Il est urgent de soutenir la filière française de robotique militaire

Il est urgent de soutenir la filière française de robotique militaire

 

par Thierry Berthier – revue Conflits – publié le 29 octobre 2024

https://www.revueconflits.com/il-est-urgent-de-soutenir-la-filiere-francaise-de-robotique-militaire/


Sur tous les théâtres d’opération, les armées de drones sont à l’action, modifiant en profondeur les structures de combat. Pour la France, il est urgent de disposer d’une filière de robotique militaire afin de tenir le choc du développement des drones.

Thierry Berthier

La guerre russo-ukrainienne, le conflit israélo-palestinien, la guerre civile du Myanmar (Birmanie), la guerre du Yémen, les opérations de harcèlement menées par les Houthis en mer Rouge, les combats entre narco-cartels mexicains et armée régulière, la potentielle future invasion de Taiwan par la Chine ont un dénominateur commun : la construction et l’engagement croissant d’une « armée des drones ». Celle-ci est employée en phase offensive pour percer les défenses ennemies et en phase défensive pour stopper la progression de colonnes de chars ou de blindés, pour figer un front ou pour frapper dans la profondeur. D’une manière générale, la robotique militaire aéroterrestre transforme le champ de bataille en un espace incompatible avec la vie du combattant humain, qu’il soit embarqué dans un équipage de char, de camion, de système d’artillerie ou de base radar. Les munitions téléopérées (MTO) ou drones kamikazes modifient l’art de la guerre. Elles participent à la construction d’une dissuasion technologique en complément de la dissuasion nucléaire.

Le drone est partout

L’armée française est parfaitement consciente du rôle central des drones sur le champ de bataille et de la nécessité de constituer, au plus vite, une future armée des drones. Elle mène des expérimentations de haut niveau à l’image du 17e Groupe d’Artillerie de Biscarosse et de son laboratoire d’Innovations Drones qui réalise un travail fantastique [1]. La révolution de la robotique aéroterrestre est en marche et les armées sont disposées à en tirer tous les avantages au combat. Le principal défi réside dans la constitution d’une filière industrielle française du drone qui soit robuste, adaptative, scalable et la plus souveraine possible en minimisant les dépendances aux composants électroniques étrangers.

La base industrielle française de robotique militaire s’est structurée au fil des années, sans soutien externe, à la seule force de son innovation. Il existe une quinzaine de constructeurs de drones aériens sur le territoire national en dehors du leader européen et top2 mondial PARROT. De taille modeste (ce sont des startups), ces constructeurs vivent de la vente de leurs produits souvent très innovants et sont capables de rivaliser avec des concurrents internationaux très soutenus par leurs pays d’origine. C’est la différence essentielle entre notre base industrielle de robotique militaire qui évolue sans soutien étatique et les bases industrielles chinoises, russes, turques, iraniennes, américaines, israéliennes, indiennes qui disposent toutes de soutiens financiers et étatiques de très haut niveau. Il en est de même pour la base industrielle française de robotique terrestre qui compte cinq constructeurs dont l’un d’entre eux a atteint le statut de leader mondial des robots évoluant en environnement extrême (SHARK ROBOTICS). Là encore, la croissance de ces sociétés hyper innovantes a été réalisée sans aide externe, au rythme des ventes à l’international. Cette absence de soutien profite à la concurrence internationale et transforme le marché français en espace « Darwinien » où seuls les meilleurs survivent.

Trouver des financements

Concrètement, il est encore terriblement difficile de lever des fonds en France sur un projet de startup de robotique militaire (!). Les fonds d’investissement français sont, par principe, doublement réticents à soutenir le développement de produits « hardware » et encore plus réticents quand ces produits sont destinés au marché militaire… Cette aridité de l’investissement privé (et de la subvention nationale) affaiblit l’ensemble de la filière : Un ingénieur sortant de son école n’a objectivement aucun intérêt à se lancer dans un projet de startup de robotique militaire, car il sait, par avance, que les futures levées de fonds seront un parcours du combattant épuisant et sans issue favorable. Plus grave encore, une société ayant atteint un niveau international aura les mêmes difficultés à boucler un tour de table de croissance « français » d’une levée de fonds de série B ou C.

Développer une filière

À ce jour, aucune initiative n’est parvenue à résoudre cette difficulté de financement souverain de la filière de robotique aéroterrestre. Par conséquent, les constructeurs français qui recherchent des investisseurs n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers des fonds étrangers, européens, américains, chinois ou saoudiens. L’aridité du financement de Private Equity, l’aridité des subventions et de la commande nationale détruisent nativement l’ambition de souveraineté. L’instabilité d’un monde multipolaire et le retour de la guerre de haute intensité sur le sol européen nous obligent à casser cette dynamique d’évitement du financement de la robotique militaire. Il faut inciter fiscalement les banques d’affaires et les fonds d’investissement français à investir dans des dossiers de robotique militaire, tout en modifiant leurs chartes d’investissement socialement responsable. Nous devons retourner la situation et rendre « non éthique » l’évitement des projets militaires. L’État doit également se responsabiliser, prendre conscience de cette vulnérabilité en créant un fonds souverain national dédié aux drones aéroterrestres et navals qui permettra de soutenir la filière au même niveau que ce que font la Turquie, l’Inde, Israël, l’Iran, les deux Corées, et les trois acteurs dominants, Russie, Chine, États-Unis.

L’écosystème financier français sait soutenir ses startups d’intelligence artificielle générative avec des levées de fonds rapides et de très haut niveau. Il faut parvenir au même niveau de réactivité et de soutien pour la filière de robotique militaire, car lorsqu’il faudra combattre nos ennemis, ChatGPT ne sera d’aucune utilité face à un char ennemi, contrairement à un drone kamikaze conçu et produit en France [2].

[1] 17e GA Biscarosse – Groupe Innovations Drones :

https://theatrum-belli.com/linnovation-drone-au-17e-groupe-dartillerie/

[2] VELOCE 330 – EOS TECHNOLOGIE

https://www.youtube.com/watch?v=xbsn4iwNXGQ

Le premier hélicoptère Tigre porté au standard MK2 a été livré à l’armée de Terre… avec 4 ans de retard

Le premier hélicoptère Tigre porté au standard MK2 a été livré à l’armée de Terre… avec 4 ans de retard

https://www.opex360.com/2024/10/29/le-premier-helicoptere-tigre-porte-au-standard-mk2-a-ete-livre-a-larmee-de-terre-avec-4-ans-de-retard/


La flotte d’hélicoptères d’attaque et de reconnaissance EC665 Tigre de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] fait l’objet de deux opérations industrielles distinctes.

La première, décidée en 2015, consiste à faire évoluer les appareils livrés dans la version HAP [appui et protection] vers le standard HAD [appui et destruction]. Or, les 40 exemplaires concernés n’ont pas tous encore été modifiés. Selon le Projet annuel de performance [PAP] du programme 146 « Équipement des forces » mis en annexe au projet de loi de finances pour 2025, cette opération devrait être achevée en 2026.

Dans le même temps, il s’agit aussi de moderniser les Tigre HAD en les portant au standard Mk2. Cette opération a fait l’objet d’un contrat notifié par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] à Airbus Helicopters et à TDA Armements [intégré depuis à Thales LAS, ndlr] en décembre 2016.

À l’époque, l’OCCAr avait expliqué que cette modernisation porterait sur l’intégration de la roquette à guidage laser ACULEUS de 68 mm, d’une précision submétrique et d’une portée d’environ 6 kilomètres, d’un antenne diagramme de rayonnement contrôlé [CRPA] « TopShield » et d’un nouveau récepteur GPS insensible au brouillage électronique. D’après le calendrier prévu, les livraisons des Tigre HAD Mk 2 à l’ALAT devaient commencer en 2020 pour s’achever trois ans plus tard.

Seulement, ces échéances ne purent pas être tenues. Ainsi, les expérimentations technico-opérationnelles [EXTO] du Tigre HAD Mk2, réalisées par le Groupement aéromobilité de la Section technique de l’armée de Terre [GAMSTAT], ne furent achevées qu’en octobre 2021. Pour autant, elles n’ouvrirent pas la voie aux livraisons de ces hélicoptères ainsi modernisés à l’ALAT…

En effet, ce n’est que le 24 octobre qu’un premier Tigre HAD Mk2 a été remis au ministère des Armées sous l’égide de l’OCCAr.

Cette mise à niveau « apporte au Tigre HAD une amélioration opérationnelle significative, lui permettant de conserver toute sa pertinence sur le terrain », a commenté l’OCCAr, via un communiqué. « Cette première réception marque le début de la modernisation de la flotte de 67 hélicoptères de combat de l’armée de terre française, qui se poursuivra avec le programme de modernisation à mi-vie vers le standard Mk3 pour la France et l’Espagne », a-t-elle ajouté.

En réalité, il conviendrait de parler de standard Mk 2+ étant donné que les ambitions qui avaient été affichées pour cette modernisation à mi-vie du Tigre ont dû être revues à la baisse, l’Allemagne s’étant retirée de ce programme. Et, côté français, elle ne concernera que 42 appareils.

Ce standard Mk 2+ [Tigre RMV] visera notamment à intégrer aux Tigre concernés le SICS ALAT [Système d’information du combat Scorpion], le poste radio CONTACT et une capacité de coopération drones-hélicoptères [MUM-T].

Artillerie : L’armée de Terre a terminé l’évaluation du couple formé par le CAESAr et le drone DT46 de Delair

Artillerie : L’armée de Terre a terminé l’évaluation du couple formé par le CAESAr et le drone DT46 de Delair


Le 6 novembre, à Canjuers [Var], le 3e Régiment d’Artillerie de Marine [RAMa] va effectuer un exercice au cours duquel ses CAESAr [Camion équipés d’un système d’artillerie] seront associés au Système de minidrone de renseignement [SMDR], lequel repose sur trois drones Spy’Ranger [fournis par Thales].

Selon les explications fournies par le ministère des Armées, le SMDR permet « aux observateurs d’artillerie de se soustraire à la vue de l’adversaire, d’accroître la transparence du champ de bataille et d’optimiser la portée et la précision » du CAESAr.

Mais ce n’est pas la première fois que ce mode opératoire est expérimenté. L’an passé, lors d’une campagne de tirs ayant duré cinq semaines, le 40e Régiment d’Artillerie [RA] avait « pris en compte l’accélération de la boucle renseignement – feux » en ayant justement recours au SMDR.

Seulement, les Spy’Ranger sont désormais de conception ancienne, le marché « SMDR » ayant été notifié à Thales par la Direction générale de l’armement [DGA] en 2016. Ce qui est une éternité dans ce domaine… D’autant plus que des drones plus performants et mieux adaptés aux contraintes des artilleurs sont désormais sur le marché. C’est notamment le cas du DT-46 du constructeur français Delair.

Ayant la particularité de fonctionner selon deux configurations [VTOL, c’est-à-dire à décollage et atterrissage verticaux, ou voilure fixe], il affiche une endurance comprise entre 3h30 et 7h30, tout en portant une charge utile de 5 kg [boule optronique, LIDAR, etc.]. Sa portée est de 100 km… alors que celle du Spy’Ranger n’est que de 30 km.

D’où le vif intérêt que lui porte la Section technique de l’armée de Terre [STAT], qui vient de finaliser son évaluation technico-opérationnelle [EVTO], avec le concours du 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste [RAP]. Et, visiblement, le DT-46 a donné satisfaction.

« Ce drone sera prochainement déployé dans l’armée de Terre. Il effectuera des missions de renseignement et d’acquisition d’objectifs au profit de l’artillerie », a fait savoir la STAT, via le réseau social LinkedIn. Et de préciser que les tirs effectués par son équipe de marque « drones spécialisés », renforcée par des « télépilotes » du 3e RAMa, du 11e RAMa et du 68e RAA et avec le concours du 35e RAP ont été les « premiers » à avoir été « réalisés avec une numérisation ATLAS complète entre un drone et des CAESAr ».

Pour rappel, le système ATLAS [Automatisation des Tirs et Liaisons de l’Artillerie Sol/sol] permet de transmettre automatiquement des « informations entre les principales équipes du régiment dans la fonction feux mais aussi dans les fonctions commandement, renseignement, logistique et NBC ».

Selon la DGA, les actes malveillants contre les entreprises françaises de l’armement se multiplient

Selon la DGA, les actes malveillants contre les entreprises françaises de l’armement se multiplient

https://www.opex360.com/2024/10/25/selon-la-dga-les-actes-malveillants-contre-les-entreprises-francaises-de-larmement-se-multiplient/


La sécurité informatique des entreprises de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française est un vaste chantier, qui plus est sans fin étant donné que les « cyber-assaillants » ont souvent un temps d’avance sur les dispositifs de protection éventuellement mis en place par leurs cibles.

Pour rappel, la BITD compte environ 4000 entreprises, dont 1600 sont considérées comme critiques. Elles peuvent bénéficier d’un soutien de la part de la Direction générale de l’armement, via le Plan en faveur des ETI, PME et start-ups [PEPS, ex-plan Action PME], qui, relevant de la nouvelle Direction de l’industrie de défense [DID], comporte un axe de résilience « cyber ». Au besoin, elle peuvent la solliciter pour mener des audits sur leur sécurité informatique. Seulement, est-ce suffisant, quand seulement 56 « diagnostics cyber » ont été effectués en 2023 ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les attaques informatiques contre la BITD ont augmenté « assez significativement », a ainsi confié Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 23 octobre.

Il arrive que certaines de ces attaques aient une motivation criminelle, notamment quand elles sont menées à des fins d’extorsion avec des rançongiciels.

Mais elles peuvent aussi [et surtout] être liées aux « intérêts de nos compétiteurs dans des domaines particuliers, comme par exemple le spatial et le naval », a expliqué M. Chiva. « On voit de plus en plus d’attaques structurées de services étrangers, dirigées plutôt vers des PME et des TPE, qui sont moins bien familiarisées aux moyens de lutte », a-t-il ajouté.

« Il y a des attaques pour neutraliser, il y a des attaques pour voler. Le plus inquiétant, c’est quand on ne sait pas », par exemple « quand vous découvrez qu’on vous dérobe vos données et que vous ne savez pas depuis combien de temps ça dure », a poursuivi M. Chiva. Et puis il y a aussi « toutes les attaques qu’on n’a pas encore découvertes », a-t-il complété.

Pour parer ces attaques informatiques, la DGA mise sur le dialogue et l’incitation à adopter de bonnes pratiques et non sur la coercition.

« Je ne sais pas s’il faut être plus coercitif ou pas. D’abord, il faut avoir les moyens de l’être. Je pense que c’est un dialogue que nous avons aujourd’hui avec l’ANSSI [Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information] qui nous permettra de répondre à un certain nombre de ces nécessités », a estimé M. Chiva. D’où l’importance de l’accompagnement des PME/TPE mis en place par la DGA.

« Plutôt que de les contraindre [les entreprises, ndlr], on a choisi de créer un référentiel d’exigence minimale cyber. Dans ce domaine là, les entreprises ont peur d’être confrontées à trop de normes, à trop d’obligations. Donc, on leur dit : ‘si vous voulez travailler pour la défense, voilà le niveau minimum de cyberprotection que l’on attend de vous’ », a expliqué le DGA. Ce référentiel est en outre utilisé par les maîtres d’œuvre industriels dans leurs relations avec leurs sous-traitants.

La même approche a été adoptée pour les risques d’atteintes « physiques ». En juin, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait fait état de 150 incidents constatés entre 2021 et 2023. « C’est quelque chose qui est très ‘Guerre froide’, mais qui n’a jamais disparu et qui reprend une force particulière depuis deux ans », avait-il dit, au Sénat.

Ce qu’a confirmé M. Chiva devant les députés. « On voit se multiplier un certain nombre d’évènements, d’incendies, de dégradations et autres qui pourraient être le fruit du hasard, sauf à regarder de près ce qui se passe. Il y a une usine qui construis[ai]t un des missiles utilisés en Ukraine qui a brûlé en Allemagne et je ne pense pas que ce soit à cause d’un mégot tombé dans une corbeille à papier », a-t-il dit.

Faut-il établir un parallèle avec l’explosion survenue à la poudrerie de Bergerac, en août 2022 ? Deux ans après, l’instruction est toujours en cours et, selon France Bleu Périgord, un « nettoyage insuffisant des installations avant maintenance » et « des mesures de prévention insuffisantes » en auraient été la cause…

Quoi qu’il en soit, comme pour la sécurité informatique, la DGA a élaboré un « référentiel d’exigences minimales de protection physique », encore appelé, par M. Chiva, « référentiel de sûreté fondamentale ». Il est « pris en compte par un certain nombre de maîtres d’œuvre industriels pour évaluer leurs sous-traitants les plus critiques », a-t-il conclu.

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (...) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».  Stephanie Lecocq / REUTERS

L’offre de l’américain et du géant français des télécoms a été préférée à celle du groupe informatique tricolore Atos

Atos a raté le coche. Le ministère des Armée va acquérir un supercalculateur pour son agence dédiée à l’intelligence artificielle (Amiad) auprès de l’américain Hewlett-Packard allié à Orange, un tandem préféré au groupe informatique français Atos, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Le contrat, d’un montant non précisé dans l’immédiat, a été notifié mercredi, selon cette source, confirmant une information de La Tribune. Évoquant mi-octobre l’appel d’offres alors en cours devant les députés de la commission de la Défense, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis». L’une des deux offres lui semblait notamment «anormalement faible et ce n’est pas parce qu'[on parle de] souveraineté qu’il faut que ce soit faible», avait-il esquissé.

Ce marché perdu par Atos, groupe français en pleine restructuration et qui avait repris l’activité de supercalculateurs hérités de Bull, ne constitue pas pour autant un accroc à la souveraineté que recherche la France dans ses programmes militaires, avait-il déminé par anticipation.  «En matière d’intelligence artificielle, il n’y a pas de souveraineté pour l’instant», avait-il affirmé, rappelant que les processeurs GPU destinés à l’intelligence artificielle étaient tous produits par des entreprises américaines, en premier lieu Nvidia, et que les deux compétiteurs iraient «de toute façon s’approvisionner à la même source de GPU». «Ce qui peut nous faire décrocher en matière de souveraineté, c’est de ne pas disposer très vite d’un supercalculateur», selon le ministre. D’autant que ce supercalculateur n’aura une espérance de vie que de «deux à trois ans», selon le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva.

«J’ai demandé au ministère de regarder aussi comment une entreprise française aussi importante [qu’Atos] doit monter très vite en compétence pour conquérir notre souveraineté en la matière, d’autant plus parce que ce ministère est grand client d’Atos par ailleurs, donc il n’y a pas de défiance vis-à-vis d’Atos», avait ajouté Sébastien Lecornu. Ce supercalculateur classifié équipera l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense (Amid), un organisme créé en mars et doté de 300 millions d’euros par an pour développer et intégrer l’IA dans les équipements militaires.

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses


Pour se passer d’un système de géolocalisation par satellite [GPS], dont les signaux sont susceptibles d’être brouillés par des dispositifs de guerre électronique, un aéronef [ou un navire] utilise une centrale de navigation inertielle, dont la précision tend à diminuer au fil du temps [d’où la nécessité de la « recaler »]. En 2016, pour y remédier, la Direction générale de l’armement [DGA] a lancé le projet Vision.

Confié à Safran Electronics & Defense ainsi qu’à Sodern, il consiste à associer une centrale de navigation inertielle à un viseur stellaire [ou viseur d’étoiles], comme en utilise le missile balistique mer-sol stratégique M-51.

Utilisé par les engins spatiaux, un viseur stellaire mesure les coordonnées d’une ou de plusieurs étoiles avant de les communiquer à un calculateur afin de déterminer avec une extrême précision [de l’ordre de la seconde d’arc, soit 0,000277778 degré] une trajectoire ou une position par comparaison avec les éphémérides des corps célestes enregistrées dans une base de données. Le problème est que, sur terre, un tel système ne fonctionne que pendant la nuit et par temps clair… Aussi, le défi du projet Vision est de faire en sorte de pouvoir l’utiliser durant le jour.

Pour cela, Safran a mis au point une centrale inertielle à « Gyroscope Résonnant Hémisphérique » qui constitue déjà, selon l’Agence de l’innovation de défense [AID], une « rupture technologique ».

De son côté, Sodern a développé un nouveau viseur stellaire intégrant « des traitements d’images et des technologies innovantes » afin de détecter et d’identifier des étoiles pendant le jour. « Cela permet de fournir une mesure corrigeant la position de la centrale inertielle, et cela même en pleine journée », explique l’AID.

En 2021, le ministère des Armées avait évoqué des « résultats prometteurs » à l’issue d’une première phase d’essais, réalisés sur le banc CIRE de DGA Maîtrise de l’information [DGA MI] ainsi qu’au Pic du Midi, avec le concours du Centre national de la recherche scientifique [CNRS]. « La capacité du démonstrateur à poursuivre de 4 à 5 étoiles à différents endroits de la voute céleste, de jour comme de nuit, a été démontrée », avait alors souligné l’AID.

Quant aux essais en vol, ils devaient être réalisés à bord d’un avion ATR42 du Service des Avions Français Instrumentés pour la Recherche en Environnement [SAFIRE].

La seconde phase des essais de ce démonstrateur vient de se terminer. Là encore, ces tests réalisés tant au sol qu’en vol, ont été « couronnés de succès » et ont permis de « valider la performance de navigation du système », a fait savoir l’AID, ce 23 octobre. « De nombreuses étoiles ont été accrochées et poursuivies de manière fine par le démonstrateur, permettant d’obtenir une estimation de position de l’avion de l’ordre de quelques centaines de mètres, tout au long de la trajectoire de vol », a-t-elle ajouté, avant d’annoncer le lancement d’un avant-projet « d’équipement embarquable à bord d’aéronefs ».

Plus largement, ce nouveau système de navigation aura vocation à équiper les chasseurs-bombardiers, les avions de transport, les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] ainsi que les navires et, à plus long terme, les missiles.

La Suède et le Royaume-Uni a bord de l’initiative européenne sur les frappes longue portée

La Suède et le Royaume-Uni a bord de l’initiative européenne sur les frappes longue portée

par – Forces opérations Blog – publié le

Deux pays ont formalisé leur entrée dans l’ « European Long Range Strike Approach » (ELSA), initiative lancée en juillet dernier par la France pour progresser conjointement sur le développement de la frappe longue portée de demain. 

La famille d’ELSA s’agrandit. La Suède et le Royaume-Uni, deux pays dont l’adhésion était pressentie, ont rejoint le quatuor initial formé par la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne à l’occasion d’une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN organisée cette semaine à Bruxelles. 

Ensemble, les six acolytes plancheront sur un nouveau missile de croisière terrestre doté d’une portée de 1000 à 2000 km. Il s’agira de « jouer un rôle clé dans la défense de l’Europe d’ici les années 2030 », pointe un partenaire britannique pour qui il est également question de « travailler plus étroitement avec ses alliés européens dans des domaines clés de la sécurité ». 

« La guerre en Ukraine a montré que des capacités de frappe en profondeur à longue portée sont nécessaires non seulement à des fins de dissuasion, mais aussi pour empêcher un ennemi de lancer des attaques suffisamment hors de portée pour que nous ne puissions l’arrêter », commentait le ministre de la Défense suédois Pål Jonson en marge de la signature d’une lettre d’intention. Reste à éclaircir le cas de l’Espagne, septième partenaire potentiel mentionné en amont de la signature intervenue mi-juillet.

« La question se pose : devons-nous, nous aussi, posséder ce type d’arme ? Nous voyons bien que ce type d’arme prend tout son sens si c’est un pilier européen de la Défense qui est capable de le développer et ensuite de le posséder », notait à ce sujet le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, en audition parlementaire.

Chaque pays dispose de son lot d’acteurs industriels susceptibles d’amener les briques nécessaires. Le champion européen MBDA, par exemple, a déjà progressé sur la question en dévoilant au salon Eurosatory un « Land Cruise Missile », application terrestre du missile de croisière naval (MdCN).

Côté français, ELSA se veut complémentaire d’un programme national de frappe longue portée terrestre (FLP-T), effort de remplacement du lance-roquettes unitaire pour lequel la livraison d’un démonstrateur est espérée d’ici 18 mois. La notification d’une étude auprès d’industriels français, attendue en 2024, doit encore se matérialiser afin d’avancer sur la piste d’une solution souveraine. 

Crédits image : MBDA

Notre défense ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires !

Notre défense ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires !

OPINION – Dans un monde où les tensions géopolitiques se multiplient et où la violence de certains États (Russie, Azerbaïdjan, Israël… ) est complètement désinhibée, le président de la commission de la défense nationale Jean-Michel Jacques recommande de de « respecter à l’euro près la trajectoire actée par la LPM 2024-2030 ». Renoncer menacerait l’outil militaire de la France et aurait pour conséquence aussi de fragiliser l’Europe toute entière. Par Jean-Michel Jacques, député du Morbihan, président de la commission de la défense nationale et des forces armées et rapporteur de la loi de programmation militaire 2024-2030.

« Il n'y a aucun gras dans la trajectoire » financière de la loi de programmation militaire. (Jean-Michel Jacques, ici sur la photo avec le ministre des Armées, Sébastien Lecornu)
« Il n’y a aucun gras dans la trajectoire » financière de la loi de programmation militaire. (Jean-Michel Jacques, ici sur la photo avec le ministre des Armées, Sébastien Lecornu) (Crédits : Jean-Michel Jacques)

 

« L’effort de défense est évidemment nécessaire et doit être poursuivi » : le Premier ministre Michel Barnier l’a rappelé lors de son discours de politique générale le 1er octobre dernier, et s’est par ailleurs engagé à mettre en œuvre la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030. Cette exigence est avant tout une preuve de lucidité au regard du contexte géostratégique. Cela implique de respecter à l’euro près la trajectoire actée par la LPM 2024-2030, c’est-à-dire de consentir à 413 milliards d’euros de besoins programmés sur la période, à un budget de la défense de 50,5 milliards d’euros pour l’an prochain et porter ce budget à 2% du PIB d’ici à 2025.

Si l’équilibre budgétaire de notre pays implique une réduction de certaines dépenses publiques, cela ne doit pas se faire au détriment de notre outil militaire et de notre autonomie stratégique. Il en va de notre sécurité, de la place de la France dans le monde mais aussi, en partie, de celle de l’Europe.

Pour un respect de la trajectoire financière de la LPM

Face au retour de la guerre en Europe, à la multiplication des menaces hybrides, à la fragmentation de l’ordre international ou au recours assumé à la violence par de trop nombreux acteurs, la France doit pouvoir compter sur des forces armées solides, réactives et cohérentes, prêtes à répondre à un brusque changement de notre situation sécuritaire, en Europe comme dans nos outre-mer ou auprès de l’un de nos partenaires stratégiques. C’est le cap fixé pour la transformation des armées par la loi de programmation militaire 2024-2030.

C’est le prix de notre liberté et la garantie de notre souveraineté. Cela a un coût, qui se matérialisera par une augmentation progressive du budget de la défense, lequel passera de 47,2 milliards d’euros en 2024 à 67,4 milliards d’euros en 2030. Un coût que les Français doivent savoir taillé au plus juste : il n’y a « aucun gras » dans cette trajectoire. Croire que la paix serait mieux assurée en baissant nos efforts et en pariant sur la bonne volonté d’États aux politiques révisionnistes ou expansionnistes déclarées serait une dangereuse illusion.

Comme l’a rappelé le Chef d’état-major des armées encore récemment : « Ne croyons pas que nous allons revenir au monde d’avant. Ce qui se met en place, nous allons devoir vivre avec ». Il n’y a pas de meilleure manière de le faire qu’en respectant à l’euro près la trajectoire fixée pour que les armées françaises soient prêtes à s’engager s’il le faut dans des guerres de haute intensité et à combattre dans tous les champs de conflictualité qu’on pourrait lui imposer, qu’ils soient physiques (terre, air, mer, spatial…) ou immatériels (cyber, informationnel…).

Un renoncement menacerait la défense nationale

L’effort français n’est pas isolé et de lui dépend la place qu’aura demain la France dans le monde. La France n’est pas la seule à constater le besoin d’un réarmement affirmé. Tous ses voisins le font : c’est vrai de la Grande-Bretagne à la Pologne en passant par l’Allemagne et la Lituanie. Soyons les fervents défenseurs de l’autonomie d’analyse, de
décision et d’action qui fait la puissance de nos armées. Assumons la modernisation de notre dissuasion, clé de voûte de notre défense, dans toutes ses composantes et dans une logique de stricte suffisance. Conservons à la France son statut de puissance d’équilibres et de Nation-cadre.

N’oublions jamais que tout renoncement menacerait notre défense nationale mais remettrait aussi en jeu la place singulière que la France a su bâtir au profit d’une Europe plus forte et plus autonome. Trahir les engagements que nous avons consenti en faveur de nos armés serait une erreur d’appréciation qui aurait pour conséquence aussi de fragiliser l’Europe toute entière.

Un budget vital pour la France

Le budget des armées est un budget vital pour la Nation aux retombées économiques importantes pour nos territoires. Après des décennies de sous-investissement, l’impulsion donnée depuis 2017 a eu non seulement un impact positif sur la modernisation de nos capacités et le quotidien de nos militaires, mais également sur les entreprises et les emplois dans nos territoires. Nous avons la chance de pouvoir compter sur une base industrielle et technologique parmi les plus larges d’Europe dont les savoir-faire sont reconnus et qui contribue positivement à notre balance commerciale tous les ans.

Gardons à l’esprit que chaque denier investi dans notre défense est créateur de croissance pour notre pays à court et à long terme ! Un euro pour notre défense aujourd’hui, ce sont deux euros de richesse créés dans dix ans : force est de constater qu’il s’agit donc là d’un retour d’investissement gagnant ! En ces temps troubles, l’enjeu est grand pour notre pays. Pour garantir la sécurité des Français, l’intégrité de notre territoire et de notre place dans le monde, continuons sur le cap tracé par la LPM 2024-2030 : oui, prolongeons l’engagement politique exigeant que nous avons pris pour nos armées et, oui, garantissons sa concrétisation par un respect à l’euro près de la trajectoire budgétaire décidée.

Général Bellanger : « Il est hors de question d’avoir des ballons chinois au-dessus de nos têtes »

Général Bellanger : « Il est hors de question d’avoir des ballons chinois au-dessus de nos têtes »


En janvier 2023, l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] avait indiqué qu’elle allait élaborer une stratégie concentrée sur trois fonctions, à savoir « connaissance / compréhension / anticipation », « protection » et « intervention », pour la « Très Haute Altitude » [THA], suceptible de devenir un nouveau domaine de conflictualité dans la mesure où le cadre juridique censé la réglementer manque de clarté, faute de consensus sur la définition de la limite haute de l’espace aérien et de la limite basse de l’espace extra-atmosphérique.

Les enjeux de la THA ne tardèrent d’ailleurs pas à être mis exergue avec l’affaire du ballon espion chinois aux États-Unis. Pour rappel, après avoir survolé le territoire américain en passant près d’installations militaires sensibles, cet aérostat avait été abattu par un F-22A Raptor au large de la Caroline du Sud.

Depuis, l’AAE a été discrète sur la stratégie dédiée à la THA qu’elle avait annoncée. En novembre 2023, le général Stéphane Mille, qui était alors son chef d’état-major [CEMAAE], avait cependant assuré qu’elle était en mesure d’y « intervenir tout comme les Américains à l’égard du ballon chinois ». Et d’insister : « Nous n’avons donc pas besoin d’aller très au-delà de nos capacités actuelles ».

Cela étant, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prend en compte cet espace de conflictualité en devenir étant donné qu’elle prévoit une actualisation de la stratégie spatiale de défense [SSD] afin de « conduire les ambitions opérationnelles de la très Haute Altitude telles que le développement de la surveillance améliorée de l’espace et la défense des intérêts spatiaux français critiques ».

Lors de sa première audition à l’Assemblée nationale en tant que CEMAAE, le 16 octobre, le général Jérôme Bellanger a souligné la nécessité d’une « programmation capacitaire » permettant « de renforcer la crédibilité opérationnelle » de l’AAE comme « puissance [militaire] aérospatiale ». Puis, il a expliqué ce qu’il entendait par ce concept.

« Mon idée est de vraiment renforcer le statut de l’armée de l’Air comme une puissance militaire aérospatiale. Pourquoi je dis ‘aérospatiale’ ? Parce que entre le domaine aérien et l’espace, il y a la Très Haute Altitude. Et entre 20 et 100 km [d’altitude], c’est le ‘Far West’ », a-t-il dit.

« C’est une zone aussi dans laquelle il faut absolument investir, parce qu’elle est duale et qu’elle permet des systèmes résilients en termes de communications et en termes de surveillance » et aussi parce que « la nature a horreur du vide et que si nous n’y allons pas, d’autres iront à notre place », a fait valoir le général Bellanger. Or, a-t-il continué, il est « hors de question d’avoir des ballons chinois positionnés au-dessus de nos têtes à Paris et qui nous observent ».

Aussi, pour le général Bellanger, l’AAE aura besoin de « moyens de neutralisation dans cette Très Haute Altitude ». En clair, il faut aller au-delà de la seule capacité à abattre un aérostat espion, ne serait-ce que pour ne pas mettre en danger les populations civiles qu’il pourrait survoler. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’US Air Force a abattu l’imposant ballon chinois quand celui-ci survolait les eaux territoriales américaines.

En attendant, le CEMAAE a évoqué « l’exploration » de certaines capacités, en lien avec des groupes comme Airbus et Thales Alenia Space. « C’est extrêmement intéressant et on est avec eux pour les aider et avoir enfin ces capacités dans la THA », a-t-il dit.

Lors de son intervention, le général Bellanger a en effet cité l’avion Zephyr d’Airbus et le dirigeable Stratobus de Thales Alenia Space. Jusqu’alors, seul le second avait suscité l’intérêt de la Direction générale de l’armement [DGA] puisqu’il fit l’objet d’un contrat d’étude de concept notifié en janvier 2020.

Celui-ci « vise à étudier l’apport des plateformes stratosphériques persistantes pour compléter et améliorer la capacité de défense de la France », avait expliqué Thales, à l’époque.

Pour rappel, le Stratobus est un dirigeable autonome capable de porter une charge de 200 kg et de tenir une position stationnaire à 20 km d’altitude grâce à deux moteurs électriques alimentés par des panneaux photovoltaïques et une pile à combustible.

Quant au Zephyr, initialement développé par QinetiQ avant d’être repris par Airbus, il s’agit d’un « pseudolite » affichant une masse de seulement 75 kg pour une envergure de 25 mètres. Il peut voler durant de longues périodes [son record est de 64 jours], à plus de 76 000 pieds [soit 23,2 km] d’altitude, grâce à un moteur alimenté par une batterie Li-S [lithium et soufre], rechargée par des panneaux solaires.

Le ministère britannique de la Défense et le Pentagone ont déjà fait part de leur intérêt pour cet appareil. De même que, de manière informelle, la Marine nationale. Un tel engin « peut rester des semaines en l’air et avance […] à la vitesse d’un bateau : il pourrait donc suivre une force navale, servir, de façon assez discrète, de relais de télécommunications, mais aussi, de point d’observation afin de relever tous les transpondeurs, en voyant plus loin », avait expliqué l’amiral Christophe Prazuck, en 2019.

Thales démontre sa capacité à déployer des essaims de drones à un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA

Thales démontre sa capacité à déployer des essaims de drones à un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA


C’est un fait établi, les drones offrent des avantages considérables sur les théâtres d’opérations. Ils présentent encore deux limites : un mode d’emploi impliquant un pilotage par un opérateur dédié dans la majorité des cas, et la nécessité d’une liaison de données sécurisée et résistante durant toute la durée de la mission. Lors de la Journée de Démonstrations d’Essaims de drones de Contact (JDEC), Thales et ses partenaires ont dévoilé leurs dernières avancées visant à apporter des réponses à ces contraintes afin de permettre des opérations en essaims adaptées aux besoins militaires. Au cœur de cette journée : le démonstrateur COHESION de la solution d’essaim Thales qui permet d’atteindre un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA et à l’usage d’agents intelligents.

L’architecture système de COHESION permet aux opérateurs d’ajuster le niveau d’autonomie de leurs essaims de drones pour l’adapter aux besoins des forces à différentes phases de leurs missions. Ces essaims de drones apportent une flexibilité inégalée en milieu contesté, où l’usage de la guerre électronique affecte les communications et le service GNSS. L’autonomie conférée aux drones et à l’essaim dispense de la nécessité d’une liaison de données permanente avec une station de contrôle. Les drones sont capables de percevoir et d’analyser leur environnement, de partager entre eux des informations sur les cibles, d’analyser l’intention de l’ennemi mais aussi de mettre en œuvre des tactiques collaboratives et d’optimiser leur trajectoire, augmentant leur résilience ainsi que l’efficacité des forces. Il favorisent l’accélération de la boucle OODA1 et la transparence du champ de bataille.

Cette innovation démultiplie les capacités des forces sans augmenter la charge cognitive des opérateurs qui restent maitres des décisions les plus critiques. L’apport d’une IA de confiance cybersécurisée qui garde l’opérateur dans la boucle garantit la permanence et la sécurité de la supervision humaine, en conformité avec les principes du TrUE AI2 de Thales.

« Notre fierté est de proposer des solutions innovantes tout en restant alignés sur des valeurs éthiques fortes. À la fois démontrables, applicables, incrémentales et déployables, nos solutions permettent de démultiplier les capacités des forces sans accroitre la charge cognitive des opérateurs, et en les maintenant au centre des décisions. » indique Hervé Dammann, Directeur général Adjoint, Systèmes Terrestres et Aériens de Thales.

En tant que systémier et intégrateur, Thales a développé son offre Drone Warfare pour accélérer l’interopérabilité avec diverses plateformes et systèmes terrestres, aéroterrestres, aériennes et navales. Le Groupe participe par ailleurs à un écosystème industriel et technologique français dans le domaine des drones de contact.

  • Thales est aussi fabricant de drones comme l’illustre son implication dans le programme SMDR (Système de Mini-Drones de Reconnaissance) de l’armée de Terre française avec son produit Spy’Ranger 330.
  • Avec l’acquisition d’Aeromapper en 2024, Thales a élargi son portefeuille de produits avec la Munition TéléOpérée (MTO) TOUTATIS et la gamme Noctua (drones d’observation)
  • Enfin, en juin 2023, Thales a lancé l’offre OpenDRobotics, une solution fédérant les capacités robotiques, les drones aéroterrestres et les moyens conventionnels de l’armée de Terre, grâce à l’IA, dans un système de mission centré sur l’humain.

Thales accélère dans le domaine de l’IA avec la création en mars 2024 de cortAIx, l’accélérateur d’IA de confiance de Thales dans les systèmes critiques. cortAIx vise à intégrer et industrialiser à court terme les outils de développement d’IA pour fournir aux forces armées des solutions d’optimisation d’analyse des données issues des capteurs et de prises de décisions, tout en y intégrant les contraintes spécifiques liées aux environnements critiques comme la cybersécurité, l’embarquabilité ou encore la frugalité.


  1. La boucle OODA (Observer, Orienter, Décider, Agir)
  2. Transparent AIUnderstandable AIEthical AI