Selon l’Élysée, la future Loi de programmation militaire sera « placée sous le signe de la transformation » des armées
Pour le moment, à part quelques déductions tirées des propos tenus par les chefs d’état-major lors d’auditions parlementaires ou bien de la Revue nationale stratégique, peu de détails concernant cette future LPM sont pour le moment connus… Si ce n’est que l’accent sera mis sur les « forces morales », que les réserves militaires prendront un nouvel essor [avec un effectif doublé], qu’il sera question d’une « économie de guerre », ou encore que la défense aérienne et les feux dans la profondeur devraient être prioritaires, de même que les capacités spatiales et le cyber.
Cela étant, en décembre, le quotidien Le Monde avait avancé que le président Macron rendrait « quelques arbitrages décisifs » d’ici « janvier 2023 ». Nous y sommes… Et rien n’a encore filtré pour le moment. Le locataire de l’Élysée en dira-t-il plus à l’occasion de ses vœux aux armées, le 20 janvier, sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan?
En tout cas, selon la présidence de la République, M. Macron devrait esquisser les grandes lignes de cette future LPM, laquelle sera placée « sous le signe de la transformation des armées », comme l’avait suggéré M. Lecornu.
« On passe d’une logique de réparation à une logique de transformation des armées. On doit pouvoir être plus efficace et performant », a en effet indiqué l’Élysée, ce 18 janvier. Par le passé, la « transformation » du ministère des Armées s’est traduite par des regroupements d’unité, des fermetures de bases et de casernes et des « innovations » ayant donné des résultats malheureux en matière de soutien alors qu’elles étaient censées l’améliorer.
Quoi qu’il en soit, sans grande surprise, l’enveloppe financière de cette LPM 2024-30 sera plus importante que les 295 milliards d’euros prévus pour la période 2019-25. Dans quelle mesure? Jusqu’à présent, le ministère des Armées a systèmatiquement démenti le montant des sommes avancées par la presse. Cela étant, il serait question d’environ 400 milliards d’euros. Peut-être que M. Macron le précisera à Mont-de-Marsan…
Pour le reste, et ce n’est pas une surprise non plus, l’entourage du président a confirmé que la modernisation de la dissuasion nucléaire [5,6 milliards de crédits de paiement en 2023] se poursuivrait. Étant donné que des choix « difficiles » ont été annoncés, la question est de savoir le format qu’elle aura.
Par ailleurs, un effort sera fait en faveur des forces dites de souveraineté, c’est à dire celles stationnées dans les départements et collectivités d’outre-Mer. Durant ces dernières années, elles ont souvent été négligées en raison des contraintes budgétaires. Au point qu’un possible coup de force contre ces territoires n’est plus à exclure.
Ainsi, selon l’Élysée, ces forces de souveraineté bénéficieront d’investissements « supplémentaires » afin de les renforcer pour « pouvoir donner un coup de griffe à celui qui voudrait s’en prendre à nos intérêts », en particulier dans l’Indo-Pacifique. Sur ce point, devant la presse, en novembre, M. Lecornu avait rappelé que « grâce à nos Outre-mer, notre surface maritime fait partie des plus importantes du monde et nous sommes riverains du Pacifique ». Et il en avait tiré la conclusion que la Marine nationale devait donc « avoir cette dimension ».
Dans un autre registre, il serait aussi question de renforcer l’échelon national d’urgence [ENU], afin de constituer une force projetable de 2300 soldats à plus de 3000 km à court préavis.
Enfin, les enseignements de la guerre en Ukraine ne manqueront pas d’être tirés. « On doit tous mener une introspection à la lumière de l’Ukraine », a souligné l’Élysée. Et de citer « l’ascendant sur le champ de bataille, les équipements, la capacité à commander, la logistique et les munitions, les communications sécurisées, etc ».