Interrogation sur les VBMR face aux cyberattaques

Interrogation sur les VBMR face aux cyberattaques

Question de : Mme Gisèle Lelouis
Bouches-du-Rhône (3e circonscription) – Rassemblement National

Mme Gisèle Lelouis attire l’attention de M. le ministre des armées et des anciens combattants sur les failles concernant les véhicules blindés multi-rôles (VBMR).

Depuis la parution du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale en 2013 et dans le cadre du programme Scorpion visant à moderniser l’armement terrestre, la France remplace ses nombreux véhicules de l’avant blindés (VAB) au profit du VBMR. Ce remplacement, sans réelle augmentation des effectifs blindés, posait déjà la question d’une dispersion des modèles pour l’industrie quand la France n’en avait autrefois qu’un, évitant un « cauchemar logistique », alors qu’il est connu que la haute intensité se joue aussi sur la masse (car il faut du nombre pour contrôler une zone, ce qu’une armée d’échantillons, même la plus sophistiquée, ne peut faire) avec des modèles « bon marché » rapides à produire, d’excellentes capacités tout-terrains etc., même si l’indispensable capacité de projection « des gabarits SNCF » est assurée.

Ces derniers véhicules blindés multi-rôles, incarnés par les Griffon et les Serval, sont de véritables laboratoires technologiques, avec de grandes capacités, démontrant le savoir-faire de l’industrie française. Coûtant donc le double d’un VAB, ils sont en train de devenir la colonne vertébrale de l’armée de terre française, malgré certains retards de livraison. Sur les 1 872 VBMR Griffon prévus en 2019 pour l’horizon 2030, 575 ont bien été livrés en 2024 et 208 VBMR-L Serval sur 978. Ces blindés assurent ainsi les fonctions de protections balistiques, le transport, la communication et l’observation sur le terrain.

Cependant, au cours de l’entraînement interarmées de cyberdéfense (DEFNET) organisé du 18 au 29 mars 2024, un militaire est parvenu à mettre en panne un véhicule blindé multi-rôle Griffon. En effet, à l’aide d’un télémètre développé par l’armée, le militaire est parvenu à perturber le système informatique du véhicule, le forçant à freiner et le mettant momentanément hors de combat. Plus encore, les dégâts causés au véhicule par l’appareil peuvent compromettre le réseau de communication. L’impact de cet incident ne doit pas être négligé. En effet, le véhicule blindé multi-rôle Griffon se décline en plusieurs modèles. Il joue donc des rôles clefs dans de nombreux secteurs tels que le transport de troupes (Griffon VTT), l’observation de l’artillerie (Griffon VOA), le commandement (Griffon VPC) et les opérations médicales (Griffon SAN), etc.

La mise hors combat de ces véhicules à la suite d’une cyberattaque en fait une cible facile pour l’adversaire et la compromission du réseau de communication qui en découle fragilise grandement l’intégrité de tout le réseau de communication de l’armée française. Cet évènement met également en lumière la portée informationnelle de telles attaques.

En effet, la diffusion d’image des véhicules immobilisés à la suite de cyberattaque au sein de l’espace médiatique peut saper la confiance que portent les Français, y compris militaires, dans l’efficacité de l’armée. Ainsi, l’armée française doit être en mesure de répondre à ces éventuelles diffusions et pallier sa vulnérabilité actuelle aux cyberattaques tactiques. On peut également questionner la portée globale de cette vulnérabilité aux cyberattaques. Celle-ci concerne-t-elle tous les types de véhicules blindés multi-rôles ? L’EBRC Jaguar, dont 60 exemplaires ont été réceptionnés sur les 300 prévus pour 2030, présente-t-il la même vulnérabilité au cyber ? Ce dernier présentait déjà un défaut avec sa tourelle T40, qui héberge deux missiles MMP sous blindage, dans un lanceur rétractable, avec deux autres munitions disponibles en soute, obligeant l’un des trois membres d’équipage ayant perdu à la courte paille, de s’exposer pour recharger, la menace cyber lui ajoutant un possible nouveau défaut.

La stratégie politico-industrielle du tout technologique nécessite une adaptabilité et des ajustements nécessaires, malheureusement coûteux pour maintenir une opérabilité efficace des armées. Ainsi, dans la mesure où cette vulnérabilité s’étendrait à l’ensemble des modèles VBMR ou véhicules blindés reliés au réseau, cet évènement pose la question de la vulnérabilité et de la place des systèmes informatiques au sein des forces armées. La protection et l’intégrité de ces systèmes sont une nécessité absolue pour assurer le bon fonctionnement de l’armée de terre. Alors, doit-on revoir la place et l’importance des systèmes informatiques au sein des véhicules blindés, ou renforcer la sécurisation des systèmes informatiques de ceux-ci ?

Si c’est le cas, Mme la députée demande à M. le ministre ce qu’il compte faire pour pallier la vulnérabilité des systèmes informatiques des VBMR face aux éventuelles cyberattaques, afin d’assurer l’efficacité de l’armée française. Par ailleurs, certaines questions se posent sur les blindés « remplacés » par les VBMR, à savoir les VAB. M. le ministre a annoncé l’envoi à l’étranger de « centaines de blindés » français d’occasion. Elle lui demande s’il ne serait pas aussi judicieux d’en garder en stock pour « faire masse », pallier d’éventuelles défaillances des VBMR, voire d’en équiper les unités élémentaires de réserve de l’armée de terre au vu des projets de croissance.

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents


L'Allemagne fait la découverte de l'année dans l'informatique quantique qui va lui donner une longueur d'avance sur ses concurrents
L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

 

Des chercheurs allemands mettent à jour l’entrelacement de la lumière et du son dans le monde quantique.

Les chercheurs de l’Institut Max-Planck pour la Science de la Lumière (MPL) ont mis au point une méthode novatrice permettant d’entrelacer des photons optiques (particules de lumière) avec des phonons (quasi-particules représentant des ondes sonores). Cette réalisation ouvre de nouvelles perspectives pour l’élaboration de systèmes hybrides en communication et en calcul quantique, marquant un tournant potentiel dans la façon dont nous pourrions manipuler et utiliser les informations quantiques.

Les allemands écrivent un nouveau chapitre dans l’histoire de l’entrelacement quantique

L’entrelacement quantique, ce lien étrange qui permet à des particules de rester connectées quelles que soient les distances les séparant, a traditionnellement été réalisé entre des particules de même nature, comme des photons avec des photons. Toutefois, l’innovation de MPL introduit la possibilité d’entrelacer des types de particules fondamentalement différents, une avancée qui pourrait transformer les technologies de l’information quantique.

Mécanisme de l’entrelacement optoacoustique

Le processus proposé par l’équipe du MPL repose sur la diffusion Brillouin, un phénomène où les photons interagissent avec les vibrations des atomes ou molécules dans un matériau, générant des phonons. Cette interaction entraîne un changement de fréquence de la lumière, qui varie en fonction du mouvement des phonons. Contrairement aux systèmes optomécaniques classiques, cette méthode offre une nouvelle façon de coupler la lumière et le son à un niveau fondamental, permettant de créer des paires entrelacées stables, moins sensibles aux fluctuations de température.

Avantages et potentiel de l’entrelacement hybride

L’entrelacement de photons et de phonons présente plusieurs avantages significatifs. D’une part, il est résilient et adapté pour fonctionner à des températures beaucoup plus élevées que celles requises par les méthodes traditionnelles, réduisant ainsi la dépendance à des équipements coûteux et complexes comme les réfrigérateurs à dilution. D’autre part, cette approche hybride ouvre la porte à des applications dans des domaines variés allant de la communication quantique sécurisée à la computation, en passant par la métrologie quantique et la téléportation quantique.

Implications et applications futures

Les capacités de cette nouvelle technique à manipuler et à contrôler les interactions entre la lumière et le son à un niveau quantique ont le potentiel de révolutionner notre compréhension et notre exploitation des propriétés quantiques des matériaux. En particulier, cela pourrait significativement avancer notre capacité à stocker, à traiter et à transmettre des informations de manière plus efficace et plus sécurisée.

Cet article explore les implications profondes de la nouvelle technique d’entrelacement de la lumière et du son via la diffusion Brillouin, en soulignant son potentiel révolutionnaire pour avancer dans la compréhension et l’utilisation des phénomènes quantiques. En connectant des mondes aussi différents que ceux des photons et des phonons, cette percée scientifique ouvre des portes vers des applications innovantes qui pourraient un jour redéfinir notre approche des technologies de l’information et de la communication, tout en renforçant les bases de la télécommunication quantique et du traitement de l’information.

Source : Max Planck Institute

L’Amérique démontre qu’elle n’a rien perdu de son avance technologique avec un nouvel ordinateur quantique 50x plus rapide que le précédent record

L’Amérique démontre qu’elle n’a rien perdu de son avance technologique avec un nouvel ordinateur quantique 50x plus rapide que le précédent record

L'Amérique démontre qu'elle n'a rien perdu de son avance technologique avec un nouvel ordinateur quantique 50x plus rapide que le précédent record
L’Amérique démontre qu’elle n’a rien perdu de son avance technologique avec un nouvel ordinateur quantique 50x plus rapide que le précédent record

IBM révolutionne la recherche scientifique avec son nouveau processeur quantique de 156 qubits.

IBM vient marquer un nouveau jalon important dans l’histoire des technologies quantiques avec la mise en service de son nouveau processeur : le R2 Heron, doté de 156 qubits. Cette innovation représente une amélioration substantielle par rapport aux modèles précédents, promettant des calculs jusqu’à 50 fois plus rapides, ce qui équipe idéalement ce système pour la recherche scientifique avancée.

Le R2 Heron : Un bond en avant dans la performance

Le nouveau système quantique d’IBM, composé de l’unité de traitement quantique (QPU) R2 Heron et de la plateforme logicielle Qiskit, a été conçu pour optimiser les performances des calculs quantiques. Comparé à ses prédécesseurs, le R2 Heron peut réaliser jusqu’à 5 000 opérations sur deux qubits, soit le double de la capacité des systèmes antérieurs, facilitant ainsi des calculs quantiques complexes et plus rapides.

Des implications profondes pour la recherche scientifique

Les améliorations matérielles et logicielles apportées par IBM à son système quantique lui permettent désormais de s’attaquer à des problèmes scientifiques dans des domaines aussi variés que les matériaux, la chimie, les sciences de la vie, la physique des hautes énergies, et plus encore. Ces avancées ouvrent la voie à des recherches qui étaient jusqu’alors hors de portée, du fait des limitations de vitesse et de capacité des précédentes générations de technologies quantiques.

Optimisation et avancées logicielles

Outre l’augmentation de la capacité de traitement, IBM a également intégré des améliorations logicielles significatives. L’utilisation de l’algorithme de mitigation d’erreur de réseau tensoriel de Qiskit, par exemple, permet de réduire l’impact des perturbations sur les qubits. De plus, avec l’introduction de l’ingénierie de compilation paramétrique et l’optimisation du mouvement des données, le système peut maintenant effectuer jusqu’à 150 000 opérations de couche de circuits par seconde (CLOPS), une amélioration drastique par rapport aux performances de base antérieures.

Vers un supercalculateur centré sur le quantique

IBM envisage le développement de superordinateurs « centrés sur le quantique » qui combinent les ressources de calcul quantique et classique pour produire des résultats viables plus rapidement qu’avec des systèmes purement quantiques. Cette approche hybride permet de traiter les tâches en parallèle, décomposant les algorithmes complexes en morceaux que chaque moitié du système peut traiter efficacement.

Exemple d’application : la collaboration avec RIKEN

Un exemple concret de cette technologie en action est la collaboration d’IBM avec RIKEN, un centre de recherche scientifique au Japon. Utilisant une méthode appelée « Quantum-Selected Configuration Interaction », les scientifiques emploient le matériel quantique pour modéliser la structure électronique des sulfures de fer. Cette intégration innovante entre le superordinateur Fugaku et un système quantique IBM sur site marque un pas de géant dans la fusion des capacités de calcul quantique et classique.

Cet article explore l’impact transformationnel du nouveau processeur quantique R2 Heron de 156 qubits d’IBM, qui, grâce à des avancées significatives en matériel et logiciel, est désormais capable de réaliser des recherches scientifiques complexes et variées. Avec des performances améliorées permettant des calculs jusqu’à 50 fois plus rapides que les générations précédentes, IBM redéfinit le potentiel des technologies quantiques pour résoudre des problèmes scientifiques d’envergure mondiale.

Source : IBM

La France construit le plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe

La France construit le plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe

Big data top secret

Les choses se précisent en France pour ce qui est de l’IA militaire. Le ministère des Armées a choisi le tandem Hewlett-Packard Entreprise/Orange pour fabriquer un supercalculateur de pointe. Celui-ci devra posséder la plus importante capacité de calcul classifiée dédiée à l’intelligence artificielle d’Europe.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, l’avait souligné ce printemps : la France ne doit « pas dépendre des autres puissances » pour l’accès à certaines technologies de pointe ayant des perspectives militaires. Cela inclut le calcul de haute performance que les superordinateurs effectuent, et l’intelligence artificielle (IA), en plein boom.

Opérationnel fin 2025

À l’époque, il était question de commander un supercalculateur pour une livraison en 2025. La machine, était-il alors indiqué, serait en mesure de traiter des données classifiées (secret défense) et sur de l’IA militaire. Mais, sécurité nationale oblige, les caractéristiques exactes du projet demeurent confidentielles.

Si les contours restent encore globalement flous, le ministère des Armées en a dit un peu plus le 24 octobre. Il a confirmé d’abord le calendrier de mise en place de ce superordinateur, qui débutera son travail à l’automne 2025, et sera pleinement opérationnel avant 2026. Quant à son constructeur, il s’agira du binôme Hewlett Packard Enterprise/Orange.

armée supercalculateur IA
Une IA qui aidera à structurer la défense française de demain. // Source : Numerama avec Midjourney

Surtout, on sait désormais que cette future machine a l’ambition d’être « le plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe ». Un podium que l’appareil revendique, bien que le domaine dans lequel il évolue est par nature opaque. Les superordinateurs de ce type sont aussi sous le sceau du secret, ce qui limite les comparaisons.

Actuellement, le superordinateur le plus puissant en Europe se trouve en Finlande — pour ce qui est, en tout cas, de la plus puissante machine dont les caractéristiques sont publiques. Il se trouve dans le top 5 mondial, a plus de 2,7 millions de cœurs. Le plus puissant du top atteint environ quatre fois sa puissance réelle maximale.

Une machine qui sera toujours hors ligne

Compte tenu de la sensibilité de l’installation, il est prévu de ne jamais le connecter à Internet, afin d’éviter tout risque de compromission à distance, par une opération de piratage. Il est aussi prévu de n’autoriser que des citoyens français habilités au secret de la défense nationale pour assurer sa maintenance, là aussi pour éviter une compromission interne.

Une fois en place, l’armée française pourra y accéder afin de traiter des données confidentielles de manière souveraine. Il est aussi prévu que des entreprises de défense puissent y accéder. On peut imaginer que des groupes spécialisés comme MBDA, Thales, Naval Group, Safran et Dassault Aviation aient un intérêt pour ce matériel.

Rafale 2
L’évolution future du Rafale pourrait bénéfiicer de cette installation. // Source : NATO

Le succès de Hewlett Packard Enterprise/Orange fait toutefois une victime : Atos. Le géant français de l’informatique de service, qui traverse une grave crise depuis quelques années, était aussi en lice pour ce marché. Mais, dans une phrase, et sans le citer nommément, M. Lecornu a laissé entendre que sa proposition était « anormalement faible ».

Reste, enfin, une dernière réalité : si le tandem HPE/Orange implique au moins une société française, pour un projet de souveraineté, les composants clés qui seront dans ce supercalculateur seront, eux, américains. Il est prévu d’équiper l’appareil de puces Nvidia. Cruel rappel que sur certains secteurs critiques, l’Europe n’est pas au rendez-vous.

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (...) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».  Stephanie Lecocq / REUTERS

L’offre de l’américain et du géant français des télécoms a été préférée à celle du groupe informatique tricolore Atos

Atos a raté le coche. Le ministère des Armée va acquérir un supercalculateur pour son agence dédiée à l’intelligence artificielle (Amiad) auprès de l’américain Hewlett-Packard allié à Orange, un tandem préféré au groupe informatique français Atos, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Le contrat, d’un montant non précisé dans l’immédiat, a été notifié mercredi, selon cette source, confirmant une information de La Tribune. Évoquant mi-octobre l’appel d’offres alors en cours devant les députés de la commission de la Défense, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis». L’une des deux offres lui semblait notamment «anormalement faible et ce n’est pas parce qu'[on parle de] souveraineté qu’il faut que ce soit faible», avait-il esquissé.

Ce marché perdu par Atos, groupe français en pleine restructuration et qui avait repris l’activité de supercalculateurs hérités de Bull, ne constitue pas pour autant un accroc à la souveraineté que recherche la France dans ses programmes militaires, avait-il déminé par anticipation.  «En matière d’intelligence artificielle, il n’y a pas de souveraineté pour l’instant», avait-il affirmé, rappelant que les processeurs GPU destinés à l’intelligence artificielle étaient tous produits par des entreprises américaines, en premier lieu Nvidia, et que les deux compétiteurs iraient «de toute façon s’approvisionner à la même source de GPU». «Ce qui peut nous faire décrocher en matière de souveraineté, c’est de ne pas disposer très vite d’un supercalculateur», selon le ministre. D’autant que ce supercalculateur n’aura une espérance de vie que de «deux à trois ans», selon le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva.

«J’ai demandé au ministère de regarder aussi comment une entreprise française aussi importante [qu’Atos] doit monter très vite en compétence pour conquérir notre souveraineté en la matière, d’autant plus parce que ce ministère est grand client d’Atos par ailleurs, donc il n’y a pas de défiance vis-à-vis d’Atos», avait ajouté Sébastien Lecornu. Ce supercalculateur classifié équipera l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense (Amid), un organisme créé en mars et doté de 300 millions d’euros par an pour développer et intégrer l’IA dans les équipements militaires.

M. Lecornu dénonce les manœuvres autour de l’appel d’offres sur le futur supercalculateur dédié à l’IA de défense

M. Lecornu dénonce les manœuvres autour de l’appel d’offres sur le futur supercalculateur dédié à l’IA de défense

https://www.opex360.com/2024/10/15/m-lecornu-denonce-les-manoeuvres-autour-de-lappel-doffres-sur-le-futur-supercalculateur-dedie-a-lia-de-defense/


Le ministère des Armées s’est très vite intéressé au potentiel de l’intelligence artificielle [IA] pour la conduite de ses opérations. D’où les programmes Artemis IA [ARchitecture de Traitement et d’Exploitation Massive de l’Information multi-Sources] et TORNADE [Traitement Optique et Radar par Neurones Artificiels via Détecteur] ou encore les études MMT [Man-Machine-Teaming] et HYPERION [pour le combat terrestre]. En outre, il a défini un cadre éthique pour l’usage de cette technologie

Mais il s’agit désormais d’aller plus loin, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 précisant que les armées devront être en mesure de « traiter de façon autonome le flux de données apporté par les capteurs dont elles disposent  » et de consolider leur « capacité d’appréciation des situations stratégiques et tactiques ». D’autres applications sont envisagées, en particulier dans le domaine de la robotique et dans celui du Maintien en condition opérationnelle [MCO].

À cette fin, en mars dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé la création de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense [AMIAD], censée être le pendant de la Direction des application militaires [DAM] du Commissariat à l’énergie atomique et des énergies renouvelables [CEA], laquelle est dédiée à la dissuasion nucléaire.

La mission de l’AMIAD sera de « conceptualiser, voire fabriquer, l’intelligence artificielle dans les grands programmes militaires, actuels comme futurs ». Et, pour cela, à l’instar de la DAM/CEA, elle disposera de son propre supercalculateur « classifié » qui permettra de tester l’IA embarquée dans les systèmes d’armes. En outre, il pourra être utilisé par les industriels de la défense, sans « crainte d’espionnage ». En clair, il ne sera évidemment pas question de la « brancher » à un réseau.

Devant être le plus puissant d’Europe en matière d’IA de défense, ce supercalculateur doit être mis en service en 2025. Aussi, sans attendre, il a fait l’objet d’un appel d’offres, dont le montant est compris entre 200 et 300 millions d’euros. Deux industriels se sont manifestés : Hewlett Packard [associé à Orange] et Atos.

À noter que, pour une très grande part, ce contrat profitera à l’industriel qui fournira les processeurs de type NPU [Neural Processing Unit]. Et comme l’américain Nvidia occupe une position dominante sur le marché [88 %], il y a tout lieu de penser qu’il en sera le grand bénéficiaire.

Quoi qu’il en soit, ces derniers jours, plusieurs sources ont indiqué que l’offre du tandem Hewlett Packard / Orange avait les faveurs de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information, chargée d’instruire ce dossier. Et cela alors que, bien que très affaibli, Atos semblait avoir les meilleures cartes en main pour s’imposer.

Mais les jeux sont loin d’être faits. C’est ce qu’a en effet expliqué M. Lecornu, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 14 octobre. « Le marché est toujours en cours. Et comme tous les marchés publics toujours en cours, il faut faire preuve de prudence », a-t-il dit, avant de dénoncer certaines manœuvres autour de cette procédure.

« Pour être direct, j’invite les parlementaires à la plus grande des prudences, notamment sur toutes les approches de lobbies divers et variés puisque j’ai été frappé de voir une agitation parisienne importante sur ce sujet. Et en général, cette agitation n’est pas gratuite », a lancé le ministre.

« Les entreprises font bien ce qu’elles veulent avec leur argent pour toucher en influence les différents décideurs mais lorsqu’on parle de la mise en concurrence sur des sommes importantes, sur des marchés publics en cours, je pense que, collectivement, il nous faut faire attention. Pour être transparent, il y a des approches du ministère qui, pour moi, interrogent », a poursuivi M. Lecornu

Quoi qu’il en soit, si le marché de ce supercalculateur n’a pas été attribué, c’est que les deux offres reçues interrogent. Selon le ministre, l’une est « anormalement faible » [l’impératif de « souveraineté » n’est pas une excuse, a-t-il suggéré]. Quant à la seconde, elle « pose la question » de savoir si elle « n’est pas anormalement forte » par rapport à la première.

Et « quand je dis que les deux réponses sont très différentes, elles le sont sur les délais, le prix, la performance et le ‘staff’ qui est mis. Quiconque ayant fait une CAO [commission d’appel d’offres, ndlr] dans une mairie, un département voit bien ce que cela peut vouloir dire », a dit le ministre.

Aussi, pour tirer les choses au clair, M. Lecornu a dit avoir saisi le Contrôle général des armées [CGA] pour qu’il « reprenne l’ensemble de la procédure du marché », tant sur la forme que sur le fond. Il doit rendre ses conclusions dans dix ou quinze jours.

Photo : Naval Group

États-Unis : le Pentagone va sécuriser des millions de microprocesseurs

États-Unis : le Pentagone va sécuriser des millions de microprocesseurs

Dans l’armée moderne, les microprocesseurs sont partout. Pourtant, la production de ces puces électroniques reste en flux tendu.

Par Cédric Bonnefoy – armees.com – Publié le 17 septembre 2024

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États-Unis : le Pentagone va sécuriser des millions de microprocesseurs – © Armees.com

 

Les microprocesseurs sont omniprésents dans l’armée moderne. Cependant, produire ces composants électroniques demeure sous pression constante. Pour sécuriser le stock américain, le Pentagone lance un vaste programme de sécurisation.

Aux États-Unis, le Pentagone entend sécuriser des microprocesseurs

Le Pentagone vient de débloquer 3 milliards de dollars pour un programme stratégique visant à sécuriser l’approvisionnement en microprocesseurs. Cette initiative est perçue comme vitale pour renforcer la sécurité nationale des États-Unis. En s’appuyant sur le CHIPS and Science Act, une législation clé adoptée en 2022, ce financement massif met en lumière l’importance croissante de la microélectronique dans le domaine de la défense. L’objectif est clair : réduire la dépendance américaine envers les pays étrangers, notamment la Chine et Taïwan. Mais surtout, établir une base industrielle solide pour produire des semi-conducteurs de pointe sur le territoire américain.

Ce plan, supervisé par le département du Commerce en collaboration avec le département de la Défense (DoD), fait partie d’une série d’initiatives du programme Secure Enclave. Ce programme, en lien avec la loi CHIPS, s’inscrit dans un contexte de tensions internationales croissantes, notamment avec la Chine, principal fournisseur de microprocesseurs pour les États-Unis. Il reflète également la volonté de l’administration Biden de relocaliser la production de ces composants critiques pour la sécurité nationale et économique.

Une initiative portée par Intel

Sous la direction du Pentagone, Intel Corp, l’un des leaders mondiaux dans le domaine des microprocesseurs, a été choisi pour jouer un rôle clé dans ce projet. La firme américaine, qui possède des sites de production en Arizona, au Nouveau-Mexique, en Ohio et en Oregon, bénéficiera d’une partie de ce financement pour améliorer ses capacités de production et répondre aux besoins militaires spécifiques en microélectronique.

En effet, les microprocesseurs ne sont pas seulement utilisés dans les produits de consommation courante comme les smartphones ou les véhicules électriques. Mais ils jouent également un rôle crucial dans les systèmes de défense, notamment dans les avions de combat comme les F-35. En relocalisant la production et en investissant massivement dans des installations nationales, le gouvernement américain cherche à atténuer ce risque et à garantir que les forces armées auront toujours accès à ces technologies critiques.


Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.

X bloqué au Brésil : nouvel épisode du rapport de force entre États et multinationales du numérique

X bloqué au Brésil : nouvel épisode du rapport de force entre États et multinationales du numérique

 

Avec la suspension de X, la justice brésilienne affirme la souveraineté de l’État dans l’espace numérique et pose, à nouveaux frais, la question du pouvoir des multinationales sur les institutions publiques.

En décidant la suspension du réseau social X (ex-Twitter) au Brésil, le juge du Tribunal suprême fédéral (équivalent brésilien de la Cour de cassation et du Conseil constitutionnel réunis) remet sur la table la question, ô combien centrale, du pouvoir des multinationales du numérique sur les États.

Les termes du conflit sont assez simples. La plateforme n’a pas répondu favorablement aux injonctions du juge. Ce dernier souhaitait la suppression de certains comptes d’utilisateurs liés aux émeutes de partisans de Jair Bolsonaro visant les institutions publiques de la capitale brésilienne, le 8 janvier 2023. Or, loin de se soumettre aux injonctions de la juridiction suprême, le propriétaire de X, Elon Musk, a opposé le principe de la « liberté d’expression » pour se dérober à ses obligations. Condamné à payer une astreinte journalière de 200 000 reais (environ 32 000 euros), X a même choisi d’ignorer cette condamnation et de ne pas payer l’amende. De plus, la plateforme a décidé de ne plus avoir de représentant légal au Brésil : une ultime infraction qui a convaincu le juge suprême de bloquer X au Brésil.

Dans cette affaire, on peut relever deux enjeux principaux. Le premier, c’est la capacité d’un État à maintenir l’ordre (social) dans l’espace numérique, a fortiori lorsque des élans séditieux et des tentatives de coup d’État sont en partie fomentés à partir de plateformes de réseaux sociaux. Il s’agit pour l’État brésilien d’assurer l’effectivité de ses fonctions régaliennes en ligne et hors ligne, et de transposer dans l’espace numérique le principe de souveraineté. Le second enjeu a trait aux adaptations qu’une multinationale étrangère est prête à consentir pour se garantir un accès (pérenne et sans obstacle) à un marché national. En effet, la puissance économique ne fait pas tout. Il est un ensemble de normes, légales, sociales et symboliques, qu’une entreprise doit respecter pour se faire accepter comme un acteur légitime du champ économique d’un pays où elle nourrit des ambitions commerciales.

Sur ce dernier point, il est important de souligner qu’internet n’a jamais été ce « Far-West » tant décrié par les pouvoirs publics de tous les pays depuis les années 1990. Les États ont toujours eu la main sur le Réseau, des lois applicables et appliquées, des condamnations, des restrictions d’accès et des blocages des sites et applications visées. Certes, ces mesures peuvent entraîner des dommages collatéraux : bloquer une adresse IP empêche non seulement l’accès au site à un instant donné, mais aussi aux autres contenus hébergés sur le serveur qui répond à cette adresse. En outre, des voies de contournement existent, à l’instar des VPN – même si les internautes brésiliens encourent une amende (8 000 euros) en cas d’utilisation de ce type de service pour tenter d’accéder malgré tout à la plateforme.

D’autres entreprises ont joué elles aussi le rapport de force avec les autorités publiques par le passé. C’est le cas au Brésil avec la messagerie Telegram (dont le fondateur, Pavel Dourov, vient d’ailleurs d’être arrêté à Paris), qui a été suspendue provisoirement en 2022 et 2023. C’est également vrai en France où, pendant des années, une entreprise telle que Google a refusé de se soumettre aux injonctions des pouvoirs publics, comme la CNIL en 2014 ou l’Autorité de la concurrence plus récemment.

Reste qu’un cas de blocage comme celui de X au Brésil est extrêmement rare dans les démocraties occidentales. De fait, par bien des aspects, ces firmes ont mis les États dans leur dépendance. Ne serait-ce que parce qu’elles forment un oligopole et qu’elles contrôlent en grande partie l’accès à l’espace numérique. Peu d’États ont développé des capacités d’intervention autonome sur les réseaux, et nombre d’entre eux doivent obtenir la collaboration de ces multinationales pour rendre effective leur puissance d’agir en ligne.

À l’inverse, ces firmes (comme n’importe quelle entreprise) sont dépendantes des États à plusieurs titres. C’est le mot de Max Weber : « Le capitalisme requiert la bureaucratie »[1]. Les réseaux de télécommunications, d’une part, sont encore en grande partie à la main des États, d’entreprises publiques ou d’entreprises nationales bien mieux contrôlables que des multinationales basées sur la côte ouest des États-Unis. Et puis, pour reprendre les termes de Bourdieu, l’État fonctionne comme une « banque centrale du capital symbolique »[2] ; autrement dit, c’est par l’État que se joue la réputation des entreprises, se fixent les règles qu’elles doivent respecter pour apparaître comme des acteurs légitimes et, par conséquent, se mettre à l’abri de la mobilisation hostile, des régulations et des condamnations des pouvoirs publics.

Toutefois, le grand enjeu de notre époque est bien cette « relation d’interdépendance asymétrique »[3] qui semble pencher en faveur des multinationales du numérique. Pour reprendre les exemples précédents, on voit ces entreprises s’aménager des voies de contournement des réseaux de télécommunications nationaux. C’est vrai de Google, Microsoft, Facebook et Amazon, en particulier, qui jouent depuis quelques années un rôle majeur dans le déploiement de câbles de communication intercontinentaux. C’est vrai a fortiori de l’empire économique qu’est en train de bâtir Elon Musk, avec l’entreprise Starlink qui ouvre l’accès à internet par voie satellitaire – au risque de déposséder les États de cet attribut fondamental de la souveraineté qu’est le contrôle des communications sur leur territoire.

Et puis, on ne peut ignorer non plus la fascination qu’exercent ces firmes sur les gouvernants de nombreux pays. De fait, le numérique est bien souvent présenté comme la voie de salut indépassable d’économies tournant au ralenti, marquées par le chômage de masse, une démographie en berne, mais aussi des tensions insurrectionnelles qui éveillent l’intérêt des États pour ces technologies facilement employables à des fins de régulation sociale. Il n’est qu’à voir les honneurs accordés aux dirigeants de ces entreprises, lorsqu’ils sont reçus par les chefs d’État et de gouvernement occidentaux avec la révérence habituellement réservée aux gouvernants et diplomates étrangers. Les capitaux (financiers, technologiques, mais aussi symboliques) de ces multinationales sont particulièrement convoités. À travers eux semble se jouer, non seulement et paradoxalement la capacité d’action des États, mais aussi le crédit politique des gouvernants, sommés de prouver qu’ils ont encore prise sur le réel quand tout semble démontrer leur impuissance.


[1] Max Weber, Économie et société, t. 1, Les catégories de la sociologie, Paris, Plon, 1971.

[2] Pierre Bourdieu, Sur l’État. Cours au Collège de France (1989-1992), Paris, Raisons d’agir/Seuil, 2012.

[3] Marlène Benquet, Fabien Foureault et Paul-Lagneau Ymonet, « Coproduire la règle du jeu. État, assurance et capital-investissement dans la France des années 1990 », Revue française de sociologie, vol. 61, n°1, 2020, p. 79-108.

Découverte militaire : l’armée américaine prépare l’avènement des avions d’assaut de longue portée

Découverte militaire : l’armée américaine prépare l’avènement des avions d’assaut de longue portée

Armee Marine Aviation Industrie International

L’Armée américaine avance dans son programme d’avions d’assaut longue portée et passe à la phase d’ingénierie

 

**WASHINGTON, D.C.** — L’armée américaine a récemment annoncé que son ambitieux programme FLRAA (*Future Long-Range Assault Aircraft*, littéralement avions d’assaut à longue portée du futur) était sur le point de passer de la phase de développement technologique à la phase essentielle du développement d’ingénierie et de fabrication. Cette transition marque une étape notable dans les efforts de modernisation de l’armée américaine qui visent à redéfinir ses capacités aériennes et son champ d’action opérationnel.

Le projet FLRAA devrait représenter environ 70 milliards de dollars sur sa durée de vie, ventes militaires étrangères potentielles incluses. Ce programme ambitionne de remplacer près de 2 000 hélicoptères multifonctions Black Hawk à partir des années 2030. Au-delà d’un simple remplacement un pour un, le FLRAA est conçu pour assumer et développer les rôles joués par le Black Hawk, en offrant une vitesse, une portée et une capacité augmentées.

En juin dernier, le FLRAA, conçu par Textron Bell, est parvenu à franchir toutes les étapes d’une rigoureuse revue de conception préliminaire et d’une évaluation du Conseil d’acquisition des systèmes de l’Armée. « Après examen du FLRAA en terme d’abordabilité, de viabilité technologique, de projections de menaces et de sécurité, d’ingénierie, de fabrication, de soutien et de risques de coûts, le Conseil d’acquisition des systèmes de l’Armée a confirmé que toutes les sources de risques du programme ont été traitées de manière approfondie pour cette phase du projet », déclarait un communiqué officiel de l’Armée américaine.

**Nouvelle phase de développement et stratégie d’acquisition**

Transitant désormais vers la phase de développement de l’ingénierie et de la fabrication, l’Armée va attribuer une option de contrat à Bell, marquant ainsi le début d’une étape qui pourrait s’élever à environ 7 milliards de dollars avec les phases de production à faible cadence. L’avancée de la conception du basculement d’hélice de Bell a surpassé l’équipe Sikorsky-Boeing qui proposait une conception à pales de rotor coaxiales. Suite à cela, l’Armée américaine a accordé le contrat à Bell fin 2022. Une contestation ultérieure déposée par Lockheed Martin, la société mère de Sikorsky, a retardé le projet d’un an mais a été rejetée par le Government Accountability Office en avril 2023.

Le programme prévoit de doter sa première unité d’appareils à l’exercice 2031, suite à un essai réalisé par un groupe d’utilisateurs limité prévu entre les exercices 2027 et 2028. « Atteindre la phase de développement de l’ingénierie et de la fabrication est une étape importante pour le FLRAA et démontre l’engagement de l’Armée en faveur de notre priorité de modernisation aéronautique la plus élevée » a souligné Doug Bush, le responsable des acquisitions de l’Armée. « Le FLRAA fournira des capacités d’assaut et d’évacuation médicale pour l’Armée du futur, en apportant une augmentation significative de la vitesse, de la portée et de l’endurance ».

**Capacités stratégiques et champ d’action opérationnel**

A l’heure actuelle, les hélicoptères de l’Armée américaine n’atteignent pas les exigences opérationnelles futures, et ceci se fait particulièrement sentir dans des régions étendues comme la zone du théâtre Indo-Pacifique. Pour pallier ce problème, le FLRAA souhaite être capable de parcourir environ 2 440 milles marins (soit 2 810 miles) sans ravitailler, tout en conservant une grande souplesse pour déployer les troupes dans les zones à haut risque. « Les champs de bataille du futur exigent des manœuvres élargies, la capacité de soutenir et de fournir un commandement et un contrôle sur de grandes distances, et bien sûr, d’évacuer nos blessés » a indiqué le général de division Mac McCurry, commandant du Centre d’aviation de l’Armée. « Avec une portée et une vitesse environ deux fois supérieures, le FLRAA apporte une capacité de combat sans équivalent à la Force conjointe ».

Le contrat accordé en 2022 inclut neuf options. Avec cette phase, Bell est chargé de produire des conceptions d’avions détaillées et de construire six prototypes. Le premier avion de cette phase de développement devrait voler d’ici 2026, et la production initiale à faible cadence devrait débuter en 2028. « L’Armée continuera à examiner et à affiner le calendrier au besoin en fonction de l’attribution du contrat et des dernières activités du programme », a indiqué l’Armée.

**Le rôle du digital dans l’ingénierie**

Il est à noter que le programme FLRAA a été un pionnier dans l’utilisation de l’ingénierie numérique dès son début. Cette approche a favorisé une accélération du développement technologique et une précision du design. « L’utilisation de l’ingénierie numérique comme élément clé de notre approche « avancer lentement pour aller vite » a contribué à accélérer le programme en investissant dans le développement des exigences dès le départ » a expliqué le Colonel Jeffrey Poquette, chef de projet FLRAA.

Cette progression démontre l’engagement de l’Armée à préparer l’avenir de ses opérations aériennes, en l’équipant de capacités d’assaut à longue portée de pointe, indispensables sur les champs de bataille mondiaux en constante évolution.


Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

Comment la tech a révolutionné la guerre

Comment la tech a révolutionné la guerre

 
IFRI -Léo Péria-Peigné, interviewé par Guerric Poncet pour Le Point

https://www.ifri.org/fr/espace-media/lifri-medias/tech-revolutionne-guerre


Lasers, essaims de drones, missiles hypersoniques… Ces nouvelles armes sont sur le point de bouleverser les conflits. L’art de la guerre n’échappe pas à l’accélération de l’Histoire. S’il fallait des décennies, voire des siècles, pour inventer un nouvel alliage métallique ou changer la forme d’un bouclier durant l’Antiquité, il suffit aujourd’hui de six mois pour qu’un drone soit obsolète sur le champ de bataille.

 

 

« Une invention qui change la donne à elle toute seule, cela n’existe plus, à part peut-être l’arme atomique », prévient Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Observatoire des conflits futurs de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

 

Adieu donc les fameux game changers, ces armements censés offrir un avantage décisif et définitif. « La guerre reste un duel dans lequel il n’y a pas de solution miracle, mais une combinaison de systèmes d’armes tous nécessaires », ajoute l’auteur de Géopolitique de l’armement (Le Cavalier bleu). Néanmoins, dans tous les domaines, des inventions vont radicalement transformer la conduite de la guerre. Emblème de cette révolution, l’intelligence artificielle (IA) « va irriguer toutes les dimensions de notre travail », assure le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre française, qui salue la création en mars dernier de l’agence ministérielle de l’IA de défense (Amiad).

« Dans dix à quinze ans, un tiers de l’armée américaine sera robotisé et largement contrôlé par des systèmes dotés d’IA », a même prédit le général Mark Milley, ancien chef d’état-major des armées américaines sous les présidents Trump puis Biden, lors d’une conférence le 15 juillet 2024. Aux États-Unis comme en Chine, des milliers d’ingénieurs travaillent sur des algorithmes voués à l’analyse du renseignement, à la surveillance automatisée des mouvements ennemis, à la conduite de mission des essaims de drones ou encore à la maintenance prédictive des outils les plus précieux comme les avions, les navires et les chars. Presque tout peut être géré par une IA en une fraction de seconde, charge ensuite aux humains de suivre le rythme impulsé par la machine.

L’étape suivante sera celle des systèmes d’armes létaux autonomes (Sala, parfois surnommés « drones tueurs »), une piste que plusieurs pays, dont la France, refusent de suivre. L’idée est de créer des drones terrestres, aériens et navals dotés d’une autonomie de décision plus poussée que celle des armements actuels, qui leur permettrait de tuer sans intervention humaine.

[…]

« Camouflage électronique »

« Dans l’immense majorité des cas aujourd’hui, les opérateurs de drones ne pilotent qu’une seule machine en utilisant une liaison radio », explique Éric Lenseigne, vice-président de Thales chargé de la guerre des drones, qui précise que son groupe fait « d’ores et déjà voler des essaims d’une dizaine de drones hétérogènes, qui accomplissent des missions précises sous le contrôle d’un opérateur unique ». Les usages sont infinis et parfois inattendus : « Des essaims de drones peuvent servir de camouflage électronique en émettant des ondes au-dessus d’un poste de commancdement », rapporte par exemple le général Pierre Schill. De quoi préfigurer la véritable révolution à venir pour les drones : celle de l’intelligence artificielle embarquée.

« Les essaims de drones que les hommes réussissent à créer avec l’IA sont aussi complexes que des vols d’étourneaux, l’une des choses les plus élaborées que l’on connaisse dans la nature », estime Giorgio Parisi, Prix Nobel de physique 2021 pour ses travaux sur les systèmes complexes. « À la différence près que les étourneaux n’ont la capacité de communiquer qu’avec les oiseaux les plus proches, alors que les drones communiquent à longue portée », précise le physicien. L’IA est la seule technologie capable de fournir à l’essaim l’agilité nécessaire pour remplacer à la volée les drones perdus et réorganiser les forces restantes. Les petits processeurs de chaque drone, connectés entre eux, fournissent une puissance de calcul importante tant que la liaison radio reste performante. Mais dans un contexte de spectre disputé, avec des brouillages de part et d’autre et des changements réguliers de fréquence et de mode de chiffrement, ce n’est pas un atout facile à préserver.

Autre nouveauté qui appartenait jusqu’à peu à la science-fiction : le laser. Les quelques armes expérimentales, installées notamment sur des navires et sur de petits blindés, ouvrent la voie à une systématisation de leur présence sur le champ de bataille en complément des fusils, canons et missiles traditionnels. Avec le laser, il n’y a pas de munitions : les tirs sont illimités tant que l’énergie est disponible.

 

« L’instantanéité du tir est aussi un atout majeur », précise Léo Péria-Peigné, qui souligne cependant « les problèmes d’échauffement et d’usure des lasers lorsqu’ils sont très sollicités ».

Les blindages doivent être réimaginés, tout comme la logistique et surtout la production d’énergie des véhicules, navires et avions. Seuls les porte-avions équipés de petits réacteurs nucléaires semblent aujourd’hui suffisamment dotés en électricité pour mettre en oeuvre plusieurs canons lasers dans un contexte de combat de haute intensité.

Manipuler les perceptions du cerveau

Le supersonique était une évolution, l’hypersonique est une révolution. Capables de dépasser cinq fois la vitesse du son (6 174 km/h), les missiles de croisière et les planeurs hypersoniques rejoignent les missiles nucléaires intercontinentaux dans la panoplie des armes quasiment imparables. Pis : contrairement à ces derniers, leur trajectoire n’est pas balistique. Jusqu’au dernier moment, ils peuvent manoeuvrer pour échapper à des défenses ou pour camoufler la véritable origine de l’attaque. Leur vitesse ne laisse que quelques instants à la cible pour décider d’une riposte, qui peut prendre la forme d’une contre-attaque éclair visant les systèmes de guidage et de ciblage des armes hypersoniques adverses : c’est ce que prévoit la Russie par exemple, avec une combinaison de missiles et de lasers. Toutefois, les armes hypersoniques coûtent très cher et n’apportent pas toujours un avantage décisif.

 

« La Russie dispose de missiles hypersoniques et cela ne lui a pas donné la victoire en Ukraine depuis deux ans », relève Léo Péria-Peigné, selon qui « Moscou préfère fabriquer une myriade de petits drones rustiques ou de missiles classiques, pour le prix d’un seul missile hypersonique ».

On sait brouiller les communications ; mais les cerveaux ? La guerre cognitive rêve de manipuler les perceptions du cerveau et donc d’altérer sa capacité à décider. En 2016, des diplomates américains et canadiens en poste à La Havane ont été pris de mystérieux vertiges et de maux de tête violents, au point qu’ils ont dû être rapatriés pour être traités dans leur pays.

[…]

> Lire l’article intégral sur le site du Point