Choix individuel et responsabilités collectives

Choix individuel et responsabilités collectives

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Les prises de décision autant que les postures de l’Exécutif en France ne peuvent que surprendre et être source de préoccupations, voire de vives critiques tant le fond comme la forme ne laissent pas de surprendre…et susciter un état proche de la sidération.

L’Elysée fait ainsi savoir que le pays va engager jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine en 2024, sur fond d’un accord bilatéral de Sécurité entre les deux pays, signé le 16 février par Volodymyr Zelenski et Emmanuel Macron et voté par le Parlement français, le 12 mars, à raison de 372 voix pour et 99 voix contre. Mercredi 13 mars, c’est au Sénat de se positionner par rapport à cet accord. La France a déjà versé 1,7 milliard d’euros en 2022 et 2,1 milliards d’euros en 2023 au profit de l’Ukraine.

Or, mardi 12 mars, la Cour des comptes a publié son rapport qui étrille la politique budgétaire de la présidence Macron puisque depuis 2018, ce sont près de 800 milliards d’euros qui sont venus alourdir la dette de la France qui ne cesse d’empirer depuis 50 ans.

La situation est telle que la France apparait comme le pays le plus sinistré par la dette dans la zone euro, derrière l’Italie et la Grèce.

Pierre Moscovici, en tant que Premier président de la Cour des comptes s’est exprimé à ce sujet dans « Les matins » de Guillaume Erner, sur France culture, le 12 mars : « […] Aujourd’hui, nous avons probablement les finances publiques parmi les plus dégradées de la zone euro. En cause notamment, nos déficits qui étaient égaux ou supérieurs à 5 % en 2023. Bien qu’ils doivent baisser à 3 % d’ici à 2027, les autres pays de la zone euro seront tous sortis de ces turbulences depuis 2025 ou 2026. Beaucoup, en réalité, sont déjà en dessous de 3 %. […]

Notre dette publique [atteint] les 3200 milliards. C’est énorme. Elle représente 110 % du PIB et ne baisse pas. Nous sommes aujourd’hui sur le podium peu enviable des trois pays les plus endettés de la zone euro. Enfin, notre charge de la dette, c’est-à-dire la somme que l’on doit rembourser annuellement pour financer la dette publique, a atteint les 57 milliards sous l’effet de la hausse des taux d’intérêts alors qu’elle était de 20 milliards il y a seulement trois ans. […] En 2024, nous allons fêter le cinquantième déficit budgétaire consécutif et cet anniversaire indique qu’aucun gouvernement de droite, de gauche ou du centre n’a eu la culture de la réduction du déficit. Par ailleurs, notre niveau de dépenses publiques reste particulièrement élevé et représente 56 à 57 % du PIB, soit huit points de plus que la moyenne de la zone euro.[…]

Sur les dépenses publiques, des efforts conjoints de réduction, de maîtrise et d’amélioration de leur qualité s’imposent. Évidemment, durant la crise du Covid le « quoiqu’il en coûte » a permis de sauver des vies, des entreprises et le système social. La Cour des comptes l’a bien sûr validé. Durant la crise énergétique et l’inflation qui ont suivi, nous aurions pu sans doute mieux répartir l’effort entre l’État et la société. Nous observons surtout des effets de cliquets où chaque fois qu’une dépense est engagée, elle n’est pas réduite ou maîtrisée. Cette tendance nous place dans une situation où l’effort ne peut plus être différé. […] Nous sommes au pied du mur ».

Pour le N°232 d’Espritsurcouf, Michel Goya partage son analyse à propos de la posture d’Emmanuel Macron qui a clairement appelé à un engagement concret des forces armées au profit de l’Ukraine, quelles qu’en soient les conséquences : « Paroles et musique » (rubrique Humeurs).

Rémy Porte, pour sa part, ressuscite la figure de l’officier Henri de Bournazel (1898-1933) surnommé le Cavalier Rouge, Spahi qui entra dans la légende et demeura longtemps une référence…oubliée peu à peu… : « De Bournazel, L’homme au burnous rouge » (rubrique Histoire).

Sur le champ économique, la situation du commerce de proximité, en France, est dramatique, comme le rapporte Alexandre Mirlicourtois : « Crise du commerce de détail » (rubrique Economie).

Enfin, en matière de sociologie, Paule Nathan, Karine Vuillmenin nous proposent le deuxième volet de leur étude consacrée à la posture genrée, en soulignant les dangers de l’autodétermination du genre chez les enfants. « Le transgenrisme à l’étude » (2ème partie)  (Rubrique Société)

La nouvelle Revue d’actualité d’André Dulou, est bien présente, comme à l’accoutumé. Avec un sommaire des plus riches, avec des sujets de défense, des questions conflictuelles et des enjeux internationaux

Pour clore ce sommaire, nous attirons votre attention, sur la prochaine parution, début avril, du dernier ouvrage de Rémy Porte, historien militaire de renom, qui publie un Dictionnaire d’histoire militaire de la France : des origines à nos jours (Ed. Lemme Edit, avril. 2024, ISBN. 249281825X, 360 pages, 24 €). Nul doute qu’il s’agira d’un dictionnaire utile et de référence, fort de plusieurs centaines d’entrées qui permettent de relater des événements, de redécouvrir des lieux, des hommes, sans oublier des organisations, des systèmes d’armes, en corrélation avec des postures politiques et militaires qui ont façonné notre histoire commune.

Bonne lecture
Pascal Le Pautremat


(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.