Quelle est la puissance militaire des cinq plus grandes armées européennes et peuvent-elles rivaliser ensemble avec la Russie?

Alors que le grand plan de réarmement de l’Europe a obtenu son premier feu vert, l’idée d’une “coalition des volontaires” fait également son chemin, parallèlement. Une solution défensive envisagée pour contenir la Russie et la contraindre à respecter un (toujours hypothétique) traité de paix avec l’Ukraine. Mais de quels moyens militaires disposeraient les cinq plus puissantes forces européennes et seraient-elles capables de rivaliser ensemble avec l’armée russe?
FRANCE
La France joue un rôle militaire de premier ordre au sein de l’Union européenne, de l’Otan et de l’Onu. Elle dispose de l’arme nucléaire, capable d’être lancée depuis sa flotte sous-marine ou aérienne. Active dans divers endroits du monde, son armée peut entreprendre des missions au long cours mais a souvent dû dépendre de ses alliés, dont les États-Unis, pour les mener à bien. Elle est bien équipée mais pourrait rapidement se retrouver à court de munitions dans le cas d’un conflit à haute intensité. Néanmoins, la France est le seul pays européen à disposer d’une industrie de la défense aussi avancée, et ce dans tous les domaines. Elle jouit en outre d’une totale indépendance, aussi bien dans la production d’armement, de munitions que dans la gestion de la dissuasion nucléaire, contrairement au Royaume-Uni qui dépend de l’assistance américaine. L’armée française dispose de 202.200 soldats actifs et 38.500 réservistes.
ROYAUME-UNI
L’armée britannique est la seule, avec la France, à disposer de l’arme nucléaire, et dispose de 141.100 soldats pour 70.450 réservistes. Elle est prête à être déployée pour les besoins de l’Otan ou dans la zone euro-atlantique. Londres a déjà envoyé des troupes en Pologne et en Estonie, dans le cadre d’opérations de l’Alliance. Le soutien à l’Ukraine a toutefois mis en évidence les faiblesses de son approvisionnement et de nouveaux investissements ont été consentis dans la production de munitions. Le Royaume-Uni s’est engagé à augmenter ses dépenses de défenses à 2,5 % du PIB et envisage d’élaborer un nouvel avion de combat avec l’Italie et le Japon.
ALLEMAGNE
L’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022, a marqué un tournant militaire en Allemagne: une réforme historique de sa politique de sécurité et qui implique désormais de contribuer également davantage à la sécurité de l’Europe. Le pays a pris la tête de l’initiative européenne, Sky Shield, un projet de défense antiaérienne contre les missiles balistiques et qui réunit 23 pays. L’Allemagne améliore également ses propres systèmes de défense antiaérienne et va renforcer le flanc oriental de l’Otan. Elle a notamment l’intention de déployer des troupes en Lituanie d’ici 2027 mais aussi de grossir les rangs de son armée. De nombreuses années de sous-investissements dans le secteur ont toutefois laissé des traces dans la qualité de l’arsenal. L’industrie de la défense bénéficie de bons moyens de production, théoriquement dans tous les secteurs nécessaires. L’armée allemande dispose de 179.850 soldats et 34.100 réservistes.
ITALIE
L’Italie dispose de 161.850 soldats actifs et 14.500 réservistes. Le pays a adopté un plan de réforme de son armée pour entamer sa modernisation et baisser la moyenne d’âge de ses troupes. Elle entreprend parallèlement une refonte de ses services de renseignement et de surveillance. Rome se montre généralement favorable aux initiatives de collaboration européenne en matière de défense et dispose d’une industrie capable de produire toute une série d’équipements militaires, notamment en matière de construction navale ou dans l’aéronautique, via Leonardo, poids lourd mondial du secteur, avec une spécialisation dans la production d’hélicoptères.
POLOGNE
La Pologne considère la Russie comme une menace existentielle et protège déjà sa longue frontière commune avec la Biélorussie, État vassal de Moscou. Son plan de défense 2017-2032 vise à dissuader toute agression russe. Le pays abrite l’un des huit groupements tactiques multinationaux des forces terrestres avancées de l’Otan. Varsovie entend augmenter les capacités de son armée d’ici 2035 et porter son budget de la défense à 3,17 % du PIB. La Pologne dispose à ce stade de 164.100 soldats actifs et 37.500 réservistes et, depuis 2013, de PGZ, l’un des plus grands fabricants d’armes d’Europe.
Et la Russie ?
La Russie dispose théoriquement d’une armée de 1.134.000 soldats actifs et de 1.500.000 réservistes mais ces chiffres sont désormais à relativiser en raison des pertes subies lors du conflit ukrainien et qui varient selon les estimations occidentales. Moscou pourrait avoir perdu plus de 500.000 hommes mais également de nombreux chars, navires et véhicules blindés. Toutefois, l’économie russe est désormais passée à une économie de guerre et produit désormais à grande échelle son équipement, ses armes et ses munitions.