Début du passage de témoin pour l’emploi du mortier de 120 mm tracté

Début du passage de témoin pour l’emploi du mortier de 120 mm tracté

Forces opérations Blog – publié le

Des artilleurs vers les fantassins, le passage de témoin pour l’emploi du mortier de 120 mm tracté a démarré à Draguignan (Var). Une première étape vers le reversement de cette capacité d’appui-feu dans l’infanterie, conformément au plan du chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill. 

« La semaine dernière a commencé la formation sur le mortier de 120 mm au profit des référents de l’école de l’infanterie », déclaraient cette semaine les écoles militaires de Draguignan (EMD). Au menu : 15 jours d’appropriation ou de réappropriation théorique de la pièce pour les instructeurs de la cellule mortier de l’école de l’infanterie.

Dispensé par les cadres de l’école de l’artillerie, ce cycle se poursuivra début 2024 dans le Var par deux semaines de formation pratique au sein du camp de Bergerol et s’achèvera par une école à feu sur le camp de Canjuers. 

« Pour l’école de l’infanterie, cette solide séquence de formation représente la toute première étape vers l’acquisition de sa propre capacité à former les instructeurs », indiquent les EMD. Des instructeurs qui, à leur tour, mettront sur pied les noyaux des neufs prochaines sections d’appui mortier 120 des régiments d’infanterie dit « de nouvelle génération ». Au rang des concernés, le 1er régiment d’infanterie, le 2e régiment étranger de parachutistes, le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine ou encore la 13e demi-brigade de la Légion étrangère. 

Cette formation, c’est l’un des signes tangibles d’une dynamique de fond visant à basculer d’une « armée de Terre de contact » à une « armée de Terre de combat ». Les régiments d’infanterie, pour ne citer qu’eux, seront à terme plus ramassés mais dotés de capacités renforcées. Le retour du mortier s’accompagne ainsi de la mise sur pied d’une section de guerre électronique par régiment, du déploiement de munitions téléopérées et de robots terrestres, et de la densification des capacités antichars. 

Crédits image : EMA

Le général Schill évoque le développement d’un missile « hyper véloce » pour le Système principal de combat terrestre

Le général Schill évoque le développement d’un missile « hyper véloce » pour le Système principal de combat terrestre

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Ainsi, au-delà des efforts en matière d’innovation technologique [hyper connectivité pour le combat collaboratif, armes à énergie dirigée, robotique, intelligence artificielle, matériaux, etc.], ce document a indiqué que le MGCS sera « bien plus qu’un engin blindé lourd traditionnel » dans la mesure où il sera « pensé comme un système multiplateformes », avec un « char proprement dit, équipé d’un canon gros calibre, accompagné d’autres modules complémentaires interconnectés [un blindé lourd équipé de missiles antichars puissants, un véhicule d’appui nativement robotisé doté d’armes laser, des drones et autres armements innovants] ».

En outre, cette note a précisé que ce MGCS devra être capable de « tirer jusqu’à 8000 mètres » et que son « écosystème » permettra une « une observation jusqu’à 10’000 mètres de distance, améliorant ainsi les capacités de repérage d’une cible et d’anticipation ».

Quelques jours après la diffusion de cette note, le général Schill a été interrogé par les députés de la commission de la Défense au sujet du MGCS. C’est ainsi qu’il a livré quelques détails supplémentaires dans la partie à huis clos de cette audition, dont le compte-rendu vient d’être publié.

« D’un point de vue militaire, nous ne devons pas manquer la marche du MGCS. Nous n’avons pas besoin d’un ‘Leclerc en mieux’, mais d’autre chose. Ma priorité porte sur une solution militaire adaptée, tout en prenant en compte les impératifs industriels dans une répartition forcément franco-allemande », a d’abord rappelé le CEMAT.

« Je sais que la solution qui sera finalement retenue aura fait l’objet d’un compromis entre la mobilité, la puissance de feu, la protection et la connectivité. En revanche, le système doit être soutenable dans la durée, en étant partagé avec le plus d’alliés possibles, sans être devancé par nos adversaires », a-t-il ensuite continué. Au passage, ce propos fait écho au débat que le général Schill a récemment dit vouloir ouvrir au sujet du « format » que devra avoir le char de combat issu du MGCS, après avoir évoqué l’AMX-13.

Quoi qu’il en soiut, a poursuivi le CEMAT, le « MGCS rentrera en service en 2040 et il fonctionnera encore en 2080, ce qui implique qu’il soit évolutif dans ses capacités de feu principales mais aussi de défense y compris anti-drones ». Et son homologue allemand, a-t-il dit, « partage » son appréciation sur ce point.

Quant à la portée de ce « système de systèmes », le général Schill a expliqué que le « tir à 8000 mètres en direct implique d’embarquer un missile hyper véloce » et donc « des décisions industrielles, qui n’ont pas été préemptées dans le document commun […] rédigé avec le chef d’état-major de l’armée de Terre allemand ».

Le qualificatif « hyper véloce » interroge puisqu’il est ordinairement réservé aux missiles hypersoniques [pouvant voler à une vitesse supérieure à Mach 5]. Probablement qu’il s’agirait de développer un projectile plus rapide que ceux actuellement en service, l’Akeron MP [ou Missile Moyenne Portée] étant capable de voler à environ 600 km/h, pour une portée de 4 à 5 km.

Par le passé, Nexter [KNDS France] avait planché sur l’obus Polynege, une munition guidée polyvalente de 120 mm pouvant atteindre une cible à 8000 mètres de distance, avec une vitesse intiale de 600 à 700 m/s [soit 2520 km/h]. S’agira-t-il de reprendre les travaux là où ils avaient été arrêtés, dans les années 2000?

Par ailleurs, lors des débats sur la Loi de programmation militaire, le général Cédric Gaudillière, chef de la division « Cohérence capacitaire » de l’État-major des armées [EMA], avait indiqué qu’il allait être question de « travailler simultanément sur un missile différencié à bas coût, répondant à certaines besoins spécifiques, tels que les tirs de char en milieu urbain ». Et d’ajouter : « En utilisant les leçons tirées de l’expérience ukrainienne, nous travaillons à la conception d’un missile abordable et pouvant être acquis en grande quantité, et qui réponde à des besoins opérationnels précis ».

Photo : DGA

MGCS : Évoquant l’AMX-13, le général Schill veut ouvrir le débat sur le format du futur char de combat

MGCS : Évoquant l’AMX-13, le général Schill veut ouvrir le débat sur le format du futur char de combat

https://www.opex360.com/2023/12/03/mgcs-evoquant-lamx-13-le-general-schill-veut-ouvrir-le-debat-sur-le-format-du-futur-char-de-combat/


La « mort » du char de combat fut maintes fois prophétisées, souvent pour justifier des réductions budgétaires, avec l’argument qu’un tel équipement ne permettait pas de préparer les « guerres de demain ». La Belgique et les Pays-Bas renoncèrent ainsi à cette capacité… tandis que, en 2008, la France divisa pratiquement par deux le nombre de Leclerc alors alignés par l’armée de Terre. Or, cette prédiction a été démentie par la suite, les États-Unis et le Canada ayant, par exemple, déployé des M1A2 Abrams et des Leopard 2 en Afghanistan.

Mais ce débat sur l’avenir des chars a depuis repris de la vigueur à la faveur de la guerre en Ukraine, notamment au regard des pertes subies par les forces russes durant la première phase de leur offensive. Certes, l’efficacité des missiles antichars fournis à l’armée ukrainienne et l’usage de munitions téléopérées [MTO] expliquent en partie cette attrition… Mais en partie seulement car celle-ci a également été causée par des déficiences en matière de logistique – de nombreux chars ont été abandonnés sur le terrain faute d’un soutien efficace – ainsi que par une doctrine d’emploi inadaptée.

Lors d’une audition parlementaire, en juillet 2022, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, avait expliqué que les chars russes avaient été mis en échec « suite à de mauvaises appréciations tactiques », leur concentration les ayant rendus « vulnérables » aux fantassins, qui purent lancer des « attaques contre les colonnes de blindés à partir des zones forestières et urbaines », alors que les conditions météorologiques [fonte précoce des neiges, ndlr] s’y prêtaient.

Mais « il n’en demeure pas moins que cette capacité est primordiale pour rompre un dispositif et exploiter ensuite l’avantage en profondeur », avait poursuivi le général Schill. En clair, une arme ne vaut que par l’emploi que l’on en fait…

Cependant, le débat n’est pas clos, d’autant plus que, depuis les attaques terroristes menées par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre dernier, plusieurs chars de Tsahal ont été endommagés, si ce n’est détruits.

À Gaza, « dans un milieu urbain très cloisonné où la menace est omnidirectionnelle et très rapprochée, les blindés israéliens comme les Merkava IVM de 72 tonnes peuvent être détruits, en dépit de la qualité de leur blindage ou de leur système de protection active, par des armes bon marché », a d’ailleurs admis le général Schill, dans un commentaire sur une note du Centre français de recherche sur le renseignement [CF2R], via le réseau social LinkedIn.

Aussi, pour le CEMAT, la question qui doit se poser n’est pas « celle de l’inutilité éventuelle du char de combat mais celle du type de char et de son insertion dans un ensemble interarmes ». Et, pour lui, la « masse » est un critère déterminant.

« Les chars très technologiques, à l’arc frontal impénétrable et à la volée de 4 000 mètres, sont coûteux à produire et d’une mobilité réduite par un poids excessif qui complique leur soutien. Leur destruction est également un enjeu de communication, comme on l’a vu avec les ‘Leopard 2’ ou les ‘Challenger 2’ ukrainiens », a en effet souligné le général Schill.

Or, poursuit-il, « ces inconvénients sont moindres pour des chars moins puissants et moins protégés » qui, en étant « plus mobiles et moins onéreux », sont « plus faciles à produire, donc à remplacer, et également à entretenir ou à réparer ».

De telles considérations ont-elles été prises en compte dans la fiche commune d’expression des besoins que le CEMAT a signée avec son homologue allemand pour le Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System], lequel doit aboutir à un char de combat de nouvelle génération?

La question se pose au regard de la doctrine allemande en matière de chars de combat, laquelle insiste sur l’armement et, surtout, sur la protection.

Or, rappelle le général Schill, « la tradition industrielle française a mis en valeur des blindés moins protégés mais toujours très bien armés et très mobiles, sans doute l’héritage d’une cavalerie de décision, de vitesse et de surprise qui a marqué les siècles ». Et de prendre l’exemple de… l’AMX-13, un char léger [moins de 15 tonnes], armé d’une tourelle de 90 mm [ou de 105 mm pour certaines versions] et produit à plus de 7700 exemplaires à partir de 1953. Exporté dans 35 pays, il est resté en service au sein de l’armée de Terre jusqu’à la fin des années 1980. À noter qu’une variante pouvait être armée de missiles antichars filoguidés SS 11/AS 11.

« Techniquement abouti avec sa tourelle oscillante, son canon de 90, sa grande mobilité permise par un poids inférieur à 15 tonnes, son équipage ramassé – cette plateforme, déclinée en de multiples versions, a d’ailleurs été un remarquable succès à l’export », a-t-il fait valoir.

En attendant, pour le CEMAT, le Leclerc constitue assurément un bon compromis entre les chars « de conception russo-soviétique et les lourds engins anglo-saxons » dans la mesure où, disposant « d’une volée servie par d’excellentes optiques de tir et d’un chargeur automatique », sa mobilité n’a pas été « sacrifiée » à sa protection, ce qui lui permet d’afficher une masse de « seulement » 56 tonnes.

« Accompagné de véhicules blindés légers formant une escouade d’accompagnement pour améliorer ses capacités d’engagement, il représente donc un compromis équilibré et offre des avantages tactiques certains », fait valoir le général Schill.

Quoi qu’il en soit, s’il se dit toujours convaincu de l’utilité du char, le CEMAT estime que son « format doit susciter le débat ».

Pour rappel, selon les explications récemment livrées par le ministère des Armées, le MGCS sera « bien plus qu’un engin blindé lourd traditionnel » étant donné qu’il sera « pensé comme un système multiplateformes », avec un « char proprement dit, équipé d’un canon gros calibre, accompagné d’autres modules complémentaires interconnectés [un blindé lourd équipé de missiles antichars puissants, un véhicule d’appui nativement robotisé doté d’armes laser, des drones et autres armements innovants] ». Fera-t-il une place à un lointain successeur de l’AMX-13?

Photo : Les Meloures — Archive Les Meloures, CC BY-SA 4.0

L’armée de Terre va réduire la durée de la formation initiale de ses futurs sous-officiers

L’armée de Terre va réduire la durée de la formation initiale de ses futurs sous-officiers

https://www.opex360.com/2023/10/22/larmee-de-terre-va-reduire-la-duree-de-la-formation-initiale-de-ses-futurs-sous-officiers/


Quoi qu’il en soit, l’activité de l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA] de Saint-Maixent, qui fête ses 60 ans cette année, ne devrait pas souffrir des tensions concernant le recrutement de l’armée de Terre.

En effet, au-delà de l’instruction initiale de ses élèves recrutés par la voie directe ou semi-directe et de l’accueil de stagiaires étrangers, l’ENSOA assure aussi la formation continue des sous-officiers tout au long de leur carrière.

Or, ce besoin en formation continue va continuer à croître dans les années à venir, notamment en raison de la réforme du parcours professionnel des sous-officiers, lancée en 2020 pour répondre aux nouveaux besoins induits par le programme SCORPION et par le durcissement de la préparation opérationnelle.

Cette année, l’ENSOA aura accueilli environ 6800 élèves et stagiaires. Et elle en attend plus de 7000 en 2024. Cette hausse de l’activité suppose un renforcement de l’encadrement [45 postes supplémentaires seront créés l’an prochain] ainsi que la construction de nouvelles infrastructures dans le périmètre de l’école.

« Nous sommes dans une phase de renforcement de l’École nationale des sous-officiers d’active. Je vais même plus loin. Le chantier général de renforcement de l’ENSOA, notamment en infrastructures mais aussi en cadres, c’est la priorité numéro un de l’armée de Terre aujourd’hui », a expliqué le général Schill, à l’occasion d’un déplacement à Saint-Maixent, cette semaine.

Par ailleurs, l’ENSOA aura à proposer de nouvelles formations pour répondre à des besoins « émergents » dans certains domaines, comme l’influence et le cyber.

Cependant, même avec de nouveaux bâtiments, la capacité d’accueil de l’école risque d’être insuffisante… Et l’un des leviers pour retrouver une certaine marge de manoeuvre passe par la réduction de la durée de la formation initiale des élèves sous-officiers, a avancé le CEMAT.

Ainsi, la formation initiale d’un élève sous-officier « direct » passera de huit à six mois. Et celle d’un élève issu du recrutement semi-direct, qui a déjà une expérience militaire, sera réduite à trois mois.

« Nous conservons cette notion de creuset à l’ENSOA, où passent tous nos sous-officiers. Comme le volume [d’élèves et de stagiaires] est plus important, on peut augmenter les capacités de l’école, c’est ce que nous faisons en renforçant l’encadrement et en construisant de nouveaux bâtiments, mais ce n’est pas immédiat. Pour faire face en conservant ce socle, on prend cette mesure de réduction de la formation initiale, compensée par un allongement de la formation assurée ensuite dans les écoles d’armes et les régiments », a détaillé le général Schill, dans les pages du quotidien « La Nouvelle République ».

Pour l’armée de Terre, ce raccourcissement de la durée de la formation initiale ne vise pas seulement à permettre à l’ENSOA d’accroître sa capacité d’accueil de stagiaires : elle répond aussi au besoin d’avoir de jeunes sous-officiers qui rejoignent plus vite les unités opérationnelles.

Nexter/KNDS est sur le point d’avoir la capacité de quadrupler sa production de CAESAr par rapport à 2022

Nexter/KNDS est sur le point d’avoir la capacité de quadrupler sa production de CAESAr par rapport à 2022

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Ainsi, devant la députés de la commission de la Défense, la semaine passée, le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] a annoncé que le premier des dix-huit CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie] commandés en juillet 2022 pour remplacer ceux cédés aux forces ukrainiennes allait être prochainement livré par Nexter/KNDS.

Et le CEMAT d’ajouter qu’il avait bon espoir que cinq autres suivraient avant la fin de cette année. En tout cas, la commande devrait être honorée dans le courant 2024, ce qui permettrait aux unités d’artillerie de retrouver la dotation qui était la leur avant la guerre en Ukraine.

Cela a été rendu possible par la réduction des délais de livraison : en 2022, fabriquer un CAESAr prenait trente mois. Il n’en faut plus maintenant que quinze. Mais Nexter/KNDS a également revu son organisation pour augmenter ses cadences de production. Avant la guerre en Ukraine, seulement deux CAESAr sortaient d’usine tous les mois. Ce chiffre a été muliplié par trois.

« Ce triplement de la capacité de production permettra à la France de remplacer, à l’horizon du début 2024, les 18 Caesar cédés à l’Ukraine pour l’aider à se défendre face à la Russie. Soit une reconstitution des stocks avec un an d’avance sur le calendrier initial! », a souligné le ministère des Armées, ce 17 octobre, après une visite du ministre, Sébastien Lecornu, au site de Nexter/KNDS établi à Roanne.

« Cette nouvelle capacité de production permettra aussi de continuer à fournir l’ensemble des partenaires de la France qui font le choix de se tourner vers KNDS pour équiper leurs forces terrestres », a d’ailleurs fait valoir ce dernier.

D’autant plus que Nexter/KNDS entend encore accroître ses cadences de production, avec 8 CAESAr assemblés par mois « dès le début de l’année prochaine ».

Pour réduire ses délais de livraison et accélérer ses cadences de production, l’industriel s’est inspiré des processus mis en oeuvre par les constructeurs automobiles, en mettant en places des lignes d’assemblage. En clair, un CAESAr n’est plus assemblé par une même équipe sur un emplacement fixe mais lors de plusieurs « stations » successives. En outre, Nexter/KNDS a constitué des stocks auprès de ses fournisseurs [Arquus pour le châssis, Aubert & Duval pour le canon, etc.] afin de se prémunir contre d’éventuelles ruptures d’approvisionnement.

Évidemment, un tel modèle n’est viable que si le carnet de commandes est plein. Ce qui est le cas pour le CAESAr, au regard des contrats signés au cours de ces deux dernières années. Par ailleurs, la réduction des délais de livraison pourra aussi être un argument commercial susceptible de favoriser de nouvelles commandes.

Selon le ministère des Armées, la production d’obus [de 155 mm] a également été augmentée assez significativement, celle-ci étant passée de 1000 munitions produites par mois en janvier 2023 à 3000 près d’un an plus tard.

« Le même effort a été engagé sur les munitions de défense aérienne », a souligné M. Lecornu. C’est notamment le cas du missile Mistral, MBDA ayant doublé sa production mensuelle [40 actuellement contre 20 en 2022].

L’armée de Terre a créé un nouveau commandement pour ses opérations en Europe

L’armée de Terre a créé un nouveau commandement pour ses opérations en Europe

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Armée par 58 militaires et commandée par le général François Goguenheim, cette structure se vit confier la mission d’assurer le soutien logistique des unités « déployées dans des opérations relevant de son périmètre ». Mais ses responsabilités étaient encore trop restreintes… Aussi a-t-elle laissé la place, le 16 octobre, au « Commandement Terre Europe » [CTE], dont les attributions seront a priori plus larges.

La création de cette nouvelle structure s’inscrit dans le cadre du plan de transformation récemment dévoilé par le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT].

« Cet état-major va exercer le contrôle opérationnel des unités Terre déployées en Europe et la cohérence de leur emploi quand elles sont placées sous l’autorité d’une organisation multinationale ou d’une coalition. Il commandera également les échelons de soutien nationaux », explique le CFT.

« Il s’agit de dire que, dans la période de grande incertitude qui est la nôtre aujourd’hui, chaque état-major doit être concentré sur l’ensemble des enjeux opérationnels qu’il peut avoir à traiter », a résumé le général Bertrand Toujouse, le commandant des forces terrestres, avant de préciser que le principe du CTE avait été validé par le chef d’état-major des armées [CEMA] au cours de l’été dernier.

 

« Tout en contribuant à son effort de subsidiarité, cet état-major [le CTE, ndlr] accroît de manière substantielle la faculté d’adaptation de l’armée de Terre confrontée à des réalités géopolitiques évolutives en Europe », a, de son côté, souligné le général Schill, via Linkedin.

« En exerçant la responsabilité opérationnelle sur nos déploiements dans l’est du continent, il contribuera désormais à l’exigence de réactivité de notre pays et ancrera sa crédibilité dans l’espace de solidarité stratégique partagé avec nos alliés », a ajouté le CEMAT, en rappelant que l’objectif du plan de transformation qu’il a élaboré vise à « optimiser les effets opérationnels produits par l’armée de Terre ».

Photo : CFT/ Armée de Terre

Près de 20 000 militaires de l’armée de Terre potentiellement concernés par les JOP 2024

Près de 20 000 militaires de l’armée de Terre potentiellement concernés par les JOP 2024


« Le travail est en cours », mais l’armée de Terre pourrait mobiliser jusqu’à 20 000 de ses militaires pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, indiquait la semaine dernière son chef d’état-major, le général Pierre Schill.

De 10 000 toutes armées confondues en début d’année, le contingent de militaires potentiellement mis à disposition pour garantir le bon déroulement des JOP 2024 a depuis doublé. « Probablement » près de 20 000 soldats sont concernés « d’une façon ou d’une autre » pour la seule armée de Terre, relève le général Schill. 

Le rendez-vous sportif sera « un temps majeur pour notre pays et il est clair que l’armée de Terre sera là », annonce le CEMAT. Elle sera dans les stades avec l’armée des champions. « Un tiers des médailles des jeux paralympiques précédents avaient été gagnées par des membres des armées », rappelle-t-il. Elle participera également aux événements préparatoires comme le parcours de la flamme olympique et organisera « un certain nombre de manifestations sportives ». 

Mais l’essentiel de sa contribution relève bien de la protection des sites et des foules. Selon son chef d’état-major, l’armée de Terre sera surtout présente dans les deux centres névralgiques que sont Paris et Marseille, mais aussi en Polynésie française. Elle sera par ailleurs particulièrement mise à profit pour les moments clefs, telle que « la sécurité du port de départ de la parade fluviale lors de la cérémonie d’ouverture », indiquait le CEMAT dès le mois de mai. 

Si la formule « n’est pas complètement arrêtée », l’implication sera en tout cas « très importante en volume ». Un engagement calibré pour pallier aux carences du secteur privé, supposé déployer de 17 000 à 22 000 agents par jour sur toute la durée de la compétition. Une équation jugée « intenable » ou « impossible » depuis plusieurs mois au vu des déficits de main d’oeuvre vécus par la filière.

L’heure est donc à l’anticipation informelle pour éviter l’embarras vécu à plusieurs reprises en outre-Manche. Quelque 4700 militaires britanniques avaient été appelés en urgence lors des JO de 2012 à Londres pour compenser l’incapacité de la société G4S à fournir les effectifs suffisants. « D’autre part, et même dans l’hypothèse où tous les personnels nécessaires seraient effectivement recrutés et fidélisés, le risque d’absentéisme le jour J est réel, ainsi que l’a montré l’exemple des Jeux du Commonwealth qui se sont tenus à Birmingham à l’été 2022 et lors duquel le taux d’absentéisme (no-show) a été, selon le COJOP, de 20% », rappelait la Cour des comptes dans un rapport publié cet été. 

« Des décisions devront être prises au plus tard en octobre 2023 pour en assurer une planification rigoureuse, articulée avec le calendrier de passation des marchés de sécurité du COJOP, dont les premiers résultats ont confirmé les difficultés de la filière », relevait la Cour de comptes. Si un conseil interministériel consacré à la sécurité de l’événement est programmé pour le 20 octobre, l’officialisation d’un recours aux armées devra néanmoins attendre, déclarait le ministère de l’Intérieur jeudi dernier au Monde

Entre cet appui occasionnel, la poursuite de l’activité opérationnelle et les missions ponctuelles et mémorielles tels que l’opération de lutte contre les feux de forêt Héphaïstos ou les 80 ans du débarquement de Provence, l’engagement de l’armée de Terre sur le territoire national sera alors « extrêmement important ». « Il y aura 35 000 à 40 000 soldats de l’armée de Terre déployés à ce moment-là » en France et ailleurs, estime son commandant. 

Pour affronter ce pic d’activité dans une période traditionnellement dévolue au repos et aux mutations, l’armée de Terre pourra entre autres compter sur son vivier de 24 000 réservistes. Entre ceux-ci et l’active, « c’est un équilibre qu’il faudra que l’on établisse unité par unité en fonction des unités déployées ». Une chose est certaine : tous sont appelés à se rendre disponible l’été prochain, demande le général Schill.

Crédits image : armée de Terre

Le général Schill s’interroge : « Sommes nous collectivement prêts » à supporter le coût d’une guerre?

Le général Schill s’interroge : « Sommes nous collectivement prêts » à supporter le coût d’une guerre?

 

https://www.opex360.com/2023/09/24/le-general-schill-sinterroge-sommes-nous-collectivement-prets-a-supporter-le-cout-dune-guerre/


Puis, la chute du Mur de Berlin et la disparition de l’Union soviétique ouvrirent une ère nouvelle, au point que certains estimèrent que le temps était venu de récolter les « dividendes de la paix ». Mais c’était sans doute aller trop vite en besogne, comme le montrèrent par la suite les interventions militaires menées en ex-Yougoslavie [Bosnie, Kosovo], en Afrique ou encore en Irak et en Afghanistan.

Cela étant, le spectre d’une guerre entre adversaires à parité s’était éloigné… Mais pas pour longtemps, puisqu’il est de retour depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et, désormais, la question qui se pose est de savoir si les sociétés occidentales sont prêtes à affronter cette réalité.

Un article [.pdf] récemment publié par l’US Army War College en doute… notamment en raison des difficultés que rencontre l’armée américaine pour recruter. « Chaque soldat que nous ne recrutons pas aujourd’hui est un atout de mobilisation que nous n’aurons pas en 2031 », avance-t-il. D’autant plus que, au regard des pertes subies par les belligérants en Ukraine, elle pourrait perdre jusqu’à 3600 hommes [tués ou blessés] par jour dans un engagement ayant le même niveau d’intensité. D’où les interrogations sur sa capacité à se régénérer…

« Le concept d’une force composée exclusivement de volontaires […] ne correspond pas à l’environnement opérationnel actuel. […] Les besoins en troupes pour les opérations de combat à grande échelle pourraient bien nécessiter […] une évolution vers une conscription partielle », explique cet article… qui a été repris par le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], sur Linkedin.

L’article de l’US Army War College « trace des parallèles entre le conflit en Ukraine et un potentiel engagement similaire de l’US Army, évoquant des niveaux de pertes allant jusqu’à 3600 tués ou blessés par jour », résume d’abord le général Schill, qui, visiblement, entend lancer un débat sur son contenu.

« On peut, certes, discuter des modalités d’un engagement qui verrait l’armée française opposée à un ennemi à parité ou quasi-parité, notamment sous la protection du parapluie nucléaire », poursuit le CEMAT. Or, selon lui, malgré la dissuasion, une telle « occurrence reste possible, sans que les intérêts vitaux de la Nation soient directement menacés ».

Aussi, le niveau des pertes avancé par l’article de l’US Army War College l’interpelle. « Ce chiffre interroge la résilience de notre outil de défense ainsi que sa capacité de régénération » et « pose surtout une question ancienne mais pourtant terriblement actuelle : sommes-nous collectivement prêts à un tel sacrifice? », demande le général Schill.

« Nos sociétés occidentales, dont les dernières générations n’envisageaient jusqu’à récemment la guerre qu’au travers des livres d’Histoire, sont-elles prêtes à voir leurs fils et filles mourir en nombre pour un plus grand bien? Et en élargissant encore la focale, conçoit-on encore la guerre et ce qu’elle implique? », s’interroge encore le CEMAT, pour qui il s’agit « simplement d’ouvrir le débat sur ce qu’on attend d’un soldat français aujourd’hui, ce que la Nation exige de lui et ce qu’elle est prête à faire pour que cette exigence, librement formulée, soit comprise et endossée ».

Général Schill : L’armée de Terre attire « à peine plus d’un candidat pour un poste » de militaire du rang

Général Schill : L’armée de Terre attire « à peine plus d’un candidat pour un poste » de militaire du rang

 


Selon la dernière revue publiée par le Haut comité d’évaluation de la condition militaire, la sélectivité du recrutement des militaires du rang s’est améliorée en 2021, avec une moyenne de 1,5 candidat pour un poste. « Cette amélioration est commune à toutes les armées [+ 0,2 point pour l’armée de Terre, + 0,4 point pour la marine nationale et + 0,2 point pour l’armée de l’Air et de l’Espace]. Elle résulte de la hausse de 13 % du nombre de postulants au recrutement associée à une baisse de 3,4 % du volume de recrutés », est-il avancé dans ce document.

Seulement, cette amélioration est loin d’être suffisante… En tout cas, ce taux de sélectivité n’a pas retrouvé le niveau qui était le sien en 2015 [2,2 candidats pour un poste]. Dans un avis budgétaire publié 2020, les sénateurs Joël Guerriau et Marie-Arlette Carlotti avaient même avancé qu’il s’approchait des « planchers […] constatés au début des années 2000, au moment de la professionnalisation ». Et cela d’autant plus que le « vivier » des recrues tend à s’amenuiser, avec une baisse du nombre de candidats médicalement aptes, en raison d’un « mode de vie de plus en plus sédentaire » et d’une « surconsommation d’écrans susceptible de favoriser surpoids et myopie ». Enfin, les aspects démographiques sont aussi à prendre en considération.

Or, pour qu’un recrutement soit optimal, il faut réunir au moins deux conditions : un taux de sélectivité élevé [ce qui suppose d’être attractif] et un taux de dénonciation de contrat durant la période probatoire le plus bas possible. Pour l’armée de Terre, celui-ci s’élève en moyenne à environ 30% par an.

Quoi qu’il en soit, recruter sera un défi pour l’armée de Terre au cours des prochaines années. C’est en effet ce qu’a admis le général Schill, son chef d’état-major, lors d’une audition au Sénat dont le compte rendu vient d’être publié [soit plus de trois mois après!]. Et, s’agissant des militaires du rang, le taux de sélectivité s’est effondré.

« Le recrutement de nos militaires du rang est correct. Nous avons fini l’année 2022 à l’effectif qui nous était accordé. Il n’empêche qu’il existe une vraie difficulté de recrutement et de fidélisation, avec à peine plus d’un candidat pour un poste. Nous devons donc renforcer notre attractivité pour recruter davantage de militaires du rang mais aussi de sous-officiers », a en effet déclaré le général Schill.

Et encore, en 2024, l’armée de Terre ne bénéficiera pas de postes supplémentaires.

« Dans la loi de programmation militaire qui s’achève, nous avions un certain nombre de créations de postes. Nous avions choisi de les cibler sur les postes à plus haute valeur ajoutée. Nous voulions notamment créer des postes dans les nouvelles capacités cyber et du renseignement. Nous avons créé ces postes par transfert depuis d’autres fonctions opérationnelles », a expliqué le CEMAT.

Quoi qu’il en soit, pour le général Schill, « l’impératif de jeunesse doit être conservé » car « nous avons besoin d’une armée jeune ». Actuellement, a-t-il précisé, les régiments ont une moyenne d’âge de 28 ans, « cadres compris ».

« Nos jeunes s’engagent à 20 ans en moyenne. Ils passent 6 à 7 ans dans les armées. Nos militaires du rang ont une moyenne d’âge de 26 ans. C’est un atout, même si j’aimerais que la moyenne d’âge des militaires du rang soit un peu plus élevée. Cette réalité globale doit être maintenue », a ajouté le général Schill.

Par ailleurs, commentant, via Linkedin, la récente note de Bruno Tertrais sur l’évolution de la démographie en France, publiée par l’Institut Montaigne, le CEMAT a estimé que « l’adaptation » du recrutement de l’armée de Terre « doit être poursuivie afin de prendre en compte le vieillissement de la population », par exemple « en changeant les critères d’âge pour servir sous l’uniforme ou en modifiant les conditions d’accès à la réserve ».

Le général Schill a aussi considéré que la « chute de la natalité impacte directement le volume des classes d’âge, et donc le vivier de recrutement de 14’000 jeunes que l’armée de Terre accueille annuellement ». Or, a-t-il ajouté, si celle-ci « demeure un vecteur dynamique d’insertion de la jeunesse, sa capacité opérationnelle dépendra demain de l’attractivité du métier des armes ». Enfin, elle aura également à renforcer « rôle de creuset intégrateur » à l’heure « où le seuil symbolique des 10% de Français d’origine immigrée a été relevé par l’INSEE ».

Un nouveau standard du blindé de reconnaissance et de combat « Jaguar » sera livré à l’armée de Terre en 2024

Un nouveau standard du blindé de reconnaissance et de combat « Jaguar » sera livré à l’armée de Terre en 2024

 

https://www.opex360.com/2023/09/19/un-nouveau-standard-du-blinde-de-reconnaissance-et-de-combat-jaguar-sera-livre-a-larmee-de-terre-en-2024/


 

Pourtant, quelques semaines plutôt, lors de l’examen de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 à l’Assemblée nationale, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait confié être « inquiet pour la livraisons des Jaguar », après avoir évoqué, sans donner de détails, des aléas affectant ce programme. « Ce n’est pas une critique, c’est la réalité : il va falloir qu’on mette les bouts pour tenir les délais », avait-il dit.

Cela étant, le magazine spécialisé DSI avait expliqué, en mars, que la tourelle du Jaguar n’était « pas stabilisée ». D’où des « retards importants » pour équiper le Régiment d’Infanterie Chars de Marine [RICM] afin de lui permettre de remplacer ses AMX-10RC, à l’instar du 1er Régiment Étranger de Cavalerie [REC].

Mais lors d’une audition au Sénat [dont le compte rendu s’est fait attendre durant plus de trois mois], le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, a livré quelques détails sur ces « aléas » évoqués par le ministre.

« Concernant le Jaguar, je suis convaincu qu’il est un très bon équipement. […] Des ajustements sont encore nécessaires pour qu’il soit pleinement opérationnel. Les industriels ont bien intégré cet aspect », a fit le général Schill. Et d’annoncer qu’un « nouveau standard du Jaguar, doté d’un nouveau logiciel, sera livré par l’industriel mi-2024 ».

Pour rappel, le Jaguar est équipé d’une tourelle dotée d’un canon de 40 mm télescopé, d’une mitrailleuse téléopérée de 7,62 mm et de missiles Akeron MP [ex-MMP, fournis par MBDA, ndlr] qui, actuellement associés au viseur PASEO d’Optrolead, sont susceptibles de lui donner une capacité de tir au-delà de la vue directe, leur portée pouvant atteindre les 5 km. Mais celle-ci ne sera pas encore disponible sur le prochain standard de cet engin.

« Il ne fera pas encore du tir au-delà de la vue directe, mais il fera du tir en mouvement sur des cibles en mouvement. Si cette conduite de tir est performante, nous poursuivrons la transformation des régiments », a en effet expliqué le CEMAT.

Photo : armée de Terre