de formation bien plus importances que celles que peuvent proposer les Français.
Qui plus est, a continué la ministre, « la déflation des effectifs que nous avons connue pendant vingt ans n’a pas épargné ces écoles [militaires] ». Toutefois, a-t-elle estimé, le « resserrement de leur format est un problème, car ce sont des vecteurs d’influence et de rayonnement extraordinaires » et « nous sommes sans doute allés un peu trop loin dans ce domaine ». Aussi, a assuré Mme Parly, « nous allons voir s’il est possible, dans la limite de nos capacités, de faire mieux. »