UE : La généralisation des moteurs électriques à partir de 2035 risque de poser des problèmes aux armées

UE : La généralisation des moteurs électriques à partir de 2035 risque de poser des problèmes aux armées

 

http://www.opex360.com/2022/11/24/ue-la-generalisation-des-moteurs-electriques-a-partir-de-2035-risque-de-poser-des-problemes-aux-armees/


 

Ainsi en est-il de la voiture électrique, qui a dû s’effacer devant les moteurs thermiques, alors que l’on comptait pourtant plus de bornes de recharge à New York que de pompes à essence au début du XXe siècle!

Depuis, la motorisation hybride est [ré]apparue, l’un des premiers véhicules avec un tel mode de propulsion ayant été la « Vélo Gonnet », sortie en 1952. Et, dans le même temps, les moteurs électriques ont fait des progrès… Quitte à prendre l’avantage sur ceux à essence? Cela reste encore à prouver. En tout cas, et en l’état actuel des choses, le propriétaire d’une Citröen 2CV qui passerait « à l’électrique » ne gagnerait pas au change puisqu’il n’aurait plus qu’une autonomie de 90 km en ville [à condition de rouler à 40 km/h de moyenne] et de 70 km sur route alors que le moteur thermique de sa « Deuche » consommait 4 à 6 litres au 100 km.

Quoi qu’il en soit, en 2035, plus aucune voiture à moteur thermique ne pourra être vendue dans l’Union européenne. Et cela vaudra aussi pour les véhicules hybrides, l’enjeu étant de réduire drastiquement les émissions de CO2. Et cela ne pourra qu’avoir de lourdes répercussions sur l’industrie, et pas seulement pour les constructeurs automobiles : leurs sous-traitants seront évidemment impactés pour la plupart, à commencer par les fonderies, qui produisent les pièces mécaniques. En outre, des savoir-faire seront immanquablement délaissés, même si le secteur des engins lourds [camions, machines agricoles, engins de chantier, etc] n’est pas [encore?] concerné.

Cependant, la décision de l’UE pourrait avoir des répercussions sur les… véhicules militaires. C’est en effet ce qu’a suggéré le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une récente audition au Sénat.

« Le problème reste de savoir quelles normes seront applicables aux forces armées. S’il n’est pas question de sacrifier la défense de la France, la question est toutefois pertinente, car les grands industriels délaisseront de plus en plus le thermique au profit de l’électrique, ce qui remettra en cause notre capacité à conserver une industrie productrice de moteurs thermiques », a en effet affirmé le CEMA. « Le sujet sera de souveraineté et de responsabilité », a-t-il ajouté.

Cela étant, le ministère des Armées est déjà engagé dans une démarche de réduction de sa consommation de produits pétroliers. Et il est même question de développer un groupe motopropulseur hybride pour le véhicule blindé multirôles [VBMR] Griffon, cette techonologie présentant plusieurs avantages opérationnels [réduction de la signature thermique et sonore, capacité d’esquive renforcée, besoins logistiques moindres, etc…].

Mais le signal envoyé par l’UE risque de compliquer les choses… comme le Maintien en condition opérationnelle [MCO] de ces blindés. Car si les industriels n’ont plus intérêt à maintenir les compétences en matière de propulsion hybride ou thermique, comment et où seront fabriquées leurs pièces de rechange? Et, surtout, à quel prix?

En attendant, pour répondre aux besoins énergétiques croissants de ses véhicules de la gamme SCORPION, dus à l’électronique qu’ils embarquent et à leur masse plus élevée, l’armée de Terre a confié un projet au pôle GAI4A [« Groupement Académies, Industries, Ingénieurs d’Ile-de-France pour l’Innovation au profit de l’Armée de Terre »] afin de mettre au point des « algorithmes de commande robustes, de planification de trajectoires sûres et à moindre coût énergétique ». Pour schématiser à grands traits, il vise à fournir une aide à la « conduite économique, écologique et sûre couplée à l’hybridation du matériel roulant ». Mais pas seulement.

« Pour un véhicule donné et pour divers scénarios, il s’agit d’évaluer l’optimisation énergétique pour les 4 concepts suivants : conseils de conduite au pilote via un algorithme de consommation optimale, mise en place de plusieurs sources d’énergie sur le véhicule [hybridation], amélioration de la connaissance du parcours, reconnaissance et pilotage de la trajectoire d’un convoi de véhicules par le véhicule de tête », détaille l’armée de Terre.