Le service national : une nécessité vitale pour l’avenir

Le service national : une nécessité vitale pour l’avenir

Général Bertrand SoubeletValeurs actuelles –  Dimanche 4 mars 2018

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Tribune. Le projet du président de la République représente un défi et une manière innovante de mobiliser la jeunesse française, estime l’ancien directeur des opérations de la Gendarmerie nationale, le général Bertrand Soubelet.

La proposition du candidat Emmanuel Macron pour la création d’un service national universel (SNU) est aujourd’hui portée par le président de la République. Voilà une cohérence salutaire pour notre pays. Ce projet déclenche des polémiques assez surprenantes dans un contexte où plus de 70 % des Français considèrent cette mesure comme utile ou indispensable.

Les opposants à cette mesure peuvent se décomposer en plusieurs catégories.

Les premiers se sont mobilisés instantanément avant même l’annonce du candidat. J’en témoigne pour l’avoir vécu en direct pendant la campagne. Ce sont les responsables militaires qui, à juste titre, ont réagi, s’agissant d’un service initialement qualifié de “militaire dont ils imaginaient que l’organisation et la responsabilité budgétaire auraient pu incomber au ministère des Armées.

Les deuxièmes sont ceux qui pour des raisons diverses imaginent que la France n’a pas les moyens financiers d’une telle ambition et invoquent des arguments budgétaires et d’infrastructures pour crier au manque de réalisme du projet présidentiel.

Les derniers, qu’il faut à peine citer, sont ceux qui, par principe, sont contre toute initiative du président de la République. Peut-être font-ils partie des abstentionnistes de la dernière élection présidentielle…

À vrai dire, il n’existe qu’une réponse à tous ces détracteurs, y compris aux parlementaires qui en 2015 ont rendu un rapport construit avec un parti pris de départ : celui de ne rien faire de plus que l’existant (parcours scolaire, service civique, Epide — établissement pour l’insertion dans l’emploi — et service militaire adapté).

Nous ne construirons pas un avenir ambitieux en “bricolant” les expériences du passé. Il est impossible de faire du neuf avec du vieux.

Le SNU est un défi, une nouvelle manière de mobiliser la jeunesse française et de l’amener à la (re)découverte du pays, des valeurs à partager et du destin commun.

L’objectif ne concerne pas la défense nationale mais le renforcement de la cohésion nationale. Un concept qui repose sur la conscience d’appartenir à un pays pour lequel chacun, à sa manière, doit contribuer activement. Il est avant tout essentiel de réhabiliter la notion de l’autorité chez les jeunes issus du système scolaire en les aidant à préparer leur entrée dans la vie active. Leur redonner le goût de l’effort, du dépassement de soi et de la confiance en eux grâce à un cadre de vie structuré est une priorité. Leur permettre d’exercer des activités au profit de la collectivité donne du sens et ouvre des perspectives. Cela contribuera à améliorer la cohésion au sein de la population, en faisant vivre et travailler ensemble des jeunes d’horizons divers pendant une période significative. Ce sera enfin l’occasion de dépister les plus fragiles (illettrisme, addictions, difficultés comportementales ou sanitaires) et de faire un bilan de formation en dispensant les compléments nécessaires.

Aujourd’hui personne ne connaît les contours définitifs du futur SNU. Diverses hypothèses seront envisagées à la suite du rapport rendu ces derniers jours au Premier ministre. Il y a cependant une nécessité d’instaurer un socle de quatre à six semaines de vie en collectivité en internat avec un encadrement sélectionné parmi les contractuels des Armées qui retournent à la vie civile ou les réservistes de la garde nationale. Le reste de la durée du service pourrait être effectué sur volontariat dans un cadre civil, associatif ou humanitaire ou bien militaire dans les armées, la gendarmerie, ou la police, les sapeurs-pompiers en fonction des désirs et des objectifs de chacun. C’est aussi l’occasion de susciter des vocations en tous domaines, y compris pour les réserves et la garde nationale.

Les questions d’hébergement et d’alimentation mobilisent les opposants au service national. « Nous n’avons plus de casernes pour les accueillir » est un argument régulièrement évoqué. Heureusement ! car seuls ceux qui n’ont pas fréquenté ces bâtiments inadaptés et d’un autre âge voudraient y loger la jeunesse de notre pays.

Les établissements scolaires sont libres pendant les vacances d’été, et le reste de l’année les collectivités territoriales et les comités d’entreprise de grandes sociétés disposent d’infrastructures disponibles. Un partenariat inventif, y compris avec des sociétés de restauration pour l’alimentation, permettrait de surmonter cette apparente difficulté.

Une autre idée incongrue circule sur le SNU. Il serait, selon une certaine opinion, nécessaire pour certains et pas très utile pour d’autres. Cette vision est dangereuse car elle introduit une inégalité de fait entre des jeunes du même âge, à qui la nation doit délivrer un message identique. Chaque jeune Français dont le parcours et les atouts diffèrent doit participer à une expérience dont le but est de mobiliser sa propre énergie avec celle des autres dans une perspective commune.

Quant aux coûts de fonctionnement, ils sont évalués à environ 2 milliards par an, c’est-à-dire 3 % du budget du ministère de l’Éducation nationale et un millième de notre dette.

Qui osera dire que c’est trop cher lorsqu’il s’agit de promouvoir la défense de ce que nous sommes et l’avenir de la France ?