Un siècle d’aviation militaire. Entretien avec Vincent Lanata

Un siècle d’aviation militaire. Entretien avec Vincent Lanata

par Revue Conflits – publié le 24 octobre 2024

https://www.revueconflits.com/un-siecle-daviation-militaire-batailles-aeriennes-et-enjeux-strategiques-entretien-avec-vincent-lanata/


Photo : Un avion de chasse F-16 taïwanais vole à côté d’un bombardier H-6 chinois (en haut) dans la ZIDA de Taïwan. Crédit : Wiki commons,
 

Vincent Lanata, ancien pilote de chasse et chef d’état-major de l’armée de l’air, raconte comment l’aviation militaire a réussi à s’imposer au sein des forces armées, et comment elle ne cesse de révolutionner l’art de la guerre.

 Propos recueillis par Paulin de Rosny

Comment l’Armée de l’Air s’est-elle imposée comme une armée à part entière ?

L’aviation, rappelons-le, n’a que 120 ans. Et ses débuts furent hasardeux. Comme je l’explique dans mon livre, des visionnaires comme Clément Ader ont imaginé ce que pourrait être l’apport de l’utilisation de la troisième dimension dans les opérations militaires, puis sont apparus les précurseurs, ceux qui ont construit les premières machines volantes et enfin les pionniers, ceux qui se sont les premiers confrontés au combat dans les airs. La Première Guerre mondiale a vu l’aéronautique initialement cantonnée à l’observation conquérir de nouvelles missions comme la chasse puis le bombardement et la reconnaissance : pour la première fois de l’Histoire, l’aviation prenait une part importante dans la conduite des opérations.

Les débuts ont été très marqués par une méfiance de la part des états-majors, qui avaient du mal à concevoir l’avion comme une arme stratégique. Pour beaucoup de généraux de l’époque, la guerre se gagnait avant tout par la manœuvre des troupes, et l’avion ne pourrait jouer qu’un rôle subalterne. Bien que la guerre ait prouvé le rôle essentiel qu’avait joué l’aviation, cette réticence à lui accorder plus de place retarda sa reconnaissance comme branche indépendante des armées. Ce n’est qu’en 1934 que l’aéronautique militaire, alors rattachée à l’armée de terre, est officiellement séparée de l’armée de terre pour devenir une armée indépendante : l’armée de l’air.

Au début du XXe siècle, il existait aussi plusieurs visions doctrinales concurrentes sur le rôle de l’arme aérienne : dans l’entre-deux guerres, des théoriciens établirent des doctrines d’emploi ou d’organisation des forces aériennes ; ce furent Douhet en Italie, Trenchard au Royaume-Uni ou Mitchell aux États-Unis. Tous ont dû lutter contre les conservatismes pour faire accepter l’idée que l’aviation pouvait jouer un rôle décisif et non seulement auxiliaire. En France, qui avait été pionnière de l’emploi de l’arme aérienne, il n’y eut aucun de ces théoriciens qui auraient pu élever notre pays au-dessus de la seule technique.

De quelle innovation technologique déterminante avez-vous été témoin pendant votre carrière ?

Lorsque j’ai pris le commandement de l’état-major de l’armée de l’air, on brandissait sans arrêt ce nombre magique : 450 avions de combat. La première chose que je décidai en arrivant fut de retirer du service une centaine d’appareils qui n’étaient plus à même de participer à des opérations modernes du fait de leur obsolescence. Parallèlement l’effort fut porté sur la modernisation du reste de la flotte qui fit l’objet d’un nombre important de réorganisations et d’acquisitions de matériels modernes.

Pour prendre un exemple d’action, il nous manquait encore la capacité de tir de précision de nuit. À l’époque, le chef d’état-major de l’armée de l’air était indépendant et avait un accès direct au ministre, sans passer par le chef d’état-major des armées. J’ai donc informé le ministre Pierre Joxe que j’avais l’intention de lancer un « crash program » pour que nous disposions au plus vite de cette capacité ; après son accord, les discussions avec les services techniques et les industriels permirent d’envisager la livraison d’un équipement répondant aux spécifications opérationnelles. Restait à fixer la date de livraison, nous étions en janvier et j’avais besoin du matériel pour l’été. Les industriels me dirent que le délai était trop court, j’insistai, et pour leur forcer la main, je fis paraitre un communiqué de presse annonçant que l’Armée de l’Air allait se doter de tel équipement et qu’il serait inauguré par le ministre de la Défense le 31 juillet ! Le 31 juillet, le matériel était inauguré.

Quelle est la place de l’homme dans les combats ?

On sait très bien faire un avion de ligne sans pilote. Cependant, si la technique permettait déjà aujourd’hui de réaliser un tel appareil avec toutes les sécurités nécessaires, il n’est pas encore possible de faire embarquer les passagers sans aucune réticence de leur part. Encore trop tôt, mais un jour ce sera réalisé. Pour ce qui est de l’aviation de combat, aujourd’hui, la complexité des machines et des missions ne permet pas encore de se passer de l’intelligence humaine. Cependant, on peut imaginer qu’avec les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle, ainsi que de la rapidité de calcul, on puisse arriver à se passer un jour de l’homme. On le voit avec l’utilisation des drones de plus en plus sophistiqués et de plus en plus performants. Mais ce jour-là le combat changera de dimension et d’âme et il se fera par électronique interposée, l’homme étant absent de l’action directe ainsi que du risque du combat.

Peut-on tirer des leçons du conflit ukrainien ?

Pour ce qui est des opérations aériennes, il est difficile de tirer une leçon du conflit russo-ukrainien. L’Ukraine a très peu d’aviation, mais possède une bonne défense anti-aérienne, ce qui fait que les avions russes ne sortent pas de la zone dans laquelle ils sont hors de portée de la défense sol-air.

L’aviation militaire française est-elle en mesure de maintenir son indépendance stratégique ?

L’indépendance stratégique de la France a été pensée par le Général de Gaulle. Grâce aux programmes d’armement français, on sait tout produire, du plus petit équipement à l’arme nucléaire. Mais cela engendre des coûts de développement importants : si on dispose des moyens techniques et industriels, nous ne possédons pas les ressources financières nécessaires pour développer et produire seuls nos moyens de défense. C’est pour cette raison que nous sommes contraints de travailler en coopération avec les pays européens. Alors engageons-nous dans cette Europe de la défense dont nous faisons partie afin d’acquérir une indépendance au moins européenne. Comment envisager qu’une entité comme l’Europe puisse être totalement dépendante d’un pays tiers pour sa défense ?

Les enjeux climatiques représentent-ils une menace pour l’aviation militaire ?

On ne peut pas imaginer un avion de combat sans performances maximales.  La puissance de l’avion est un élément essentiel de ses performances, ce qui donne des moteurs gourmands en carburant. N’oublions pas cependant que, bien qu’en maintenant notre exigence sur les performances, nous sommes toujours à la recherche d’une réduction de la consommation. C’est d’ailleurs autant un gain environnemental qu’un gain financier, ou même qu’une amélioration des performances (en termes d’autonomie par exemple). N’oublions pas non plus que l’aviation civile et militaire ne représente que 3% des gaz à effet de serre, contre 10% pour l’automobile par exemple.

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses


Pour se passer d’un système de géolocalisation par satellite [GPS], dont les signaux sont susceptibles d’être brouillés par des dispositifs de guerre électronique, un aéronef [ou un navire] utilise une centrale de navigation inertielle, dont la précision tend à diminuer au fil du temps [d’où la nécessité de la « recaler »]. En 2016, pour y remédier, la Direction générale de l’armement [DGA] a lancé le projet Vision.

Confié à Safran Electronics & Defense ainsi qu’à Sodern, il consiste à associer une centrale de navigation inertielle à un viseur stellaire [ou viseur d’étoiles], comme en utilise le missile balistique mer-sol stratégique M-51.

Utilisé par les engins spatiaux, un viseur stellaire mesure les coordonnées d’une ou de plusieurs étoiles avant de les communiquer à un calculateur afin de déterminer avec une extrême précision [de l’ordre de la seconde d’arc, soit 0,000277778 degré] une trajectoire ou une position par comparaison avec les éphémérides des corps célestes enregistrées dans une base de données. Le problème est que, sur terre, un tel système ne fonctionne que pendant la nuit et par temps clair… Aussi, le défi du projet Vision est de faire en sorte de pouvoir l’utiliser durant le jour.

Pour cela, Safran a mis au point une centrale inertielle à « Gyroscope Résonnant Hémisphérique » qui constitue déjà, selon l’Agence de l’innovation de défense [AID], une « rupture technologique ».

De son côté, Sodern a développé un nouveau viseur stellaire intégrant « des traitements d’images et des technologies innovantes » afin de détecter et d’identifier des étoiles pendant le jour. « Cela permet de fournir une mesure corrigeant la position de la centrale inertielle, et cela même en pleine journée », explique l’AID.

En 2021, le ministère des Armées avait évoqué des « résultats prometteurs » à l’issue d’une première phase d’essais, réalisés sur le banc CIRE de DGA Maîtrise de l’information [DGA MI] ainsi qu’au Pic du Midi, avec le concours du Centre national de la recherche scientifique [CNRS]. « La capacité du démonstrateur à poursuivre de 4 à 5 étoiles à différents endroits de la voute céleste, de jour comme de nuit, a été démontrée », avait alors souligné l’AID.

Quant aux essais en vol, ils devaient être réalisés à bord d’un avion ATR42 du Service des Avions Français Instrumentés pour la Recherche en Environnement [SAFIRE].

La seconde phase des essais de ce démonstrateur vient de se terminer. Là encore, ces tests réalisés tant au sol qu’en vol, ont été « couronnés de succès » et ont permis de « valider la performance de navigation du système », a fait savoir l’AID, ce 23 octobre. « De nombreuses étoiles ont été accrochées et poursuivies de manière fine par le démonstrateur, permettant d’obtenir une estimation de position de l’avion de l’ordre de quelques centaines de mètres, tout au long de la trajectoire de vol », a-t-elle ajouté, avant d’annoncer le lancement d’un avant-projet « d’équipement embarquable à bord d’aéronefs ».

Plus largement, ce nouveau système de navigation aura vocation à équiper les chasseurs-bombardiers, les avions de transport, les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] ainsi que les navires et, à plus long terme, les missiles.

La Suède et le Royaume-Uni a bord de l’initiative européenne sur les frappes longue portée

La Suède et le Royaume-Uni a bord de l’initiative européenne sur les frappes longue portée

par – Forces opérations Blog – publié le

Deux pays ont formalisé leur entrée dans l’ « European Long Range Strike Approach » (ELSA), initiative lancée en juillet dernier par la France pour progresser conjointement sur le développement de la frappe longue portée de demain. 

La famille d’ELSA s’agrandit. La Suède et le Royaume-Uni, deux pays dont l’adhésion était pressentie, ont rejoint le quatuor initial formé par la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne à l’occasion d’une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN organisée cette semaine à Bruxelles. 

Ensemble, les six acolytes plancheront sur un nouveau missile de croisière terrestre doté d’une portée de 1000 à 2000 km. Il s’agira de « jouer un rôle clé dans la défense de l’Europe d’ici les années 2030 », pointe un partenaire britannique pour qui il est également question de « travailler plus étroitement avec ses alliés européens dans des domaines clés de la sécurité ». 

« La guerre en Ukraine a montré que des capacités de frappe en profondeur à longue portée sont nécessaires non seulement à des fins de dissuasion, mais aussi pour empêcher un ennemi de lancer des attaques suffisamment hors de portée pour que nous ne puissions l’arrêter », commentait le ministre de la Défense suédois Pål Jonson en marge de la signature d’une lettre d’intention. Reste à éclaircir le cas de l’Espagne, septième partenaire potentiel mentionné en amont de la signature intervenue mi-juillet.

« La question se pose : devons-nous, nous aussi, posséder ce type d’arme ? Nous voyons bien que ce type d’arme prend tout son sens si c’est un pilier européen de la Défense qui est capable de le développer et ensuite de le posséder », notait à ce sujet le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, en audition parlementaire.

Chaque pays dispose de son lot d’acteurs industriels susceptibles d’amener les briques nécessaires. Le champion européen MBDA, par exemple, a déjà progressé sur la question en dévoilant au salon Eurosatory un « Land Cruise Missile », application terrestre du missile de croisière naval (MdCN).

Côté français, ELSA se veut complémentaire d’un programme national de frappe longue portée terrestre (FLP-T), effort de remplacement du lance-roquettes unitaire pour lequel la livraison d’un démonstrateur est espérée d’ici 18 mois. La notification d’une étude auprès d’industriels français, attendue en 2024, doit encore se matérialiser afin d’avancer sur la piste d’une solution souveraine. 

Crédits image : MBDA

Les réservistes opérationnels vont troquer leurs fusils FAMAS contre des HK416F

Les réservistes opérationnels vont troquer leurs fusils FAMAS contre des HK416F

https://www.opex360.com/2024/10/20/les-reservistes-operationnels-vont-troquer-leurs-fusils-famas-contre-des-hk416f/


En septembre 2016, la Direction générale de l’armement [DGA] fit savoir qu’elle allait commander plus de 100 000 fusils d’assaut HK416F auprès de l’armurier allemand Heckler & Koch dans le cadre du programme « Arme individuelle du futur » [AIF]. Soit de quoi couvrir les besoins des trois armées, et en particulier ceux de la Force opérationnelle terrestre [FOT]. Pour autant, cette annonce ne signait pas la fin de l’emblématique FAMAS. Du moins pas dans un avenir proche.

En décembre 2022, la DGA indiqua qu’elle avait déjà livré 69 340 HK416F aux armées, sur les 117 000 devant être reçus d’ici 2028. D’où la commande annoncée de 8 000 fusils supplémentaires dans le projet de loi de finances 2025.

Le HK416F « a été conçu comme un véritable système d’armes, compatible avec les équipements FELIN, évolutif et capable d’intégrer les nouvelles technologies à venir, en particulier dans le domaine des optiques de jour et de nuit et des aides à la visée », rappelle la DGA.

Cela étant, les livraisons de ces nouveaux fusils d’assaut se faisant progressivement, il reste encore beaucoup de FAMAS en dotation.

« En ce qui concerne le FAMAS, il en reste encore puisque, cette année, on va recevoir 8 000 HK et on va encore en commander 8 000 », a ainsi relevé le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 15 octobre.

Cela étant, les 117 000 HK416F devant être commandés seront insuffisants pour armer les réservistes opérationnels de l’armée de Terre, dont le nombre va doubler d’ici 2030, passant ainsi de 24 000 à 50 000. Pour le moment, il est prévu de leur confier des FAMAS. Mais il ne s’agit que d’une solution temporaire.

« Je pense, qu’un jour, il faudra passer sur un système d’arme unique pour ne pas avoir des réservistes avec un type d’arme et les gens de l’active avec un autre », a en effet déclaré le général Burkhard. Un telle mesure permettrait de rationaliser l’entretien des armes individuelles, celui des FAMAS étant coûteux. « On sous-traite le percuteur, qui représente 380 euros pour 3 000 coups de fusil. Avec 3 percuteurs, on peut acheter un HK-416 », avait en effet expliqué le général Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], en 2016.

Pour rappel, l’ambition du ministère des Armées est de compter un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active. Ce qui permettra à l’armée de Terre de développer une « réserve de compétences », une « réserve territoriale » et une « réserve de combat ».

Pour cela, l’actuel CEMAT, le général Pierre Schill, a dit vouloir expérimenter « l’implication beaucoup plus étroite des réservistes » dans les régiments, l’idée étant de les insérer « dans les escadrons ou les compagnies de ces unités d’active ». Aussi, il ne serait pas compréhensible que les uns soient armés de FAMAS et les autres de HK416.

Photo : armée de Terre

Rafale, drone de combat, porte-avions… Budget 2025 : où vont aller les milliards des armées ?

Rafale, drone de combat, porte-avions… Budget 2025 : où vont aller les milliards des armées ?

https://www.challenges.fr/entreprise/defense/rafale-drone-de-combat-porte-avions-budget-2025-ou-vont-aller-les-milliards-des-armees_908405


Epargné par les coupes, même si des inconnues demeurent, le ministère des Armées va voir son budget augmenter de 3,3 milliards d’euros en 2025, conformément à la loi de programmation militaire. Futur porte-avions, drone de combat UCAV, Rafale… Gros plan sur les équipements livrés et commandés.

Vue d'artiste du porte-avions de nouvelle génération (PANG).

Vue d’artiste du porte-avions de nouvelle génération (PANG). Le lancement officiel de ce programme de plus de 10 milliards d’euros est prévu en 2025 – Naval Group / Chantiers de l’Atlantique / TechnicAtome

L’essentiel est sauf. C’est le sentiment largement partagé dans les armées à l’annonce des arbitrages du projet de loi de finances (PLF) 2025. Comme prévu par la loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM), le budget de défense, si le PLF est adopté, va augmenter de 3,3 milliards d’euros l’année prochaine, à 50,5 milliards d’euros. Un effort conséquent, d’autant plus marquant qu’il tranche avec le régime sec imposé à d’autres ministères. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu assume sans ciller. « Pourquoi la défense ne fait-elle pas l’objet de coups de rabot ? Les efforts ont déjà eu lieu, assurait le ministre le 14 octobre devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Je rappelle les chiffres : 54.000 postes supprimés [de 2008 à 2013, NDLR], un régiment sur deux de l’armée de terre et 11 bases aériennes fermées. »

Comment vont se répartir ces milliards de la défense ? Les deux tiers de l’effort (31,3 milliards) portent sur les équipements. La masse salariale représente 27 % du budget (13,6 milliards). Le reste se répartit entre les coûts de fonctionnement (4,8 milliards) et la provision destinée à financer les opérations extérieures (OPEX) et missions intérieures (Missint). Cette dernière passe de 800 millions d’euros en 2024 à 750 millions en 2025.

Près de 6 milliards pour la dissuasion

Comme chaque année, la dissuasion reste un des postes majeurs de dépenses. L’investissement dans le nucléaire atteindra 5,8 milliards d’euros en 2025, soit une hausse de 500 millions d’euros. L’année 2025 verra notamment le lancement du programme de la nouvelle version du missile nucléaire stratégique M51 embarqué sur les sous-marins lanceurs d’engins (SNLE), dite M51.4, prévue pour le milieu des années 2030.

L’investissement dans la future génération de sous-marins lanceurs d’engin, dite SNLE 3G, monte également en puissance. La première tôle du premier exemplaire a été découpée en mars dernier sur le site Naval Group de Cherbourg. Le ministère des Armées a prévu d’investir 752 millions d’euros en 2025 sur ce programme, vers lequel sont fléchés 12.9 milliards d’euros en tout. Le premier SNLE 3G, qui pourrait atteindre 150m de long et un poids de 15.000 tonnes (trois fois le poids des sous-marins nucléaires d’attaque de classe Suffren), doit entrer en service en 2035. La livraison du dernier des quatre engins est prévue en 2050.

821 millions d’euros fléchés vers le drone de combat

2025 sera également l’année du lancement officiel du programme de porte-avions de nouvelle génération (PANG), un géant de 75.000 tonnes qui doit succéder au Charles de Gaulle (42.000 tonnes) à l’horizon 2038. Selon les annexes du PLF 2025, 10,9 milliards d’euros doivent être investis dans ce projet, dont 224 millions sur l’année 2025.

L’année 2025 va aussi la montée en puissance de l’investissement dans le Rafale F5, la future version connectée du chasseur français, et du drone de combat qui l’accompagnera à l’horizon 2030. Ce drone va faire l’objet, selon les annexes du projet de loi de finances, d’un investissement de 821 millions d’euros, qui s’étalera sur les prochaines années avec une montée en puissance progressive (55 millions en 2025, 190 en 2026).

500 millions pour le système sol-air SAMP/T NG

Les autres grands agrégats du budget de défense reflètent les priorités du ministère : 1,9 milliard d’euros dédié aux munitions, un chiffre en hausse de 400 millions ; 700 millions d’euros pour le spatial, avec notamment la mise en orbite, prévue en décembre, du satellite espion CSO-3 ; 450 millions d’euros pour les drones et robots ; 400 millions d’euros pour les forces spéciales ; 500 millions d’euros pour la défense sol-air (système SAMP/T NG), 500 millions pour le renseignement, 300 millions pour l’IA, 300 millions pour le cyber, et 265 millions pour la fidélisation des militaires et civils du ministère, un des chantiers majeurs de l’hôtel de Brienne.

Ces investissements importants se retrouvent dans les livraisons d’équipements attendues en 2025. Parmi les principales, le ministère attend la livraison de la frégate FDI Amiral Ronarc’h, 2 Atlantique 2 rénovés, de 14 Rafale et 12 Mirage 2000D rénovés, d’un ravitailleur A330 MRTT et un avion de transport A400M, de 6 hélicoptères Tigre HAD, mais aussi de 308 véhicules Scorpion (Serval, Griffon, Jaguar), 28 véhicules légers et 30 poids lourds dédiés aux forces spéciales, de 8.000 fusils d’assaut HK416, ainsi que de lots de torpilles lourdes F21, des missiles Exocet, Scalp et Akeron MP.

Côté commandes, outre le contrat pour le porte-avions de nouvelle génération, le PLF prévoit la commande d’une frégate FDI, de missiles Mistral, Scalp, Mica, Meteor, Akeron MP mais aussi de camions-citernes et de bâtiments hydrographiques de nouvelle génération.

700 créations de postes

L’entraînement et la maintenance bénéficient également largement de la hausse des crédits. 7,8 milliards d’euros seront consacrés à la préparation et l’emploi des forces (+ 364 millions), et 5,9 milliards d’euros au maintien en condition opérationnels des matériels.

Les RH montent également en puissance : le ministère prévoit de créer 700 postes sur l’année 2025, dont 194 dans l’IA et le numérique, 119 dans les fonctions de soutien, 170 pour la DGSE, et une soixantaine pour la dissuasion (Direction des applications militaires du CEA). Les effectifs devraient atteindre 271.100 agents, dont trois quarts de militaires et un quart de civils.

OPEX et gels de Bercy, les deux inconnues

Dans ce panorama plutôt réjouissant pour les armées subsistent quand même quelques incertitudes majeures. La première, c’est le sort des quelque 2,6 milliards d’euros de crédits gelés par Bercy sur l’exercice 2024. Sébastien Lecornu a souligné, devant le Sénat et l’Assemblée nationale, que les crédits mis en réserve avaient toujours été dégelés les années précédentes. Si ce n’était pas le cas cette année, l’hôtel de Brienne entamerait 2025 avec une sorte de déficit de 2,6 milliards d’euros, qui obérerait d’autant la hausse prévue du budget.

L’autre incertitude réside dans le financement du surcoût des opérations extérieures (OPEX) et intérieures de l’année 2024. La provision de 800 millions d’euros destinée à financer ces opérations sera, à l’évidence, insuffisante pour couvrir tous les coûts assumés par l’armée. Les déploiements en Roumanie (mission Aigle) et en Estonie (Lynx) coûtent cher : le coût de la mission Aigle avait été estimé à 700 millions d’euros en 2022 par le sénateur Dominique de Legge, rapporteur spécial des crédits de défense.

L’effort financier des armées pour la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris était quant à lui estimé entre 300 et 400 millions d’euros par le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense le 15 octobre.

300 millions d’avoirs russes récupérés

Selon la LPM, le surcoût OPEX, s’il dépasse la provision annuelle inscrite en loi de finances, est pris en charge par un effort interministériel, à due proportion des budgets respectifs des ministères. Si cet engagement n’était pas tenu, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros de dépenses imprévues que devrait honorer le ministère.

Ce dernier bénéficie certes de la baisse de l’inflation, qui lui permettra d’économiser 400 à 600 millions d’euros sur l’année 2024, selon Sébastien Lecornu. Mais cette somme a été fléchée, de même que les 300 millions d’euros issus des intérêts des avoirs russes gelés, vers l’aide à l’Ukraine. En cas de mauvaise surprise, l’hôtel de Brienne devra trouver les fonds ailleurs.

Le nouveau bijou high-tech de la Marine Française prouve au monde entier que la France a encore des ressources

Le nouveau bijou high-tech de la Marine Française prouve au monde entier que la France a encore des ressources

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Le nouveau bijou high-tech de la Marine Française prouve au monde entier que la France a encore des ressources

Amiral Ronarc’h: le nouveau joyau de la Marine Française navigue pour la première fois.

La frégate Amiral Ronarc’h, premier navire du programme Frégates de Défense et d’Intervention (FDI) a voir le jour, a récemment entamé ses essais en mer, marquant un tournant majeur dans la modernisation de la Marine nationale. Ce premier navire de la série, après sa mise à flot fin 2022 et le lancement des frégates Kimon et Nearchos, a débuté ses tests le 7 octobre 2024 depuis le site de Naval Group à Lorient, Bretagne.

Début prometteur pour le programme français de FDI

L’Amiral Ronarc’h, pionnier du programme FDI, a pris la mer pour la première fois pour une série d’essais cruciaux. Cette première sortie en mer, connue sous l’acronyme « PSM », est une phase décisive permettant aux équipages de se familiariser avec leur futur bâtiment tout en mettant à l’épreuve les systèmes et équipements en conditions réelles. Ce premier test est vital non seulement pour l’Amiral Ronarc’h mais aussi pour les autres unités commandées par la France et la Grèce, qui bénéficieront des retours d’expérience accumulés.

Un test complet des capacités de combat de la FDI

Ce qui distingue ces essais des routines habituelles est leur portée étendue incluant le système de combat du navire, testé en conditions de mer réelles. Ce niveau de vérification est essentiel pour s’assurer que la frégate peut opérer efficacement dans toutes les situations de combat prévues, reflétant ainsi les capacités polyvalentes de la FDI en matière de lutte antinavire, anti-aérienne, et anti-sous-marine, ainsi que contre les menaces asymétriques.

Les FDI se positionnent comme des navires multi-rôles, conçus pour opérer de manière autonome ou au sein d'une force navale.
Les FDI se positionnent comme des navires multi-rôles, conçus pour opérer de manière autonome ou au sein d’une force navale.

Une frégate multi-rôles Innovante et sécurisée

Les FDI se positionnent comme des navires multi-rôles, conçus pour opérer de manière autonome ou au sein d’une force navale. Elles intègrent le meilleur des technologies navales françaises sur une plateforme compacte et sont équipées pour faire face aux menaces actuelles et futures grâce à une couverture complète dans toutes les bandes de fréquence. La digitalisation avancée de ces frégates permet une adaptation continue aux évolutions technologiques et opérationnelles.

Une architecture défensive contre les cybermenaces

Premières de leur genre, les FDI intègrent une protection native contre les cyberattaques, structurées autour de deux Data Centers virtualisés qui gèrent la majorité des applications informatiques du navire. Cette innovation opérationnelle est cruciale dans le contexte actuel de menaces informatiques croissantes.

 

[FDI] : La frégate de défense et d'intervention, une frégate numérique, un programme innovant

 

Armement et capacités défensives de pointe

L’armement des FDI comprend des missiles antinavires Exocet MM40, des missiles antiaériens ASTER, des torpilles anti-sous-marines MU90, ainsi qu’une variété d’artillerie. Capable d’embarquer un hélicoptère lourd et un drone aérien, ainsi que de déployer des forces spéciales, l’Amiral Ronarc’h est également équipé du radar Sea Fire de Thales, offrant des capacités étendues de défense de zone.

Une plateforme adaptée aux menaces asymétriques

Les FDI inaugurent également un concept novateur : une passerelle dédiée à la lutte contre les menaces asymétriques, permettant la coordination et la conduite efficaces contre des cibles aériennes et de surface proches de petite taille, telles que des embarcations piégées. Cette configuration est particulièrement intéressante dans les zones où la piraterie est assez active comme dans le golf d’Aden.

Caractéristiques techniques de la FDI Amiral Ronarc’h :

  • Déplacement : classe 4 500 tonnes
  • Longueur : 122 mètres
  • Largeur : 18 mètres
  • Vitesse : 27 nœuds
  • Autonomie : 45 jours
  • Capacité de logement : équipage de 125 personnes + 28 passagers

Cet article explore le lancement réussi de la frégate Amiral Ronarc’h, illustrant la capacité de la Marine nationale française à intégrer innovation et technologie de pointe dans le cadre de son programme de Frégates de Défense et d’Intervention. Ce navire, par ses tests en mer et son arsenal technologique avancé, démontre son aptitude à renforcer la sécurité maritime et à répondre efficacement à une gamme diverse de menaces.

Source : Naval Group

Images : defense.gouv.fr

Thales démontre sa capacité à déployer des essaims de drones à un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA

Thales démontre sa capacité à déployer des essaims de drones à un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA


C’est un fait établi, les drones offrent des avantages considérables sur les théâtres d’opérations. Ils présentent encore deux limites : un mode d’emploi impliquant un pilotage par un opérateur dédié dans la majorité des cas, et la nécessité d’une liaison de données sécurisée et résistante durant toute la durée de la mission. Lors de la Journée de Démonstrations d’Essaims de drones de Contact (JDEC), Thales et ses partenaires ont dévoilé leurs dernières avancées visant à apporter des réponses à ces contraintes afin de permettre des opérations en essaims adaptées aux besoins militaires. Au cœur de cette journée : le démonstrateur COHESION de la solution d’essaim Thales qui permet d’atteindre un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA et à l’usage d’agents intelligents.

L’architecture système de COHESION permet aux opérateurs d’ajuster le niveau d’autonomie de leurs essaims de drones pour l’adapter aux besoins des forces à différentes phases de leurs missions. Ces essaims de drones apportent une flexibilité inégalée en milieu contesté, où l’usage de la guerre électronique affecte les communications et le service GNSS. L’autonomie conférée aux drones et à l’essaim dispense de la nécessité d’une liaison de données permanente avec une station de contrôle. Les drones sont capables de percevoir et d’analyser leur environnement, de partager entre eux des informations sur les cibles, d’analyser l’intention de l’ennemi mais aussi de mettre en œuvre des tactiques collaboratives et d’optimiser leur trajectoire, augmentant leur résilience ainsi que l’efficacité des forces. Il favorisent l’accélération de la boucle OODA1 et la transparence du champ de bataille.

Cette innovation démultiplie les capacités des forces sans augmenter la charge cognitive des opérateurs qui restent maitres des décisions les plus critiques. L’apport d’une IA de confiance cybersécurisée qui garde l’opérateur dans la boucle garantit la permanence et la sécurité de la supervision humaine, en conformité avec les principes du TrUE AI2 de Thales.

« Notre fierté est de proposer des solutions innovantes tout en restant alignés sur des valeurs éthiques fortes. À la fois démontrables, applicables, incrémentales et déployables, nos solutions permettent de démultiplier les capacités des forces sans accroitre la charge cognitive des opérateurs, et en les maintenant au centre des décisions. » indique Hervé Dammann, Directeur général Adjoint, Systèmes Terrestres et Aériens de Thales.

En tant que systémier et intégrateur, Thales a développé son offre Drone Warfare pour accélérer l’interopérabilité avec diverses plateformes et systèmes terrestres, aéroterrestres, aériennes et navales. Le Groupe participe par ailleurs à un écosystème industriel et technologique français dans le domaine des drones de contact.

  • Thales est aussi fabricant de drones comme l’illustre son implication dans le programme SMDR (Système de Mini-Drones de Reconnaissance) de l’armée de Terre française avec son produit Spy’Ranger 330.
  • Avec l’acquisition d’Aeromapper en 2024, Thales a élargi son portefeuille de produits avec la Munition TéléOpérée (MTO) TOUTATIS et la gamme Noctua (drones d’observation)
  • Enfin, en juin 2023, Thales a lancé l’offre OpenDRobotics, une solution fédérant les capacités robotiques, les drones aéroterrestres et les moyens conventionnels de l’armée de Terre, grâce à l’IA, dans un système de mission centré sur l’humain.

Thales accélère dans le domaine de l’IA avec la création en mars 2024 de cortAIx, l’accélérateur d’IA de confiance de Thales dans les systèmes critiques. cortAIx vise à intégrer et industrialiser à court terme les outils de développement d’IA pour fournir aux forces armées des solutions d’optimisation d’analyse des données issues des capteurs et de prises de décisions, tout en y intégrant les contraintes spécifiques liées aux environnements critiques comme la cybersécurité, l’embarquabilité ou encore la frugalité.


  1. La boucle OODA (Observer, Orienter, Décider, Agir)
  2. Transparent AIUnderstandable AIEthical AI

Tir d’essai du futur missile antiaérien de l’armée française qui devrait entrer en service en 2026

AASSDN* – publié le 13/10/2024

https://aassdn.org/amicale/tir-dessai-du-futur-missile-antiaerien-de-larmee-francaise-qui-devrait-entrer-en-service-en-2026/

*L’AASSDN rassemblela communauté du renseignement et renforce ses liens avec l’ensemble des citoyens


Le missile jaillit de son tube et bondit vers le ciel. Une dizaine de secondes plus tard, la cible volante est désintégrée: l’armée française a testé mardi avec succès la future version de son missile anti-aérien, qui doit pouvoir intercepter certains missiles balistiques ou hypersoniques.

Baptisé « opération Mercure », l’essai mené au centre d’essais de la Direction générale de l’armement (DGA) à Biscarosse (Landes, sud-ouest) est le “premier tir de développement de ce que sera le futur missile Aster”, explique la directrice du centre, l’ingénieure de l’armement Corinne Lopez.

Le missile Aster 30 B1NT (nouvelle technologie), qui doit entrer en service en 2026, aura la capacité d’atteindre une cible volant à 25 000 mètres d’altitude à 150 kilomètres à la ronde, selon son concepteur, le fabricant de missiles européen MBDA.

Outre les avions, il aura la capacité d’intercepter des missiles balistiques de moyenne portée, du type de ceux tirés la semaine passée par l’Iran contre Israël, ainsi que les missiles dits hypersoniques, volant à plus de Mach 5 (6 000 km/h).

Pour l’heure, l’exercice se joue avec deux cibles orange volant à près de 900 km/h au-dessus de l’océan Atlantique à 6 000 mètres d’altitude, à une vingtaine de kilomètres de la côte.

Il en faudra plusieurs autres avant que le missile et son système de défense sol-air de moyenne portée (SAMP/T NG, sol-air moyenne portée terrestre de nouvelle génération) entrent en service.

“5, 4, 3, 2, 1… Tir autorisé”, énonce l’officier de conduite d’essai dans la salle d’opérations bardée d’écrans d’où sont surveillées et recueillies les données radar, optique ou de télémesures.

En bord de mer, une batterie de défense sol-air, tubes de lancement pointés à la verticale, déclenche le tir. “A tous, la cible a été touchée”, annonce peu après l’officier sous les applaudissements du ministre des Armées Sébastien Lecornu et de plusieurs parlementaires.

« C’était la première épreuve d’un programme qui est absolument clé (…) un beau succès sur la discrimination de cibles », salue M. Lecornu. Doté d’un nouvel autodirecteur, sorte de petit radar situé dans sa tête, le missile a en effet su faire la différence entre ce qui lui était présenté comme l’aéronef ami et l’autre ennemi.

Espoirs commerciaux

La France est engagée dans un renforcement de sa défense sol-air, domaine délaissé depuis la fin de la Guerre froide. Elle prévoit d’y consacrer 5 milliards d’euros d’ici 2030 et a déjà commandé 8 systèmes SAMP/T de nouvelle génération, qui avec les nouveaux Aster comprendra un nouveau radar et un nouveau système de conduite de tir. Elle doit en commander quatre autres dans les années à venir.

L’Italie, avec qui le programme a été lancé en 2021, doit de son côté se doter de 10 de ces systèmes. Les missiles Aster 30 B1NT équiperont également les frégates françaises et italiennes, ainsi que les pays qui achètent ces navires auprès des deux pays, tout comme certains bâtiments britanniques.

« Les frappes iraniennes sur Israël montrent bien à quel point les menaces balistiques à longue portée sont malheureusement devant nous. La France doit être prête », juge le ministre.

Alors que le système SAMP/T n’a jamais trouvé preneur à l’export, hormis une batterie donnée à l’Ukraine pour l’aider à défendre son ciel face aux bombardements russes, le ministre espère de futurs succès commerciaux, alors que de nombreux pays européens ont opté pour le Patriot américain.

Il s’agit pour Paris et Rome d’offrir une alternative au projet de « bouclier du ciel européen » (ESSI) lancé par l’Allemagne et auquel se sont joints une vingtaine de pays. Celui-ci entend s’appuyer sur les systèmes anti-aériens Iris-T allemand pour la défense sol-air courte portée, Patriot américain pour la moyenne portée et américano-israélien Arrow-3 pour la longue portée.

Avec le futur missile Aster, espère Sébastien Lecornu, « on est en train d’avoir un saut technologique suffisamment fort pour permettre à une partie de l’Europe d’acheter franco-italien et d’avoir une solution complètement souveraine », à 100% européenne.

Dépêche AFP  – 08/10/2024 à 14:18


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Le ministre des Armées confirme la commande du porte-avions de nouvelle génération en 2025

Le ministre des Armées confirme la commande du porte-avions de nouvelle génération en 2025


Dévoilé le 11 octobre, le projet de loi de finances pour l’exercice 2025 prévoit de porter le montant des crédits de la mission « Défense » à 50,54 milliards d’euros [soit + 3,3 milliards], conformément à la trajectoire financière définie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Et cela dans un contexte marqué par une dégradation significative des finances publiques, doublée par une situation politique incertaine, ce qui aura des incidences sur le débat budgétaire à l’Assemblée nationale.

Quoi qu’il en soit, le ministère des Armées est l’un des rares à échapper à la cure d’austérité qui s’annonce. Ce qui peut engendrer de l’incompréhension parmi une partie de l’opinion publique… Le ministre, Sébastien Lecornu, en est d’ailleurs conscient, en affirmant qu’il avait un « devoir vis-à-vis des contribuables, citoyens et électeurs » en faisant en sorte que cet argent « soit bien employé ».

Mais, ce 14 octobre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, M. Lecornu a soutenu que le ministère des Armées avait déjà payé son écot au redressement des finances publiques.

« On a [eu] des dividendes de la paix qui ont été emmenés un peu loin dans les années 2000 et dont on voit bien que les effets ont été durables sur nos capacités militaires. […] On avait, globalement, pendant vingt ans, une richesse nationale qui avait augmenté de plus de 50 % et des dépenses militaires mondiales qui avaient augmenté de 18 % pendant que nos dépenses militaires nationales diminuaient de 17 % », ce qui s’est traduit par la suppression de 54 000 postes, d’un régiment de l’armée de Terre sur deux et de 11 bases aériennes. Et le ministre de relever également que la Marine nationale avait « 311 000 tonnes d’acier à la mer dans les années 1980 » contre 287’000 tonnes en 2019.

Pour le moment, le ministère des Armées n’a pas publié le détail des livraisons et des commandes prévues en 2025. Mais devant les députés de la commission de la Défense, M. Lecornu en a donné les grandes lignes.

Ainsi, sans entrer dans les détails, un effort plus important que prévu sera fait sur les munitions dites complexes, avec une enveloppe de 1,9 milliard d’euros [+ 27 %, soit 400 millions d’euros de plus par rapport à l’exercice 2024] et il est question de renforcer les capacités permettant d’éviter un « contournement par le bas de la dissuasion ». L’espace bénéficiera d’un investissement de 870 millions d’euros [soit + 15 %] tandis que le renseignement et le cyber verront encore leurs crédits progresser [environ 13 % de plus]. Enfin, il s’agira d’accélérer le développement d’armes à énergie dirigée ainsi que les moyens relatifs aux grands fonds marins.

Mais le « gros » morceau reste encore le porte-avions de nouvelle génération [PA NG] puisque, a annoncé M. Lecornu, le ministère des Armées notifiera sa commande aux industriels l’an prochain.

« L’année 2025 sera celle de la passation de commande du porte-avions de nouvelle génération », a simplement lâché M. Lecornu.

Jusqu’à présent, cette échéance était incertaine. Et probablement qu’elle suscitera quelques commentaires négatifs [le ministre en a eu un avant goût en commission…], d’autant plus que l’investissement prévu devrait s’élever à « une dizaine de milliards d’euros », selon le dernier numéro de Cols Bleus, le magazine de la Marine nationale.

En réalité, le programme de PA NG a en quelque sorte déjà commencé étant donné que, en avril, la commande des « prestations à longs délais d’approvisionnement » ont été notifiées à MO-Porte-avions [la coentreprise de Naval Group et des Chantiers de l’Atlantique] ainsi qu’à TechnicAtome.

« Les prestations concernent la propulsion nucléaire du navire, à savoir : les chaufferies, les enceintes de confinement et la conversion énergie vapeur », avait alors expliqué la Direction générale de l’armement [DGA].

Pour le moment, le programme PA NG est dans sa phase d’avant-projet détaillé, celle-ci devant s’achever avant la fin de l’année 2025. Ce n’est qu’une fois que le dossier de lancement et de réalisation sera prêt que les contrats de développement et de production pourront être notifiés.

Selon Cols Bleus, le PA NG sera « le plus grand navire militaire jamais construit en Europe ». Et pour cause : il affichera finalement un déplacement de 80 000 tonnes [soit 5 000 de plus par rapport à ce qui avait initialement été envisagé] pour une longueur de 310 mètres. De telles dimensions supposent de lancer un chantier colossal à la base navale de Toulon, l’objectif étant de gagner 10 à 15 hectares sur la rade pour y construire des quais et un bassin dédié à ce futur navire.

La DGA a réalisé avec succès le premier tir de qualification du système de défense aérienne SAMP/T NG

La DGA a réalisé avec succès le premier tir de qualification du système de défense aérienne SAMP/T NG

https://www.opex360.com/2024/10/09/la-dga-a-realise-avec-succes-le-premier-tir-de-qualification-du-systeme-de-defense-aerienne-samp-t-ng/


Lors d’une conférence sur la défense aérienne et antimissile de l’Europe, tenue à Rome, les 16 et 17 septembre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, confirma la commande de huit systèmes SAMP/T NG [Sol-Air Moyenne Portée de Nouvelle Génération ou Mamba NG] avant de préciser que les premiers exemplaires entreraient en service au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] à partir de 2026. Soit avec un an d’avance par rapport au calendrier initialement prévu. Autant dire qu’il n’y a guère de temps à perdre…

Pour rappel, développé dans le cadre d’une coopération franco-italienne par le consortium Eurosam [MBDA et Thales] par l’entremise de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], le SAMP/T repose sur le nouveau missile intercepteur Aster 30 Block 1 NT [pour Nouvelles Technologies] qui, doté d’un autodirecteur en bande Ka, est associé, pour la version française, au radar Ground Fire 300 fourni par Thales.

Le 8 octobre, à Biscarrosse, ce programme a franchi une étape significative avec le premier tir réussi d’un Aster 30 B 1NT depuis le site de la Direction générale de l’armement – Essais de Missiles [DGA-EM].

« Il s’agit du premier tir de développement du missile ASTER 30 B1 de Nouvelle Technologie, qui équipera le futur système de défense sol­-air franco­-italien SAMP/T NG et les plateformes navales des deux nations équipées de systèmes de défense anti­aérienne », a expliqué la DGA.

 

Le scénario de cet essai aura été relativement complexe dans la mesure où il a consisté à abattre une « cible représentative d’un chasseur ennemi » afin de protéger un « avion ami ».

« DGA Essais de missiles a assuré la conduite d’ensemble de l’opération, la mise en œuvre des cibles ainsi que la sécurité des biens et des personnes sur la zone d’exercice », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué.

Selon les précisions apportées par Eurosam, une batterie SAMP/T se compose de 48 missiles Aster 30 B 1NT prêts à être lancés, d’un radar multifonctions [le Ground Fire 300 pour la France, le Kronos GM HP pour l’Italie], d’un module d’engagement et de 6 lanceurs.

Le SAMP/T NG « représentera une rupture technologique vis-à-vis du Patriot américain. Ce sera l’un des seuls systèmes au monde capable d’arrêter un missile hypervéloce », avait indiqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], dans un entretien donné au quotidien Le Figaro, en mai dernier.

Plus précisément, offrant une protection à 360 degrés, le SAMP/T NG sera capable de détecter et d’intercepter des missiles balistiques manœuvrant d’une portée supérieure à 600 km ainsi que des « cibles aérobies » à plus de 150 km de distance.

Photo : Capture d’écran – via DGA