La France prend les rênes d’une nouvelle ère dans l’armement naval avec un canon électromagnétique révolutionnaire capable d’envoyer des projectiles à Mach 8,7

La France prend les rênes d’une nouvelle ère dans l’armement naval avec un canon électromagnétique révolutionnaire capable d’envoyer des projectiles à Mach 8,7


La France prend les rênes d’une nouvelle ère dans l'armement naval avec un canon électromagnétique révolutionnaire capable d'envoyer des projectiles à Mach 8,7
La France prend les rênes d’une nouvelle ère dans l’armement naval avec un canon électromagnétique révolutionnaire capable d’envoyer des projectiles à Mach 8,7

 

La France se positionne sur l’artillerie du futur.

Il y a peu de technologies réellement disruptives dans le domaine militaire depuis quelques années, à l’exception notable des drones de combat. Le canon électromagnétique peut faire partie de ces révolutions militaires et bouleverser la défense navale. Capable de lancer des projectiles à des vitesses hypersoniques, cette technologie attire désormais l’intérêt des grandes puissances, avec la France en tête d’une innovation qui pourrait redéfinir la stratégie militaire sur mer. Découvrez les coulisses de cette prouesse technologique !

Le canon électromagnétique promet de bouleverser la défense navale

Le concept de canon électromagnétique n’est pas récent, mais il a longtemps été considéré comme une expérience anecdotique sans lendemain. L’Office of Naval Research (ONR) de l’US Navy a entamé des recherches en 2005, s’associant avec des poids lourds de l’industrie de défense tels que BAE Systems et General Atomics pour développer un railgun électromagnétique (EMRG) censé bouleverser l’artillerie navale. L’EMRG promettait de multiples avantages : élimination des charges propulsives explosives, capacité à atteindre des vitesses extrêmes et une portée accrue par rapport à l’artillerie conventionnelle. Cependant, après des années de tests prometteurs, le projet américain a été contraint de ralentir, principalement en raison de contraintes budgétaires. Les priorités militaires américaines ont alors évolué vers la recherche et le développement de missiles hypersoniques, laissant une ouverture pour d’autres acteurs internationaux, dont la France.

Une course technologique vers l’inconnu

La technologie des canons électromagnétiques attire de plus en plus de nations, conscientes de l’avantage stratégique que pourrait offrir cette innovation. En Asie, la Chine a manifesté son intérêt pour cette technologie en affirmant avoir effectué un test sur le Haiyang Shan, un navire d’assaut amphibie, bien que des preuves concluantes de ces essais restent absentes. De son côté, le Japon est parvenu à des résultats concrets. En octobre 2023, l’agence ATLA (Agence pour la technologie, les acquisitions et la logistique) du ministère japonais de la Défense a mené un test réussi d’un railgun capable de propulser des projectiles de 40 mm à la vitesse impressionnante de 2230 m/s, soit Mach 6,5. Ce succès place le Japon parmi les rares pays ayant une avancée réelle dans ce domaine et en fait un acteur clé de la course technologique vers des armements hypersoniques.

La France, l’Allemagne et le Japon unissent leurs forces

Fort de ses premiers succès, le Japon a décidé de sceller un partenariat technologique avec la France et l’Allemagne, afin d’accélérer le développement des armes électromagnétiques. Cet accord, baptisé TOR, vise à poser les bases d’une coopération technologique durable entre l’Agence japonaise ATLA et l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL). L’ISL, centre de recherche renommé en Europe, a déjà développé des prototypes impressionnants tels que le « PEGAGUS » et le canon « RAFIRA ». Ce dernier est capable de tirer des projectiles de 25 mm avec des accélérations dépassant les 100 000 G. Grâce à cette collaboration, les trois nations espèrent consolider leurs compétences respectives pour atteindre des niveaux d’efficacité et de précision inédits.

Les projets européens : PILUM et THEMA, L’Europe Prend les devants

En Europe, le projet PILUM (Projectiles for Increased Long-range effects Using ElectroMagnetic railgun), coordonné par l’ISL, a déjà démontré la possibilité de lancer des projectiles à haute vitesse sur des distances de plusieurs centaines de kilomètres avec une précision remarquable. Financé par le Fonds européen de défense, ce projet a largement dépassé les attentes, et a ouvert la voie au programme THEMA (Technology for Electro-Magnetic Artillery), lancé en juin 2023 avec un budget de 15 millions d’euros. THEMA marque une avancée importante dans la transition de la théorie à la pratique, explorant des technologies concrètes pour déployer cette artillerie révolutionnaire dans un contexte militaire opérationnel. Le programme européen vise également à consolider l’autonomie stratégique de l’Europe en matière de défense, réduisant sa dépendance envers les États-Unis et renforçant sa capacité à innover indépendamment.

La Marine Nationale en route vers l’artillerie hypersonique

La Direction Générale de l’Armement (DGA) française a discrètement lancé son propre projet de canon électromagnétique destiné à la Marine nationale, en partenariat avec l’ISL. Ce projet audacieux, encore en développement, a pour ambition de positionner la France comme pionnière dans l’utilisation des armes électromagnétiques pour la défense maritime. Lors du prochain salon Euronaval, l’Agence de l’Innovation de Défense (AID) dévoilera officiellement le « projet de canon électromagnétique RAILGUN », un système conçu pour renforcer la puissance de feu de la Marine française face aux menaces de saturation et aux armes hypersoniques. Le canon RAILGUN promet des avantages stratégiques, avec une portée estimée à plus de 200 km et une capacité à lancer des projectiles à des vitesses hypersoniques, rendant l’interception d’objets en mouvement extrêmement difficile.

 

A naval application of the ISL electromagnetic railgun

 

Les défis techniques et technologiques d’un canon hypersonique

Le principe de fonctionnement du canon électromagnétique repose sur l’utilisation d’un champ magnétique puissant, généré par un courant électrique intense circulant entre deux rails conducteurs. Cette interaction propulse le projectile avec une force prodigieuse, atteignant des vitesses pouvant excéder Mach 8,7, soit près de 10 800 km/h. Cependant, cette technologie impose des défis considérables en termes de conception. Les matériaux utilisés doivent résister à des contraintes mécaniques extrêmes et supporter la chaleur intense générée lors du tir. De plus, le système requiert une source d’énergie massive et instantanément libérable, capable de maintenir la puissance nécessaire pour chaque tir. Enfin, le guidage de projectiles à une vitesse hypersonique constitue un enjeu de taille pour assurer la précision de l’impact.

Cet article explore les avancées internationales et les alliances stratégiques dans le domaine des armes électromagnétiques, avec un focus particulier sur le rôle de la France et de l’Europe dans cette course technologique. Entre innovations et partenariats stratégiques, ce récit met en lumière l’émergence de l’artillerie hypersonique et son potentiel révolutionnaire pour la défense navale.

Image mise en avant : Réalisée à l’aide de Canva uniquement à des fins de représentation de l’article.

Selon la DGA, les actes malveillants contre les entreprises françaises de l’armement se multiplient

Selon la DGA, les actes malveillants contre les entreprises françaises de l’armement se multiplient

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La sécurité informatique des entreprises de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française est un vaste chantier, qui plus est sans fin étant donné que les « cyber-assaillants » ont souvent un temps d’avance sur les dispositifs de protection éventuellement mis en place par leurs cibles.

Pour rappel, la BITD compte environ 4000 entreprises, dont 1600 sont considérées comme critiques. Elles peuvent bénéficier d’un soutien de la part de la Direction générale de l’armement, via le Plan en faveur des ETI, PME et start-ups [PEPS, ex-plan Action PME], qui, relevant de la nouvelle Direction de l’industrie de défense [DID], comporte un axe de résilience « cyber ». Au besoin, elle peuvent la solliciter pour mener des audits sur leur sécurité informatique. Seulement, est-ce suffisant, quand seulement 56 « diagnostics cyber » ont été effectués en 2023 ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les attaques informatiques contre la BITD ont augmenté « assez significativement », a ainsi confié Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 23 octobre.

Il arrive que certaines de ces attaques aient une motivation criminelle, notamment quand elles sont menées à des fins d’extorsion avec des rançongiciels.

Mais elles peuvent aussi [et surtout] être liées aux « intérêts de nos compétiteurs dans des domaines particuliers, comme par exemple le spatial et le naval », a expliqué M. Chiva. « On voit de plus en plus d’attaques structurées de services étrangers, dirigées plutôt vers des PME et des TPE, qui sont moins bien familiarisées aux moyens de lutte », a-t-il ajouté.

« Il y a des attaques pour neutraliser, il y a des attaques pour voler. Le plus inquiétant, c’est quand on ne sait pas », par exemple « quand vous découvrez qu’on vous dérobe vos données et que vous ne savez pas depuis combien de temps ça dure », a poursuivi M. Chiva. Et puis il y a aussi « toutes les attaques qu’on n’a pas encore découvertes », a-t-il complété.

Pour parer ces attaques informatiques, la DGA mise sur le dialogue et l’incitation à adopter de bonnes pratiques et non sur la coercition.

« Je ne sais pas s’il faut être plus coercitif ou pas. D’abord, il faut avoir les moyens de l’être. Je pense que c’est un dialogue que nous avons aujourd’hui avec l’ANSSI [Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information] qui nous permettra de répondre à un certain nombre de ces nécessités », a estimé M. Chiva. D’où l’importance de l’accompagnement des PME/TPE mis en place par la DGA.

« Plutôt que de les contraindre [les entreprises, ndlr], on a choisi de créer un référentiel d’exigence minimale cyber. Dans ce domaine là, les entreprises ont peur d’être confrontées à trop de normes, à trop d’obligations. Donc, on leur dit : ‘si vous voulez travailler pour la défense, voilà le niveau minimum de cyberprotection que l’on attend de vous’ », a expliqué le DGA. Ce référentiel est en outre utilisé par les maîtres d’œuvre industriels dans leurs relations avec leurs sous-traitants.

La même approche a été adoptée pour les risques d’atteintes « physiques ». En juin, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait fait état de 150 incidents constatés entre 2021 et 2023. « C’est quelque chose qui est très ‘Guerre froide’, mais qui n’a jamais disparu et qui reprend une force particulière depuis deux ans », avait-il dit, au Sénat.

Ce qu’a confirmé M. Chiva devant les députés. « On voit se multiplier un certain nombre d’évènements, d’incendies, de dégradations et autres qui pourraient être le fruit du hasard, sauf à regarder de près ce qui se passe. Il y a une usine qui construis[ai]t un des missiles utilisés en Ukraine qui a brûlé en Allemagne et je ne pense pas que ce soit à cause d’un mégot tombé dans une corbeille à papier », a-t-il dit.

Faut-il établir un parallèle avec l’explosion survenue à la poudrerie de Bergerac, en août 2022 ? Deux ans après, l’instruction est toujours en cours et, selon France Bleu Périgord, un « nettoyage insuffisant des installations avant maintenance » et « des mesures de prévention insuffisantes » en auraient été la cause…

Quoi qu’il en soit, comme pour la sécurité informatique, la DGA a élaboré un « référentiel d’exigences minimales de protection physique », encore appelé, par M. Chiva, « référentiel de sûreté fondamentale ». Il est « pris en compte par un certain nombre de maîtres d’œuvre industriels pour évaluer leurs sous-traitants les plus critiques », a-t-il conclu.

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (...) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».  Stephanie Lecocq / REUTERS

L’offre de l’américain et du géant français des télécoms a été préférée à celle du groupe informatique tricolore Atos

Atos a raté le coche. Le ministère des Armée va acquérir un supercalculateur pour son agence dédiée à l’intelligence artificielle (Amiad) auprès de l’américain Hewlett-Packard allié à Orange, un tandem préféré au groupe informatique français Atos, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Le contrat, d’un montant non précisé dans l’immédiat, a été notifié mercredi, selon cette source, confirmant une information de La Tribune. Évoquant mi-octobre l’appel d’offres alors en cours devant les députés de la commission de la Défense, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis». L’une des deux offres lui semblait notamment «anormalement faible et ce n’est pas parce qu'[on parle de] souveraineté qu’il faut que ce soit faible», avait-il esquissé.

Ce marché perdu par Atos, groupe français en pleine restructuration et qui avait repris l’activité de supercalculateurs hérités de Bull, ne constitue pas pour autant un accroc à la souveraineté que recherche la France dans ses programmes militaires, avait-il déminé par anticipation.  «En matière d’intelligence artificielle, il n’y a pas de souveraineté pour l’instant», avait-il affirmé, rappelant que les processeurs GPU destinés à l’intelligence artificielle étaient tous produits par des entreprises américaines, en premier lieu Nvidia, et que les deux compétiteurs iraient «de toute façon s’approvisionner à la même source de GPU». «Ce qui peut nous faire décrocher en matière de souveraineté, c’est de ne pas disposer très vite d’un supercalculateur», selon le ministre. D’autant que ce supercalculateur n’aura une espérance de vie que de «deux à trois ans», selon le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva.

«J’ai demandé au ministère de regarder aussi comment une entreprise française aussi importante [qu’Atos] doit monter très vite en compétence pour conquérir notre souveraineté en la matière, d’autant plus parce que ce ministère est grand client d’Atos par ailleurs, donc il n’y a pas de défiance vis-à-vis d’Atos», avait ajouté Sébastien Lecornu. Ce supercalculateur classifié équipera l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense (Amid), un organisme créé en mars et doté de 300 millions d’euros par an pour développer et intégrer l’IA dans les équipements militaires.

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses


Pour se passer d’un système de géolocalisation par satellite [GPS], dont les signaux sont susceptibles d’être brouillés par des dispositifs de guerre électronique, un aéronef [ou un navire] utilise une centrale de navigation inertielle, dont la précision tend à diminuer au fil du temps [d’où la nécessité de la « recaler »]. En 2016, pour y remédier, la Direction générale de l’armement [DGA] a lancé le projet Vision.

Confié à Safran Electronics & Defense ainsi qu’à Sodern, il consiste à associer une centrale de navigation inertielle à un viseur stellaire [ou viseur d’étoiles], comme en utilise le missile balistique mer-sol stratégique M-51.

Utilisé par les engins spatiaux, un viseur stellaire mesure les coordonnées d’une ou de plusieurs étoiles avant de les communiquer à un calculateur afin de déterminer avec une extrême précision [de l’ordre de la seconde d’arc, soit 0,000277778 degré] une trajectoire ou une position par comparaison avec les éphémérides des corps célestes enregistrées dans une base de données. Le problème est que, sur terre, un tel système ne fonctionne que pendant la nuit et par temps clair… Aussi, le défi du projet Vision est de faire en sorte de pouvoir l’utiliser durant le jour.

Pour cela, Safran a mis au point une centrale inertielle à « Gyroscope Résonnant Hémisphérique » qui constitue déjà, selon l’Agence de l’innovation de défense [AID], une « rupture technologique ».

De son côté, Sodern a développé un nouveau viseur stellaire intégrant « des traitements d’images et des technologies innovantes » afin de détecter et d’identifier des étoiles pendant le jour. « Cela permet de fournir une mesure corrigeant la position de la centrale inertielle, et cela même en pleine journée », explique l’AID.

En 2021, le ministère des Armées avait évoqué des « résultats prometteurs » à l’issue d’une première phase d’essais, réalisés sur le banc CIRE de DGA Maîtrise de l’information [DGA MI] ainsi qu’au Pic du Midi, avec le concours du Centre national de la recherche scientifique [CNRS]. « La capacité du démonstrateur à poursuivre de 4 à 5 étoiles à différents endroits de la voute céleste, de jour comme de nuit, a été démontrée », avait alors souligné l’AID.

Quant aux essais en vol, ils devaient être réalisés à bord d’un avion ATR42 du Service des Avions Français Instrumentés pour la Recherche en Environnement [SAFIRE].

La seconde phase des essais de ce démonstrateur vient de se terminer. Là encore, ces tests réalisés tant au sol qu’en vol, ont été « couronnés de succès » et ont permis de « valider la performance de navigation du système », a fait savoir l’AID, ce 23 octobre. « De nombreuses étoiles ont été accrochées et poursuivies de manière fine par le démonstrateur, permettant d’obtenir une estimation de position de l’avion de l’ordre de quelques centaines de mètres, tout au long de la trajectoire de vol », a-t-elle ajouté, avant d’annoncer le lancement d’un avant-projet « d’équipement embarquable à bord d’aéronefs ».

Plus largement, ce nouveau système de navigation aura vocation à équiper les chasseurs-bombardiers, les avions de transport, les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] ainsi que les navires et, à plus long terme, les missiles.

Les réservistes opérationnels vont troquer leurs fusils FAMAS contre des HK416F

Les réservistes opérationnels vont troquer leurs fusils FAMAS contre des HK416F

https://www.opex360.com/2024/10/20/les-reservistes-operationnels-vont-troquer-leurs-fusils-famas-contre-des-hk416f/


En septembre 2016, la Direction générale de l’armement [DGA] fit savoir qu’elle allait commander plus de 100 000 fusils d’assaut HK416F auprès de l’armurier allemand Heckler & Koch dans le cadre du programme « Arme individuelle du futur » [AIF]. Soit de quoi couvrir les besoins des trois armées, et en particulier ceux de la Force opérationnelle terrestre [FOT]. Pour autant, cette annonce ne signait pas la fin de l’emblématique FAMAS. Du moins pas dans un avenir proche.

En décembre 2022, la DGA indiqua qu’elle avait déjà livré 69 340 HK416F aux armées, sur les 117 000 devant être reçus d’ici 2028. D’où la commande annoncée de 8 000 fusils supplémentaires dans le projet de loi de finances 2025.

Le HK416F « a été conçu comme un véritable système d’armes, compatible avec les équipements FELIN, évolutif et capable d’intégrer les nouvelles technologies à venir, en particulier dans le domaine des optiques de jour et de nuit et des aides à la visée », rappelle la DGA.

Cela étant, les livraisons de ces nouveaux fusils d’assaut se faisant progressivement, il reste encore beaucoup de FAMAS en dotation.

« En ce qui concerne le FAMAS, il en reste encore puisque, cette année, on va recevoir 8 000 HK et on va encore en commander 8 000 », a ainsi relevé le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 15 octobre.

Cela étant, les 117 000 HK416F devant être commandés seront insuffisants pour armer les réservistes opérationnels de l’armée de Terre, dont le nombre va doubler d’ici 2030, passant ainsi de 24 000 à 50 000. Pour le moment, il est prévu de leur confier des FAMAS. Mais il ne s’agit que d’une solution temporaire.

« Je pense, qu’un jour, il faudra passer sur un système d’arme unique pour ne pas avoir des réservistes avec un type d’arme et les gens de l’active avec un autre », a en effet déclaré le général Burkhard. Un telle mesure permettrait de rationaliser l’entretien des armes individuelles, celui des FAMAS étant coûteux. « On sous-traite le percuteur, qui représente 380 euros pour 3 000 coups de fusil. Avec 3 percuteurs, on peut acheter un HK-416 », avait en effet expliqué le général Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], en 2016.

Pour rappel, l’ambition du ministère des Armées est de compter un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active. Ce qui permettra à l’armée de Terre de développer une « réserve de compétences », une « réserve territoriale » et une « réserve de combat ».

Pour cela, l’actuel CEMAT, le général Pierre Schill, a dit vouloir expérimenter « l’implication beaucoup plus étroite des réservistes » dans les régiments, l’idée étant de les insérer « dans les escadrons ou les compagnies de ces unités d’active ». Aussi, il ne serait pas compréhensible que les uns soient armés de FAMAS et les autres de HK416.

Photo : armée de Terre

Tir d’essai du futur missile antiaérien de l’armée française qui devrait entrer en service en 2026

AASSDN* – publié le 13/10/2024

https://aassdn.org/amicale/tir-dessai-du-futur-missile-antiaerien-de-larmee-francaise-qui-devrait-entrer-en-service-en-2026/

*L’AASSDN rassemblela communauté du renseignement et renforce ses liens avec l’ensemble des citoyens


Le missile jaillit de son tube et bondit vers le ciel. Une dizaine de secondes plus tard, la cible volante est désintégrée: l’armée française a testé mardi avec succès la future version de son missile anti-aérien, qui doit pouvoir intercepter certains missiles balistiques ou hypersoniques.

Baptisé « opération Mercure », l’essai mené au centre d’essais de la Direction générale de l’armement (DGA) à Biscarosse (Landes, sud-ouest) est le “premier tir de développement de ce que sera le futur missile Aster”, explique la directrice du centre, l’ingénieure de l’armement Corinne Lopez.

Le missile Aster 30 B1NT (nouvelle technologie), qui doit entrer en service en 2026, aura la capacité d’atteindre une cible volant à 25 000 mètres d’altitude à 150 kilomètres à la ronde, selon son concepteur, le fabricant de missiles européen MBDA.

Outre les avions, il aura la capacité d’intercepter des missiles balistiques de moyenne portée, du type de ceux tirés la semaine passée par l’Iran contre Israël, ainsi que les missiles dits hypersoniques, volant à plus de Mach 5 (6 000 km/h).

Pour l’heure, l’exercice se joue avec deux cibles orange volant à près de 900 km/h au-dessus de l’océan Atlantique à 6 000 mètres d’altitude, à une vingtaine de kilomètres de la côte.

Il en faudra plusieurs autres avant que le missile et son système de défense sol-air de moyenne portée (SAMP/T NG, sol-air moyenne portée terrestre de nouvelle génération) entrent en service.

“5, 4, 3, 2, 1… Tir autorisé”, énonce l’officier de conduite d’essai dans la salle d’opérations bardée d’écrans d’où sont surveillées et recueillies les données radar, optique ou de télémesures.

En bord de mer, une batterie de défense sol-air, tubes de lancement pointés à la verticale, déclenche le tir. “A tous, la cible a été touchée”, annonce peu après l’officier sous les applaudissements du ministre des Armées Sébastien Lecornu et de plusieurs parlementaires.

« C’était la première épreuve d’un programme qui est absolument clé (…) un beau succès sur la discrimination de cibles », salue M. Lecornu. Doté d’un nouvel autodirecteur, sorte de petit radar situé dans sa tête, le missile a en effet su faire la différence entre ce qui lui était présenté comme l’aéronef ami et l’autre ennemi.

Espoirs commerciaux

La France est engagée dans un renforcement de sa défense sol-air, domaine délaissé depuis la fin de la Guerre froide. Elle prévoit d’y consacrer 5 milliards d’euros d’ici 2030 et a déjà commandé 8 systèmes SAMP/T de nouvelle génération, qui avec les nouveaux Aster comprendra un nouveau radar et un nouveau système de conduite de tir. Elle doit en commander quatre autres dans les années à venir.

L’Italie, avec qui le programme a été lancé en 2021, doit de son côté se doter de 10 de ces systèmes. Les missiles Aster 30 B1NT équiperont également les frégates françaises et italiennes, ainsi que les pays qui achètent ces navires auprès des deux pays, tout comme certains bâtiments britanniques.

« Les frappes iraniennes sur Israël montrent bien à quel point les menaces balistiques à longue portée sont malheureusement devant nous. La France doit être prête », juge le ministre.

Alors que le système SAMP/T n’a jamais trouvé preneur à l’export, hormis une batterie donnée à l’Ukraine pour l’aider à défendre son ciel face aux bombardements russes, le ministre espère de futurs succès commerciaux, alors que de nombreux pays européens ont opté pour le Patriot américain.

Il s’agit pour Paris et Rome d’offrir une alternative au projet de « bouclier du ciel européen » (ESSI) lancé par l’Allemagne et auquel se sont joints une vingtaine de pays. Celui-ci entend s’appuyer sur les systèmes anti-aériens Iris-T allemand pour la défense sol-air courte portée, Patriot américain pour la moyenne portée et américano-israélien Arrow-3 pour la longue portée.

Avec le futur missile Aster, espère Sébastien Lecornu, « on est en train d’avoir un saut technologique suffisamment fort pour permettre à une partie de l’Europe d’acheter franco-italien et d’avoir une solution complètement souveraine », à 100% européenne.

Dépêche AFP  – 08/10/2024 à 14:18


Légende de la photo : Photo d’illustration
Source de la photo : Pixabay

La DGA a réalisé avec succès le premier tir de qualification du système de défense aérienne SAMP/T NG

La DGA a réalisé avec succès le premier tir de qualification du système de défense aérienne SAMP/T NG

https://www.opex360.com/2024/10/09/la-dga-a-realise-avec-succes-le-premier-tir-de-qualification-du-systeme-de-defense-aerienne-samp-t-ng/


Lors d’une conférence sur la défense aérienne et antimissile de l’Europe, tenue à Rome, les 16 et 17 septembre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, confirma la commande de huit systèmes SAMP/T NG [Sol-Air Moyenne Portée de Nouvelle Génération ou Mamba NG] avant de préciser que les premiers exemplaires entreraient en service au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] à partir de 2026. Soit avec un an d’avance par rapport au calendrier initialement prévu. Autant dire qu’il n’y a guère de temps à perdre…

Pour rappel, développé dans le cadre d’une coopération franco-italienne par le consortium Eurosam [MBDA et Thales] par l’entremise de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], le SAMP/T repose sur le nouveau missile intercepteur Aster 30 Block 1 NT [pour Nouvelles Technologies] qui, doté d’un autodirecteur en bande Ka, est associé, pour la version française, au radar Ground Fire 300 fourni par Thales.

Le 8 octobre, à Biscarrosse, ce programme a franchi une étape significative avec le premier tir réussi d’un Aster 30 B 1NT depuis le site de la Direction générale de l’armement – Essais de Missiles [DGA-EM].

« Il s’agit du premier tir de développement du missile ASTER 30 B1 de Nouvelle Technologie, qui équipera le futur système de défense sol­-air franco­-italien SAMP/T NG et les plateformes navales des deux nations équipées de systèmes de défense anti­aérienne », a expliqué la DGA.

 

Le scénario de cet essai aura été relativement complexe dans la mesure où il a consisté à abattre une « cible représentative d’un chasseur ennemi » afin de protéger un « avion ami ».

« DGA Essais de missiles a assuré la conduite d’ensemble de l’opération, la mise en œuvre des cibles ainsi que la sécurité des biens et des personnes sur la zone d’exercice », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué.

Selon les précisions apportées par Eurosam, une batterie SAMP/T se compose de 48 missiles Aster 30 B 1NT prêts à être lancés, d’un radar multifonctions [le Ground Fire 300 pour la France, le Kronos GM HP pour l’Italie], d’un module d’engagement et de 6 lanceurs.

Le SAMP/T NG « représentera une rupture technologique vis-à-vis du Patriot américain. Ce sera l’un des seuls systèmes au monde capable d’arrêter un missile hypervéloce », avait indiqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], dans un entretien donné au quotidien Le Figaro, en mai dernier.

Plus précisément, offrant une protection à 360 degrés, le SAMP/T NG sera capable de détecter et d’intercepter des missiles balistiques manœuvrant d’une portée supérieure à 600 km ainsi que des « cibles aérobies » à plus de 150 km de distance.

Photo : Capture d’écran – via DGA

Dissuasion : L’ONERA va mener le projet MIHYSYS, étape vers la mise au point du futur missile ASN4G

Dissuasion : L’ONERA va mener le projet MIHYSYS, étape vers la mise au point du futur missile ASN4G

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C’est en 2014 que l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], via son chef d’état-major, qui était alors le général Denis Mercier, leva le voile sur un projet visant à développer un successeur au missile ASMP-A rénové, sur lequel repose la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française [Forces aériennes stratégiques et Force aéronavale nucléaire]. Deux projets étaient en balance : l’un privilégiant la furtivité, l’autre mettant l’accent sur le l’hypervélocité.

Dans un cas comme dans l’autre, le développement de ce nouveau missile, appelé ASN4G [Air-Sol Nucléaire de 4e génération] allait poser plusieurs défis, comme le souligna l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] dans son plan stratégique pour la période 2015-25.

Ainsi, la furtivité exigeait de mener à bien des travaux sur des matériaux aux « caractéristiques pérennes et compatibles avec la sévérité des environnements subis » ainsi que sur des « systèmes de préparation de mission optimisés pour la réactivité et la pénétration maximisée des défenses ». Même chose pour l’hypervélocité, qui supposait de faire appel à un « très grand nombre de disciplines », comme la propulsion, l’aérodynamique, les matériaux, etc.

En 2021, aucun choix n’était encore arrêté définitivement. Dans un avis budgétaire, l’ex-député Christophe Lejeune avait expliqué que deux Plans d’études amont [PEA] avaient été lancés. Ainsi, le PEA « Camosis » s’intéressait à la furtivité tandis que le PEA Prométhée se concentrait sur l’hypervélocité, avec des études sur un statoréacteur mixte [c’est-à-dire un moteur effectuant successivement une combustion subsonique et supersonique].

Même s’il n’y a pas eu de confirmation officielle, tout laisse à penser que le futur ASN4G sera un missile hypersonique. En tout cas, conseiller « défense » du PDG de MBDA, l’amiral [2S] Hervé de Bonnaventure l’avait suggéré lors d’une audition parlementaire en 2023. « Il apparaît que la très haute performance en vitesse et en manœuvre est la meilleure méthode pour parvenir à être détecté le plus tardivement possible, et compliquer la tâche de suivi d’un radar, voire, d’accrochage, et, enfin, à désorganiser une attaque d’un missile antimissile », avait-il en effet expliqué.

Le marché « MIHYSYS » que vient de notifier la Direction générale de l’armement [DGA] à l’ONERA et à MBDA le confirme.

« Le programme MIHYSYS permet de poursuivre l’amélioration continue des connaissances, des moyens de prévision et de briques technologiques, y compris alternatives, pour les chambres de combustion des propulseurs aérobies supersoniques et hypersoniques », explique en effet l’ONERA, via un communiqué publié le 30 septembre. En clair, ces travaux porteront sur un statoréacteur mixte, pour lequel une expérimentation visant à « recaler des modèles de simulation » a été récemment menée dans le cadre du projet ASTREE.

Il s’agit d’une « contribution majeure […] à la composante nucléaire aéroportée sur le long terme », précise l’ONERA.

Et d’ajouter : Ce « programme prévoit notamment le développement de nouvelles capacités et de nouveaux modèles pour la simulation numérique des chambres de combustion avec le code de calcul CEDRE. Des simulations confrontées à l’expérimentation grâce aux moyens dédiés de l’ONERA ».

Pour rappel, CEDRE est un logiciel de simulation multi-physique pour l’énergétique et la propulsion.

Le marché MIHYSYS aura d’autres implications. Il va permettre aussi de développer des capacités en calcul quantique, « au potentiel de rupture considérable » [dixit l’ONERA] pour la mécanique des fluides et l’énergétique.

Photo : ONERA

La Direction générale de l’armement lance l’initiative « RADAR » pour encourager l’anticipation stratégique

La Direction générale de l’armement lance l’initiative « RADAR » pour encourager l’anticipation stratégique

https://www.opex360.com/2024/09/25/la-direction-generale-de-larmement-lance-linitiative-radar-pour-encourager-lanticipation-strategique/


Dans l’édition 2019 de son « Document de référence d’orientation de l’innovation de Défense » [DROID], l’Agence de l’innovation de défense [AID], alors nouvellement créée sous l’égide de la Direction générale de l’armement [DGA], avait annoncé qu’elle allait avoir recours à des auteurs de science-fiction ainsi qu’à des futurologues pour imaginer « des capacités militaires disruptives ». Et cela au sein d’une structure appelée « Red Team ».

L’objectif était alors d’alimenter les réflexions sur les « conséquences stratégiques de l’arrivée de technologies disruptives » et de définir ainsi les « usages asymétriques possibles des technologies par des éléments malveillants étatiques ou non étatiques ».

Depuis, plusieurs travaux de cette « Red Team » ont été rendus publics [d’autres sont restés confidentiels] et ils ont même donné lieu à la parution trois volumes de la série « Ces guerres qui nous attendent ». Le dernier, publié en février dernier, s’intéresse à la militarisation de la société civile et à la « ruée vers l’espace ».

Cet exercice a-t-il atteint ses limites ? Probablement pas, sauf si l’on considère, comme Descartes, qu’imaginer consiste à associer des éléments connus selon sa fantaisie. Toujours est-il que la DGA a l’intention d’aller plus loin en organisant une « journée de prospective et d’anticipation stratégique de défense », le 7 novembre, à la Maison de la Radio.

« Ce projet s’inscrit dans l’élan donné par la Red Team Défense dont les travaux ont été largement salués. Après trois années d’expérimentation réussie au sein de l’Agence de l’Innovation de Défense, [il s’agit de] changer d’échelle avec l’initiative RADAR« , explique la DGA.

Cet évènement, qui s’adresse aux étudiants, aux dirigeants d’entreprise, aux ingénieurs, aux « acteurs du domaine de la culture » mais aussi aux militaires, consistera à réfléchir sur une « crise inédite » susceptible de survenir en 2034. « La Nation tout entière est impactée : santé, production, agriculture, média, commerce, tout semble terrassé… les équilibres géopolitiques vacillent, de nouveaux conflits appellent une mobilisation générale », résume la DGA.

L’enjeu sera donc de trouver des solutions pour surmonter cette crise, en échangeant avec des experts, en soumettant des idées ou encore en identifiant des « fragilités actuelles ».

« À la fin de la journée, on va faire venir des autorités militaires qui vont donner leur avis et qui vont réagir à ce qui aura été produit. Le mot d’ordre est : ‘qui veut la paix prépare l’avenir’ », a résumé Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement.

Le site : https://radar-defense.org/

Cour des comptes : La disponibilité des aéronefs militaires s’améliore… mais pas assez au vu des moyens engagés

Cour des comptes : La disponibilité des aéronefs militaires s’améliore… mais pas assez au vu des moyens engagés


En 2018, la disponibilité de certaines flottes d’aéronefs étant encore très insuffisante au regard des contraintes et de l’activité opérationnelle, le ministère des Armées prit le taureau par les cornes en lançant une vaste réforme du Maintien en condition opérationnelle Aéronautique [MCO Aéro], sur la base des recommandations faites par l’ingénieur général hors classe de l’armement Christian Chabbert.

L’une des mesures prises consista à remplacer la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense [SIMMAD] par la Direction de la Maintenance aéronautiques [DMAé]. Placé sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées [CEMA], cet organisme est désormais chargé d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies en matière de MCO Aéro, afin d’accroître la disponibilité des aéronefs à un coût maîtrisé.

Pour cela, la DMAé a entrepris de simplifier le MCO en confiant tous les marchés relatifs à la maintenance d’un flotte d’aéronefs à un prestataire unique tout en lui assignant des objectifs de disponibilité, dans le cadre de contrats dits « verticalisés ».

Cette réforme a-t-elle produit les effets escomptés ? Les chiffres relatifs à la disponibilité technique des aéronefs étant désormais confidentiels, comme, d’ailleurs, les indicateurs sur l’activité des forces que l’on pouvait trouver dans les « bleus budgétaires » [c’est-à-dire les projets annuels de performance], il est compliqué de se faire une idée.

À moins de se contenter de quelques ordres de grandeur concernant certaines flottes. Ainsi, l’an passé, le général Stéphane Mille, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE] avait confié, lors d’une audition parlementaire, que la disponibilité de l’aviation de chasse [Rafale et Mirage 2000] avait « globalement » augmenté de 3 % en 2023 tandis que celle des autres flottes [avions de transport, hélicoptères et drones] accusait une « légère baisse ».

Dans un référé publié ce 10 septembre, et bien que n’étant pas autorisée à rendre publics les taux de disponibilité des aéronefs, la Cour des comptes a donné un aperçu des résultats obtenus par le ministère des Armées en matière de MCO Aéro entre 2018 et 2023.

Ainsi, si elle dit avoir « observé à l’occasion de son contrôle une amélioration de la performance du MCO aéronautique, qui se traduit par une meilleure disponibilité de plusieurs flottes stratégiques d’aéronefs depuis 2018 », la Cour des comptes estime cependant que ces progrès, « réalisés au prix d’un accroissement significatif des moyens budgétaires » [4,7 milliards d’euros en 2022, ndlr], sont « insuffisants au regard des besoins opérationnels » étant donné que les volumes d’heures de vol et les indicateurs de performances des documents budgétaires » demeurent encore, « chaque année, en deçà des objectifs fixés par les armées ».

L’enquête menée par la Cour des comptes ne remet pas en cause les contrats verticalisés. En revanche, elle souligne qu’il existe des « marges de progrès importantes en matière de productivité et de compétitivité » au sein du Service industriel de l’aéronautique [SIAé].

Rattaché à l’armée de l’Air & de l’Espace, le SIAé est le « garant de l’autonomie de la France sur le MCO Aéronautique », en apportant une « logique de performance industrielle grâce à des méthodes innovantes », explique le ministère des Armées.

Certes, les Cour des comptes reconnaît que le SIAé a engagé des actions afin d’améliorer sa performance… Pour autant, poursuit-elle, « ses ateliers restent souvent engorgés par les flottes d’aéronefs les plus problématiques ». Et d’ajouter : « La production stagne depuis 2018 malgré l’augmentation des effectifs » tandis qu’il « n’existe pas d’indicateur fiable permettant de mesurer [sa] productivité. En outre, « peu de synergies ont été développées entre ses cinq ateliers [*], dont les pratiques restent hétérogènes ».

Selon le ministère des Armées, le SIAé emploie 5000 personnes [dont 83 % de personnels civils] et recrute plus de 400 opérateurs, techniciens et ingénieures tous les ans.

Parmi les mesures qu’elle préconise, la Cour des comptes soutient que la « transformation » du SIAé doit se poursuivre en prenant modèle sur « la réorganisation et les évolutions managériales menées à bien dans les centres d’essais de la DGA », lesquels « sont notamment parvenus à mutualiser leurs fonctions support et augmenter leurs heures productives ».

Par ailleurs, la Cour des comptes a également évoqué les difficultés du projet BRASIDAS. Confié en 2018 par la Direction générale de l’armement [DGA] à Sopra Steria, il doit permettre de réunir toutes les informations sur les activités de maintenance sur les différentes flottes d’aéronefs au sein d’un seul système d’informations [il en existait alors plus de 80]. Un audit de ce projet est d’ailleurs actuellement mené par le Contrôle général des armées.

« La Cour a constaté que la réalisation de la première étape de BRASIDAS accusait déjà un retard de deux ans par rapport au calendrier initial et se heurtait à des difficultés importantes, notamment liées à la reprise des données de certaines flottes et à la maturité du principal composant technique de la solution », lit-on dans le référé. Aussi recommande-t-elle de tirer toutes les conséquences sur la conduite de ce projet une fois que l’audit dont il fait l’objet sera terminé.

[*] Ateliers industriels de l’aéronautique [AIA]