Babcock signe un contrat historique pour la formation des pilotes de l’armée de l’air française

Babcock signe un contrat historique pour la formation des pilotes de l’armée de l’air française

Par Sabine Ortega – aerocontact.com – publié le 14 Jan 2025
Babcock signe un contrat historique pour la formation des pilotes de l'armée de l'air française
© Babcock

Le 10 janvier dernier, Babcock International a annoncé avoir signé un nouveau contrat de 17 ans pour la fourniture et le soutien de solutions de formation aérienne militaire pour l’armée de l’air et de l’espace française et la marine française.

Ce contrat de 795 millions d’euros, attribué par la Direction Générale de l’Armement (DGA), permettra aux élèves pilotes de s’entraîner sur 22 nouveaux avions PC-7 MkX Pilatus et sur 12 simulateurs de formation fournis par Babcock sur la base aérienne de Salon-de-Provence, avant de se spécialiser en tant que pilotes de chasse ou de transport.

En plus de la fourniture des avions et des simulateurs, ce contrat comprendra le support tout au long de la vie des avions, des infrastructures et des équipements pilotes.

Création de 100 postes dans les régions de Salon-de-Provence et du Cannet-des-Maures

Ce contrat permettra de créer plus de 100 nouveaux postes dans les régions de Salon-de-Provence et du Cannet-des-Maures, parmi lesquels des ingénieurs, techniciens, chefs de projet et administrateurs, qui contribueront à dispenser près de 11 000 heures de vol et 6 500 heures de formation sur simulateur à environ 120 élèves par an.

Pierre Basquin, directeur général de Babcock Aviation et directeur général France, a déclaré à ce propos : « L’Armée de l’air et de l’espace et la Marine française jouent un rôle majeur dans la sécurité nationale et internationale. Nous sommes ravis de soutenir notre client dans ses besoins de formation aérienne, lui permettant ainsi de se concentrer sur la satisfaction des besoins critiques de l’aviation militaire. Ce nouveau contrat à long terme renforce notre solide relation avec l’Armée de l’air et de l’espace et nous positionne comme son principal partenaire de soutien capacitaire dans les programmes de formation des pilotes de chasse. »

 Depuis 2018, Babcock collabore aux côtés de l’Armée de l’Air et de l’Espace pour fournir des systèmes de formation modernes sur simulateurs de vol et 26 avions PC-21 existants sur la base aérienne de Cognac-Châteaubernard.

Sabine Ortega Sabine Ortega
Journaliste emploi, formation, et nouvelles technologies

Des molécules organiques trouvées partout dans l’univers suggèrent que la vie a commencé dans l’espace profond

Des molécules organiques trouvées partout dans l’univers suggèrent que la vie a commencé dans l’espace profond

L’univers regorge de mystères fascinants, et parmi eux, les molécules organiques jouent un rôle clé. Ces composés carbonés, découverts aussi bien sur des astéroïdes que dans la poussière interstellaire, pourraient détenir les secrets de l’apparition de la vie. Grâce aux explorations spatiales, les scientifiques multiplient les découvertes, mettant en lumière des acides aminés et autres structures complexes. Mais d’où viennent réellement ces molécules ? Et quel rôle ont-elles joué dans l’émergence de la vie sur Terre ? Découvrons ensemble ce que ces explorations nous révèlent sur nos origines cosmiques.


Des molécules organiques trouvées partout dans l'univers suggèrent que la vie a commencé dans l'espace profond
Des molécules organiques trouvées partout dans l’univers suggèrent que la vie a commencé dans l’espace profond | Armees.com

L’univers, c’est un peu comme un immense terrain de jeu rempli de molécules à base de carbone, connues sous le nom de molécules organiques. Ces petites merveilles pourraient bien détenir les clés des matériaux nécessaires pour que la vie apparaisse. On les trouve un peu partout, que ce soit dans la poussière interstellaire, sur les comètes ou même sur les astéroïdes. Depuis longtemps, elles intriguent les scientifiques qui se demandent comment elles ont vu le jour et si notre chimie biologique ne viendrait pas de ces lointains nuages de poussière.

Que nous révèlent les explorations spatiales ?

Les missions robotiques ont été super utiles pour ramener des échantillons d’espace afin d’étudier ces composés organiques. Par exemple, les missions Hayabusa2 du Japon et OSIRIS-REx de la NASA ont rapporté des échantillons d’astéroïdes comme Ryugu et Bennu. Sur Ryugu, les chercheurs ont découvert au moins 20 000 sortes de composés carbonés, y compris 15 types différents d’acides aminés. Tout ça pose plein de questions passionnantes sur nos origines planétaires et si ces molécules ont pu aider à rendre notre planète habitable.

Et ce n’est pas tout ! Des sondes comme Giotto, qui a analysé la comète 1P/Halley en 1986, ont trouvé une quantité impressionnante d’espèces organiques. Plus récemment, en 2015, la sonde Rosetta, première mission à tourner autour et atterrir sur une comète (67P), a détecté des composés organiques simples tels que la glycine. Et en 2022, Rosetta a identifié pas moins de 44 composés organiques en seulement une journée ! Certains pesaient jusqu’à 140 Daltons (Da).

D’où viennent ces mystérieuses molécules ?

Les scientifiques s’interrogent : est-ce que ces composés viennent de nuages froids et sombres ou se forment-ils près des jeunes étoiles ? Prenons les hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAHs) par exemple : ils datent d’environ 1,5 milliard d’années après le Big Bang, ce qui montre bien que cette chimie complexe existe depuis longtemps dans le cosmos. Dans les nuages glacés, des ingrédients simples se regroupent sur des grains de poussière froids pour former des structures plus complexes grâce aux rayons ultraviolets et cosmiques.

Ces réactions chimiques continuent aussi dans les disques protoplanétaires où le méthanol et d’autres molécules survivent à la chaleur intense créée lors des naissances stellaires. Grâce à cette résistance, elles évoluent vers des formes encore plus élaborées avec un potentiel accru pour favoriser l’émergence de systèmes vivants lorsqu’elles arrivent sur une planète.

Un avenir prometteur pour l’exploration spatiale

Les futures missions spatiales sont pleines de promesses pour approfondir notre compréhension des molécules organiques dans l’espace. Des projets ambitieux comme le Clipper Europa de la NASA ou Juice de l’Agence spatiale européenne comptent bien percer ces mystères cosmiques. Un futur rotorcraft destiné à Titan pourrait également révéler des océans cachés sous ses croûtes glacées.

Ces recherches sont importantes pour ceux qui veulent comprendre comment la vie pourrait démarrer ailleurs. Comme le dit Christopher Glein : « Ceux d’entre nous qui cherchent la vie doivent comprendre comment les planètes peuvent acquérir des organiques sans qu’il y ait déjà de vie. » La quête pour savoir comment ces molécules auraient pu être livrées par météorites ou comètes à notre Terre primitive reste un sujet fascinant pour quiconque cherche à savoir « d’où nous venons en tant qu’espèce planétaire », selon Karin Öberg.

En continuant d’étudier ces composés organiques dans l’univers, on ouvre une fenêtre sur notre passé cosmique tout en éclairant nos possibles origines planétaires. En levant les yeux vers le ciel étoilé, chaque découverte nous rapproche un peu plus du grand mystère du début même de la vie telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024


En ce jour particulier qui devrait être celui de la paix, de la fraternité et du partage, que vous soyez en famille, en opération, de permanence, seuls ou avec vos frères d’armes, Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024.

Chaque année, il est d’usage d’accompagner ce court message de Noël par un poème. Cette fois, ce sera un texte du commandant Antoine de Saint-Exupéry, tiré de son ouvrage « Citadelle ».

Mais j’ai bâti à l’heure de la garde mes sentinelles. Et il est quelqu’un, ici, pour manger. Leur repas est bien autre chose que soins accordés au bétail pour accroissement du tour du ventre. Il est communion dans le pain du soir des sentinelles. Et certes chacune l’ignore.

Cependant de même que le blé du pain, à travers eux, se fera vigilance et regard sur la ville, il se trouve que la vigilance et le regard qui embrasse la ville, à travers eux, se fait religion du pain. Ce n’est pas le même pain qui est mangé. Si tu désires les lire dans leur secret qu’ils ignorent eux-mêmes, va les surprendre au quartier réservé, quand ils courtisent les femmes. Ils leur disent :

« J’étais là, sur le rempart, j’ai entendu siffler trois balles à mon oreille. Je suis demeuré droit, n’ayant point peur. »

Et ils plantent dans le pain leurs dents avec orgueil. Et toi, stupide, qui écoutes les mots tu confonds avec une vantardise de soudard la pudeur de l’amour. Car si le soldat raconte ainsi l’heure de ronde c’est bien moins pour se faire grandiose que pour se complaire dans un sentiment qu’il ne peut dire. Il ne sait pas s’avouer à lui-même l’amour de la ville. Il mourra pour un dieu dont il ne sait dire le nom. Il s’est déjà donné à lui, mais il exige de toi que tu l’ignores. Il exige de soi-même cette ignorance.

Il lui paraît humiliant de paraître dupe de grands mots. Faute de savoir se formuler il refuse par instinct de se soumettre à ton ironie son dieu fragile. De même qu’à sa propre ironie. Et tu vois mes soldats jouer les matamores et les soudards – et se complaire à ton erreur – pour goûter quelque part, au fond d’eux-mêmes, et comme en fraude, le goût merveilleux du don à l’amour.

Et si la fille leur dit : « Beaucoup d’entre vous – et c’est bien dur – mourront en guerre… », tu les entends approuver bruyamment. Mais ils approuvent par des grognements et des jurons. Cependant elle éveille en eux le plaisir secret d’être reconnus. Ils sont ceux qui mourront d’amour.

Et si tu parles d’amour, alors ils te riront au nez ! Tu les prends pour des dupes dont on tire le sang avec des phrases de couleur ! Courageux, oui, par vanité ! Ils jouent les matamores par pudeur de l’amour. Ainsi ont-ils raison car il arrive que tu les voudrais dupes.

Tu te sers de l’amour de la ville pour les convier au sauvetage de tes greniers. Se moquent bien de tes greniers vulgaires. Te feront croire par mépris pour toi qu’ils affrontent la mort par vanité. Tu ne conçois point véritablement l’amour de la ville. Ils le savent de toi le repu. Sauveront la ville avec amour, sans te le dire, et injurieusement, puisque tes greniers logent dans la ville, ils te jetteront comme un os au chien, tes greniers sauvés.

Illustration : Légion étrangère

Opération Poker : une démonstration de force des Forces aériennes stratégiques

Opération Poker : une démonstration de force des Forces aériennes stratégiques

Jean-Baptiste Leroux – armees.com – Publié le

Les forces aériennes stratégiques ont achevé une nouvelle édition de l'opération Poker. Défense.gouv
Les forces aériennes stratégiques ont achevé une nouvelle édition de l’opération Poker. Défense.gouv | Armees.com

 

Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2024, les Forces aériennes stratégiques françaises ont mené avec succès une nouvelle édition de l’opération Poker. Cet entraînement d’envergure met en lumière la maîtrise opérationnelle et l’expertise technique de la composante nucléaire aéroportée.

Un exercice stratégique au cœur de la dissuasion nucléaire

L’opération Poker, organisée quatre fois par an, incarne le savoir-faire des Forces aériennes stratégiques (FAS). Cette manœuvre militaire d’ampleur vise à simuler un raid nucléaire d’entraînement au-dessus du territoire français. Lors de cette édition, le général de corps aérien Stéphane Virem a dirigé les opérations depuis le centre opérationnel de Taverny, soulignant l’importance stratégique de cet exercice.

Au cœur de cet entraînement, une quarantaine d’aéronefs, dont les Rafale B de la 4e escadre de chasse et les ravitailleurs A330 MRTT Phénix, ont été mobilisés. En parallèle, des avions conventionnels, comme les Mirage 2000-5 et les Rafale C, ont soutenu le raid. L’ensemble de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) a été impliqué, y compris les bases aériennes et aéronavales, les contrôleurs aériens et les unités de défense sol-air. Ce déploiement massif vise à reproduire des conditions réalistes et exigeantes pour tester la réactivité des équipages et la coordination interarmées.

Innover pour garantir la crédibilité opérationnelle

L’opération Poker dépasse la simple répétition de procédures. Elle joue également un rôle clé dans le développement de nouvelles tactiques, intégrant le multimilieu et le multichamp (M2MC). Cette approche innovante permet de s’adapter aux défis contemporains et de renforcer la posture de dissuasion française. Chaque étape, de la planification à l’exécution, est minutieusement évaluée pour identifier les marges d’amélioration.

Au-delà de l’entraînement, l’exercice a pour objectif de démontrer la crédibilité opérationnelle de la composante nucléaire française à ses alliés et partenaires internationaux. Cette édition de décembre 2024 a réaffirmé la place centrale des FAS dans la stratégie de dissuasion nucléaire, tout en mettant en avant l’engagement et l’expertise de l’ensemble des personnels impliqués.

Selon le Sénat, les divergences avec Berlin font douter de l’avenir du Système de combat aérien du futur

Selon le Sénat, les divergences avec Berlin font douter de l’avenir du Système de combat aérien du futur


Le Rafale porté au standard F5 sera-t-il l’alternative au Système de combat aérien du futur [SCAF], développé dans le cadre d’une coopération associant la France à l’Allemagne et à l’Espagne ? Cette queston avait été posée au moment où les industriels impliqués – notamment Dassault Aviation et les filiales allemande et espagnole d’Airbus Defence & Space – se disputaient au sujet du partage des tâches et de la propriété industrielle. Finalement, un accord fut trouvé, ce qui permit de lancer la phase 1B du projet, celle-ci devant ouvrir la voie à un démonstrateur.

Pour rappel, le SCAF repose en partie sur un avion de combat de nouvelle génération [NGF – New Generation Fighter], connecté à des drones au sein d’un système d’armes du futur, appelé NGWS Next Generation Weapon System], via un « cloud de combat ».

Lors de ses dernières auditions parlementaires, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a indiqué que, en décembre, un sommet avec l’Allemagne et l’Espagne allait permettre de faire le point sur les progrès de ce projet, de présenter un démonstrateur et de « documenter la deuxième phase ».

« Nous devrons traiter des questions politiques, telles que l’export, mais aussi des questions opérationnelles : à quoi ressemble l’avion ? Quel est son poids, sa capacité à correspondre aux besoins de la dissuasion nucléaire française, à apponter sur un porte-avions ? », a résumé M. Lecornu devant les sénateurs.

Seulement, toutes les divergences n’ont pas été aplanies. C’est en effet ce qu’a laissé entendre le colonel Jörg Rauber, responsable du SCAF au sein du ministère allemand de la Défense, lors de l’Air Force Tech Summit 2024, un évènement organisé à Berlin, le 28 novembre.

Évoquant le NGWS, et selon des propos rapportés par le site spécialisé Hartpunkt, le colonel Rauber a ainsi affirmé que les trois pays impliqués « ne se sont pas encore mis d’accord sur une architecture commune parce qu’ils ont des besoins différents ».

Rappelant que le « NGWS est actuellement un programme technologique et non un programme d’armement », le colonel Rauber a également indiqué que la portée que devra avoir le NGF est « actuellement au centre des préoccupations » de la partie allemande. Ce qui suppose de développer un avion de combat plus imposant, sauf à recourir à des réservoirs externes qui ne pourraient que dégrader sa furtivité.

Cela étant, dans l’avis budgétaire sur le programme 146 « Équipement des forces » qu’ils viennent de publier, les sénateurs Hugues Saury et Hélène Conway-Mouret ont estimé que le SCAF est « fragilisé » par le non-respect du principe du « meilleur athlète » ainsi par les restrictions que l’Allemagne pourrait imposer à l’exportation.

Ainsi, le principe consistant à donner la primeur aux industriels les plus compétents dans leur domaine [le « meilleur athlète »] n’a « pas systèmatiquement été privilégié pour attribuer les différents lots », ont déploré les rapporteurs.

En outre, ils ont également rappelé « l’importance de la composante aérienne dans la stratégie de dissuasion aérienne ne peut tolérer de compromis sur les performances technologiques compte tenu du caractère de plus en plus disputé des espaces aériens ». Ce qui renvoit aux propos du colonel Rauber au sujet des divergences de vues sur l’architecture du NGWS.

Quant au sujet de l’exportation, l’accord franco-allemand signé en octobre 2019 n’a pratiquement rien réglé… alors que cette question est l’une des lignes rouges posées par la France pour continuer le programme.

En effet, l’article 3 de cet accord stipule que l’Allemagne ne peut pas s’opposer à l’exportation des systèmes d’armes développés dans le cadre d’une coopération avec la France dès lors que ceux-ci contiennent moins de 20 % de composants allemands [hors maintenance et pièces détachées]. Sauf si, de façon exceptionnelle, Berlin estime qu’une vente pourrait porter atteinte à sa sécurité nationale et / ou à ses intérêts directs.

Or, soulignent Mme Conway-Mouret et M. Saury, les « industriels allemands étant associés pour un tiers au projet, il y a tout lieu de s’inquiéter sur la future capacité de la France à exporter librement ce système d’armes ».

En outre, ils ont fait part de leur préoccupation « de voir émerger un débat en Allemagne sur la création d’une instance multilatérale qui aurait le pouvoir de s’opposer à un contrat d’exportation négocié par les autorités françaises ». Et d’insister : « Une telle contrainte aurait inévitablement pour conséquence de réduire considérablement les perspectives d’exportation et donc de fragiliser l’équation économique et financière du programme ».

Aussi, les deux sénateurs ont demandé la tenue d’un débat sur l’avenir du SCAF [caractéristiques du système, modalités de production et d’exportation] au Parlement, après les prochaines élections fédérales allemandes.

Devant les députés, M. Lecornu avait assuré qu’il était « preneur d’un débat sous un format spécifique pour évoquer les piliers, entrer dans le détail du programme et, à huis clos, présenter le cahier des charges de l’armée de l’Air ». Cela « permettrait de comprendre les attentes et les pressions qui s’exercent sur la ‘trame chasse’ sur le très long terme », avait-il ajouté, après avoir précisé qu’il aborderait des « questions passionnantes relatives à l’export, à la dissuasion et à l’avenir de Dassault Aviation.

Enfin, Mme Conway-Mouret et M. Saury ont également appelé à « refuser tout mécanisme de contrôle multilatéral des exportations d’armements ayant fait l’objet d’un programme commun européen » car la « France doit demeurer souveraine en matière d’exportation d’armements ».

Selon le Sénat, les non-renouvellements de contrats à l’initiative des militaires ont augmenté de 70 % depuis 2018

Selon le Sénat, les non-renouvellements de contrats à l’initiative des militaires ont augmenté de 70 % depuis 2018

https://www.opex360.com/2024/11/22/selon-le-senat-les-non-renouvellements-de-contrats-a-linitiative-des-militaires-ont-augmente-de-70-depuis-2018/


La loi de finances initiales pour 2023 avait fixé, pour le ministère des Armées, le niveau du plafond d’emplois militaire à 210 428 « équivalents temps plein travaillé » [ETPT], ce qui supposait la création nette de 1547 postes. Seulement, cet objectif n’a pas pu être tenu étant donné que les effectifs militaires s’élevaient, en fin d’exercice, à seulement 202 122 ETPT, soit un écart de 4 % par rapport aux prévisions.

Or, ce n’est pas la première fois que le ministère des Armées ne parvient pas à respecter son schéma d’emploi, malgré une dynamique des recrutements assez soutenue.

« En rupture avec la dynamique déflationniste qui prévalait depuis la fin de la guerre froide, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-2025 prévoyait une augmentation nette de 6 000 ETP sur la période couverte, ce qui a conduit à la mise en œuvre d’une ambitieuse politique de recrutement. Ses résultats n’ont hélas pas été atteints », ont en effet déploré les sénatrices Marie-Arlette Carlotti et Vivette Lopez, dans un rapport intitulé « Pour rendre l’armée plus attractive : retenir, attirer, réunir », récemment publié par la commission des Affaires étrangères et de la Défense.

Et d’ajouter : « La non-réalisation des schémas d’emplois annuels successifs a touché tant le personnel militaire que le personnel civil, notamment en 2022, où l’écart d’avec la cible ministérielle a été de 2 228 ETP, alors qu’il s’agissait de l’année du plus important volume de recrutement réalisé depuis 2017 avec 27 707 ETP ».

Aussi, les objectifs fixés par la LPM 2024-30, qui prévoit la création nette de 6 300 postes d’ici 2030, semblent d’ores et déjà compromis. À moins que, d’ici là, les plans de fidélisation mis en place par le ministère des Armées ne produisent des résultats.

En effet, la tendance observée par Mmes Carlotti et Lopez s’explique par un flux de départs beaucoup trop important. Ce qui n’est d’ailleurs pas propre à la France, d’autres pays, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, étant confrontés au même problème.

Ainsi, selon le rapport, en 2023, les « volumes de départs » ont atteint le « niveau le plus haut depuis 2017, avec 25 496 ETP de sorties définitives, contre 24 952 ETP en 2022 ». Cette augmentation est due en grande partie aux départs volontaires [ou « spontanés »].

« Les départs spontanés représentant la plus grande part des départs définitifs, leur évolution épouse la même trajectoire. Depuis 2009, ceux des officiers sont globalement stables entre 2 % et 3 % des effectifs d’officiers des trois armées. Pour les sous-officiers, la tendance de hausse régulière observable depuis 2013, interrompue en 2020, a repris depuis 2022 avec 7 600 départs, soit 4,6 % des effectifs. Pour les militaires du rang, la hausse, ralentie entre 2014 et 2018, a repris depuis 2020 pour atteindre, en 2022, 6 546 militaires du rang, soit 8,5 % des effectifs », détaillent les deux sénatrices.

Aussi, « l’ancienneté moyenne des militaires au moment de leur départ de l’institution n’a cessé de baisser depuis dix ans pour atteindre, en 2023, 25,3 ans pour les officiers, 18,4 ans pour les sous-officiers, et 4,3 ans pour les militaires du rang », soulignent-elles.

L’attrition, c’est-à-dire la dénonciation du contrat par une recrue lors de sa période probatoire, constitue une part relativement importante des départs. Ainsi, en 2023, le taux d’attrition des militaires du rang, « orienté à la hausse depuis 2020 », s’est élevé à 35,5 % pour l’armée de Terre, à 20,3 % pour la Marine nationale et à 16 % pour l’armée de l’Air & de l’Espace.

Mais c’est surtout la « forte augmentation des non-renouvellements de contrat » qui interroge. Leur nombre est passé de 1 680 en 2019 à 2 920 en 2023. « Soit une hausse de 70 % depuis 2018 », notent les deux parlementaires. « Cela illustre une inversion du rapport contractuel entre l’autorité militaire et le militaire et donc une bascule du ‘rapport de force’ entre employeur et employé », ont-elles conclu.

Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale

Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale

Par Paolo Garoscio – armees.com –  Publié le 21 novembre 2024

Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale
Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale – © Armees.com

Le 20 novembre 2024, lors d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes de défense (AJD), le chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, Jérôme Bellanger, a exprimé une inquiétude croissante quant au retard potentiel des livraisons des avions Rafale par Dassault Aviation. Cette situation critique découle de l’engagement de la France à fournir à l’Ukraine une partie de sa flotte de Mirage 2000-5 dès le premier semestre 2025. La question se pose alors : comment compenser ce déficit et maintenir une aviation de chasse opérationnelle et efficace ?

Contexte et enjeux stratégiques

En juin dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé la cession d’un nombre non précisé de Mirage 2000-5 à l’Ukraine, une décision motivée par le soutien militaire dans le cadre de la guerre en cours contre la Russie. Cette annonce a des répercussions directes sur le format et la disponibilité de l’aviation de chasse française. L’armée de l’air et de l’espace se trouve donc dans l’urgence de renouveler ses effectifs pour préserver ses capacités opérationnelles.

Selon les propos de Jérôme Bellanger, cette reconfiguration forcée « percute un peu le format de l’aviation de chasse ». Pour pallier ce manque, le ministère des Armées envisage une accélération des livraisons des Rafale, une solution ambitieuse mais complexe à mettre en œuvre.

Les défis industriels pour Dassault Aviation

L’accélération des livraisons des Rafale pose un double défi : industriel et logistique. Dassault Aviation est déjà sous pression avec un carnet de commandes rempli, notamment pour des clients étrangers comme l’Inde et les Émirats arabes unis. Dans ce contexte, répondre aux exigences françaises nécessiterait une réorganisation des chaînes de production.

Chiffres clés :

  • 6 Mirage 2000-5 : nombre prévu pour l’Ukraine d’ici 2025.
  • 3 Rafale par an : capacité moyenne de production pour la France.
  • 4 à 6 mois : délais moyens pour la fabrication et les tests d’un Rafale.

Le défi réside donc dans la capacité de Dassault à augmenter ce rythme sans compromettre la qualité ni retarder les livraisons pour ses autres clients.

Implications pour l’armée française

L’armée française, en cédant ses Mirage 2000-5, réduit temporairement sa capacité aérienne. Les Rafale, bien que technologiquement supérieurs, ne seront pas immédiatement disponibles en nombre suffisant pour combler ce vide. Cette situation soulève des questions stratégiques cruciales :

Une dépendance accrue aux alliés ? L’OTAN pourrait être sollicité pour combler ce déficit temporaire.

Un budget sous pression. L’accélération de la production pourrait engendrer des surcoûts. À titre d’exemple, le coût unitaire d’un Rafale est estimé à environ 80 millions d’euros, sans compter les coûts d’entretien et de formation des pilotes.

Un impact diplomatique. Honorer ses engagements internationaux tout en répondant aux besoins nationaux met la France dans une position délicate.

Pour répondre à ces défis, une collaboration étroite entre Dassault Aviation et le ministère des Armées est impérative. Plusieurs pistes sont envisagées :

  • Augmentation temporaire des capacités de production. Cette option nécessiterait l’embauche de personnel et des investissements dans les infrastructures.
  • Priorisation des commandes françaises. Cela pourrait cependant nuire aux relations avec les clients internationaux.
  • Mise en service accélérée des Rafale déjà construits. Une solution à court terme mais avec des implications techniques.

Paolo Garoscio
Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

La relocalisation en France d’une capacité de production de munitions de petit calibre se précise

La relocalisation en France d’une capacité de production de munitions de petit calibre se précise


En 2017, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, passa outre les réticences de la Direction générale de l’armement [DGA] en donnant le coup d’envoi d’un projet visant à recréer une capacité française de production de munitions de petit calibre, cette filière ayant disparu avec la fermeture de l’établissement de Giat Industries au Mans, à la fin des années 1990.

Cette décision avait été en partie inspirée par un rapport parlementaire qui, publié deux ans plus tôt, avait demandé si la France pouvait être certaine d’être approvisionnée en munitions de petit calibre en cas de crise majeure. Estimant qu’il n’y avait aucune garantie à ce sujet, ses auteurs recommandèrent de relocaliser une telle filière industrielle en expliquant que cela nécessiterait un investissement de 100 millions d’euros, la rentabilité devant être assurée « à partir d’une production annuelle de 60 millions de cartouches sous réserve qu’un niveau de commandes constant soit assuré durant les cinq premières années ».

Décrit, à l’époque, comme devant être un « acte de souveraineté nationale », le projet de M. Le Drian reposait sur un montage associant NobelSport, spécialiste français des cartouches pour la chasse et le tir sportif, à Thales [via sa filiale TDA Armement] et à Manurhin, fabricant de machines de cartoucherie.

Seulement, après les élections du printemps 2017, et même si un protocole avait été signé par les acteurs concernés, ce projet fut abandonné, avec les mêmes argument qui avaient été avancés pour s’opposer à sa mise en œuvre [viabilité économique non garantie, possibilité de s’approvisionner à l’étranger, complications juridiques au niveau européen, etc.].

Sauf que la crise du covid-19 et la guerre en Ukraine ont changé la donne, comme en témoignèrent les difficultés du ministère de l’Intérieur pour s’approvisionner en cartouches de 9 mm. Aussi, en décembre 2023, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, fit savoir qu’il avait commandé une étude à la DGA afin de « documenter les coûts de la recréation d’une filière » munitions de petit calibre.

Finalement, moins de six mois après, la France signa une lettre d’intention avec la Belgique en vue d’établir une coopération industrielle sur les munitions de petit calibre.

« Cette filière ayant disparu en France, l’objectif est de la recréer en s’appuyant sur les compétences belges. Ce nouveau volet doit comprendre la création d’une ligne d’assemblage de munitions en France et l’achat de munitions directement auprès de l’industrie belge. Les industriels travaillent à ce stade sur les questions de financement de l’investissement, le projet devant démarrer dans les prochains mois », expliqua le ministère des Armées.

Devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, le mois dernier, M. Lecornu revint brièvement sur ce dossier. « En ce qui concerne les munitions de petit calibre, les choses avancent bien. Le modèle économique devra englober le ministère de l’intérieur et peut-être même le tir de loisir : il faut des débouchés, pour éviter la situation ayant conduit à la disparition de la filière dans années 2000 », détailla-t-il.

Cette coopération entre la France et la Belgique va sans doute se concrétiser prochainement, en reprenant l’intuition qu’avait eue M. Le Drian il y a près de huit ans. En effet, ce 15 novembre, le groupe FN Browning [dont FN Herstal est une filiale] a confirmé qu’il venait d’entrer en « négociations exclusives » avec l’armurier français Sofisport, l’un des principaux producteurs de munitions de chasse et de tir sportif [via ses filiales Nobel Sport, Cheddite, Maxam, Sofiam, etc.] en vue de son rachat.

« Browning Group, dont les filiales comprennent entre autres FN Herstal et Browning, annonce son entrée en négociations exclusives pour l’acquisition du groupe français Sofisport, leader mondial de la fabrication de cartouches de chasse et de tir sportif et de leurs composants », a en effet annoncé l’industriel belge.

Et d’ajouter : « Le projet de rapprochement repose sur une forte complémentarité industrielle, géographique et culturelle entre Sofisport entreprise française à l’actionnariat familial, et FN Browning Group, détenu par la Région wallonne, une composante de l’Etat fédéral belge ».

L’objectif de cette opération est de constituer un « systémier européen d’envergure mondiale, pleinement intégré dans le domaine des armes légères et des munitions », la complémentarité des deux groupes devant leur permettre de renforcer « leur positionnement concurrentiel, leur performance et leurs capacités de développement, avec des effets favorables au maintien de l’activité et de l’emploi ».

Selon le journal économique belge L’Écho, ce rapprochement entre FN Browning et Sofisport serait susceptible de favoriser la « création d’une nouvelle ligne de production » en France, l’industriel wallon ayant prévu d’installer des capacités supplémentaires « de fabrication de munitions de petits calibres à Herstal et à Zutendaal, en collaboration avec la Défense belge ».

Quoi qu’il en soit, la coopération franco-belge dans le domaine de l’armement terrestre ne cesse de prendre de l’ampleur. Celle-ci a été amorcée par le partenariat stratégique CaMo [Capacité Motorisée] qui vise à rendre les forces terrestres des deux pays parfaitement interopérables grâce au programme français SCORPION. Puis, elle s’est poursuivie avec la reprise d’Arquus par le groupe John Cokerill, en juillet dernier.

« Nous aidons la Belgique sur CaMo et celle-ci nous aide à reconstruire une filière pour les petits calibres. Des rapprochements industriels intéressants ont lieu, notamment entre Arquus et Cockerill. Il s’agit d’un partenariat précieux », avait résumé M. Lecornu lors de sa dernière audition au Sénat.

Il manque un millier de sous-officiers à l’armée de l’Air et de l’Espace pour la « bonne conduite de ses missions »

Il manque un millier de sous-officiers à l’armée de l’Air et de l’Espace pour la « bonne conduite de ses missions »

https://www.opex360.com/2024/11/12/il-manque-un-millier-de-sous-officiers-a-larmee-de-lair-et-de-lespace-pour-la-bonne-conduite-de-ses-missions/


Plan « Fidélisation 360 », plans « Famille » et « Famille 2 », Nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM]… Ces dernières années, le ministère des Armées a pris plusieurs séries de mesures afin de renforcer son attractivité et de convaincre les militaires les plus expérimentés [ou, du moins, ceux qui ont des compétences critiques] à ne pas céder aux sirènes du secteur privé.

Seulement, ces mesures tardent à produire leurs effets, même si la situation diffère d’une armée à l’autre. En outre, quand elles ne sont pas insuffisantes, certaines d’entre-elles sont encore méconnues, comme celles du plan Famille 2. En tout cas, c’est qui est ressorti de l’audition des membres du Conseil supérieur de la fonction militaire [CSFM] par les députés de la commission de la Défense, en octobre.

Le plan Famille « souffre d’un manque de communication, tant sur la nature des mesures elles-mêmes que sur les avancées réalisées. Ce dispositif reste méconnu au sein de la communauté militaire, particulièrement aux échelons inférieurs. Au niveau du commandement, les préoccupations portent davantage sur le financement dans le contexte budgétaire actuel », a en effet témoigné le caporal-chef Myriam. Et d’ajouter : « Sur le terrain, aucune réalisation concrète du plan famille n’est perceptible. »

En attendant, ces mesures n’ont pas encore eu d’incidence sur le flux des départs des sous-officiers de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], celui-ci étant encore élevé. Trop élevé même, à en croire le député Frank Giletti, rapporteur pour avis sur le programme 178 « Préparation et emploi des forces – Air ».

Ainsi, écrit-il, le « flux de départs élevé constaté ces dernières années fragilise l’AAE » étant donné que, actuellement, « un tiers de ses effectifs a moins de trois ans d’expérience au sein de l’institution ». En outre, poursuit-il, « le taux de ‘turn-over’ au sein de l’AAE avoisine les 10 % « .

S’agissant des sous-officiers [59 % des effectifs de l’AAE], 1 813 avaient quitté l’uniforme en 2022 alors que, selon M. Giletti, « seulement 1 385 avaient été recrutés, soit un différentiel de 428 ».

Résultat : d’après les informations qui lui ont été communiquées, il manquerait actuellement environ 1 000 sous-officiers à l’armée de l’Air & de l’Espace « pour la bonne conduite de ses missions ».

Si le député n’a pas précisé les spécialités les plus concernées, on peut avancer, sans risquer de se tromper, qu’il s’agit de celles qui intéressent le plus le secteur privé, lequel offre des rémunérations plus élevées [mécaniciens aéronautique, contrôleurs aériens, moniteurs « simulateur de vol », informaticiens, etc.].

Aussi, pour M. Giletti, la « population des sous-officiers » de l’AAE « doit notamment faire l’objet d’une politique de fidélisation ciblée », d’autant plus qu’elle « attend […] beaucoup de la revalorisation indiciaire de la grille des sous-officiers supérieurs dont la mise en œuvre était initialement prévue au 1er octobre 2024 ». Or, celle-ci a été reportée au 1er février 2025, avec toutefois une « application rétroactive au 1er décembre 2024 ».

Quant aux officiers, la revalorisation de leur grille indiciaire ne sera pas effective avant décembre 2025. Or, pour le député, celle-ci est « plus que jamais nécessaire afin de fidéliser ces personnels dont les sujétions opérationnelles sont particulièrement fortes et dont les niveaux de rémunération apparaissent de plus en plus décorrélés avec ceux de la haute fonction publique ».

Photo : armée de l’Air & de l’Espace

Un rapport parlementaire appelle à accélérer le remplacement des E-3F AWACS de l’armée de l’Air

Un rapport parlementaire appelle à accélérer le remplacement des E-3F AWACS de l’armée de l’Air


En 2035, les quatre avions E-3F SDCA [Système de Détection et de Commandement Aéroporté], communément appelés AWACS, totaliseront près de 45 ans de service au sein du 36e Escadron de détection et de commandement aéroportés [EDCA] de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE].

Or, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 ne prévoit pas de lancer un programme pour leur trouver des successeurs dans les années qui viennent. « Le remplacement de quatre systèmes de détection et de contrôle aéroporté [AWACS] pourrait reposer sur la capacité aérienne de surveillance et de contrôle de l’Alliance [AFSC] », précise seulement le texte.

Pour rappel, en novembre 2023, l’Otan a indiqué qu’elle remplacerait les 14 E-3A Sentry de sa Force aéroportée de détection lointaine et de contrôle [NAEW&C] par six E-7A Wedgetail, acquis auprès de l’américain Boeing, d’ici 2030.

Quoi qu’il en soit, pour le député François Cormier-Bouligeon, rapporteur pour avis sur les crédits alloués au programme 146 « Équipement des forces – Dissuasion », le remplacement des E-3F SDCA ne doit pas attendre 2035, même si ceux-ci ont été régulièrement modernisés depuis leurs entrée en service.

« L’avion radar E-3F est une capacité stratégique pour l’armée de l’air et de l’espace, y compris pour la composante aéroportée de notre dissuasion. [Il] permet en effet de détecter, d’identifier et de classifier la situation tactique d’un théâtre d’opérations et de partager celle-ci avec les avions de chasse et le centre d’opérations », a d’abord rappelé le rapporteur.

Mais étant donné que le tableau capacitaire mis en annexe de la LPM 2024-30 n’évoque pas leur remplacement, il est logique que le projet de loi de finances pour 2025 ne prévoie pas d’autorisations d’engagement de crédits pour lancer un programme afin d’acquérir de nouveaux avions d’alerte avancée. Ce qui est une erreur pour M. Cormier-Bouligeon.

« Repousser la durée de vie de nos AWACS actuels jusqu’à 2035 ne parait pas opportun non seulement d’un point de vue opérationnel mais également financier. En effet, le coût de l’heure de vol ne manquerait pas d’exploser dans une telle hypothèse, du fait de l’augmentation des coûts de maintien en condition opérationnelle d’un aéronef en fin de vie », a-t-il fait valoir.

Aussi, a-t-il continué, il « semble donc urgent de décider du successeur de l’AWACS, dès 2025, dans le cadre du prochain ajustement annuel de la programmation militaire ».

Visiblement, le député a une idée précise de la solution qu’il conviendrait à adopter. Malgré la référence faite implicitement à l’E-7A Wedgetail par la LPM 2024-30, le meilleur choix, selon lui, serait le système GlobalEye, développé par le suédois Saab [et écarté par l’Otan au profit de l’avion de Boeing].

« Les premiers essais du système GlobalEye de Saab par l’armée de l’Air et de l’Espace semblent positifs. En outre, l’acquisition de ce système, peu onéreux en comparaison de l’E-7 Wedgetail […], constituerait un signal fort en faveur de l’Europe de la défense et consoliderait notre coopération capacitaire naissante avec la Suède [acquisition par la Suède d’Akeron MP et par la France de missiles NLAW] », a fait valoir M. Cormier-Bouligeon.

L’hypothèse d’un achat de systèmes GlobalEye pour remplacer les E-3F SDCA circule déjà depuis plusieurs mois. Elle a notamment été évoquée par Intelligence OnLine et le quotidien Les Échos, pour qui le Falcon 10X de Dassault Aviation serait pressenti pour mettre en œuvre cette capacité.

Pour rappel, la solution de Saab repose actuellement sur l’avion d’affaires Bombardier Global 6000. Ce dernier est doté de capteurs résistants au brouillage électronique, d’un radar à longue portée Erieye ER, d’un radar à antenne active SeaSpray [fourni par Leonardo] et d’une boule optronique. Les données qu’il collecte dans une rayon de 400 km sont ensuite fusionnées au sein d’un système de commandement et de contrôle [C2] multi-domaines.

Photo : Armée de l’Air & de l’Espace